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Maroc - UE
Maroc - UE
- Sans pourvoir fournir ici une bibliographie même sélective (nombre considérable
de textes disponibles), je recommande aux étudiants de consulter quelques
revues spécialisées disponibles sur le portail www.cairn.info : A titre d’exemple,
Relations internationales, Critique internationale, Revue internationale de politique
comparée, Revue internationale et stratégique (entre autres, vous y trouverez des
numéros spéciaux sur la méthode des scénarios), Hérodote, Confluences
Méditerranée, Maghreb Machrek…
- Vous trouverez aussi des références citées dans les notes de bas de page.
1
Voir, entre autres, le Site Internet de la Délégation de l’Union européenne au Maroc et celui du Ministère
marocain des Affaires étrangères et de la coopération.
2
Beaucoup de ces rapports, accessibles sur le net, décortiquent en effet certains aspects des relations
Maroc/UE.
Séquence 1
A. Les éléments
B. La portée
Interagissant avec cette dynamique de fond, le Maroc a demandé que soit mis en
place un accord de partenariat plus global ; c’était l’époque des grandes mutations
géopolitiques intervenues à l’échelle planétaire. L’accord global souhaité a été concrétisé
au cours de la Conférence de Barcelone en novembre 1995. Lequel accord a été paraphé
en février 1996 et entré en vigueur en mars 2000 après qu’il ait accompli son processus
de ratification interne. C’est à partir de cette date que le Roi Mohammed VI, lors de son
premier voyage officiel à l’étranger, a plaidé en France pour la révision/correction du
Partenariat euro-marocain. Un statut « qui soit plus et mieux que l’association revue et
corrigée, un peu moins que l’adhésion », selon la formule du Souverain. Dans la foulée, le
Plan d’action PEV (Politique européenne de voisinage) a été élaboré en 2005 pour une
période de 5 ans. Il s’agit d’un document qui détaille les domaines de coopération
préconisés par l’Accord d’association de 1995 et annonce de nouveaux moyens de
soutien financiers dans le cadre de l’Instrument européen de voisinage et de partenariat
(IEVP). Et c’est en octobre 2008, au terme de plusieurs années de discussions, que le
Maroc et l’Union européenne ont conçu un Statut avancé qui pose, au fond, une véritable
feuille de route pour leurs relations. Tous les aspects sont pris en considération : aspects
politico-stratégiques, dimensions économique, sociale, sectorielle… Ainsi, le document
formalisant le Statut avancé prévoit un dialogue politique et stratégique habilitant, entre
autres, le Maroc à contribuer à la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD).
A partir donc du 1er mars 2012, les entreprises marocaines peuvent accéder, sur
un pied d’égalité, en franchise de droits au marché communautaire. Cette franchise de
droits ne court toutefois que pour les produits industriels. Quant aux produits agricoles,
ils ont fait l’objet d’un accord spécifique entériné par le Parlement européen en février
2012. Cet accord a toutefois augmenté sensiblement les quotas impartis aux
exportateurs marocains. Pour ce qui est des services, des négociations vont être lancées
prochainement entre les deux parties. Est également envisageable, la conclusion d’un
accord sur le droit d’établissement.
La ZLE ainsi mise en place ne sera qu’une étape pour aboutir à un Accord de
libre-échange complet et approfondi (ALECA). Et cet accord n’est lui-même qu’une phase
intermédiaire devant conduire, à long terme, à la mise en place d’un Espace économique
commun (EEC). Au fond, l’idée est de permettre aux entreprises marocaines d’adhérer
au marché intérieur européen. L’enjeu est donc de taille. Pour ce faire, les entreprises
exportatrices marocaines doivent répondre à des normes techniques, sanitaires et
phytosanitaires draconiennes avant d’espérer bénéficier des quatre libertés fondant le
marché intérieur de l’UE : libre-circulation des biens, des services, des capitaux et des
personnes. Parmi les réalisations s’inscrivant dans ce sens, notons la création en 2009
de l’office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires.
La ZLE Maroc – UE, tout en amenant de nouveaux défis aux secteurs productifs
marocains, offrira d’énormes opportunités aux entreprises d’exportation, notamment
dans le domaine du textile et vêtement, celui de l’agriculture, de l’agroalimentaire ou de
l’agro-industrie. En ce sens, elle conforte certains plans sectoriels comme le Plan
Emergence, le Plan Maroc Vert et le Plan Maroc Export Plus. Toutefois, des restrictions
ou des limitations continueront à frapper certains produits importés, comme par
exemple les voitures d’occasion. De même, les produits importés de l’UE resteront
assujettis à la TVA (environ 20%) et à la taxe parafiscale à l’importation (0,25 pour cent
ad valorem).
Une nouvelle étape s’ouvre donc dans les relations commerciales entre le Maroc
et l’UE. Afin de tirer profit des nouvelles opportunités nées de la nouvelle ZLE, les
entreprises exportatrices du Royaume devront améliorer sensiblement leur
compétitivité. A l’heure actuelle, les autorités marocaines encouragent les entreprises
d’exportation à se regrouper dans le cadre de consortiums d’exportation. En outre, les
entreprises marocaines gagneront à agir de concert avec des opérateurs relevant de la
zone de libre-échange envisagée dans le cadre de l’Accord d’Agadir. En effet, cet accord
admet le cumul diagonal de l’origine dans l’optique des échanges euro-méditerranéens,
ce qui est de nature à renforcer l’intégration sud-sud.
Avec le Statut avancé, le dialogue politique entre le Maroc et l’UE prend une nouvelle
dimension. Pour la première fois, les aspects stratégiques y sont inclus annonçant un
renforcement de la coopération entre les deux partenaires. Les aspects stratégiques
incluent, entre autres, des aspects liés à la sécurité collective, à la coopération régionale,
à la résolution des conflits, à la bonne gouvernance, à la lutte contre le terrorisme… Le
Plan d’action UE/Maroc avait, il est vrai, dès 2005 annoncé les signes avant-coureurs de
ce dialogue élargi et approfondi.
Les éléments du dialogue politique et stratégique (DPS), qui relèvent tous les deux de
la dimension politique du Statut avancé, comprennent plusieurs éléments qu’il est
difficile de détailler dans le cadre de cette brève note. Nous nous en contenterons des
plus importants, tout en cherchant à déceler l’intérêt pour le Maroc d’un tel dialogue,
notamment pour ce qui concerne la résolution du conflit saharien. Cela dit, le DPS
s’inscrit dans une trajectoire tracée par l’Accord d’association ; d’où les trois axes sur
lesquels s’articule ce papier.
L’accord d’association Maroc – UE, signé en février 1996 et entré en vigueur en mars
2000, prévoyait des dispositions relatives au dialogue politique. L’article 3, § 1, de cet
accord stipule en effet : « Un dialogue politique régulier est instauré entre les parties. Il
permet d’établir entre les partenaires des liens durables de solidarité qui contribueront à
la prospérité, à la stabilité et à la sécurité de la région méditerranéenne et développeront
un climat de compréhension et de tolérance entre cultures ». Ce dialogue était perçu à
l’époque comme une sorte de conditionnalité démocratique.
L’idée sous-jacente à l’Accord d’association précité était d’instaurer entre les deux
parties les fondements d’une coopération renforcée en matière de lutte contre les
risques qui guettent la région méditerranéenne. Il était aussi question d’instaurer les
bases d’une compréhension mutuelle entre les deux rives de la Méditerranée, car le
dialogue politique s’inscrit dans le cadre d’une vision élargie sur l’Euro-Méditerranée. Le
dialogue des cultures, exprimé par l’idée d’alliance des civilisations proposée par le
Secrétaire général de l’ONU, et entérinée par la Conférence de Barcelone 10 ans après
(2005), y participait. La Déclaration de Barcelone de novembre 1995 visait en effet, à la
suite des changements géopolitiques majeurs que le monde a connus à partir de 1989, à
créer un espace de paix et de prospérité partagée au sein de cette région connue par son
potentiel de conflictualité. Cela devait se concrétiser par l’établissement d’une grande
zone de libre-échange à l’horizon 2010. Le dialogue politique devait donc constituer le
moyen d’un échange de vue permanent entre les partenaires lancés dans ce projet
ambitieux, devenu plus tard Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée.
Le Maroc demeure l’un des pays sud-méditerranéens les plus avancés dans le
partenariat euro-méditerranéen et est le premier bénéficiaire des fonds alloués par l’UE.
Le Plan d’action 2005-2010, formulé à la suite de la Politique européenne de voisinage
(PEV), approfondissait l’Accord d’association, dont les aspects en rapport avec le
dialogue politique. C’est ainsi que des concepts comme les jumelages institutionnels ont
été introduits par ledit plan et devant permettre au Maroc de renforcer ses capacités
institutionnelles. Ce Plan d’action, qui s’ordonne autour du concept de différenciation, a
annoncé la mise en place d’un « partenariat stratégique de voisinage ».
Sur le plan financier, le soutien au dialogue politique renforcé est important. Il en est
ainsi du soutien sur le plan de l’ancrage de l’Etat de droit, de la lutte contre la
corruption… Aux programmes MEDA I et II, se sont substitué les apports découlant de
l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP). A partir de 2011, un nouvel
instrument financier a été préconisé dans les relations UE-Maroc ; il s’agit du PIN
(Programme indicatif national) couvrant la période 2011-2013 et annonçant une
enveloppe budgétaire totale de l’ordre de 580,5 millions d’euros. Ce programme prend
en compte les nouvelles priorités de la politique extérieure européenne pour la période
2011-2013. Parmi ces priorités, figurent le changement climatique, la flambée des prix
alimentaires, l’énergie, la crise économique et financière et les droits de l’homme4.
3
Cf. La Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité,
Communication conjointe au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et
au Comité des régions. Une stratégie nouvelle à l’égard d’un voisinage en mutation, Commission
européenne, Bruxelles, le 25/05/2011, COM (2011) 303, p. 1.
4
Cf. Mid-Term Review of the Country Strategy Paper Morocco 2007-2013 and National Indicative program
2011-2013, p. 4.
D’un dialogue politique « ordinaire » dans le cadre de l’Accord d’association, l’on est
passé à un dialogue politique renforcé avec le Plan d’action, aboutissant à un dialogue
politique et stratégique à la suite du Statut avancé.
Pour la première fois dans l’histoire des relations Maroc – UE, la dimension
stratégique est intégrée. Cela témoigne, sans doute, du poids et de l’importance
stratégiques du Royaume au sein de la région méditerranéenne. Concrètement, le DPS
inclut plusieurs éléments qu’on traitera de manière succincte.
Le DPS comprend un volet relatif aux réunions informelles pouvant se tenir sur
une base ad hoc entre les responsables ministériels des deux partenaires. Il comprend
aussi un volet consacré à des réunions de concertation au sein des enceintes
multilatérales. Ainsi, « des initiatives conjointes pourraient être menées par les deux
parties dans le cadre du système des Nations Unies et d’autres organisations
internationales ».
5
Déclaration conjointe Sommet Union Européenne-Maroc, Grenade, 7 mars 2010, Bruxelles, 7 mars 2010
7220/10 (Presse 54), p. 1.
est de nature à conforter le leadership du Maroc au sein du continent africain en dépit de
son absence de l’Union Africaine. Or, le Royaume a déjà fait ses preuves dans le cadre
des OPM (Opérations de maintien de la paix) organisées dans le cadre de l’ONU en
Afrique (Congo démocratique, Cô te d’Ivoire…). La participation à la FPA lui permettra
donc d’élargir le champ de ses interventions (Somalie, République Centrafricaine,
Darfour…).
Bien entendu, la lecture du DPS devrait se faire à l’aune de toutes les dimensions
(politique, économique, sociale, culturelle…) du Statut avancé compte tenu de
l’interdépendance des éléments de celui-ci. La dimension politique du Statut avancé,
dont le DPS est un pilier, comprend aussi la coopération parlementaire, la coopération
sécuritaire, la coopération judiciaire et le renforcement du dialogue et de la coopération
sur les questions relatives aux Droits de l’Homme, aux Droits fondamentaux, à la lutte
contre le racisme et à d’autres sujets d’intérêt commun.
6
Paragraphe 13 de la Déclaration de l’Union européenne adoptée à l’issue du Conseil d’association,
Bruxelles, 13 décembre 2010.
7
Déclaration conjointe Sommet Union Européenne-Maroc, op. cit., p. 2.
Le potentiel du DPS est donc important. Le Maroc gagnerait à agir de concert avec
l’UE au sein des instances multilatérales pour appuyer sa proposition relative à l’octroi
d’une large autonomie aux provinces sahariennes, condition sine qua non pour la relance
de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) sur une base solide et pérenne. En effet, l’un des
objectifs même du dialogue politique est la prise en compte, par chacune des parties, des
intérêts de l’autre. Dès lors, la voie est tracée pour la mise au point d’initiatives
communes pouvant servir les intérêts mutuels des deux partenaires. La réunion à New
York entre le Ministre des Affaires étrangères du Maroc et le Haut Représentant de l’UE,
qui fait partie du DPS, pourrait être une opportunité pour appuyer le Plan marocain
d’autonomie à l’occasion des négociations entre le Maroc et le Polisario organisées sous
la houlette des Nations Unies. Ainsi, lors de la session du Conseil d’association tenue en
décembre 2010, un dialogue politique a eu lieu, en particulier au sujet du conflit
concernant le Sahara occidental8.
8
Cf. La Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité,
Document de travail conjoint des services. Mise en œuvre de la politique européenne de voisinage en 2010.
Rapport pays : Maroc [COM (2011)303], Commission européenne, Bruxelles, le 25.05.2011, SEC (2011)
651, p. 4.
Séquence 5
N’ayant pas pu élaborer en 2004 une Constitution acceptée par tous les Etats
membres, l’UE a donc adopté un succédané, le Traité « réformateur » de Lisbonne
(approuvé par le Conseil européen en 2007) dont l’objectif global est de faire de cette
intégration une entité plus démocratique, efficace et en mesure d’affronter les nouveaux
risques planétaires comme les changements climatiques. Le renforcement des pouvoirs
du Parlement européen participait naturellement de cet objectif. Il se recoupe avec
l’introduction d’une nouvelle procédure, l’initiative citoyenne, possibilité qui « permet à
un minimum d’un million de citoyens issus d’au moins un quart des Etats membres de l’UE
9
Ce texte contient plusieurs éléments juridiques et techniques. En même temps, il soulève des problématiques
d’ordre politique. Il invite donc les apprenants à une réflexion sur les enjeux politiques possibles découlant du
renforcement des pouvoirs du Parlement européen consécutif à l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne en
2009.
d’inviter la Commission européenne à présenter des propositions d’actes juridiques dans
des domaines relevant de sa compétence »10.
10
Voir http://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/citizens_initiative/index_fr.htm. Dernière visite : 1er
Aoû t 2011.
tout en disposant d’un droit d’initiative. Ainsi, si les accords internationaux sont
négociés par la Commission, ils sont arrêtés par le Conseil et contrô lés par le Parlement.
Il existe donc une interdépendance entre ces trois institutions qu’illustrent, entre
autres, les moyens d’action politiques du Parlement. Ces derniers s’expriment,
essentiellement, dans les trois fonctions ci-après (Article 17, paragraphes 7 et 8 du
Traité de Lisbonne) :
11
Cf. Jean-Louis Clergerie, Annie Gruber et Patrick Rambaud, L’Union européenne, 7ème édition, Ed. Dalloz,
Paris, 2008, p. 150.
Le groupe du Parti populaire européen a des affinités directes avec le Parti populaire
espagnol. Or, chacun sait les relations tendues de ce parti, une fois au pouvoir, avec le
Maroc compte tenu de ses origines franquistes et de ses penchants extrémistes. La plus
part des commissions parlementaires d’enquête au Sahara occidental ou des projets de
résolutions « condamnant » le Maroc à la suite d’événements spéciaux comme ceux de
Gdim Izik à Laâ youne (novembre 2010) sont instiguées par ce groupe et par ceux dont
l’affinité ou les visées sont proches. Le Parlement européen est donc loin d’être une
institution neutre.
« repose sur les principes qui ont présidé à sa création, à son développement et à son
élargissement et qu’elle vise à promouvoir dans le reste du monde : la démocratie, l’Etat de
droit, l’universalité et l’indivisibilité des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le
respect de la dignité humaine, les principes d’égalité et de solidarité et le respect de la
charte des Nations unies et du droit international ».
On voit donc clairement que le PE détient plusieurs leviers pour agir sur la politique
étrangère européenne.
L’une des commissions importantes du PE est sans doute celle des affaires
étrangères13. La commission des affaires étrangères est compétente pour les questions
ayant trait (Annexe VII, I, du règlement intérieur du PE):
2. Aux relations avec les autres institutions et organes de l’Union européenne, les Nations
unies et les autres organisations internationales et assemblées interparlementaires pour
les matières relevant de sa compétence;
3. Au renforcement des relations politiques avec les pays tiers, en particulier ceux
situés à proximité géographique immédiate de l’Union, au travers des grands programmes
de coopération et d’assistance ou d’accords internationaux tels que les accords
d’association et de partenariat ;
13
Les attributions des commissions parlementaires sont fixées par les articles 183 à 192 du règlement
intérieur du PE ainsi que par l’Annexe VII.
14
Souligné par nous.
Au titre de l’article 97 du règlement intérieur du PE intitulé "Recommandations
dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune", la Commission
compétente, en l’occurrence celle des affaires étrangères, peut formuler des
recommandations à l’intention du Conseil européen :
Une délégation peut donc effectuer une visite au Sahara sur la base du pouvoir de
contrô le démocratique du PE. La délégation est alors constituée dans le cadre de la
Commission des AE.
Par ailleurs, au titre du Statut avancé accordé au Maroc en octobre 2008, une
Commission parlementaire mixte Maroc-UE a été mise en place en mai 2010. La base
juridique de la création de cette commission est l’article 200 du règlement intérieur du
PE portant sur : "Commissions parlementaires mixtes". Cet article dispose notamment :
1. Le Parlement européen peut constituer des commissions parlementaires mixtes avec les
parlements d’Etats associés à l’Union, ou avec ceux d’Etats avec lesquels des négociations
ont été engagées en vue d’une adhésion.
15
Souligné par nous.
16
Au terme de cette visite, un rapport a été établi en 2009. Entre autres, ce rapport propose la création
d’un mécanisme d’observation des droits de l’Homme au Sahara supervisé par la MINURSO.
Ces commissions peuvent formuler des recommandations à l’intention des parlements
participants. En ce qui concerne le Parlement européen, celles-ci sont renvoyées à la
commission compétente, qui présente des propositions quant aux suites à leur donner.
2. Les compétences générales des diverses commissions parlementaires mixtes sont définies
par le Parlement européen et par les accords conclus avec les pays tiers eux-mêmes (…) »17.
Les principes régissant les activités des délégations sont fixés par l’article 3 relatif
aux dispositions d’exécution concernant l’activité des délégations, adoptées par la
Conférence des présidents le 21 septembre 2006. Aux termes de cet article :
A cet effet, les activités des délégations doivent, d’une part, viser à maintenir et à accentuer
les contacts avec les parlements des Etats partenaires traditionnels de l’Union européenne
et, d’autre part, contribuer à promouvoir, dans les pays tiers, les valeurs sur lesquelles se
fonde l’Union européenne, à savoir les principes de liberté et de démocratie, le respect des
droits de l’homme et des libertés fondamentales et l’État de droit (articles 6 et 11,
paragraphe 1, cinquième tiret, du traité sur l’UE) »
Les questions liées à la base juridique des actes des commissions parlementaires
(dont les actes législatifs) sont prévues à l’article 37 du règlement intérieur du PE. En
vertu de cet article,
1. Pour toute proposition d’acte législatif ou tout autre document à caractère législatif, la
commission compétente pour la matière visée vérifie d’abord la base juridique.
17
Souligné par nous.
l’article 5 du traité sur l’Union européenne 18 -, elle demande l’avis de la commission
compétente pour les questions juridiques.
3. La commission compétente pour les questions juridiques peut aussi se saisir de sa propre
initiative de questions relatives à la base juridique des propositions d’actes législatifs. Dans
ce cas, elle en informe dûment la commission compétente pour la matière visée.
5. Les amendements tendant à modifier la base juridique d’une proposition d’acte législatif,
présentés en séance plénière sans que la commission compétente pour la matière visée ou
la commission compétente pour les questions juridiques aient contesté la validité ou la
pertinence de la base juridique, sont irrecevables.
5. A tout moment des négociations, le Parlement peut, sur la base d’un rapport de sa
commission compétente et après examen de toute proposition pertinente déposée
conformément à l’article 121, adopter des recommandations en demandant qu’elles soient
prises en considération avant la conclusion de l’accord international à l’examen.
En outre, le PE peut dépêcher une délégation pour enquêter sur la mise en œuvre
de l’APP, étant donné que cette question est liée au conflit du Sahara occidental.
Cependant, la commission de la pêche, comme les autres commissions du PE, n’a pas de
pouvoir décisionnel. Les commissions parlementaires ne font que proposer des projets
de résolution qui peuvent être entérinés par le PE. Or, on sait que le PE peut bloquer la
conclusion d’un Accord international, soit celui de la pêche. Aux termes du paragraphe 9
de l’article 90 du règlement intérieur du PE portant sur les "Accords internationaux",
« Si l’avis rendu par le Parlement est négatif, le Président demande au Conseil de ne pas
conclure l’accord ».
On le voit, le PE peut aller jusqu’à saisir la Cour de Justice de l’UE pour lui demander
un avis sur la conformité d’un accord international (soit l’Accord de pêche) avec le droit
international.
Les conséquences seront presque similaires à celles que l’Affaire Aminatou Haidar a
provoquées. Le PE, et compte tenu de l’extension de son pouvoir de contrô le politique,
20
C’est nous qui soulignons.
ainsi que de ses attributions budgétaires et législatives, pourrait adopter un projet de
résolution sanctionnant le Maroc. Tous les scénarios sont alors possibles :
En effet, n’oublions pas que le statut avancé inaugure une nouvelle étape dans le
renforcement du dialogue politique entre le Maroc et l’UE et on parle désormais du
rapprochement des agendas politiques des deux parties, en plus de la convergence
réglementaire (reprise séquencée et graduelle de l’acquis communautaire par le Maroc).
En mai 2010, on l’a dit, une commission parlementaire mixte Maroc-UE a été ainsi mise
en place. Cette logique de « rapprochement optimal » (selon les termes du document
conjoint annonçant le statut avancé) engendre des obligations croissantes pour le
Maroc, lequel se voit inséré dans une logique de coopération conditionné, s’il veut
postuler aux fonds substantiels permis par l’UE et, partant, adhérer au corpus juridicum
européen. La mise en place progressive d’un Espace Economique Commun (EEC), et
donc l’intégration du Maroc au marché intérieur, est conditionnée par l’adhésion du
Maroc au socle de valeurs sur lesquelles l’UE est fondée.
Séquence 6
L’aspiration à un Statut avancé dans ses relations avec l’UE est une ambition qui a
été exprimée par le Maroc depuis bien des années. L’amorce de la réflexion stratégique
concernant l’ancrage européen du Maroc a débuté avec feu le Roi Hassan II quand il a
formulé en 1987 une demande d’adhésion à la CEE. Les bouleversements géopolitiques
que le monde a connus à partir de 1989, avec la réunification allemande, et qui se sont
étalés durant la décennie quatre-vingt-dix, ont appuyé cette réflexion : deuxième guerre
du Golfe, dislocation de l’URSS, entrée en vigueur du Traité de Maastricht, prolifération
des accords de libre-échange (MERCOSUR, ALENA…), conclusion des Accords de
l’Uruguay Round et entrée en vigueur de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC)…
Le Maroc a dû comprendre ces changements et, dans une optique de régulation de la
pression de la mondialisation et des risques qu’elle peut véhiculer, a compris la
nécessité de s’arrimer à l’UE, tout en cherchant à réactiver l’Union du Maghreb Arabe
(UMA). Cette approche est couplée à une réflexion sur la diversification des partenaires
commerciaux (Etats-Unis, Canada, Turquie, Afrique de l’Ouest…) et la participation à des
initiatives de coopération Sud-Sud : Union pour la Méditerranée, Dialogue
méditerranéen de l’OTAN, etc.
A l’heure actuelle, le Maroc est dans une logique de rapprochement optimal avec
l’UE, nourrie par une vision partagée sur les grands enjeux que connait aujourd’hui la
région euro-méditerranéenne. Cette vision, qui englobe donc tout l’espace euro-
méditerranéen, fait l’objet de plusieurs cadres de concertation et de coopération :
processus de Barcelone, Dialogue 5+5, lancement de l’Union pour la Méditerranée… Le
21
Faut-il aussi rappeler que le Roi Mohammed VI, alors Prince héritier, avait passé un stage à la Commission
européenne au moment où il préparait sa thèse de doctorat sur La coopération entre l’Union européenne et les
pays du Maghreb, publiée aux Editions Nathan, Collection « Edification d’un Etat moderne », Paris, 1994, 237
pages.
nouveau partenariat, issu du Statut avancé, traite dorénavant des domaines stratégiques
en rapport avec la stratégie collective, la coopération régionale, la résolution des conflits,
la bonne gouvernance, la lutte contre le terrorisme, la régulation des flux migratoires, la
promotion des droits de l’homme et la coopération en matière d’emploi et des affaires
sociales.
Le Maroc a donc amorcé une logique de convergence avec l’UE qui devrait lui
permettre « d’atteindre une proximité optimale avec l’Union européenne »23. Elle devrait
aussi lui permettre de « conforter sa dynamique de modernisation politique, d’ouverture
économique et de cohésion sociale et de promouvoir sa concertation et sa coordination
avec l’Union européenne sur les questions stratégiques d’intérêt commun ».24
22
Selon la formule de Monsieur Romano Prodi, ancien président de la Commission européenne.
23
Déclaration conjointe, Sommet Union Européenne – Maroc, Grenade, 7 mars 2010, 7220/10 (Presse 54), p.
10.
24
Idem.
régions, entreprises, ONG, individus… Les acteurs étatiques devront penser leurs plans
de développement à l’aune du nouveau contexte géopolitique européen et euro-
méditerranéen : entrée en vigueur du Traité de Lisbonne en décembre 2009, lancement
de l’Union pour le Méditerranée en juillet 2008, définition d’un nouveau cadre
contractuel entre le Maroc et l’Union européenne à l’aune du Statut avancé…
Néanmoins, l’EEE exclut de son champ d’application les produits agricoles non-
transformés ainsi que la pêche. Il ne prévoit pas non plus de coordination des tarifs
douaniers dans le cadre du Tarif Extérieur Commun (TEC). On avance généralement que
l’EEE est une union économique sans union douanière, ce qui est un cas assez atypique
car une union économique, monétaire ou non, est habituellement le degré le plus poussé
de coopération internationale économique, si du moins on suit le raisonnement de Béla
Balassa26.
Sans être dans une logique d’intégration complète au marché commun européen, le
Maroc devra néanmoins subir les conséquences de l’intégration au moins partielle à ce
marché. Ce processus implique une grande harmonisation des politiques dans plusieurs
domaines : convergence, ou du moins rapprochement, des politiques budgétaires et
monétaires, compte tenu de l’interdépendance économique croissante au sein de la zone
25
Cet accord est entré en vigueur en 2007. Il comprend, à l’heure actuelle, quatre pays : Egypte, Jordanie,
Maroc et Tunisie. Cf. Zakaria ABOUDDAHAB, « L’Accord d’Agadir pour la zone de libre-échange entre les pays
arabes méditerranéens : lecture géopolitique (vision marocaine) », in Ahmed DRISS (sous la coordination de),
L’Accord d’Agadir pour la zone de libre-échange entre les pays arabes méditerranéens : Bilans et perspectives,
Actes du Colloque, 3-4avril 2008, Centre des études méditerranéennes et internationales et Fondation Konrad
Adenauer, Tunis, pp. 79-91.
26
Célèbre pour avoir schématisé les étapes de l’intégration économique : zone de libre-échange, union
douanière, marché commun et union économique et monétaire.
et des incidences que les politiques d’un pays membre peuvent avoir sur celles des
autres pays constitutifs.
Le principal avantage de la conclusion d’un EEC réside dans les éventuels gains
d’efficacité de l’économie. Comme l’avancent les économistes, quand la mobilité n’est
pas entravée, la main-d’œuvre et les capitaux peuvent répondre plus facilement aux
signaux économiques à l’intérieur d’un marché commun (même sous forme d’un EEC),
ce qui entraîne une répartition plus efficace des ressources.
Or, on sait que le Maroc n’est pas en situation de préadhésion comme pour le cas
de ou de la Turquie ou celui de la Croatie par exemple. Toutefois, et c’est ce qui fait la
singularité de sa relation de partenariat avec l’Union européenne, le Maroc est tenu
d’adopter l’un des critères essentiels de Copenhague, à savoir la reprise de l’acquis
communautaire. Or, par extension, cette reprise ne manquera pas d’avoir des incidences
économiques, financières, politiques, sociales… En effet, « le processus de convergence
réglementaire avec l’UE constitue l’une des composantes essentielles de la mise en œuvre
du document conjoint sur le Statut avancé »27.
- Les accords internationaux conclus par la Communauté et ceux conclus par les Etats
membres entre eux dans le domaine des activités de l’Union.
Selon le texte annonçant le Statut avancé, l’ALECA devra, entre autres choses,
comprendre les aspects opérationnels suivants (liste exemplative). Ces mesures forment
un tout indivisible et cohérent :
6. Politique de concurrence
7. Protection du consommateur
On peut écrire que l’ALECA permettra une ouverture maitrisée des marchés. Il
évitera une levée brusque des barrières tarifaires et non tarifaires, selon une démarche
graduelle et séquencée. En ce sens, l’incorporation de l’acquis communautaire permettra
de s’imprégner du goû t avant coureur du libre échange global et approfondi. Elle se
posera sans doute en termes de contrainte systémique, le Maroc (et tous les acteurs
économiques) devant respecter de manière scrupuleuse les règles qui président au
fonctionnement d’une économie viable de marché.
D’autres secteurs sont également compris dans cette coopération sectorielle. Il en est
ainsi des technologies de l’information et de la communication, de l’agriculture, de la
pêche, des mines, de l’environnement et de l’eau.
La démarche de rapprochement optimal du Maroc avec l’UE n’est pas à sens unique ;
elle est aussi européenne. En effet, depuis 1999, le Maroc mène une politique de
rapprochement avec le Conseil de l’Europe. Cette politique a porté ses fruits. Le 1er juillet
2009, le Maroc a adhéré au Centre Nord Sud relevant du Conseil de l’Europe. Cette
adhésion, la première du genre pour un pays non européen, permettra aux institutions
marocaines d’accéder à des instruments de coopération variés. Dans cet esprit, le Maroc
28
Cité dans Le Matin du Sahara et du Maghreb, 8 mars 2010, p. 2.
a formulé une demande officielle en vue de l’obtention du statut de « Partenaire pour la
démocratie » auprès de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE)29.
29
Voir séquence 7.
30
Cf. Les conclusions du Séminaire sur les perspectives de coopération entre le Royaume du Maroc et le Conseil
de l’Europe, Rabat, 22-23 février 2010.
31
Déclaration conjointe. Sommet Union Européenne – Maroc, op. cit., p. 6.
Séquence 7
Le Maroc a donc satisfait aux critères énoncés par le Conseil de l’Europe pour
bénéficier du statut de Partenaire pour la démocratie. Aux termes de l’article 60, § 2, du
règlement intérieur de l’APCE, les partenaires pour la démocratie doivent faire siennes
les valeurs du Conseil de l’Europe que sont « la démocratie pluraliste et paritaire, l’Etat
de droit et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ».
32
In La Constitution marocaine de 2011. Analyses et commentaires, Paris, LGDJ, 2012.
Séquence 8
- Les politiques publiques au Maroc convergent à long terme avec les politiques
publiques européennes ;
- L’agenda politique marocain est de plus en plus orienté (ou du moins influencé)
par l’agenda politique européen ;
- L’Union européenne inscrit le Maroc dans une logique de path dependence ;
- La conditionnalité démocratique renforcée stimulera le processus de transition
politique amorcé au Maroc (effets transversaux) ;
- Les acteurs politiques nationaux et les opérateurs économiques subissent de
manière ascendante les effets institutionnels et politiques de l’Union européenne
(effet entonnoir).
2. Cadre méthodologique
L’analyse des politiques publiques (APP) nous fournira, par conséquent, un cadre
méthodologique pratique. L’interrogation qui en découlera sera forcément systématique
et activera la « boîte à outils » qu’offre donc la démarche, ô combien fertile, en termes de
politiques publiques. L’analysera s’intéressera aussi aux mécanismes de coordination
institutionnelle que les acteurs de l’acquis communautaire au Maroc devront mettre en
place en vue d’en assurer l’effectivité.
36
Thierry Delpeuch, « Comment la mondialisation rapproche les politiques publiques », in l’Economie politique,
Trimestriel-Juillet 2009, p. 98.
37
Selon C.-J. Bennet, « la convergence cognitive renvoie aux modalités de construction d’un problème, de
définition des finalités prioritaires de l’orientation d’une politique publique, et donc de légitimation de celle-ci.
La convergence sur les instruments de politique publique concerne, quant à elle, les outils adoptés et leur mode
d’utilisation ». Cité par Elsa Tulmets, « L’adaptation de la méthode ouverte de coordination à la politique
d’élargissement de l’UE : l’expérience des jumelages institutionnels en Estonie et en Hongrie », in Politique
européenne, n°18, hiver 2006, p. 163.
La capacité institutionnelle implique « la nécessité pour les candidats de disposer
d’institutions administratives et judiciaires capables de mettre en œuvre l’acquis
communautaire »38. Cette capacité agit doublement, dans deux directions : au niveau
horizontal (coordination intergouvernementale) et au plan vertical ou sectoriel. Le
gouvernement, le parlement, les collectivités locales, les établissements publics, et
toutes les autres institutions, seront tous concernés, à des degrés divers, par la
convergence réglementaire. L’un des défis majeurs consiste, précisément, d’assurer la
coordination entre tous les acteurs de ce processus en vue d’en assurer une application
effective.
38
Elsa Tulmets, « L’adaptation de la méthode ouverte de coordination à la politique d’élargissement de l’UE :
l’expérience des jumelages institutionnels en Estonie et en Hongrie », op. cit., p. 162.