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Les composantes de l’évolution d’une

population et les indicateurs liés


Chapitre 2 (vol 3)

L1EG Cours de démographie


F. Gallois, MCF Univ Reims

Mise à jour – aout 2020

1
5/ Les migrations

2
¤ Migrations = partir d’un point A pour aller à un point B

¤ Le plus souvent, réfère à des migrations entre pays

¤ En France, non pris en compte dans l’état civil


¤ Difficultés de mesure : seule une partie des entrées est mesurée (ex.
immigration depuis l’UE), prob des sorties
¤ Recensement

3
Un phénomène
très ancien

4
Les flux migratoires aujourd’hui

5
Le nombre et la part des immigrés dans la
population

6
Immigrations : définitionS

¤ Nations Unies « L'immigré est une personne née dans un autre pays que
celui où elle réside »
¤ INSEE : « une personne née étrangère à l'étranger et entrée en France
en cette qualité en vue de s'établir en territoire français de façon durable
(installation depuis au moins un an) »
¤ Définition Fr différente des conventions internationale
¤ Distinction selon la nationalité
¤ Et selon nationalité de naissance VS par acquisition
¤ Etranger différent d’immigré
¤ « Est étrangère une personne qui réside en France et ne possède pas la
nationalité française » (INSEE)
¤ Il existe français nés en France et français nés hors de France

¤ Pourquoi ????? Quel niveau de différence ?


7
Immigration, d’une définition à l’autre:
quelques chiffres (année 2008)

¤ Selon les définitions internationales : 7,2 millions


d’immigrés en France

¤ Selon déf. INSEE : 5,3 millions


¤ ECART = 1,9 million

¤ Chiffres de « stock »

¤ Taux d’immigrés dans une pop = Nb. Immigrés / pop

8
D’une définition à l’autre…

¤ 2013 : définition internationale : 7,4 millions de personnes


(11,6% de la pop)
¤ 2012 : définition INSEE : 5,7 millions de personnes (8,7% de la
pop)
¤ Dont 40% ont la nationalité française au moment de la
comptabilisation

¤ Ecart entre définition internationale (2013) et définition


nationale (chiffres 2012) : environ 1,7 million
¤ Sachant que les entrée de pop 2013 sont estimées à 338 000, les sorties
à 238 000 et le solde migratoire à 100 000 (définition INSEE)
¤ Mais les migrations entrantes/sortantes ne concernent pas que des pers
nées étrangères à l’étranger/nées françaises

9
Décomposition de la population vivant en France
selon le lieu de naissance et la nationalité en 2021

Lecture : en 2021, 4 454 000 immigrés de nationalité étrangère vivent en France.


Champ : France. Source : Insee, estimations de population. 10
immigrés (France métrop. Mi-2004)
Dénombrement des français, étrangers et

Source: Cornuau et Duzenat, 2008, L’immigration en France:


concepts, contiurs et politiques, Espace population sociétés
11
Pourquoi une définition française différente
des conventions internationales ???
¤ Le passage de la catégorie d’étranger à la catégorie d’immigré
¤ Une période longue d’immigration de travail caractérisée par le
laisser-faire et portée par le patronat
¤ Évolution dans les années 70 vers des questionnement sur les
coûts et avantages de l’immigration
¤ Émergence d’une politique d’incitation au retour (1975 et généralisée
en 77)

¤ Milieu des années 70/années 80 : émergence de l’image d’une


immigration qui n’est plus transitoire

¤ Émergence de la thématique de l’intégration des immigrés

12
Les évolutions du débat

¤ 1966 : « l’immigration clandestine elle-même n’est pas inutile, car


si l’on s’en tenait à l’application stricte des réglementations et
accords internationaux, nous manquerions peut-être de main-
d’œuvre » (M. Jeanneney, Ministre du travail)

¤ 1990 : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde,


mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part » (M.
Roccard, 1er ministre)
¤ Déformé en « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde »

13
La figure de l’immigré en 1975 et sa remise en
cause avec la « thématique » de l’intégration

¤ L’immigration n’est plus


seulement celle d’une MO
masculine célibataire et peu
qualifiée

¤ Mais aussi une population


féminine, ayant des enfants,
vieillissant …

¤ à le débat publique n’est plus


ancré sur le marché du travail
mais sur l’intégration

Source: Spire A, (1999), de l’étranger à l’immigré, Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 129, pp. 50-56.
14
¤ Pour soutenir une politique d’intégration, demande de
l’administration publique de :
¤ Disposer d’une expertise qui vienne légitimer la politique
¤ Hauts fonctionnaires, « sages », mais aussi universitaires et
organismes statistiques
¤ Et de donner une définition institutionnelle à l’immigration

¤ Création en 1989 du Haut conseil à l’intégration, qui


définit l’immigré comme « toute personne née étrangère,
dans un pays étranger, qui vit en France » (1990)
¤ = définition INSEE

15
Le recensement 1990 et la question du « bon »
chiffre de l’immigration

¤ Une stabilisation/diminution de la pop étrangère (3,6


millions d’étrangers en 1990 contre 3,7 en 1987)
¤ Va à l’encontre du constat politico-médiatique d’une
hausse de l’immigration
¤ L’immigré n’est plus nécessairement étranger (critère
juridique de nationalité), le critère d’étranger devient
insuffisant
¤ Glissement vers la catégorie d’immigré permet d’accréditer
l’idée d’une immigration de plus en plus nombreuse (4,2
millions de personnes)

16
¤ Le haut conseil à l’intégration préconise l’utilisation de la
catégorie d’immigré, qui permet selon lui de mieux
mesurer l’intégration
¤ « L'institutionnalisation de la catégorie d'« immigré» correspond à
la rencontre entre la diffusion de résultats de recherches menées en
démographie et la nécessité politique de donner un contenu solide
à une catégorie de sens commun » (Spire, 1999, p. 52)

¤ La statistique a pour but de « gérer » le phénomène, et de


soutenir les pol publiques

17
¤ « Dans le discours sur l'immigration, le chiffre
constitue un opérateur de magie sociale qui a le pouvoir de
transformer toute prénotion en argument scientifique et toute idée
reçue en résultat statistique. L'institutionalisation de la catégorie
d'« immigré » contribue d'emblée à répondre à la recherche
obsessionnelle et récurrente du «vrai chiffre » de l'immigration, de
la bonne statistique qui ne ment pas » (Spire, 1999, p. 54)
¤ La connaissance statistique permet de rompre avec les prénotions,
les images
¤ Le travail statistique et le débat technique permet de masquer les
présupposés politiques

18
Analyser les flux

¤ Au regard de l’équation fondamentale de la démographie,


intérêt de mesurer les flux (solde mig.)

¤ Taux net de migrations =


Nb. Immigrés en t– nb. Émigrés en t
1000

¤ En carte :
¤ http://www.un.org/en/development/desa/population/migration/
data/estimates2/estimatestotal.shtml

19
Taux nets de migrations (2014, UN)

20
Les flux migratoires en France

¤ Le solde migratoire inclus :


¤ Entrée de nvx résidents français (yc. Retour expatriés)
¤ Entrée de nouveau résidents étrangers
¤ Sortie de résidents français
¤ Sortie de résidents étrangers

21
Flux migratoires 2006-2013
(Insee analyse n° 22, oct 2015)

22
Solde migratoire 2006-2013
(Insee analyse n° 22, oct 2015)

23
Flux migratoires, toutes catégories de
population (2006-2020)

Source : Insee,
estimations de
population, des
flux d'entrées et
de sorties
Champ :
France hors
Mayotte
jusqu'en 2013
et y compris
Mayotte à
partir de 2014

24
Flux migratoires des immigrés (2006-2020)

Source : Insee,
estimations de
population, des
flux d'entrées et
de sorties
Champ :
France hors
Mayotte
jusqu'en 2013
et y compris
Mayotte à
partir de 2014

25
Flux migratoires des non-immigrés (2006-
2020)

Source : Insee,
estimations de
population, des
flux d'entrées et
de sorties
Champ :
France hors
Mayotte
jusqu'en 2013
et y compris
Mayotte à
partir de 2014

26
Population, flux d’entrée et de sortie selon le
lieu de naissance et la nationalité

27
Lieu de naissance des personnes entrées en
France en 2017

Note: le continent de
naissance concerne les
immigrés
Champ: France yc Mayotte
Source Insee, enquête
annuelle de recensement
2018

28
Immigrés vivant en France en 2021 selon leur
continent de naissance

Note : données
provisoires, issues
d'estimations
avancées de la
population.
Lecture : en 2021,
47,5 % d’ immigrés
vivant en France
sont nés en Afrique.
Champ : France.
Source : Insee,
estimations de
population.

https://www.insee.fr/fr/statistiques/3633212#Tableau1_radio1
(Section 2) 29
Depuis 1968, un changement dans les regions
d’origines

¤ Graphiques animés

https://blog.insee.fr/50-ans-dimmigration-en-50-secondes-
chrono/

30
Caractéristiques socio-démographiques des
populations actives immigrée et non immigrée

31
Taux de chômage observés et attendus*, des
immigrés
* Attendu = en supprimant par des
techniques stats les differences socio-demo
(écarts d’âge et qualification, etc.)

32
Quelques idées reçues … fausses bien sur

¤ La France, un pays d’immigration massive = FAUX !


¤ Forte immigration après la 1ere GM et au milieu des 70’s
¤ Mais depuis 25 ans, pays de l’Europe où la croissance de la pop dépend le
moins du solde migratoire (solde naturel env. 200 000 et solde mig. Env.
65 000)

33
France et Irlande
sont les pays
européens où
l’accroissement de
la pop est
principalement
d’origine naturelle

Source: Breton, Didier, et al.


"L’évolution démographique
récente de la France. Naissances,
décès, unions et migrations: à
chacun sa saison." Population
73.4 (2018): 623-692.
34
Quelques idées reçues … fausses bien sur

¤ La dynamique des naissances est due aux immigrées = FAUX !!!


¤ En moyenne, sur la période 91-98, une contribution de 0,07 à l’indice de
fécondité

¤ En 2017, l’immigration contribue fortement aux naissances (19%)


mais peu à l’indice de fécondité car les femmes immigrées ne
représentent que 12% des femmes en âge d’avoir des enfants
¤ La contribution à l’indice de fécondité des femmes immigrées est
de 0,1 enfant par femme (Indice fécondité = 1,9)
¤ RQ: en 2010, pas d’écart de fécondité entre les femmes
descendantes d’immigrés et les femmes ni immigrées ni
descendantes d’immigrés, avec un indicateur conjoncturel de
fécondité respectivement de 1,85 et 1,86 enfant par femme

35
Les migrations intra-nationales ou migrations
résidentielles

36
Les migrations résidentielles

Du point de vue individuel


(caractéristiques d’âge, d’activité,
etc..), quelles sont les tendances
migratoires qui s’expriment sur le
territoire national ?

37
Les migrations résidentielles

38
Exercice
Identifier et définir les indicateurs présents dans le texte
Quels sont les problèmes dans le texte ?

39
Immigration : la France fait moins rêver
J. Cossardeaux, Les Echos, 13 oct. 2015
La France reste davantage une terre d’accueil que d’exil, mais peut-être plus pour
longtemps. Entre 2006 et 2013, le nombre de ses « natifs » partis vivre à l’étranger – les
étudiants et expatriés – a crû de près d’un tiers, s’établissant à près de 200.000 individus par
an. Ceux qui en reviennent continuent cependant d’être beaucoup moins nombreux
(78.000 personnes par an). Résultat, le déficit migratoire de cette catégorie de personnes se
creuse. A s’en tenir à l’étude que publie l’Insee ce mardi , il aura même carrément doublé
en sept ans avec 120.000 départs qui n’auront pas été compensés par autant de retours sur
la période.

Le bilan migratoire total de la France demeure cependant positif de 33.000 personnes par
an. Mais il l’est beaucoup moins qu’il y a sept ans (+ 122.000 personnes). Un maigre
excédent qu’elle doit aux immigrés, plus nombreux à venir s’y installer qu’à en repartir,
tout comme le sont les personnes nées françaises à l’étranger. Reste que c’est de moins en
moins vrai pour les premiers où le nombre de départs en 2013 (95.000) excède de trois fois
celui de 2006.

Dans huit cas sur dix, les émigrants nés en France ont entre 18 et 29 ans, l’âge des études
ou d’une première expérience professionnelle. Les personnes de cette catégorie sont aussi
un peu plus nombreuses à partir entre 30 et 54 ans et un peu moins au-delà, signale l’Insee.
40
Immigration : la France fait moins rêver
J. Cossardeaux, Les Echos, 13 oct. 2015
Le contre-exemple allemand
Ce resserrement du solde migratoire positif n’est pas propre à la France, mais touche
l’ensemble des vingt-huit Etats de l’Union européenne. Mais tout est affaire de pays. Alors
que l’Espagne s’est mise à accuser un bilan négatif, l’Allemagne connaît une forte hausse de
son excédent migratoire – qui va fortement s’accroître avec les entrées constatées ces derniers
mois.
En France, l’excédent migratoire est en tout état de cause loin de pouvoir expliquer à lui seul
l’accroissement annuel de 0,5 % de la population, tel que l’observe une seconde étude de
l’Insee entre 2006 et 2014. Sur les 2,6 millions de personnes en plus recensées à la fin de cette
période, 2,2 millions sont imputables au dépassement des naissances sur les décès. C’est
presque quatre fois plus que le solde migratoire cumulé – excédentaire de 400.000 – entre ces
deux années de référence.
Dans le même temps, le nombre d’étrangers supplémentaires vivant en France a augmenté
de 500.000 pour passer à 4,2 millions de personnes, soit encore 6,4 % de la population. Une
hausse freinée par les naturalisations, encore que leur nombre (1 million entre 2006 et 2014)
« s’est réduit sur la période, passant de 147.000 en 2006 à 97.000 en 2013 », note l’Insee. La part de
la population immigrée, dont l’évolution n’est pas affectée par le changement de nationalité,
est désormais de 8,9 %, soit près de 5,9 millions de personnes et 0,8 point de plus qu’en 2006.
41
Exercice - Corrigé
Identifier et définir les indicateurs présents dans le texte
Quels sont les problèmes dans le texte ?

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Immigration : la France fait moins rêver
J. Cossardeaux, Les Echos, 13 oct. 2015
La France reste davantage une terre d’accueil que d’exil, mais peut-être plus pour
longtemps. Entre 2006 et 2013, le nombre de ses « natifs » partis vivre à l’étranger – les
étudiants et expatriés – a crû de près d’un tiers, s’établissant à près de 200.000 individus par
an. Ceux qui en reviennent continuent cependant d’être beaucoup moins nombreux
(78.000 personnes par an). Résultat, le déficit migratoire de cette catégorie de personnes se
creuse. A s’en tenir à l’étude que publie l’Insee ce mardi , il aura même carrément doublé
en sept ans avec 120.000 départs qui n’auront pas été compensés par autant de retours sur
la période.

Le bilan migratoire total de la France demeure cependant positif de 33.000 personnes par
an. Mais il l’est beaucoup moins qu’il y a sept ans (+ 122.000 personnes). Un maigre
excédent qu’elle doit aux immigrés, plus nombreux à venir s’y installer qu’à en repartir,
tout comme le sont les personnes nées françaises à l’étranger. Reste que c’est de moins en
moins vrai pour les premiers où le nombre de départs en 2013 (95.000) excède de trois fois
celui de 2006.

Dans huit cas sur dix, les émigrants nés en France ont entre 18 et 29 ans, l’âge des études
ou d’une première expérience professionnelle. Les personnes de cette catégorie sont aussi
un peu plus nombreuses à partir entre 30 et 54 ans et un peu moins au-delà, signale l’Insee.
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Immigration : la France fait moins rêver
J. Cossardeaux, Les Echos, 13 oct. 2015
Le contre-exemple allemand
Ce resserrement du solde migratoire positif n’est pas propre à la France, mais touche
l’ensemble des vingt-huit Etats de l’Union européenne. Mais tout est affaire de pays. Alors
que l’Espagne s’est mise à accuser un bilan négatif, l’Allemagne connaît une forte hausse de
son excédent migratoire – qui va fortement s’accroître avec les entrées constatées ces
derniers mois.
En France, l’excédent migratoire est en tout état de cause loin de pouvoir expliquer à lui seul
l’accroissement annuel de 0,5 % de la population, tel que l’observe une seconde étude de
l’Insee entre 2006 et 2014. Sur les 2,6 millions de personnes en plus recensées à la fin de cette
période, 2,2 millions sont imputables au dépassement des naissances sur les décès. C’est
presque quatre fois plus que le solde migratoire cumulé – excédentaire de 400.000 – entre ces
deux années de référence.
Dans le même temps, le nombre d’étrangers supplémentaires vivant en France a augmenté
de 500.000 pour passer à 4,2 millions de personnes, soit encore 6,4 % de la population. Une
hausse freinée par les naturalisations, encore que leur nombre (1 million entre 2006 et 2014)
« s’est réduit sur la période, passant de 147.000 en 2006 à 97.000 en 2013 », note l’Insee. La part de
la population immigrée, dont l’évolution n’est pas affectée par le changement de nationalité,
est désormais de 8,9 %, soit près de 5,9 millions de personnes et 0,8 point de plus qu’en 2006.
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Pour aller plus loin
http://www.lesechos.fr/19/01/2016/lesec
hos.fr/021630926464_france---l-esperance-
de-vie-recule-pour-la-premiere-fois-depuis-
1969.htm

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