Construit multidimensionnel, avec des implications
émotionnelles, cognitives et identitaires (Conroy 2001)
Menace pour le sentiment de valeur personnelle (self-worth, cf.
Segal, Chipman & Glaser 1985), la peur de l’échec bloque l’accomplissement du potentiel de l’individu et génère des conduites contre-productives ou auto-handicapantes - pessimisme défensif Question(s) de recherche
Comment les jeunes entrepreneurs potentiels apprennent-ils à
réguler leur peur de l’échec?
Quelles situations et méthodes pédagogiques utiliser pour aider
les jeunes entrepreneurs potentiels à apprendre à réguler leur peur de l’échec et renforcer ainsi leur sentiment d’efficacité personnelle et collective? L’auto-efficacité émotionnelle Pfau et al. (2001) - le concept d’auto-efficacité émotionnelle décrit la capacité perçue de l’individu à faire face à des situations stressantes, menaçantes ou difficiles (coping)
L’auto-efficacité émotionnelle joue un rôle clé dans l’éveil de
l’anxiété et la régulation des décisions et des comportements en situation de prise de risques
Les situations pédagogiques peuvent être structurées de
manière à renforcer les compétences de coping des étudiants et leurs croyances dans la possibilité d’exercer un contrôle sur leurs émotions négatives Les émotions, obstacles ou facilitateurs
Les interactions entre émotions et cognitions sont
“permanentes et continues” (Baron 2008)
Les émotions influencent l’intention entrepreneuriale, l’auto-
efficacité et les choix professionnels (Cardon, Wincent, Singh & Drnovseck 2009)
Confrontés à des situations stressantes, les entrepreneurs
potentiels peuvent se laisser envahir par la peur et l’anxiété, ou éprouver des émotions négatives comme la colère et l’hostilité (Eisenberg 2001; Flett, Blankstein & Obertinsky 1996) Réguler la peur de l’échec
La peur de l’échec génère un stress qui mobilise les capacités de
traitement de l’information, et réduit l’efficacité cognitive, avec des conséquences contre-productives sur le comportement (Weick 1990)
Les individus diffèrent dans leur capacité à gérer leurs émotions
et humeurs négatives en raison des différences au niveau de l’auto-efficacité émotionnelle (Bandura et al. 2003)
Les différences au niveau de l’auto-efficacité émotionnelle
expliquent la variabilité inter-individuelle dans l’éveil, l’évitement, le maintien et l’ajustement des émotions (Caprara et al. 2008) Appendre à gérer les émotions négatives
Le processus de coping permet d’ajuster ses cognitions et ses
comportements aux “demandes de la situation perçue comme stressante” (Folkman & Moskowitz 2004)
Les stratégies de coping sont des stratégies cognitives et
comportementales apprises, activées de manière récurrente lorsque l’individu est confronté à la peur ou la colère
Les stratégies de coping ne sont pas toutes favorables à la
poursuite des objectifs personnels, certaines ont une fonction d’auto-protection, comme le déni ou la rationalisation Le rôle de l’éducation entrepreneuriale L’intention entrepreneuriale et les croyances d’auto-efficacité sont le meilleur indicateur de la qualité d’un programme d’éducation entrepreneuriale (Fayolle & Gailly 2007)
L’élaboration de situations pédagogiques qui renforcent l’auto-
efficacité entrepreneuriale est encore au stade d’exploration (Barbosa, Kickul & Smith 2008)
Les étudiants apprennent à exercer un contrôle sur leurs humeurs et
émotions à travers des expériences de coping dans des environnements pédagogiques (Shepherd, 2003)
L’apprentissage expérientiel peut contribuer au développement de
l’auto-efficacité émotionnelle (Kayes 2002) Hypothèses H1: Le renforcement de l’auto-efficacité émotionnelle des étudiants relatif à la création d’entreprise pourrait diminuer la peur de l’échec entrepreneurial
H2: La pédagogie expérientielle pourrait contribuer au renforcement
de l’auto-efficacité émotionnelle des étudiants et les aider à se confronter progressivement à des situations de prise de risque entrepreneurial
H3: La diminution de la peur de l’échec entrepreneurial pourrait
renforcer les intentions entrepreneuriales, et favoriser l’émergence de représentations et d’attitudes positives envers l’entrepreneuriat et la carrière de chef d’entreprise Dispositif de recherche Etape 1 – Entraînement en Mur d’escalade
Les étudiants doivent s’organiser pour avancer en performance
alors qu’ils sont dans une situation ou le non savoir, l’incertitude individuelle et collective, la peur, sont omniprésents
Après une phase de transmission des conditions de sécurité, il
leur est demandé, au plus proche des situations d’entreprenariat, de s’auto-organiser pour gérer leurs émotions, de renforcer leur capacité d’analyse et de décision en situation de prise de risques, de faire preuve de créativité pour faire face aux défis physiques et psychologiques, afin de construire symboliquement et concrètement « leur propre chemin » d’escalade Dispositif de recherche
Etape 2 – Confrontation au réel – une semaine d’alpinisme en
haute montagne
Les étudiants sont mis en situation de prise de risques
encadrée, en conditions « réelles » d’escalade. Une course en falaise « outdoor » est mise en place afin de tester les réactions des participants et de mesurer l’efficacité du dispositif sur la gestion individuelle et collective des émotions et notamment la gestion de la peur de l’échec Collecte des données
Observation participante lors des étapes 1 et 2 des interactions
interindividuelles et de groupe Journal de bord individuel des étudiants Echelles de personnalité (estime de soi, lieu de contrôle) Questionnaires d’impact (éveil d’émotions négatives, auto- efficacité, intentions comportementales) Verbatim des participants (formateurs, alpinistes, étudiants) Groupes de discussion dédiés au débriefing de chaque séance, où les participants sont incités à réfléchir à la transposition des apprentissages et des expériences à l’univers de la création d’entreprise Phase 1 (2010) - impacts La peur de l’échec est aussi forte chez les femmes que chez les hommes, avec des modalités d’expression et une autorégulation des émotions spécifiques selon le genre; La « peur de tomber » plus importante chez les femmes, « la peur de perdre la face » plus importante chez les hommes
A la fin du dispositif, les auto-évaluations indiquent une confiance
accrue dans la capacité à gérer ses émotions et à se faire confiance, moins d’irritation, de découragement ou de colère qu’au début
Le rôle du groupe de pairs est apparu comme essentiel dans le
renforcement du sentiment de maîtrise personnelle : les processus de modelage avec les pairs seraient plus importants que prévus Phase 1 - impacts Un an après :
2/3 des participants ont créé leur entreprise (la moitié des entreprises ainsi créées ont été lancées en binôme ou en groupe)
1/3 des participants travaillent sur des postes de management
dans des grandes entreprises (IBM, l’Oréal, etc.)
Le taux de création d’entreprises chez les autres étudiants du
programme Master est d’env. 15% , dont 4% en équipe Valorisation Phase 1 (2010/2011) Fighting against the fear of failure in young potential entrepreneurs: Learning to climb as a metaphor of starting up a new business - Miruna Radu Lefebvre & François Fourcade, Conférence ICSB, Cincinnati, Etats-Unis, juin 2010
Présentation & visite au Babson College, mai 2011 – François
Fourcade
Le leadership « au pied du mur » : recherche sur un
apprentissage expérientiel - Antonella Verdiani, chapitre dans l’ouvrage « Leadership et management », de Boeck, 2011 Phase 2 (2011) - enjeux Processus émotionnels & cognitifs Peur constante vs situationnelle (stabilité, rôle du contexte) Effet du renforcement de l’auto-efficacité sur la perception de peur Rôle de l’expérience antérieure de prise de risques Rôle du volontariat pour comprendre les motivations de participation Groupes de contrôle Travail en binôme Dispositif et apprentissage Pédagogie de la lenteur Pédagogie de l'échec Pédagogie du tâtonnement Impacts Auto-régulation des émotions négatives Création d’entreprise & type d’emploi/fonction après le diplôme Phase 2 (2011) – données Groupe expérimental vs groupe contrôle Avant le démarrage de l’expérimentation o Echelle d’estime de soi; Echelle de lieu de contrôle; Echelle de recherche de sensations o Expériences antérieures (prise de risques, projets, création d’entreprise) o Auto-efficacité entrepreneuriale; Intention entrepreneuriale
Après chaque session d’escalade:
o Journal de bord + groupe de discussion o Questionnaire Beck Anxiety Inventory (1979), stratégies utilisées pour réguler les émotions
Analyse des données qualitative et quantitative (ANOVA
comparaisons intra- et inter-individuelles) Conclusion Etudier les relations entre facteurs cognitifs et affectifs relatifs à la création d’entreprise, afin de mieux évaluer le rôle de l’auto- efficacité émotionnelle dans le passage à l’acte d’entreprendre
La prise en compte des enjeux identitaires, voire existentiels dans
la situation entrepreneuriale (gestion de l’image de soi et de l’estime de soi dans un contexte de « mise à l’épreuve de soi » publique)
Ce projet de recherche articule une approche phénoménologique
et une approche de régulation des émotions en situation de prise de risques entrepreneuriaux. La dimension interactionnelle et langagière des émotions est au cœur de notre démarche MERCI POUR VOTRE ATTENTION