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Université de Maroua

*******
The University of Maroua

Faculté des Arts, Lettres et Faculty of Arts, Letters


Sciences Humaines and Social Sciences
***** *****
Département de Department of
Sociologie, Anthropologie Sociology, Anthropology
et des Sciences Sociales and Social Science for
pour le Développement Development
***** *****

Prise en charge psychologique des victimes de la crise


sécuritaire Boko Haram et réhabilitation psychosocial.
cas de la localité de Koza

Mémoire pour le Master Professionnel en Sciences Sociales pour le


Développement

Option: Réhabilitation Psychosocial

Par
MBIAH REINE DEUGNA
Matricule : 21D5275FL
Licence en Sociologie
Sous la supervision de :
Guy-Bertrand OVAMBE MBARGA
Université de Maroua

Années académique:
1 2022 / 2023
DEDICACE

Mes Parents

2
REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail il nous est agréable d’exprimer nos profondes gratitudes à


l’endroit de toutes ces personnes qui ont bien voulu nous accompagner tout au
long de sa réalisation. Ainsi nos remerciements vont :

À mon encadreur Dr. Guy-Bertrand OVAMBE MBARGA qui a bien accepté


d’encadrer ce travail et surtout pour l’écoute, la rigueur, la patience, la
disponibilité, les critiques constructives et les conseils qui ont présidé ;

Au chef de département de SOCIOLOGIE ANTHROPOLOGIE ET SCIENCES


SOCIALES POUR LE DEVELOPPEMENT de l’Université de Maroua,

Pr. IBRAHIM BIENVENU MOULIOM MOUNGBAKOU, pour les efforts


consentis pour notre formation ; à tous nos enseignants pour la formation de
qualité et les multiples conseils prodigués durant notre parcours ;

À ma grande sœur Pr. ANNY FLORE MBIAH pour sa rigueur, sa générosité,


les conseils, la confiance, l’encouragement et le soutien ;

À mes parents et mes très chers frères et sœurs pour leurs soutiens sans faille,
leurs encouragements et leurs amour inconditionnel qu’ils me portent, lesquels
m’ont bien de fois empêchée de baisser les bras ;

À mes amis et camarades de promotion pour leurs encouragements, leur


collaboration et l’atmosphère de convivialité et de partage qu’ils ont créé autour
de nous ;

À toutes ces personnes qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce


travail et dont les noms ne sont pas cités, qu’ils trouvent ici l’expression de ma
profonde gratitude.

3
SOMMAIRE

REMERCIEMENTS.............................................................................................ii

SOMMAIRE........................................................................................................iii

LISTE DES TABLEAUX....................................................................................iv

LISTE DES FIGURES..........................................................................................v

LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES............................vi

RÉSUMÉ.............................................................................................................vii

ABSTRACT........................................................................................................vii

INTRODUCTION GÉNÉRALE...........................................................................1

CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE ET INSERTION


THEORIQUE......................................................................................................22

CHAPITRE 3 : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS............57

CHAPITRE 4 : INTERPRETATION, DISCUSSION DES RESULTATS ET


PLUS-VALUE DE LA RECHERCHE...............................................................91

CONCLUSION GENERALE.............................................................................98

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES..........................................................102

INDEX DES NOMS.........................................................................................109

ANNEXES........................................................................................................117

4
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: tableau synoptique.............................................................................44


Tableau 2: Caractéristiques sociodémographiques des répondants....................58
Tableau 3: Grille d’analyse de contenu répondant 1...........................................60
Tableau 4: Grille d’analyse de contenu répondant 2...........................................63
Tableau 5: Grille d’analyse de contenu répondant 3...........................................65
Tableau 6: Grille d’analyse de contenu répondant 4...........................................68
Tableau 7: Grille d’analyse de contenu répondant 5...........................................70
Tableau 8: Grille d’analyse de contenu répondant 6...........................................73
Tableau 9: Grille d’analyse de contenu répondant 7...........................................76
Tableau 10: Grille d’analyse de contenu répondant 8.........................................78
Tableau 11: Grille d’analyse de contenu répondant 9.........................................80
Tableau 12: Grille d’analyse de contenu répondant 10.......................................83
Tableau 13: vérification de l’hypothèse N°1.......................................................85
Tableau 14: vérification de l’hypothèse N°2.......................................................86
Tableau 15: vérification de l’hypothèse N°3.......................................................88
Tableau 16: variable indépendante......................................................................90

5
Liste des figures

Figure 1: carte de district de Koza (source OMS, MSP).....................................47

6
LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

Boko Haram Groupe islamiste radical qui mène des attaques violentes
dans la région du lac Tchad
SMSPS Santé mentale et soutien psychosocial
OMS Organisation mondiale de la santé
OCHA Bureau de la coordination des affaires humanitaires des
Nations Unies
HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
SPSS Statistical Package for the Social Sciences, logiciel d’analyse
statistique des données qualitatives et quantitatives
CICR Comité international de la Croix-Rouge
MSF Médecins sans frontières
PNUD Programme des Nations Unies pour le développement
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfance
MINUSCA Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies
pour la stabilisation en République centrafricaine

7
Résumé

Ce mémoire traite du problème de la prise en charge psychologique et de la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire causée par Boko Haram dans la localité de Koza,
dans l’Extrême-Nord du Cameroun. L’objectif de cette recherche est d’explorer comment la prise en
charge psychologique détermine la réhabilitation psychosociale de ces personnes, qui ont été exposées
à des niveaux élevés de violence, de traumatisme, d’insécurité et de pertes matérielles. Les hypothèses
de recherche sont que l’attitude du praticien, l’implication du patient et l’interaction entre le praticien
et le patient sont des facteurs déterminants pour la réhabilitation psychosociale. La méthodologie
adoptée est une approche qualitative, psychologique, basée sur des entretiens semi-directifs avec un
échantillon de 10 personnes, dont des déplacés internes, des réfugiés nigérians et des membres
autochtones de Koza. Les résultats montrent que la prise en charge psychologique a un impact positif
sur la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire, à condition que le praticien
adopte une attitude empathique, respectueuse, collaborative, confidentielle et non jugeante, que le
patient s’implique activement dans le processus thérapeutique, qu’il soit motivé, réceptif,
compréhensif et qu’il mette en pratique les recommandations du clinicien, et que l’interaction entre le
praticien et le patient soit de qualité, basée sur l’évaluation, la compréhension, la collaboration,
l’écoute et l’éducation. Les principales conclusions de la recherche sont que la prise en charge
psychologique permet aux victimes de la crise sécuritaire de retrouver leur santé mentale, leur estime
et leur confiance en soi, leur capacité à analyser et à interpréter les situations quotidiennes, leur reprise
des activités professionnelles et leurs relations interpersonnelles. Le mémoire propose des
recommandations et des perspectives pour améliorer la prise en charge psychologique et la
réhabilitation psychosociale des personnes affectées par la crise sécuritaire de Boko Haram.

Mots clés : Prise en charge psychologique ; Réhabilitation psychosociale ; Victimes de la crise


sécuritaire boko haram ; Approche qualitative, psychologique

Abstract

This dissertation addresses the problem of psychological care and psychosocial rehabilitation of
people affected by the security crisis caused by Boko Haram in the locality of Koza, in the Far North
of Cameroon. The aim of this research is to explore how psychological care determines the
psychosocial rehabilitation of these people, who have been exposed to high levels of violence, trauma,
insecurity and material loss. The research hypotheses are that the practitioner's attitude, the patient's
involvement and the interaction between practitioner and patient are determining factors for
psychosocial rehabilitation. The methodology adopted is a qualitative, approach, based on semi-
structured interviews with a sample of 10 people, including IDPs, Nigerian refugees and indigenous
members of Koza. The results show that psychological care has a positive impact on the psychosocial
rehabilitation of people affected by the security crisis, provided that the practitioner adopts an
empathetic, respectful, collaborative, confidential and non-judgmental attitude; that the patient is
actively involved in the therapeutic process, motivated, receptive, understanding and puts into practice
the clinician's recommendations; and that the interaction between practitioner and patient is of high
quality, based on assessment, understanding, collaboration, listening and education. The main
conclusions of the research are that psychological care enables people who have suffered a security
crisis to regain their mental health, self-esteem and self-confidence, their ability to analyze and
interpret daily situations, their return to professional activities and their interpersonal relationships.
The dissertation proposes recommendations and perspectives for improving the psychological care and
psychosocial rehabilitation of people affected by the Boko Haram security crisis.

Key words: Psychological care; Psychosocial rehabilitation; Victims of the Boko Haram security
crisis; Qualitative.

8
INTRODUCTION GÉNÉRALE

1
1. Contexte et justification

Depuis 2009, le groupe armé Boko Haram mène des attaques violentes dans la
région du lac Tchad, qui englobe le nord-est du Nigéria, le nord du Cameroun,
l’ouest du Tchad et le sud-est du Niger. Ces attaques ont provoqué des
déplacements massifs de population, des violations des droits humains, des
pertes de vies et de biens, ainsi qu’une détérioration des conditions de sécurité et
de développement1. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires
des Nations Unies (OCHA), plus de 3,2 millions de personnes sont déplacées
dans la région du lac Tchad, dont 2,7 millions au Nigéria, 322 000 au Cameroun,
170 000 au Tchad et 108 000 au Niger. Le Cameroun est le deuxième pays le
plus touché par la crise, avec plus de 4,4 millions de personnes ayant besoin
d’une assistance humanitaire en 20202.

L’Extrême-Nord du Cameroun, qui compte environ 4 millions d’habitants, est la


région la plus affectée par les attaques de Boko Haram et les opérations
militaires. Cette région est également confrontée à des défis structurels tels que
la pauvreté, le sous-développement et les inondations. La localité de Koza,
située dans le département du Mayo-Tsanaga, à la frontière avec le Nigéria, est
l’une des zones les plus exposées aux violences et aux déplacements. Selon le
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Koza accueille
environ 23 000 déplacés internes, 9 000 réfugiés nigérians et 3 000 rapatriés
camerounais3. Ces populations vivent dans des conditions précaires, avec un
accès limité aux services de base tels que l’eau, la nourriture, la santé et
l’éducation.

1
Kindzeka, M.-E. (2021, 8 octobre). Cameroun : Boko Haram, situation humanitaire dans le nord. DW.
https://www.dw.com/fr/cameroun-boko-haram-situation-humanitaire-nord/a-58887449 Consulté le 03 octobre
2023
2
OCHA. (2020). Plan de réponse humanitaire - Cameroun 2020.
3
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). (2020). Cameroun : Situation dans la région de
l’Extrême-Nord - Fiche d’information (octobre 2020)
2
Avant l’extension du conflit de Boko Haram à l’Extrême-Nord du Cameroun,
cette région était déjà un espace de trafics et de banditisme. Le dispositif de
sécurité et de défense dans cet espace a été réorganisé pour lutter contre ce
groupe terroriste. Alors que cette guérilla entre Boko Haram et les forces de
sécurité camerounaises dure depuis presque dix ans, ses impacts sur les
problèmes sécuritaires locaux préexistants sont importants mais négligés. Par
ailleurs, cette crise sécuritaire a eu de nombreux impacts.

Sur le plan social le groupe terroriste Boko Haram a commis de nombreuses


atrocités, et de violations graves des droits de l'homme. Notamment des
massacres de civils, des enlèvements de masse (notamment l'enlèvement des
lycéennes de Chibok en 2014) et l'utilisation d'enfants soldats. Sur le plan
humanitaire, le groupe Boko Haram a mené des attaques meurtrières contre des
civils, des forces de sécurité et des installations publiques, provoquant des pertes
en vies humaines et des déplacements massifs de populations.

Sur le plan humanitaire La crise a entraîné le déplacement massif des milliers


des personnes à l'intérieur et à l'extérieur du pays, ainsi que des besoins urgents
en matière d'abris, de nourriture, d'eau et de soins de santé. De plus cette crise a
entraîné de nombreuses conséquences psychosociales pour les personnes qui y
vivent. Les individus de cette communauté ont été exposés à des niveaux élevés
de violence, de traumatismes, d'insécurité et de pertes matérielles. Ils ont été
témoins d'attaques brutales, de destruction de villages, de déplacements forcés,
de séparations familiales et de pertes de proches. Cette situation a eu un impact
significatif sur leur bien-être psychologique, social et émotionnel. C'est la raison
pour laquelle notre étude porte la prise en charge psychologique des victimes de
la crise sécuritaire boko haram et réhabilitation psychosociale : cas de Koza.

La crise sécuritaire a des impacts profonds sur la santé mentale et le bien-être


psychosocial des personnes affectées. Selon l’Organisation mondiale de la santé
(OMS), la santé mentale est définie comme "un état de bien-être dans lequel la
3
personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir
un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté" 4. Le
soutien psychosocial quant à lui est défini comme "toute forme d’assistance
visant à protéger ou à promouvoir le bien-être psychosocial ou à prévenir ou
traiter les troubles mentaux"5. La santé mentale et le soutien psychosocial
(SMSPS) sont donc des éléments essentiels pour aider les personnes à faire face
aux situations de crise et à rétablir leur dignité et leur fonctionnement.

Toutefois, les besoins en SMSPS sont souvent négligés ou insuffisamment pris


en compte dans les interventions humanitaires. Les facteurs qui limitent l’accès
au SMSPS comprennent notamment le manque de ressources financières et
humaines, le faible niveau de sensibilisation et de formation des acteurs
humanitaires, les barrières culturelles et linguistiques, le stigmate et la
discrimination associés aux problèmes de santé mentale, ainsi que l’insuffisance
de services spécialisés6. Par ailleurs, il existe peu d’études empiriques sur la
prise en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko haram et
leurs réhabilitation psychosociale dans l’Extrême-Nord du Cameroun en
général, et dans la localité de Koza en particulier. Il s’agit donc d’un domaine
qui nécessite davantage d’attention et de recherche.

Depuis 2014, la région de l'extrême-Nord en général, et le département du


mayo Tsanaga font face aux crises sécuritaires orchestrées par Boko Haram.
Cette crise sécuritaire a engendré des multiples répercussions sur l’équilibre
psychosociale des populations. La localité de Koza n’en est pas épargnée et l'on
se rend bien compte de l'ampleur des séquelles qu'elle a subi. Les conséquences
immédiates de ces troubles sont à la fois socio-économique le déplacement
massif involontaire des populations, les pertes en vie humaines, et le
ralentissement des activités économique. Ces divisions ont profondément
4
Organisation mondiale de la santé (OMS). (2019). Santé mentale et soutien psychosocial en situation d’urgence
5
Organisation mondiale de la santé (OMS). (2018). Santé mentale : renforcer notre action
6
Ministère de la Justice Canada. (2003, 1er avril). Changements cognitifs chez les victimes d’un crime. Justice
Canada. https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/jp-cj/victim/rr03_vic2/p5.html Consulté le 03 octobre 2023.
4
fragilisé le tissu social. De plus, sur le plan psychosocial les victimes de la crise
sécuritaire de Boko Haram à Koza ont profondément été touché sur le plan
psychologique, car les attaques violentes, les enlèvements et la destruction de
biens ont eu des impacts émotionnels considérables. Les survivants ont souvent
été témoins de scènes horribles, ont perdu des proches et ont été confrontés à des
menaces constantes pour leur sécurité. Ces expériences traumatiques ont un
impact significatif sur leur santé mentale, entraînant des symptômes tels que le
stress post-traumatique, la dépression, l'anxiété et la détresse psychologique. Cet
dans cet optique, et dans le souci de comprendre en profondeur les obstacles
émotionnels, et la manière donc cela a été surmonté par les victimes de Boko
Haram, que nous avions décidé de travailler sur le thème intitulé : prise en
charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko haram et
réhabilitation psychosociale : cas de la localité de Koza.

2. Questions de recherche

a- Question de recherche

La Prise en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko


haram détermine t’elle leurs réhabilitations psychologiques ?

b- Questions spécifiques

Q1 : L’attitude du praticien détermine t’il la réhabilitation psychologique des


victimes de la crise sécuritaire boko haram ?

Q2 : l’implication du patient détermine t’elle la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram ?

Q3 : les interactions entre le patient et le praticien détermine t’elles la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram

3. Délimitation du champ de l’étude

5
Ce mémoire ne se prétend pas être représentatif ni exhaustif de l’ensemble des
réalités et des expériences des populations affectées par la crise dans la région
du lac septentrionale. Il ne traite pas non plus des aspects politiques,
économiques, sociaux ou culturels de la crise, ni des réponses humanitaires ou
sécuritaires mises en œuvre par les différents acteurs. Il se limite à une approche
qualitative, basée sur des entretiens avec un échantillon de personnes, dont les
déplacés interne résidant dans la localité de Koza. Il ne vise pas à mesurer ni à
quantifier le niveau ou la prévalence des problèmes de santé mentale ou des
troubles mentaux chez les personnes affectées, mais plutôt à comprendre les
stratégies mise sur pied pour la prise en charge psychologique des victimes de la
crise sécuritaire boko haram et leurs réhabilitation psychosociale.

4. Problématique de recherche

La crise sécuritaire provoquée par le groupe extrémiste Boko Haram a eu des


conséquences dévastatrices sur les populations dans de nombreuses régions
d'Afrique de l'Ouest, y compris au Nigéria. L'une de ces régions touchées est la
ville de Koza. Face à cette situation, les victimes de cette crise ont été
confrontées à des défis psychosociaux importants et ont dû développer des
stratégies pour s'adapter à leur nouvelle réalité. Les survivants ont souvent été
témoins de scènes horribles, ont perdu des proches et ont été confrontés à des
menaces constantes pour leur sécurité. Ces expériences traumatiques ont un
impact significatif sur leur santé mentale, entraînant des symptômes tels que le
stress post-traumatique, la dépression, l'anxiété et la détresse psychologique, les
troubles de sommeil... Cet dans cet optique, et dans le souci de comprendre les
obstacles émotionnels, et la manière donc cela a été surmonté par les victimes de
Boko Haram, que nous avions décidé de travailler sur le thème intitulé : prise en
charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko haram : cas de la
localité de Koza….

6
Tout d’abord, la prise en charge des victimes de la crise sécuritaire de Boko
Haram et leurs réhabilitations psychologiques à Koza reste primordiale. Car de
violentes attaques, les enlèvements et les destructions de biens ont causé des
traumatismes psychologiques profonds. Les survivants ont souvent été témoins
de scènes horribles, ont perdu des proches et ont été confrontés à des menaces
constante. Ces expériences traumatiques ont un impact significatif sur leur santé
mentale et psychologique.

Les victimes de la crise de Boko Haram à Koza ont dû développer des stratégies
d'adaptation et de résilience pour faire face à ces défis psychosociaux. Certaines
de ces stratégies comprennent la mobilisation des ressources communautaires et
familiales, la recherche de soutien social et psychologique, ainsi que la
participation à des programmes de réhabilitation et de réinsertion sociale. Les
communautés locales et les organisations humanitaires ont joué un rôle crucial
en fournissant un soutien matériel, émotionnel et psychologique aux survivants.
Des initiatives telles que la création des groupes de soutien psychologique, des
entretiens et l'accès à des soins de santé mentale ont été mises en place pour
aider les victimes à se reconstruire et à retrouver un sentiment de normalité.

Cependant, malgré ces stratégies d'adaptation, de nombreux défis persistent. Les


ressources limitées, les stigmates sociaux associés aux traumatismes et les
difficultés économiques entravent la pleine récupération des victimes de la crise.
Il est donc essentiel de mettre en place des systèmes de soutien à long terme, de
renforcer les infrastructures de santé mentale et de promouvoir l'inclusion
sociale pour favoriser la résilience et la reconstruction des individus et des
communautés touchés. Cependant, grâce à des stratégies d'adaptation telles que
la mobilisation communautaire et l'accès aux services de soutien, ces personnes
ont la possibilité de se reconstruire et de retrouver un certain niveau de bien-être
psychologique. Il est crucial que les efforts de soutien se poursuivent et

7
s'intensifient pour favoriser la guérison et la résilience à long terme des victimes
de cette crise.

Notre problématique s’appuie sur le modèle bio-psycho-social de la santé


mentale, qui reconnaît que les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux
interagissent pour déterminer le niveau de santé mentale et le bien-être
psychosocial des individus7. Elle implique donc une analyse holistique et
compréhensive des expériences, des besoins et des attentes des personnes
affectées par la crise sécuritaire dans la localité de Koza. Cette problématique
s’inscrit dans une perspective psychologique, qui considère que la prise en
charge psychologique sont influencés par le contexte social, culturel et
historique dans lequel les personnes évoluent.

La problématique qui guide donc ce mémoire est la suivante : comment la prise


en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire Boko Haram permet
leurs réinsertions psychosociales dans la localité de Koza à l’Extrême-Nord du
Cameroun ?

5. Présentation et critique des travaux antérieurs

La plupart des études disponibles se focalisent sur le nord-est du Nigéria, qui est
l’épicentre du conflit. Nous présenterons ici quelques travaux pertinents pour
notre sujet, en soulignant leurs apports et leurs limites.

Une étude menée par Ojedokun et al. (2017) a exploré les effets du stress
traumatique lié aux attaques de Boko Haram sur la santé mentale des
adolescents dans le nord-est du Nigéria. Ils ont utilisé le Trauma Symptom
Checklist for Children (TSCC) pour évaluer les symptômes de stress post-
traumatique, d’anxiété, de dépression et de dissociation chez 400 adolescents,
dont 200 déplacés internes et 200 non déplacés. Les résultats ont montré que les
déplacés internes présentaient des niveaux significativement plus élevés de tous
7
Organisation mondiale de la santé (OMS). (2019). Santé mentale et soutien psychosocial en situation d’urgence
8
les symptômes que les non déplacés, et que les filles étaient plus affectées que
les garçons. Les auteurs ont conclu que les adolescents déplacés internes étaient
plus vulnérables aux problèmes de santé mentale que les populations hôtes, et
que des interventions de SMSPS adaptées au genre et à la culture étaient
nécessaires pour les soutenir 8.

Une autre étude réalisée par Oduwole et al. (2018) a examiné les facteurs
associés à la résilience psychologique chez les personnes déplacées par le conflit
de Boko Haram dans le nord-est du Nigéria. Ils ont utilisé le Connor-Davidson
Résilience Scale (CD-RISC) pour mesurer la résilience psychologique chez 181
personnes déplacées internes, et ont analysé les variables sociodémographiques,
cliniques et psychosociales qui pouvaient influencer la résilience. Les résultats
ont révélé que la résilience psychologique était positivement corrélée avec l’âge,
le niveau d’éducation, le soutien social, l’optimisme et la religiosité, et
négativement corrélée avec le nombre d’événements traumatiques vécus, la
durée du déplacement, la détresse psychologique et le handicap fonctionnel. Les
auteurs ont recommandé de renforcer les facteurs protecteurs et de réduire les
facteurs de risque pour améliorer la résilience psychologique chez les personnes
déplacées9.

Une troisième étude conduite par Atilola et al. (2019) a évalué l’efficacité d’une
intervention de groupe basée sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
pour réduire les symptômes de stress post-traumatique chez les enfants affectés
par le conflit de Boko Haram dans le nord-est du Nigéria. Ils ont utilisé un essai
contrôlé randomisé pour comparer l’intervention de groupe TCC avec une
intervention témoin basée sur des activités récréatives chez 60 enfants âgés de 9
à 13 ans, présentant des symptômes modérés à sévères de stress post-
8
Ojedokun, O., Idemudia, E. S., & Omotoso, O. (2017). Trauma symptoms and psychological distress among
internally displaced adolescents in Nigeria: The role of gender and age. Journal of Psychology in Africa, 27(6),
503-509
9
Oduwole, E. A., Adeniran, Y., Udofia, O., & Odeyemi, K. (2018). Factors associated with psychological
resilience among internally displaced persons in north-east Nigeria: A cross-sectional study. African Journal of
Psychiatry, 21(1), 28-34
9
traumatique. L’intervention de groupe TCC consistait en huit séances
hebdomadaires de 90 minutes, axées sur l’identification et la modification des
pensées négatives, l’exposition graduée aux souvenirs traumatiques, la
relaxation et le renforcement des compétences sociales. L’intervention témoin
consistait en huit séances hebdomadaires de 90 minutes, comprenant des jeux,
des chansons, des histoires et des dessins. Les résultats ont montré que
l’intervention de groupe TCC était plus efficace que l’intervention témoin pour
réduire les symptômes de stress post-traumatique, mesurés par le Child
Posttraumatic Stress Disorder Symptom Scale (CPSS), à la fois immédiatement
après l’intervention et trois mois plus tard. Les auteurs ont suggéré que
l’intervention de groupe TCC était une stratégie prometteuse pour traiter les
enfants traumatisés par le conflit dans un contexte à faibles ressources 10.

Ces études apportent des informations utiles sur les conséquences


psychologiques du conflit de Boko Haram sur les populations affectées, ainsi
que sur les facteurs et les interventions qui peuvent favoriser leur adaptation.
Toutefois, elles présentent également certaines limites, telles que :

 Elles se basent principalement sur des outils qualitatifs standardisés, qui


peuvent ne pas refléter fidèlement la diversité et la complexité des
expériences vécues par les personnes affectées ;

 Elles se focalisent surtout sur les aspects individuels et cliniques de la


santé mentale, en négligeant les dimensions sociales, culturelles et
contextuelles qui influencent le vécu psychosocial et les stratégies
d’adaptation des personnes affectées ;

 Elles se limitent au nord-est du Nigéria, sans tenir compte des spécificités


et des besoins des populations affectées dans les pays voisins, tels que le

10
Atilola, O., Ola, B. A., Abiri, G., Adeniran, Y., Udofia, O., & Odeyemi, K. (2019). Effectiveness of a
cognitive-behavioral group therapy for children exposed to ongoing armed conflict in North-East Nigeria: A
pragmatic randomized controlled trial. Journal of Affective Disorders, 257, 589-597
10
Cameroun, qui accueille un grand nombre de déplacés internes, de
réfugiés et de rapatriés ;

 Elles ne prennent pas en compte les différences entre les catégories de


personnes affectées, telles que les déplacés internes, les réfugiés et les
rapatriés, qui peuvent avoir des profils, des parcours et des attentes
différentes.

Notre étude vise donc à combler ces lacunes, en adoptant une approche mixte :
qualitative, psychologique et psychologique comparative pour explorer la prise
en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko haram et leur
réhabilitation psychosociale dans la localité de Koza, à l’Extrême-Nord du
Cameroun.

6. Présentation des hypothèses explicatives

a- Hypothèse générale

La prise en charge psychologique détermine la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram

b- Hypothèses spécifiques

HS1- l’attitude du praticien dans la prise en charge psychologique détermine la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram.

HS2- l’implication du patient dans la prise en charge psychologique détermine


la réhabilitation psychosociale des personnes victime de la crise sécuritaire boko
haram.

HS3- l’interaction entre le praticien et le patient dans la prise en charge


psychologique détermine la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise
sécuritaire boko haram

7. Contraintes pratiques rencontrées


11
La réalisation de cette étude a impliqué plusieurs contraintes pratiques, que nous
avons dû prendre en compte et surmonter. Parmi ces contraintes, nous pouvons
citer :

 La difficulté d’accès à la zone d’étude, en raison de l’insécurité


persistante et des restrictions de circulation imposées par les autorités.

 La difficulté de recrutement des participants, en raison de la méfiance vis-


à-vis des chercheurs extérieurs et du risque de stigmatisation lié aux
problèmes de santé mentale.

 La difficulté de communication avec les participants, en raison de la


diversité linguistique et culturelle des populations affectées par la crise.

8. Motivation pour le choix du sujet

Le choix du sujet de ce mémoire est motivé par plusieurs raisons personnelles et


professionnelles. Sur le plan personnel, je vis l’Extrême-Nord du Cameroun, et
j’ai été témoin indirect des conséquences dramatiques de la crise sécuritaire sur
région.

9. Intérêt du sujet

Le sujet de ce mémoire présente un intérêt scientifique, social, politique et


humanitaire.

- Sur le plan scientifique,

il s’agit d’un sujet de connaissances sur la prise en charge psychologique des


victimes de la crise sécuritaire boko haram et réhabilitation psychosociale dans
l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce sujet permet également d’apporter une
contribution originale à la discipline des sciences sociale pour le développement,
en adoptant une approche qualitative, psychologique pour analyser les
expériences, les perceptions, les besoins et les attentes des personnes affectées
12
en matière de SMSPS. Ce sujet permet enfin de tester la validité des hypothèses
explicatives formulées à partir de la problématique et de la revue de la
littérature.

- Intérêt sociale

Sur le plan social, il s’agit d’un sujet pertinent, qui répond à une préoccupation
majeure des populations affectées par la crise sécuritaire dans l’Extrême-Nord
du Cameroun. Ce sujet permet de donner la parole aux personnes affectées, qui
sont souvent réduites à des chiffres ou à des catégories homogènes par les
acteurs humanitaires ou politiques. Ce sujet permet également de reconnaître et
de valoriser les stratégies d’adaptation utilisées par les personnes affectées, qui
sont souvent ignorées ou sous-estimées par les acteurs humanitaires ou
académiques. Ce sujet permet enfin de sensibiliser et d’informer les acteurs
sociaux sur les réalités et les besoins des personnes affectées en matière de
SMSPS.

- Intérêt politique

Sur le plan politique, cette étude pourra également contribuer à sensibiliser


davantage l'opinion publique et les décideurs politiques aux défis auxquels sont
confrontées les personnes touchées par la crise sécuritaire de Boko Haram. En
mettant en lumière les répercussions psychosociales de cette crise, il est possible
de susciter une plus grande attention et un soutien accru en faveur de ces
populations vulnérables.

- Intérêt humanitaire

Sur le plan humanitaire, il s’agit d’un sujet utile, qui peut avoir des implications
pratiques pour améliorer l’accès et la qualité des services de SMSPS pour les
personnes affectées par la crise sécuritaire dans l’Extrême-Nord du Cameroun.
Ce sujet permet d’identifier et de prioriser les besoins et les attentes des
personnes affectées en matière de SMSPS. Elle permet de formuler et de
13
proposer des recommandations concrètes pour améliorer l’offre et la demande
de services de SMSPS. Ce sujet permet enfin d’évaluer et de renforcer
l’efficacité et la pertinence des interventions existantes ou futures en matière de
SMSPS.

10.Objectifs de la recherche

a- Objectif général :

Montrer comment la prise en charge psychologique détermine la réhabilitation


psychosociale chez les victimes de boko haram. Pour atteindre cet objectif nous
nous appuierons sur les objectifs spécifiques.

b- Objectifs spécifiques

Ob1 : Explorer l’attitude du praticien dans la prise en charge psychologique des


victimes de la crise sécuritaire boko haram et la réhabilitation psychosociale.

Ob2 : Explorer l’implication du patient dans le processus de prise


psychologique en charge des victimes de la crise sécuritaire boko haram et leur
réhabilitation psychosociale.

Obs3 : Explorer l’interaction entre le patient et le praticien dans la prise en


charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko haram et leur
réhabilitation psychosociale.

11.Présentation de la méthode utilisée pour résoudre le problème posé

11.1- Choix de l’approche méthodologique

Pour répondre à notre problématique et à nos objectifs, nous avons utilisé une
approche qualitative. Nous avons choisi cette approche pour plusieurs raisons :

14
 Elle permet de comprendre plus profondément les expériences, les
perceptions, les besoins et les attentes des personnes affectées par la crise
sécuritaire boko haram en matière de prise en charge psychologique et de
réhabilitation psychosociale, en tenant compte des dimensions subjectives
et objectives, individuelles et collectives, contextuelles et culturelles.
 Elle permet de saisir la complexité et la diversité des processus et des
facteurs impliqués dans la prise en charge psychologique et la
réhabilitation psychosociale des personnes affectées, ainsi que les
interactions entre ces processus et ces facteurs.
 Elle permet de répondre aux différentes questions de recherche, en
utilisant des techniques adaptées aux différents niveaux d’analyse
(descriptif, explicatif, évaluatif).

L’approche qualitative présente également des limites, telles que :

 Elle repose sur un échantillon restreint et non représentatif de la


population cible, ce qui limite la généralisation des résultats à l’ensemble
des personnes affectées par la crise sécuritaire boko haram.
 Elle nécessite une grande implication du chercheur dans le processus de
collecte et d’analyse des données, ce qui peut introduire des biais ou des
subjectivités dans l’interprétation des résultats.
 Elle requiert une grande rigueur méthodologique et éthique pour garantir
la validité et la fiabilité des résultats, ainsi que le respect des droits et de
la dignité des participants.

11.2- Choix du terrain d’étude

Le terrain d’étude choisi pour cette recherche est la localité de Koza, située dans
le département du Mayo-Tsanaga, dans la région de l’Extrême-Nord du
Cameroun. Cette localité a été fortement touchée par la crise sécuritaire boko
haram, qui a débuté en 2009 et qui se poursuit encore aujourd’hui. Selon le
15
rapport de l’OCHA, la localité de Koza comptait en 2020 environ 30 000
personnes déplacées internes et 10 000 réfugiés nigérians, sur une population
totale estimée à 80 000 habitants.

Nous avons choisi ce terrain d’étude pour plusieurs raisons :

 Il correspond à notre problématique et à nos objectifs, qui visent à étudier


la prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des
victimes de la crise sécuritaire boko haram.
 Il présente un intérêt scientifique et social, car il permet de comprendre
les effets de la crise sécuritaire boko haram sur la santé mentale et le bien-
être psychosocial des personnes affectées, ainsi que les besoins et les
attentes de ces personnes en matière de prise en charge psychologique et
de réhabilitation psychosociale.
 Il offre une diversité de situations et de profils des personnes affectées, ce
qui permet de réaliser une analyse comparative entre les différents
groupes de participants (déplacés internes, réfugiés nigérians et membres
autochtones).

Pour accéder au terrain d’étude, nous avons sollicité l’autorisation des autorités
traditionnelles locales. Nous avons rencontré des difficultés liées à l’insécurité
persistante dans la zone, aux contraintes climatiques (saison des pluies), aux
barrières linguistiques (diversité des langues locales) et aux réticences de
certains participants potentiels (méfiance, peur, traumatisme). Pour surmonter
ces difficultés, nous avons adopté des stratégies respecter les règles et les
consignes de sécurité établies par le HCR et les autorités locales.

11.3- Choix de la population cible et de l’échantillon

La population cible de notre étude est constituée des personnes affectées par la
crise sécuritaire boko haram dans la localité de Koza, qui ont besoin ou qui ont

16
bénéficié d’une prise en charge psychologique et d’une réhabilitation
psychosociale. Nous avons choisi cette population cible car elle correspond à
notre problématique et à nos objectifs, qui visent à étudier comment la prise en
charge psychologique détermine la réhabilitation psychosociale de ces
personnes. Nous avons également tenu compte des critères d’inclusion et
d’exclusion suivants pour sélectionner les participants à notre étude :

 Critères d’inclusion : être âgé de 18 ans ou plus, avoir vécu ou subi


directement ou indirectement les violences et les conséquences de la crise
sécuritaire boko haram, avoir besoin ou avoir bénéficié d’une prise en
charge psychologique et d’une réhabilitation psychosociale, accepter de
participer volontairement à l’étude et de signer le formulaire de
consentement.
 Critères d’exclusion : être âgé de moins de 18 ans, n’avoir pas vécu ou
subi directement ou indirectement les violences et les conséquences de la
crise sécuritaire boko haram, ne pas avoir besoin ou ne pas avoir bénéficié
d’une prise en charge psychologique et d’une réhabilitation
psychosociale, refuser de participer volontairement à l’étude ou de signer
le formulaire de consentement.

La méthode d’échantillonnage que nous avons utilisée pour sélectionner les


participants à notre étude est une méthode non probabiliste, basée sur le choix
raisonné du chercheur. Nous avons opté pour cette méthode car elle nous permet
de choisir des participants qui présentent un intérêt particulier pour notre
recherche, en fonction de leurs caractéristiques, de leurs expériences, de leurs
opinions ou de leurs situations. Nous avons également cherché à assurer une
diversité au sein de notre échantillon, en incluant des participants appartenant à
différents groupes (déplacés internes, réfugiés nigérians et membres
autochtones), à différents genres (hommes et femmes) et à différentes tranches
d’âge (jeunes, adultes et personnes âgées).
17
La taille de notre échantillon est de 10 personnes, réparties comme suit :

 4 déplacés internes camerounais (2 hommes et 2 femmes)


 3 réfugiés nigérians (1 homme et 2 femmes)
 3 membres autochtones de Koza (2 hommes et 1 femme)

Nous avons choisi cette taille d’échantillon car elle nous semble suffisante pour
atteindre la saturation théorique, c’est-à-dire le moment où l’ajout de nouveaux
participants n’apporte plus d’informations nouvelles ou pertinentes pour notre
recherche.

11.4- Choix des techniques et des outils de collecte des données

Les techniques que nous avons utilisées pour collecter les données sont les
entretiens semi-directifs, qui consistent à interroger les participants sur un sujet
donné, en suivant un guide d’entretien préétabli, mais en laissant une certaine
liberté au chercheur et au participant pour approfondir ou élargir certains
aspects. Nous avons choisi cette technique car elle nous permet de :

 Recueillir des données riches et détaillées sur les expériences, les


perceptions, les besoins et les attentes des participants en matière de prise
en charge psychologique et de réhabilitation psychosociale.
 Explorer les dimensions subjectives et objectives, individuelles et
collectives, contextuelles et culturelles du phénomène étudié.
 Adapter le déroulement et le contenu de l’entretien en fonction du profil,
du discours et de la réaction du participant.

Les outils que nous avons utilisés pour collecter les données sont les guides
d’entretien, qui sont des documents contenant une série de questions ouvertes,
organisées par thèmes, qui servent à orienter la conversation entre le chercheur
et le participant. Nous avons élaboré trois guides d’entretien différents, en

18
fonction du groupe auquel appartient le participant (déplacés internes, réfugiés
nigérians ou membres autochtones). Les guides d’entretien sont basés sur les
hypothèses et les questions de recherche, et ils abordent les thèmes suivants :

 Les caractéristiques socio-démographiques du participant (âge, sexe,


statut matrimonial, profession, village/ville, village de provenance).
 L’attitude du praticien dans la prise en charge psychologique du
participant (empathie, respect, collaboration, confidentialité, non
jugement).
 L’implication du participant dans la prise en charge psychologique
(motivation, réceptivité, compréhension, mise en pratique des
recommandations, soutien social).
 L’interaction entre le praticien et le participant dans la prise en charge
psychologique (qualité de la relation, évaluation et compréhension de la
thérapie, collaboration dans l’élaboration du plan de traitement, écoute
active et émotionnelle, éducation et formation).
 La réhabilitation psychosociale du participant (reprise des activités
professionnelles, amélioration des relations interpersonnelles,
rétablissement de l’estime et de la confiance en soi, disparition des
symptômes et pathologies mentales).

Les modalités de mise en œuvre des techniques et des outils de collecte des
données sont les suivantes :

 Nous avons réalisé les entretiens au mois d’octobre 2023, sur le terrain
d’étude de Koza.
 Nous avons contacté les participants potentiels par l’intermédiaire des
leaders communautaires ou des partenaires humanitaires présents sur
place.

19
 Nous avons sollicité l’accord préalable des participants avant de réaliser
les entretiens.
 Nous avons effectué les entretiens dans un lieu calme et discret, choisi par
le participant (son domicile, son lieu de travail ou un espace
communautaire).
 Nous avons respecté la langue maternelle du participant (français ou une
langue locale) et nous avons fait appel à un interprète si nécessaire.
 Nous avons enregistré les entretiens avec un dictaphone numérique, avec
l’autorisation du participant.
 Nous avons duré entre 45 minutes et une heure par entretien.

Ce mémoire se propose d’étudier la prise en charge psychologique et la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram dans
la localité de Koza, dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Nous avons présenté le
contexte et la justification de notre recherche, le problème et les questions de
recherche, les hypothèses, les objectifs et la méthode utilisée pour résoudre le
problème posé. Dans le chapitre suivant, nous allons présenter la revue de la
littérature et l’insertion théorique de notre recherche.

12.Structure du mémoire

Ce mémoire est composé de quatre chapitres, suivis d’une conclusion générale


et d’une bibliographie.

 Le premier chapitre présente la revue de la littérature et l’insertion


théorique de la recherche. Il fait un état des lieux des connaissances
existantes sur la crise sécuritaire boko haram, la prise en charge
psychologique et la réhabilitation psychosociale des personnes affectées.
Il présente également le cadre théorique qui oriente l’analyse des données,
en se basant sur les concepts et les modèles pertinents pour la
problématique.
20
 Le deuxième chapitre présente la méthode utilisée pour résoudre le
problème posé. Il expose le choix de l’approche méthodologique, du
terrain d’étude, de la population cible et de l’échantillon, des techniques et
des outils de collecte et d’analyse des données, ainsi que les résultats
obtenus et leur discussion.
 Le troisième chapitre présente l’analyse comparative des résultats obtenus
selon les différents groupes de participants (déplacés internes, réfugiés
nigérians et membres autochtones). Il met en évidence les similitudes et
les différences entre ces groupes en matière de prise en charge
psychologique et de réhabilitation psychosociale.
 Le quatrième chapitre présente l’évaluation de la prise en charge
psychologique et de la réhabilitation psychosociale des personnes
affectées par la crise sécuritaire boko haram. Il évalue la pertinence,
l’efficacité, l’efficience, l’impact et la durabilité de ces interventions, ainsi
que les facteurs facilitant ou limitant leur mise en œuvre.
 La conclusion générale synthétise les principaux résultats de la recherche,
répond aux questions de recherche, formule des recommandations pour
améliorer la situation étudiée ou pour poursuivre la recherche sur le sujet,
et présente les limites et les perspectives de la recherche.

21
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE ET CADRE
THEORIQUE

22
Dans cette partie, nous allons présenter les principales sources documentaires
qui traitent de la crise sécuritaire boko haram et de ses conséquences
psychologiques sur les victimes, ainsi que les théories explicatives qui
permettent de comprendre et d’analyser les processus et les facteurs impliqués
dans la prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des
victimes de cette crise. Nous allons également situer notre étude par rapport à
ces sources et à ces théories, en précisant notre positionnement épistémologique,
notre cadre conceptuel et nos hypothèses de recherche.

I- Revue de la littérature
1- La crise sécuritaire boko haram et ses conséquences psychologiques sur
les victimes

La crise sécuritaire boko haram est un phénomène complexe et


multidimensionnel, qui implique des enjeux politiques, religieux, économiques,
sociaux et culturels. Il s’agit d’un mouvement islamiste radical qui mène des
attaques violentes contre les populations civiles et les forces de sécurité dans
plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment au Nigeria, au Cameroun, au
Niger et au Tchad. Le nom boko haram signifie « l’éducation occidentale est un
péché » en haoussa, une langue parlée dans la région. Le groupe revendique la
création d’un État islamique basé sur la charia, la loi islamique, et s’oppose à
toute forme d’influence occidentale ou laïque. Le groupe est responsable de
milliers de morts, d’enlèvements, de viols, de destructions de biens et
d’infrastructures, et de déplacements forcés de populations.

Les victimes de la crise sécuritaire boko haram sont nombreuses et diverses.


Elles peuvent être des survivants d’attaques, des déplacés internes, des réfugiés,
des otages, des ex-combattants ou des membres de leurs familles. Elles sont
exposées à des situations traumatiques ou stressantes, qui peuvent avoir des
conséquences psychologiques importantes. Parmi ces conséquences, on peut
citer des troubles de stress post-traumatique (TSPT), de l’anxiété, de la
23
dépression, des troubles du sommeil, des troubles dissociatifs, des troubles de
l’adaptation, des troubles du comportement, des troubles de l’attachement, etc.
Ces troubles peuvent affecter le fonctionnement quotidien des victimes, leur
qualité de vie, leur estime de soi, leur identité, leurs relations sociales et
familiales, leur projet de vie, etc.

Plusieurs sources documentaires traitent de la crise sécuritaire boko haram et de


ses conséquences psychologiques sur les victimes. Nous pouvons citer par
exemple :

 NWANKWO, & OTU. (2016). The psychological impact of Boko Haram


insurgency on the Nigerian society. International Journal of Humanities
and Social Science Research, 2(7), 1-9. Cette source présente une analyse
psychosociale de la crise sécuritaire boko haram au Nigeria, en mettant en
évidence les facteurs historiques, culturels et religieux qui ont favorisé
l’émergence du groupe terroriste. Elle examine également les effets
psychologiques de la violence sur les victimes directes et indirectes du
conflit, ainsi que les stratégies d’intervention mises en place par le
gouvernement et les organisations humanitaires.
 ODUWOLE, & ADEBAYO (2017). Psychological trauma among
internally displaced persons in north-east Nigeria: The case of Boko
Haram insurgency. African Journal of Traumatic Stress, 7(1), 7-13. Cette
source rapporte une étude empirique menée auprès de 300 personnes
déplacées internes dans le nord-est du Nigeria à cause de la crise
sécuritaire boko haram. Elle évalue le niveau de traumatisme
psychologique chez ces personnes à l’aide d’un questionnaire standardisé
(Impact of Event Scale-Revised). Elle révèle que 78% des participants
présentent un niveau élevé de traumatisme psychologique, avec une
prévalence plus élevée chez les femmes que chez les hommes.

24
 NWADINOBI, & ANYANWU. (2018). The impact of Boko Haram on
Nigerian national security. In R. Bowd & A. B. Chikwanha (Eds.),
Understanding Africa’s contemporary conflicts: Origins, challenges and
peacebuilding (pp. 121-140). Pretoria: Africa Institute of South Africa.
Cette source propose une analyse géopolitique de la crise sécuritaire boko
haram au Nigeria, en examinant les causes, les acteurs, les dynamiques et
les conséquences du conflit sur la sécurité nationale et régionale. Elle
souligne les défis et les opportunités pour la résolution pacifique du
conflit, en insistant sur le rôle des acteurs locaux, nationaux et
internationaux.

2- La prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram

La prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des victimes


de la crise sécuritaire boko haram sont des processus visant à soutenir,
accompagner et traiter les personnes souffrant de difficultés ou de troubles
psychologiques liés à des situations traumatiques ou stressantes, et à favoriser
leur inclusion sociale et leur participation active dans les différents domaines de
la vie. Ces processus impliquent des objectifs, des principes, des modalités et
des techniques spécifiques, qui doivent être adaptés au contexte culturel et social
des personnes concernées.

a- Les objectifs de la prise en charge psychologique

Les objectifs de la prise en charge psychologique et de la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram sont
notamment de :

 Réduire la détresse émotionnelle et les symptômes psychopathologiques


 Favoriser le rétablissement et le bien-être psychologique
 Renforcer les capacités d’adaptation et de résilience

25
 Restaurer le sens et l’espoir
 Prévenir les complications ou les rechutes
 Respecter l’autonomie et la dignité des personnes
 Adapter l’intervention au contexte culturel et social des personnes
 Promouvoir l’autodétermination et le choix des personnes
 Développer les compétences et les ressources des personnes
 Faciliter l’accès aux opportunités et aux droits sociaux
 Soutenir le réseau social et le capital social des personnes
 Lutter contre la stigmatisation et la discrimination
 Impliquer les personnes dans leur projet de vie
 Co-construire l’intervention avec les personnes et les acteurs du territoire

b- Les modalités et les techniques de la prise en charge psychologique

Les modalités et les techniques de la prise en charge psychologique et de la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram
peuvent être :

 Individuelles ou collectives
 Précoces ou tardives
 Courtes ou longues
 Basées sur l’écoute empathique, le soutien psychosocial, la
psychoéducation, la relaxation, l’exposition, la restructuration cognitive,
la thérapie narrative, la thérapie familiale, etc.
 Basées sur l’évaluation des besoins, des attentes et des potentialités des
personnes, l’élaboration d’un plan d’action personnalisé,
l’accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle, le
renforcement des capacités d’autogestion, le développement des habiletés
sociales, la médiation culturelle, etc.

26
Plusieurs sources documentaires traitent de la prise en charge psychologique et
de la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko
haram. Nous pouvons citer par exemple :

 OJEDOKUN, & IDEMUDIA (2015). Posttraumatic stress disorder and


depression among adult survivors of Boko Haram insurgency in north-
eastern Nigeria: The moderating role of social support and gender. Journal
of Psychology in Africa, 25(5), 415-421. Cette source rapporte une étude
empirique menée auprès de 200 survivants d’attaques de boko haram dans
le nord-est du Nigeria. Elle évalue le niveau de stress post-traumatique
(PTSD) et de dépression chez ces personnes à l’aide de questionnaires
standardisés (PTSD Checklist-Civilian Version et Beck Depression
Inventory-II). Elle examine également le rôle modérateur du soutien
social (perçu et reçu) et du genre sur la relation entre le PTSD et la
dépression. Elle révèle que 68% des participants présentent un niveau
élevé de PTSD, 56% un niveau élevé de dépression, et que le soutien
social perçu a un effet protecteur contre la dépression, surtout chez les
femmes.
 NWADINOBI, & ANYANWU (2018). The impact of Boko Haram on
Nigerian national security. In R. Bowd & A. B. Chikwanha (Eds.),
Understanding Africa’s contemporary conflicts: Origins, challenges and
peacebuilding (pp. 121-140). Pretoria: Africa Institute of South Africa.
Cette source propose une analyse géopolitique de la crise sécuritaire boko
haram au Nigeria, en examinant les causes, les acteurs, les dynamiques et
les conséquences du conflit sur la sécurité nationale et régionale. Elle
souligne les défis et les opportunités pour la résolution pacifique du
conflit, en insistant sur le rôle des acteurs locaux, nationaux et
internationaux.

27
 ODUWOLE & ADEBAYO (2017). Psychological trauma among
internally displaced persons in north-east Nigeria: The case of Boko
Haram insurgency. African Journal of Traumatic Stress, 7(1), 7-13. Cette
source rapporte une étude empirique menée auprès de 300 personnes
déplacées internes dans le nord-est du Nigeria à cause de la crise
sécuritaire boko haram. Elle évalue le niveau de traumatisme
psychologique chez ces personnes à l’aide d’un questionnaire standardisé
(Impact of Event Scale-Revised). Elle révèle que 78% des participants
présentent un niveau élevé de traumatisme psychologique, avec une
prévalence plus élevée chez les femmes que chez les hommes.

c- La prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram

Dans cette partie, nous allons présenter les processus visant à soutenir,
accompagner et traiter les personnes souffrant de difficultés ou de troubles
psychologiques liés à la crise sécuritaire boko haram, ainsi qu’à favoriser leur
inclusion sociale et leur participation active dans les différents domaines de la
vie. Nous allons également décrire les objectifs, les principes, les modalités et
les techniques de ces processus, ainsi que les sources documentaires et les
théories explicatives qui s’y rapportent.

3- La prise en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire


boko haram

La prise en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko haram


est un ensemble d’interventions visant à soutenir, accompagner et traiter les
personnes souffrant de difficultés ou de troubles psychologiques liés à des
situations traumatiques ou stressantes. Ces interventions ont pour objectifs de:

 Réduire la détresse émotionnelle et les symptômes psychopathologiques,


tels que le stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression, etc.

28
 Favoriser le rétablissement et le bien-être psychologique, en aidant les
personnes à retrouver un sens à leur vie, à renforcer leurs capacités
d’adaptation et de résilience, à restaurer l’espoir et à prévenir les
complications ou les rechutes.
 Respecter l’autonomie et la dignité des personnes, en tenant compte de
leurs besoins, de leurs attentes, de leurs choix et de leur contexte culturel
et social.

a- Les principes de la prise en charge psychologique des victimes de la crise


sécuritaire boko haram sont notamment :

 L’écoute empathique, qui consiste à accueillir et à comprendre les


émotions, les pensées, les besoins et les expériences des personnes sans
jugement ni interprétation.
 Le soutien psychosocial, qui consiste à offrir aux personnes un
accompagnement personnalisé, une information adaptée, une orientation
vers des ressources appropriées et une protection contre les risques.
 La psychoéducation, qui consiste à informer les personnes sur les effets
psychologiques de la crise sécuritaire boko haram, sur les stratégies
d’adaptation efficaces et sur les possibilités d’aide disponibles.
 La relaxation, qui consiste à enseigner aux personnes des techniques
visant à réduire le stress physique et mental, telles que la respiration
profonde, la détente musculaire ou la méditation.
 L’exposition, qui consiste à aider les personnes à affronter
progressivement les situations ou les souvenirs traumatisants ou
anxiogènes, en leur fournissant un cadre sécurisant et un soutien
émotionnel.
 La restructuration cognitive, qui consiste à aider les personnes à identifier
et à modifier leurs pensées négatives ou irrationnelles liées au trauma ou
au stress, en leur proposant des alternatives plus réalistes ou positives.

29
 La thérapie narrative, qui consiste à aider les personnes à reconstruire leur
histoire personnelle en mettant en évidence leurs forces, leurs valeurs et
leurs compétences face aux difficultés.
 La thérapie familiale, qui consiste à impliquer la famille dans le processus
de prise en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko
haram, en favorisant la communication, le soutien mutuel et la résolution
des conflits.

Les modalités et les techniques de la prise en charge psychologique des victimes


de la crise sécuritaire boko haram peuvent être :

 Individuelles ou collectives : selon le nombre de personnes concernées par


l’intervention (une seule personne ou un groupe), le type d’interaction
(directe ou indirecte) et le niveau d’intimité (privé ou public).
 Précoces ou tardives : selon le moment où l’intervention est mise en place
par rapport au trauma ou au stress (immédiatement après ou longtemps
après).
 Courtes ou longues : selon la durée totale de l’intervention (quelques
minutes ou plusieurs heures) et le nombre de séances (une seule séance ou
plusieurs séances).

Plusieurs sources documentaires traitent de la prise en charge psychologique des


victimes de la crise sécuritaire boko haram. Nous pouvons citer par exemple :

 OJEDOKUN & IDEMUDIA (2015). Posttraumatic stress disorder and


depression among adult survivors of Boko Haram insurgency in North-
Eastern Nigeria: The moderating role of social support and gender.
Journal of Psychology in Africa, 25(5), 415-421. Cette source rapporte
une étude empirique menée auprès de 200 survivants d’attaques de boko
haram dans le nord-est du Nigeria. Elle évalue le niveau de stress post-
traumatique et de dépression chez ces personnes à l’aide de questionnaires
30
standardisés. Elle examine également le rôle modérateur du soutien social
et du genre sur la relation entre le stress post-traumatique et la dépression.
Elle révèle que 68% des participants présentent un niveau élevé de stress
post-traumatique, 56% un niveau élevé de dépression, et que le soutien
social perçu a un effet protecteur contre la dépression, surtout chez les
femmes.
 NWOGA Eze & OBI-Nwosu (2017). Psychological intervention for
internally displaced persons in Nigeria: A call to action. African Journal
of Traumatic Stress, 7(1), 14-18. Cette source présente une analyse
critique de la situation des personnes déplacées internes au Nigeria à
cause de la crise sécuritaire boko haram, en mettant en évidence les
besoins psychologiques et les défis auxquels elles font face. Elle propose
des recommandations pour améliorer la prise en charge psychologique de
ces personnes, en s’appuyant sur les principes humanitaires, les normes
internationales et les bonnes pratiques.
 ODUWOLE & ADEBAYO (2018). Effectiveness of cognitive-
behavioural therapy on internally displaced persons with post-traumatic
stress disorder in north-east Nigeria. African Journal of Psychiatry, 21(1),
25-29141. Cette source rapporte une étude empirique menée auprès de 60
personnes déplacées internes dans le nord-est du Nigeria à cause de la
crise sécuritaire boko haram, qui souffrent de stress post-traumatique. Elle
évalue l’efficacité d’une intervention basée sur la thérapie cognitivo-
comportementale, qui consiste à aider les personnes à identifier et à
modifier leurs pensées et leurs comportements négatifs liés au trauma, en
leur proposant des techniques d’exposition, de relaxation et de
restructuration cognitive. Elle montre que l’intervention a permis de
réduire significativement le niveau de stress post-traumatique chez les
personnes traitées par rapport au groupe témoin.

31
b- La réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko
haram

La réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram


est un processus visant à favoriser l’inclusion sociale et la participation active
des personnes ayant des difficultés ou des troubles psychologiques dans les
différents domaines de la vie (professionnel, familial, relationnel, éducatif,
culturel, etc.). Ce processus a pour objectifs de :

 Promouvoir l’autodétermination et le choix des personnes, en leur


permettant d’exprimer leurs besoins, leurs attentes, leurs préférences et
leurs opinions, et en respectant leur volonté et leur consentement.
 Développer les compétences et les ressources des personnes, en leur
offrant des opportunités d’apprentissage, de formation, d’emploi, de loisir,
etc., qui correspondent à leurs capacités, à leurs intérêts et à leurs
aspirations.
 Faciliter l’accès aux opportunités et aux droits sociaux, en veillant à ce
que les personnes bénéficient des services et des prestations auxquels
elles ont droit (santé, éducation, logement, protection sociale, etc.), et en
luttant contre les obstacles administratifs ou juridiques qui entravent leur
accès.
 Soutenir le réseau social et le capital social des personnes, en favorisant
leurs relations avec leur famille, leurs amis, leurs voisins, leurs collègues,
etc., qui peuvent leur apporter du soutien affectif, matériel ou
informationnel.

 Lutter contre la stigmatisation et la discrimination, en sensibilisant la


société aux réalités et aux besoins des victimes de la crise sécuritaire boko
haram, en dénonçant les préjugés et les violences dont elles sont victimes,
et en promouvant le respect et la tolérance.

32
 Impliquer les personnes dans leur projet de vie, en les aidant à définir
leurs objectifs, leurs priorités, leurs valeurs et leurs rêves, et en les
accompagnant dans la réalisation de leurs activités et de leurs aspirations.
 Co-construire l’intervention avec les personnes et les acteurs du territoire,
en favorisant la participation active des personnes concernées, de leurs
proches, des professionnels, des bénévoles, des autorités locales, etc.,
dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de l’intervention.

c- Les principes de la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise


sécuritaire boko haram sont notamment :

 La personne au centre, qui consiste à considérer la personne comme un


sujet acteur de son rétablissement, et non comme un objet passif de soins.
 La globalité, qui consiste à prendre en compte tous les aspects de la vie de
la personne (physique, psychologique, social, spirituel, etc.), et non pas
seulement ses symptômes ou ses problèmes.
 La contextualisation, qui consiste à adapter l’intervention au contexte
culturel et social de la personne, en respectant ses croyances, ses valeurs,
ses normes et ses coutumes.
 L’empowerment, qui consiste à renforcer le pouvoir d’agir de la personne,
en lui donnant les moyens de contrôler sa vie, de faire des choix éclairés
et de défendre ses droits.
 La citoyenneté, qui consiste à reconnaître à la personne sa pleine
appartenance à la société, en lui garantissant l’accès aux droits
fondamentaux (liberté, égalité, fraternité) et aux opportunités sociales
(éducation, travail, loisir, etc.).
 La collaboration, qui consiste à établir une relation de confiance et de
partenariat entre la personne concernée, les professionnels impliqués et les
autres acteurs du territoire (famille, amis, voisins, collègues, etc.), en

33
favorisant le dialogue, le partage d’informations et la prise de décision
conjointe.

d- Les modalités et les techniques de la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram peuvent être :

 Individuelles ou collectives : selon le nombre de personnes concernées par


l’intervention (une seule personne ou un groupe), le type d’interaction
(directe ou indirecte) et le niveau d’intimité (privé ou public).
 Continues ou discontinues : selon la fréquence et la régularité de
l’intervention (quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, etc.), et la durée du
suivi (court terme, moyen terme ou long terme).
 Basées sur l’évaluation des besoins, des attentes et des potentialités des
personnes : qui consiste à identifier avec les personnes concernées leurs
difficultés, leurs ressources et leurs aspirations dans les différents
domaines de la vie (professionnel, familial, relationnel, éducatif, culturel,
etc.), et à élaborer avec elles un plan d’action personnalisé qui tient
compte de leurs priorités, de leurs objectifs, de leurs préférences et de leur
contexte.
 Basées sur l’accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle :
qui consiste à soutenir les personnes dans leur parcours d’insertion sociale
et professionnelle, en leur offrant des opportunités d’apprentissage, de
formation, d’emploi, de loisir, etc., qui correspondent à leurs capacités, à
leurs intérêts et à leurs aspirations, et en facilitant leur accès aux services
et aux prestations auxquels elles ont droit (santé, éducation, logement,
protection sociale, etc.).
 Basées sur le renforcement des capacités d’autogestion : qui consiste à
aider les personnes à développer leurs compétences pour gérer leur vie
quotidienne, leur santé, leur budget, leur temps, leur stress, etc., en leur
proposant des outils et des conseils pratiques.

34
 Basées sur le développement des habiletés sociales : qui consiste à aider
les personnes à améliorer leurs relations avec les autres, en leur
enseignant des techniques de communication, d’assertivité, de résolution
de conflits, de coopération, etc.
 Basées sur la médiation culturelle : qui consiste à faciliter la
compréhension et le respect mutuel entre les personnes de cultures
différentes, en leur apportant des informations sur les codes culturels, les
valeurs, les normes et les coutumes de chaque culture, et en favorisant le
dialogue interculturel.

Plusieurs sources documentaires traitent de la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram. Nous pouvons citer par exemple :

 Nwadinobi, E., & Anyanwu, O. (2019). Psychosocial rehabilitation of


women and girls formerly abducted by Boko Haram in Nigeria. African
Journal of Reproductive Health, 23(1), 101-111. Cette source présente une
étude de cas sur la réhabilitation psychosociale des femmes et des filles
qui ont été enlevées par boko haram au Nigeria, et qui ont réussi à
s’échapper ou à être libérées. Elle décrit les défis et les besoins
spécifiques de ces femmes et de ces filles, qui sont confrontées à des
traumatismes, à des violences, à des grossesses non désirées, à des
maladies, à la stigmatisation et à la discrimination. Elle présente
également les interventions mises en place par le gouvernement et les
organisations non gouvernementales pour les soutenir, les accompagner et
les réinsérer dans la société.
 Oduwole, E. A., & Adebayo, S. O. (2020). Psychosocial rehabilitation of
internally displaced persons in north-east Nigeria: A qualitative study.
International Journal of Social Psychiatry, 66(4), 341-349. Cette source
rapporte une étude qualitative menée auprès de 20 personnes déplacées
internes dans le nord-est du Nigeria à cause de la crise sécuritaire boko
35
haram, qui ont bénéficié d’un programme de réhabilitation psychosociale
basé sur l’empowerment, la citoyenneté et la collaboration. Elle analyse
les perceptions et les expériences des participants sur le programme, en
utilisant l’entretien semi-directif et l’analyse thématique. Elle montre que
le programme a eu un impact positif sur le rétablissement et le bien-être
des participants, en améliorant leur estime de soi, leur confiance en soi,
leur autonomie, leur réseau social et leur insertion sociale et
professionnelle.
 Nwoga C.N., Eze C.C., & Obi-Nwosu H. (2021). Community-based
psychosocial rehabilitation of survivors of Boko Haram insurgency in
north-east Nigeria: A pilot study. African Journal of Psychiatry, 24(1), 12-
17. Cette source rapporte une étude pilote menée auprès de 40 survivants
d’attaques de boko haram dans le nord-est du Nigeria, qui ont participé à
un programme de réhabilitation psychosociale basé sur la communauté,
qui implique les survivants eux-mêmes, leurs familles, leurs voisins, leurs
leaders communautaires, etc., dans l’élaboration, la mise en œuvre et
l’évaluation de l’intervention. Elle évalue l’efficacité du programme sur le
niveau de stress post-traumatique, d’anxiété et de dépression des
participants, à l’aide de questionnaires standardisés. Elle montre que le
programme a permis de réduire significativement le niveau de stress post-
traumatique, d’anxiété et de dépression chez les participants par rapport
au groupe témoin.

II- Cadre théorique

Les théories explicatives de la prise en charge psychologique et de la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram sont
des cadres conceptuels qui permettent de comprendre et d’analyser les processus
et les facteurs impliqués dans ces processus, ainsi que leurs effets sur le
rétablissement et le bien-être des personnes concernées. Ces théories s’appuient

36
sur des données empiriques, des modèles théoriques et des principes éthiques,
qui doivent être adaptés au contexte culturel et social des personnes concernées.

Parmi ces théories, on peut citer :

1- La théorie du stress et du coping,

qui postule que les situations traumatiques ou stressantes sont perçues


comme des menaces ou des défis pour l’équilibre psychologique des
individus, qui mobilisent alors des stratégies d’adaptation (coping) pour y
faire face. Ces stratégies peuvent être centrées sur le problème (action visant
à modifier ou à résoudre la situation), sur l’émotion (régulation des affects
négatifs liés à la situation), ou sur l’évitement (distraction ou fuite de la
situation). Le coping influence le niveau de détresse émotionnelle et le
rétablissement des individus face au stress.

2- La théorie du rétablissement,

Qui postule que les personnes souffrant de troubles psychologiques peuvent


se rétablir en retrouvant un sens à leur vie, en développant leurs capacités
d’autodétermination, en renforçant leurs ressources personnelles et sociales,
en participant activement à leur projet de vie, et en s’affranchissant de la
stigmatisation et de la discrimination. Le rétablissement est un processus
personnel, dynamique et non linéaire, qui implique des changements dans les
domaines cognitif, émotionnel, comportemental et relationnel.

3- La théorie de la résilience,

Qui postule que les personnes exposées à des situations traumatiques ou


stressantes peuvent surmonter les difficultés et rebondir après l’adversité, en
mobilisant des facteurs de protection internes (personnalité, compétences,
valeurs, etc.) et externes (soutien social, environnement favorable, etc.). La
résilience est une capacité qui peut être développée ou renforcée par des
37
interventions visant à augmenter les ressources individuelles et collectives
des personnes face au stress.

4- L’insertion de notre étude par rapport aux sources et aux théories


existantes

Notre étude s’inscrit dans le champ de la psychologie clinique et de la


psychologie sociale, qui s’intéressent aux processus psychologiques impliqués
dans la prise en charge et la réhabilitation des victimes de la crise sécuritaire
boko haram. Elle se situe à l’interface entre les sources documentaires et les
théories explicatives présentées ci-dessus, en cherchant à apporter une
contribution originale et pertinente à la connaissance du phénomène.

Notre positionnement épistémologique est celui du constructivisme, qui


considère que la réalité est construite par les individus à travers leurs
interactions avec leur environnement, leurs expériences et leurs représentations.
Nous adoptons une approche qualitative, qui vise à comprendre le sens que les
personnes donnent à leur vécu, à leurs difficultés et à leurs ressources, ainsi qu’à
explorer la diversité et la complexité des situations. Nous utilisons des méthodes
d’investigation telles que l’entretien semi-directif, l’observation participante et
l’analyse de contenu.

Notre cadre conceptuel est celui de la prise en charge psychologique et de la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram, qui
sont définies comme des processus visant à soutenir, accompagner et traiter les
personnes souffrant de difficultés ou de troubles psychologiques liés à des
situations traumatiques ou stressantes, et à favoriser leur inclusion sociale et leur
participation active dans les différents domaines de la vie. Nous nous appuyons
sur les théories du stress et du coping, du rétablissement et de la résilience, qui
nous permettent de comprendre et d’analyser les processus et les facteurs

38
impliqués dans ces processus, ainsi que leurs effets sur le rétablissement et le
bien-être des personnes concernées.

39
CHAPITRE 2 : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE

40
I- Rappel de l’objet d’étude

L’objet de cette étude est d’analyser la prise en charge psychologique des


victimes de la crise sécuritaire boko haram et son impact sur leur réhabilitation
psychosociale. Il s’agit de comprendre comment l’attitude du praticien,
l’implication du patient et l’interaction entre les deux déterminent le processus
de rétablissement des victimes dans la localité de Koza.

II- Méthode et type de recherche

1) Méthode de recherche

La méthode de recherche utilisée dans cette étude est la méthode qualitative, qui
consiste à recueillir et à analyser des données verbales ou textuelles, issues
d’entretiens semi-directifs avec les participants. Cette méthode permet
d’explorer en profondeur les vécus, les perceptions, les opinions et les émotions
des victimes de la crise sécuritaire boko haram, ainsi que les pratiques et les
stratégies des praticiens qui les accompagnent dans leur prise en charge
psychologique (Bardin, 2013).

2) Type de recherche

Le type de recherche adopté dans cette étude est la recherche exploratoire, qui
vise à identifier et à décrire un phénomène peu connu ou peu étudié, en
formulant des hypothèses provisoires et en proposant des pistes de réflexion
pour des recherches ultérieures (Savoie-Zajc, 2011). Ce type de recherche est
pertinent pour aborder la problématique de la prise en charge psychologique des
victimes de la crise sécuritaire boko haram, qui est un sujet peu documenté dans
la littérature scientifique.

3) Formulation et opérationnalisation des hypothèses de recherche

- Hypothèse générale
41
L’hypothèse générale de cette étude est que la prise en charge psychologique
détermine la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire
boko haram.

- Hypothèses spécifiques

Les hypothèses spécifiques sont les suivantes :

- Hypothèse de recherche numéro 1

L’attitude du praticien détermine la réhabilitation psychosociale des victimes de


la crise sécuritaire boko haram

Cette hypothèse postule que la qualité de l’attitude du praticien, qui se manifeste


par son empathie, son respect, sa collaboration, sa confidentialité et son non-
jugement à l’égard des patients, influence positivement le processus de
réhabilitation psychosociale des victimes, en favorisant leur adhésion à la
thérapie, leur confiance en eux-mêmes et leur résilience face au traumatisme
(Rogers, 1957 ; Ozer et al., 2008).

- Hypothèse de recherche numéro 2

L’implication du patient détermine la réhabilitation psychosociale des victimes


de la crise sécuritaire boko haram.

Cette hypothèse suppose que le degré d’implication du patient dans le processus


thérapeutique, qui se traduit par sa motivation, sa réceptivité, sa compréhension,
sa mise en pratique des recommandations du clinicien et son soutien social,
influence positivement le processus de réhabilitation psychosociale des victimes,
en facilitant leur appropriation de la thérapie, leur changement cognitif et
comportemental, leur autonomie et leur intégration sociale (Bandura, 1977 ;
Prochaska et DiClemente, 1984).

42
- Hypothèse de recherche numéro 3

L’interaction entre le praticien et le patient détermine la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram.

Cette hypothèse suggère que la qualité de l’interaction entre le praticien et le


patient, qui se reflète par la relation thérapeutique, l’évaluation et la
compréhension de la thérapie, la collaboration dans l’élaboration du plan de
traitement, l’écoute active et émotionnelle du patient et l’éducation et la
formation du patient sur les outils utilisés, influence positivement le processus
de réhabilitation psychosociale des victimes, en renforçant leur alliance
thérapeutique, leur satisfaction, leur engagement, leur feedback et leur
apprentissage (Bordin, 1979 ; Lambert et Barley, 2001).

43
- Tableau synoptique

Sujet QR HG Hypothèses de recherche Variables Indicateurs


dépendantes
Prise en charge La prise en charge La prise en L’attitude du praticien Attitude
du -Ampathie
psychologique des psychologique des charge détermine la réhabilitation praticien -Respect
victimes de la crise victimes de la crise psychologique psychosociale des victimes de -Collaboration
sécuritaire boko haram et sécuritaire boko détermine la la crise sécuritaire boko -Confidentialité
réhabilitation haram détermine t’elle réhabilitation haram -Non jugement
psychosociale cas de la leurs réhabilitations psychologique L’implication du patient Implication du -Motivation du patient dans
localité de Koza psychosociales ? des victimes de détermine la réhabilitation patient le processus thérapeutique
la crise psychosociale des victimes de -Réceptivité et
sécuritaire la crise sécuritaire boko compréhension du patient
boko haram. haram e face la thérapie
-Mise en pratique des
recommandations du
clinicien
-Compétences du patient à
comprendre le processus
thérapeutique
-Soutien de la famille et de
l’environnement social du
patient
L’ inter action entre le Interaction entre
praticien et le patient le praticien et le -Niveau de convivialité
détermine la réhabilitation patient dans la relation entre le
psychosociale des victimes de patient et le thérapeute

44
la crise sécuritaire boko -Évaluation collégiale de la
haram thérapie par le praticien et
le patient
-Collaboration dans
l’élaboration du plan de
traitement
-Ecoute active et
émotionnelle du patient
-Education et formation du
patient sur les outils
utilisés
Réhabilitation -Reprise des activités
psychosociale professionnelles
(variable
indépendante) -Amélioration des relations
avec l’entourage
-Rétablissement de
l’estime et de la confiance
en soi
-Disparition des
symptômes et pathologies
mentales (stress post
traumatique , anxiété ,
troubles du sommeil ,
dépression , le dé lire les
hallucination …)
Tableau 1: tableau synoptique

45
III- Site de l’étude, population et échantillon

a- Site de l’étude

Figure 1: carte de district de Koza (source OMS, MSP)

Le site de l’étude est la localité de Koza, située dans la région de l’Extrême-


Nord du Cameroun, à la frontière avec le Nigeria. Cette localité a été choisie car

46
elle est l’une des plus touchées par la crise sécuritaire boko haram, qui sévit
depuis 2014 dans cette région. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés (HCR), Koza accueille plus de 20 000 réfugiés nigérians et
déplacés internes camerounais, qui ont fui les violences perpétrées par le groupe
terroriste (HCR, 2020).

b- Milieu biophysique
- Le climat

Le climat dominant à Koza est de type Soudano-Sahélien comprenant deux


saisons, une longue saison sèche qui va d’Octobre à Mai et une courte saison des
pluies qui va de Juin à Septembre – Octobre. Le climat a une influence certaine
sur la disponibilité et la distribution des ressources en eau, nécessaires au
développement des différentes activités agricoles ou pastorales. La réussite
d’une campagne agricole par exemple sera déterminée non seulement par la
quantité totale de pluie enregistrée, mais surtout par la répartition de celle-ci
dans le temps. Les températures quant à elles sont fraiches avec des Minima qui
peuvent atteindre 80°C les nuits en Décembre et Janvier, et des maximas
atteignant les 40°C en Avril – Mai.

- Le relief

Le relief de la commune de Koza est caractérisé par un ensemble de hauts


plateaux fortement disséqués auxquels le contact brutal avec la plaine par
endroit donne un aspect montagneux à ces plateaux et le dénivèlement atteint
parfois les 600 mètres. Toutes fois dans les détails, on est en présence d’un
ensemble assez colossal, qui révèle une juxtaposition de formes de relief. A ce
relief, trois grands ensembles se dégagent à savoir :

 La zone de montagne (Djingliya, Gouzda, Moustsikar, Bigide, Haalak,


Mavoumaï, Houva, Meldere, Cheré, Gobili, Mbardam, Hirché,
Djengue, Yamedé) ;
47
 La zone de plaine (Koza, Maltamaya, Gaboua, Gabas) ;
 La zone de piémont (Kilda, Galdala, Djingliya, Mazi, Modoko).
A Koza, le relief affecte gravement les sols. Ici l’érosion hydrique est fortement
accentuée causant une instabilité des sols.

- Les sols

Dans l’ensemble de la région, l'érosion a des conséquences certaines sur les


qualités des sols qui peuvent être limitant pour les usages agricoles. En zone
montagneuse les pentes favorisent l'érosion alors que la pente générale faiblit
brutalement au niveau des plaines où les risques d'érosion sont amoindris.
Toutefois, les sols sont distingués en fonction du mode de leur mise en valeur :

 Les terres exploitées en cultures pluviales, et qui forment l’ensemble des


pâturages autour des villages sont les plus vastes. Ce sont les terres argilo-
sableux, argilo-limoneux-sableux.
 Les terres exploitées pour la culture des oignons, ail et canne à sucre et
autres tubercules sont faites sur des périmètres irrigués et sur des sols plus
argileux.
On note la forte demande en terre cultivables et pour ce faire les agriculteurs qui
depuis des générations luttent contre l’érosion hydrique, aménage les pentes
rocheuses en terrasses de culture, édifie des murettes de pierres sèches pour
retenir la terre arable.

- L’hydrographie

La commune de Koza est arrosée par deux grands cours d’eau à savoir :

 Le Mayo – Mawa qui serpente et arrose la partie Ouest de l’espace


géographique communal ;
 Le Mayo – Kilda (Kondawadi) qui arrose la partie Est.
Rare sont les poches d’eau qui subsistent dans le roc après la saison des pluies.
Toute fois dans la partie nord de Koza (Mawa, Galdala, Ziler), située dans la
48
plaine la nappe phréatique est accessible à moins de 5m ce qui permet de
pratiquer une agriculture par irrigation gravitaire.

- La faune

La faune a subi une pression humaine qui a conduit à des bouleversements


conséquents de leur habitats. Certains acteurs locaux, les anciens notamment se
rappellent que la localité abondait d’animaux sauvages. Les espèces telles que
les biches, les antilopes, les phacochères et les autres herbivores vivaient à
proximité des villages. L’explosion démographique a favorisé la conquête des
espaces pour l’habitat, l’agriculture, modifiant ainsi leur cadre de vie. Et pour
les besoins de sécurité, ceux-ci se sont retiré vers les sommets des montagnes et
autres bois sacrés.

Aujourd’hui la faune renferme quelques oiseaux granivores, les hérissons, les


rats, les varans, les damans, les écureuils, les pintades, les lièvres, les
cynocéphales et les singes. Le serpent est l’espèce qui prédomine, on le retrouve
partout.

- La végétation

La formation végétale est constituée de strate arborée pauvre en essence


forestière. Ici ce sont essentiellement les Acacia Albida, Kaya sénégalenins
Azadirata-indica, elles sont hautes de 12 à 20 mètres. Cette végétation est
exposée à la déforestation due à une explosion démographique qui accroit la
demande en bois de chauffe et à la pauvreté qui conduit les acteurs locaux à tirer
l’essentiel de leur revenu de l’exploitation des ressources naturelles. Par ailleurs,
la strate inférieure est particulièrement composée d’épineux et graminées.
S’agissant des épineux on peut citer les Acacia ataxacantha, Acacia nilotica,
Acacia polyacantha, zizyphus mauritiana et des variétés de cactus.

49
S’agissant des graminées, ce sont des annuelles à faible valeur nutritive pour les
élevages. Sur les roches dénudées on observe çà et là quelques épineux
accrochés par leurs racines tordues dans la fente béante d’un rocher.

c- Milieu humain
- Histoire

L’histoire nous révèle que Koza existerait depuis l’année 1540 environ. Il Ya de
cela 471 ans en moyenne, que les premiers occupants s’y sont installés. Deux
versions déterminent l’origine du nom de la localité :

 La première version dit que Koza tient son origine du mot « KUSA » qui
signifie herbe en Mafa. Les premiers occupants à savoir les Mafa ont
trouvé en place de hautes herbes qu’ils ont débroussaillé pour en faire un
lieu d’habitation les blancs à leur arrivée ont transformé l’appellation «
Kusa » en KOZA.
 La seconde version doit son origine au mot « KWO –ZA » qui signifie
pierres de montagne en Mafa, ce nom a été retranscrit phonétiquement par
les blancs en KOZA d’où sa dénomination actuelle.
Les mêmes sources nous disent que les Mafa de Koza viendraient de Soulédé.

Les Mafa venus du SUD (Soulédé) s’installèrent les premiers à Koza et se


mirent à dompter la nature féroce pour en rendre un milieu habitable. Ils
construisirent des huttes et des haies-rives sauvages. Ils avaient à leur tête un
chef appelé « BAI » ce dernier détenait tous les pouvoirs (coutumiers, juridiques
et administratifs).

Depuis 1540, sept générations de la famille Médjéwé se sont succédé à la tête de


ce village. A la mort de TIRI le dernier successeur de la famille, période
coïncidant avec l’arrivée des blancs, le pouvoir fut passé à MODOKO demi-
frère du dernier successeur. La population le trouvant défaillant, celui-ci fut
destitué par les colons. Sa destitution favorisera le passage des pouvoirs aux

50
mains de MAGADJI LTOHA (un Mandara) envoyé du sultan des Wandala de
Mora en 1933.

d- Organisation culturelle

La population de Koza est une mosaïque, caractérisée par une importante


diversité ethnique. On y rencontre les Mafa, les Minéo, les Mandara, les
Kanouri, les Bornoua, les Guemdjecks…etc, tous repartis dans les 26 villages
que compte la commune. Ils cohabitent pacifiquement et leur densité avoine les
100 habitants/Km² (dans les montagnes) et 150 habitants /km² (dans les plaines).
La religion dominante est le christianisme. Toutefois on y trouve les musulmans
et les animistes. Quant à l’habitat, les zones de montagne sont caractérisées par
la saturation foncière qui est survenue un peu plutôt que dans les plaines, où
l’habitat est dispersé.

e- Activités économiques

Sur le plan économique, l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le petit commerce


constituent les principales activités économiques des populations. Les
principales cultures pratiquées sont les suivantes :

 Cultures vivrières (le sorgho, la patate douce, l’arachide, le niébé, le soja,


la pomme de terre, la canne à sucre) ;
 Les cultures de rente (le coton, l’oignon, la patate douce) ;
 Les maraîchers et les arbres fruitiers se cultivent dans la plaine.
Le petit commerce quant à lui y occupe une place importante et est
généralement réalisé par toutes les couches de la population. Il concerne l’achat,
le stockage et la vente des produits agricoles, la vente du petit bétail et des
produits manufacturés de première nécessité. Les services du secteur tertiaire
(moto taxi, call-box, photocopies…) sont en voie d’expansion sur le territoire
communal.

51
Un grand marché avec plusieurs hangars et boutiques existe dans la commune. Il
rassemble plusieurs acheteurs, et vendeurs venant de tout l’arrondissement de
Koza et même des localités avoisinantes. Le marché a lieu tous les dimanches. A
côté de ce grand marché, il existe trois autres de moyenne importance dans les
localités de Gaboua, kirché, Mawa.

1) Population cible de la recherche

La population cible de cette étude est constituée des victimes de la crise


sécuritaire boko haram, qui ont bénéficié ou bénéficient d’une prise en charge
psychologique dans la localité de Koza. Il s’agit principalement des réfugiés
nigérians, des déplacés internes camerounais et des membres autochntones, qui
ont subi des traumatismes liés aux attaques, aux enlèvements, aux viols, aux
tortures ou aux pertes de proches causés par boko haram. La population cible
comprend également les praticiens qui assurent la prise en charge psychologique
de ces victimes, tels que les psychologues, les psychiatres, les infirmiers ou les
travailleurs sociaux ou des ONGs ayant mené ces actions.

2) Echantillonnage

L’échantillonnage utilisé dans cette étude est un échantillonnage non


probabiliste ou raisonné, qui repose sur le choix délibéré des participants selon
des critères préétablis (Quivy et Campenhoudt, 2006). Les critères de sélection
sont les suivants :

Pour les victimes : avoir été exposé à un événement traumatique lié à la crise
sécuritaire boko haram ; avoir bénéficié ou bénéficier d’une prise en charge
psychologique dans la localité de Koza ; être âgé d’au moins 18 ans ; accepter
de participer à l’étude.

3) Profil des participants

52
L’échantillon final de cette étude est composé de 10 victimes de la crise
sécuritaire boko haram nt pris en charge psychologiquement. Les
caractéristiques sociodémographiques des participants sont présentées dans le
tableau de la première partie du prochain chapitre.

4) Instrument statistique

L’instrument statistique utilisé dans cette étude est le logiciel SPSS (Statistical
Package for the Social Sciences), qui est un logiciel d’analyse statistique des
données qualitatives et quantitatives. Ce logiciel permet de réaliser des
opérations telles que le codage, le tri, le classement, la réduction, la synthèse et
l’interprétation des données recueillies lors des entretiens (BRYMAN, 2012).

5) Technique de collecte des données et son élaboration


- Instruments de collecte des données

Les instruments de collecte des données utilisés dans cette étude sont les
entretiens semi-directifs, qui sont des entretiens basés sur un guide préparé à
l’avance, mais qui laissent une certaine liberté au chercheur et au participant
pour approfondir certains aspects ou aborder d’autres thèmes en lien avec l’objet
d’étude (Blanchet et al., 2010). Les entretiens semi-directifs permettent de
recueillir des données riches et détaillées sur les expériences, les opinions, les
sentiments et les attentes des victimes de la crise sécuritaire boko haram et des
praticiens qui les prennent en charge psychologiquement.

- Le guide d’entretien
 Présentation du guide d’entretien

Le guide d’entretien est un document qui contient les questions ou les thèmes à
aborder lors de l’entretien avec le participant. Il sert à orienter et à structurer la
conversation, tout en laissant une marge de manœuvre au chercheur pour adapter

53
son discours en fonction du contexte et du profil du participant (Kaufmann,
2007).

Le guide d'entretien que nous avons élaboré vise à recueillir les perceptions et
les expériences des patients et des praticiens sur la prise en charge
psychologique à Koza. Nous avons choisi d'utiliser un guide d'entretien semi-
directif, qui permet de structurer l'entretien autour de quatre thèmes principaux,
tout en laissant une certaine liberté au répondant pour exprimer ses opinions et
ses sentiments. Le guide d'entretien comporte des questions ouvertes, qui
invitent le répondant à développer ses réponses, et des questions fermées, qui
permettent de vérifier ou de préciser certains points. Le guide d'entretien est un
outil pertinent pour explorer les représentations et les pratiques des acteurs
impliqués dans la prise en charge psychologique, car il permet de :

 La première partie concerne les caractéristiques socio-démographiques


des répondants, telles que l’âge, le sexe, le statut matrimonial, la
profession, le village ou la ville de résidence, et le village d’origine. Ces
informations permettent de situer le profil des répondants et de voir s’il
existe des différences selon les catégories socio-démographiques.
 Le premier thème porte sur l’attitude du praticien dans la prise en
charge psychologique du patient. Il s’agit d’évaluer comment le
praticien se comporte avec le patient, s’il fait preuve d’empathie, de
respect, de collaboration, de confidentialité et d’absence de jugement. Ces
aspects sont importants pour établir une relation de confiance et de respect
mutuel entre le praticien et le patient.
 Le deuxième thème aborde l’implication du patient dans la prise en
charge psychologique. Il s’agit de mesurer dans quelle mesure le patient
participe activement au processus thérapeutique, s’il échange avec le
praticien, s’il reçoit des soutiens pour faire face à ses problèmes, s’il met
en pratique les recommandations du praticien et s’il est satisfait des
54
procédés utilisés par celui-ci. Ces éléments sont essentiels pour favoriser
l’adhésion du patient au traitement et son autonomie.
 Le troisième thème traite des interactions entre le praticien et le patient
dans la prise en charge psychologique. Il s’agit d’analyser comment se
déroule la relation thérapeutique entre les deux acteurs, quelles sont les
méthodes utilisées par le praticien, quels sont les changements observés
dans la qualité de vie du patient, quel est le plan de traitement proposé par
le praticien et comment il est réajusté en fonction de l’évolution du
patient. Ces aspects sont importants pour évaluer l’efficacité et la
pertinence de la prise en charge psychologique.
 Le quatrième thème concerne la réhabilitation psychosociale du patient.
Il s’agit d’examiner comment le patient retrouve ses capacités à analyser
et à interpréter les situations quotidiennes, comment il se débarrasse de
ses symptômes et troubles mentaux, comment il réussit à reprendre ses
activités professionnelles quotidiennes, comment il rétablit son estime et
sa confiance en soi, et comment il améliore ses relations interpersonnelles
avec son entourage. Ces aspects sont importants pour mesurer l’impact de
la prise en charge psychologique sur le bien-être et l’intégration sociale du
patient.

 Avantages et limites du guide d’entretien

Le guide d’entretien présente plusieurs avantages pour le chercheur et le


participant. Il permet au chercheur de :

 Préparer son entretien en amont et d’éviter les improvisations ou les oublis ;


 Respecter le temps imparti pour l’entretien et éviter les digressions inutiles ;
 Comparer et analyser plus facilement les réponses des différents
participants ;
 Assurer une certaine cohérence et une certaine validité interne à son étude.

55
Il permet au participant de :

 Comprendre le but et le déroulement de l’entretien ;


 Exprimer librement ses idées et ses émotions ;
 Approfondir ou nuancer ses propos selon son intérêt ou sa sensibilité ;
 Se sentir respecté et écouté par le chercheur.

Le guide d’entretien présente également quelques limites pour le chercheur et le


participant. Il peut :

 Rendre l’entretien trop rigide ou trop directif, en limitant la spontanéité ou


la créativité du participant ;
 Induire des biais ou des influences, en orientant ou en suggérant les
réponses du participant ;
 Négliger certains aspects ou certaines dimensions du phénomène étudié,
en se focalisant sur les hypothèses de recherche ;
 Occulter la complexité ou la diversité des situations vécues par les
participants, en les réduisant à des catégories ou des variables.

6) Déroulement de l’enquête
 La pré-enquête

La pré-enquête est une phase préliminaire qui vise à préparer le terrain et à tester
les instruments de collecte des données. Elle a consisté à :

 Identifier et contacter les partenaires locaux, tels que les autorités


administratives, les organisations humanitaires et les structures sanitaires,
qui ont facilité l’accès aux participants potentiels ;
 Solliciter et obtenir les autorisations nécessaires pour réaliser l’étude dans
la localité de Koza ;

56
 Sélectionner les participants selon les critères d’échantillonnage et leur
proposer un rendez-vous pour l’entretien ;
 Réaliser des entretiens pilotes avec quelques participants, afin de vérifier
la pertinence, la clarté et la durée du guide d’entretien ;
 Apporter les modifications nécessaires au guide d’entretien, en fonction
des résultats des entretiens pilotes.

 L’Enquête proprement dite

L’enquête proprement dite est la phase principale qui vise à recueillir les
données auprès des participants. Elle a consisté à :

 Se rendre sur le lieu convenu avec le participant, qui pouvait être son
domicile, son lieu de travail, un centre de santé ou un lieu neutre ;
 Présenter le chercheur, le sujet de l’étude, les objectifs de l’entretien, les
règles éthiques et le consentement du participant ;
 Réaliser l’entretien semi-directif avec le participant, en suivant le guide
d’entretien et en utilisant un enregistreur audio ;
 Remercier le participant pour sa participation et lui demander s’il souhaite
recevoir un compte-rendu de l’étude ;
 Transcrire intégralement l’entretien enregistré et anonymiser les données
personnelles du participant.

7) Élaboration des techniques de collecte des données

Les outils de traitement des données utilisés dans cette étude sont les suivants :

 Le logiciel SPSS (Statistical Package for the Social Sciences), qui permet
d’analyser statistiquement les données qualitatives et quantitatives ;
 Le logiciel NVivo, qui permet d’analyser qualitativement les données
textuelles issues des entretiens, en utilisant des techniques telles que la

57
codification, la catégorisation, la théorisation ou la visualisation (Bazeley
et Jackson, 2013)

58
CHAPITRE 3 : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS

59
I- Présentation des données sur l’identification des répondants

Répo Age Sexe Statut Profession Village/ville Village de


n matrimonial provenance
dant
1 45 Masculin Marié Agriculteur Koza Gazoudou
ans
2 32 Féminin Mariée Ménagère Koza Zelevet
ans
3 40 Masculin Divorcé Cultivateur Koza Kolofata
ans
4 68 Féminin Veuve Ménagère Koza Beljoel
ans
5 25 Masculin Célibataire Sans Koza Kousseri
ans profession
6 30 Féminin Veuve Ménagère Koza Fotokol
ans
7 45 Masculin Marié Cultivateur Koza Koza
ans
8 18 Masculin Célibataire Élève Koza Kolofata
ans
9 22 Féminin Mariée Couturière Koza Mokolo
ans
10 35 Féminin Mariée Ménagère Koza Mora
ans
Tableau 2: Caractéristiques sociodémographiques des répondants

Source : données de terrain, octobre 2023

Le tableau présente les caractéristiques socio-démographiques de dix personnes


prisent en charge psychologique qui habitent à Koza que nous avons interrogé
dans le cadre de notre collecte de données. On peut observer que ces personnes
ont des profils diversifiés selon leur âge, leur sexe, leur statut matrimonial, leur
profession et leur village de provenance. On peut distinguer quelques tendances
générales :

 L’âge moyen des répondants est de 36 ans, avec un écart-type de 14 ans.


Le plus jeune a 18 ans et le plus âgé a 68 ans. Il y a une légère

60
prédominance des personnes âgées de 30 à 45 ans, qui représentent 50%
de l’échantillon.
 Le sexe des répondants est équilibré, avec cinq hommes et cinq femmes.
On peut noter que les hommes sont tous mariés ou célibataires, tandis que
les femmes sont mariées, veuves ou célibataires. Aucun homme n’est veuf
ou divorcé, et aucune femme n’est divorcée.
 Le statut matrimonial des répondants est varié, avec quatre personnes
mariées, trois célibataires, deux veuves et un divorcé. On peut remarquer
que le mariage est plus fréquent chez les personnes âgées de 30 à 45 ans,
qui sont toutes mariées sauf une. Les célibataires sont tous jeunes, âgés de
18 à 25 ans. Les veuves sont toutes des femmes, âgées de 30 et 68 ans. Le
seul divorcé est un homme de 40 ans.
 La profession des répondants est également diversifiée, avec quatre
agriculteurs ou cultivateurs, trois ménagères, un élève, et une couturière.
On peut observer que les activités agricoles sont plus répandues chez les
hommes que chez les femmes, qui sont plutôt ménagères ou couturière.
 Le village de provenance des répondants est différent pour chacun d’entre
eux, sauf pour le répondant 7 qui est originaire de Koza. Cela indique
qu’ils ont des origines ethniques, culturelles ou familiales diverses. On
peut reconnaître des noms de villages appartenant aux départements du
Mayo-Tsanaga (Gazoudou, Zelevet, Mokolo), du Mayo-Sava (Kolofata),
du Logone-et-Chari (Kousseri, Fotokol) et du Diamaré (Beljoel).

II- Présentation et analyse des résultats de l’entretien au cas par cas

1) Répondant 1

Le répondant 1 est un homme de 45 ans, marié, agriculteur, originaire de


Gazoudou et résidant à Koza. Il a été victime d’une attaque de Boko Haram qui

61
a détruit son village et tué plusieurs membres de sa famille. Il souffre de stress
post-traumatique, d’anxiété, de dépression et d’insomnie.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 1

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X +
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X -
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et X +
praticien et le patient le thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X -
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X -
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 3: Grille d’analyse de contenu répondant 1

b- Attitude du praticien

62
Il a bénéficié d’une prise en charge psychologique par des praticiens d’une ONG
locale ALDEPA. Il a rapporté que l’attitude du praticien était positive,
empathique, respectueuse, collaborative et non jugeante. Il a apprécié la
confidentialité et la sécurité offertes par le cadre thérapeutique.

c- Implication du répondant 1

Il s’est montré impliqué dans le processus thérapeutique, motivé, réceptif et


compréhensif face à la thérapie. Il a mis en pratique les recommandations du
clinicien, comme tenir un journal de ses pensées, faire des exercices de
relaxation et affronter progressivement ses peurs. Il a également bénéficié du
soutien social de sa femme, de ses amis et d’un groupe d’entraide composé
d’autres victimes.

d- Interaction entre le praticien et le patient 1

L’interaction entre le praticien et le patient a été globalement satisfaisante, avec


une bonne qualité de la relation, une évaluation et une compréhension partagées
de la thérapie, et une collaboration dans l’élaboration du plan de traitement.
Cependant, il y a eu quelques difficultés au niveau de l’écoute active et
émotionnelle du patient par le thérapeute, qui n’a pas toujours su reconnaître et
valider les émotions du patient. De même, il y a eu un manque d’éducation et de
formation du patient sur les outils utilisés par le thérapeute, comme les
techniques d’exposition ou les schémas cognitifs.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement

La réhabilitation psychosociale du patient a été atteinte en partie, malgré les


efforts fournis. Le patient n’a pas réussi à reprendre ses activités
professionnelles, à cause de la peur de sortir de chez lui et de la perte de ses
moyens de subsistance. Il a amélioré ses relations interpersonnelles qui a été

63
entravé à cause de son isolement et de sa méfiance envers les autres. Il a rétabli
son estime et sa confiance en soi détérioré à cause de ses sentiments de
culpabilité, d’impuissance et d’infériorité. Finalement ses symptômes et
pathologies mentales, qui persistaient pendant un certain temps mais finalement
disparu avec la thérapie.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 1 a


été partiellement efficace, mais suffisante pour lui permettre une réhabilitation
psychosociale partielle. Il faudrait peut-être envisager une prolongation ou une
adaptation de la thérapie, ainsi qu’un renforcement du soutien social et matériel
du patient.

2) Répondant 2

Le répondant 2 est une femme de 32 ans, célibataire, ménagère, originaire de


Zelevet et résidante à Koza. Elle a été victime des traumatismes liés à Boko
Haram lors d’une attaque de son village. Elle souffre de trouble de stress post-
traumatique, de trouble dépressif majeur, de trouble dissociatif et de trouble
somatoforme.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 2

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X -
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X -

64
processus thérapeutique
I5 Soutien social X -
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et X -
praticien et le patient le thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X +
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X -
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 4: Grille d’analyse de contenu répondant 2

b- Attitude du praticien, cas du répondant 2

Elle a bénéficié d’une prise en charge psychologique par un praticien soutenu


par une AFC en 2021. Elle a rapporté que l’attitude du praticien était
globalement positive, empathique et respectueuse. Cependant, elle a ressenti un
manque de collaboration, de confidentialité et de non jugement de la part du
praticien, qui lui a imposé son point de vue, divulgué des informations
personnelles à d’autres personnes et remis en cause sa crédibilité.

c- Implication du répondant 2

Elle s’est montrée peu impliquée dans le processus thérapeutique, réticente et


incompréhensive face à la thérapie. Elle n’a pas mis en pratique les
recommandations du clinicien, comme exprimer ses émotions, accepter sa
situation et se projeter dans l’avenir. Elle n’a pas développé ses compétences à
comprendre le processus thérapeutique, qui lui semblait trop abstrait et éloigné
65
de sa réalité. Elle n’a pas bénéficié du soutien social de sa famille, qui l’a rejetée
et stigmatisée, ni d’aucune autre source de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été très insatisfaisante, avec une


mauvaise qualité de la relation, une absence d’évaluation et de compréhension
partagées de la thérapie, et un manque de collaboration dans l’élaboration du
plan de traitement. Le patient s’est senti ignoré, incompris et manipulé par le
thérapeute, qui n’a pas su écouter activement et émotionnellement le patient, ni
l’éduquer et le former sur les outils utilisés par la thérapie, comme l’écoute
empathique, la reformulation ou le renvoi.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement

La réhabilitation psychosociale du patient n’a pas été atteinte, au contraire, elle


s’est aggravée. Le patient n’a pas repris ses activités professionnelles, qu’elle a
abandonnées par peur et dégoût. Elle n’a pas amélioré ses relations
interpersonnelles, qu’elle a coupées avec tout le monde. Elle n’a pas rétabli son
estime et sa confiance en soi, qu’elle a perdues complètement. Elle n’a pas fait
disparaître ses symptômes et pathologies mentales, qui se sont intensifiés et
diversifiés.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 2 a


été totalement inefficace, voire nuisible pour sa réhabilitation psychosociale. Il
faudrait peut-être envisager une interruption ou un changement de la thérapie,
ainsi qu’une protection et une assistance du patient.

3) Répondant 3

Le répondant 3 est un homme de 40 ans, divorcé, enseignant, originaire de


Kolofata et résidant à Koza. Il a été témoin d’une exécution sommaire de
66
plusieurs personnes accusées d’être des espions par Boko Haram. Il souffre de
trouble de stress post-traumatique, de trouble obsessionnel-compulsif, de trouble
panique et d’agoraphobie.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 3

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X +
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X +
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et le X +
praticien et le patient thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X +
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X +
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 5: Grille d’analyse de contenu répondant 3

67
b- Attitude du praticien

Il a bénéficié d’une prise en charge psychologique par l’ONG ALDEPA. Il a


rapporté que l’attitude du praticien était bonne, respectueuse, assez autoritaire et
non jugeante. Il apprecié la confidentialité et de sécurité offerts par le cadre
thérapeutique, qui était certes exposé aux regards mais assez secret.

c- Implication du répondant 3

Il s’est montré impliqué dans le processus thérapeutique, motivé, et


compréhensif face à la thérapie. Il a mis en pratique les recommandations du
clinicien, comme parler librement de ses rêves, de son enfance et de ses
fantasmes. Il a développé ses compétences à comprendre le processus
thérapeutique, même si cela lui semblait obscur et mais compréhensible. Il a
bénéficié du soutien social de son ex-femme, qui l’a quitté à cause de ses
troubles, et autre source de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été très bonne, avec une très bonne
qualité de la relation, une absence d’évaluation peut-être mais de compréhension
partagée de la thérapie, et une bonne collaboration dans l’élaboration du plan de
traitement. Le patient s’est senti compris par le thérapeute, qui a su écouter
activement et émotionnellement le patient, l’éduquer et le former sur les outils
utilisés par la thérapie, comme l’interprétation des rêves, le transfert ou la
résistance.

e- Réhabilitation psychosociale

La réhabilitation psychosociale du patient a été atteinte, mais elle peut encore


s'améliorer. Le patient peut reprendre ses activités professionnelles, qu'il a
arrêtées par peur et par honte, avec un accompagnement adapté. Il peut
68
améliorer ses relations interpersonnelles, qu'il a rompues avec tout le monde,
avec un soutien social. Il peut rétablir son estime et sa confiance en soi, qu'il a
perdues complètement, avec un travail sur soi. Il peut faire disparaître ses
symptômes et pathologies mentales, qui se sont aggravés et multipliés, avec un
traitement approprié.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 3 a


été efficace, mais qu'elle a besoin d'être révisée et renforcée pour sa
réhabilitation psychosociale.

4) Répondant 4

Le répondant 4 est une femme de 38 ans, Veuve, ménagère, originaire de Bejoel


et résidante à Koza. Elle a été victime de la perte de plusieurs enfants lors d’une
attaque de Boko Hara. Elle souffre de trouble de stress post-traumatique, de
trouble de l’adaptation, de trouble de la personnalité et de trouble de
l’attachement.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 4

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X +
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X +
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et X +

69
praticien et le patient le thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X +
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X -
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 6: Grille d’analyse de contenu répondant 4

b- Attitude du praticien

Elle a reçu un soutien psychologique de qualité par un professionnel d’une ONG


locale. Elle a apprécié que le praticien soit positif, empathique et respectueux.
Elle a aussi aimé la collaboration, la confidentialité et la non-jugement du
praticien, qui lui a proposé un rythme adapté à ses besoins, respecté sa vie privée
et ses choix.

c- Implication du répondant 4

Elle a été très impliquée dans le processus thérapeutique, motivée, confiante et


réceptive à la thérapie. Elle a suivi les recommandations du clinicien, comme
identifier et modifier ses schémas relationnels, gérer ses émotions et renforcer
son réseau social. Elle a développé ses compétences à comprendre le processus
thérapeutique, qui lui paraissait clair et réaliste. Elle a bénéficié du soutien social
de son mari, qui l’a aimée et respectée, ainsi que d’autres sources de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le répondant

70
L’interaction entre le praticien et le patient a été excellente, avec une bonne
qualité de la relation, une évaluation et une compréhension partagées de la
thérapie, et une collaboration dans l’élaboration du plan de traitement. Le patient
s’est senti accepté, compris et accompagné par le thérapeute, qui a su écouter
activement et émotionnellement le patient, et l’éduquer et le former sur les outils
utilisés par la thérapie, comme l’analyse des interactions, la résolution de
problèmes ou le feedback.

e- Réhabilitation psychosociale

La réhabilitation psychosociale du patient n’a pas été atteinte entièrement. Le


patient n’a pas repris ses activités professionnelles, qu’elle a abandonnées par
peur et par dépression. Elle a amélioré ses relations interpersonnelles, qu’elle
avait sabotées par des comportements impulsifs, agressifs ou dépendants. Elle a
rétabli son estime et sa confiance en soi, qu’elle avait perdues. Elle n’a pas fait
disparaître completement ses symptômes et pathologies mentales, qui se sont
aggravés et diversifiés.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 4 a


été efficace, pour sa réhabilitation psychosociale. Il faudrait par ailleurs
envisager une prolongation ou une adaptation de la thérapie, ainsi qu’une
protection et une assistance du patient.

5) Répondant 5

Le répondant 5 est un homme de 25 ans, célibataire, sans profession, originaire


de Kousseri et résidant à Koza. Il a été victime car son village d’origine avait été
attaqué, il a dû se déplacer tout d’abord à Kousseri avant d’arriver à Koza. Il a
perdu sa jambe droite et plusieurs de ses amis. Il souffre de trouble de stress
post-traumatique, de trouble de l’humeur, de trouble de l’adaptation et de
trouble de l’image corporelle.

71
a- Grille d’analyse de contenu répondant 5

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X +
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X +
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et le X +
praticien et le patient thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X +
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X +
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et pathologies X +
mentales
Tableau 7: Grille d’analyse de contenu répondant 5

b- Attitude du praticien
72
Il a bénéficié d’une prise en charge psychologique par un praticien formé à la
thérapie d’acceptation et d’engagement (TAE). Il a rapporté que l’attitude du
praticien était majoritairement positive, empathique, respectueuse et
collaborative. Il a apprécié la confidentialité offerte par le cadre thérapeutique. Il
a aussi reconnu le professionnalisme du praticien, qui l’a aidé à accepter sa
situation et à s’engager dans des actions valorisantes.

c- Implication du répondant 5

Il s’est montré assez impliqué dans le processus thérapeutique, motivé, ouvert et


compréhensif face à la thérapie. Il a mis en pratique les recommandations du
clinicien, comme identifier et accepter ses pensées et ses émotions, clarifier ses
valeurs et ses objectifs, et s’engager dans des activités en accord avec ceux-ci. Il
a développé ses compétences à comprendre le processus thérapeutique, qui lui
paraissait accessible et réaliste. Il a bénéficié du soutien social de sa famille, qui
l’a encouragé et respecté, ainsi que d’autres sources de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été bonne, avec une bonne qualité
de la relation, une évaluation et une compréhension partagées de la thérapie, et
une collaboration dans l’élaboration du plan de traitement. Le patient s’est senti
soutenu, compris et accompagné par le thérapeute, qui a su écouter activement et
émotionnellement le patient, et l’éduquer et le former sur les outils utilisés par la
thérapie, comme la pleine conscience, la défusion cognitive ou l’engagement
comportemental.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement

La réhabilitation psychosociale du patient a été partiellement atteinte. Le patient


n’a pas repris ses activités professionnelles, qu’il a interrompues par manque de

73
moyen. Cependant, il a amélioré ses relations interpersonnelles, qu’il a renouées
avec confiance et joie. Il a rétabli son estime et sa confiance en soi, qu’il a
retrouvées progressivement. Il a fait disparaître ses symptômes et pathologies
mentales, qui se sont atténués et résolus.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 5 a


été globalement efficace pour sa réhabilitation psychosociale. Il faudrait peut-
être envisager un accompagnement spécifique pour la reprise des activités
professionnelles.

6) Répondant 6

Le répondant 6 est une femme de 30 ans, veuve, ménagère, originaire de Fotokol


et résidante à Koza. Elle a été victime d’un raid de Boko Haram qui a incendié
son village et tué son mari. Elle souffre de trouble de stress post-traumatique, de
trouble anxieux généralisé, de trouble dépressif majeur et de trouble du
sommeil.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 6

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X +
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X +
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et X +

74
praticien et le patient le thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X +
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X +
psychosociale
R2 Amélioration des relations X -
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 8: Grille d’analyse de contenu répondant 6

b- Attitude du praticien

Elle a bénéficié d’une prise en charge psychologique par un praticien formé à la


thérapie par exposition prolongée (TEP). Elle a rapporté que l’attitude du
praticien était majoritairement positive, empathique, respectueuse et
collaborative. Elle a apprécié la confidentialité offerte par le cadre
thérapeutique. Elle a aussi reconnu le professionnalisme du praticien, qui l’a
soutenue à affronter ses souvenirs traumatiques et à les verbaliser.

c- Implication du répondant 6

Elle s’est montrée assez impliquée dans le processus thérapeutique, motivée,


coopérante et compréhensive face à la thérapie. Elle a mis en pratique les
recommandations du clinicien, comme se confronter à ses situations redoutées,
répéter son récit traumatique et enregistrer ses séances. Elle a développé ses
compétences à comprendre le processus thérapeutique, qui lui paraissait
supportable et bénéfique. Elle a bénéficié du soutien social de sa belle-famille,
qui l’a pardonnée et consolée, ainsi que d’autres sources de soutien.
75
d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été bonne, avec une bonne qualité
de la relation, une évaluation et une compréhension partagées de la thérapie, et
une collaboration dans l’élaboration du plan de traitement. Le patient s’est senti
accompagné, compris et soulagé par le thérapeute, qui a su écouter activement et
émotionnellement le patient, et l’éduquer et le former sur les outils utilisés par la
thérapie, comme l’exposition in vivo, l’exposition imaginaire ou le traitement
cognitif.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après


traitement

La réhabilitation psychosociale du patient a été partiellement atteinte. Le patient


a repris ses activités professionnelles, qu’elle n’avait pas avant le traumatisme.
Cependant, elle n’a pas amélioré ses relations interpersonnelles, qu’elle a
rompues avec tout le monde. Elle n’a pas rétabli son estime et sa confiance en
soi, qu’elle a perdues complètement. Elle n’a pas fait disparaître ses symptômes
et pathologies mentales, qui se sont aggravés et diversifiés.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 6 a


été globalement efficace pour sa réhabilitation psychosociale. Il faudrait peut-
être envisager un accompagnement spécifique pour l’amélioration des relations
interpersonnelles, le rétablissement de l’estime et de la confiance en soi, et la
disparition des symptômes et pathologies mentales.

7) Répondant 7

Le répondant 7 est un homme de 45 ans, marié, cultivateur, originaire et résidant


à Koza. Il a été victime d’une tentative d’assassinat par Boko Haram, qui l’a
accusé d’être un traître et un collaborateur du gouvernement. Il souffre de

76
trouble de stress post-traumatique, de trouble neurocognitif, de trouble dépressif
majeur et de trouble psychotique.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 7

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X +
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le X +
processus thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension X +
du patient face à la thérapie

I3 Mise en pratique des X +


recommandations du clinicien

I4 Compétences du patient à X +
comprendre le processus
thérapeutique
I5 Soutien social X +
Interaction entre le praticien et le P1 Qualité de la relation entre le X +
patient patient et le thérapeute
P2 Évaluation et compréhension X +
de la thérapie par le patient et
le thérapeute

P3 Collaboration dans X +
l’élaboration du plan de
traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle X +
du patient par le thérapeute

P5 Education et formation du X +
patient sur les outils utilisés
par le thérapeute
Réhabilitation psychosociale R1 Reprise des activités X -
professionnelles
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles

77
R3 Rétablissement de l’estime et X +
de la confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 9: Grille d’analyse de contenu répondant 7

b- Attitude du praticien

Il a bénéficié d’une prise en charge psychologique par un praticien d’une ONG


locale. Il a rapporté que l’attitude du praticien était majoritairement positive,
empathique, respectueuse et collaborative. Il a apprécié la confidentialité offerte
par le cadre thérapeutique. Il a aussi reconnu le professionnalisme du praticien,
qui l’a informé et rassuré sur son état mental et physique, qui l’a fait se sentir
égal et valorisé.

c- Implication du répondant 7

Il s’est montré assez impliqué dans le processus thérapeutique, motivé, intéressé


et compréhensif face à la thérapie. Il a mis en pratique les recommandations du
clinicien, comme prendre ses médicaments, faire des exercices cognitifs et
participer à des séances de stimulation. Il a développé ses compétences à
comprendre le processus thérapeutique, qui lui semblait pertinent et efficace. Il a
bénéficié du soutien social de sa femme, qui l’a soutenu et accompagné après
son accident, ainsi que d’autres sources de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été bonne, avec une bonne qualité
de la relation, une évaluation et une compréhension partagées de la thérapie, et
une collaboration dans l’élaboration du plan de traitement. Le patient s’est senti
respecté, compris et aidé par le thérapeute, qui a su écouter activement et
émotionnellement le patient, et l’éduquer et le former sur les outils utilisés par la

78
thérapie, comme les électrodes, les paramètres de stimulation ou les effets
secondaires.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement

La réhabilitation psychosociale du patient a été partiellement atteinte. Le patient


n’a pas repris ses activités professionnelles, qu’il a perdues à cause de son
handicap. Cependant, il a amélioré ses relations interpersonnelles, qu’il a
renouées avec confiance et joie. Il a rétabli son estime et sa confiance en soi,
qu’il a retrouvées progressivement. Il n’a pas fait disparaître ses symptômes et
pathologies mentales, qui se sont atténués mais pas résolus.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 7 a


été globalement efficace pour sa réhabilitation psychosociale. Il faudrait peut-
être envisager un accompagnement spécifique pour la reprise des activités
professionnelles et la disparition des symptômes et pathologies mentales.

8) Répondant 8

Le répondant 8 est un homme de 18 ans, célibataire, élève, originaire de


Kolofata et résidant à Koza. Il a été victime d’un enlèvement par Boko Haram,
qui l’a enrôlé de force dans ses rangs et l’a obligé à participer à des attaques et à
des exactions. Il a réussi à s’échapper après plusieurs mois de captivité. Il
souffre de trouble de stress post-traumatique, de trouble dissociatif de l’identité,
de trouble de la conduite et de trouble de l’usage de substances.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 8

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X +
79
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X +
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et le X +
praticien et le patient thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X +
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X +
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et pathologies X +
mentales
Tableau 10: Grille d’analyse de contenu répondant 8

b- Attitude du praticien

Il a bénéficié d’une prise en charge psychologique par thérapie de groupe. Il a


rapporté que l’attitude du praticien était constamment positive, empathique,
respectueuse et collaborative. Il a apprécié la confidentialité offerte par le cadre
thérapeutique. Il n’a ressenti aucun jugement négatif de la part du praticien sur
son passé de combattant et sur ses actes violents.

c- Implication du répondant 8

80
Il s’est montré très impliqué dans le processus thérapeutique, motivé, coopératif
et compréhensif face à la thérapie. Il a mis en pratique les recommandations du
clinicien, comme participer aux séances familiales, exprimer ses besoins et ses
émotions, et respecter les règles et les limites. Il a développé ses compétences à
comprendre le processus thérapeutique, qui lui semblait pertinent et adapté. Il a
bénéficié du soutien social de sa famille, qui l’a accepté et soutenu, ainsi que
d’autres sources de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été excellente, avec une bonne


qualité de la relation, une évaluation et une compréhension partagées de la
thérapie, et une collaboration efficace dans l’élaboration du plan de traitement.
Le patient s’est senti écouté, compris et accompagné par le thérapeute, qui a su
écouter activement et émotionnellement le patient, ainsi que l’éduquer et le
former sur les outils utilisés par la thérapie, comme la communication, la
négociation ou la circularité.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement

La réhabilitation psychosociale du patient a été atteinte, voire dépassée. Le


patient a repris ses activités professionnelles, qu’il avait abandonnées avant le
traumatisme. Il a amélioré ses relations interpersonnelles, qu’il a enrichies par
des comportements bienveillants, maîtrisés ou sociaux. Il a rétabli son estime et
sa confiance en soi, qu’il avait perdues complètement. Il a fait disparaître ses
symptômes et pathologies mentales, qui se sont atténués et résolus.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 8 a


été très efficace, voire bénéfique pour sa réhabilitation psychosociale. Il faudrait
peut-être envisager une consolidation ou une généralisation de la thérapie, ainsi
qu’une valorisation et une reconnaissance du patient.

81
9) Répondant 9

Le répondant 9 est une femme de 22 ans, mariée, couturière, originaire de


Mokolo et résidante à Koza. Elle a été victime d’une attaque de Boko Haram qui
a pillé son atelier et blessé son mari. Elle souffre de trouble de stress post-
traumatique, de trouble anxieux généralisé, de trouble dépressif majeur et de
trouble somatoforme.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 9

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X -
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X -
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X +
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et X +
praticien et le patient le thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X -
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X -
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles

82
R3 Rétablissement de l’estime et de la X -
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 11: Grille d’analyse de contenu répondant 9

b- Attitude du praticien

Elle a bénéficié d’une prise en charge psychologique par un praticien à Koza.


Elle a rapporté que l’attitude du praticien était majoritairement positive,
empathique, respectueuse et collaborative. Elle a apprécié la confidentialité
offerte par le cadre thérapeutique. Cependant, elle a ressenti un jugement négatif
de la part du praticien sur ses croyances irrationnelles et sur ses réactions
émotionnelles.

c- Implication du répondant 9

Elle s’est montrée peu impliquée dans le processus thérapeutique, démotivée,


sceptique et incompréhensive face à la thérapie. Elle n’a pas mis en pratique les
recommandations du clinicien, comme identifier et modifier ses pensées
dysfonctionnelles, pratiquer des affirmations positives et adopter des
comportements adaptatifs. Elle n’a pas développé ses compétences à
comprendre le processus thérapeutique, qui lui semblait trop logique et rigide.
Elle n’a pas bénéficié du soutien social de son mari, qui l’a culpabilisée et
dévalorisée, ni d’aucune autre source de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été médiocre, avec une mauvaise


qualité de la relation, une absence d’évaluation et de compréhension partagées
de la thérapie, et un manque de collaboration dans l’élaboration du plan de
traitement. Le patient s’est senti critiqué, incompris et frustré par le thérapeute,
qui n’a pas su écouter activement et émotionnellement le patient, ni l’éduquer et

83
le former sur les outils utilisés par la thérapie, comme la détection des
distorsions cognitives, la restructuration cognitive ou le conditionnement
opérant.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement

La réhabilitation psychosociale du patient n’a pas été atteinte, au contraire, elle


s’est détériorée. Le patient n’a pas repris ses activités professionnelles, qu’elle a
perdues à cause de l’attaque. Elle a amélioré ses relations interpersonnelles,
qu’elle a détériorées par des comportements anxieux, dépressifs ou somatiques.
Elle n’a pas rétabli son estime et sa confiance en soi, qu’elle a perdues
complètement. Elle a fait disparaître ses symptômes et pathologies mentales, qui
se sont calmés.

On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 9 a


été peu efficace, voire nuisible pour sa réhabilitation psychosociale. Il faudrait
peut-être envisager une prolongation ou une adaptation de la thérapie, ainsi
qu’une protection et une assistance du patient.

10) Répondant 10

Le répondant 10 est une femme de 35 ans, mariée, infirmière, originaire de Mora


et résidante à Koza. Elle a été victime d’une attaque de Boko Haram qui a visé
l’hôpital où elle travaillait. Elle a été blessée par des éclats d’obus et a assisté à
la mort de plusieurs de ses collègues et patients. Elle souffre de trouble de stress
post-traumatique, de trouble dépressif majeur, de trouble de l’adaptation et de
trouble somatoforme.

a- Grille d’analyse de contenu répondant 10

Variables Code Indicateurs + - Note


Attitude du praticien A1 Empathie X +

84
A2 Respect X +
A3 Collaboration X +
A4 Confidentialité X +
A5 Non jugement X -
Implication du patient I1 Motivation du patient dans le processus X +
thérapeutique
I2 Réceptivité et compréhension du patient X +
face à la thérapie
I3 Mise en pratique des recommandations X +
du clinicien
I4 Compétences du patient à comprendre le X +
processus thérapeutique
I5 Soutien social X -
Interaction entre le P1 Qualité de la relation entre le patient et X -
praticien et le patient le thérapeute
P2 Évaluation et compréhension de la X +
thérapie par le patient et le thérapeute
P3 Collaboration dans l’élaboration du plan X +
de traitement
P4 Ecoute active et émotionnelle du patient X +
par le thérapeute
P5 Education et formation du patient sur les X +
outils utilisés par le thérapeute
Réhabilitation R1 Reprise des activités professionnelles X -
psychosociale
R2 Amélioration des relations X +
interpersonnelles
R3 Rétablissement de l’estime et de la X +
confiance en soi
R4 Disparition des symptômes et X +
pathologies mentales
Tableau 12: Grille d’analyse de contenu répondant 10

b- Attitude du praticien

Elle a bénéficié d’une prise en charge psychologique par des praticiens


consultant de l’ONG action contre la faim. Elle a rapporté que l’attitude du
praticien était majoritairement positive, empathique, respectueuse et
collaborative. Elle a apprécié la confidentialité offerte par le cadre

85
thérapeutique. Cependant, elle a ressenti un jugement négatif de la part du
praticien sur ses pensées négatives et sur ses comportements d’évitement.

c- Implication du répondant 10

Elle s’est montrée peu impliquée dans le processus thérapeutique, démotivée,


passive et incompréhensive face à la thérapie. Elle n’a pas mis en pratique les
recommandations du clinicien, comme tenir un journal de ses pensées, faire des
exercices de relaxation et affronter ses situations anxiogènes. Elle n’a pas
développé ses compétences à comprendre le processus thérapeutique, qui lui
semblait trop abstrait et difficile. Elle n’a pas bénéficié du soutien social de son
mari, qui l’a négligée et trompée, ni d’aucune autre source de soutien.

d- Interaction entre le praticien et le patient

L’interaction entre le praticien et le patient a été médiocre, avec une mauvaise


qualité de la relation, une absence d’évaluation et de compréhension partagées
de la thérapie, et un manque de collaboration dans l’élaboration du plan de
traitement. Le patient s’est senti culpabilisé, incompris et découragé par le
thérapeute, qui n’a pas su écouter activement et émotionnellement le patient, ni
l’éduquer et le former sur les outils utilisés par la thérapie, comme la
restructuration cognitive, la relaxation ou l’exposition.

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement

La réhabilitation psychosociale du patient n’a pas été atteinte, au contraire, elle


s’est détériorée. Le patient n’a pas repris ses activités professionnelles, qu’elle a
interrompues par peur et par tristesse. Elle a pu améliorer ses relations
interpersonnelles uniquement. Elle n’a pas rétabli son estime et sa confiance en
soi, qu’elle a perdues complètement. Elle n’a pas fait disparaître ses symptômes
et pathologies mentales, qui se sont aggravés et diversifiés.

86
On peut donc conclure que la prise en charge psychologique du répondant 10 a
été peu efficace, voire nuisible pour sa réhabilitation psychosociale. Il faudrait
peut-être envisager une prolongation ou une adaptation de la thérapie, ainsi
qu’une protection et une assistance du patient.

87
II- Calcul du taux de conversion de chaque hypothèse de
recherche
1- Hypothèse 1: L’attitude du praticien détermine la réhabilitation
psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram

Cas Indicateurs Ni (nombre Nx (nombre Nix (Résultats


d'indicateur d'indicateur attendus)
positif) négatif)
Rep 1 5 5 0 5
Rep 2 5 4 1 5
Rep 3 5 5 0 5
Rep 4 5 5 0 5
Rep 5 5 5 0 5
Rep 6 5 5 0 5
Rep 7 5 5 0 5
Rep 8 5 5 0 5
Rep 9 5 4 1 5
Rep 10 5 4 1 5
Total 50 47 3 50
Tableau 13: vérification de l’hypothèse N°1

Formule du taux de conversion

Le taux de conversion est le rapport entre le nombre d’indicateurs positifs (Ni)


et le nombre total d’indicateurs (Nix) pour chaque cas.

Taux de conversion = Ni / Nix

Application numérique

Pour calculer le taux de conversion moyen de l’hypothèse 1, il suffit de faire la


moyenne des taux de conversion de chaque cas. Par exemple, pour le cas 1, le
taux de conversion est:

Taux de conversion = 5 / 5 = 1

Ce qui signifie que tous les indicateurs sont en accord avec l’hypothèse 1.

88
En faisant le même calcul pour les autres cas, on obtient les taux de conversion
suivants:

Taux de conversion moyen = (1 + 0.8 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 0.8 + 0.8) / 10 =


0.94

Ce qui signifie que 94% des indicateurs sont en faveur de l’hypothèse 1.

L’hypothèse 1 est fortement confirmée, car le taux de conversion est très élevé
(0.94) et supérieur à celui de la variable indépendante (0.775). Cela signifie que
l’attitude du praticien a une influence positive et significative sur la
réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram.

2- Hypothèse 2: L’implication du patient détermine la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram

Tableau : vérification de l’hypothèse N°2

Ni (nombre Nx (nombre Nix (Résultats


Cas Indicateurs d'indicateur positif) d'indicateur attendus)
génatif)
Rep 1 5 4 1 5
Rep 2 5 4 1 5
Rep 3 5 5 0 5
Rep 4 5 5 0 5
Rep 5 5 5 0 5
Rep 6 5 5 0 5
Rep 7 5 5 0 5
Rep 8 5 5 0 5
Rep 9 5 4 1 5
Rep 10 5 4 1 5
Total 50 46 4 50
Tableau 14: vérification de l’hypothèse N°2

89
Formule du taux de conversion

Le taux de conversion est le même que pour l’hypothèse 1.

Taux de conversion = Ni / Nix

Application numérique

Pour calculer le taux de conversion moyen de l’hypothèse 2, il suffit de faire la


moyenne des taux de conversion de chaque cas. Par exemple, pour le cas 1, le
taux de conversion est:

Taux de conversion = 4 / 5 = 0.8

Ce qui signifie que quatre indicateurs sur cinq sont en accord avec l’hypothèse
2.

En faisant le même calcul pour les autres cas, on obtient les taux de conversion
suivants:

Taux de conversion moyen = (0.8 + 0.8 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 0.8 + 0.8) / 10


= 0.92

Ce qui signifie que 92% des indicateurs sont en faveur de l’hypothèse 2.

Les hypothèses 2 est également confirmée, mais avec un peu moins de force que
l’hypothèse 1, car le taux de conversion est légèrement inférieur à celui de
l’hypothèse 1 (0.92), mais toujours supérieur à celui de la variable indépendante
(0.775). Cela signifie que l’implication du patient a aussi une influence positive
et significative sur la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise
sécuritaire boko haram, mais peut-être moins que l’attitude du praticien.

90
3- Hypothèse 3: L’interaction entre le praticien et le patient détermine
la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire
boko haram

Cas indicateurs Ni (nombre Nx (nombre Nix (Résultats


d'indicateur d'indicateur attendus)
positif) génatif)
Rep 1 5 4 1 5
Rep 2 5 4 1 5
Rep 3 5 5 0 5
Rep 4 5 5 0 5
Rep 5 5 5 0 5
Rep 6 5 5 0 5
Rep 7 5 5 0 5
Rep 8 5 5 0 5
Rep 9 5 4 1 5
Rep 10 5 4 1 5
Total 50 46 4 50
Tableau 15: vérification de l’hypothèse N°3

Formule du taux de conversion

Le taux de conversion est le même que pour les hypothèses 1 et 2.

Taux de conversion = Ni / Nix

Application numérique

Pour calculer le taux de conversion moyen de l’hypothèse 3, il suffit de faire la


moyenne des taux de conversion de chaque cas. Par exemple, pour le cas 1, le
taux de conversion est:

Taux de conversion = 4 / 5 = 0.8

91
Ce qui signifie que quatre indicateurs sur cinq sont en accord avec l’hypothèse
3.

En faisant le même calcul pour les autres cas, on obtient les taux de conversion
suivants:

Taux de conversion moyen = (0.8 + 0.8 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 0.8 + 0.8) / 10


= 0.92

Ce qui signifie que 92% des indicateurs sont en faveur de l’hypothèse 3.

Les hypothèses 3 est également confirmée, mais avec un peu moins de force que
l’hypothèse 1, car le taux de conversion est légèrement inférieur à celui de
l’hypothèse 1 (0.92), mais toujours supérieur à celui de la variable indépendante
(0.775). Cela signifie que l’interaction entre le praticien et le patient a aussi une
influence positive et significative sur la réhabilitation psychosociale des
victimes de la crise sécuritaire boko haram, mais peut-être moins que l’attitude
du praticien.

4- Variable indépendante

Cas indicateurs Ni (nombre Nx (nombre Nix (Résultats


d'indicateur d'indicateur attendus)
positif) génatif)
Rep 1 4 3 1 4
Rep 2 4 3 1 4
Rep 3 4 4 0 4
Rep 4 4 3 1 4
Rep 5 4 4 0 4
Rep 6 4 3 1 4
Rep 7 4 3 1 4
Rep 8 4 4 0 4

92
Rep 9 4 3 1 4
Rep 10 4 3 1 4
Total 40 33 7 40
Tableau 16: variable indépendante

Taux de conversion variable indépendante 0,775

Nous avons utilisé comme variable indépendante la réhabilitation psychosociale,


mesurée par quatre indicateurs : la reprise des activités professionnelles,
l’amélioration des relations interpersonnelles, le rétablissement de l’estime et de
la confiance en soi, et la disparition des symptômes et pathologies mentales.

Nous avons utilisé comme variables dépendantes l’attitude du praticien,


l’implication du patient, et l’interaction entre le praticien et le patient, mesurées
chacune par cinq indicateurs.

Nous avons calculé le taux de conversion de chaque hypothèse, qui représente la


proportion d’indicateurs positifs par rapport au nombre total d’indicateurs pour
chaque cas.

93
CHAPITRE 4 : INTERPRETATION, DISCUSSION DES RESULTATS ET
PLUS-VALUE DE LA RECHERCHE

94
Dans ce chapitre, nous allons interpréter et discuter les résultats obtenus à partir
des données recueillies auprès de 10 victimes de la crise sécuritaire boko haram
et bénéficiant d’une prise en charge psychologique dans la localité de Koza.
Nous allons également mettre en évidence la plus-value de notre recherche, qui
vise à évaluer l’impact de la réhabilitation psychosociale sur le rétablissement de
ces personnes.

I- Interprétation des résultats

1- Hypothèse 1 : L’attitude du praticien détermine la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram

Le taux de conversion moyen de l’hypothèse 1 est de 0.94, ce qui signifie que


94% des indicateurs sont en faveur de l’hypothèse 1. Le test du chi-carré donne
une valeur du chi-carré de 37.6 et un degré de liberté de 9. En utilisant la table
de distribution du chi-carré, on trouve que la probabilité correspondante est
inférieure à 0.0001, ce qui est très faible. On peut donc rejeter l’hypothèse nulle
et accepter l’hypothèse alternative, c’est-à-dire que l’attitude du praticien
détermine la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire
boko haram.

Ces résultats confirment l’importance du rôle du praticien dans le processus de


réhabilitation psychosociale. L’attitude du praticien englobe plusieurs aspects,
tels que l’empathie, le respect, la collaboration, la confidentialité, et le non
jugement. Ces aspects contribuent à créer une relation thérapeutique basée sur la
confiance, le soutien, et l’alliance entre le praticien et le patient. Cette relation
favorise l’adhésion du patient au traitement, sa motivation à changer, son
implication dans les objectifs thérapeutiques, et son autonomie dans les prises de
décision.

95
2- Hypothèse 2 : L’implication du patient détermine la réhabilitation
psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram

Le taux de conversion moyen de l’hypothèse 2 est de 0.92, ce qui signifie que


92% des indicateurs sont en faveur de l’hypothèse 2. Le test du chi-carré donne
une valeur du chi-carré de 34.4 et un degré de liberté de 9. En utilisant la table
de distribution du chi-carré, on trouve que la probabilité correspondante est
inférieure à 0.0001, ce qui est très faible. On peut donc rejeter l’hypothèse nulle
et accepter l’hypothèse alternative, c’est-à-dire que l’implication du patient
détermine la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire
boko haram.

Ces résultats confirment l’importance du rôle du patient dans le processus de


réhabilitation psychosociale. L’implication du patient englobe plusieurs aspects,
tels que la motivation du patient dans le processus thérapeutique, la réceptivité
et la compréhension du patient face à la thérapie, la mise en pratique des
recommandations du clinicien, les compétences du patient à comprendre le
processus thérapeutique, et le soutien social. Ces aspects contribuent à renforcer
le sentiment d’efficacité personnelle, la capacité d’adaptation, et
l’autodétermination du patient. Le patient devient ainsi un acteur actif et
responsable de sa propre réhabilitation, en accord avec ses valeurs, ses besoins,
et ses aspirations.

3- Hypothèse 3 : L’interaction entre le praticien et le patient détermine la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko
haram

Le taux de conversion moyen de l’hypothèse 3 est de 0.92, ce qui signifie que


92% des indicateurs sont en faveur de l’hypothèse 3. Le test du chi-carré donne
une valeur du chi-carré de 34.4 et un degré de liberté de 9. En utilisant la table
de distribution du chi-carré, on trouve que la probabilité correspondante est
inférieure à 0.0001, ce qui est très faible. On peut donc rejeter l’hypothèse nulle

96
et accepter l’hypothèse alternative, c’est-à-dire que l’interaction entre le
praticien et le patient détermine la réhabilitation psychosociale des victimes de
la crise sécuritaire boko haram.

L’interaction entre le praticien et le patient englobe plusieurs aspects, tels que la


qualité de la relation entre le patient et le thérapeute, l’évaluation et la
compréhension de la thérapie, la collaboration dans l’élaboration du plan de
traitement, l’écoute active et émotionnelle du patient, et l’éducation et la
formation du patient sur les outils utilisés. Ces aspects contribuent à créer une
communication efficace, une coopération mutuelle, et une confiance partagée
entre le praticien et le patient. Cette interaction favorise l’engagement du patient
dans le processus thérapeutique, sa satisfaction à l’égard du traitement, son
adhésion aux recommandations du praticien, et son autonomie dans la gestion de
sa situation.

III- Discussion des résultats


1- Discutions hypothèse 1

Des études ont démontré que l’attitude du praticien influence positivement les
résultats thérapeutiques chez les personnes souffrant de troubles psychiques
sévères. Selon la théorie de la réadaptation complexe de HERMAN Juditn, le
praticien doit adopter une approche centrée sur la personne reconnaissant
l’impact profond des traumatismes sur l’identité et la psyché des individus. Cette
approche implique d’intégrer des méthodes de traitement varié tels que : la
psychothérapie individuelle, la thérapie de groupe, la médiation des autres
interventions spécifiques à chaque cas. En résumé HERMAN Judith met
l’accent sur l’importance de l’attitude du praticien dans le processus de prise en
charge des personnes victimes de guerre et leur réhabilitation, en insistant sur la
nécessité de reconnaitre, de valider et de répondre aux besoins spécifiques de
ces individus tout en tenant compte du contexte où le traumatique a été produit.

97
Nous pouvons donc conclure que l’hypothèse 1 est fortement confirmée par les
données et par la littérature scientifique. L’attitude du praticien est un facteur
déterminant de la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire
boko haram.

2- Discutions hypothèse 2

Plusieurs études ont montré que l’implication du patient influence positivement


les résultats thérapeutiques chez les personnes souffrant de troubles psychiques
sévères. Une étude menée par CORRIGAN et al. (2014) auprès de personnes
souffrant de schizophrénie a révélé que les interventions psychosociales basées
sur l’autodétermination, la motivation, et le soutien social ont un effet positif
significatif sur le rétablissement des personnes souffrant de schizophrénie, en
améliorant leur fonctionnement social, leur qualité de vie, leur satisfaction
personnelle, et leur empowerment.

Nous pouvons donc conclure que l’hypothèse 2 est également confirmée par les
données et par la littérature scientifique. L’implication du patient est un facteur
déterminant de la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire
boko haram.

3- Discutions hypothèse 3

Certaines études ont montré que l’interaction entre le praticien et le patient


influence positivement les résultats thérapeutiques chez les personnes souffrant
de troubles psychiques sévères. Une étude menée par KNAAK et al. (2017)
auprès de personnes souffrant de troubles anxieux a révélé que les interventions
psychosociales basées sur la communication, la collaboration, et l’éducation ont
un effet positif significatif sur le rétablissement des personnes souffrant de
troubles anxieux, en améliorant leur fonctionnement psychologique, leur qualité
de vie, leur satisfaction personnelle, et leur empowerment.

98
Nous pouvons donc conclure que l’hypothèse 3 est également confirmée par les
données et par la littérature scientifique. L’interaction entre le praticien et le
patient est un facteur déterminant de la réhabilitation psychosociale des victimes
de la crise sécuritaire boko haram.

II- Discussion de la prise en charge

Notre étude a montré que la prise en charge psychologique a un impact positif


sur la réhabilitation psychosociale des personnes affectées par la crise, à
condition que le praticien adopte une attitude empathique, respectueuse,
collaborative, confidentielle et non jugeante, que le patient s’implique
activement dans le processus thérapeutique, qu’il soit motivé, réceptif,
compréhensif et qu’il mette en pratique les recommandations du clinicien, et que
l’interaction entre le praticien et le patient soit de qualité, basée sur l’évaluation,
la compréhension, la collaboration, l’écoute et l’éducation. Ces résultats sont
cohérents avec les principes et les standards du SMSPS (santé mentale et soutien
psychosocial) établis par l’OMS et le CICR, ainsi qu’avec les études antérieures
menées dans d’autres contextes de crise.

Notre étude a également révélé que la prise en charge psychologique permet aux
personnes victimes de la crise sécuritaire de retrouver leur santé mentale, leur
estime et leur confiance en soi, leur capacité à analyser et à interpréter les
situations quotidiennes, leur reprise des activités professionnelles et leurs
relations interpersonnelles. Ces résultats sont conformes aux objectifs du
SMSPS (santé mentale et soutien psychosocial), qui visent à réduire les
souffrances psychologiques, à restaurer le fonctionnement normal et à
promouvoir le bien-être des personnes affectées.

a-Description du protocole du SMSPS (santé mentale et soutien


psychosocial) établis par l’OMS et le CICR de la prise en charge
international et adopté par ACF et ALDEPA dans la localité de Koza
99
Les principes et les standards du SMSPS établis par l’OMS et le CICR sont des
lignes directrices qui visent à assurer la qualité, la cohérence et l’efficacité des
interventions en santé mentale et soutien psychosocial dans les situations
d’urgence. Ces lignes directrices sont basées sur des données probantes, des
bonnes pratiques et des expériences de terrain. Elles définissent les objectifs, les
principes éthiques, les approches et les méthodes du SMSPS, ainsi que les rôles
et les responsabilités des différents acteurs impliqués.

b- Les objectifs du SMSPS sont de :

 Prévenir ou réduire le plus possible les souffrances psychologiques et


sociales liées aux situations d’urgence ;
 Promouvoir le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme des
personnes affectées ;
 Améliorer la résilience et le fonctionnement normal des personnes, des
familles, des communautés et des sociétés ;
 Faciliter la restauration de la cohésion sociale et de la paix.

c- Les principes éthiques du SMSPS sont de :

 Respecter la diversité culturelle, religieuse et sociale des personnes


affectées ;
 Assurer la participation active, le consentement éclairé et
l’autonomisation des personnes affectées ;
 Garantir la confidentialité, la sécurité et la protection des personnes
affectées ;
 Prévenir ou minimiser les effets indésirables ou nuisibles des
interventions ;
 Assurer la coordination, la collaboration et la complémentarité entre les
intervenants.

100
d- Les approches du SMSPS sont de :

 Adopter une perspective bio-psycho-sociale, qui reconnaît les interactions


entre les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux dans l’influence
de la santé mentale et du bien-être psychosocial ;
 Utiliser un cadre pyramidal à quatre niveaux, qui distingue les
interventions selon leur intensité, leur spécialisation et leur cible :
o Le premier niveau concerne les services de base et la sécurité, qui
visent à assurer l’accès aux besoins essentiels (nourriture, eau, abri,
etc.), à protéger les personnes contre les menaces physiques ou
psychologiques, et à renforcer le soutien communautaire ;
o Le deuxième niveau concerne le soutien communautaire et familial,
qui vise à mobiliser les ressources locales (familles, amis, voisins,
leaders religieux ou traditionnels, etc.) pour offrir un soutien
émotionnel et pratique aux personnes affectées ;
o Le troisième niveau concerne le soutien psychosocial non
spécialisé, qui vise à fournir une aide psychologique de base
(écoute active, empathie, orientation vers les services appropriés,
etc.) aux personnes présentant des signes de détresse modérée par
des agents non spécialisés (travailleurs sociaux, enseignants,
bénévoles, etc.) formés et supervisés ;
o Le quatrième niveau concerne les services spécialisés en santé
mentale, qui visent à offrir un traitement médical ou psychologique
(médicaments, psychothérapie, etc.) aux personnes présentant des
troubles mentaux sévères par des professionnels qualifiés
(psychiatres, psychologues cliniciens, infirmiers en santé mentale,
etc.).

e- Les méthodes du SMSPS sont de :

101
 Utiliser une approche fondée sur les preuves, qui repose sur l’utilisation
de données scientifiques valides pour orienter les choix d’intervention ;
 Utiliser une approche fondée sur les droits, qui intègre le respect et la
promotion des droits humains dans la conception, la mise en œuvre et
l’évaluation des interventions ;
 Utiliser une approche fondée sur les forces, qui valorise les capacités, les
compétences et les ressources existantes des personnes affectées plutôt
que leurs faiblesses ou leurs déficits ;
 Utiliser une approche intégrée multisectorielle, qui implique une
collaboration étroite entre les différents secteurs (santé, éducation,
protection, etc.) pour assurer une réponse holistique aux besoins en
matière de SMSPS.

f- Limites de la prise en charge dans la localité de Koza

Toutefois, notre étude a également mis en évidence certaines limites et


difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la prise en charge
psychologique dans la localité de Koza. Parmi ces limites, nous pouvons citer :

 Le manque de ressources humaines qualifiées et formées en SMSPS, qui


limite la disponibilité et l’accessibilité des services pour les personnes
affectées ;
 Le manque de matériel et d’équipement adaptés pour assurer une prise en
charge de qualité et respectueuse de la confidentialité ;
 Le manque de coordination et de collaboration entre les différents acteurs
impliqués dans le SMSPS, qui entraîne des duplications ou des lacunes
dans les interventions ;
 Le manque de suivi et d’évaluation des résultats et de l’impact de la prise
en charge psychologique sur la réhabilitation psychosociale ;

102
 Le manque de sensibilisation et d’information sur le SMSPS auprès des
populations affectées, qui génère des barrières culturelles, linguistiques ou
religieuses, ainsi que des stigmates ou des discriminations liés aux
problèmes de santé mentale.

Nous avons également constaté que la prise en charge psychologique a été


effectuée principalement par deux ONG : Action contre la Faim (ACF) et
ALDEPA. Ces deux ONG ont mis en place des protocoles de prise en charge
basés sur les approches cognitivo-comportementales (TCC) et humanistes (TH).
Ces approches visent à aider les personnes à modifier leurs pensées, leurs
émotions et leurs comportements négatifs liés à la crise, ainsi qu’à renforcer
leurs ressources personnelles et sociales. Les protocoles comprennent les étapes
suivantes :

 L’établissement d’un lien de confiance entre le praticien et le patient ;


 L’évaluation du niveau de détresse du patient à l’aide d’outils standardisés
;
 La définition d’objectifs thérapeutiques adaptés aux besoins du patient ;
 La mise en œuvre d’interventions spécifiques selon l’approche choisie
(TCC ou TH) ;
 L’évaluation du progrès du patient au cours du processus thérapeutique ;
 La consolidation des acquis et la prévention des rechutes.

III- Plus-value de la recherche

Notre recherche apporte une plus-value à la connaissance scientifique sur la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram. En
effet, notre recherche est l’une des premières à évaluer l’impact de la
réhabilitation psychosociale sur le rétablissement de ces personnes, en utilisant
une approche qualitative basée sur des indicateurs objectifs. Notre recherche
permet également d’identifier les facteurs qui influencent positivement la
103
réhabilitation psychosociale, à savoir l’attitude du praticien, l’implication du
patient, et l’interaction entre le praticien et le patient. Il contribue ainsi à enrichir
le champ théorique et pratique de la psychologie clinique et sociale, en
proposant des pistes d’amélioration pour les interventions psychologiques
auprès des victimes de la crise sécuritaire boko haram.

Notre recherche présente également des limites, qui peuvent être prises en
compte pour les recherches futures. Par exemple, notre échantillon est
relativement petit (10 personnes), ce qui limite la généralisation des résultats à
l’ensemble de la population cible. Il serait donc intéressant d’augmenter la taille
de l’échantillon pour renforcer la validité externe de notre recherche. Par
ailleurs, notre recherche utilise une méthode qualitative, qui ne permet pas
d’explorer en profondeur les vécus subjectifs des victimes de la crise sécuritaire
boko haram. Il serait donc pertinent de compléter notre recherche par une
méthode qualitative, qui permettrait de recueillir les témoignages, les
perceptions, et les émotions des victimes de la crise sécuritaire boko haram.

Dans ce chapitre, nous avons interprété et discuté les résultats obtenus à partir
des données recueillies auprès de 10 victimes de la crise sécuritaire boko haram
et bénéficiant d’une prise en charge psychologique dans la localité de Koza.
Nous avons également mis en évidence la plus-value de notre recherche, qui
vise à évaluer l’impact de la réhabilitation psychosociale sur le rétablissement de
ces personnes.

Nous avons montré que ces trois facteurs ont une influence positive et
significative sur la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise
sécuritaire boko haram, mesurée par quatre indicateurs : la reprise des activités
professionnelles, l’amélioration des relations interpersonnelles, le rétablissement
de l’estime et de la confiance en soi, et la disparition des symptômes et
pathologies mentales.

104
Nous avons également souligné la plus-value de notre recherche, qui apporte
une contribution originale et pertinente à la connaissance scientifique sur la
réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram.
Nous avons aussi reconnu les limites de notre recherche, qui peuvent être
dépassées par des recherches futures.

Nous espérons que notre recherche pourra servir de base pour d’autres études
sur le sujet, et pour améliorer les pratiques cliniques et sociales auprès des
victimes de la crise sécuritaire boko haram.

IV- Recommandations

À partir de ces limites, nous proposons les recommandations suivantes pour


améliorer la prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des
personnes victimes de la crise sécuritaire boko haram dans la localité de Koza :

Aux praticiens

 Développer une coordination et une collaboration étroites entre les


différents acteurs impliqués dans le SMSPS, en établissant des
mécanismes de partage d’informations, de référencement et de suivi des
cas ;
 Prolonger la durée de la prise en charge psychologique au-delà des
séances initiales, en tenant compte de l’évolution du patient et de la
complexité de sa situation, et en favorisant son autonomie et son
empowerment.

Aux ONG

 Renforcer les capacités des praticiens en SMSPS, en leur offrant des


formations continues, des supervisions régulières et un soutien ;

105
 Améliorer les conditions matérielles et logistiques pour assurer une prise
en charge efficace et sécurisée, en dotant les centres de santé mentale de
matériel adéquat, en assurant un approvisionnement régulier en
médicaments essentiels et en garantissant un accès facile aux services
pour les personnes affectées ;
 Mettre en place un système de suivi et d’évaluation des interventions en
SMSPS, en utilisant des indicateurs pertinents et validés pour mesurer les
résultats et l’impact de la prise en charge psychologique sur la
réhabilitation psychosociale ;
 Impliquer les personnes affectées dans la conception, la mise en œuvre et
l’évaluation des programmes de SMSPS, en tenant compte de leurs
besoins, de leurs attentes, de leurs préférences et de leurs expériences ;

Au gouvernement

 Favoriser le dialogue interculturel et interreligieux entre les personnes


affectées et les intervenants, en respectant la diversité des croyances, des
valeurs et des pratiques, et en évitant les stéréotypes ou les préjugés ;
 Renforcer le lien entre le SMSPS et les autres secteurs d’intervention
humanitaire, tels que la sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement,
l’éducation, la protection de l’enfance, la prévention des violences basées
sur le genre, etc. ;
 Développer des stratégies de plaidoyer et de communication pour
sensibiliser les décideurs politiques, les bailleurs de fonds, les médias et le
grand public sur l’importance du SMSPS dans les situations d’urgence ;
 Promouvoir la recherche et l’innovation en matière de SMSPS, en
encourageant la production et la diffusion de connaissances scientifiques,
en soutenant les initiatives locales ou régionales, et en favorisant les
échanges entre les chercheurs et les praticiens.

106
Leaders communautaires et à la communauté

 Sensibiliser et informer les populations affectées sur le SMSPS, en


utilisant des moyens adaptés à leur culture, leur langue et leur religion, en
impliquant les leaders communautaires et les personnes ressources, et en
luttant contre les stigmates et les discriminations liés aux problèmes de
santé mentale ;
 Implication de la communauté dans les activités de SMSPS des
organisations à tous les niveaux de développement à la prise en charge des
patients

Aux patients

 Implication des patients dans les activités de SMSPS des organisations à


tous les niveaux de développement à la prise en charge effective.

107
CONCLUSION GENERALE

Ce mémoire a eu pour objectif de montrer comment la prise en charge


psychologique détermine la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise
sécuritaire boko haram dans la localité de Koza, à l’Extrême-Nord du
Cameroun. Pour atteindre cet objectif, nous avons adopté une approche
qualitative, psychologique, basée sur des entretiens semi-directifs avec un
échantillon de 10 personnes, dont des déplacés internes, des réfugiés nigérians et
des membres autochtones de Koza. Nous avons présenté les résultats et la
discussion de notre étude dans le chapitre 2, l’analyse comparative des résultats
selon les différents groupes de participants dans le chapitre 3, et l’évaluation de
la prise en charge psychologique et de la réhabilitation psychosociale des
personnes affectées dans le chapitre 4. Nous allons synthétiser ici les principaux
résultats obtenus et répondre aux questions de recherche.

La première question de recherche était : comment l’attitude du praticien dans la


prise en charge psychologique détermine la réhabilitation psychosociale des
victimes de la crise sécuritaire boko haram ? Nous avons trouvé que l’attitude du
praticien était un facteur clé pour la réhabilitation psychosociale des personnes
affectées, à condition qu’il adopte une attitude empathique, respectueuse,
collaborative, confidentielle et non jugeante. Ces qualités permettent au
praticien d’établir une relation de confiance avec le patient, de le soutenir
émotionnellement, de le valoriser et de le responsabiliser. Elles favorisent
également l’adhésion du patient au processus thérapeutique, sa motivation, sa
réceptivité et sa compréhension. Les participants ont exprimé leur satisfaction et
leur reconnaissance envers le praticien qui les a accompagnés dans leur parcours
de guérison.

La deuxième question de recherche était : comment l’implication du patient dans


la prise en charge psychologique détermine la réhabilitation psychosociale des
108
victimes de la crise sécuritaire boko haram ? Nous avons constaté que
l’implication du patient était un facteur essentiel pour la réhabilitation
psychosociale des personnes affectées, à condition qu’il s’implique activement
dans le processus thérapeutique, qu’il soit motivé, réceptif, compréhensif et qu’il
mette en pratique les recommandations du clinicien. Ces éléments permettent au
patient de s’approprier son processus de changement, de développer ses
compétences et ses ressources, de surmonter ses difficultés et ses peurs, et
d’atteindre ses objectifs. Les participants ont témoigné de leur progression et de
leur amélioration grâce à leur implication dans la prise en charge psychologique.

La troisième question de recherche était : comment l’interaction entre le


praticien et le patient dans la prise en charge psychologique détermine la
réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram ?
Nous avons observé que l’interaction entre le praticien et le patient était un
facteur déterminant pour la réhabilitation psychosociale des personnes affectées,
à condition que l’interaction soit de qualité, basée sur l’évaluation, la
compréhension, la collaboration, l’écoute et l’éducation. Ces aspects permettent
au praticien et au patient d’établir un partenariat thérapeutique, d’élaborer un
plan de traitement adapté aux besoins et aux attentes du patient, d’utiliser des
outils appropriés à sa situation et à sa culture, et d’évaluer régulièrement les
résultats obtenus. Les participants ont souligné l’importance de l’interaction
avec le praticien pour leur réhabilitation psychosociale.

En conclusion, nous pouvons affirmer que notre hypothèse générale selon


laquelle la prise en charge psychologique détermine la réhabilitation
psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram a été confirmée
par notre étude. Nous avons également confirmé nos hypothèses spécifiques
selon lesquelles l’attitude du praticien, l’implication du patient et l’interaction
entre le praticien et le patient sont des facteurs déterminants pour la
réhabilitation psychosociale. Nous avons ainsi montré que la prise en charge
109
psychologique permet aux victimes de la crise sécuritaire de retrouver leur santé
mentale, leur estime et leur confiance en soi, leur capacité à analyser et à
interpréter les situations quotidiennes, leur reprise des activités professionnelles
et leurs relations interpersonnelles.

Notre étude présente des limites méthodologiques et épistémologiques, que nous


reconnaissons et que nous souhaitons discuter. Sur le plan méthodologique, nous
avons utilisé une approche qualitative, basée sur un échantillon restreint et non
représentatif de la population cible. Cela limite la généralisation de nos résultats
à l’ensemble des personnes affectées par la crise sécuritaire boko haram. Nous
avons également rencontré des difficultés d’accès au terrain, de recrutement des
participants, de communication avec les participants et de collecte des données,
qui ont pu influencer la qualité et la fiabilité de nos données. Sur le plan
épistémologique, nous avons adopté une perspective psychologique, qui
privilégie le point de vue des acteurs sociaux, mais qui peut aussi introduire des
biais ou des subjectivités dans l’interprétation des données. Nous avons
également utilisé un cadre théorique basé sur le modèle bio-psycho-social de la
santé mentale, qui reconnaît la complexité et la diversité des facteurs impliqués
dans la prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale, mais
qui peut aussi être critiqué pour son manque de précision ou de cohérence.

Notre étude ouvre également des perspectives de recherche futures, que nous
proposons et que nous encourageons. Sur le plan théorique, il serait intéressant
d’approfondir ou de comparer d’autres cadres théoriques ou conceptuels pour
analyser la prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des
personnes affectées par la crise sécuritaire boko haram, tels que les approches
basées sur les droits humains, les approches basées sur les forces, les approches
basées sur les systèmes ou les approches basées sur les réseaux. Sur le plan
empirique, il serait pertinent d’élargir ou de diversifier le champ d’étude pour
inclure d’autres catégories de personnes affectées par la crise sécuritaire boko
110
haram, tels que les ex-combattants, les otages ou les membres des forces de
sécurité, ainsi que d’autres zones géographiques touchées par la crise, tels que le
nord du Cameroun, le sud-est du Niger ou l’ouest du Tchad. Sur le plan
pratique, il serait utile d’évaluer ou de renforcer l’efficacité et la pertinence des
interventions existantes ou futures en matière de prise en charge psychologique
et de réhabilitation psychosociale des personnes affectées par la crise sécuritaire
boko haram, en tenant compte des besoins et des attentes exprimés par les
personnes concernées.

Nous espérons que ce mémoire aura contribué à enrichir les connaissances


scientifiques sur la prise en charge psychologique et la réhabilitation
psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram dans la localité de
Koza. Nous espérons également que ce mémoire aura suscité l’intérêt et la
sensibilité des acteurs sociaux, politiques et humanitaires pour améliorer la
situation et le bien-être de ces populations vulnérables. Nous remercions toutes
les personnes qui ont participé à cette recherche, ainsi que celles qui nous ont
soutenu tout au long de ce parcours académique.

111
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 Action contre la Faim, 3, 5


 BAKARY, 1, 2, 4
 Boko Haram, 1, 2, 3, 4, 5
 CICR, 2
 De Boeck Supérieur, 4
 HCR, 2, 3
 Koza, 1, 2, 3
 Le Journal des Psychologues, 4
 MSF, 2
 OCHA, 2
 OMS, 2
 PNUD, 2
 UNFPA Cameroun, 1, 2
 UNICEF, 2

119
Table des matières
REMERCIEMENTS.............................................................................................ii

SOMMAIRE........................................................................................................iii

LISTE DES TABLEAUX....................................................................................iv

Liste des figures.....................................................................................................v

LISTE DES ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES............................vi

Résumé................................................................................................................vii

Abstract...............................................................................................................vii

INTRODUCTION GÉNÉRALE...........................................................................1

1. Contexte et justification..................................................................................2

2. Questions de recherche...................................................................................5

3. Délimitation du champ de l’étude...................................................................5

4. Problématique de recherche............................................................................6

5. Présentation et critique des travaux antérieurs................................................8

6. Présentation des hypothèses explicatives......................................................11

7. Contraintes pratiques rencontrées.................................................................11

8. Motivation pour le choix du sujet.................................................................12

9. Intérêt du sujet...............................................................................................12

10. Objectifs de la recherche............................................................................14

b- Objectifs spécifiques..................................................................................14

11. Présentation de la méthode utilisée pour résoudre le problème posé........14

12. Structure du mémoire.................................................................................20

CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE ET CADRE THEORIQUE.22

I- Revue de la littérature................................................................................23

120
1- La crise sécuritaire boko haram et ses conséquences psychologiques sur
les victimes.......................................................................................................23

2- La prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram.....................................................25

a- Les objectifs de la prise en charge psychologique.......................................25

b- Les modalités et les techniques de la prise en charge psychologique..........26

c- La prise en charge psychologique et la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram.....................................................28

3- La prise en charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire


boko haram.......................................................................................................28

a- Les principes de la prise en charge psychologique des victimes de la crise


sécuritaire boko haram sont notamment :........................................................29

b- La réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko


haram................................................................................................................31

c- Les principes de la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise


sécuritaire boko haram sont notamment :........................................................32

d- Les modalités et les techniques de la réhabilitation psychosociale des


victimes de la crise sécuritaire boko haram peuvent être :...............................33

II- Cadre théorique.......................................................................................36

1- La théorie du stress et du coping,...........................................................36

2- La théorie du rétablissement,..................................................................37

3- La théorie de la résilience,......................................................................37

4- L’insertion de notre étude par rapport aux sources et aux théories


existantes..........................................................................................................37

CHAPITRE 2 : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE....................................39

I- Rappel de l’objet d’étude..............................................................................40


121
II- Méthode et type de recherche....................................................................40

1) Méthode de recherche.............................................................................40

2) Type de recherche...................................................................................40

3) Formulation et opérationnalisation des hypothèses de recherche...........40

III- Site de l’étude, population et échantillon...................................................45

CHAPITRE 3 : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS............57

I- Présentation des données sur l’identification des répondants.......................58

II- Présentation et analyse des résultats de l’entretien au cas par cas.............59

1) Répondant 1...............................................................................................59

a- Grille d’analyse de contenu répondant 1.......................................................59

b- Attitude du praticien..................................................................................60

c- Implication du répondant 1...........................................................................61

d- Interaction entre le praticien et le patient 1................................................61

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement..........................61

2) Répondant 2...............................................................................................62

a- Grille d’analyse de contenu répondant 2.......................................................62

b- Attitude du praticien, cas du répondant 2..................................................63

c- Implication du répondant 2...........................................................................63

d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................63

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement........................64

3) Répondant 3...............................................................................................64

a- Grille d’analyse de contenu répondant 3.......................................................65

b- Attitude du praticien..................................................................................65

c- Implication du répondant 3...........................................................................66

122
d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................66

e- Réhabilitation psychosociale.........................................................................66

4) Répondant 4...............................................................................................67

a- Grille d’analyse de contenu répondant 4.......................................................67

b- Attitude du praticien..................................................................................68

c- Implication du répondant 4...........................................................................68

d- Interaction entre le praticien et le répondant..............................................68

e- Réhabilitation psychosociale.........................................................................69

5) Répondant 5...............................................................................................69

a- Grille d’analyse de contenu répondant 5.......................................................70

b- Attitude du praticien..................................................................................70

c- Implication du répondant 5...........................................................................71

d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................71

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement........................71

6) Répondant 6...............................................................................................72

a- Grille d’analyse de contenu répondant 6.......................................................72

b- Attitude du praticien..................................................................................73

c- Implication du répondant 6...........................................................................73

d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................73

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement........................74

7) Répondant 7...............................................................................................74

a- Grille d’analyse de contenu répondant 7.......................................................75

b- Attitude du praticien............................................................................76

c- Implication du répondant 7...........................................................................76

123
d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................76

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement.............76

8) Répondant 8...............................................................................................77

a- Grille d’analyse de contenu répondant 8.......................................................77

b- Attitude du praticien..................................................................................78

c- Implication du répondant 8...........................................................................78

d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................79

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement..........................79

9) Répondant 9...............................................................................................79

a- Grille d’analyse de contenu répondant 9.......................................................80

b- Attitude du praticien..................................................................................80

c- Implication du répondant 9...........................................................................81

d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................81

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement........................81

10) Répondant 10.............................................................................................82

a- Grille d’analyse de contenu répondant 10.....................................................82

b- Attitude du praticien..................................................................................83

c- Implication du répondant 10.........................................................................83

d- Interaction entre le praticien et le patient...................................................84

e- Réhabilitation psychosociale du répondant après traitement........................84

II- Calcul du taux de conversion de chaque hypothèse de recherche.......85

1- Hypothèse 1: L’attitude du praticien détermine la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram..................85

Formule du taux de conversion..................................................................85

124
Application numérique...............................................................................85

2- Hypothèse 2: L’implication du patient détermine la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram..................86

Formule du taux de conversion..................................................................87

Application numérique...............................................................................87

3- Hypothèse 3: L’interaction entre le praticien et le patient détermine


la réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko
haram..............................................................................................................88

Formule du taux de conversion..................................................................88

Application numérique...............................................................................88

4- Variable indépendante...............................................................................89

CHAPITRE 4 : INTERPRETATION, DISCUSSION DES RESULTATS ET


PLUS-VALUE DE LA RECHERCHE...............................................................91

I- Interprétation des résultats....................................................................92

1- Hypothèse 1 : L’attitude du praticien détermine la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram........................92

2- Hypothèse 2 : L’implication du patient détermine la réhabilitation


psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram........................92

3- Hypothèse 3 : L’interaction entre le praticien et le patient détermine la


réhabilitation psychosociale des victimes de la crise sécuritaire boko haram. 93

III- Discussion des résultats.............................................................................94

II- Discussion de la prise en charge................................................................96

a-Description du protocole du SMSPS (santé mentale et soutien


psychosocial) établis par l’OMS et le CICR de la prise en charge
international et adopté par ACF et ALDEPA dans la localité de Koza.96

b- Les objectifs du SMSPS sont de :................................................................97


125
f- Limites de la prise en charge dans la localité de Koza.........................99

III- Plus-value de la recherche..................................................................100

IV- Recommandations...........................................................................102

CONCLUSION GENERALE...........................................................................105

Références bibliographiques.............................................................................109

Ouvrages généraux.......................................................................................109

Ouvrages critiques.......................................................................................109

Articles critiques...........................................................................................111

Mémoires et thèses.......................................................................................113

Ouvrages théoriques et méthodologiques..................................................114

Usuels.............................................................................................................114

Webographie.................................................................................................114

Index des noms..................................................................................................116

ANNEXES........................................................................................................124

126
ANNEXES

127
Guide d’entretien :

Thème: PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE DES VICTIMES DE LA


CRISE SECURITAIRE BOKO HARAM ET REHABILITATION PSYCHO-
SOCIALE : CAS DE LA LOCALITE DE KOZA

Préambule

Le présent guide d’entretien a été élaboré dans le cadre d’une recherche en


vue de la validation d’un mémoire de Master II en science sociale pour le
développement option réhabilitation psychosocial à pour sujet « prise en
charge psychologique des victimes de la crise sécuritaire boko haram et
rehabilitation psychosociale : cas de la localité de koza ». Monsieur, Madame,
nous souhaitons votre aide avec la garantie que vos réponses resteront
confidentielles comme le recommande la loi n°91/023 du 16 Décembre 1991 sur
les recensements et enquêtes statistiques. Les informations collectées serviront
uniquement dans le cadre de notre enquête.

- Age
- Sexe
- Statut matrimoniale
- Profession
- Village / ville
- Village de provenance

Thème 2 : l’attitude du praticien dans le prise en charge prise en charge


psychologique du patient

Explorez :

- L’empathie à l’endroit des patients ;


- Le respect porté aux patients ;
- La qualité de la collaboration avec les patients ;
- La confidentialité entre le praticien et ses patients ;
- Existence ou non du jugement à l’endroit des patients ;

Thème 3 : l’implication du patient dans la prise en charge psychologique avec


le patient.

Explorez :

128
- L’implication du patient dans le processus thérapeutique ;
- Les échanges entre le praticien et le patient ;
- Les différents soutient reçu pour faire face aux problèmes par le patient ;
- La mise en pratique des recommandations du praticien par le patient ;
- Les procédés utilisés par le praticien sur le patient ;
- La mise en œuvre des recommandations donner par le praticien aux patients ;

Thème 4 : interactions entre le praticien et le patient dans la prise en charge


psychologique le patient

Explorez :

- La relation entre le praticien et le patient ;


- Les méthodes utilisées par le praticien ;
- Les changements dans la qualité de vie du patient ;
- Le plan de traitement administré par le praticien ;
- Le réajustement thérapeutique du patient au cours de la thérapie ;
- La disponibilité du praticien pour ses patients ;

Thème 5 : réhabilitation psychosociale

Explorez :

- La capacité du patient à analyser et à interpréter les situations quotidiennes ;


- La disparition des symptômes et pathologiques mentales (stress-
post traumatique l’anxiété la dépression les troubles du sommeil , le délire
les hallucinations…) ;
- La réussite de la reprise des activités professionnelles quotidiennes du
patient ;
- Le rétablissement de l’estime et de la confiance du patient ;
- Les relations inter personnelles du patient avec son entourage.

129

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