Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
AMCO 2032
CHAPITRES 1 à 16
1 Introduction 9
1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3 Ouvrages de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.1 Normes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.2 Documents CEB-FIP et FIB) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3.3 Autres ouvrages de références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3
CONTENTS 4
Introduction
1.1 Généralités
Le béton armé résulte de l’idée d’associer un matériau économique résistant bien à la compres-
sion mais peu à la traction, le béton, – mortier composé de ciment, de sable et de granulats – avec des
armatures en acier pour créer un matériau composite possédant des caractéristiques de résistance, de
ductilité et de durabilité suffisantes pour réaliser des structures porteuses.
Le béton1 occupe une place prépondérante parmi les principaux matériaux de construction.
On distingue trois catégories principales de béton selon son application structurale :
– le béton non armé ;
– le béton armé ;
– le béton précontraint.
Dans la construction de grands barrages massifs, on utilise couramment le béton non armé. La forme
de l’ouvrage est étudiée de façon à solliciter le béton essentiellement en compression, tout en limitant
les contraintes de traction. Dès lors, on limite les zones où il est nécessaire de prévoir une armature.
Pour les autres types de structure, il est nécessaire de disposer une armature dans les zones
fortement sollicitées en traction, puisque le béton ne présente qu’une très faible résistance vis-à-vis
de telles sollicitations. Ce mode de construction très répandu est nommé béton arme, ”reinforced
concrete” en anglais, ”Stahlbeton” en allemand.
Dans le cas où l’armature est mise en tension avant l’application des charges, on parle de béton
précontraint (”prestressed concrete”, ”Spannbeton”).
Parmi les avantages principaux propres aux structures en béton armé, on peut citer :
– la liberté dans le choix des formes ;
– le caractère monolithique de ces structures : Les joints de dilatation sont espacés et le système
possède, de par son hyperstaticité, une importante réserve de capacité portante ;
– la bonne durabilité ;
1 Le texte qui suit est extrait de l’ouvrage [12]
9
CHAPTER 1. INTRODUCTION 10
L’emploi du béton présente cependant certains inconvénients ; parmi lesquels il faut retenir :
– l’influence défavorable du poids propre élevé sur les structures de grandes portées et sur les
fondations ;
– une isolation thermique faible, d’où la nécessité de prévoir des mesures de protection supplé-
mentaires pour les parois extérieures des bâtiments ;
– les travaux onéreux liés à la transformation et à la démolition des ouvrages en béton.
Figure 1.1: Relation contrainte-déformation des matériaux utilisés en béton armé et précontraint
Comme on peut le voir a la figure 1.1, les matériaux utilisés dans les structures en béton armé et
en béton précontraint ont des caractéristiques de résistance et de déformation bien différentes, ce
qui représente une des principales difficultés du dimensionnement. En analysant les capacités de
résistance respectives de chacun des deux matériaux, on peut relever les deux points suivants :
– le béton est caractérisé par une bonne résistance à la compression et une faible résistance à la
traction (qui, en plus, a des valeurs très disparates) ;
– l’acier résiste à ces deux sollicitations au même taux.
CHAPTER 1. INTRODUCTION 11
Le comportement du béton armé dans son ensemble est essentiellement basé sur les phénomènes
d’adhérence (engrenage et frottement entre les barres et le béton). Une liaison parfaite est ainsi
assurée entre l’acier et le béton, afin que, dans une même fibre, leur déformation spécifique soit la
même :
²armature = ²s = ²c = ²beton (1.1)
Pour de petites valeurs de ², le béton tendu suit les allongements de l’armature ²s , jusqu’au moment
où il atteint sa résistance à la traction. Dès lors, une fissuration locale du béton se produit, avec un
léger glissement entre le béton et l’armature au droit de cette fissure. Notons que l’adhérence entre le
béton et l’acier n’est pas gênée par des phénomènes thermiques, dans la mesure où les coefficients de
dilatation respectifs sont à peu près identiques sauf dans le cas d’exposition au feu où la différence
de conductibilité des deux matériaux entraîne des variations importantes de comportement.
Signalons aussi les phénomènes différés (retrait et fluage du béton, relaxation des aciers de pré-
contrainte,...) qui peuvent affecter le comportement structural et dont il faut tenir compte dans cer-
tains calculs.
Le béton d’enrobage dans la zone tendue protège les armatures contre la corrosion, à condition
que l’ouverture des fissures ne dépasse pas certaines valeurs limites (0.1mm à 0.4mm, en fonction
des conditions ambiantes). Le meilleur moyen de limiter la fissuration est d’éviter de faire travailler
le béton à la traction, en créant un état d’auto-contrainte favorable (c’est-à-dire des compressions
dans les zones tendues), à l’aide d’armatures de précontrainte.
CHAPTER 1. INTRODUCTION 12
1.2 Historique
L’art2 de construire en béton était déjà remarquablement maîtrisé par les Romains dans l’Anti-
quité. De nombreux exemples, telle que la magnifique coupole du Panthéon à Rome en témoignent.
Ils sont révélateurs des connaissances de cette époque.
Toutefois, ce n’est qu’avec l’invention du béton armé, au 19ième siècle que ce matériau a pris un
essor formidable dans le monde de la construction. Au milieu du siècle dernier, un autre développe-
ment particulier va élargir le domaine d’utilisation du béton : La précontrainte. Dès lors, ce procédé
ingénieux a permis la conception et la réalisation de structures élancées et de grandes portées, tout
en évitant les problèmes liés à la fissuration excessive et aux grandes déformations.
Toute l’histoire du développement du béton armé et du béton précontraint fait l’objet de descrip-
tions et d’illustrations détaillées dans bon nombre d’ouvrages intéressants. Nous nous limiterons a
l’énumération de quelques événements clés de ce développement.
Dès 1824, J. Aspdin bénéficie d’un brevet anglais pour la fabrication du ”ciment Portland”. Ce
liant hydraulique joue un rôle essentiel dans le béton ”moderne”.
Entre 1850 et 1880, on assiste aux premiers développements du béton armé. Les recherches sont
menées simultanément dans plusieurs pays, dont la France :
1848 J. L. Lambot construction d’une barque (exposition et brevet en 1855) ;
1849 J. Monier fabrication de bacs a fleurs brevetés en 1867 (brevets complémentaires de 1868 à
1878 ; premier pont pour piétons en 1875) ;
1852 F. Coignet immeuble en béton avec fers profilés enrobés (mémoire sur l’utilité des tirants de
fer dans le béton, publie en 1861).
Entre 1880 et 1910, on note les premières réalisations importantes ainsi que des théories et des
essais :
l892 F. Hennebique, E. Coignet structures monolithiques (planchers nervurés, poutres continues,
ossatures) ;
1899 S. Boussiron pont routier en arc ;
1910 P. Séjourne tablier d’un pont routier ;
1886 G. Wayss premières bases théoriques et applications ;
1893 S. de Mollins séries d’essais à Lausanne ;
1849 W. Ritter cours ETH sur la méthode Hennebique ;
1902 E. Mörsch première théorie du béton arme, essais a Zurich (1901-1908) et Stuttgart (1916-
1939).
Entre 1880 et 1940, on constate l’apparition des premières idées propres à la précontrainte :
1886 P. Jackson, 1888 W. Döhring, l 907 M. Koenen premiers brevets et essais aux USA et en Al-
lemagne ; sans succès, car les effets différés du béton annulaient la précontrainte ;
1919 W. Wettstein, 1923 R. Dill premières applications avec des aciers de précontrainte de très
hautes nuances ;
1927 R. Färber dispositifs permettant le glissement des aciers de précontrainte lors de la mise en
tension ;
1939 F. v. Emperger utilisation côte à côte d’armatures passives et actives (précontrainte partielle).
2 Le texte qui suit est extrait de l’ouvrage [12]
CHAPTER 1. INTRODUCTION 13
1.3.1 Normes
La norme belge principale en vigueur qui concerne le calcul des structures en béton est la
NBN B 15-002. Il s’agit du document d’application national (DAN) basée sur la prénorme euro-
péenne ENV-1992-1-1 :1991, appelée habituellement Eurocode 2. On trouvera une liste plus com-
plète des normes belges et européennes en rapport avec le béton armé et précontraint en annexe.
CHAPTER 1. INTRODUCTION 15
Figure 1.6: Traité de génie civil volume 7 Figure 1.7: Traité de génie civil volume 8 (R.
(R.Walther, M. Miehlbradt) Favre,J.-P. Jaccoud, O. Burdet, H. Charif)
Analyse structurale et
dimensionnement
® ? ©
Analyse ¾
ª
® ? ©
Dimensionnement
ª
® ? ©
Vérification
ª
?
Afin de réaliser l’analyse structurale (quantification des efforts intérieurs), il est nécessaire de
transformer,à des fins de calcul, la structure réelle en un modèle mécanique idéalisé qui est analysé
en utilisant les outils que procure la théorie de la résistance des matériaux. Cette opération est appelée
modélisation
Le structure est idéalisée sous forme d’un ensemble d’éléments liés les un avec les autres. On
peut classifier ces éléments en différents types en fonction de leurs dimensions principales ou de
l’état principal de contrainte qui s’y développe.
17
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 18
L’analyse d’une structure soumise à des charges statiques se base sur le développement des
familles d’équations suivantes :
• Les conditions d’équilibre.
• Les relations de compatibilité des déformations.
• Les lois de comportement des matériaux.
Le but final du dimensionnement sera de vérifier que la structure réponde aux conditions liées
aux ETATS LIMITES ULTIMES et aux ETATS LIMITES DE SERVICE.
Dans le présent cours, on se limitera essentiellement au calcul des éléments linéaires. Toutefois,
les règles de dimensionnement énoncées et les détails de construction proposés peuvent s’appliquer
à l’ensemble des structures en béton armé.
la convention inverse (N positif en compression) car elle nous semble plus naturelle dans le cadre de l’analyse du béton armé
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 19
y Fy My
G
x Fx Mx
z Fz Mz
y My
G N
x T
z M
Vy
En général, il n’est pas possible d’exprimer les états de contrainte par une fonction explicite et
globale des six efforts intérieurs, puisque les contraintes principales ne peuvent pas être superposées.
Il faut donc les déterminer par leurs composantes σx , σy , τxy .
On tend a séparer dans la mesure du possible l’effet de ces différents efforts intérieurs ; cela ne
présente pas de difficulté particulière pour des structures homogènes, mais lorsqu’il s’agit de l’état
fissuré, on doit considérer l’effet commun d’un groupe de sollicitations. Toutefois, même dans ce
cas, on sépare les efforts qui donnent naissance à des contraintes normales σx à savoir M et N , de
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 20
Vis-à-vis des sollicitations normales, on parle de flexion simple, lorsque la section considérée
n’est soumise qu’à un moment fléchissant. La combinaison entre un effort normal et un moment
fléchissant est regroupée sous le terme de flexion composée. Enfin, le terme de flexion oblique (ou
de flexion gauche) s’applique au cas où une section est sollicitée simultanément par un moment
longitudinal M , et par un moment transversal My , avec ou sans effort normal.
Dans la majeure partie des différents types de structures, les éléments porteurs les plus répandus
sont sans doute les dalles en béton. On les utilise également en tant que planchers des ossatures
métalliques (structures mixtes). Pour le calcul des structures planes, il s’agit d’établir les conditions
d’équilibre en considérant une structure comme résultant de la juxtaposition de macro-éléments
plans. Ceux-ci sont choisis de forme rectangulaire et d’orientation parallèle aux axes x et y (cf.
figure 2.3).
Les efforts agissant sur un élément de dalle sont calculés par unité de largeur et sont, par ce fait,
désignés par des lettres minuscules. Le dimensionnement des dalles est directement lié à la détermi-
nation du champ des moments principaux. On définit ce dernier à partir des moments fléchissants
mx et my , ainsi que d’après la valeur des moments de torsion mxy :
r
mx + my mx − my 2
mI,II = ± ( ) + m2xy (2.1)
2 2
On remarque que cette relation est tout à fait analogue à celle des contraintes principales (σx → mx ;
σy → my ; τxy → mxy ) et peut ainsi être représentée par le cercle de Mohr.
Pour le dimensionnement, les valeurs absolues prises par les efforts tranchants vx et vy , sont
généralement faibles et donc peu déterminantes.
Les efforts nx , ny et nxy forment un état de contrainte dit ”membranaire”. Ces efforts conduisent
à des contraintes principales σI et σII (ou efforts principaux nI et nII ) qui n’interviennent, en
général, que dans le calcul des dalles précontraintes.
Dans leur forme idéale, les parois porteuses et les coques ne subissent aucun moment fléchissant.
Ces structures sont donc en principe soumises à un état de contrainte membranaire agissant dans leur
feuillet moyen (fig 2.4.
Il en va de même en ce qui concerne les structures plissées à l’exception des zones voisines des
points singuliers, tels les points d’appui, les poutres de rive et les entretoises. Les parois qui com-
posent ce type de structures sont également soumises à un état de contrainte membranaire. Toutefois,
dans la mesure où de telles structures forment un ensemble tridimensionnel, les éléments sont aptes
à reprendre des sollicitations agissant hors du plan des parois porteuses (fig 2.5).
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 21
mx
x
m yx
mxy
Efforts de flexion my
Notons que l’analyse de telles structures hautement hyperstatiques s’avérait, par le passé, des
plus ardues. Le calcul nécessitait des simplifications nombreuses et considérables. Grâce au déve-
loppement de méthodes de calcul numérique, dites ”par éléments finis”, l’étude du comportement
de l’ouvrage et le calcul des contraintes, même en tenant compte des non-linéarités matérielles et
géométriques, ne pose plus de problèmes insurmontables.
Ce type de structure ne sera pas abordé dans le présent cours.
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 23
La première méthode, connue sous le nom de concept des contraintes admissibles, fut pendant
plus d’un siècle la base fondamentale de l’analyse et du dimensionnement d’ouvrages, de machines
et de toute autre application de l’art de l’ingénieur. Cette méthode consiste à calculer les contraintes
sous charges réelles non pondérées, d’après la théorie de l’élasticité ; puis de les comparer a des
valeurs limites fixées par les normes. Ces limites sont en général déterminées par la résistance f du
matériau divisée par un coefficient de sécurité adéquat γ :
f
σadm = (2.2)
γ
Ce concept, séduisant par sa clarté et sa simplicité, présente cependant quelques lacunes im-
portantes, en particulier pour les structures en béton armé et précontraint : premièrement, le com-
portement du béton ne peut guère être considéré comme idéalement élastique ; deuxièmement, les
contraintes sous charges de service ne donnent pas d’indication directe de la sécurité de l’ensemble
de la structure. Pour ces raisons, le concept des contraintes admissibles n’apparaît plus dans les
normes modernes. Cependant, lorsqu’il s’agit de limiter les déformations à l’état de service, on a
souvent recours à la notion de comportement élastique ou quasi-élastique d’une structure.
La deuxième méthode, parfois appelée calcul des sections à la rupture, est hybride, dans la
mesure où la relation déterminante
R
S≤ ou S.γ ≤ R (2.3)
γ
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 24
se base d’une part sur la théorie de l’élasticité, pour l’analyse des efforts intérieurs S, d’autre
part sur la théorie de la plasticité, pour la détermination de la résistance R des sections. Cette mé-
thode présente une certaine incohérence, car, en augmentant les sollicitations jusqu’à l’épuisement
(rupture) des sections critiques, les efforts intérieurs peuvent être considérablement redistribués par
rapport à l’analyse élastique. Toutefois, cette méthode est fréquemment utilisée et apparaît dans de
nombreuses normes. Elle donne, par ailleurs, toujours des résultats du coté de la sécurité. En pratique
c’est la méthode la plus couramment utilisée actuellement pour le calcul des structures composées
d’éléments linéaires (poutres, colonnes, portiques, ...).
Enfin, la troisième méthode permet de cerner le comportement du système statique global jusqu’à
l’état ultime (rupture), donc de déterminer la capacité portante ou, en d’autres termes, la sécurité de
la structure. Aussi bien l’analyse que le dimensionnement tiennent compte du comportement non
linéaire du matériau. Si l’on veut suivre l’évolution des sollicitations, des déformations et de la
fissuration, et ceci de l’état de service jusqu’à l’état ultime, les lois non linéaires qu’il faut introduire
dans le calcul le rendent trop ardu pour la pratique quotidienne. Par contre, si l’on se contente de
connaître les charges ultimes Q, du système, la théorie de la plasticité est sans doute la méthode la
plus simple et la plus efficace, et la vérification de la sécurité se résume comme suit :
Qu
Q≤ (2.4)
γ
où Qu désigne la charge ultime que la structure peut supporter avant d’atteindre la rupture.
Ce type de méthode n’est utilisable que dans le cadre de la vérification de la sécurité structu-
rale vis-à-vis des états-limites ultimes (rupture). La théorie de la plasticité se base sur le fait que
le béton aussi bien que l’acier sont plastifiés dans les sections déterminantes. La validité de cette
théorie présuppose donc un comportement ductile de la structure afin qu’elle puisse s’adapter à la
redistribution des efforts intérieurs admis dans le calcul aux états ultimes, sans rupture fragile pré-
maturée. Une vérification de ces propriétés de ductilité des sections est donc en principe nécessaire.
De nombreux essais ont clairement mis en évidence que le béton ”correctement armé” présente une
très grande capacité de déformation. C’est pourquoi, il est possible de définir des règles forfaitaires
simples permettant d’appliquer certaines redistributions des efforts internes lors d’une analyse plas-
tique moyennant des critères généraux sur les quantités maximales d’armatures dans les sections,
sans devoir recourir à une analyse complète des capacités de rotations plastiques des éléments. Des
règles de ce type sont énoncées dans l’Eurode 2 et la norme NBN B 15-002 [4], elles seront exami-
nées au chapitre 5.
En outre, il faut noter que toutes les normes modernes exigent deux vérifications : l’une concer-
nant la sécurité structurale et l’autre l’aptitude au service. Les exigences relatives à l’aptitude au
service empêchent en général que l’on s’éloigne trop de la distribution élastique des efforts et li-
mitent de ce fait les redistributions d’efforts envisageables à l’état ultime.
Les méthodes basées sur la théorie de la plasticité se fondent sur l’un des deux théorèmes sui-
vants :
• théorème statique :
Toute charge Q, à laquelle correspond un champ de contraintes statiquement admissible, est
inférieur ou égale à la charge ultime Qu de la structure.
S ≤ Spl
• théorème cinématique :
Toute charge Q, à laquelle correspond un mécanisme de rupture cinématiquement admissible,
est supérieur ou égale à la charge ultime Qu de la structure.
Il est important de noter que la méthode statique fournit une borne inférieure de la charge ultime,
c’est-à-dire un résultat du côté de la sécurité. Tandis que les méthodes basées sur le théorème ciné-
matique fournissent des bornes supérieures de la charge ultime. C’est donc la méthode statique qu’il
est préférable d’utiliser pour le calcul des structures.
Parmi les méthodes de calculs couramment utilisées en pratique issues du théorème statique on peut
citer , par exemple :
– la méthode des bielles et tirants (strut-and-tie method). Cette méthode consiste à modéliser
les éléments de la structure sous forme de treillis isostatiques constitués de bielles rectilignes
(transmettant les efforts de compression du béton) et de tirants (les armatures).
– la méthode des bandes (strip-method) pour l’analyse des dalles. Celle-ci consiste à choisir
un système de poutres (bandes) permettant d’équilibrer l’ensemble des charges extérieures
appliquées à la dalle.
En pratique on effectuera généralement une analyse élastique de la structure, qui permettra d’effec-
tuer les vérifications des critères liés à l’aptitude au service.
Partant de la distribution des efforts intérieurs obtenus lors de cette analyse élastique, on vérifiera
la sécurité de la structure vis-à-vis des états-limites ultimes (rupture) soit :
• en comparant ces efforts intérieurs affectés de coefficients de pondération directement à la
résistance des sections évaluée aux moyens de la théorie de la plasticité (calcul des sections à
la rupture). Cette méthode sera toujours du côté de la sécurité d’après le théorème statique de
la plasticité.
• en réalisant la même vérification après avoir effectués une certaine redistribution des efforts
internes statiquement admissible et en s’assurant que les capacités de ductilité de la structure
sont suffisantes.
• en recourant à une méthode d’analyse plastique complète basée sur l’un des deux théorèmes
de la plasticité (théorème statique ou théorème cinématique).
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 26
Remarques
1. Il convient de noter que pour pouvoir appliquer les théories de la plasticité, la structure doit
satisfaire à des critères de ductilité suffisante. Le recours à ce type de théorie ne sera donc
acceptable que si l’on s’assure que ces conditions sont satisfaites.
2. Une des méthodes statiques la plus courrament utilisée est celle des modèles composés de
bielles et tirants. Lors de l’utilisation de cette méthode, on veillera toujours à ce que le modèle
statiquement admissible choisi n’implique pas une distribution d’efforts ”trop éloignée” de
celle obtenue par une analyse élastique de la structure.
3. Les théories plastiques n’ont de sens que dans le cadre d’un calcul visant à déterminer la résis-
tance à la rupture de la structure. Elles impliquent généralement des redistributions d’efforts
et des mécanismes assez éloignés du comportement en service des ouvrages. Une analyse
élastique complémentaire sera donc toujours nécessaire pour vérifier que le comportement en
service de la structure corresponde aux conditions normales de son utilisation.
Remarquons tout d’abord que, contrairement à une croyance très répandue, la sécurité absolue
n’existe pas. L’homme accepte volontiers une probabilité non négligeable d’accident ; c’est ainsi, par
exemple, qu’en s’engageant dans un voyage par la route d’un millier de kilomètres, un automobiliste
accepte la probabilité de quelques 10−6 d’être la victime d’un grave accident corporel. De même,
les incidents ou même les effondrements qui surviennent pour des ouvrages construits en respectant
les règlements classiques sont une preuve du caractère aléatoire de la sécurité.
Dans un autre ordre d’idées, notons aussi que la sécurité est liée à des considérations d’ordre
économique, politique, et même moral. Si l’on connaît d’une part la probabilité de ruine d’un ou-
vrage, fonction décroissante de son coût, et d’autre part le coût d’un effondrement (déblaiement,
reconstruction, perte de jouissance, etc...), on peut théoriquement optimiser le niveau de sécurité des
ouvrages de façon à obtenir le coût minimum d’un ensemble de constructions. Mais, l’existence du
risque d’accidents corporels fait intervenir des considérations d’ordre moral qu’il est impossible de
négliger, et rend cette démarche purement économique inacceptable.
Dans le présent chapitre, nous ne traiterons que de l’aspect mécanique de la sécurité des construc-
tions, en négligeant volontairement d’autres aspects aussi importants, tels que la sécurité vis-à-vis
des accidents sur les chantiers, ou sécurité vis-à-vis du risque d’incendie.
Dès l’Antiquité, la sécurité a préoccupé les constructeurs et Maîtres d’Ouvrage, comme en té-
moigne le code d’Amourabi (- 1750 Avant J.-C.), qui régissait la construction de façon sommaire et
expéditive :
”si la maison s’effondre et tue le fils du propriétaire ; on mettra à mort le fils de l’architecte...”
Il faut d’ailleurs noter qu’à cette époque, et même jusqu’au dix-huitième siècle, on prêtait peu
d’attention aux désordres mineurs, fissurations, tassements, etc... Les séismes et les incendies consti-
tuaient les causes principales de ruine des ouvrages en service. De même, les effondrements pendant
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 27
la construction n’étaient pas rares, et l’on cite les cas de ponts et de cathédrales qu’il a fallu remettre
en chantier à plusieurs reprises, avant d’obtenir un édifice stable.
Au cours des siècles, se sont développées les règles de l’art, qui régissaient à la fois la conception
et l’exécution des ouvrages ; ces règles, dégagées de l’expérience, se traduisaient par des formules
empiriques, qui, dans le domaine des ponts en maçonnerie, par exemple, étaient encore enseignées
très récemment.
Le dix-neuvième siècle, avec le développement de la résistance des matériaux, l’apparition de la
charpente métallique, puis du béton armé, a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la construc-
tion ; c’est alors que furent édités les premiers règlements détaillés sur la conception et l’exécution
des ouvrages. L’élaboration des règlements de calcul est aujourd’hui confiée à des commissions
qui groupent les meilleurs spécialistes de l’administration et du secteur privé (entreprises, bureaux
d’études et organismes de contrôle). Ceux-ci prennent pour base de leurs travaux l’expérience ré-
sultant de l’examen des ouvrages en service, et de l’analyse des conditions d’accidents ou d’effon-
drements ; ils tiennent compte aussi, dans une large mesure, des résultats d’essais de laboratoire,
qu’ils orientent souvent eux-mêmes, afin de mieux connaître le comportement des matériaux et des
structures.
Ainsi, un règlement doit permettre à l’ensemble des constructeurs de bénéficier des derniers
progrès techniques accomplis. Au fur et à mesure de l’augmentation de la qualité et de la régularité
de fabrication des matériaux, et d’une approche plus fine du fonctionnement des structures, il devient
possible, tout en assurant un même degré de sécurité, d’augmenter le degré de sollicitation des
matériaux.
En revanche, un règlement, s’il est trop rigide, peut constituer un obstacle au progrès : ses pres-
criptions sont établies en fonction d’un état donné de la technique, qui risque de se trouver bientôt
dépassé ; il devient alors un carcan inutile, et un véritable frein ; il est donc nécessaire de réviser les
règles, d’autant plus fréquemment que l’évolution de la technique est plus rapide, et, si possible, de
prévoir cette évolution, en édictant des prescriptions présentant une souplesse suffisante. En résumé,
ainsi que le disait A1bert Caquot, un bon règlement doit être ” un guide libéral ayant en vue la
sécurité en respectant l’économie ”.
Cependant, cette conception de la sécurité s’est peu à peu révélée insuffisante, pour les raisons
suivantes :
– Suivant la nature et la destination des ouvrages, les actions maximales sont plus ou moins bien
connues, et prévisibles. La pression de l’eau sur la paroi d’un réservoir muni d’un trop-plein,
par exemple, est strictement limitée, tandis que la force du vent sur une construction élancée
ne peut être évaluée avec certitude. La vitesse du vent est une variable aléatoire, dont les
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 28
relevés météorologiques donnent les valeurs maximales depuis quelques dizaines d’années, en
quelques points du territoire, et la conversion de la vitesse du vent en une force est elle-même
fonction de la hauteur et de la forme de la construction, et des obstacles environnants, suivant
des lois assez mal connues. On conçoit donc que, pour assurer un niveau égal de sécurité, le
coefficient- γ défini plus haut doit varier en fonction de la nature des actions.
– La grandeur f est elle-même mal définie. Pour certains matériaux, tel l’acier doux, dont le
diagramme contrainte-déformation présente un palier important, les déformations deviennent
inacceptables lorsque la contrainte atteint la limite élastique, et c’est donc par rapport à celle-ci
que doit être considérée la sécurité. En revanche, pour un matériau fragile, à courbe intrinsèque
ouverte, comme le béton, la limite élastique n’a pas de signification physique précise, et c’est
la rupture effective - du matériau qui doit être considérée.
– L’inéquation fondamentale 2.5, ne tient pas compte des phénomènes d’adaptation plastique
dans la section, phénomènes dont l’importance varie selon la nature des sollicitations, et la
forme de la section à laquelle elles s’appliquent. Alors que pour une pièce uniformément com-
primée, la ruine intervient dès l’apparition de la contrainte de rupture, une pièce simplement
fléchie de section rectangulaire, constituée d’un matériau élastique-plastique parfait, peut sup-
porter sans se rompre des moments fléchissants supérieurs de 50% à celui qui correspond à
l’apparition de la contrainte de rupture en un point de la section.
– Dans certains cas, l’inéquation 2.5 n’est pas suffisante pour garantir la sécurité des ouvrages
vis-à-vis d’une augmentation accidentelle des actions ; ceci se produit notamment lorsque les
contraintes ne sont pas directement proportionnelles aux forces appliquées, comme c’est géné-
ralement le cas pour le béton armé soumis à la flexion composée, et pour le béton précontraint.
– Selon la nature de la construction, le rapport des actions permanentes aux actions variables
peut être très différent : pour un pont de moyenne portée, par exemple, les charges d’exploita-
tion et la charge permanente sont du même ordre de grandeur, pour le plancher d’un bâtiment
à usage d’habitation, la charge permanente est nettement prépondérante, tandis que la paroi
verticale fléchie d’un réservoir n’est sollicitée que par les charges d’exploitation. Or, pour le
béton, une contrainte importante maintenue pendant une longue durée peut être plus dange-
reuse que la même contrainte s’exerçant de façon intermittente, et pour de courtes durées. En
sens contraire, et pour l’acier surtout, des variations fréquentes et importantes des contraintes
peuvent engendrer la rupture du matériau par fatigue. Il y a donc lieu de tenir compte de la
durée et du mode d’application des actions, et d’affecter à chacune un coefficient de sécurité
différent, pour obtenir une sécurité globale homogène.
– Dans le cas où plusieurs actions variables indépendantes et de courte durée peuvent s’exer-
cer sur un élément de construction, il y a lieu de tenir compte de la très faible probabilité
de leur concomitance ; c’est le cas par exemple d’un bâtiment d’habitation pour lequel il est
très improbable qu’une tempête centenaire agisse alors que les planchers supportent tous leur
charge nominale de calcul. Il est donc nécessaire, en bonne logique, d’affecter aux combi-
naisons d’actions de courte durée un coefficient de sécurité inférieur à celui que l’on exige
sous l’action d’une seule action, ou d’une combinaison d’une action de longue durée et d’une
action de courte durée.
– La contrainte σ qui est à comparer à la contrainte admissible σadm dans l’inéquation 2.5 peut
être due, soit à l’application de charges, soit à des déformations imposées, telles que l’action
du retrait, ou de la température, et, dans le cas où ces deux natures d’actions sont simultanées,
le fait d’ajouter les contraintes qu’elles provoquent, pour comparer leur somme à la résistance
du matériau, peut conduire à un non-sens. En effet, dans le cas d’une charge appliquée à la
structure, cette comparaison a un sens, mais lorsqu’interviennent des déformations imposées,
les contraintes correspondantes disparaissent si la déformabilité du matériau le permet, avant
que la limite de rupture ne soit atteinte. En fait, la prise en compte des déformations imposées
n’est donc utile que dans le but d’apprécier le niveau de contrainte (de fissuration, ou de
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 29
déformation) d’un ouvrage en service, mais non pour déterminer la sécurité qu’il présente
vis-à-vis de l’effondrement.
Toutes les considérations qui précèdent montrent que pour apprécier la sécurité d’un ouvrage
vis-à-vis de la rupture, de très nombreux facteurs doivent être pris en compte, ce qui explique la
complexité croissante des règlements actuels.
5. à vérifier que les sollicitations de calcul ainsi définies sont inférieures à celles qui corres-
pondent à l’état-limite considéré, un état-limite étant défini comme un état au-delà duquel une
structure cesse de remplir les fonctions, ou ne satisfait plus aux conditions, pour lesquelles
elle a été conçue.
Ainsi, une structure sera réputée stable si elle satisfait à une ou plusieurs inéquations du type :
fk
Sd (ψq γq Qk , ...) ≤ Rd ( , ...) (2.6)
γm
dans lesquelles :
• Sd désigne la sollicitation provoquée par une action Q,
• Rd désigne la résistance de calcul,
• γq , un coefficient multiplicateur de la valeur caractéristique de l’action, destiné à tenir compte
du dépassement possible de cette valeur (coefficient de pondération de la charge),
• ψq , un coefficient multiplicateur inférieur à l’unité, qui tient compte du fait que, dans certaines
combinaisons d’actions, la probabilité pour que toutes les actions atteignent simultanément
leur valeur caractéristique est très réduite (coefficient d’accompagnement).
• fk , la résistance caractéristique d’un matériau,
• γm , un coefficient qui tient compte de la réduction possible de la résistance du matériau par
rapport à sa résistance caractéristique (coefficient de sécurité sur le matériau).
Les notions fondamentales d’état-limite, de valeur caractéristique, et de coefficient de sécurité
sont précisées ci-après.
2.4 Etats-limites
On peut définir un état-limite comme un état au-delà duquel un ouvrage ne satisfait plus aux
exigences de comportement du projet.
On distingue deux groupes d’état-limites :
3
Etats-limites ultimes (ELU) qui concernent la sécurité structurale vis-à-vis de la ruine (effon-
drement).
4
Etats-limites de services (ELS) qui concernent l’aptitude au service de la structure (qualité d’uti-
lisation).
Il faut noter que le dimensionnement d’une structure, dans son ensemble, ne doit pas néces-
sairement inclure la vérification explicite de tous ces états-limites. Seuls ceux qui sont réellement
pertinents vis-à-vis du dimensionnement de l’ouvrage en question feront l’objet d’une vérification
détaillée. A titre d’exemple, l’état-limite de fatigue ne sera généralement pas décisif lors du dimen-
sionnement d’un bâtiment courant.
Les état-limites ultimes correspondent à ”l’effondrement” ou à d’autres formes de défauts de la
structure susceptible de menacer la sécurité des personnes.
Le terme ”effondrement” doit être considéré au sens large, en effet, par soucis de simplicité, ce
sont les états immédiatement antérieurs à l’effondrement (rupture locale d’une section critique de
la structure, par exemple) qui sont habituellement étudiés. Ces derniers sont également considérés
comme des états-limites ultimes.
Les exigences relatives aux états-limites de services seront définis en fonction des conditions
d’environnement ou classes d’exposition en ce qui concerne la durabilité des ouvrages, et de perfor-
mances en ce qui concerne leur utilisation.
Il est à noter que si les normes définissent certaines exigences par rapport aux états-limites de
services (essentiellement en ce qui concerne ceux qui affectent la durabilité des ouvrages), il re-
viendra au maître de l’ouvrage de définir lui-même certains critères en fonction des performances
attendues (par exemple : flèches, vibrations, planéité, ...). Les normes sont en effet souvent trop gé-
nérales pour pouvoir fixer réglementairement de manière précise tous les critères liés à l’aptitude au
service (performances) des différents types de structures.
Les vérifications relatives aux états-limites de services des structures en béton seront détaillées
au chapitre 14.
On classe également les actions suivant leur variation dans le temps ou la fréquence de leur
occurrence en :
Actions permanentes (G) , les actions continues ou pratiquement continues dont l’intensité est
constante ou très peu variable dans le temps (le poids propre et les surcharges fixes).
Actions variables (Q) , les actions dont l’intensité et la forme peut varier de manière importante
dans le temps (les surcharges mobiles).
Actions accidentelles (A) , les actions qui ont une très faible probabilité d’occurrence (période de
retour très longue, par exemple : le séisme).
Les valeurs à considérer pour les actions sont définies dans l’Eurocode 1, en ce qui concerne les
codes européens et la série de normes belges NBN B-03.
Dans les cas courants, différentes actions variables peuvent se produire simultanément. Mais la
probabilité qu’elles apparaissent ensemble avec leur valeur maximale est faible. Ce fait est pris en
compte, lorsque l’on combine différentes actions variables en leur affectant un coefficient multipli-
cateur ψ inférieur à l’unité (coefficient d’accompagnement). On distingue ainsi, en fonction de la
fréquence de leur occurrence les valeurs représentatives suivantes :
la résistance ; on suppose généralement que cette loi est gausienne (loi de distribution normale), et
la résistance caractéristique fk est alors définie par une relation de la forme :
fk = fm − ks (2.7)
L’expression 2.7 suppose que l’écart-type de la distribution de probabilité est parfaitement connu,
c’est-à-dire qu’il est déterminé à partir d’un très grand nombre d’essais. En pratique, lors de l’éva-
luation de la résistance caractéristique d’un béton, on ne disposera habituellement que d’un nombre
limité d’éprouvettes ; il en résulte une incertitude sur s, qui a pour effet d’augmenter la probabilité
de franchissement de la valeur fk pour un coefficient k donné.
Pour obtenir une valeur convenable de la valeur caractéristique, il faut donc faire varier le coef-
ficient k en lui donnant des valeurs croissantes, lorsque le nombre d’essais diminue.
On se référera à la norme NBN B 15-001 pour plus de détails concernant l’évaluation de la
résistance caractéristique d’un béton en fonction du nombre d’essais réalisés.
Conformément à l’équation 2.6, la vérification d’un état-limite ultime s’exprime par l’inéqua-
tion :
Sd ≤ Rd (2.8)
Dans cette expression Rd est la résistance de calcul de la structure. Lors des calculs de dimen-
sionnement, il s’agit, généralement, par simplification5 , de la résistance de sections dites ”critiques”,
qui sont déterminées à partir des valeurs de calculs des résistances des matériaux et des dimensions
de ces sections.
Les valeurs de calculs de la résistance de l’acier et du béton sont obtenues en appliquant des
coefficients partiels de sécurité γs et γc sur les résistances caractéristiques de l’acier fyk et du béton
fck :
fyk fck
fyd = et fcd = (2.9)
γs γc
Suivant la situation envisagée, ces coefficients prennent les valeurs :
Matériaux
type de combinaison
béton γc acier γs
combinaison fondamentale 1.5 1.15
combinaison accidentelle 1.3 1.00
Dans l’inéquation 2.8, Sd représente les efforts intérieurs (valeurs de calcul) dans la section con-
sidérée sous l’effet de la combinaison la plus défavorable des actions. Cette sollicitation de calcul
est obtenue en combinant les différentes valeurs caractéristiques multipliées par des coefficients de
pondération et d’accompagnement appropriés.
Combinaison fondamentale
n
X
γG .Gk + γp .Pk + γQ,1 .Qk,1 + (γQ,i .ψ0,i .Qk,i ) (2.10)
i>1
Combinaison accidentelle
Xn
γG .Gk + γp .Pk + Ad + ψ1,1 .Qk,1 + (ψ2,i .Qk,i ) (2.11)
i>1
tance des sections des éléments qui la compose. En pratique, pour évaluer la résistance d’une structure, on calcule générale-
ment la résistance de certaines sections qui sont jugées ”critiques”
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 36
La même norme définit également les valeurs des coefficients d’accompagnement ψ0,i , ψ1,i et
ψ2,i pour les charges variables courantes.
Action variable
ψ0,i ψ1,i ψ2,i
d’accompagnement i
charge d’exploitation
- logement 0.5 0.5 0.2
- bureau,commerce,spectacle,parking 0.7 0.7 0.4
- stockage,archives 0.9 0.9 0.9
- pont roulants :
sans freinage 0.7 0.7 0
avec freinage 0.3 0.3 0
- trafic (pont : voir norme NBN 03 101)
charge totale sans freinage
portée de 2 à 3 m 0.8 0.8 0
portée de 10 m 0.7 0.7 0
portée de 30 m 0.6 0.6 0
portée de 100 m 0.5 0.5 0
charge totale avec freinage 0.3 0.3 0
poussée des terres dues aux surcharges mobiles :
- en général 0.7 0.3 0
- ponts 0.5 0.7 0.3
action du vent 0.7 0.3 0
charge de neige 0.7 0 0
action de la température 0.7 0.3 0
Dans le cas le plus simple où il n’y a pas de précontrainte et où une seule charge variable est
prise en compte l’expression de la vérification de l’état-limite ultime fondamental d’une structure en
béton armé se résume à l’expression :
6 Le tableau 3 de la norme définit les valeurs de ces coefficients pour trois niveaux de sécurité différents (sécurité ré-
duite,normale et renforcée) ; les valeurs reprises ici sont celles qui correspondent à un niveau de sécurité normal
CHAPTER 2. ANALYSE STRUCTURALE ET DIMENSIONNEMENT 37
Sd ≤ Rd
fck fyk
S(1, 35.G + 1, 5.Q) ≤ R( , )
1, 5 1, 15
S d ≤ Cd (2.12)
Dans cette équation, Cd est une valeur limite de calcul d’un effet dans la structure que l’on désire
ne pas dépasser.
Dans l’expression 2.12, Sd représente la valeur de calcul de l’effet considéré d’une combinaison
d’action sur la structure, compte tenu de sa résistance et de sa géométrie.
On distingue trois groupes de combinaisons à l’état-limite de service en fonction de leur probabilité
d’occurrence :
• les combinaisons rares,
• les combinaisons fréquentes,
• les combinaisons quasi-permanentes.
Combinaison rare
n
X
Gk + Pk + Qk,1 + (ψ0,i .Qk,i ) (2.13)
i>1
Combinaison fréquente
n
X
Gk + Pk + ψ1,1 .Qk,1 + (ψ2,i .Qk,i ) (2.14)
i>1
Combinaison quasi-permanente
Xn
Gk + Pk + (ψ2,i .Qk,i ) (2.15)
i≥1
Chapter 3
3.1 Généralités
Le béton1 hydraulique est un mélange de liant, d’eau et de granulat, dosé de façon à obtenir
au moment de la mise en oeuvre une consistance convenable, et, après durcissement, les qualités
requises.
Ces qualités, en fonction desquelles est orientée l’étude préalable de la composition du béton,
sont les suivantes :
• la résistance mécanique, essentiellement résistance à la compression simple, et, pour certains
usages spéciaux, la résistance à la traction
• la résistance aux agents agressifs, eau de mer, eau séléniteuse, acides, etc ...
• la déformabilité, instantanée et surtout différée, que l’on souhaite généralement la plus faible
possible
• l’ouvrabilité au moment de la mise en oeuvre, qui peut être définie comme l’aptitude du béton
à remplir parfaitement le moule qui lui est offert, sans ségrégation.
• certaines qualités spéciales, telles que la masse spécifique, aussi élevée que possible (béton
lourd) ou aussi faible que possible (béton léger), une faible conductivité thermique, une bonne
résistance à l’abrasion, une bonne étanchéité, etc ...
38
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 39
Les résistances caractéristiques sur cylindres et sur cubes sont définies dans la table 3.1. Les
résistances caractéristiques sur cubes de 200 mm d’arête sont obtenues par la formule de conversion
suivante [4] :
Dans certain cas, on fait également référence à la résistance moyenne, fcm , liée à la résistance
caractéristique par la relation :
Classe C12/15 C16/20 C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60
fck,cyl 12 16 20 25 30 35 40 45 50
fck,cub150 15 20 25 30 37 45 50 55 60
fcm 20 24 28 33 38 43 48 53 58
Table 3.1: Résistances caractéristiques sur cylindre et sur cubes en fonction des classes de béton en
N/mm2
Figure 3.2: Résistance à la compression du béton soumis à des contraintes de longue durée suivant
le CEB-FIP Model Code 90 [5]
Pour tenir compte de cette diminution de résistance à la rupture du béton suite à la durée du
chargement par rapport à la résistance mesurée lors d’un essai d’écrasement on multiple la résistance
par un coefficient réducteur α. On obtient ainsi la résistance à la compression uniaxiale fcd1
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 41
fck
fcd1 = α (3.4)
γc
Classe C12/15 C16/20 C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60
fck 12 16 20 25 30 35 40 45 50
fcd = fck /1.5 8.0 10.7 13.3 16.7 20.0 23.3 26.7 30.0 33.3
fcd1 = 0, 85.fck /1.5 6.8 9.1 11.3 14.2 17.0 19.8 22.7 25.5 28.3
Table 3.2: Résistances de calcul pour une compression uniaxiale (ELU) en N/mm2
Classe C12/15 C16/20 C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60
fctm 1.6 1.9 2.2 2.6 2.9 3.2 3.5 3.8 4.1
fctk0.05 1.1 1.3 1.5 1.8 2.0 2.2 2.5 2.7 2.9
fctk0.95 2.0 2.5 2.9 3.3 3.8 4.2 4.6 4.9 5.3
La résistance à la traction uniaxiale peut également être déduite à partir d’essais de flexion ou de
fendage. Ceux-ci sont définis dans les normes NBN 15-214 et NBN 15-218. On peut alors utiliser les
relations suivantes pour en déduire la résistance à la traction uniaxiale fct,axiale = 0.85fct,f endage
et fct,axiale = 0.50fct,f lexion .
La résistance à la traction du béton présente une dispersion plus importante que sa résistance à la
compression et peut être réduite substantiellement par des effets extérieurs. Il faut donc utiliser ces
valeurs avec précautions. En pratique la résistance à la traction du béton n’est pas prise en compte
lors du calcul de la résistance des sections. On considère toujours à l’état ultime que les parties
de section soumises à la traction sont entièrement fissurées. Ces valeurs servent essentiellement à
évaluer le comportement en service des structures (Calcul d’ouverture de fissures etc...).
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 42
σc
fcm
0.4fcm
Ecm
²c
Classe C12/15 C16/20 C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60
fcm 18 24 28 33 38 43 48 53 58
Ecm 26 27.5 29 30.5 32 33.5 35 36 37
La valeur du module d’élasticité ne dépend pas uniquement de la classe du béton mais aussi
de la nature des granulats. Les valeurs obtenues par la formule 3.9 sont valables pour des bétons
confectionnés avec des granulats composés essentiellement de graviers en quartzite ; pour des bétons
à base de concassés de porphyre, il y a lieu de multiplier ces valeurs par 1, 1 et pour des concassés
calcaires par 0, 9 .
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 43
où
• Eci est le module d’élasticité tangent,
• Ec0 = 2150N/mm2 ,
• fcm est la résistance moyenne en N/mm2 ,
• fcm0 = 10N/mm2 ,
• αE est un coefficient dépendant du type de granulat défini au tableau 3.5
Type de granulat αE
Basalte 1.2
Quartzite 1.0
Calcaire 0.9
Grès 0.7
νc = 0, 20 (3.11)
Notons que les notions de coefficient de poisson et de module de glissement n’ont de sens que
dans le cas d’un béton non fissuré et soumis à des contraintes correspondant au domaine quasi-
linéaire de la relation contraintes-déformations 4 .
Eci
k =
Ec1
²c
η =
²c1
• fcm est la résistance moyenne sur cylindre de 150 mm de diamètre et de 300 mm de hauteur
exprimée en N/mm2
• Eci est le module d’élasticité tangent à l’origine (cfr. équation. 3.10
• σc est la contrainte de compression
• ²c est la déformation de compression
• ²c1 = 0, 0022
• Ec1 est le module d’élasticité sécant de l’origine à la contrainte de compression maximum
fcm
fcm
Ec1 =
0, 0022
Ce type de diagramme peut être utilisé comme loi de comportement du béton dans une ana-
lyse structurale non-linéaire. Pour les calculs de vérification des sections transversales on utilise un
diagramme idéalisé de forme “parabole-rectangle”.
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 45
Figure 3.5: Influence des dimensions de l’échantillon sur la forme du diagramme contrainte-
déformation
La NBN B 15-002 [4]autorise l’utilisation d’autres diagrammes simplifiés pour le calcul des
sections à la rupture, ceux-ci seront présentés au chapitre 5.
σc f ck
f cd1 = α .f cd = 0,85f cd
0 εc
0 0,001 0,002 0,003 0,0035
Figure 3.6: Diagramme parabole-rectangle pour la vérification des sections transversales
σct f ctm
0,9.fctm
E ci
0 ε ct
0 0,00015
τ courbe intrinsèque
B
A
Figure 3.9: Courbe intrinsèque A :traction pure, B :cisaillement pur, C :compression pure
Lorsque le cercle représentant l’état de contrainte plan est tangent à cette courbe intrinsèque , il
correspond à un état de rupture.
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 48
Figure 3.10: Surface de rupture caractéristique du béton soumis à des contraintes triaxiales
Dans le cas d’un béton soumis à un état de contrainte triaxial, le critère de rupture prend la forme
d’une surface telle que représentée à la figure 3.10. Des équations définissant de telles surfaces
peuvent être trouvées dans le Model Code 90 [5].
On rencontre des sollicitations triaxiales dans les structures massives, mais aussi dans tous les cas
où l’effet de frette est recherché (colonnes frettées, ancrage de câbles de précontrainte, pression lo-
cale, etc.) ; dans ce cas ce sont des armatures transversales convenablement disposées qui produisent
les contraintes transversales recherchées.
La figure 3.11 montre clairement le gain de résistance que l’on peut obtenir par rapport à une
compression uniaxiale.
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 49
où
• fcm est la résistance moyenne à la compression à 28 jours d’âge exprimée en N/mm2 (cf.
équation 3.2)
• t est l’âge du béton exprimé en jours.
5 la cure désigne l’opération de protection du béton pendant la phase de prise et de durcissement– par le maintien du
Figure 3.12: Evolution de la résistance à la compression à une température constante de 20°C pour
différents types de ciment
On trouvera en annexe une description de ces différents types de ciment et la signification des nota-
tions correspondantes.
où
6 un adjuvant est un produit chimique incorporé à faible dose (moins de 5% de la masse du ciment) dans le béton, afin de
Table 3.7: Valeurs de s en fonction du type de ciment selon NBN B 15-002 [4]
3.8 Retrait
3.8.1 Description du phénomène
Le retrait du béton est défini comme le raccourcissement graduel du matériau (plus précisément
une diminution de volume) au cours de son durcissement (indépendamment de tout chargement).
A l’heure actuelle on peut dénombrer cinq différents types de retrait pour le béton. L’ingénieur
constructeur doit analyser, de cas en cas, les effets néfastes que ces retraits pourraient provoquer au
cours des diverses étapes de construction de la structure ou après l’achèvement de celle-ci.
Regardons un peu plus en détail ces différents types de retrait et analysons ensuite leurs effets
sur les structures en béton.
Le retrait plastique, appelé aussi retrait avant prise ou retrait capillaire. Ce retrait est du à l’éva-
poration de l’eau de la surface libre du béton frais après sa mise en place. Il risque de fissurer
cette surface, ce qui est défavorable pour la durabilité. Pour remédier à ce problème, il faut
assurer une bonne protection contre l’évaporation de l’eau, autant en appliquant des produits
de cure, qu’en couvrant le béton par une natte imperméable aussitôt après sa prise.
Le retrait chimique, appelé aussi retrait intrinsèque. Celui-ci a été montré par l’expérience de la
”bouteille”, réalisée par Le Chatelier : la réduction du volume absolu de la pâte de ciment
lorsque celui-ci s’hydrate (retrait) et l’augmentation du volume apparent de la pâte durcie
(gonflement : la bouteille saute après quelques semaines). Cela peut s’expliquer par la forma-
tion de vides appelés pores de gel. Ce retrait a peu d’intérêt pour l’ingénieur constructeur.
Le retrait thermique. Son mécanisme peut être expliqué comme ceci : au début de la prise, les ré-
actions chimiques d’hydratation qui sont exothermiques dégagent de la chaleur, la température
s’élève et le béton se dilate. A la fin de la prise, les réactions sont très ralenties et la tempé-
rature baisse progressivement pour atteindre la température ambiante grâce à la dissipation de
chaleur à travers les coffrages qui n’offrent en général pas des conditions adiabatiques. C’est
la contraction qui accompagne ce refroidissement qui caractérise le retrait thermique.
Celui-ci se manifeste de manière plus brutale encore après le décoffrage jusqu’à ce que la
chaleur d’hydratation ait pu se dissiper totalement. Le gradient thermique créé entre le coeur
du béton et sa surface peut alors provoquer la mise en traction et la fissuration de celle-ci.
Il est possible de réduire les effets du retrait thermique notamment en utilisant des ciments
lents et à faible chaleur d’hydratation (diminution de la quantité de chaleur produite lors de la
prise)
Le retrait hydrique est fonction des pertes d’eau de la pâte de ciment. Ce retrait peut-être divisé
en deux :
Le retrait endogène, appelé aussi retrait d’auto-dessiccation ou retrait d’hydratation ; ce re-
trait augmente lorsque le rapport eau/ciment diminue et se produit en l’absence totale de
tout échange d’humidité avec l’ extérieur ; il s’ explique par une consommation interne
de l ’eau (autodessiccation) lors de l’hydratation du ciment ;
le retrait de dessiccation , appelé aussi retrait de séchage ; il se produit par diffusion de l’eau
vers les faces exposées au séchage en présence d’un gradient hydrique entre le béton
et l’air ambiant ; ce phénomène de séchage se produit très lentement et dure plusieurs
années avant que le béton soit totalement sec. Son développement dans le temps est
fonction de l’épaisseur des pièces et de l’humidité relative ambiante.
Le retrait endogène n’est normalement pas très important en pratique, il n’est habituelle-
ment pas nécesaire de le distinguer du retrait dû au sèchage, ce dernier inclut normalement
la contraction due à la contraction volumétrique endogène.
Le retrait de carbonatation. Il se produit lorsque l’ hydroxyde de calcium Ca(OH)2 réagit avec
le gaz carbonique C02 pour former le carbonate de calcium CaC03 . C’est un retrait qui com-
mence à la surface du béton et qui se dirige vers le coeur du béton au fur et à mesure de l’
avancement de la carbonatation.
fissuration précoce. Ensuite il devrait estimer le bilan à long terme de tous les retraits pour savoir
de combien la structure va se raccourcir dans le temps. Enfin, il devrait déterminer le moment à
partir duquel il faut prendre en considération le retrait à long terme dans ses calculs et négliger
éventuellement la part qui s’est produite avant.
Quand on évalue les contraintes liées au retrait, l’effet du fluage doit toujours être pris en compte,
car les contraintes de retrait ne se développent que graduellement avec le temps, elles sont réduites
de manière significative par les phénomènes liés au fluage.
La solution au problème du retrait au jeune âge peut être apportée grâce à des approches numé-
riques matérialisées par des logiciels aux éléments finis performants, qui constituent également une
aide à la conception et à l’ exécution de l’ouvrage.
La solution au problème du retrait à long terme peut être apportée en estimant le retrait sous cer-
taines conditions climatiques le plus tôt possible. Si la structure est capable de se déformer librement
sans entrave et si l’ effet des armatures est négligeable, le retrait ne peut provoquer ni contraintes,
ni augmentations de courbures. En revanche, si la structure ne peut se déformer librement à partir
d’ un âge donné, les déformations de retrait vont engendrer des contraintes de traction et les fissures
apparaîtront dès que l’on atteindra la résistance à la traction du béton.
De même, si les armatures supérieures et inférieures sont fortement dissymétriques dans les
sections, le retrait, même considéré comme uniforme sur l’épaisseur, peut créer des courbures qui
augmenteront les déformations.
Regardons le retrait de dessiccation (de séchage) d’un élément de structure exposé à l’air am-
biant. Ce retrait est plus grand en surface et diminue vers l’intérieur de l’élément. La figure 3.14
montre les déformations dues au retrait à travers l’épaisseur d’une dalle en béton qui sèche par ses
faces inférieure et supérieure. La dalle est supposée non chargée et libre de se déformer.
obtenue par la somme des composantes élastique, de fluage et du retrait est linéaire et satisfait ainsi
la condition de compatibilité. Cette distribution apparaît à la figure 3.14(c).
Si les conditions de séchage sont identiques aux surfaces inférieure et supérieure, la déformation
totale due au retrait est uniforme à travers l’épaisseur de la dalle et égale à la déformation moyenne
²cs . C’est cette grandeur qui est normalement utilisée dans l’analyse du retrait à long terme des
structures en béton. Si les conditions de séchage sont différentes entre les surfaces inférieure et
supérieure, la distribution des déformations totales (fig. 3.14(c)) n’est plus uniforme et il en résulte
une courbure de l’ élément.
Dans les structures en béton, il est très rare de trouver des éléments libres de se déformer sans
aucune entrave. L’ armature passive constitue déjà une entrave et empêche le béton de se rétrécir
librement. De plus, comme il a déjà été dit, si cette armature n’est pas symétrique, elle induit des
courbures se développant dans le temps. D’autre part, les liaisons d’un élément de structure à ses
voisins, par exemple les fondations, constituent également des entraves importantes. Ces deux types
d’entraves donnent naissance à des contraintes, à des déformations et à des efforts intérieurs. Le re-
trait induit également des variations dans les réactions d’appuis des structures hyperstatiques et cela
pourrait conduire à une redistribution significative des moments et des efforts tranchants engendrant
des tractions qui peuvent mener à la fissuration.
Ainsi, le retrait est l’une des principales causes de la fissuration des structures en béton. Les
fissures qui résultent des tractions engendrées par un retrait empêché sont très souvent traversantes
à travers l’élément. Il est difficile - pour ne pas dire impossible - de prévoir où de telles fissures
apparaîtront dans une structure. La limitation de l’ ouverture des fissures à des valeurs acceptables
impose la mise en oeuvre d’une armature minimale souvent importante.
Enfin, en plus de tous les problèmes d’aptitude au service et de durabilité qui sont créés par
la fissuration due au retrait, des fissures traversantes dans des zones de moments faibles peuvent
engendrer une réduction de la résistance à l’effort tranchant.
En guise de conclusion, on peut dire que le retrait thermique a une importance considérable sur
la conception et l’exécution d’ un ouvrage en béton. Ce retrait, avec celui endogène caractérisé par
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 56
Figure 3.15: Développement du retrait endogène et du retrait hydraulique pour un béton normal
(NSC) et un béton à hautes performances (HPC) [8]
une évolution (cinétique) très rapide, peuvent être maîtrisés par des mesures constructives comme
par exemple des compositions adéquates du béton utilisé, des types de coffrage adéquats ou encore
des brèches (bétonnage par plots) provisoires, très efficaces dans ce cas.
En revanche, le retrait de dessiccation se développe très lentement dans le temps et des brèches
provisoires seront inefficaces pour contrecarrer ses effets nuisibles.
Il faut noter que le retrait de dessiccation est le seul à figurer dans les différentes normes.
où
• fcm est la résistance moyenne à la compression exprimée en N/mm2 (cf. équation 3.2)
• RH est l’humidité relative du milieu ambiant exprimée en pourcent. Pour une atmosphère
sèche (intérieur) on pose généralement RH = 50%, et RH = 80%, pour l’extérieur .
• βsc est un coefficient fonction du type de ciment. Les valeurs de la table 3.8 peuvent être
utilisées.
Table 3.8: Valeurs de βsc en fonction du type de ciment selon NBN B 15-002 [4]
La fonction qui décrit le développent du retrait dans le temps s’exprime par la formule suivante :
s
(t − ts )
βs (t − ts ) = (3.28)
0, 035h20 + (t − ts )
où
7 Un modèle plus détaillé, différenciant la partie de retrait endogène du retrait de séchage peut être trouvé dans le document
[8]
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 59
Le tableau 3.9 extrait de la norme NBN B 15-002 donne des valeurs du retrait final pour des
bétons normaux à utiliser quand une grande précision n’est pas recherchée.
Table 3.9: Valeurs du retrait final ²cs (∞) [‰] des bétons de granulats normaux selon la NBN B 15-
002 [4]
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 60
3.9 Fluage
Le fluage du béton est défini comme étant l’augmentation graduelle dans le temps de sa défor-
mation relative sous une contrainte appliquée. Lorsque cette contrainte est maintenue constante dans
le temps, on parle de fluage intrinsèque.
Résistance ultime
En général, le fluage n’affecte pas la résistance ultime d’un élément de structure en béton. Les dé-
formations dues au fluage sont relativement faibles par rapport à celles qui correspondent à la charge
ultime. A noter l’exception du fluage dans les colonnes élancées qui peut entrainer son instabilité.
En effet, le fluage augmente la déformée latérale créée par les excentricités initiales ; il en résulte
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 61
une augmentation des moments du second ordre qui peuvent engendrer l’instabilité de la pièce (cf.
chapitre 13).
²cc (t, t0 )
φ(t, t0 ) = (3.29)
²ci (t0 )
où
• φ(t, t0 ) est le coefficient de fluage,
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 62
• ²cc (t, t0 ) est la déformation de fluage au temps t d’un béton chargé au temps t0 ,
• ²ci (t0 ) est la déformation instantanée.
la déformation de fluage peut être exprimée par la relation
σc (t0 )
²cc (t, t0 ) = φ(t, t0 ). (3.30)
Eci (t0 )
où
• σc (t0 ) est la contrainte appliquée à l’instant t0 ,
• Eci est le module d’élasticité tangent du béton à 28 jours selon l’équation 3.10.
La déformation totale dépendante de la contrainte est donc
1 φ(t, t0 )
²cσ (t, t0 ) = σc (t0 )( + ) (3.31)
Ec (t0 ) Eci
= σc (t0 ).J(t, t0 ) (3.32)
où
• ²cσ (t, t0 ) est la déformation totale du béton au temps t du fait de l’application d’une contrainte
σc (t0 ) au temps t0
²cσ (t, t0 ) = ²ci (t0 ) + ²cc (t, t0 )
• J(t, t0 ) est la fonction de fluage (ou compliance),
• Ec (t0 ) est le module d’élasticité du béton à l’âge correspondant au moment du chargement t0 .
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 63
La courbe du fluage produite par une histoire de contraintes croissantes (fig.3.21(c)) est admise
égale à la somme des courbes de fluage produites par chaque incrément de contrainte appliquée
indépendamment (fig.3.21(a) et (b)).
Cependant, lorsqu’il y a une histoire de contraintes décroissantes (fig.3.21(d)), le principe de
superposition surestime la part réversible du fluage (élasticité différée). Malgré cela, ce principe
CHAPTER 3. PROPRIÉTÉS DES BÉTONS 64
donne une bonne approximation des déformations dues au fluage provoquées par une histoire de
contraintes variables.
où
• φ0 est le coefficient de fluage fictif donné par l’équation 3.35,
• βc (t, t0 ) est le coefficient définissant le développement du fluage dans le temps, après mise en
charge,
• t est l’âge , en jours, du béton à l’instant considéré,
• t0 est l’âge, en jours, du béton, lors de la mise en charge.
Le coefficient de fluage fictif peut se déduire de l’équation suivante :
avec
1 − RH/100
φRH = 1+ √ (3.36)
0, 1. 3 h0
16, 8
β(fcm ) = √ (3.37)
fcm
1
β(t0 ) = (3.38)
0, 1 + t0,2
0
où
• t0,T est l’âge du béton lors de la mise en charge, en jours, corrigé en fonction de la température,
ajusté suivant l’équation 3.42,
• α est un exposant fonction du type de ciment définit dans le tableau suivant.
Type de ciment exposant α
ciment à prise lente, (S) -1
ciment à prise normale ou rapide, (N,R) 0
ciment à prise rapide et haute résistance, (RS) 1
• t est l’âge , en jours, du béton à l’instant considéré,
• t0 est l’âge, en jours, du béton lors de la mise en charge.
L’effet des températures dans un interval de 0 à 80°C, sur la maturité du béton peut être pris en
compte en ajustant l’âge du béton suivant l’équation :
n
X 4000
tT = ∆ti . exp(13.65 − ) (3.42)
i=1
273 + T (∆ti )
avec
• tT l’âge du béton corrigé en fonction de la température, qui se substitue à t dans les équations
correspondantes ;
• T (∆ti ) la température, en °C , pendant la période ∆ti ,
• ∆ti nombre de jours pendant lesquels la température T prédomine.
La figure 3.22 illustre la forme générale que prend l’évolution du fluage dans le temps.
La norme NBN B 15-002 [4]donne un tableau de valeurs pour les coefficients de fluage à long
terme φ(∞, t0 ) des bétons de granulat normaux, applicable lorsqu’une grande précision n’est pas
recherchée.
Table 3.10: Valeurs finales du coefficient de fluage φ(∞, t0 ) des bétons de granulats normaux selon
NBN B 15-002 [4].
Chapter 4
68
CHAPTER 4. PROPRIÉTÉS DES ACIERS 69
ration, la barre en acier doux est mise en traction pour atteindre une contrainte située dans sa zone
d’écrouissage ; il en résulte donc une diminution de section. Lorsque l’on décharge la barre, les dé-
formations plastiques sont conservées. Lors d’un nouveau chargement, le domaine élastique sera
étendu jusqu’au niveau du premier chargement (la limite d’élasticité augmente). Si la contrainte est
calculée sur la section réduite de la barre, la limite d’élasticité et la résistance à la traction augmentent
en conséquence.
L’opération d’écrouissage par torsion consiste à faire subir à une barre une déformation de rota-
tion. L’augmentation de résistance obtenue n’est pas uniforme sur toute la section de la barre, mais
augmente de l’extérieur vers le centre. La figure 4.2 illustre ce phénomène.
Le tréfilage à froid est une opération par laquelle on réduit le diamètre par un certain nombre de
passes au travers de filières de diamètre de plus en plus réduit.
– l’écrouissage
– la rupture
Dans la zone élastique le relation σ − ² est linéaire, la loi de Hooke est applicable :
σ = Es ² (4.1)
²ν = −νs ² (4.2)
contrainte maximum atteinte lors de cette phase. La déformation totale correspondante est appelée
déformation ultime de l’acier ²u .
Une fois la résistance à la traction de l’acier dépassée, l’allongement se poursuit et l’effort de
traction diminue et la rupture se produit.
Lorsque l’on désigne les valeurs caractéristiques de ces propriétés on les note respectivement
ftk ,fyk et ²uk .
Les deux normes belges principales qui fixent les caractéristiques mécaniques des aciers pour
béton armé sont les normes A 24-202 et A 24-203 (on trouvera en annexe des extraits de ces deux
normes). Ces normes utilisent les notations suivantes :
• Rm pour la résistance à la traction ft ,
• Re pour la limite d’élasticité fy ,
• At pour l’allongement sous la charge maximale ²u
4.2.4 Ductilité
La ductilité est une caractéristique primordiale en béton armé. On peut définir la ductilité comme
l’aptitude qu’un élément à subir des déformations plastiques importantes sans atteindre la ruine
prématurément par excès de déformations. Elle se mesure donc, dans un diagramme contraintes-
déformations , par la “longueur” du palier plastique qui précède la rupture.
Dans le cas d’éléments structurels en béton armé soumis essentiellement à des efforts de flexion
cette aptitude sera mesurée par la capacité de rotation plastique des sections critiques. Ces notions
seront développées en détail dans les chapitres suivants.
La capacité de déformation plastique des éléments en béton armé est indispensable pour (entre
autres) :
• que des grandes déformations avertissent de l’approche de la rupture d’un élément (pas de
rupture brutale).
• pouvoir utiliser des méthodes d’analyse élastiques linéaires. En effet pour que ce type d’ap-
proche soit valable une certaine ductilité est nécessaire dans les zones plastifiées car la dis-
tribution réelle des efforts internes s’écarte de celle supposée par un comportement élastique
linéaire du fait de la fissuration du béton et de la modification des raideurs qui s’en suit tout le
long des éléments .
CHAPTER 4. PROPRIÉTÉS DES ACIERS 75
• pouvoir recourir à des méthodes d’analyse plastiques ( treillis formés de bielles et tirants, par
exemple). Ces méthode basées sur les théorèmes de la plasticité supposent un comportement
plastique parfait de l’élément ( palier plastique de longueur infini).
• l’utilisation de méthodes d’analyses simplifiées telle que les redistributions forfaitaires de mo-
ment dans les poutres continues (cf. chapitre??) qui supposent également une ductilité suffi-
sante.
• la résistance de la structure à des déformations imposées (par exemple, dues à la température, à
des tassements d’appuis, au retrait, etc.) qui demande des adaptations plastiques de la structure
pour éviter l’apparition de contraintes inacceptables.
• permettre à la structure de supporter sans s’effondrer des charges locales dynamiques (chocs)
et des sollicitations accidentelles non prévues (robustesse ).
• rendre possible des redistributions importantes d’efforts en cas d’incendie.
• garantir une dissipation d’énergie suffisante en cas de séisme.
La ductilité des armatures est une des conditions nécessaires pour obtenir des éléments en béton
armé ayant des capacités de déformations plastiques suffisantes. (Nous verrons dans les chapitres
suivants que cette condition n’est pas la seule.)
Outres ces aspects de comportement structural, les barres d’armatures doivent posséder des qua-
lités de ductilité pour permettre leur façonnage (pliage).
La norme NBN B 15-002 [4]ne définit que deux classes correspondantes aux classes B et A
précédentes :
Ductilité normale pour laquelle
µ ¶
ft
≥ 1, 05 et ²uk ≥ 2, 5%
fy k
les barres et tous les fils produits en Belgique actuellement de qualité 400 et 500 sont des
aciers crénelés. La forme et la surface relative des nervures de ce type d’armatures sont fixées
par les normes.
CHAPTER 4. PROPRIÉTÉS DES ACIERS 77
4.3.4 Soudabilité
La soudablilité est l’aptitude des aciers à être assemblés par soudure sans qu’ils perdent leurs
performances mécaniques et en liaison avec leur composition chimique. Les normes fixent en gé-
néral, des limites de pourcentage de carbone, ou d’un pourcentage d’une combinaison de différents
constituants appelé carbone équivalent, pour juger de la soudabilité des armatures.
Actuellement, toutes les armatures produites en Belgique sont soudables.
CHAPTER 4. PROPRIÉTÉS DES ACIERS 78
Le tableau 4.1 reprend les diamètres commerciaux et les sections nominales correspondantes des
barres d’armatures utilisées couramment.
Les caractéristiques de résistances des aciers pour béton armé s’accroissent à très basses tempé-
ratures, mais cet accroissement est accompagné d’une baisse sensible de la ductilité (diminution des
capacités de déformation).
Le principal danger résultant de l’utilisation des aciers aux très basses températures réside dans
leur fragilisation dont la manifestation la plus spectaculaire est la chute de résilience (résistance aux
chocs).
Remarques :
1. Les aciers BE400S ne sont plus produits actuellement, ils ont été remplacés par les aciers
BE500S.
CHAPTER 4. PROPRIÉTÉS DES ACIERS 79
2. Les aciers de la nuance DE500AS n’ont pas de caractéristiques de ductilité garantie ; ces aciers
ne devraient donc pas être utilisés comme armatures pour le béton armé.
Section des barres en cm2
8 2.5 0.50 1.01 1.51 2.01 2.51 3.02 3.52 4.02 4.52 5.03 5.53 6.03 6.53 7.04 0.395 8
10 3.1 0.79 1.57 2.36 3.14 3.93 4.71 5.50 6.28 7.07 7.85 8.64 9.42 10.21 11.00 0.617 10
12 3.8 1.13 2.26 3.39 4.52 5.65 6.79 7.92 9.05 10.18 11.31 12.44 13.57 14.70 15.83 0.888 12
14 4.4 1.54 3.08 4.62 6.16 7.70 9.24 10.78 12.32 13.85 15.39 16.93 18.47 20.01 21.55 1.210 14
16 5. 2.01 4.02 6.03 8.04 10.05 12.06 14.07 16.08 18.10 20.11 22.12 24.13 26.14 28.15 1.580 16
20 6.3 3.14 6.28 9.42 12.57 15.71 18.85 21.99 25.13 28.27 31.42 34.56 37.70 40.84 43.98 2.470 20
25 7.9 4.91 9.82 14.73 19.63 24.54 29.45 34.36 39.27 44.18 49.09 54.00 58.90 63.81 68.72 3.850 25
28 8.8 6.16 12.32 18.47 24.63 30.79 36.95 43.10 49.26 55.42 61.58 67.73 73.89 80.05 86.21 4.830 28
32 10.1 8.04 16.08 24.13 32.17 40.21 48.25 56.30 64.34 72.38 80.42 88.47 96.51 104.55 112.59 6.310 32
40 12.6 12.57 25.13 37.7 50.27 62.83 75.40 87.96 100.53 113.1 125.66 138.23 150.8 163.36 175.93 9.860 40
81
Chapter 5
avec
• σ (+) ≡ contraintes de compression dans la béton ;
82
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 83
Figure 5.1: Déformations spécifiques et axes neutres pour différents modes de sollicitation.
σc
Fcc
e=M/N
M
z
N
a
σs
Fst
Effort excetré Efforts intérieurs Forces intérieures Contraintes
(N,e) (M,N) (Fcc,Fst) (σ)
En comparant la somme des forces horizontales et la somme des moments par rapport à l’armature
tendue, la condition d’équilibre permet d’établir les relations suivantes
X
H = 0 ⇒ N = Fcc − | Fst | (5.5)
X
M = 0 ⇒ M + N.a = Fcc .z (5.6)
∆z ∆z + dz
=
r r+y
∆z + dz r+y
=
∆z r
dz y
1+ = 1+
∆z r
1
²(y) = .y (5.9)
r
avec
• r est le rayon de courbure.
• ²(y) est la déformation de la fibre au niveau y.
On obtient ainsi, pour une section en béton armé en flexion simple, après fissuration (fig. 5.5)
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 86
x
²c =
r
d−x
²s =
r
²c x
= (5.10)
²s d−x
Une incohérence apparaît dans les notations : la position de l’axe neutre n − n est très souvent
l’inconnue principale du calcul des sections ; il est donc usuel de définir cette grandeur par x, bien
qu’en réalité la direction verticale soit indiquée par l’axe y.
Dans le cas de la flexion composée, l’axe neutre peut se trouver à l’extérieur de la section (fig. 5.6)
y
²(y) = ²G + (5.11)
r
avec
• ²G la déformation au centre de gravité de la section,
y
• la contribution de la flexion à la déformation.
r
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 87
y x
² = ²N + + (5.12)
rx ry
ou
η
² = ²N + (5.13)
rξ
avec
• rx ,ry les rayons de courbures par rapport aux axes x et y.
Quand l’axe neutre n − n n’est pas connu, le problème devient compliqué pour les sections
fissurées et il faut procéder par itération pour déterminer sa position.
En vertu de la condition de compatibilité, l’axe neutre n − n est toujours une droite, définie par
l’intersection des plans de la section dans les états initial et déformé. Il faut noter que dans le cas
d’une section fissurée l’axe neutre ne sera pas nécessairement parallèle à l’axe de flexion principal.
Béton
Les caractéristiques du béton sont introduites avec un diagramme simplifié parabole-rectangle
(fig. 5.9), qui n’est valable qu’en compression, la traction dans le béton étant négligée.
Pour les calculs à la rupture, ce diagramme qui tient compte, d’une manière approchée, de la
plastification du béton comprimé est utilisé directement. La parabole du diagramme de calcul est
définie par la relation (cf. chapitre 3) :
½
σc 1000.²c .(1 − 250.²c ) si 0 ≤ ²c ≤ 0, 002
= (5.14)
0, 85.fcd 1 si 0, 002 ≤ ²c ≤ 0, 0035
En vue de simplifier d’avantage le calcul , la norme NBN B 15-002 [4]permet d’introduire une
répartition purement rectangulaire sur une hauteur réduite de la zone comprimée (fig. 5.10) ; en effet
pour la plupart des calculs pratiques, une telle distribution donne des résultats équivalents sauf dans
le cas de flexion composée avec un effort N de compression faiblement excentré1 .
La norme introduit également la possibilité d’utiliser un diagramme bilinéaire tel que représenté
à la figure 5.11
1 La norme NBN B 15-002 [4]impose également de réduire la valeur du coefficient α de 0, 85 à 0, 80 lorsqu’on utilise
cette simplification pour une section telle que la zone comprimée diminue en largeur du coté de la fibre la plus comprimée
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 89
σc f ck
f cd1 = α .f cd = 0,85f cd
0 εc
0 0,001 0,002 0,003 0,0035
Figure 5.9: Diagramme de calcul pour le béton.
Notons que les simplifications précitées ne concernent que le calcul pratique à la rupture ; si l’on
s’intéresse au comportement effectif, il faut utiliser les lois contraintes-déformations réelles telles
que définies au chapitre 3, éventuellement élargies par la contribution du béton tendu dans le calcul
des déformations.
σc = Ec .²c (5.15)
Cette relation n’est applicable que dans la zone quasi-élastique de la relation contraintes-déformations
du béton, c’est-à-dire pour σc < 0, 4fc . Pour le module d’élasticité Ec du béton, on prend générale-
ment la valeur de Ecm tel que définie au paragraphe 3.4.
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 90
σc f ck
f cd1 = α .f cd = 0,85f cd
0 εc
0 0,00135 0,0035
Figure 5.11: Diagramme de calcul simplifié bilinéaire pour le béton.
Ec = Ecm (1 + φ)
m = 15
où
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 91
Lorsque la poutre comporte des armatures supérieures et inférieures, on sépare généralement les
forces dans les armatures en deux termes :
• Fst la force dans les armatures en traction et
• Fsc la force dans les armatures en compression.
Les points d’application de ces forces sont confondus avec la centre géométrique des armatures.
1
Fcc = .b.x.σc (5.21)
2
x
c = (5.22)
3
avec
σc = Ec .²c
Le point d’application de cette force se trouve donc au tiers de la distance de la fibre supérieure
à l’axe neutre. Le bras de levier z, distance entre le point d’application des forces de traction dans
les armatures et la force de compression dans le béton vaut donc
x
z =d− (5.23)
3
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 92
Calcul à la rupture
Dans le calcul à la rupture, le résultat est moins immédiat car le diagramme des contraintes à la
forme parabole-rectangle de la loi définie à la figure 5.9.
Pour tenir compte des résultats des intégrations des équations 5.19, on introduit deux paramètres
(cf. figure 5.13) valables pour des sections rectangulaires.
– χ1 : coefficient de remplissage, définit par la relation
Fcc = b.χ1 .x.fcd1 = b.χ1 .x.0.85.fcd (5.24)
– χ2 : coefficient de position, définit par la relation
z = d − c = d − χ2 .x (5.25)
En désignant la déformation ²c,max par ², on obtient après intégration (cf. fig. 5.14)
3² − 2 ²(3² − 4) + 2
χ1 = et χ2 = pour ² ≥ 2/1000 (5.26)
3² 2²(3² − 2)
²(6 − ²) 8−²
χ1 = et χ2 = pour ² ≤ 2/1000 (5.27)
12 4(6 − ²)
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 93
où ² est expimé en ‰.
Les valeurs de ces paramètres sont représentés à la figure 5.15
l/2 P
Poutre Fléchie
P/2 l
P/2
a (flèche)
Figure 5.17: Comportement d’une poutre en béton armé soumise à flexion simple
Poutre Fléchie
P/2 P/2
l
M u U
4
Y Plastification
P My
σc εc rupture
3 Fissuration stabilisée
R’
2 Formation de fissure
R
σc’ ε c’
Mr
fissuration
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION
M u U
4
Y Plastification
P My
σc εc rupture
3 Fissuration stabilisée
R’
2 Formation de fissure
R
σc’ ε c’
Mr
2 PHASE DE FORMATION DE FISSURES fissuration 1 Phase élastique
a (flèche)
Figure 5.18: Comportement d’une poutre en béton armé soumise à flexion simple (1) et (2)
a ay au
r
96
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 97
La fissuration fait chuter considérablement la rigidité flexionelle, la flèche s’accroît donc plus
rapidement que lors de la phase précédente (cf. figure 5.18(2)).
La distribution des contraintes dans une section fissurée est modifiée : elle se compose d’une
zone comprimée au-dessus de l’axe neutre et d’un petit triangle de traction entre l’axe neutre et la
naissance de la fissure. L’axe neutre monte progressivement avec l’intensité du moment de flexion.
La contrainte dans les armatures situées au droit des fissures augmente rapidement.
4 : Phase de plastification
Lorsque l’armature a atteint sa limite élastique, le moment fléchissant maximum (My ) est proche
de la capacité de résistance à la flexion de la poutre.
Il se forme alors, dans une zone proche du moment maximum, une rotule plastique. La rotation
de la section située à cet endroit se fait quasiment sans augmentation de contrainte dans les armatures
(palier plastique). La rigidité flexionnelle d’une telle section est donc très faible, ce qui se traduit par
aplatissement très important de la courbe moment-flêche (M -a).
Le comportement de la poutre dépend alors de la capacité de rotation plastique de la section,
celle-ci est fonction de la quantité d’armatures tendues (cf. figure 5.19(4)).
– Si la section est faiblement armée, la zone comprimée de béton est peu sollicitée, au mo-
ment où l’on atteint la limite élastique des armatures, le béton possède encore une reserve de
déformation importante. Dans ce cas, un allongement important de l’armature plastifiée est
possible (grande rotation) sans que le béton périsse prématurément par excès de compression.
Le “palier” plastique sera très long : on est en présence d’un comportement très ductile.
au
>> 1
ay
Notons que dans ce cas de figure, le moment n’augmente plus beaucoup entre le moment de
plastification et le moment de rupture (Mu ≈ My ) puisque la hauteur du bras de levier (déjà
grande lorsque l’on a atteint la limite élastique des armatures) ne varie plus beaucoup jusqu’à
la rupture.
– Si la section est fortement armée (ou si elle est soumise à un effort normal de compression
extérieur important), la zone de béton plastifiée est déja fort importante (x/d ≈ 0, 6) au mo-
ment où l’on atteint la limite élastique des armatures. L’allongement plastique de l’armature
M (moment de flexion) plastification
M u U
4
Y Plastification
P My
σc εc rupture
3 Fissuration stabilisée
R’
2 Formation de fissure
R
σc’ ε c’
Mr
3 PHASE DE FISSURATION STABILISEE fissuration 1 Phase élastique
a (flèche)
a ay au
r
σc
M (moment de flexion) plastification
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION
M u U
4
Y Plastification
P My
σc εc rupture
3 Fissuration stabilisée
R’
2 Formation de fissure
R
σc’ ε c’
Mr
4 PHASE DE PLASTIFICATION fissuration 1 Phase élastique
a (flèche)
a ay au
r
Figure 5.19: Comportement d’une poutre en béton armé soumise à flexion simple (3) et (4)
98
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 99
qui pourra se développer sera donc plus faible car la rupture par écrasement du béton se pro-
duira plus rapidement. La capacité de rotation de la section à la rupture est donc plus faible
que dans le cas d’une section faiblement armée. Le “palier” plastique est réduit : on est en
présence d’un comportement peu ductile.
au
≈1
ay
Pour ce type de section, on constatera une augmentation plus importante du moment de flexion
entre le début de la plastification et la rupture du fait de l’augmentation du bras de levier
(celui-ci est relativement faible au moment où l’on a atteint la limite élastique des armatures
et s’accroît à l’approche de la rupture).
Seules les poutres que l’on a qualifié de “bien dimensionnées”, auront un comportement corres-
pondant au mécanisme que l’on vient d’exposer. Nous allons maintenant examiner deux cas types
de poutre “mal dimensionnées”.
– les poutres dont les sections sont trop faiblement armées.
– les poutres dont les sections sont trop fortement armées.
M (moment de flexion)
fissuration
Mr
0 a (flèche)
0 ar
Figure 5.20: Comportement d’une poutre en béton armé trop faiblement armée
Ce type de comportement fragile doit être absolument évité. La condition My > Mr devra
toujours être vérifiée. Cette condition de non-fragilité est à la base des règles qui fixent les quantités
minima d’armatures qui doivent être présentes dans un élément pour qu’il puisse être qualifié de
“béton armé”.
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 100
M (moment de flexion)
U
(M y )
Y Rupture prématurée
Mu
Fissuration stabilisée
3
R’
2 Formation de fissure
R
Mr
fissuration 1 Phase élastique
a (flèche)
a a u (a )
r y
Figure 5.21: Comportement d’une poutre en béton armé trop fortement armée
Cette situation est non seulement peu économique (l’armature n’est pas exploitée à sa résistance
maximum), mais elle doit être évitée du fait du comportement non ductile qu’elle produit.
Afin d’éviter cette situation, les normes imposent des règles fixant le pourcentage maximum
d’armature admissible dans les éléments en béton armé, ou, ce qui revient au même, des impositions
sur la hauteur maximum de la zone de béton comprimée à l’état limite ultime en flexion simple.
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 101
On peut résumer l’ensemble des états de déformation d’une section qui correspondent à l’état-
limite ultime dans le diagramme 5.22.
traction compression
B
2’ 3h/7
1
2
3 C
d h
4 5
7
A
6
6 - 7 : Toute la section est en compression. La section est soumise soit à compression simple ( 7 )
soit à un effort de compression faiblement excentré.
Ces différents modes de fonctionnement des section à l’état-limite ultime seront examinés en
détail dans les chapitres qui suivent.
de calcul, mais on peut se contenter de vérifier que ces sollicitations sont inférieures aux efforts in-
ternes maxima admissibles par la section. Le principe consiste ici à déterminer les efforts internes
résistants NRd , MRd correspondants aux états de déformations de la section à l’état-limite ultime
(cf. diagramme 5.22) afin de fixer les frontières d’un domaine à l’intérieur duquel on sait que la
section n’a pas atteint la rupture. La vérification de la section à l’état-limite ultime consiste alors à
vérifier les conditions suivantes :
5.10 Synthèse
Les conditions d’équilibre et de compatibilité, complétées par les lois contraintes-déformations,
permettent de résoudre n’importe quel problème de flexion (au sens défini au début du présent cha-
pitre) et de calculer la résistance d’une section soumise d’une part à la compression ou à la traction
centrée, et d’autre part à la flexion simple, composée ou oblique, que les sections soient homogènes
ou fissurées. En d’autres termes, ces trois séries de lois permettent d’établir les relations nécessaires
entre les déformations spécifiques, les contraintes, les forces intérieures et les efforts intérieurs ré-
sistants. Cela est valable aussi bien pour le calcul en phase élastique que pour le calcul à la rupture
(cf. figure 5.23).
La détermination des efforts intérieurs résistants, à partir d’un état de déformation imposé et
d’une section dont les dimensions sont données, est un cheminement relativement facile, car la rela-
tion qui lie les valeurs concernées est univoque.
Les abaques d’interaction et tables de dimensionnement sont établis suivant ce cheminement.
A l’inverse, la détermination des dimensions d’une section et des armatures à partir des efforts
intérieurs agissants est plus ardue. En effet, les déformations sont fonction de l’axe neutre et des
courbures.
Le calcul analytique pour des cas courants sera traité dans les chapitres suivants. Dans les cas plus
compliqués, il sera nécessaire de recourir à des méthodes numériques itératives. Des programmes
informatiques sont généralement nécessaires pour les résoudre.
CHAPTER 5. BASES GÉNÉRALES DE LA FLEXION 104
6.1 Avant-propos
Nous considérons ici le cas de sections d’éléments suffisamment trapus (peu élancé) pour que
leur stabilité (flambage) ne soit pas critique. Les problèmes liés au calcul des élément élancés pour
lesquels les effets du second ordre doivent être pris en compte feront l’objet du chapitre 13.
Nous étudierons le cas de sections en béton armé symétriques soumises à un effort normal centré,
soit la compression simple, soit la traction simple.
Fsc
Fsc
N G
Fcc
Fsc
Fsc
105
CHAPTER 6. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT NORMAL 106
²c = ²s = ² = constante (6.1)
σc = Ec .²c (6.2)
σs = Es .²s (6.3)
La condition d’équilibre :
N = Fcc + Fsc (6.6)
On peut déduire des équations précédentes la déformation constante ² de la section à partir de
l’effort de compression sollicitant N
N
²c = ²s = ² = (6.7)
Ac .Ec + As .Es
En définissant les paramètres ρ et m :
As
ρ = le pourcentage géométrique d’armature (6.8)
Ac
Es
m = le rapport des modules (cf. équation 5.16) (6.9)
Ec
On peut calculer les contraintes dans le béton et l’acier :
N
σc = (6.10)
Ac (1 + m.ρ)
σs = m.σc (6.11)
²c = ²s = ² = 0, 002 (6.12)
Lois contraintes-déformations :
σc = 0, 85.fcd (6.13)
σs = Es .0, 002 ≤ fyd (6.14)
CHAPTER 6. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT NORMAL 107
traction compression
B
3h/7
1
2
3 C
d h
4 5
7
A
6
La condition d’équilibre :
N = Fcc + Fsc (6.17)
On peut déduire des relations précédentes, la résistance ultime de la section à un effort normal
de compression simple :
traction compression
B
3h/7
1
2
3 C
d h
4 5
7
A
6
7.1 Avant-propos
Dans l’analyse des structures en béton armé, la flexion simple est de loin le cas de sollicitation le
plus courant, il constitue de ce fait le critère déterminant pour le choix des dimensions des poutres et
des dalles. Pendant plus d’un siècle, le dimensionnement à la flexion simple s’est basé sur un calcul
des contraintes en phase élastique, comme le préconisait le concept des contraintes admissibles. Bien
qu’à l’heure actuelle ce dimensionnement se fasse par un calcul à la rupture, l’analyse élastique
conserve toute son importance car elle constitue la base de la vérification des état-limites de service.
Les deux méthodes de calculs seront présentées parallèlement dans ce qui suit.
Rappelons que dans les deux cas, la résistance à la traction du béton est négligée. Les sections
fléchies sont donc considérées comme fissurées sur toute la hauteur de la zone tendue.
109
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 110
b εc σc
x/3
Fcc
M x
d h z=d−x/3
As εs σ /m
s
Fs
• ξ la valeur adimensionnelle
x
ξ=
d
Conditions d’équilibre :
σc = Ec .²c (7.4)
σs = Es .²s (7.5)
Du fait que la distribution des contraintes de compression dans le béton est de forme triangulaire, on
en déduit directement la valeur du bras de levier z
x
z =d− (7.6)
3
z
ou, en posant : ζ =
d
ξ
ζ =1− (7.7)
3
On remarque que pour une section donnée, la position de l’axe neutre ne dépend que du pourcentage
d’armature ρ et du coefficient d’équivalence m.
Une fois cette position déterminée, il est possible de déduire la contrainte dans les armatures et la
contrainte dans le béton au moyen des relations
M
M = Fs .z = σs .As .z ⇒ σs = (7.12)
z.As
et donc
3 M M
σs = = Cs (7.13)
ρ(3 − ξ) b.d2 b.d2
Puisque ξ (et donc ζ) ne dépend que du pourcentage d’armature ρ (pour m fixé), il est possible
d’établir des tables donnant les coefficients ξ, ζ, Cs et Cc pour des valeurs variables de ρ. La table 7.1
en est un exemple (pour m = 15)
Remarques
1. En observant les valeurs de ζ = z/d dans le tableau 7.1, on peut remarquer que celles-ci
varient relativement peu ; pour
ρ = 0.1% → z = 0, 947.d
et pour
ρ = 1% → z = 0, 861.d
ce qui représente une variation de l’ordre de 5% par rapport à une valeur moyenne de 0, 9.d.
Si l’on accepte de faire une erreur de cet ordre de grandeur, il est possible de calculer directe-
ment la contrainte dans les armatures tendues au moyen de la formule simplifiée :
M
σs ≈ (7.16)
0, 9.d.As
ou encore déterminer l’armature nécessaire pour ne pas dépasser une contrainte σs,adm :
M
As ≈ (7.17)
0, 9.d.σs,adm
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 112
La valeur de 0, 9.d est une bonne approximation pour des valeurs de ρ ≤ 1% ; pour des
valeurs de ρ comprise entre 1% et 2%, il est préférable d’utiliser 0, 85.d comme valeur de
z.
En pratique, ce type d’approximation est couramment utilisé au stade d’un prédimensionne-
ment.
2. Dans ce paragraphe, on a vu comment déterminer les contraintes dans une section en béton
armé rectangulaire soumise à un moment de flexion simple M lorsque les dimensions de la
section et la quantité d’armatures sont données.
Il est bien entendu possible de résoudre d’autre type de problème à partir des mêmes équa-
tions. On peut par exemple déterminer les dimensions de la section et la section de l’armature
nécessaires pour ne pas dépasser des valeurs maximales fixées de contraintes dans le béton et
les aciers.
Supposons que l’on fixe la valeur de ces contraintes, soient σc,adm et σs,adm et que la section
est soumise à un effort de flexion M .
En utilisant la relation de compatibilité des déformations et les lois contraintes-déformations
on obtient directement la position relative de l’axe neutre ξ
m.σc,adm
ξ= (7.18)
m.σc,adm + σs,adm
6M
b.d2 = (7.20)
ξ.(3 − ξ).σc,adm
Il faut noter qu’en pratique, les problèmes de dimensionnement des sections sont posés en
terme de résistance à l’état-limite ultime, on utilise donc généralement les relations propres
au calcul à la rupture (qui seront exposées plus loin) pour dimensionner les sections en béton
armé.
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 113
b σc
d’
x/3 Fsc
Asc σ /m Fcc
x sc
M
d h z=d−x/3
σ /m
Ast st
Fst
6M
σc = δ0
(7.25)
b.d2 .[ξ(3 − ξ) + 6mρ0 (1 − ξ ).(1 − δ 0 )]
δ0
σsc = m.σc .(1 − ) (7.26)
ξ
1
σst = m.σc .( − 1) (7.27)
ξ
7.2.3 Section en Té
Dans une section rectangulaire, tout le béton situé sous l’axe neutre n’apporte aucune résistance
à la flexion, il est donc avantageux de diminuer la largeur de la section dans cette zone. Une section
en Té permet d’augmenter la hauteur statique (bras de levier) sans accroître inutilement le poids
mort que constitue la zone fissurée. La largeur de la section, qui correspond à l’âme de la section,
est choisie de sorte qu’elle puisse reprendre l’effort tranchant.
b b
x
ho ho
x
h h
d d
bo bo
seront établies plus loin en guise d’exemple du calcul des contraintes dans une section de forme
quelconque.
Figure 7.4: Diffusion des contraintes de compression dans les semelles des poutres en Té
Quand la table de compression à une largeur relativement élevée, par exemple dans le cas de
planchers nervurés, les contraintes de compression dans la dalle ne sont plus constantes(cf. fig. 7.4).
On définit alors une largeur collaborante bef (cf. fig. 7.5) qui donne, d’après un calcul simplifié,
la valeur maximale des contraintes de compression σc réelles. Cette grandeur dépend du type de
charge, des conditions d’appui, des rigidités des nervures et de la dalle, etc.
La norme NBN B 15-002 [4]défini les règles suivantes pour la détermination de cette largeur
collaborante :
Dans le cas d’une poutre en Té :
l0
bef = bw + ≤b (7.28)
5
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 115
et, dans le cas d’une poutre avec une table de compression d’un seul coté :
l0
bef = bw + ≤b (7.29)
10
Les notations sont définies à la figure 7.6
b
bef bef
b1 b2 b2
bw
bw
Figure 7.6: Largeur effective des tables de compression des poutres en Té selon la NBN B 15-002
La distance l0 est la longueur de la portée entre points de moments nuls, elle est définie à la figure 7.7
pour les cas courants.
lo=0.15(l1+l2)
lo=0.85 l1 lo=0.7 l2
lo=2.l3
l1 l2 l3
Figure 7.7: Portées utiles approchées, pour la détermination des largeurs participantes selon la
NBN B 15-002
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 116
Dans le cas d’une section en béton armé, on utilise généralement le module du béton comme réfé-
rence et on a alors
At = Ac + m.As (7.34)
Ac .yGc + m.As .yGs
yGt = (7.35)
Ac + m.As
It = Ic + Is + Ac (yGc − yGt )2 + m.As (yGs − yGt )2 (7.36)
• Ac , yGc et Ic sont respectivement l’aire, le niveau du centre de gravité et l’inertie de la zone
de béton située au-dessus de l’axe neutre (zone en compression)
• As , yGs et Is sont respectivement l’aire, le niveau du centre de gravité et l’inertie de l’en-
semble des armatures
• m est le coefficient d’équivalence m = Es /Ec
La contrainte dans le béton au niveau y situé au-dessus de l’axe neutre vaut
N M.(yGt − y)
σc (y) = + pour y<x (7.37)
At It
De même, les contraintes dans les armatures situées au niveau ysi valent
N M.(yGt − ysi )
σsi = m.( + ) (7.38)
At It
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 117
L’aire de béton à prendre en compte correspond à la zone située au dessus de l’axe neutre (l’aire
de béton tendue est supposée entièrement fissurée). Les grandeurs Ac ,yGc et Ic dépendent donc de
l’inconnue x (niveau de l’axe neutre). Avant de pouvoir calculer les contraintes, il est donc nécessaire
de déterminer cette inconnue.
Dans le cas de la flexion simple l’axe neutre doit correspondre au centre de gravité de la section
homogène, en effet
N M.(yGt − x) M.(yGt − x)
σc (x) = 0 = + = ⇒ x = yGt (7.39)
At It It
La détermination de la position de l’axe neutre sera donc déterminée au moyen de l’équation impli-
cite :
Ac .yGc + m.As .yGs
x = yGt = (7.40)
Ac + m.As
Comme le terme de droite dépend lui-même de x, on devra généralement procéder par itération :
1. on fixe une première valeur de x = x0 ,
2. on utilise ensuite la formule récursive :
Ac (xn ).yGc (xn ) + m.As .yGs
xn+1 = (7.41)
Ac (xn ) + m.As
x2 x2
b.x2 + m.x.As − b. − m.As .d = b. + m.x.As − m.As .d = 0 (7.43)
2 2
ou en termes non dimensionnels
Ce qui correspond bien à l’équation de l’axe neutre d’une section rectangulaire (cf. 7.10).
2. L’axe neutre se situe dans l’âme : l’équation 7.40 devient
Il est possible de résoudre cette équation de manière explicite. On obtient alors une équation
du second degré en x.
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 118
b σc
Ac
0
ys1 Fs1
y As1 yGc
x Fcc
M yi
yGt
dyi
d h bi
ys2
As2
σ /m Fs2
ys3 s
As3
Fs3
Remarques
1. Pour des sections de forme quelconque, on aura généralement recours à des méthodes d’in-
tégration numérique pour calculer les caractéristiques géométriques de la section en béton
fissurée. En divisant la section située au-dessus de l’axe neutre en n fines tranches de hauteur
∆yi on obtient par exemple :
Z x X
Ac = b(y).dy ≈ bi .∆yi (7.46)
0 i=1,n
Z x X
Ac .yGc = b(y).y.dy ≈ bi .yi .∆yi (7.47)
0 i=1,n
Z x X
Ic = b(y).(y − yGc )2 .dy ≈ bi .(yi − yGc )2 .∆yi (7.48)
0 i=1,n
où
• bi est la largeur moyenne de la section pour la tranche i,
• yi est le niveau moyen de la tranche i.
Du fait que l’on ne connaît pas à priori le niveau du centre de gravité, ce calcul sera nécessai-
rement itératif.
Pour le calcul des caractéristiques des aciers, on considère que les aires des armatures sont
concentrées en leur centre géométrique (l’inertie propre des barres est négligée). On obtient
ainsi pour une section comportant n nappes d’armatures, les expressions :
X
As = Asi (7.49)
i=1,n
X
As .yGs = Asi .ysi (7.50)
i=1,n
X
Is = Asi .(ysi − yGs )2 (7.51)
i=1,n
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 119
ρ% ξ ζ Cc Cs ρ% ξ ζ Cc Cs
0.10 0.159 0.947 13.29 1056 1.10 0.433 0.856 5.40 106
0.12 0.173 0.942 12.30 884 1.12 0.436 0.855 5.37 104
0.14 0.185 0.938 11.52 761 1.14 0.438 0.854 5.34 103
0.16 0.196 0.935 10.90 669 1.16 0.441 0.853 5.32 101
0.18 0.207 0.931 10.38 597 1.18 0.444 0.852 5.29 99
0.20 0.217 0.928 9.94 539 1.20 0.446 0.851 5.26 98
0.22 0.226 0.925 9.57 492 1.22 0.449 0.850 5.24 96
0.24 0.235 0.922 9.24 452 1.24 0.452 0.849 5.21 95
0.26 0.243 0.919 8.96 419 1.26 0.454 0.849 5.19 94
0.28 0.251 0.916 8.70 390 1.28 0.457 0.848 5.17 92
0.30 0.258 0.914 8.47 365 1.30 0.459 0.847 5.14 91
0.32 0.266 0.911 8.26 343 1.32 0.462 0.846 5.12 90
0.34 0.272 0.909 8.07 323 1.34 0.464 0.845 5.10 88
0.36 0.279 0.907 7.90 306 1.36 0.467 0.844 5.08 87
0.38 0.285 0.905 7.74 291 1.38 0.469 0.844 5.06 86
0.40 0.292 0.903 7.60 277 1.40 0.471 0.843 5.03 85
0.42 0.298 0.901 7.46 264 1.42 0.474 0.842 5.01 84
0.44 0.303 0.899 7.34 253 1.44 0.476 0.841 5.00 83
0.46 0.309 0.897 7.22 242 1.46 0.478 0.841 4.98 81
0.48 0.314 0.895 7.11 233 1.48 0.480 0.840 4.96 80
0.50 0.319 0.894 7.01 224 1.50 0.483 0.839 4.94 79
0.52 0.325 0.892 6.91 216 1.52 0.485 0.838 4.92 78
0.54 0.330 0.890 6.82 208 1.54 0.487 0.838 4.90 78
0.56 0.334 0.889 6.73 201 1.56 0.489 0.837 4.89 77
0.58 0.339 0.887 6.65 194 1.58 0.491 0.836 4.87 76
0.60 0.344 0.885 6.57 188 1.60 0.493 0.836 4.85 75
0.62 0.348 0.884 6.50 182 1.62 0.495 0.835 4.84 74
0.64 0.353 0.882 6.43 177 1.64 0.497 0.834 4.82 73
0.66 0.357 0.881 6.36 172 1.66 0.499 0.834 4.81 72
0.68 0.361 0.880 6.30 167 1.68 0.501 0.833 4.79 71
0.70 0.365 0.878 6.24 163 1.70 0.503 0.832 4.77 71
0.72 0.369 0.877 6.18 158 1.72 0.505 0.832 4.76 70
0.74 0.373 0.876 6.12 154 1.74 0.507 0.831 4.75 69
0.76 0.377 0.874 6.07 150 1.76 0.509 0.830 4.73 68
0.78 0.381 0.873 6.02 147 1.78 0.511 0.830 4.72 68
0.80 0.384 0.872 5.97 143 1.80 0.513 0.829 4.70 67
0.82 0.388 0.871 5.92 140 1.82 0.515 0.828 4.69 66
0.84 0.392 0.869 5.87 137 1.84 0.517 0.828 4.68 66
0.86 0.395 0.868 5.83 134 1.86 0.518 0.827 4.66 65
0.88 0.398 0.867 5.79 131 1.88 0.520 0.827 4.65 64
0.90 0.402 0.866 5.75 128 1.90 0.522 0.826 4.64 64
0.92 0.405 0.865 5.71 126 1.92 0.524 0.825 4.63 63
0.94 0.408 0.864 5.67 123 1.94 0.526 0.825 4.61 62
0.96 0.412 0.863 5.63 121 1.96 0.527 0.824 4.60 62
0.98 0.415 0.862 5.60 118 1.98 0.529 0.824 4.59 61
1.00 0.418 0.861 5.56 116 2.00 0.531 0.823 4.58 61
Table 7.1: Calcul de contraintes élastiques dans une section rectangulaire soumise à flexion simple
(sans armature de compression)
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 121
traction compression
B
2’
3h/7
1
2
3 C
d h
4 5
7
A
6
Figure 7.9: Etats de déformation à l’état-limite ultime d’une section soumise à flexion simple
En général, pour des sections correctement armées, la rupture se produira par écrasement du béton à
la fibre supérieure (pivot B ; zone 3 - 4 ) après que l’armature ait atteint sa limite élastique .
tique. (c’est à dire la longueur du palier plastique dans un diagramme moment-rotation θpl = θu −θy )
(cf. figure 7.10).
M (moment) plastification
M Rd U
Y
M yd
rupture
R’
R
θ pl
Mr
fissuration
θ
θr θy θu (rotation)
Figure 7.10: Capacité de rotation plastique d’un élément selon le CEB-FIP MC 90 [5]
Dans le cas d’une section fortement armée (états de déformations 3 à 4 ), cette capacité de
rotation diminue de manière importante (elle est maximale dans le cas 3 , diminue progressivement
pour s’annuler dans le cas 4 ).
Cette diminution de capacité d’allongement de l’armature s’accompagne d’une augmentation de
la hauteur de la zone comprimée (x %). En effet, dans de telles sections, l’aire de béton nécessaire
pour équilibrer l’effort de traction dans les armatures tendues devient importante.
Figure 7.11: Capacité de rotation plastique en fonction de la hauteur de la zone comprimée dans la
section critique selon le MC 90 (type A : Acier à haute ductilité, type B : ductilité normale)
Afin de garantir une ductilité suffisante des éléments de la structure à l’état-limite ultime (com-
portement plastique), les normes fixent généralement des valeurs limites que la hauteur de la zone
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 123
Remarques
1. La méthode d’analyse qui consiste à appliquer une redistribution forfaitaire des efforts internes
à l’état-limite ultime (application des coefficients δ) sera exposée en détail dans le chapitre
traitant de l’analyse plastique des structures en béton armé.
2. L’eurocode 2 permet en réalité de dépasser les limites qui sont fixées ci-dessus pour autant que
des mesures particulières (frettage de la zone comprimée, par exemple) soient prises. Dans un
tel cas, un contrôle détaillé de la capacité de rotation des zones critiques devra toujours être
réalisé 2 .
En pratique, de tels calculs sont rarement effectués pour le dimensionnement de structures
courantes.
Poutres : Les aires des sections des armatures tendues d’une part et comprimées d’autre part ne
doivent pas dépasser 4% de l’aire de la section en béton, hors zones de recouvrement.
Poteaux : La section totale des armatures ne doit pas dépasser 4% de l’aire de la section de béton ;
elle peut être portée à 8% dans les zones de recouvrement.
Ces impositions d’ordre technologique seront examinées en détail dans le chapitre consacré aux
dispositions constructives.
On peut déduire de la condition précédente une quantité minimum d’armature (dans le cas d’une
section rectangulaire armée d’acier S500)
Pour une section rectangulaire armée d’acier S500, ceci revient à imposer
En réalité, la norme énonce également des règles plus générales fixant l’armature minimale à
prévoir dans un élément en béton armé pour pouvoir contrôler la fissuration (limitation de l’ouverture
des fissures). Ces règles seront examinées en détail dans le chapitre traitant de la vérification des
états-limites de service.
Fcc = Fs (7.56)
MRd = Fcc .z = Fs .z (7.57)
avec
3²c − 2 ²c (3²c − 4) + 2
χ1 = et χ2 = pour ²c ≥ 2/1000 (7.61)
3²c 2²c (3²c − 2)
²c (6 − ²c ) 8 − ²c
χ1 = et χ2 = pour ²c ≤ 2/1000 (7.62)
12 4(6 − ²c )
où ²c est exprimé en ‰.
On définit le moment résistant réduit de calcul µRd
MRd
µRd = (7.63)
fcd .b.d2
et le pourcentage mécanique d’armatures ω
As fyd
ω= . (7.64)
b.d fcd
En transformant ces équations on obtient finalement :
x ²c
ξ = = (7.65)
d ²c + | ²s |
z
ζ = = 1 − χ2 .ξ (7.66)
d
µRd = 0, 85.χ1 .ζ.ξ (7.67)
σs
ω. = 0, 85.χ1 .ξ (7.68)
fyd
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 126
Des deux dernières équations on déduit également une relation simple entre le moment réduit et le
pourcentage mécanique d’armature
σs
µRd = ζ.ω. (7.69)
fyd
Il est également possible d’exprimer les conditions sur la hauteur maximum admissible de la
zone comprimée en terme de valeur limite du moment réduit µRd,lim ou du pourcentage mécanique
d’armature ωlim . Ces valeurs sont reprises dans la table 7.2.
x/d
Analyse sans redistribution plastique
f ck ≤ 35N/mm2 f ck > 35N/mm2
δ ξlim µRd,lim ωlim ξlim µRd,lim ωlim
1.00 0.45 0.251 0.308 0.35 0.207 0.242
Analyse avec redistribution plastique
f ck ≤ 35N/mm2 f ck > 35N/mm2
δ ξlim µRd,lim ωlim ξlim µRd,lim ωlim
0.95 0.41 0.233 0.281 0.31 0.187 0.215
0.90 0.37 0.214 0.253 0.27 0.166 0.187
0.85 0.33 0.195 0.226 0.23 0.139 0.154
0.80 0.29 0.174 0.198 0.19 0.109 0.117
0.75 0.25 0.151 0.168 0.15 0.077 0.081
0.70 0.21 0.121 0.132 0.11 0.046 0.047
Table 7.2: Valeurs limites µRd,lim et ωlim pour limiter la hauteur de la zone comprimée dans une
section rectangulaire
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 127
²s ²c ξ χ1 χ2 ζ µRd ω
0.01000 0.00000 0.000 0.000 0.333 1.000 0.000 0.000 2
0.01000 0.00025 0.024 0.120 0.337 0.992 0.002 0.002
0.01000 0.00050 0.048 0.229 0.341 0.984 0.009 0.009
0.01000 0.00075 0.070 0.328 0.345 0.976 0.019 0.019
0.01000 0.00100 0.091 0.417 0.350 0.968 0.031 0.032
0.01000 0.00125 0.111 0.495 0.355 0.961 0.045 0.047
0.01000 0.00150 0.130 0.563 0.361 0.953 0.059 0.062
0.01000 0.00175 0.149 0.620 0.368 0.945 0.074 0.078
0.01000 0.00200 0.167 0.667 0.375 0.938 0.089 0.094 2’
0.01000 0.00225 0.184 0.704 0.383 0.930 0.102 0.110
0.01000 0.00250 0.200 0.733 0.391 0.922 0.115 0.125
0.01000 0.00275 0.216 0.758 0.398 0.914 0.127 0.139
0.01000 0.00300 0.231 0.778 0.405 0.907 0.138 0.153
0.01000 0.00325 0.245 0.795 0.411 0.899 0.149 0.166
0.01000 0.00350 0.259 0.810 0.416 0.892 0.159 0.178 3
0.00950 0.00350 0.269 0.810 0.416 0.888 0.165 0.185
0.00900 0.00350 0.280 0.810 0.416 0.884 0.170 0.193
0.00850 0.00350 0.292 0.810 0.416 0.879 0.176 0.201
0.00800 0.00350 0.304 0.810 0.416 0.873 0.183 0.209
0.00750 0.00350 0.318 0.810 0.416 0.868 0.190 0.219
0.00700 0.00350 0.333 0.810 0.416 0.861 0.198 0.229
0.00650 0.00350 0.350 0.810 0.416 0.854 0.206 0.241 ξ = 0, 350
0.00600 0.00350 0.368 0.810 0.416 0.847 0.215 0.254
0.00550 0.00350 0.389 0.810 0.416 0.838 0.224 0.268
0.00500 0.00350 0.412 0.810 0.416 0.829 0.235 0.283
0.00450 0.00350 0.438 0.810 0.416 0.818 0.246 0.301
0.00428 0.00350 0.450 0.810 0.416 0.813 0.252 0.310 ξ = 0, 450
0.00400 0.00350 0.467 0.810 0.416 0.806 0.259 0.321
0.00350 0.00350 0.500 0.810 0.416 0.792 0.272 0.344
0.00300 0.00350 0.538 0.810 0.416 0.776 0.288 0.371
0.00250 0.00350 0.583 0.810 0.416 0.757 0.304 0.401
0.00217 0.00350 0.617 0.810 0.416 0.743 0.316 0.424 4
0.00200 0.00350 0.636 0.810 0.416 0.735 0.322 0.438
0.00150 0.00350 0.700 0.810 0.416 0.709 0.341 0.482
0.00100 0.00350 0.778 0.810 0.416 0.676 0.362 0.535
0.00050 0.00350 0.875 0.810 0.416 0.636 0.383 0.602
0.00000 0.00350 1.000 0.810 0.416 0.584 0.402 0.688 5
Table 7.3: Calcul à la rupture des sections rectangulaires simplement armées : relations entre µRd ,
ω, ζ et ξ
µRd ²s ²c ξ ζ ω µRd ²s ²c ξ ζ ω
0.005 -0.0100 0.0004 0.035 0.988 0.005 0.205 -0.0065 0.0035 0.348 0.855 0.240
0.010 -0.0100 0.0005 0.050 0.983 0.010 0.206 -0.0065 0.0035 0.350 0.854 0.241
0.015 -0.0100 0.0007 0.062 0.979 0.015 0.210 -0.0063 0.0035 0.359 0.851 0.247
0.020 -0.0100 0.0008 0.072 0.975 0.021 0.215 -0.0060 0.0035 0.369 0.846 0.254
0.025 -0.0100 0.0009 0.081 0.972 0.026 0.220 -0.0057 0.0035 0.380 0.842 0.261
0.030 -0.0100 0.0010 0.089 0.969 0.031 0.225 -0.0055 0.0035 0.390 0.838 0.269
0.035 -0.0100 0.0011 0.097 0.966 0.036 0.230 -0.0052 0.0035 0.401 0.833 0.276
0.040 -0.0100 0.0012 0.104 0.963 0.042 0.235 -0.0050 0.0035 0.412 0.829 0.284
0.045 -0.0100 0.0013 0.111 0.960 0.047 0.240 -0.0048 0.0035 0.423 0.824 0.291
0.050 -0.0100 0.0013 0.118 0.958 0.052 0.245 -0.0046 0.0035 0.435 0.819 0.299
0.055 -0.0100 0.0014 0.125 0.955 0.058 0.250 -0.0043 0.0035 0.446 0.814 0.307
0.060 -0.0100 0.0015 0.131 0.953 0.063 0.252 -0.0043 0.0035 0.450 0.813 0.310
0.065 -0.0100 0.0016 0.138 0.950 0.068 0.255 -0.0041 0.0035 0.458 0.810 0.315
0.070 -0.0100 0.0017 0.144 0.947 0.074 0.260 -0.0040 0.0035 0.470 0.805 0.323
0.075 -0.0100 0.0018 0.150 0.945 0.079 0.265 -0.0038 0.0035 0.482 0.800 0.331
0.080 -0.0100 0.0019 0.156 0.942 0.085 0.270 -0.0036 0.0035 0.494 0.795 0.340
0.085 -0.0100 0.0019 0.162 0.939 0.090 0.275 -0.0034 0.0035 0.506 0.789 0.348
0.089 -0.0100 0.0020 0.167 0.938 0.094 0.280 -0.0032 0.0035 0.519 0.784 0.357
0.090 -0.0100 0.0020 0.168 0.937 0.096 0.285 -0.0031 0.0035 0.532 0.779 0.366
0.095 -0.0100 0.0021 0.175 0.934 0.102 0.290 -0.0029 0.0035 0.545 0.773 0.375
0.100 -0.0100 0.0022 0.181 0.931 0.107 0.295 -0.0028 0.0035 0.558 0.768 0.384
0.105 -0.0100 0.0023 0.187 0.928 0.113 0.300 -0.0026 0.0035 0.572 0.762 0.394
0.110 -0.0100 0.0024 0.194 0.925 0.119 0.305 -0.0025 0.0035 0.586 0.756 0.403
0.115 -0.0100 0.0025 0.200 0.922 0.125 0.310 -0.0023 0.0035 0.601 0.750 0.413
0.120 -0.0100 0.0026 0.207 0.919 0.131 0.315 -0.0022 0.0035 0.615 0.744 0.423
0.125 -0.0100 0.0027 0.213 0.915 0.137 0.316 -0.0022 0.0035 0.617 0.743 0.424
0.130 -0.0100 0.0028 0.220 0.912 0.143 0.320 -0.0021 0.0035 0.630 0.738 0.434
0.135 -0.0100 0.0029 0.226 0.909 0.149 0.325 -0.0019 0.0035 0.646 0.731 0.444
0.140 -0.0100 0.0030 0.233 0.905 0.155 0.330 -0.0018 0.0035 0.662 0.725 0.455
0.145 -0.0100 0.0032 0.240 0.902 0.161 0.335 -0.0017 0.0035 0.678 0.718 0.467
0.150 -0.0100 0.0033 0.247 0.899 0.167 0.340 -0.0015 0.0035 0.695 0.711 0.478
0.155 -0.0100 0.0034 0.253 0.895 0.173 0.345 -0.0014 0.0035 0.713 0.704 0.490
0.159 -0.0100 0.0035 0.259 0.892 0.178 0.350 -0.0013 0.0035 0.731 0.696 0.503
0.160 -0.0099 0.0035 0.261 0.892 0.179 0.355 -0.0012 0.0035 0.750 0.688 0.516
0.165 -0.0095 0.0035 0.270 0.888 0.186 0.360 -0.0010 0.0035 0.769 0.680 0.529
0.170 -0.0090 0.0035 0.280 0.884 0.192 0.365 -0.0009 0.0035 0.790 0.671 0.544
0.175 -0.0086 0.0035 0.289 0.880 0.199 0.370 -0.0008 0.0035 0.812 0.662 0.559
0.180 -0.0082 0.0035 0.299 0.876 0.206 0.375 -0.0007 0.0035 0.835 0.653 0.575
0.185 -0.0078 0.0035 0.308 0.872 0.212 0.380 -0.0006 0.0035 0.860 0.642 0.592
0.190 -0.0075 0.0035 0.318 0.868 0.219 0.385 -0.0004 0.0035 0.886 0.631 0.610
0.195 -0.0072 0.0035 0.328 0.863 0.226 0.390 -0.0003 0.0035 0.915 0.619 0.630
0.200 -0.0068 0.0035 0.338 0.859 0.233 0.395 -0.0002 0.0035 0.947 0.606 0.652
Expressions analytiques :
p
ω ≈ 0, 850.(1 − 1 − 2, 353µRd ) pour µRd ≤ 0, 159
p
ω = 0, 828.(1 − 1 − 2, 416µRd ) pour 0, 159 ≤ µRd ≤ 0, 316
Table 7.4: Calcul à la rupture des sections rectangulaires simplement armées : dimensionnement des
armatures (ω en fonction de µRd )
ω ²s ²c ξ ζ µRd ω ²s ²c ξ ζ µRd
0.005 -0.0100 0.0004 0.035 0.988 0.005 0.230 -0.0070 0.0035 0.334 0.861 0.198
0.010 -0.0100 0.0005 0.049 0.983 0.010 0.235 -0.0067 0.0035 0.342 0.858 0.202
0.015 -0.0100 0.0006 0.061 0.979 0.015 0.240 -0.0065 0.0035 0.349 0.855 0.205
0.020 -0.0100 0.0008 0.071 0.976 0.020 0.241 -0.0065 0.0035 0.350 0.854 0.206
0.025 -0.0100 0.0009 0.080 0.972 0.024 0.245 -0.0063 0.0035 0.356 0.852 0.209
0.030 -0.0100 0.0010 0.088 0.969 0.029 0.250 -0.0061 0.0035 0.363 0.849 0.212
0.035 -0.0100 0.0011 0.095 0.967 0.034 0.255 -0.0059 0.0035 0.371 0.846 0.216
0.040 -0.0100 0.0011 0.102 0.964 0.039 0.260 -0.0058 0.0035 0.378 0.843 0.219
0.045 -0.0100 0.0012 0.109 0.961 0.043 0.265 -0.0056 0.0035 0.385 0.840 0.223
0.050 -0.0100 0.0013 0.115 0.959 0.048 0.270 -0.0054 0.0035 0.392 0.837 0.226
0.055 -0.0100 0.0014 0.122 0.956 0.053 0.275 -0.0053 0.0035 0.400 0.834 0.229
0.060 -0.0100 0.0015 0.128 0.954 0.057 0.280 -0.0051 0.0035 0.407 0.831 0.233
0.065 -0.0100 0.0015 0.134 0.952 0.062 0.285 -0.0050 0.0035 0.414 0.828 0.236
0.070 -0.0100 0.0016 0.139 0.949 0.066 0.290 -0.0048 0.0035 0.421 0.825 0.239
0.075 -0.0100 0.0017 0.145 0.947 0.071 0.295 -0.0047 0.0035 0.429 0.822 0.242
0.080 -0.0100 0.0018 0.151 0.945 0.076 0.300 -0.0045 0.0035 0.436 0.819 0.246
0.085 -0.0100 0.0019 0.156 0.942 0.080 0.305 -0.0044 0.0035 0.443 0.816 0.249
0.090 -0.0100 0.0019 0.162 0.940 0.085 0.310 -0.0043 0.0035 0.450 0.813 0.252
0.095 -0.0100 0.0020 0.167 0.937 0.089 0.310 -0.0043 0.0035 0.451 0.813 0.252
0.100 -0.0100 0.0021 0.173 0.935 0.093 0.315 -0.0041 0.0035 0.458 0.810 0.255
0.105 -0.0100 0.0022 0.178 0.932 0.098 0.320 -0.0040 0.0035 0.465 0.807 0.258
0.110 -0.0100 0.0023 0.184 0.930 0.102 0.325 -0.0039 0.0035 0.472 0.804 0.261
0.115 -0.0100 0.0023 0.189 0.927 0.107 0.330 -0.0038 0.0035 0.480 0.801 0.264
0.120 -0.0100 0.0024 0.195 0.924 0.111 0.335 -0.0037 0.0035 0.487 0.797 0.267
0.125 -0.0100 0.0025 0.200 0.922 0.115 0.340 -0.0036 0.0035 0.494 0.794 0.270
0.130 -0.0100 0.0026 0.206 0.919 0.119 0.345 -0.0035 0.0035 0.501 0.791 0.273
0.135 -0.0100 0.0027 0.211 0.916 0.124 0.350 -0.0034 0.0035 0.509 0.788 0.276
0.140 -0.0100 0.0028 0.217 0.914 0.128 0.355 -0.0033 0.0035 0.516 0.785 0.279
0.145 -0.0100 0.0029 0.222 0.911 0.132 0.360 -0.0032 0.0035 0.523 0.782 0.282
0.150 -0.0100 0.0030 0.228 0.908 0.136 0.365 -0.0031 0.0035 0.530 0.779 0.284
0.155 -0.0100 0.0030 0.233 0.905 0.140 0.370 -0.0030 0.0035 0.538 0.776 0.287
0.160 -0.0100 0.0031 0.239 0.902 0.144 0.375 -0.0029 0.0035 0.545 0.773 0.290
0.165 -0.0100 0.0032 0.244 0.900 0.148 0.380 -0.0028 0.0035 0.552 0.770 0.293
0.170 -0.0100 0.0033 0.250 0.897 0.152 0.385 -0.0028 0.0035 0.560 0.767 0.295
0.175 -0.0100 0.0034 0.256 0.894 0.156 0.390 -0.0027 0.0035 0.567 0.764 0.298
0.178 -0.0100 0.0035 0.259 0.892 0.159 0.395 -0.0026 0.0035 0.574 0.761 0.301
0.180 -0.0099 0.0035 0.262 0.891 0.160 0.400 -0.0025 0.0035 0.581 0.758 0.303
0.185 -0.0095 0.0035 0.269 0.888 0.164 0.405 -0.0024 0.0035 0.589 0.755 0.306
0.190 -0.0092 0.0035 0.276 0.885 0.168 0.410 -0.0024 0.0035 0.596 0.752 0.308
0.195 -0.0089 0.0035 0.283 0.882 0.172 0.415 -0.0023 0.0035 0.603 0.749 0.311
0.200 -0.0085 0.0035 0.291 0.879 0.176 0.420 -0.0022 0.0035 0.610 0.746 0.313
0.205 -0.0082 0.0035 0.298 0.876 0.180 0.424 -0.0022 0.0035 0.617 0.743 0.316
0.210 -0.0080 0.0035 0.305 0.873 0.183 0.450 -0.0019 0.0035 0.654 0.728 0.328
0.215 -0.0077 0.0035 0.312 0.870 0.187 0.500 -0.0013 0.0035 0.727 0.698 0.349
0.220 -0.0074 0.0035 0.320 0.867 0.191 0.550 -0.0009 0.0035 0.799 0.668 0.367
0.225 -0.0072 0.0035 0.327 0.864 0.194 0.600 -0.0005 0.0035 0.872 0.637 0.382
Expressions analytiques :
Table 7.5: Calcul à la rupture des sections rectangulaires simplement armées : calcul du moment
résistant (µRd en fonction de ω)
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 130
Remarques :
1. La valeur du moment résistant ainsi obtenu (µRd ), correspond à une valeur de x = ξ.d déter-
minée. Il convient de vérifier que les limites énoncées précédemment ne sont pas dépassées.
Dans le cas contraire, il se peut que l’on soit amené à considérer que la section a une résistance
à l’état-limite ultime inférieure à celle correspondant à une valeur de ξ fixée.
2. Dans le cas de sections très faiblement armées, les critères d’armature minimum (non-fragilité)
peuvent devenir prépondérants.
3. Les limites d’ouverture de fissures (états-limites de service) peuvent également être dimen-
sionnants dans certains cas.
4. Pour des valeurs suffisamment faible du pourcentage d’armature (ω ≤ 0, 178), on peut remar-
quer que la valeur de ζ varie peu (ζ = 0, 937 pour ω = 0, 095 et ζ = 0, 892 pour ω = 0, 178) ;
la formule simplifiée – utilisée très souvent en pratique – qui consiste à considéré que le bras
de levier z ≈ 0, 9.d, fournit une valeur située à quelques pour-cents du calcul exact (cf. fi-
gure 7.13). On pourra donc utiliser dans ce cas les relations simples suivantes
ou
MRd ≈ 0, 9.d.Fs = 0, 9.d.As .fyd (7.72)
5. On peut également utiliser la relation suivante, issue du développement direct des équa-
tions 8.32
µRd = ω.(1 − 0, 604.ω) pour 0, 178 ≤ ω ≤ 0, 425
Lorsque ω est inférieur à 0, 178, on peut utiliser la formule approchée suivante
Remarques
1. Comme exposé précédemment, il convient de vérifier que les limites imposées à ξ ne sont pas
dépassées. Dans le cas contraire on peut être amené à augmenter les dimensions de la section
en béton armé, la classe de résistance du béton ou d’ajouter des armatures en compression (le
cas de sections possédant une nappe d’armature en compression sera étudié plus loin).
2. Les remarques qui concernent les armatures minimales et la fissuration restent, bien entendu,
d’application.
3. A nouveau, pour des valeurs de µRd ≤ 0, 159 (ω ≤ 0, 178), la simplification qui consiste à
poser z ≈ 0, 9.d donne une bonne approximation de l’armature nécessaire.
MRd
As ≈ (7.73)
0, 9.d.fyd
4. Plutôt que d’utiliser les tables, on peut déduire la valeur de ω au moyen de la formule suivante
issue du développement des équations 8.32.
p
ω = 0, 828.(1 − 1 − 2, 416µRd ) pour 0, 159 ≤ µRd ≤ 0, 316
Lorsque µRd est inférieur à 0, 159, on peut utiliser la formule approchée suivante
p
ω ≈ 0, 850.(1 − 1 − 2, 353µRd ) pourµRd ≤ 0, 159
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 132
– La section dite économique est obtenue pour le plan de déformation 3 , en effet dans ce cas,
on atteint à la fois la déformation maximum du béton (pivot B ) et l’allongement maximum
de l’armature (pivot A ). Les deux matériaux sont donc utilisés à la limite de leur capacité.
En outre, la section présente alors une capacité de rotation à la rupture maximum (grande
ductilité).
Ceci conduit à adopter µRd,dim = µRd,lim(3) = 0, 159. On obtient alors les formules de
dimensionnement suivantes :
s
MSd
d = 2, 508. (7.77)
b.fcd
√
fcd MSd .fcd .b
As = 0, 178.b.d. = 0, 446 (7.78)
fyd fyd
– La hauteur minimum de section sera obtenue, moyennant une augmentation de l’armature, en
choisissant le plan de déformation 4 (µRd,dim = µRd,lim(4) = 0, 316). En effet, pour des
valeurs plus grandes de µ l’armature n’est plus utilisée à sa limite élastique.
Néanmoins, les conditions fixées par la norme, relatives à la hauteur maximum admissible
de la zone de compression (cf. table 7.2) impose généralement de limiter les valeurs de µ à
des niveaux plus bas. On prendra alors µRd,dim = 0, 206, si l’on doit limiter ξ à 0, 35, ou
µRd,dim = 0, 252 si l’on doit limiter ξ à 0, 45.
s √
MSd MSd .fcd .b
ξ = 0, 35 0,206 d = 2, 203. 0,241 As = 0, 531
b.fcd fyd
s √
MSd MSd .fcd .b
ξ = 0, 45 0,252 d = 1.992. 0,310 As = 0, 618
b.fcd fyd
s √
MSd MSd .fcd .b
limite 4 0,316 d = 1, 779. 0,424 As = 0, 754
b.fcd fyd
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 134
Etat de déformation 2’
b
traction compression
B
x=0,167.d
Fcc =
2’ 3h/7
0,095.fcd.b.d
M Rd
1
2
d 3 C
h
4 z=0,937.d
5
As 7
A
6 Fs=As.fyd
−0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035
Etat de déformation 3
b
traction compression
B
x=0.259.d
3h/7 Fcc =
M Rd 0,178.fcd.b.d
1
2
d 3 C
h
4 5 z=0,892.d
As 7
A
6 Fs=As.fyd
−0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035
Etat de déformation 4
b
traction compression
B
2’ 3h/7
x=0,617.d
M Rd
1 Fcc =
2
0,425.fcd.b.d
d 3 C
h
d−d’ z=0,743.d
4 5
As 7
A
6 Fs=As.fyd
−0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035
Figure 7.12: Calcul à la rupture d’une section rectangulaire soumise à flexion simple
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 135
µ Rd
0.4
µ Rd =0,9 ω
4
0.3
parabole−rectangle
x/d=0,45
x/d=0,35
0.2
3
0.1 2’
0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
ω
Figure 7.13: Relation entre ω et µRd dans une section rectangulaire
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 136
Remarques
1. L’adjonction d’une armature de compression dans une section lorsque µSd ≤ 0, 159 (état de
déformation 3 ) n’a pas de sens du point de vue économique puisque, dans ce cas, le béton
n’est pas utilisé au maximum de sa capacité et la diminution de l’armature inférieure qui
s’ensuivrait ne sera pas significative.
2. Le recours à une armature en compression n’est habituellement pas une solution économique,
il est toujours préférable d’augmenter les dimensions de la section. On aura recours à l’arma-
ture en compression que lorsque l’augmentation de la hauteur de la section en béton n’est pas
possible pour d’autres raisons (contraintes architecturales, par exemple). Ou, bien entendu,
dans le cas où la section doit être armée haut et bas car les moments qui la sollicite peuvent
s’inverser. Il est alors logique de tenir compte des deux nappes d’armatures pour optimiser la
quantité totale du ferraillage.
3. Il convient de ne pas oublier que les dimensions de la section en béton ne dépendent pas
uniquement de critères de résistance à la rupture. Les critères de comportement en service
(état-limites de services) de la structure peuvent également être dimensionnants. Les dimen-
sions d’une section en béton armé sont souvent imposées par des critères qui limitent les
déformations (flèches !)
Relations de bases
Pour les raisons évoquées plus haut, on n’analysera que le cas où le plan de déformation passe
par le pivot B ,c’est à dire ²c = 0, 0035 (µSd ≥ 0, 159).
On suppose que les deux nappes d’armatures travaillent à leur limite élastique, c’est à dire
fyd
²sc > ²yd = ⇒ Fsc = A0s .fyd (7.79)
Es
fyd
²st > ²yd = ⇒ Fst = As .fyd (7.80)
Es
avec
fyd
²yd = = 0, 00217 pour de l’acier S500 (7.81)
Es
La première hypothèse sera généralement vérifiée. En effet, la déformation dans l’armature su-
périeure ²sc vaut en définissant le paramètre δ 0 = d0 /d
ξ − δ0
²sc = .²c (7.82)
ξ
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 137
La seconde hypothèse signifie que l’on ne se trouve pas dans le cas d’une section sur-armée
(ξ ≤ 0, 617 ou µRd ≤ 0, 316). Comme l’un des buts de l’ajout d’une nappe d’armature supérieure
est d’éviter cette situation, cette condition sera obligatoirement vérifiée lors du dimensionnement.
Remarques
1. Ces relations ne sont valables que pour autant que 0, 159 < µRd0 < 0, 316 et que l’armature
en compression soit plastifiée (δ 0 ≤ 0, 38.ξ pour de l’acier S500).
En pratique, lorsque le calcul précédent conduit à µRd0 < 0, 159 , la solution la plus simple
consiste à négliger l’armature comprimée ; la valeur de MRd ainsi obtenue sera très légèrement
inférieure à la valeur réelle et donc du coté de la sécurité.
Lorsque la condition δ 0 ≤ 0, 38.ξ n’est pas vérifiée, le calcul devient itératif. La procédure à
suivre est la suivante :
(a) On calcule
²sc ξ − δ 0 0, 0035
k= = . ω0 = ω − k.ω 0
²yd ξ ²yd
(b) On en déduit les valeurs de µRd0 et de ξ qui correspondent à ω0 , on peut ainsi recalculer
une nouvelle valeur de k,...
(c) Lorsqu’on a trouvé la valeur de k correcte on peut calculer le moment résistant
2. Si l’armature comprimée est plus importante que l’armature tendue (A0s > As , ω 0 > ω) on
peut bien entendu calculer le moment résistant au moyen de la relation
3. Dans le cas où µRd0 ≥ µRd,lim , il faut soit augmenter les dimensions de la section, soit
augmenter la quantité d’armature comprimée.
On cherche l’armature de traction nécessaire pour qu’une section de béton de dimensions connues
puissent résister à un moment de flexion MSd (trouver As tel que MRd ≥ MSd pour MSd , A0s , b, d,
fcd et fyd fixés.)
1. On calcule
µRd0 = µSd − ω 0 (1 − δ 0 )
2. On trouve la valeur de ω0 correspondante à µRd0 dans la table,
3. On vérifie que µRd0 ≤ µRd,lim (cf. table 7.2)
4. On en déduit l’armature tendue nécessaire
fcd
As = ω0 .b.d + A0s
fyd
Remarques
1. Les mêmes remarques que celles exposées précédemment concernant les domaines de validité
de ces relations et les modifications qu’il faut y apporter lorsque l’on sort de ces limites restent
d’application.
2. Rappelons que le fait de négliger l’armature en compression donne toujours un résultat conser-
vatif (c.-à-d. du coté de la sécurité).
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 140
On cherche les quantités d’armature nécessaires pour que la section puissent résister à un moment
de flexion MSd (trouver As et A0s tel que MRd ≥ MSd pour MSd , b, h, fcd et fyd fixés.)
L’ajout d’une nappe d’armatures en compression n’a de sens que si la section de béton est insuffisante
ou si l’on veut limiter la hauteur de la zone de compression pour des raisons de ductilité.
Une armature en compression sera donc requise lorsque µSd > µRd,lim .
La procédure de calcul est la suivante :
1. On fixe la valeur limite de µ à ne pas dépasser (cf. table 7.2).
2. Si µSd ≤ µRd,lim , il n’est pas nécessaire d’ajouter une armature de compression. On est ra-
mené au problème du dimensionnement d’une section rectangulaire avec une armature simple.
3. Si µSd > µRd,lim , on calcule
Dans ce qui suit, on examinera comment résoudre quelques problèmes types de dimensionne-
ment de sections en utilisant cette méthode simplifiée.
b σ c = 0,85 fcd
3.5/1000
0,4 x
x hc=0,8 x Fcc = hc.b.0,85.fcd
d h
z= d - 0,5 hc = d - 0,4 x
As
Fs=As.fyd
1. On détermine l’effort à la rupture dans les armatures en supposant que l’acier est plastifié (ce
qui sera toujours le cas si l’on limite x/d en fonction du tableau 7.2).
Fs = As .fyd
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 142
3. On peut en déduire le niveau de l’axe neutre x = hc /0.8 et vérifier que x/d ne dépasse les
valeurs limites imposée par la norme (cf. table 7.2).
4. La hauteur du bras de levier est directement connue z = d − 0, 5.hc
5. On trouve donc immédiatement le moment de rupture
MRd = z.Fs
d h
z2 = d−0,5.hc = d−0,4.x z1=d−0,5.ho
As
Fs=As.fyd
bo
Section Déformations Contraintes Forces intérieures
x hc
1. On détermine l’effort à la rupture dans les armatures en supposant que l’acier est plastifié (ce
qui sera toujours le cas si l’on limite x/d en fonction du tableau 7.2).
Fs = As .fyd
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 143
2. On calcule l’effort total capable de la table de compression Fcf,cap = 0, 85.fcd .b.h0 Si cet
effort est supérieur à l’effort de plastification des armatures Fcf,cap ≥ Fs , on est ramené au
cas de la section rectangulaire. Dans la cas contraire on poursuit le calcul ci-dessous.
3. On calcule l’effort de compression total des ailes de la poutre.
Et l’effort résiduel de compression qui doit être repris dans l’âme pour équilibrer Fs
Fcc2 = Fs − Fcc1
5. On peut en déduire le niveau de l’axe neutre x = hc /0.8 et vérifier que x/d ne dépasse pas
les valeurs limites imposée par la norme (cf. table 7.2).
6. Le bras de levier de l’ effort Fcc2 vaut z2 = d − 0, 5.hc
et le bras de levier de l’effort Fcc1 vaut z1 = d − 0, 5.h0
7. On trouve donc immédiatement le moment de rupture
1. Il faut toujours s’assurer que les limites fixées pour x/d dans la table 7.2, ne sont pas
dépassées. Rappelons notamment, que l’hypothèse de plastification de l’armature n’est
valable que si x/d ≤ 0, 617.
2. Dans le cas où la section a une forme telle que sa largeur décroit vers la fibre la plus
comprimée (section circulaire, par exemple) la norme impose, lorsque l’on utilise le dia-
gramme contraintes-déformations simplifié, de remplacer le coefficient 0, 85 par 0, 80
pour le calcul de l’effort de compression dans le béton à la rupture ( Fcc = Ac (hc ).0, 85.fcd
devient Fcc = Ac (hc ).0, 80.fcd ).
CHAPTER 7. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION SIMPLE 144
µ Rd z=0,8.d stress−block
0.4
z=0,9.d
parabole−rectangle
0.3 x/d<0,617
0.2
0.1
ω < 0,424
0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
ω
Figure 7.17: Relation entre ω et µRd dans une section rectangulaire selon différentes hypothèses de
calcul
8.1 Avant-propos
Une section est soumise à la flexion composée lorsqu’elle est sollicitée à la fois par un effort
normal et un moment de flexion.
Les cas de traction simple et de flexion simple sont donc des cas particuliers de flexion composée.
Ce type de sollicitation intervient aussi bien dans les poutres (action du vent, de poussée des
terres, du freinage, du séisme,...) que dans les colonnes soumises à des efforts horizontaux de même
nature.
On peut distinguer trois cas de flexion composée en fonction de la distribution des contraintes
qu’elle produit dans la section.
• la section est entièrement tendue,
• la section est entièrement comprimée,
• la section est partiellement tendue.
Dans le premier cas, la section est entièrement fissurée, le béton ne joue donc aucun rôle dans le
calcul de la section. Les caractéristiques géométriques (Aire, Inertie,...) de la section ne dépendront
donc pas des sollicitations.
Dans le deuxième cas, la section n’est pas fissurée, les caractéristiques de la section seront à
nouveau indépendantes des sollicitations.
En revanche, dans le cas où la section est partiellement tendue, les calculs devront être menés en
distinguant la partie tendue et comprimée de la section. Ceci aboutira généralement à des méthodes
de calcul itératives.
8.1.1 Excentricité
Il est souvent utile d’exprimer une sollicitation de flexion composée en terme d’effort normal
excentré. On représente alors la sollicitation de flexion composée (N , M ) sous la forme du couple
de valeurs (N , e) où l’excentricité e est définie par la relation :
M
e=
N
145
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 146
Dans le but de simplifier les calculs, il est souvent pratique d’exprimer les sollicitations de flexion
composées par rapport au niveau de la nappe d’armatures tendues. Ces sollicitations seront notées
(N , Ms ) ou en terme d’effort normal excentré (N , es ). La figure suivante montre les relations d’équi-
valence entre ces différentes représentations.
y
N N
yo
N eo=M/N
d
M es=M/N+(d−yo)
Ms = M+(d−yo)N
M
Ms = M + N.(d − y0 ) et es = + (d − y0 ) = e0 + (d − y0 ) (8.1)
N
Par exemple dans le cas d’une section rectangulaire où les sollicitations (N ,M ) sont exprimées par
rapport au centre de gravité de la section de béton non-fissurée, on a y0 = h/2
h M h
Ms = M + N.(d − ) et es = + (d − ) (8.2)
2 N 2
σs = Es .²s
σc = Ec .²c
permettent d’utiliser l’équation générale de la résistance des matériaux pour le calcul des contraintes
dans une section élastique,
N M.(y − yG )
σ(y) = + (8.3)
A I
• M et N sont le moment fléchissant et l’effort normal qui sollicitent la section (M est exprimée
par rapport au centre de gravité de la section)
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 147
A = At = Ac + m.As (8.4)
Ac .yGc + m.As .yGs
yG = yGt = (8.5)
Ac + m.As
I = It = Ic + Is + Ac (yGc − yGt )2 + m.As (yGs − yGt )2 (8.6)
N MGt .(yGt − y)
σc (y) = + pour y < x (8.7)
At It
où MGt est le moment sollicitant exprimé par rapport au centre de gravité de la section homogène
(éventuellement fissurée). Si les sollicitations M et N sont exprimées par rapport à un axe de réfé-
rence situé au niveau y0 on aura
MGt = M + N.(yGt − y0 )
De même, les contraintes dans les armatures situées au niveau ysi valent
σc (x) = 0 (8.9)
et donc
N MGt .(yGt − x)
σc (x) = 0 = + (8.10)
At It
En transformant cette équation on obtient :
N.It
x = yGt + (8.11)
MGt .At
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 148
Remarques
La méthode pratique pour résoudre ce problème consiste à procéder par itérations successives.
1. on fixe une première valeur de x = x0 ,
2. on utilise ensuite la formule récursive :
N.It (xn )
xn+1 = yGt (xn ) + (8.12)
MGt (xn ).At (xn )
Pour des sections de forme courante, ce processus converge généralement très rapidement.
Utilisation pratique
Pour le calcul des caractéristiques des aciers, on considère que les aires des armatures sont
concentrées en leur centre géométrique (l’inertie propre des barres est négligée). On obtient ainsi
pour une section comportant n nappes d’armatures, les expressions :
X
As = Asi (8.13)
i=1,n
X
As .yGs = Asi .ysi (8.14)
i=1,n
X
Is = Asi .(ysi − yGs )2 (8.15)
i=1,n
Le calcul des caractéristiques géométriques de la section de béton comprimée s’obtient par intégra-
tion
Z x
Ac = b(y).dy (8.16)
Z0 x
Ac .yGc = b(y).y.dy (8.17)
Z0 x
Ic = b(y).(y − yGc )2 .dy (8.18)
0
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 149
Pour des sections de forme quelconque, on aura généralement recours à des méthodes d’intégra-
tion numérique pour calculer les caractéristiques géométriques de la section en béton fissurée. Par
exemple, en divisant la section située au-dessus de l’axe neutre en n fines tranches de hauteur ∆yi ,
on obtient :
σc
Ac
0
y ys1 Fs1
As1 yGc
yGt Fcc
yi x
N y0
dyi
MGt bi
d h
N
M ys2
As2
ys3 Fs2
As3
Fs3
Figure 8.1: Calcul élastique en flexion composée dans une section de forme quelconque
Z x X
Ac = b(y).dy ≈ bi .∆yi
0 i=1,n
Z x X
Ac .yGc = b(y).y.dy ≈ bi .yi .∆yi
0 i=1,n
Z x X
Ic = b(y).(y − yGc )2 .dy ≈ bi .(yi − yGc )2 .∆yi
0 i=1,n
où
• bi est la largeur moyenne de la section pour la tranche i,
• yi est le niveau moyen de la tranche i.
• ∆yi est l’épaisseur de la tranche i.
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 150
traction compression
B
3h/7
1
2
3 C
d h
4 5
7
A
6
Figure 8.2: Etats de déformation à l’état-limite ultime d’une section soumise à flexion composée
La figure 8.3 montre les différents états de rupture d’une section rectangulaire pour les plans de
déformations limites définis au diagramme 8.2.
Etat de déformation 1 Etat de déformation 2
b b
traction compression traction compression
Fs’=As’.fyd Fs’=As’.0,01.Es.d’/d
B B
As’ As’ 3h/7
3h/7
M Rd M Rd
1 1
2 2
d 3 C d 3 C
h h
N N
Rd d−d’ Rd 4 d−d’
M Rd,s 4 5 M Rd,s 5
7 As 7
As A
A
N Rd 6 N Rd 6 Fs=As.fyd
Fs=As.fyd
−0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035 −0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035
Etat de déformation 2’ Etat de déformation 3
b b
traction compression Fs’=As’. σs’ traction compression
Fs’=As’.fyd
x=0,167.d B B
As’ Fcc = As’ x=0.259.d
2’ 3h/7 3h/7
0,095.fcd.b.d Fcc =
M Rd
1
M Rd 0,178.fcd.b.d
1
2 2
d 3 C d 3 C
h h
N N
Rd 4 d−d’ z=0,937.d Rd 4 d−d’
M Rd,s 5 M Rd,s 5 z=0,892.d
As 7 As 7
A A
N Rd 6 N Rd 6 Fs=As.fyd
Fs=As.fyd
−0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035 −0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035
N Rd 6 Fs=As.fyd N Rd 6
6 Fs=As. σ N Rd 6
N Rd s Fs=As.400 MPa
−0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035 −0.01 fyd/Es 0 0.002 0.0035
151
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 152
NRd = F cc − Fs (8.21)
MRd,s = Fcc .z (8.22)
Afin de retrouver des équations semblables à celles du cas de la flexion simple on peut diviser
l’effort dans les aciers Fs en deux termes Fs = Fs,N + Fs,M et réécrire les équations d’équilibres
sous la forme
Fcc Fcc
= +
z z
NRd
Figure 8.4: Réduction d’un cas de flexion composé à un cas de flexion simple
– L’effort normal est repris directement par la portion Fs,N de l’effort dans les armatures.
– Le moment est repris par la portion Fs,M en équilibre avec la résultante de compression dans
le béton Fcc
Comme les équations 8.24 et 8.25 sont parfaitement similaires aux équations établies pour la
flexion simple, on peut reprendre les résultats obtenus précédemment.
On obtient ainsi :
x ²c
ξ = = (8.26)
d ²c + ²s
z
ζ = = 1 − χ2 .ξ (8.27)
d
µRd,s = 0, 85.χ1 .ζ.ξ (8.28)
σs
ωM . = 0, 85.χ1 .ξ (8.29)
fyd
σs
ωN . = −νRd (8.30)
fyd
ω = ωM + ωN (8.31)
où l’on a défini l’effort normal réduit νRd et les pourcentages mécaniques d’armature (fictifs) ωN et
ωM
NRd
νRd = (8.32)
b.d.fcd
As,N .fyd
ωN = (8.33)
b.d.fcd
As,M .fyd
ωM = (8.34)
b.d.fcd
As,N et As,M sont les quantités d’armatures qui équilibrent respectivement les effort Fs,N et Fs,M
(on a, bien entendu As = As,N + As,M )
Le gros avantage de ce type de formulation réside dans le fait que tous les résultats obtenus pour
la flexion simple sont ainsi directement applicable au cas de la flexion composée.
Si l’on se limite au cas de la flexion composée à forte excentricité et que l’on suppose que les
deux nappes d’armatures sont plastifiées.
On obtient les équations suivantes :
x ²c
ξ = = (8.35)
d ²c + ²s
z
ζ = = 1 − χ2 .ξ (8.36)
d
µRd0,s = 0, 85.χ1 .ζ.ξ (8.37)
ω0 = 0, 85.χ1 .ξ (8.38)
µRd,s = µRd0,s + ω 0 .(1 − δ 0 ) (8.39)
ωM = ω0 + ω 0 (8.40)
ωN = −νRd (8.41)
ω = ωM + ωN = ω0 + ω 0 − νRd (8.42)
Physiquement, on peut interpréter ces équations de la manière suivante :
• L’effort normal est repris directement par la portion d’armature ωN = −νRd
• Le moment µRd0,s est repris par la portion d’armature ω0 = µRd0,s /ζ en équilibre avec la
résultante de compression dans le béton ω0 = 0, 85.χ1 .ξ
• Le complément de moment ∆µRd,s est repris par l’armature en compression ∆µRd,s =
ω 0 .(1 − δ 0 ) en équilibre avec le reste de l’armature en traction ω 0 = ω − (ω0 − νRd )
d’ Fsc Fsc
Fcc Fcc
d = + +
z z
NRd d−d’
Figure 8.5: Réduction d’un cas de flexion composé dans une section avec armature de compression
Ces relations permettent, une fois encore, de résoudre les problèmes de flexion composée en utilisant
les tables et les formules établies pour le cas de la flexion simple. Nous verrons, dans le paragraphe
suivant comment utiliser ces relations dans la pratique pour résoudre les problèmes de dimensionne-
ment des sections rectangulaires soumises à flexion composée.
d’
As’
h/2
M Sd
d h
NSd
As
On considérera toujours que les moments ultimes MRd ( ou MSd ) sont définis par rapport au
centre de gravité de la section de béton brute non-fissurée (c’est-à-dire par rapport au niveau h/2).
Rappelons que, par convention, on considère que l’effort normal est positif en compression.
Remarques
1. Avant d’utiliser ces formules il faut d’abord s’assurer que la section n’est pas complètement
en traction. Ce cas se présentera si l’effort normal est un effort de traction (NSd < 0) et que
l’on a ω + νSd ≤ 0. Deux situations peuvent alors se présenter :
(a) ω 0 + (ω + νSd ) < 0 la quantité totale d’armatures présentes dans la section est alors
insuffisante pour reprendre l’effort de traction quel que soit le moment de flexion.
(b) ω 0 + (ω + νSd ) > 0, les deux nappes d’armatures sont alors en traction et les conditions
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 156
ξ − δ0
²0s = .²c ≥ ²yd
ξ
Lorsque cette condition n’est pas vérifiée, le calcul devient itératif. La procédure à suivre est
la suivante :
(a) On calcule
²s0 ξ − δ 0 ²c
k0 = = . , ω0 = ω − k 0 .ω 0 + νSd
²yd ξ ²yd
(b) On en déduit les valeurs de µRd0,s ,ξ et de ²c qui correspondent à ω0 (cf. table 7.5), on
peut ainsi recalculer une nouvelle valeur de k 0 ,...
(c) Lorsqu’on a trouvé la valeur de k 0 correcte on peut calculer le moment résistant
h
MRd = µRd0,s .fcd .b.d2 + k 0 .A0s .(d − d0 ).fyd − NSd .(d − )
2
3. Si le calcul de ω0 = ω − ω 0 + νSd aboutit à une valeur négative et que l’on ne se trouve
pas dans un cas où la section est entièrement tendue (ω + νSd > 0), on se trouve dans un
cas où l’armature comprimée est trop importante pour se plastifier. On peut alors négliger la
contribution du béton comprimé et évaluer le moment résistant au moyen de l’expression :
h
MRd ≈ As .(d − d0 ).fyd − NSd .(d − )
2
4. Ces équations ont été établies en supposant que l’armature tendue est plastifiée (²s ≥ ²yd ).
Ceci ne sera plus le cas dès que l’on dépasse le plan de déformation 4 . Cet état de déforma-
tion correspond aux valeurs limites suivantes pour de l’acier S500 :
Il faut alors modifier les relations précédentes pour tenir compte de la contrainte réelle dans
les armatures tendues, et le calcul devient itératif. On peut procéder de la manière suivante :
(a) On déduit la contrainte σs = Es .²s à partir de la déformation ²s correspondante au ω0
calculé. (cf. table 7.5).
On calcule :
σs
k= , ω0 = k.ω − ω 0 + νSd
fyd
(b) On en déduit les valeurs de ²s , σs et µRd0,s qui correspondent à ω0 (cf. table 7.5), on
peut ainsi recalculer une nouvelle valeur de k,...
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 157
On cherche l’armature de traction nécessaire pour qu’une section de béton soumise à un effort nor-
mal NSd de dimensions connues puissent résister à un moment de flexion MSd (trouver As tel que
MRd ≥ MSd pour NSd , MSd , A0s , b, d, fcd et fyd fixés.)
1. On calcule
MSd + NSd .(d − h2 )
µSd0,s = − ω 0 (1 − δ 0 )
b.d2 .fcd
2. On trouve la valeur de ω0 correspondante à µRd0,s dans la table 7.4
3. On en déduit l’armature tendue nécessaire
fcd NSd
As = ω0 .b.d + A0s −
fyd fyd
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 158
Remarques
1. Lorsque MSd + NSd .(d − h2 ) < 0 on se trouve dans un cas où la section est entièrement
tendue. Les équations d’équilibre permettent de trouver directement l’armature nécessaire
Il faut cependant vérifier dans ce cas que la quantité d’armature supérieure est suffisante
3. Si le calcul de µSd0,s fournit une valeur positive inférieure à 0, 159 il se peut que l’armature
supérieure n’ait pas atteint sa limite élastique. Il faut alors effectuer les corrections de la même
manière que précédemment.
(a) On calcule
²s0 ξ − δ 0 ²c
k0 = = .
²yd ξ ²yd
MSd + NSd .(d − h2 )
et µSd0,s = − k 0 .ω 0 (1 − δ 0 )
b.d2 .fcd
(b) On en déduit les valeurs de ω0 , ξ et de ²c qui correspondent à µRd0,s (cf. table 7.4), on
peut ainsi recalculer une nouvelle valeur de k 0 ,...
(c) Lorsqu’on a trouvé la valeur de k 0 correcte on peut déterminer l’armature As
fcd NSd
As = ω0 .b.d + k 0 .A0s −
fyd fyd
4. Dans le cas où µSd0,s > 0, 316 ou une limite inférieure issue du tableau 7.2, la section n’est
pas suffisante ; il convient alors soit de modifier ses dimensions, soit d’augmenter la quantité
d’armature en compression.
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 159
A0s = 0
fcd NSd
As = ωM .b.d −
fyd fyd
Remarques
1. Lorsque MSd + NSd .(d − h2 ) < 0 on se trouve dans un cas où la situation est entièrement
tendue. Les équations d’équilibre permettent de trouver directement l’armature nécessaire
MSd − NSd .(d − h2 )
As =
(d − d0 ).fyd
MSd + NSd .(d − h2 )
A0s = −
(d − d0 ).fyd
2. La procédure décrite ci-dessus pourrait faire croire qu’indépendamment des dimensions de la
section, il est toujours possible de déterminer des quantités d’armatures telle que la section
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 160
en béton armé puisse résister à n’importe quelles sollicitations NSd , MSd . Ceci n’est bien
entendu pas vrai pour les raisons suivantes :
(a) On ne peut pas, en pratique, augmenter indéfiniment les quantités d’armatures dans
une section. Les normes fixent des pourcentages maximum à ne pas dépasser. Pour les
poutres, la norme NBN B 15-002 [4], impose que les armatures tendues d’une part et
comprimées d’autre part ne dépassent pas 0, 04 fois l’aire de la section en béton (hors
zones de recouvrement). Pour les poteaux (colonnes), l’aire totale d’armature ne doit
pas dépasser 0, 04 fois l’aire de béton et 0, 08 fois l’aire de béton dans les zones de
recouvrement.
(b) Pour des raisons économiques, il n’est habituellement pas intéressant d’augmenter les
quantités d’armatures.
(c) Les dimensions d’une section en béton armé sont souvent fixées par des critères de com-
portement en service (limitation des flèches,...).
cette équation est implicite, il faudra donc la résoudre par itérations successives en se fixant
une première valeur de d.
Il est possible (bien que ce ne soit généralement pas économique) d’obtenir une section de
hauteur moindre moyennant l’ajout d’une nappe d’armatures en compression. Si A0s est l’aire
de cette armature, on utilise alors, pour déterminer la hauteur de béton nécessaire, la relation
s
MSd + NSd .(d − h2 ) − A0s .(d − d0 ).fyd
d=
µRd,lim .b.fcd
3. Une fois les dimensions de la section fixées, on est ramené à un des problèmes précédents
(cf. Problème 3) pour déterminer l’aire de l’armature tendue.
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 161
Dans le cas de la flexion composée dans une section armée d’une simple nappe d’armatures, les
deux équations d’équilibre qui gouvernent le problème sont :
h
MRd = As .fyd .z + NSd .( + z − d) (8.45)
2
MSd − NSd .( h2 + z − d)
As = (8.46)
z.fyd
La seule inconnue à déterminer pour résoudre les problèmes de dimensionnement est donc la
valeur du bras de levier z.
Si l’on se rappelle les constatations faites quant à la faible variation de la hauteur du bras de
levier autour de la valeur moyenne z = 0, 9.d lorsque la hauteur de la zone de béton comprimée
est suffisament faible , il est possible de déduire de ces deux dernières équations les expressions
approchées suivantes :
Ces relations – d’une très grande utilité pratique – fourniront des valeurs situées du côté de la
sécurité (sous-estimation du moment résistant et surévaluation de la quantité d’armature nécessaire)
tant que la hauteur de la zone comprimée x est inférieure à 0, 25.d, ce qui veut dire, pour une section
rectangulaire que
x ≤ 0, 25.d ⇒ As .f yd + NSd ≤ 0, 17.fcd .b.d
Pour des valeurs de x comprise entre 0, 25.d et 0, 50.d, c’est-à-dire,si la section est rectangulaire,
b σ c = 0,85 fcd
3.5/1000
0,4 x
x hc=0,8 x
h Fcc = hc.b.0,85.fcd
d h/2
M Rd
z= d − 0,5 hc = d − 0,4 x
N Rd
MRd,s
As
Fs=As.fyd
N Rd
Fs = As .fyd
3. On détermine la hauteur de béton comprimée hc nécessaire pour reprendre cet effort de com-
pression
Fcc
hc =
0, 85.f cd.b
4. On en déduit le bras de levier z et la hauteur de l’axe neutre x
hc hc
z =d− et x =
2 0, 8
5. On vérifie que x/d ne dépasse pas la valeur limite 0, 617 ou une limite inférieure en fonction
du tableau 7.2)
6. On obtient directement le moment de rupture
h h
MRd = MRd,s − NSd .(d − ) = Fcc .z − NSd .(d − )
2 2
hc hc
z =d− et x =
2 0, 8
On réévalue la valeur de Fcc et on procède par itération jusqu’à l’obtention d’une valeur stable
de z.
5. On vérifie que x/d ne dépasse pas la valeur limite 0, 617 ou une limite inférieure en fonction
du tableau 7.2)
6. On obtient directement la quantité d’armature ncessaire
Fs Fcc − NSd
As = =
fyd fyd
b σ c = 0,85 fcd
3.5/1000
0,5.ho 0,4 x Fcc1 = ho.(b−bo).0,85.fcd
ho
x hc=0,8 x Fcc2 = hc.bo.0,85.fcd
yo
M N Sd d z1=d−0,5.ho
Sd h z2 = d−0,5.hc = d−0,4.x
MSd,s
As
Fs=As.fyd
N
Sd
bo
Section Déformations Contraintes Forces intérieures
x hc
1. On détermine l’effort à la rupture dans les armatures et l’effort de compression nécessaire dans
le béton.
Fs = As .fyd et Fcc = Fs + NSd
2. On calcule l’effort total capable de la table de compression Fcf,cap = 0, 85.fcd .b.h0 Si cet
effort est supérieur à l’effort de compression nécessaire Fcf,cap ≥ Fcc , on est ramené au cas
de la section rectangulaire. Dans le cas contraire on poursuit le calcul ci-dessous.
3. On calcule l’effort de compression total des ailes de la poutre.
Et l’effort résiduel de compression qui doit être repris dans l’âme pour équilibrer Fcc
5. On peut en déduire le niveau de l’axe neutre x = hc /0.8 et vérifier que x/d ne dépasse pas la
valeur limite 0, 617 ou une limite inférieure en fonction du tableau 7.2)
6. Le bras de levier de l’ effort Fcc1 vaut z1 = d − 0, 5.hc ,
le bras de levier de l’effort Fcc2 vaut z2 = d − 0, 5.h0 ,
ou encore le bras de levier moyen z = (z1 .Fcc1 + z2 .Fcc2 )/Fcc
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 165
Remarques :
1. Les méthodes de calculs exposées ci-dessus sont facilement étendues au cas où la section pos-
sède une armature de compression, il suffit pour cela d’inclure dans les équations d’équilibre
les efforts correspondants
Cette courbe, tracée dans un plan N ,M est appelée diagramme d’interaction de la section.
M Rd 3 O 12
[MN/m] Acier S500
b = 30cm
0.4 h = 60 cm
4 d = 55 cm
d’ = 5 cm
Flexion simple
0.3 3 Beton C30
4 O 16
2’ 5
Zone de sécurité
0.2 6
M Sd < M Rd
2 N Sd < N Rd
0.1
zone entiérement 1 Zone entièrement
tendue comprimée
0.0
2 7 N Rd
−0.1
−0.2 2’
Flexion simple 6
5
−0.3 3
4
−0.4
−1 0 1 2 3 4 [MN]
En pratique, pour vérifier si la section peut résister à une sollicitation (NSd , MSd ), il suffira
de contrôler que le point correspondant à la sollicitation se trouve bien à l’intérieur du diagramme
d’interaction.
Remarques :
1. Ce type de représentation a le gros avantage de donner en un seul diagramme une vue complète
du domaine de résistance de la section pour tous les modes de flexion composée (section
entièrement tendue, section partiellement tendue, et section entièrement comprimée).
2. Cette méthode s’applique à toute les formes de sections. Puisque le calcul d’un diagramme
d’interaction consiste à calculer les efforts internes à partir d’états de déformation donnés, il
suffit de procéder à l’intégration des contraintes dans la section et d’en déduire les forces inté-
rieures pour obtenir moyennant les équations d’équilibre, les efforts internes à la rupture. Dans
le cas de sections de forme complexe, on procédera habituellement par intégration numérique.
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 167
Dimensions et matériaux
h hauteur de la section
b largeur de la section
d distance de la nappe d’armatures inférieure à
la fibre supérieure du béton δ = d/h
d0 distance de la nappe d’armatures supérieure
à la fibre supérieure du béton δ 0 = d0 /h
As aire des armatures inférieures
As .fyd
ω=
b.h.fcd
A0s aire des armatures supérieures
A0s .fyd
ω0 =
b.h.fcd
fyd résistance de calcul des armatures
fyd = fyk /1, 15
fcd résistance de calcul du béton
fcd = fck /1, 50
Déformations
²yd déformation de l’acier lorsqu’il atteint son
palier plastique de calcul fyd , exprimé en ²yd = 1000.fyd /Es
1/1000
²c déformation de la fibre supérieure du béton
en 1/1000 −10 ≤ ²c ≤ 3.5
²s déformation de la nappe inférieure d’arma-
ture en 1/1000 −10 ≤ ²s ≤ 2.0
²0s déformation de la nappe supérieure d’arma-
ture en 1/1000 ²0s = ²c + (²s − ²c ).δ 0 /δ
²0c déformation de la fibre inférieure du béton en
1/1000 ²0c = ²c + (²s − ²c )/δ
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 169
²yd sinon
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 170
La figure 8.10 montre un exemple d’une famille de diagrammes d’interaction établis à partir des
équations précédentes pour une section rectangulaire possédant une seule nappe inférieure d’arma-
tures, pour de l’acier S500 , un rapport d/h = 0.9 et un pourcentage mécanique d’armature ω variant
de 0 (section non-armée) à 0, 4.
La figure 8.11 est identique si ce n’est qu’elle couvre une plus large plage de pourcentage méca-
nique d’armature (0 ≤ ω ≤ 0.8).
La figure 8.12 représente le cas d’une section armée symétriquement haut et bas (ω = ω 0 ). Il
est bien entendu possible, en utilisant les mêmes équations, de dresser des abaques semblables pour
n’importe quel rapport d’armatures supérieures et inférieures, ou encore, pour des valeurs de d/h et
d0 /h différentes. On trouvera de tels abaques en annexe.
x/d=0.45
x/d=0.40
x/d=0.35 Diagrammes d’interaction : section rectangulaire
x/d=0.30
armature simple ( 0 < w < 0.4 ) d /h = 0.90 S500
0.27 4
0.26
Rd
0.25 b
M
0.24
d/h = 0, 9, 0 ≤ ω ≤ 0.4)
fcd.b.h²
0.23 3
0.22 h/2
=
0.21
2’ d
0.20
Rd
0.19 N Rd
h
µ
0.18
0.17
M Rd
1 2 As
0.16
0
0.15
4
0.
0.14
w=
5
0.13
0 .3
0.12
w=
0
0.11
0 .3
=
0.10
w
25
0.09
0.
0.08
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE
w=
0
0
0.07
.2
0.
0
0.06
w=
w=
5
0.05
1
0.
0.04
w=
0
0.03
0 .1
0.02
w=
5
0.01
0
0.
0.00
w=
−0.5 −0.4 −0.3 −0.2 −0.1 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Figure 8.10: Diagrammes d’interaction d’une poutre rectangulaire simplement armée (acier S500 ,
171
N Rd
νRd =
fcd.b.h
x/d=0.45
x/d=0.40
x/d=0.35 Diagrammes d’interaction : section rectangulaire
x/d=0.30
armature simple ( 0 < w < 0.8 ) d /h = 0.90 S500
0.45
0.44
0.43 4
Rd
0.42 b
0.41
M
0.40
d/h = 0, 9, 0 ≤ ω ≤ 0.8)
fcd.b.h²
0.39 3
0.38
0.37 2’ h/2
0.36
=
0.35
0.34 d
0.33
Rd
0.32
1 2
0.31 N Rd
.8
h
µ
0
0.30
0.29
w=
M Rd
0.28 As
0.27
.7
0.26
0
0.25
w=
0.24
6
0.23
0.
0.22
0.21
w=
0.20
0.19
0.5
0.18
0.17
w=
0.16
0.15
4
0.14
0.
0.13
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE
w=
0.12
3
0.11
0.
0.10
0.09
w=
0.08
2
0.07
0.
0.06
0.05
w=
0
0.04
0.
0.03
0.
w=
0.02
0.01
w=
0.00
−1.0 −0.9 −0.8 −0.7 −0.6 −0.5 −0.4 −0.3 −0.2 −0.1 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
Figure 8.11: Diagrammes d’interaction d’une poutre rectangulaire simplement armée (acier S500 ,
172
N Rd
νRd =
fcd.b.h
Diagrammes d’interaction : section rectangulaire symétrique
armature double w=w’ ( 0 < w=w’ < 0.4 ) d’/h=0.10 d/h=0.90 S500
0.45
0.44 x/d=0.45
µRd
0.43 x/d=0.40 4 b
0.42
0.41 x/d=0.35 d’
0.40
0.39 x/d=0.30 As’
0.38 3 h/2
0.37
0.36 d
0.35
0.34
0.33 N Rd
0.32 h
0.31
Rd
M Rd
0.30 As
M
0.29
0.28
fcd.b.h²
0.27
0.26
0.25 2’
0.24 5
=
0.23
0.22
Rd
0.20
0.4
6
0.19
w=
µ
0.18
0.17
0.16
0.3
0.15
0.14
w=
0.13
0.12
0.2
0.11
w=
0.10
0.09
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE
0.08 2
0.1
0.07
0.06
w=
0.05
0.04
0.0
0.03
0.02 7
w=
0.01 1
0.00
−0.9 −0.8 −0.7 −0.6 −0.5 −0.4 −0.3 −0.2 −0.1 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 νRd
N Rd
ω= As. fyd ω’= As’.fyd νRd =
fcd.b.h fcd.b.h fcd.b.h
Figure 8.12: Diagrammes d’interaction d’une poutre rectangulaire armée symétriquement (acier
173
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 174
Hypothèses :
– On suppose que la section est armée aux moyen de ns nappes d’armatures horizontales. L’aire
totale des armatures de chaque nappe vaut Asi et sa position par rapport à la fibre supérieure
est notée ysi .
– La section est symétrique par rapport à un axe vertical et sa largeur peut donc être formulée
sous la forme d’une fonction b(y) donnant la largeur de la fibre au niveau y. Par exemple, pour
une section en Té on aura :
b si 0 < y ≤ h0
b(y) = b0 si h0 < y ≤ h
0 sinon
– On suppose que les efforts internes sont exprimés par rapport à un niveau de référence yref .
Habituellement on utilise comme référence le niveau du centre de gravité de la section brute
de béton non-fissurée. En effet, les efforts sollicitants issus d’une analyse élastique sont d’ha-
bitude exprimés par rapport à cette référence, puisque cette analyse est généralement menée
en utilisant les raideurs non-fissurées des éléments en béton.
En répétant ce calcul pour un nombre suffisant de couple de déformation (²c ,²s ), on détermine la
totalité du diagramme d’interaction.
CHAPTER 8. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION COMPOSÉE 175
Ac
0
ys1
y As1 yGc
et Fcc
yi x
dyi yref
Mcc/Fc
bi
d h
N Rd Ms/Fs
M Rd Fs
ys2
As2
ys3
As3
Figure 8.13: Calcul du diagramme d’interaction d’une section quelconque symétrique par rapport
à un axe vertical
On fait de même pour les efforts intérieurs correspondants à la résultante dans les aciers.
P
Nss = Asi .σs (²(ysi ))
4 i=1,n
Ps
Mss = Asi .σs (²(ysi )).(ysi − yref )
i=1,ns
Et finalement, on calcule les efforts résistants NRd , MRd correspondant au point du diagramme
d’interaction recherché
5
NRd = Ncc + Nss et MRd = Mcc + Mss
9.1 Introduction
Un élément est soumis à la flexion oblique lorsque sa section n’est pas symétrique par rapport à
son plan de chargement, ou lorsque les charges produisent des moments sollicitants Mz et My dont
la résultante n’est pas parallèle à un des axe principaux d’inertie de la section .
En principe, ce mode de sollicitation se présente très souvent. Toutefois, on essaie, dans la pra-
tique et dans la mesure du possible, d’éviter le calcul à la flexion oblique du fait de sa complexité.
Cette démarche peut se justifier si les contraintes engendrées par l’un des moments sont largement
prépondérantes. Dans ce cas, les contraintes dues au second moment sont simplement superposées
aux premières, même si cela n’est pas tout à fait correct d’un point de vue théorique. Dans le cas de
certains éléments structuraux, très fortement sollicités à la flexion oblique, cette simplification n’est
plus admissible, et un calcul rigoureux s’avère indispensable.
176
CHAPTER 9. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION OBLIQUE 177
La flexion oblique étant souvent accompagnée d’un effort normal de compression, il faudra faire
une distinction entre les sections fissurées et les sections non fissurées, aussi bien en phase élastique
qu’en phase de rupture.
Figure 9.2: Superposition des contraintes élastiques dans une section non-fissurée soumise à la
flexion oblique
Pour les sections homogènes non fissurées, les lois de superposition sont valables (cf figure 9.2).
Les contraintes se calculent donc de la même manière que dans le cas de la flexion composée, en
ajoutant simplement le terme qui tient compte de la contribution de My . Si l’on choisit les axes z et
y tels que leur origine est située au centre de gravité de la section homogène et que leur direction est
parallèle aux axes principaux d’inertie. C’est à dire que les relations suivantes sont vérifiées
Z X
zdA + m. As,i zs,i = 0 (9.1)
Ac i=1,ns
Z X
ydA + m. As,i ys,i = 0 (9.2)
Ac i=1,ns
Z X
z.ydA + m. As,i zs,i .ys,i = 0 (9.3)
Ac i=1,ns
où
CHAPTER 9. SECTIONS SOUMISES À LA FLEXION OBLIQUE 178
• ns ,As,i ,zs,i et ys,i sont le nombre, les aires et les coordonnées des barres d’armature.
• m et le coefficient d’équivalence acier-béton .
Es
m=
Ec
• Ac est l’aire de la section en béton.
Les contraintes dans les aciers sont obtenues au moyen de la relation
σs (z, y) = m.σc (z, y) (9.5)
Ax
e
Ne Y
u II
tre
I
My
Z
Mz
I
Ax
e
Ne
II ut
re
I et II : axes principaux de la section
homogène fissurée.
Figure 9.4: Diagrammes d’interaction d’une section soumise à la flexion oblique (calcul à la rupture)
| ez /b |
soit ≤ 0, 2 (9.6)
| ey /h |
| ey /h |
soit ≤ 0, 2 (9.7)
| ez /b |
Lorsque l’on applique cette simplification et que l’excentricité ey dépasse 0, 2.h, la norme im-
pose que la vérification de la flexion suivant l’autre axe se fasse sur une section rectangulaire de
dimension réduite correspondante à la zone de béton comprimée sous l’effet du moment autour du
premier axe. Les dimensions de cette zone comprimée peut-être calculée suivant l’hypothèse d’un
calcul élastique sur la section non-fissurée.
1 les notations sont modifiées par rapport au texte de la norme pour être plus cohérent avec les conventions d’axes utilisées
Zones d’excentricités
permises
ez
N
h Sd
ey
0,2 h
z
Figure 9.5: Conditions d’excentricités pour lesquelles la vérification de la flexion oblique peut se
faire en séparant les sollicitations suivant les deux axes principaux selon NBN B 15-002 [4]
y
0,2 b Dimensions de la section de calcul pour
la flexion autour de l’axe y (Nsd.ey)
Zones d’excentricités
permises N
Sd
+ N Sd
ey ey
h/2
h
h’
z
0,2 h h²
12.ez
b ez
Figure 9.6: Section de dimensions réduites pour le calcul de la flexion séparée autour de l’axe
vertical lorsque ey > 0, 2.h, selon la NBN B 15-002 [4]
La vérification séparée de la flexion autour de l’axe vertical se fera donc pour une section de
dimension réduite b × h0 où h0 prend la valeur (cf. figure 9.6)
h h
h0 = .(1 + ) (9.8)
2 6.ez
Chapter 10
10.1 Introduction
Tout élément linéaire soumis à un moment fléchissant variable M subit simultanément un effort
tranchant V = dM/ds, qui produit des contraintes de cisaillement τ (appelées aussi contraintes
tangentielles). Ces contraintes τ influencent la valeur et la direction des contraintes principales de
traction et de compression. La figure 10.1 représente les trajectoires des contraintes principales dans
une poutre simple soumise à une charge uniformément repartie à l’état non fissuré.
Comme la résistance à la traction du béton fct est faible par rapport à sa résistance à la compres-
sion, on admet généralement que les sections sont fissurées, ce qui conduit aux tracés des trajectoires
des contraintes principales représentés à la figure 10.2.
La fissuration des sections impose la mise en place d’armatures dans les zones soumises à la
traction. Ces armatures sont disposées le long de la fibre inférieure (armature principale de flexion) et
dans le sens transversal (armature d’effort tranchant). Dans certains cas, notamment pour les dalles,
la mise en place d’une armature transversale, sous forme d’étriers, s’avère compliquée et coûteuse.
Sous certaines conditions, il est possible de s’en passer, si les contraintes τ sont suffisamment faibles.
En cas d’absence d’armatures d’effort tranchant, le comportement structural de la poutre change et
s’approche de celui d’un arc à tirant (cf. figure 10.3)
Dans le présent chapitre, nous traiterons de manière étendue le comportement des âmes des
poutres à plan moyen et de section constante, cas le plus fréquemment rencontré dans la pratique.
182
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 183
Nous verrons également comment étendre les règles de dimensionnement des armatures d’effort
tranchant au cas des poutres à hauteur variable.
Un autre problème important, lié également à la présence de contraintes tangentielles, qui est
celui de la reprise des efforts rasants (liaison des ailes d’une poutre en Té à l’âme, par exemple),
sera développé dans un chapitre séparé.
V.S(y)
τy =
I.b(y)
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 184
où
• τ (y) est la contrainte de cisaillement au niveau y,
• S(y) est le moment statique par rapport au centre de gravité yG , de la partie de section située
au dessus du niveau y :
Z h
S(y) = (y − yG ).b(x)dx
y
σx τ xy σy =0
τ xy
σx τxy
τ
τxy σI
V
σII σx
M τxy
P
τxy
σI φ 2 φ σII
σy σx σ
σx τ xy τ xy
σI
τxy
V τ xy
τ xy τ σII
M
x
τ xy
φ
σI σy = σ x =0 σII σ
σx τ xy
τxy
V
τ xy σx σx
M σx σI
σII τxy
τxy
x
τ
τ xy
P
τxy
2φ
φ
σI σx σy σII σ
Figure 10.4: Contraintes principales dans une poutre fléchie (état non fissuré)
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 186
σx τ xy σI σ II
V M
Figure 10.5: Répartition des contraintes principales dans une poutre soumise à flexion composée
(compression) non fissurée
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 187
2. 2, 5 < av /d < 6 : Les poutres avec un rapport av /d inférieur à 6 tendent à se rompre par
effort tranchant. La figure 10.6 illustre schématiquement le mécanisme de rupture que l’on
observe dans ce cas. Lorsque l’effort V augmente, la fissure de flexion a − b la plus proche de
l’appui se propage vers le point d’application de la charge en s’inclinant graduellement (fissure
diagonale a − b − c). Avec l’augmentation de la charge, la rupture se produit habituellement
selon un des deux modes suivants.
av
V
e
j
c
d
b
h g
a i
Figure 10.6: Mécanisme de rupture d’effort tranchant : rupture par “traction diagonale”
av
V
Figure 10.7: Mécanisme de rupture d’effort tranchant : rupture par “compression cisaillement”
av V
V av /d < 1
Figure 10.8: Mécanisme de rupture d’effort tranchant : rupture du type “poutre cloison”
armatures d’effort tranchant, cette étape de fissuration marque la transition entre un fonctionnement
en poutre fléchie et un fonctionnement pouvant être modélisé par un treillis articulé formé de bielles
et de tirants.
Comme vu précédemment, en l’absence de fissures de flexion, le cisaillement est repris par des
contraintes de traction et de compression dans l’âme de l’élément. Des fissures d’effort tranchant
n’apparaîtront que lorsque les tractions principales qui se développent dans l’âme atteignent la ré-
sistance à la traction du béton.
Dans le cas de poutres ordinaires en béton armé, pour évaluer l’effort tranchant nécessaire pour
provoquer la formation de fissures inclinées de cisaillement, il convient de considérer que l’élément
possède déjà des fissures de flexion.
La figure 10.9 schématise un morceau de poutre compris entre deux fissures de flexion. Dans la
section de la fissure, l’effort tranchant est repris par trois forces :
– les contraintes de cisaillement dans le béton comprimé (non fissuré) au dessus de la fissure,
– le transfert de forces de cisaillement entre les faces de la fissure,
– l’effet de goujon dû à l’armature principale de flexion (dowel action).
Effet de goujon
(dowel action)
Force d’adhérence
de l’armature principale
Figure 10.9: Forces résistant à l’effort tranchant dans une poutre fissurée par flexion ([9])
La réalité se situe entre ces deux extrêmes. Les faces des fissures sont relativement proches et
leur surfaces ne sont pas parfaitement planes. De plus elles sont rugueuses et les agrégats dépassent
du plan de la fissure. Ceci a pour conséquence que le moindre mouvement relatif transversal entre les
deux faces de la fissure génère des efforts tangentiels. De tels mouvements transversaux sont produit
par la flexion, même limitée, de la “dent” et par la moindre courbure de la fissure. Un mouvement
vertical dans la fissure produit également des efforts tangentiels dans l’armature longitudinale par
effet de goujon.
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 191
Le mécanisme exact de l’apparition de fissures d’effort tranchant n’est pas connu avec précision
mais on sait qu’il est gouverné essentiellement par la combinaison des trois forces citées plus haut.
V
z
V
τ=bz
1 pas de perte de transmission 2 perte complète de transfert
de cisiallement dans la fissure de cisaillement dans la fissure
Figure 10.10: Hypothèses extrêmes de transfert de cisaillement dans un fissure de flexion ([9])
Les nombreux essais, qui ont été réalisés sur des poutres rectangulaires, en forme de I et de Té,
montrent que les facteurs principaux qui conditionnent la résistance à la fissuration d’effort tranchant
sont :
– les dimensions de la section (la hauteur effective d, et la largeur de l’âme bw ),
– les propriétés du béton (la résistance),
Asl
– le pourcentage d’armature longitudinale ρl = exprimé par rapport aux dimensions de
bw .d
l’âme,
– la hauteur effective de la section d,
M
– et dans une moindre mesure, le rapport
V.d
Le CEB-FIP MC 90 [5]propose la relation empirique suivante pour évaluer la résistance à la fissura-
tion d’effort tranchant d’une poutre sans armature transversale et fissurée par flexion.
p
VRd = 0, 12.ξ. 3 100.ρl .fck .bw .d (10.1)
où
ρl est le pourcentage d’armatures longitudinales par rapport aux dimensions de l’âme,
Asl
ρl =
bw .d
fck est la résistance caractéristique à la compression du béton exprimé en N/mm2 ,
bw et d sont les dimensions de l’âme et,
ξ est un coefficient fonction de la hauteur effective de la section d
r
200
ξ =1+ où d est exprimé en mm (10.2)
d
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 192
Cette équation est applicable pour des éléments en béton de classe de résistance usuelle (fck ≤
50N/mm2 ) et composés de granulats normaux.
Il faut noter que la résistance effective d’une poutre sans armature d’effort tranchant soumise
à des charges appliquées près du point d’appui peut être beaucoup plus élevée (av /d <∼ 2, 5) du
fait de la transmission directe des charges vers les appuis par l’intermédiaire d’une bielle inclinée
(cf. paragraphe 10.3.2). Ces cas doivent être traités au moyen de modèles en treillis formés de bielles
et de tirants.
La figure 10.11 montre des comparaisons entre des résultats d’essais et la formule proposée
ci-dessus.
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 193
Figure 10.11: Résistance à l’effort tranchant d’éléments sans armature transversale – comparaisons
de résultats d’essai avec la formule du CEB-FIP MC 90 [5](extrait de [9])
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 194
compression (bielle)
traction (tirant)
z
θ
(a)
θ z
(b)
(c) (d)
Figure 10.12: Modèles en treillis pour le calcul des éléments soumis à l’effort tranchant (étriers
verticaux) (extrait de [9])
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 195
L’angle θ que forment les bielles inclinées avec l’axe de la poutre n’est pas fixé à priori, puisque
même si des fissures ayant une autre inclinaison sont présentes, des efforts de cisaillement peuvent
être transmis à travers elles.
Le CEB-FIP MC 90 [5] recommande de ne pas dépasser une limite inférieure qui est de l’ordre
de 18, 4° (cot θ ≤ 3), du fait de la difficulté physique de transmettre des efforts à travers des fissures
dont l’inclinaison est très faible. Notons que la NBN B 15-002 [4]est plus stricte, en effet elle limite
l’inclinaison admissible des bielles à des valeurs comprises entre 0, 5 ≤ cot θ ≤ 2.
compression A
traction s z.cotg θ
Fcc
0 Vsd Msd
z
θ Fs Nsd
z
Fs
Fw
En considérant l’équilibre vertical des forces dans la section A − A de la figure 10.13, on peut
déduire les relations suivantes :
Asw .z. cot θ
VSd = Fw = σsw . (10.3)
s
où
• Vsd est l’effort tranchant dans la poutre à l’abscisse correspondante au point 0,
• Fw est la résultante des efforts de traction dans les étriers qui traversent la coupe (fissure),
• Asw est le section d’armature d’un étrier,
• σsw est la contrainte de traction dans les étriers,
• s est l’intervalle entre deux étriers et,
• z est le bras de levier.
En considérant l’équilibre vertical des forces dans la section B − B de la figure 10.14, et en
supposant que les étriers sont suffisamment rapprochés (s/d ≤ 0.75) pour que l’on puisse considérer
que les contraintes dans les bielles de béton sont uniformément réparties, on obtient :
où
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 196
Fs
z.cos θ B
modèle simplifié 0
Fcc
Fcw z
Fs
Remarques
1. Lorsque l’on modélise une poutre sous la forme d’un treillis, il est admis de considérer que
le bras de levier a une hauteur constante le long de l’élément tant que le moment sollicitant
ne change pas de signe. Sa valeur est prise égale à celle calculée pour l’état limite ultime
en flexion dans la section la plus sollicitée. Rappelons que pour des sections correctement
dimensionnées et soumises à des efforts normaux faibles, la valeur du bras de levier vaut
environ 0, 9.d.
2. Notons que la modélisation sous forme de treillis suppose implicitement que la poutre peut-
être assimilée à un système composé d’un tirant tendu (armature inférieure longitudinale ) et
d’une membrure comprimée de hauteur limitée (zone de la poutre située au dessus de l’axe
neutre). Ce type de modèle ne sera donc plus correct si la hauteur de la zone comprimée de-
vient trop importante (section sur-armée). Comme nous l’avons vu dans les chapitres consa-
crés à la flexion ce cas ne devrait pas se présenter si la poutre est dimensionnée correctement.
Les trois équations 10.3, 10.4 et 10.5 sont suffisantes pour effectuer la vérification de la résis-
tance ultime d’une poutre à l’effort tranchant.
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 197
1. On choisit l’angle θ de sorte que la résistance du béton dans la bielle de compression n’est pas
dépassée. Si l’on note fcd,2 la contrainte maximum admissible dans la bielle, le choix de θ se
fait en vérifiant la condition :
VSd
σcw = ≤ fcd,2 (10.7)
bw .z. sin θ. cos θ
La capacité maximum de la bielle, pour des dimensions d’âmes fixées est obtenue pour θ = 45,
l’équation précédente devient alors
VSd
σcw = 2. ≤ fcd,2 (10.8)
bw .z
Si cette condition ne peut être satisfaite, il conviendra d’augmenter les dimensions de la sec-
tion.
Rappelons que les normes fixent des limites pour l’angle θ (cot θ < 2, pour la NBN B 15-
002 [4])
2. On peut ensuite vérifier que les étriers sont suffisants au moyen de la relation :
VSd .s
σsw = ≤ fyd (10.9)
Asw .z. cot θ
3. Et enfin, il faut s’assurer que le tirant (armature longitudinale) est suffisant :
Remarques
1. On constate, en examinant l’équation 10.5 ou 10.10, que l’effort dans la membrure tendue est
augmenté de l’effort VSd . cot θ/2 par rapport à la valeur à laquelle on peut s’attendre M/z
si l’on ne considère que les effets de flexion dans la section. Cette augmentation d’effort est
d’autant plus importante que l’inclinaison des bielles est faible. En pratique cet effet est pris en
compte en appliquant ce que l’on nomme : la règle de décalage du diagramme des moments
qui sera exposée en détail plus loin. Cette augmentation d’effort dans la membrure tendue est
illustrée à la figure 10.15.
Cet effet aura également des conséquences pratiques sur le dimensionnement des ancrages
des armatures au droit des appuis, puisque l’inclinaison des bielles de compression qui y
aboutissent, conditionnera l’effort horizontal qui doit être équilibré à cet endroit.
Notons cependant, que l’augmentation d’effort dans la membrure tendue par rapport à la valeur
M/z n’existe plus dans la section de moment maximum puisque la force inclinée VSd . cot θ
n’est pas présente dans cette section pour autant que la poutre soit sollicitée par des charges
directes.
2. Dans le cas où la section est sollicitée également par un effort de compression NSd , la rela-
tion 10.10 devient :
MSd d − h/2 VSd . cot θ
Fs = − NSd . + ≤ Asl .fyd (10.11)
z z 2
3. La résistance fcd,2 correspond à la compression maximum admise dans la bielle inclinée.
Cette résistance est généralement limitée à une valeur inférieure à celle qui est autorisée
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 198
2V
modèle 1
V modèle 2 2V V
Mmax/z
efforts modèle 1
V.cot θ
efforts modèle 2
2
efforts lissés
z.cot θ
2
Figure 10.15: Effet de l’effort tranchant sur l’effort de traction dans l’armature principale
dans une membrure comprimée non-fissurée du fait de la présence des fissures. Le CEB-FIP
MC 90 [5]recommande de prendre comme limite :
fck
fcd,2 = 0, 60.fcd .(1 − ) où fck est exprimé en N/mm2 (10.12)
250
La norme NBN B 15-002 [4]quant à elle (cf. méthode des bielles à inclinaison variable) fixe
cette limite à :
fck
fcd,2 = ν.fcd . = (0, 7 − ).fcd où fck est exprimé en N/mm2 et ν > 0, 5 (10.13)
200
Ces deux formules donnent des valeurs proches comme le montre le tableau suivant.
valeurs de fcd,2 en fonction de fck (γc = 1, 5)
2
fck [N/mm ] 12 20 25 30 35 40 45 50
MC 90 4, 6 7, 4 9, 0 10, 6 12, 0 13, 4 14, 8 16, 0
NBN B-15-002 5, 1 8, 0 9, 6 11, 0 12, 2 13, 3 14, 3 16, 7
Dans le cas où la section des armatures inférieures est suffisante pour que la condition 10.10 ne
soit pas critique, la résistance de l’élément à l’effort tranchant est gouvernée par les deux relations :
où VRd3 représente la résistance ultime des étriers, et VRd2 la résistance ultime des bielles com-
primées.
Si l’on choisi l’angle θ de sorte que ces deux résistances soient égales (c’est-à-dire VRd =
VRd3 = VRd2 ) on obtient les relations :
s
fcd,2
cot θ = −1 (10.16)
ρw .fyd
s
VRd ρw .fyd fcd,2
= . −1 (10.17)
fcd,2 .bw .z fcd,2 ρw .fyd
où l’on a défini le pourcentage d’armatures transversale ρw
Asw
ρw = (10.18)
bw .s
L’équation 10.17 exprime directement la résistance de la section en fonction du pourcentage
d’étriers.
V
Rd
b w .z .fcd2
0.6
θ= 3
0.5
cot
1
θ=
0.4
t
co
0.3
0.2
0.1
0.0 ρw f yd
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6
.f cd2
– Si l’on veut limiter limiter l’inclinaison de θ de sorte que cot θ < 3, pour des valeurs faibles
du pourcentage d’armature, l’équation 10.17 doit être remplacée par :
VRd ρw .fyd
≤ 3.
fcd,2 .bw .z fcd,2
Remarques :
1. Rappelons que le choix de l’inclinaison des bielles (cot θ) a des répercussions sur les efforts
complémentaires induits dans l’armature longitudinale (décalage du diagramme des moments)
et donc également sur les efforts à reprendre dans les armatures longitudinales ancrées sur
les appuis d’extrémité des poutres. Plus les bielles seront “plates”, plus ces efforts seront
importants.
La figure 10.17 issue de [9] montre un diagramme du même type comparé à des résultats d’essais.
Figure 10.17: Effort tranchant résistant en fonction du pourcentage d’étrier selon [9], résultats
d’essais
compression A
traction s z.(cot θ + cotα )
0 Fcc
Vsd Msd
α θ Nsd
z
Fs
A
σsw Asw z.(cot θ + cotα )
Fw =
s
compression B
Fcw = σcw .bw.
z.sin(θ+ α )
sin α
traction s
0
Fcc Vsd Msd
α θ Nsd
z
Fs
B
z. sin(θ+ α )
sin α
Fs
C
Fsw = σsw As z . cot α
z . cos θ s
En considérant l’équilibre vertical des forces dans la section A−A de la figure 10.18, on obtient :
Asw
VSd = Fw . cos α = σsw .z. . sin α.(cot θ + cot α) (10.19)
s
où α est l’angle que forment les étriers avec l’axe de la poutre
45 ≤ α ≤ 90
En considérant l’équilibre vertical des forces dans la section B − B de la figure 10.19 et en
supposant que l’effort normal sollicitant est nul, on obtient :
sin(θ + α)
VSd = Fcw . sin θ = σcw .bw .z. sin θ. (10.20)
sin α
cot θ + cot α
= σcw .bw .z. (10.21)
1 + cot2 θ
Finalement en exprimant l’équilibre des moments autour du point 0 dans la coupe verticale C −C
de la figure 10.20,on obtient l’effort dans le tirant inférieur :
MSd d − h/2 VSd .(cot θ − cot α)
Fs = − NSd . + (10.22)
z z 2
Pour autant que la section des armatures inférieures soit suffisante pour que l’effort Fs , ainsi
calculé, puisse être repris, la résistance de l’élément à l’effort tranchant est gouvernée par les deux
relations :
Asw
VSd ≤ VRd3 = fyd .z. . sin α.(cot θ + cot α) (10.23)
s
cot θ + cot α
VSd ≤ VRd2 = fcd,2 .bw .z. (10.24)
1 + cot2 θ
Si l’on a défini le pourcentage géométrique d’armatures transversale ρw
Asw
ρw = (10.25)
bw .s. sin α
L’angle θ pour lequel VRd = VRd3 = VRd2 vaut :
s
fcd,2
cot θ = −1 (10.26)
ρw .fyd . sin2 α
En introduisant cette valeur de θ dans l’équation 10.23, il est à nouveau possible d’exprimer la
valeur réduite de l’effort tranchant résistant
"s #
VRd ρw .fyd . sin2 α fcd,2
= . − 1 + cot α (10.27)
fcd,2 .bw .z fcd,2 ρw .fyd . sin2 α
V
Rd
b w .z .fcd2
1.20
1.15
α = 45°
1.10
1.05
α = 50°
1.00
0.95
0.90
0.85 α = 60°
0.80
0.75
0.70 α = 70°
0.65
0.60 α = 80°
0.55
0.50 α = 90°
0.45 étriers verticaux
0.40
0.35
0.30
0.25
0.20
0.15
0.10
0.05
0.00 ρw f yd
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6
f cd2
Asw,min
ρw,min =
bw .s. sin α
Asw,min 2/3
ρw,min .fyk = .fyk = 0, 06.fck
bw .s
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 204
La norme fixe également d’autres règles technologiques pour la disposition des étriers dans les
poutres (espacement minimum, ...) . Ces règles seront examinées en détail dans le chapitre consacré
aux dispositions constructives.
al
cot θ − cot α
al = z. (10.28)
2
z.cot θ
2
0 Fcc
z/2
z
Fw
Fs
θ
V
z.cot
z.cot θ
2
0
Fcc
Fw
Fs
V
z.cot θ
Figure 10.23: Effort de traction dans l’armature inférieure au droit d’un appui de rive
Remarques :
1. Cette équation est issue d’un schéma de bielles dans lequel l’appui est concentré en un point
situé au nu de la poutre. En réalité, le point réel d’application de la résultante de la réaction
dépendra du type d’appui, ce qui peut entraîner une inclinaison complémentaire de la première
bielle (cf.figure 10.24).
La norme NBN B 15-002 [4]impose de tenir compte de cet effet en corrigeant l’équation 10.31
de la manière suivante :
(cot θ − cot α) ai
Fs = VSd .( + ) (10.31)
2 z
où ai est la distance entre le nu de l’appui et la résultante de la réaction.
La figure 10.25 montre les valeurs de ai qui peuvent être considérées pour différents cas de
configuration d’appui. La longueur lef f indiquée sur ces schémas est la portée de calcul à
utiliser dans ces différents cas.
2. Cet effort devra être convenablement ancré au moyen de barres (éventuellement en forme de
coude ou de boucle horizontale) au-delà de l’appui. Les mesures technologiques à prendre
concernant ces ancrages seront examinées en détail dans le chapitre relatif aux dispositions
constructives.
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 206
z
θ
0,5.z.cot θ
0,5.z.cot θ + a i
a i = t/2
t θ
l l
eff eff
h h
l eff l eff
t t
h
h
a = t/2 a = h/2
i i
h>t h<t
s
membrure comprimée
bielle Fcc
σc Vsd
z/2
z Nsd Msd
α θ
A A sw
sw
bw bw
Figure 10.26: Notations pour la vérification à l’effort tranchant selon la NBN B 15-002 [4]
Pour les poutres à inertie variable, il faut également prendre en compte les composantes verticales
des efforts dans les membrures tendues et comprimées.
On se référera au texte de la norme pour plus de détails (cf. NBN B 15-002 [4]§ 4.3.2.2(9-11))
PANNEAUX
z.cot θ 1 2 3 4 5 6
Vsd1
VSd3
Vsd2
Vsd4
Vsd5
nu de l’appui
Digramme des Vsd Effort tranchant
efforts tranchants pour le calcul des étriers
dans ce panneau
z.cot θ
45° 45°
45°
Asl
Asl Asl
section considérée section considérée
2 Les longueurs d’ancrages seront examinées dans le chapitre relatif aux dispositions constructives
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 210
Rappelons que l’effort tranchant a une influence sur les efforts dans les membrures comprimée
et tendue de l’élément. Pour être complet, il faut donc ajouter aux conditions 10.38 et 10.39 la
vérification de la capacité de résistance des deux membrures. En pratique cette vérification est faite
en vérifiant l’état-limite ultime de flexion de l’élément pour des valeurs de sollicitations issues du
diagramme des moments auquel on a fait subir un décalage tel qu’exposé précédemment.
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 211
VRd1
[N/mm²]
b w.d d [m]
<0.20
1.2
0.25
0.30
0.40
1.0 0.50
0.60
0.80
0.8 1.00
1.50
2.00
0.6 3.00
0.4
0.2
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 ρl . f ck [N/mm²]
ρl ρl = 1% f 20
ck 30 40 50 [N/mm²]
ρl = 2% f ck 20 25 30 35 40 45 50 [N/mm²]
Figure 10.29: Valeurs de VRd1 /(bw .d) en fonction du pourcentage d’armature longitudinale ρl et
de la résistance du béton fck (pour σcp = 0)
Dans le cas où les étriers sont verticaux (α =90°), l’équation 10.43 devient :
bw .z.fcd,2
VRd2 = (10.42)
tan θ + cot θ
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 212
Si, de plus, on fixe l’inclinaison des bielles à 45° on obtient les valeurs maximales de la résistance
de l’âme.
bw .z.fcd,2
VRd2 = (10.43)
2
V Rd2,red
V Rd2
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
σ cp,eff
0.0
f cd
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Figure 10.30: Réduction de VRd2 pour des sections soumises à un effort normal de compression
important
Cete réduction ne doit être appliquée que si σcp,ef f > 0, 40fcd (cf. figure 10.30).
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 213
Remarque :
1. On peut généralement prendre comme valeur du bras de levier z
z = 0, 9d
Asw
Vwd = .z.fyd .(1 + cot α). sin α (10.47)
s p
Vcd = VRd1 = bw .d.(0, 12.k. 3 100.ρl .fck . + 0, 15.σcp ) (10.48)
On a donc,
Lorsque l’on utilise cette méthode, les efforts à considérer dans le membrure tendue seront ob-
tenu en imposant un décalage du diagramme des moments correspondant à un angle d’inclinaison
des bielles de 45°(cot θ = 1). On aura donc :
De même, l’effort dans la membrure tendue au droit d’un appui d’extrémité vaudra
1 − cot α ai
Fs = VSd .( + ) (10.54)
2 z
1 ai
Fs = VSd .( + ) si les étriers sont verticaux (10.55)
2 z
CHAPTER 10. SECTIONS SOUMISES À L’EFFORT TRANCHANT 214
0, 5 ≤ cot θ ≤ 2 (10.56)
Suivant l’angle d’inclinaison des bielles, les efforts à considérer dans la membrure tendue seront
obtenus en imposant un décalage du diagramme des moments d’une distance al
cot θ − cot α
al = z. (10.59)
2
cot θ
al = z. si les étriers sont verticaux (10.60)
2
De même, l’effort dans la membrure tendue au droit d’un appui d’extrémité vaudra
cot θ − cot α ai
Fs = VSd .( + ) (10.61)
2 z
cot θ ai
Fs = VSd .( + ) si les étriers sont verticaux (10.62)
2 z
Remarques :
1. Rappelons que l’angle d’inclinaison des bielles a des répercussions sur les efforts dans la
membrure tendue de la poutre, et plus particulièrement sur l’effort dans l’armature inférieure
au droit des appuis d’ extrémité. Ces efforts seront d’autant plus importants que la bielle est
“plate”. Le choix d’un angle θ faible permettra donc de réduire la quantité d’armatures d’effort
tranchant, mais augmentera la quantité d’armatures longitudinales nécessaires. La valeur de θ
visant à obtenir le minimum d’étrier ne correspondra donc pas nécessairement à un optimum
économique quant à la quantité totale d’armatures.
2. De plus, quand l’effort dans les armatures inférieures au droit des appuis augmente, on ren-
contre souvent des difficultés pratiques pour ancrer celles-ci convenablement (longueurs d’an-
crage importantes dans un espace réduit). Ceci peut également conduire à choisir des bielles
moins inclinées.
3. On a vu précédemment qu’au delà d’une certaine quantité d’armature d’effort tranchant,
la rupture se produit par écrasement des bielles, avant que les étriers aient atteint leur li-
mite élastique. La non-plastification des armatures d’effort tranchant est non seulement anti-
économique, mais elle conduit à un comportement “fragile” à la rupture (rupture brutale).
puisque la ruine est conditionnée par la résistance des bielles comprimées dont la ductilité est
généralement faible. Ce type de comportement à la rupture doit donc être évité. Il faut donc
limiter la quantité d’armature d’effort tranchant de sorte que
V
Rd
b w .z .fcd2
0.60
1
,2
,5
θ= 2
θ=
=1
0.55
θ=1
tθ
t
co
cot
co
0.50
t
co
0.45
0.40
0.35
0.30
0.25
0.20
0.15
0.10
0.05
0.00
ρw f yd
0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 0.35 0.40 0.45 0.50 0.55 0.60
.f cd2
V
Rd
b w .z .fcd2
1.20
1.15
α = 45°
1.10
1.05
α = 50°
1.00
0.95
0.90
0.85 α = 60°
0.80
0.75
0.70 α = 70°
0.65
0.60 α = 80°
0.55
0.50 α = 90°
0.45 étriers verticaux
0.40
0.35
0.30
0.25
0.20
0.15
0.10
0.05
0.00
ρw f yd
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6
f cd2
V
Rd
Méth. bielles inclin. var.
b w .z .fcd2
f = 30 N/mm²
0.60 ck
h = 0,20 m
25
1
θ= 2
z/d = 0,9
1,
θ=
0.55 θ=
t
co
t
cot
co
0.50
0.45
Méth. stand.
ρsl = 0,02
0.40
0.20
0.15
0.10
ρw
0.05
f yd
0.00
0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 0.35 0.40 0.45 0.50 0.55 0.60
.f cd2
Figure 10.33: Comparaison entre la méthode standard et la méthode des bielles à inclinaisons va-
riables
Chapter 11
11.1 Introduction
Lorsqu’une pièce prismatique est sollicitée à la torsion uniforme ou torsion circulaire (torsion de
Saint-Venant), il n’apparaît (à l’état non fissuré) que des contraintes tangentielles τ . La torsion peut
également faire intervenir des contraintes normales σ ; il s’agit alors de torsion fléchie ou torsion non
uniforme (cf figure 11.1).
En torsion circulaire pure, les contraintes principales (σI = τ = −σII ) ont des trajectoires
hélicoïdales (cf figure 11.2). Dans ce cas, les les contraintes peuvent être évaluées par les méthodes
de la résistance des matériaux décrites à la section 10.2.
Dès que le béton se fissure (figure 11.3), ces méthodes ne sont plus applicables. On a donc déve-
loppé des modèles de calcul à la rupture similaires à ceux présentés au chapitre précédent (modèle
plastique en forme de treillis).
La vérification de la résistance à la torsion n’est pas indispensable dans tous les cas. Les moments
de torsion sont souvent des efforts hyperstatiques, provenant de rotations empêchées. Ces efforts sont
en général faibles, car la fissuration diminue fortement la rigidité à la torsion (cf figure 11.4). On peut
alors se dispenser d’un calcul et disposer les armatures technologiques minimales selon les règles de
219
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 220
Figure 11.3: Fissuration d’un élément soumis à la torsion obtenue lors d’un essai
constructions. Notons qu’il convient dans ce cas de négliger les raideurs à la torsion de ces éléments
dans les modèles de calculs utilisés pour l’analyse de la structure (détermination des efforts internes).
En revanche, lorsque la résistance à la torsion est nécessaire à l’équilibre, le calcul de la résistance
à la torsion est impératif. Les figures 11.5 et 11.6 montrent des exemples de telles structures.
τmax ≤ fctd
Le calcul des contraintes dues à la torsion suivant la théorie de l’élasticité est un problème com-
plexe pour lequel une solution mathématique exacte ne peut être donnée que dans quelques cas
simples.
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 221
Figure 11.4: Rigidité à la torsion des section rectangulaires en béton à aires égales en fonction de
la sollicitation
Dans la littérature, on trouve des solutions pour des sections fréquemment rencontrées dans la
pratique. Pour la section rectangulaire, par exemple, la formule de Bach donne une valeur approxima-
tive de la contrainte maximale (cf. figure 11.7). . Lorsque la section est mince (h >> b) la contrainte
maximum tend vers
3.T
τmax ≈ 2
b .h
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 222
Figure 11.7: Répartition des contraintes tangentielles dues à la torsion dans une section pleine
rectangulaire
Dans le cas d’une section circulaire, la contrainte de cisaillement maximum est obtenue par la
relation
16.T.D
τmax =
Π.(D4 − d4 )
où D et d sont respectivement le diamètre extérieure et intérieure de la section (d = 0, dans le cas
d’une section pleine) et T est le moment de torsion.
Dans le cas de sections creuses à parois minces, les contraintes sont pratiquement uniformes sur
l’épaisseur de chaque paroi. Le flux de cisaillement Φ, produit de la contrainte par l’épaisseur de la
paroi, est constant sur le pourtour de la section. En exprimant que le système de contraintes τ dans
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 223
4.A2
K = P lki
ti
l1
t1 t2 s
l4 t4 l2
t3
A
k
l3
Ak t(s)
4. A ² 4. A ²
K= k K= k
Σ li ds
ti t(s)
Dans le cas de sections ouvertes composées de plusieurs rectangles minces, on peut considéré
que le moment de torsion est distribué dans les différentes parties rectangulaires proportionnellement
à la raideur de chacune de ces parties. La raideur totale K à la torsion est obtenue en sommant les
raideurs individuelles des rectangles qui composent la section. Les contraintes maximum peuvent
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 224
être calculées pour chaque rectangle élémentaire comme s’il s’agissait de sections indépendantes
sollicitées par une partie Ti du moment de torsion total.
b3 .hi
Ti ≈ Pi 3 .T
bi .hi
X b3 .hi
i
K≈
3
où bi et hi sont respectivement les petites et grandes dimensions des rectangles élémentaires qui
composent la section totale. La figure 11.9 illustre le cas d’une section en Té.
h1 h2
b1 b2
T1 T2
T
3
K ~= Σ i hi
h3 b
T3 3
3
b i hi
Ti ~
= T
3K
b3
Figure 11.10: Rotation des poutres à section pleines ou creuses (mêmes dimensions et armatures)
Figure 11.11: Modèle en treillis spatial d’une poutre carrée soumise à la torsion
• les armatures transversales de torsion sont des étriers placés sur le pourtour de la section.
Les figures 11.11 et 11.12 montrent des modèles de ce type dans le cas d’une section carrée où
l’on suppose que les bielles comprimées (θ) forment un angle de 45˚avec l’axe longitudinal de la
poutre.
Figure 11.12: Modèle en treillis spatial d’une poutre carrée soumise à la torsion
zi
T
θ
z i cosθ
F
ti
Fli
Fti
Fli
Fti θ Fli
yi
Figure 11.13: Modèle plastique en treillis spatial d’une section polygonale résistant à la torsion
TSd . cot θ
t. sin θ. cos θ ≥ (11.7)
2.Ak .fcd,2
où
• fcd,2 la résistance à la compression des bielles comprimées ;
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 228
• t est l’épaisseur des parois. Dans le cas de sections pleines cette épaisseur est rempla-
cée par une épaisseur fictive (épaisseur efficace tef ). Une valeur raisonnable de cette
épaisseur efficace est obtenue au moyen de la relation
A
tef =
u
où A et u sont respectivement l’aire de la section (pleine) de béton et son périmètre
extérieur. Cette épaisseur ne doit pas être inférieure à deux fois la distance entre la paroi
extérieure et la face intérieure des armatures qui servent d’étriers.
Lors d’un dimensionnement, la valeur de l’angle θ peut être choisie entre des limites fixées par
les normes. Le CEB-FIP MC 90 [5]fixe cet intervalle à
où uk est le périmètre du feuillet moyen de la section creuse fictive (cf. figure 11.14). On obtient
alors la résistance ultime à la torsion de la section TRd
sP r
Asl .fyd Asw .fyd
TRd = 2.Ak . . (11.9)
uk s
où les armatures longitudinales et transversales nécessaires sont déterminées par les relations :
P
Asl TRd . cot θ
= (11.10)
uk 2.Ak .fyd
et
Asw TRd
= (11.11)
s 2.Ak .fyd . cot θ
Remarques :
P
1. La quantité d’armatures Asl /uk représente la section d’armature longitudinale par unité de
longueur de paroi. La quantité d’armatures Asw /s représente la section d’armature transver-
sales (étriers) par unité de longueur mesuré suivant l’axe longitudinal de la poutre.
2. Si l’on choisi de mettre la même quantité d’armatures par unité de longueur dans ces deux
sens, l’angle θ vaudra 45˚(cot θ = 1) d’après l’équation 11.8. On obtient alors la méthode de
dimensionnement simple suivante :
1 En réalité les limites imposées par la norme belge sont : 0.5 ≤ cot θ ≤ 2.0 . On évitera cependant d’utiliser des valeurs
de cot θ inférieures à 1 (θ > 45˚car de telles inclinaisons ne permettent plus en théorie de mobiliser la résistance plastique
des armatures avant que la rupture des bielles ne se produise (cf. chapitre 10)
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 229
A sl
A sl T Sd t t
TSd
t/2
Ak
feuillet moyen
A sw
parois effective t ef
La vérification de la résistance à la torsion est réalisée en vérifiant les deux inégalités suivantes
TSd ≤ TRd1 (11.14)
TSd ≤ TRd2 (11.15)
où
TSd est le moment de torsion sollicitant de calcul,
TRd1 est le moment de torsion maximal auquel peuvent résister les bielles de compression du béton,
TRd2 est le moment de torsion maximal auquel peuvent résister les armatures.
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 230
L’épaisseur t prise en compte doit être inférieure ou égale à l’épaisseur réelle de la paroi. Dans
le cas d’une section pleine, il convient de considérer une épaisseur de paroi efficace tef
A
tef ≤
u
Il est interdit d’utiliser une épaisseur inférieure à deux fois l’enrobage des barres longitudinales.
La norme fixe la valeur admissible pour la contrainte de compression dans les bielles à la rupture
aux valeurs suivantes :
fck
fcd,2 = (0, 7 − ).fcd ≥ 0, 5.fcd (11.17)
200
où fck est exprimé en N/mm2 .
Figure 11.15: Valeurs admissibles de la contrainte de compression dans les bielles selon la norme
belge
Cette résistance ne peut être utilisée que si des cadres fermés sont disposés sur les deux faces de
la section creuse fictive, ou de chaque paroi d’un caisson. Dans le cas contraire, il faut utiliser une
valeur réduite de fcd,2 obtenue à partir de la relation (cf. figure 11.15)
fck
fcd,2 = fcd,2,red = 0, 7.(0, 7 − ).fcd ≥ 0, 35.fcd (11.18)
200
valeurs de fcd,2 en fonction de fck (γc = 1, 5)
fck [N/mm2 ] 12 20 25 30 35 40 45 50
2
fcd,2 [N/mm ] 5,1 8,0 9,6 11,0 12,2 13,3 14,3 16,7
fcd,2,red [N/mm2 ] 3,6 5,6 6,7 7,7 8,6 9,3 10,5 11,7
0, 5 ≤ cot θ ≤ 2, 0 (11.19)
CHAPTER 11. ELÉMENTS SOUMIS À LA TORSION 231
Effort rasant
12.1 Introduction
Au chapitre 10 – consacré aux sections soumises à l’effort tranchant – nous ne nous sommes
intéressés qu’à la reprise des efforts de cisaillement qui sollicitent les âmes des poutres. La théorie
de la résistance des matériaux nous enseigne que les plans de jonctions entre les âmes et les semelles
des poutres en Té, en I ou en caisson sont également sollicités par des efforts tangents (efforts rasants)
non négligeables.
En effet, pour que la partie extérieure d’une semelle d’une poutre en Té (par exemple) puisse
participer à la résistance de la section totale, il faut que des forces soient introduites dans ces parties
de la section par des forces de cisaillement qui traversent leur plan de jonction avec l’âme.
Afin d’illustrer ce phénomène, examinons le cas d’une poutre en Té simplement appuyée sou-
mise à une charge ponctuelle à mi-portée (cf. figure 12.1). On considère un tronçon de poutre de
longueur ∆x et l’on isole le bloc correspondant à la partie droite de la semelle de compression.
En exprimant l’équilibre des efforts longitudinaux s’exerçant sur ce bloc, on a
F + v.∆x = F + ∆F (12.1)
où
• F est la résultante des contraintes normales s’exerçant sur la partie de la semelle considérée à
l’abscisse x
• F + ∆F est la résultante des contraintes normales s’exerçant sur la partie de la semelle consi-
dérée à l’abscisse x + ∆x
• v.∆x est la résultante des contraintes internes de cisaillement s’exerçant dans le plan de la
coupure (plan de jonction avec le reste de la section).
Cet effort v est appelé Effort rasant.
On a donc
∆F
v= (12.2)
∆x
Ce qui signifie que l’effort rasant est égale à la variation par unité de longueur de l’effort normal
s’exerçant sur l’aile de la poutre.
232
CHAPTER 12. EFFORT RASANT 233
x x + ∆x
P
∆x
P/2
P/2
Moment de flexion
P/2
Plan de coupure
F
F
v. ∆x
∆x
v.∆x
∆x
F+∆F
F+ ∆F
Af σ
ym
σ (y m )
En appliquant la loi issue de la théorie de la résistance des matériaux selon laquelle la variation du
moment de flexion par unité de longueur est égale à l’effort tranchant V
∆M
=V
∆x
et en notant St , le moment statique de la partie de section considérée, on a, par définition du moment
statique,
St = ym .Af
et donc
V.St
v= (12.5)
I
Cette dernière expression est la formulation générale permettant le calcul de l’effort rasant dans une
section élastique (non-fissurée)1 .
où z est le bras de levier (distance entre la résultante des efforts de traction dans les armatures et le
point d’application de la résultante des efforts de compression dans le béton.)
En séparant la partie de l’effort de compression qui agit sur une aile extérieure de la table de
compression (Fcc,f ) de l’effort total de compression (Fcc ) qui s’exerce sur la table de compression
de la poutre (cf. figure 12.3).
Fcc bf=(b−bo)/2
b Fcc,f σ =0,85 . fcd
F
x cc
ho
Fcc = 0,85 fcd .b.x
z
F
s
bo
z
x Fcc
Figure 12.3: Efforts rasant dans une section fissurée (cas d’une section en Té à la rupture)
et en notant
Fcc,f
η=
Fcc
on a
M
Fcc,f = η. (12.7)
z
La variation d’effort normal dans cette partie de la section par unité de longueur vaut donc :
∆Fcc,f ∆M V
v= = η. = η. (12.8)
∆x z.∆x z
CHAPTER 12. EFFORT RASANT 236
v est l’effort rasant agissant dans la jonction entre l’aile de la table de compression et l’âme de la
section.
Généralisation
Le même raisonnement peut être effectué pour tous les autres cas de figures (section en I, cais-
sons, etc...). On peut énoncer la règle générale suivante :
L’effort rasant qui sollicite la jonction d’une partie d’une section avec le reste de
cette section est égale à la variation de la résultante des contraintes normales qui
sollicitent cette partie de section.
vSd .∆x
Fcf = (12.12)
cos θf
Fsf = vSd .∆x. tan θf (12.13)
où
CHAPTER 12. EFFORT RASANT 237
P P
P P
Ac A cf
Fcc
FS
As A sf
η c Fcc
θf Fcc
Fcf
θf Fsf
ηc = Ac
A cf
ηs = Asf
SEMELLE SUPERIEURE (vue en plan)
θf
η F As
S S
FS
• Fcf est la résultante des contraintes de compression dans les bielles inclinées ;
• Fsf est la résultante des efforts de traction dans les armatures transversales d’effort rasant ;
• vSd .∆x est la valeur de calcul de la résultante des contraintes de cisaillement (effort rasant)
s’exerçant dans la jonction entre l’aile de la poutre et l’âme ;
• θf est l’angle que forme les bielles avec l’axe longitudinal.
Puisque la largeur de la bielle de compression vaut ∆x. sin θf , la contrainte dans les bielles en béton
est obtenue par la relation :
Fcf vSd
σcf = =
hf .∆x. sin θf hf . sin θf . cos θf
où hf est l’épaisseur de la semelle.
Le calcul de dimensionnement consistera donc :
1. à vérifier que la contrainte dans les bielles ne dépasse pas la résistance à la compression fcd,2 ,
c’est-à-dire :
vSd
= σcf ≤ fcd,2
hf . sin θf . cos θf
CHAPTER 12. EFFORT RASANT 238
2. à prévoir des armatures transversales dont la section par unité de longueur vaut
Asf vSd . tan θf
=
sf fyd
où sf est le pas de ces armatures transversales (mesuré suivant l’axe de la poutre).
Remarques :
1. Le CEB-FIP MC 90 [5]recommande d’utiliser un angle d’inclinaison des bielles θf corres-
pondant à cot θf = 2.0 dans le cas d’une semelle comprimée et cot θf = 1.25 dans le cas
d’une semelle tendue.
bf Fd A sf
av
Fd
hf
Fd + ∆ Fd
section M=0 Fd + ∆ Fd
sf
section M = Mmax
bw
av av av av av av av av
Figure 12.6: Liaison âme-membrure selon la NBN B 15-002 [4] : définition de la distance av
Calcul de l’effort rasant maximum admissible pour éviter l’écrasement des bielles de béton
(vRd2 )
L’effort rasant résistant vRd2 s’exprime par la relation :
fcd,2 .hf
vRd2 = (12.17)
2
où
• hf est l’épaisseur de la semelle,
• fcd,2 est la résistance à la compression des bielles.
200
fcd,2 = ν.fcd = (0, 7 − ).fcd
fck
Asf .fyd
vRd3 = vRd1 + (12.18)
sf
où
• vRd1 est l’effort rasant qui peut être repris par le béton seul sans armature. Ce terme est nul
dans le cas d’une semelle tendue. Dans le cas d’une semelle comprimée, il est évalué au moyen
de l’expression
vRd1 = 2, 5.τRd
avec √
0, 068 fck + 8
τRd =
γc
où fck est exprimé en N/mm2 .
Le tableau suivant donne les valeurs de τRd en fonction de fck pour γc = 1, 5
valeurs de τRd en fonction de fck (γc = 1, 5)
fck [N/mm2 ] 12 16 20 25 30 35 40 45 50
τRd [N/mm2 ] 0,20 0,22 0,24 0,26 0,28 0,30 0,31 0,33 0,35
Remarques :
1. Dans le cas de coexistence d’un cisaillement âme-membrure, et d’une flexion transversale, les
sections d’armatures nécessaires pour la flexion et le cisaillement ne doivent pas être cumulées.
2. Les valeurs de vRd1 mentionnées ci-dessus ne sont valables que si la surface de jonction entre
l’âme et la membrure est monolithique, c’est-à-dire que ces deux parties de la section ont été
réalisées dans la même phase de bétonnage. Dans le cas contraire, il convient d’utiliser les
valeurs de cisaillement admissibles dans les joints de reprise telles que définies plus loin dans
le texte.
3. L’utilisation d’un effort rasant moyen pour dimensionner les armatures, tel que préconisé par
la norme, peut mener, dans certains cas, à une distribution des armatures d’effort rasant rela-
tivement éloignée de la distribution des efforts qui serait obtenue lors d’une analyse élastique.
En effet, les efforts rasants étant proportionnels aux efforts tranchants, leur intensité varie sui-
vant la même courbe que l’effort tranchant. Dans de tels cas, il est souhaitable d’adapter, dans
la mesure du possible, la répartition des armatures d’effort rasant en les concentrant dans les
zones où l’effort tranchant est maximum. Une méthode simple pour réaliser ceci consiste à
diviser les longueurs av sur lesquelles on effectue le dimensionnement en des zones conti-
guës plus petites pour lesquelles on réalise chaque fois un dimensionnement séparé. Ceci ne
conduit pas à une augmentation de la quantité globale d’armatures mais bien à une répartition
plus favorable pour le fonctionnement de la structure.
de bétonnage différentes sont appelées joints de reprise. On comprend aisément que ces surfaces sont
a priori des points faibles de la structure. En effet, même si la résistance à la traction d’une pièce
de béton monolithique est relativement faible, elle contribue (entre autres) fortement à sa capacité
de résistance vis-à-vis des efforts de cisaillement. Dans un joint de reprise, par contre, cette résis-
tance à la traction est quasiment nulle. C’est pourquoi, on s’arrange généralement pour orienter ces
surfaces perpendiculairement aux efforts de compressions principaux. Ceci n’est malheureusement
pas toujours possible pour raisons évidentes de faisabilité pratique. Le recours à la préfabrication
est également la source d’une multiplication importante du nombre de joints de reprises dans la
structure.
Lorsque de tels joints sont le siège d’efforts tangents non négligeables, il convient de vérifier
leur résistance vis-à-vis de ces sollicitations et le cas échéant, prévoir des armatures de couture en
conséquence.
12.6.2 Calcul de la résistance à l’effort rasant dans les joints de reprise selon
la NBN B 15-002 [4]
Fs
Fcw
Vf = τf . Aj
N = σ . Aj
f N
θ α
As . f yd
où
• τf,Rd,j est la valeur de calcul de l’effort de cisaillement résistant par unité de surface dans le
joint.
CHAPTER 12. EFFORT RASANT 242
• kT est un coefficient qui dépend du type de la qualité de rugosité de la surface (cf. table 12.1).
kT est nul lorsque la surface est soumise à un effort de traction.
• τRd est la valeur de calcul de la résistance au cisaillement de base du béton.
√
0, 068 fck + 8
τRd =
γc
où fck est exprimé en N/mm2 . Le tableau suivant donne les valeurs de τRd en fonction de
fck pour γc = 1, 5
valeurs de τRd en fonction de fck (γc = 1, 5)
fck [N/mm2 ] 12 16 20 25 30 35 40 45 50
τRd [N/mm2 ] 0,20 0,22 0,24 0,26 0,28 0,30 0,31 0,33 0,35
• µ est un coefficient de frottement qui dépend de la rugosité de la surface du joint (cf. table 12.1).
• σN contrainte de compression normale perpendiculaire au joint due à des efforts extérieurs (y
compris une précontrainte éventuelle). σN doit être pris inférieur à 0, 6.fcd .
• ρ est le pourcentage d’armatures qui traversent le joint (armatures de couture) et dont la direc-
tion par rapport à la surface de reprise fait un angle α compris entre 45˚et 90˚. (cf. figure 12.7).
As
ρ=
Aj
où As est l’aire des armatures de couture et Aj l’aire de la surface de reprise.
• fcd,2 est la résistance à la compression des bielles en béton.
200
fcd,2 = ν.fcd = (0, 7 − ).fcd
fck
valeurs de fcd,2 en fonction de fck (γc = 1, 5)
fck [N/mm2 ] 12 20 25 30 35 40 45 50
2
fcd,2 [N/mm ] 5,1 8,0 9,6 11,0 12,2 13,3 14,3 16,7
Remarques :
1. Il convient d’être prudent lors de l’utilisation de coefficients kT élevés. En effet, la rugosité
effective d’une surface de reprise peut être fortement altérée par les conditions réelles de mise
en oeuvre sur le chantier. Un soin particulier devra, entre autres, être apporté à la propreté des
surfaces de reprises avant le bétonnage. En pratique, on ne peut raisonnablement compter sur
un coefficient kT = 1, 8 que si des mesures particulières de traitement de la surface sont mises
en oeuvre (bouchardage, rainurage du béton frais, indentation, etc...). Les différentes normes
divergent de manière significative quant aux valeurs de ces coefficients à prendre en compte.
2. Lorsque la surface de reprise est soumise à des efforts tangents dynamiques de grande ampli-
tude, il est prudent de négliger le terme kT .τRd .
CHAPTER 12. EFFORT RASANT 243
13.1 Introduction
13.1.1 Effet du second ordre
Les éléments porteurs verticaux dans les structures, tels que les colonnes ou les voiles, sont
destinés à supporter des efforts normaux importants et sont souvent “élancés”, c’est-à-dire longs et
“minces” , et donc flexibles. Leur propre déformation peut induire des excentricités complémentaires
de l’effort normal et modifier ainsi leur état de contrainte. Ce phénomène est appelé effet du second
ordre, non-linéarité géométrique ou flambement.
Alors que dans le cas d’éléments raides et trapus, leur déformation est suffisamment faible pour
que l’accroissement de flexion qui en résulte soit négligeable.
L’effet du second ordre dans un élément en béton produit un accroissement progressif non pro-
portionnel des déformations dues aux excentricités initiales des charges. Quand l’élément est élancé,
sa déformation modifie sensiblement les excentricités dans toutes les sections le long de l’élément.
L’effet de second ordre apparaît ainsi comme un accroissement des moments de flexion.
M M
N N
N M N M + N.a
244
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 245
Le béton était utilisé à ses débuts pour réaliser des structures massives non sujettes à des pro-
blèmes d’élancement. Depuis, l’augmentation de la résistance du béton couplée à la nécessité d’éco-
nomiser la matière, de réduire le poids propre et de gagner de l’espace, a conduit naturellement à des
colonnes et des voiles plus minces, qui peuvent être sensibles aux effets du second ordre. En effet ,
l’accroissement de la résistance du béton armé, ne conduit malheureusement pas à un accroissement
proportionnel de sa raideur.
L’analyse non-linéaire des structures en béton est conditionnée par plusieurs sources de non-
linéarité. L’une d’entre elle est d’origine géométrique (celle dont on vient de parler), mais elle ne
peut être traitée séparément des autres. Il faut l’envisager en interaction avec les non-linéarités issues
du comportement mécanique non élastique des matériaux , l’effet de la fissuration, les déformations
prolongées dans le temps (fluage,...), etc.
L’analyse du comportement des éléments élancés soumis à la compression devra donc intégrer
ces différents phénomènes (cf. figure13.2).
M 2M
M
2M
a
a 2a >2a
a >2a
Réduction de la résistance
A l’état de service, la structure n’est normalement pas affectée de manière significative par les
effets du second ordre du fait que les contraintes dans les matériaux se situent dans la plage de
comportement élastique.
Par contre, à l’état-limite ultime, les contraintes importantes induisent des concentrations de
déformation (rotations) dans les sections critiques alors que la rigidité diminue tout au long de l’élé-
ment du fait de la plastification des zones comprimées et de la fissuration des zones tendues. Des
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 246
moments du second ordre se développent alors, et réduisent ainsi la capacité portante de l’élément.
Pour des élément soumis à des efforts normaux de compression importants, une augmentation des
moments de flexion est toujours défavorable (cf. figure13.3).
M
Rd
b
d’
As’
h/2
d
N Rd
h
M Rd
As
M Sd
N
Rd
0.0 N Rd
0.0
Figure 13.3: Exemple de diagramme d’interaction d’une section rectangulaire armée symétrique-
ment soumise à la compression
N
a colonne trapue
H
colonne élancée
H R
R’ D
D’
Figure 13.4: Réduction de la résistance et de la dissipation d’énergie dues aux effets du second ordre
noyaux (cages d’escalier, ascenseur, etc.) et les murs (en général des murs porteurs en béton armé).
Lorsque le vent agit sur la façade d’un bâtiment, il est transmis tout d’abord aux éléments por-
teurs horizontaux (dalles ou planchers nervurés) qui le transmettent à leur tour aux éléments rigides
de contreventement mentionnés ci-dessus. Ceux-ci constituent des consoles encastrées dans les sous-
sols des bâtiments
Un bâtiment non contreventé est toujours considéré comme une structure à noeuds déplaçables.
En revanche, un bâtiment contreventé peut être considéré soit à noeuds déplaçables, soit à noeuds
fixes en fonction de la rigidité des contreventements.
De façon générale une structure peut être considérée à noeuds fixes si les déplacements de pre-
mier ordre des noeuds n’augmentent pas de plus de 10% les sollicitations calculées sans tenir compte
des effets du second ordre.
L’Eurocode 2 [6] définit également des critères bien précis pour déterminer dans quel cas on se
trouve. Ces critères tiennent compte du nombre d’étages, de la rigidité des éléments de contrevente-
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 248
π 2 .E.I
Ncr = (13.1)
lcr
où
• Ncr est l’effort normal de flambage d’Euler (charge critique d’Euler) ;
• E est le module d’élasticité du matériaux ;
• I est le moment d’inertie de la section ;
• lcr est la longueur de flambage.
L’analyse mathématique de ce problème est basée sur le comportement d’ une colonne droite bi-
articulée d’une longueur lcol soumise à un effort normal N centré, à laquelle un petit déplacement
transversal (ou une excentricité) e1 est appliqué.
La longueur de flambage lcr est égale dans ce cas à la longueur de la colonne bi-articulée lcr =
lcol (cf. figure 13.6)
L’analyse de ce modèle montre que lorsque N < Ncr , les forces de rappel rétablissent la recti-
tude de la colonne dès la disparition de e1 . En revanche si N ≥ Ncr , le moment N.e1 produit une
excentricité e2 , laquelle produit e3 et ainsi de suite jusqu’ à la rupture par flambage.
Le même phénomène de flambage peut se produire pour des colonnes encastrées ou libres à une
extrémité. Dans ces cas, la longueur de flambage lcr correspondante est définie comme la distance
qui sépare les points d’inflexion de la déformée (cf. figure 13.7). La colonne est alors traitée comme
une colonne bi-articulée de longueur égale à lcr ; autrement dit, on ramène un cas quelconque au
cas fondamental d’une colonne bi-articulée fictive qui a la même charge critique que la colonne
considérée.
Rappelons enfin que la théorie de flambage d’Euler est basée sur la loi de Hooke et la relation
moment-courbure linéaire
1 M
=
r E.I
qui en découle. Elle ne dépend pas de la résistance des sections, mais uniquement du module d’élas-
ticité du matériau et elle n’est donc valable que si celui-ci, au moment du flambage, obéit encore à
la loi de Hooke.
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 249
e1 e2 e 3
l cr = l col
Cela n’est bien entendu pas le cas des colonnes en béton armé. Comme nous l’avons déjà exposé
précédemment, l’analyse des éléments comprimés élancés en béton armé nécessite la prise en compte
simultanée des non-linéarités d’origine géométrique et d’origine matérielle (relation contraintes-
déformations non-linéaires). Le modèle de flambage d’Euler n’est donc pas directement applicable
au calcul des colonnes en béton armé.
13.3.2 Elancement
Bien que très pratique, la notion de longueur de flambage est très souvent remplacée par celle de
l’élancement λ. Celui-ci est défini comme le rapport entre la longueur de flambage d’une colonne
lcr (appelée également longueur critique) et le rayon de giration de sa section ic
r
lcr Ic
λ= et ic = (13.2)
ic Ac
où
• Ic est le moment d’inertie de la colonne (section de béton seule) ;
• Ac est l’aire de la section (section de béton seule).
Le coefficient λ correspond bien à la notion d’élancement, car plus λ est grand, plus la longueur
de la colonne est importante vis-à-vis des dimensions de sa section transversale. L’élancement est le
paramètre géométrique principal qui définit la sensibilité d’un élément vis-à-vis des effets du second
ordre et donc du danger de flambage (instabilité géométrique). On parle d’une colonne peu élancée
ou trapue lorsque son élancement est de l’ordre de 15 à 25 voire 30. Dans ce cas, l’effet du second
ordre est généralement négligeable. De même, on parle d’une colonne modérément élancée lorsque
son élancement ne dépasse pas 50 voire 70. Dans le cas de colonnes très élancées, l’élancement peut
atteindre 140 en stade définitif et même 200 en stade de construction.
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 250
N
N N N N
l cr = l col
l cr = 0,7 l col
l cr = 0,5 l col
l cr = l col
l cr = 2 l col
N N N N N
Figure 13.8: Longueur de flambage des colonnes faisant partie d’une ossature selon la norme
NBN B 15-002 [4]
kA (ou kB ) = P Ib
(13.4)
Ecm .α. lef f
où
• Ecm est le module d’élasticité moyen du béton ;
• Icol , Ib sont les inerties des sections (béton seul) des poteaux et des poutres adjacentes au
noeud considéré ;
• lcol est la longueur des colonnes ;
• lef f est la portée effective des poutres ;
• α est un facteur utilisé pour tenir compte des conditions d’encastrement des extrémités oppo-
sées des poutres.
1 extrémité opposée encastrée
α= 0, 5 extrémité opposée libre de rotation
0 extrémité en porte à faux
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 252
M tot M tot
MI MI
2.0 2.0
1.1 1.1
1.0 1.0
50 100 λ 20 70 λ ν
Figure 13.9: √Sensibilité des colonnes aux effets du second ordre en fonction du coefficient λ ou du
coefficient λ. ν (résulats de simulations numériques) [9]
√
La figure 13.9 montre clairement que le coefficient λ. ν cerne de manière plus précise la sensi-
bilité aux effets du second ordre que le seul coefficient d’élancement λ. Ces diagrammes illustrent
l’évolution du rapport entre le moment de flexion total Mtot calculé en tenant compte des effets du
second ordre et le√moment du premier ordre MI en fonction soit du coefficient d’élancement λ soit
du coefficient λ. ν.
En effectuant des tests numériques
√ on peut montrer que les effets du second ordre deviennent
significatif pour des valeurs de λ. ν supérieure 20 et que la limite au-delà de laquelle la colonne
devient à ce point élancée que les effets
√ du second ordre doublent les moments du premier ordre se
situe aux alentours d’une valeur de λ. ν de 70.
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 253
Dans ce cas on peut négliger les effets du second ordre pour le dimensionnement de la colonne.
On dimensionnera alors l’élément faisant une vérification en flexion composée pour des sollicitations
issues d’une analyse au premier ordre. La norme impose néanmoins de considérer un moment de
flexion sollicitant MSd au moins égal à NSd .h/20 ; où h est la hauteur de la section.
Remarques :
1. Le coefficient d’élancement λ est calculé à partir de la longueur de flambage issue de la théorie
du flambage élastique d’Euler (cf. figures 13.7 et 13.8).
2. Dans le cas où la colonne est soumise à ses extrémités à des moments de flexions de premier
ordre de sens contraire, la norme autorise de tenir compte de l’effet favorable que ceux-ci
peuvent avoir sur sa longueur critique de flambement en modifiant la première condition de la
façon suivante (pour autant que la colonne ne soit pas sollicitée par des charges transversales
entre ces extrémités) :
e01
λ ≤ λcrit = 25.(2 − )
e02
où e01 et e02 sont les excentricités de l’effort normal aux extrémités de l’élément, défini de
telle sorte que | e01 |≤| e02 | et e02 > 0 (cf. figure 13.10).
L’effet favorable de moments d’extrémités de signe opposé sur la longueur de flambage de la
colonne provient du fait que ceux-ci produisent en théorie une déformée initiale de l’élément
qui correspond à un mode de flambement d’ordre supérieur (“longueur d’onde” plus faible).
Il convient cependant d’être extrêmement prudent lorsque que l’on applique cette règle. En
effet, pour que l’effet favorable des moments d’extrémités se réalise en pratique, il faut que ces
moments aient des grandeurs significatives et que l’on soit sûr qu’ils seront toujours présents
... En pratique, il est donc très rare que ces effets puissent être raisonnablement pris en compte.
3. Il faut toujours garder à l’esprit que le flambement d’une colonne peut se réaliser suivant les
deux axes d’inertie de la section.
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 254
λ crit
N Sd
encastrement e 01
élastique 75
50
e 25
02
e 01
e
+1 0 −1 02
N Sd e01
e 02
Figure 13.10: Prise en compte de l’effet favorable des moments d’extrémités sur la longueur de
flambage selon la NBN B 15-002 [4]
13.4 Imperfections
Lors du calcul d’éléments élancés soumis à des efforts de compression important, il y a lieu
de tenir compte des incertitudes concernant la position et la ligne d’action des efforts normaux.
Ces incertitudes proviennent des inexactitudes dimensionnelles et des tolérances géométriques de
construction. En effet, lorsque les moments de premier ordre qui sollicitent la colonne sont relative-
ment faibles (compression centrée), de faibles excentricités peuvent avoir un impact non négligeable
sur le dimensionnement. En pratique, la prise en compte d’excentricités additionnelles forfaitaires
minimales permettent également de couvrir certaines erreurs inhérentes à l’application des méthodes
de calcul simplifiées.
Pour ces raisons, la norme impose de prendre en compte, pour des éléments isolés, une excentri-
cité additionnelle ea définie par la relation :
ea = ν.lcr (13.5)
où
• lcr est la longueur de flambage de la colonne ;
• ν est une inclinaison forfaitaire équivalente aux imperfections géométriques de la structure.
Cette inclinaison forfaitaire est calculée au moyen de la formule :
1
ν = √ (13.6)
100. l
1
ν ≥ si les effets du second ordre doivent être pris en compte (13.7)
200
1
ν ≥ si les effets du second ordre peuvent être négligés (13.8)
400
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 255
l ν
En pratique dès que la hauteur de la structure est supérieure à 4m et que les effets du second
ordre doivent être pris en compte, la valeur de ea vaudra donc
lcr
ea =
200
.
Lorsque la structure comporte un nombre n d’éléments continus verticaux, l’angle déterminé
par la relation 13.6 peut être réduit en le multipliant par un facteur αn
r
1 + 1/n
αn =
2
(dans le cas de la figure 13.11, n = 3).
La nécessité de considérer les sollicitations du second ordre est établie en comparant l’élancement λ
calculé avec celui critique λcrit de la manière exposée au paragraphe 13.3.5. Cela s’applique, comme
on vient de le mentionner, aux colonnes considérées comme éléments isolés dans une structure
contreventée à noeuds fixes.
L’excentricité totale etot attribuée à des colonnes de section constante, dans la section la plus
sollicitée (section critique) est obtenue par la somme de trois excentricités partielles.
etot = ea + e0 + e2 (13.9)
• L’excentricité additionnelle ea qui tient compte des imperfections géométriques est calculée
conformément aux relations développées au paragraphe 13.4.
• e0 désigne l’excentricité du premier ordre. Lorsque cette excentricité varie le long de l’élément
(moments sollicitants différents aux deux extrémités de la colonne) on peut calculer la valeur
de e0 de la façon suivante :
où e01 et e02 représentent les excentricités du premier ordre à chaque extrémité de la colonne
telles que | e02 |>| e01 | (cf. figure 13.12).
• L’excentricité du second ordre e2 est nulle si λ ≤ λcrit (cf paragraphe 13.4) sinon elle est cal-
culée par une méthode approchée (appelée méthode de la colonne-modèle) qui est développée
dans la suite de ce paragraphe.
La méthode de la colonne-modèle s’applique aux colonnes dont l’élancement λ est plus petit que
140, de section rectangulaire ou circulaire et dans lesquelles l ’excentricité du premier ordre satisfait
à la condition e0 > 0, 1.h (h étant hauteur de la section dans le plan de flambage considéré).
La méthode peut être appliquée dans le cas où e0 < 0, 1.h, mais conduit alors à une solution très
conservatrice.
La colonne-modèle est une colonne encastrée à sa base et libre au sommet (cf. figure 13.13). Le
problème de flambage (effet second ordre) d’une colonne quelconque en béton armé est ramené à
celui d’une console dont la longueur de flambage (lcr ) est la même que celle de la colonne réelle.
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 257
N Sd N Sd N Sd
0,4.l col
0,4.l col
encastrement e 02 encastrement e 02 encastrement e 02
élastique élastique élastique
e0 e0
e0
0,6.l col
0,6.l col
e 01 e e 01
01
N Sd N N
Sd Sd
Figure 13.12: Excentricité du premier ordre lorsque la colonne est soumise à des excentricités diffé-
rentes à ses deux extrémités selon la NBN B 15-002 [4]
encastrement
élastique
N
Sd
N Sd
e2
colonne−modèle
"modèle"
l cr"réellé" = l cr"modèle"
"réelle"
col
l
col
l
N Sd
N
Sd
Figure 13.13: Colonne-modèle
N Rd=N Sd
M Rd
Rupture
M Rd1,u
M Rd1,max
MRd1
M
Rd
2 1/r
NSd . l cr. 1
10 r
Figure 13.14: Calcul du moment résistant disponible pour les sollicitations du premier ordre suivant
la méthode de la colonne-modèle
Si l’on trace cette relation en fixant l’effort normal de telle sorte que NRd = NSd pour toutes
les valeurs de courbures (1/r) inférieures à celle qui correspond à la rupture en flexion composée de
la section, on peut déterminer le moment résistant MRd1 disponible pour reprendre les sollicitations
du premier ordre au moyen de la relation (cf. figure 13.14)
2
lcr 1
MRd1 = MRd − NSd . . (13.12)
10 r
Il existe une valeur de 1/r pour laquelle ce moment résistant disponible MRd1 est maximum, soit
MRd1,max .
Pour vérifier la colonne à l’état-limite ultime il suffit alors de vérifier que
Remarques :
1. Dans le cas où l’on effectue le calcul précédent pour différentes valeurs de l’effort normal, il
est possible d’établir un diagramme d’interaction complet tenant compte de la réduction de
résistance due aux effets du second ordre.
2. L’établissement des courbes liant le moment résistant en fonction de la courbure pour des
effort normaux fixés demande un nombre de calcul relativement important. Une solution plus
simple (mais très conservatrice) consiste à ne pas rechercher la valeur de MRd1,max mais de
CHAPTER 13. ELÉMENTS ÉLANCÉS SOUMIS À LA COMPRESSION 259
• Nud la capacité ultime de la section soumise à un effort normal centré. Elle peut être
prise égale à
Nud = 0, 85.fcd .Ac + fyd .As
Ac et As étant respectivement l’aire de la section de béton et l’aire des armatures.
• Nbal l’effort normal qui, appliqué à la section, maximise le moment de flexion résistant.
Pour des sections armées symétriquement, il peut être pris égal à
fyd
²yd = = 2, 17 ‰ pour de l’acier BE500
Es
Remarques :
1. Notons qu’il est toujours dans le sens de la sécurité de poser K1 = 1 et K2 = 1.
2. Cette dernière méthode à l’avantage de permettre de réaliser le dimensionnement rapide d’une
colonne de manière simple sans nécessiter l’utilisation de programmes de calculs informatisés.
Chapter 14
Etats-limites de service
14.1 Introduction
Les chapitres précédents ont étés essentiellement consacrés à définir des règles de calcul propres
à la vérification des états-limites ultimes. Ceci nous a conduit à définir des critères de dimensionne-
ment qui permettent de garantir une sécurité structurale suffisante.
Pour ce faire, les éléments de structure ont été analysés dans un état proche de leur rupture afin
de pouvoir vérifier qu’ils présentent une sécurité suffisante vis-à-vis de leur ruine (effondrement).
Bien que ces vérifications soient indispensables, elles ne sont pas pour autant suffisantes. En
effet, pour qu’une structure puisse remplir sa fonction de manière satisfaisante, on comprend bien
que la seule exigence de sécurité vis-à-vis de la ruine n’est pas suffisante. On attendra généralement
d’une structure en béton armé non seulement que la probabilité qu’elle s’effondre soit suffisamment
faible, mais également que durant toute sa période d’utilisation, elle se comporte de manière telle
qu’elle respecte les critères de performance et de durabilité liés à sa fonction.
Quand bien même une dalle de plancher d’un bâtiment serait dimensionnée de telle sorte qu’elle
ne puisse se rompre sous les charges qui la sollicitent, elle pourrait s’avérer inutilisable en pratique
si, dans les conditions de son utilisation normale, elle présentait des flèches trop importantes. Il en
est de même pour une poutre d’un pont qui présenterait en service une fissuration telle qu’elle nuise
non seulement à son caractère esthétique mais également à la durabilité de ses armatures...
On conçoit donc que toute une série d’autres critères que la simple résistance doivent être vérifiés
pour satisfaire aux exigences de bon fonctionnement d’une structure.
Le respect de ces différents critères font l’objet des vérifications de non dépassement des états-
limites de service.
Les états-limites de service (ou d’utilisation), définissent les conditions que doit satisfaire l’ou-
vrage pour que son usage normal et sa durabilité soient assurés.
Dans le cas du béton armé, le dépassement d’un état-limite d’utilisation peut consister en :
• l’endommagement du béton par une contrainte de compression excessive, susceptible de ré-
duire la durabilité ou une contrainte traction excessive dans les armatures.
• des déformations ou flèches excessives qui nuisent à l’aspect de l’ouvrage, à son utilisation ef-
fective (y compris le mauvais fonctionnement d’appareils ou équipements) ou qui provoquent
des dommages aux finitions ou aux éléments structuraux.
• une fissuration excessive du béton qui risque de nuire à l’aspect de l’ouvrage, à sa durabilité
ou à son étanchéité.
261
CHAPTER 14. ETATS-LIMITES DE SERVICE 262
• des vibrations affectant le confort des usagers, entraînant des dommages à l’ouvrage ou à son
contenu, ou limitant l’efficacité de son fonctionnement.
Les exigences relatives aux états-limites de services seront définis en fonction des conditions
d’environnement ou classes d’exposition en ce qui concerne la durabilité des ouvrages, et de perfor-
mances en ce qui concerne leur utilisation.
Il est à noter que si les normes définissent certaines exigences par rapport aux états-limites de
service (essentiellement en ce qui concerne ceux qui affectent la durabilité des ouvrages), il reviendra
au maître de l’ouvrage de définir lui-même certains critères en fonction des performances attendues
(par exemple : flèches, vibrations, planéité, ...). Les normes sont en effet souvent trop générales
pour pouvoir fixer réglementairement de manière précise tous les critères liés à l’aptitude au service
(performances) des différents types de structures.
Citons à ce propos, le texte suivant extrait de l’ouvrage [7], concernant l’importance du poids à
donner aux vérifications des états-limites de service.
« Le poids donné à l’aptitude au service dans la conception et l’exécution d’une struc-
ture en béton va dépendre énormément de l’attitude des différents acteurs intervenant
dans la réalisation d’une construction. En effet, le choix concernant les limitations à
donner à la fissuration, aux déformations et aux vibrations n’est pas aisé et ne peut
que partiellement être dicté par des règlements. Le maître de l’oeuvre devrait avoir tout
avantage à obtenir un résultat de grande qualité, mais très souvent, des considérations
d’économie d’investissement le conduisent à ne considérer que le résultat immédiat. Le
comportement à long terme en service, y compris la durabilité, interviennent en géné-
ral trop faiblement dans l’évaluation économique d’un ouvrage. Un manque d’aptitude
au service n’est d’ailleurs pas chiffrable en argent et des fissurations, déformations ou
vibrations importantes ne seront souvent pas éliminées par la suite. Les utilisateurs de-
vront s’en accommoder (...).
Il faut également remarquer que le niveau à atteindre et les mesures à prendre concernant
l’aptitude au service ne peuvent pas être énoncés de manière univoque. Cela se retrouve
dans les normes de construction qui laissent une grande latitude quant au choix appro-
prié d’une conception globale, d’un élément d’ouvrage et de la quantité d’armature à
mettre en oeuvre.
Il n’en reste pas moins vrai que c’est essentiellement le comportement à long terme de
l’ouvrage qui va dicter sa qualité. Le risque de ruine suite à une rupture provoquant un
effondrement est extrêmement atténué si la ductilité de l’ouvrage engendre une grande
déformabilité avant la ruine. Cette ductilité est grandement améliorée si la structure
est bien conçue à l’état de service. De grandes déformations facilement détectables an-
nonceraient, le cas échéant, que la capacité portante et conséquemment la sécurité à la
rupture sont insuffisantes et que l’ouvrage doit être renforcé. »
Dans les chapitres qui suivent nous examinerons les états-limites de service faisant l’objet des
vérifications les plus courantes. C’est-à-dire :
• la limitation de contrainte,
• le contrôle de la fissuration (Chapitre 15),
• le contrôle de la déformation (Chapitre 16)
Les autres états-limites (tels que ceux concernés par la vibration, par exemple) ne seront pas
abordés dans le présent cours.
CHAPTER 14. ETATS-LIMITES DE SERVICE 263
En général, on considère que le béton est fissuré dès que la contrainte de traction maximale
atteint la résistance moyenne fctm (cf. chapitre 3). Dans ce cas, le calcul des contraintes est effectué
en considérant que le béton est incapable de résister à la traction (on ne tient pas compte de l’effet
CHAPTER 14. ETATS-LIMITES DE SERVICE 264
b avec gel
– Parties intérieures où l’humidité est élevée et expo-
sées au gel
– Parties extérieures exposées au gel
– Parties en contact avec un sol non agressif ou de
l’eau et exposées au gel
b avec gel
– Eléments complètement ou partiellement immergés
dans de l’eau de mer ou éclaboussés par celle-ci et
exposés au gel
– Eléments exposés à un air saturé en sel et au gel
Les classes suivantes peuvent se présenter seules ou combinées avec les précédentes
5 Environnement a faible
– Environnement de faible agressivité chimique
présentant une
– Atmosphère industrielle agressive
agressivité
chimique
b modérée
– Environnement d’agressivité chimique modérée
c forte
– Environnement à forte agressivité chimique
Table 14.1: Classes d’exposition en fonction des conditions d’environnement selon la NBN B 15-
002 [4]
CHAPTER 14. ETATS-LIMITES DE SERVICE 265
de raideur du béton tendu après fissuration). En pratique, dans le cas du béton armé (par opposition
au béton précontraint), on considère toujours que le béton est fissuré pour le calcul des contraintes,
du fait que la fissuration peut apparaître indépendamment du niveau de chargement de la structure,
du simple fait des déformations imposées (retrait).
Ces calculs de contraintes doivent, en principe, tenir compte également de l’histoire de charge-
ment des éléments en relation avec leurs phases successives de construction1
Les actions indirectes susceptibles d’influer sur les valeurs des contraintes, telle que les variations
de températures, ou les mouvements d’appuis, doivent également être pris en compte.
Table 14.2: Limitations des contraintes de compression dans le béton en service selon la NBN B 15-
002 [4]
Table 14.3: Limitations des contraintes dans les armatures passives en service selon la NBN B 15-
002 [4]
Notons que pour limiter l’ouverture des fissures à des valeurs acceptables, on est souvent amené
à limiter les contraintes dans les armatures sous charges quasi-permanentes à des valeurs plus faibles
que celles mentionnées ici. Ces règles seront exposées au chapitre 15.
Chapter 15
Contrôle de la fissuration
15.1 Introduction
15.1.1 Diverses causes et périodes d’apparition des fissures
L’apparition de fissures 1 dans les structures en béton est un phénomène courant et difficilement
évitable, source d’inconvénients voire de litiges, ainsi qu’il en ressort des expertises auxquelles elles
donnent souvent lieu. Les causes d’apparition des fissures sont nombreuses et fort diverses comme
indiqué au tableau 15.1.
Table 15.1: Résumé des différentes causes et période d’apparition des fissures et en indiquant l’utilité
de l’armature passive pour en limiter les conséquences [7]
Reconnaissons qu’il peut être parfois difficile de discerner la vraie raison à l’origine de certaines
fissures. Il est utile de faire la distinction entre les fissures suivantes.
Les fissures précoces, apparaissant sur le béton frais, immédiatement ou quelques heures seule-
ment après le bétonnage (cas (a) et (b) du tableau 15.1). Elles sont dues :
• au tassement du béton frais partiellement empêché par la cage d’armature, lorsque le
béton est mis en place par couches d’épaisseur trop importante ;
1 Une grande partie des textes qui composent ce chapitre sont extraits de l’ouvrage [7]
267
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 268
• au retrait plastique qui correspond à une déshydratation du béton frais sous les effets
combinés du vent et de l’ensoleillement, à l’instar de ce que l’on peut observer lors-
qu’une boue argileuse qui, en se desséchant se craquelle en surface ; ce phénomène est
surtout à redouter pour de grandes surfaces exposées, telle la surface supérieure d’une
dalle ou d’un radier.
Les fissures d’origine mécanique apparaissant sur le béton en voie de durcissement (quelques jours
ou semaines après le bétonnage ou déjà durci (quelques mois ou années après la construction) ;
ces fissures sont la conséquence de l’apparition de sollicitations excédant la capacité de dé-
formation du béton ou sa résistance à la traction et dues à des déformations ou des charges
imposées à l’ouvrage (cas (c) et (d) du tableau 15.1).
Les fissures d’origine physico-chimique apparaissant quelques années après la construction ; elles
sont la conséquence de phénomènes de gonflement dus à des réactions chimiques (corrosion
des armatures, réactions alcali-granulats) ou à des effets physiques (gel de l’eau dans les pores
du béton) qui peuvent entraîner une fissuration et un éclatement superficiel du béton d’enro-
bage (cas (e), (f) et (g) du tableau 15.1).
En ce qui concerne le retrait, il est souvent utile – voire nécessaire – de faire la distinction
entre les divers types de retrait suivants (voir également le chapitre 3) :
Le retrait thermique , se manifestant quelques jours après le bétonnage.
La prise du ciment est accompagnée d’un dégagement de chaleur d’hydratation plus ou
moins important, essentiellement en fonction du type et du dosage en ciment. La tem-
pérature de l’élément s’élève durant cette phase pour atteindre son maximum environ
20 à 40 heures après le bétonnage. Cette première phase est suivie d’une phase de re-
froidissement durant laquelle la température de l’élément diminue progressivement pour
rejoindre celle du milieu environnant ; le raccourcissement subi par l’élément durant
cette phase correspond par définition au retrait thermique.
Le retrait hydraulique correspond à une contraction du matériau, essentiellement de la pâte
cimentaire entourant les granulats, due à la perte progressive de l’eau libre ou adsor-
bée (c’est-à-dire de l’eau non liée par les réactions chimiques d’hydratation du ciment)
contenue dans les pores et capillaires du béton. Ce retrait peut encore être décomposé en
une part de retrait endogène et une part de retrait de dessiccation.
Le retrait endogène (appelé parfois aussi retrait d’auto-dessiccation) est lié à la «consom-
mation» d’eau par les réactions d’hydratation du ciment, indépendamment de tout sé-
chage hydrique avec le milieu environnant. Son évolution est très rapide durant les pre-
miers jours et, selon la composition du béton, le 60 à 90 % de la valeur finale est atteint
après 28 jours. Ce type de retrait est faible pour les bétons ordinaires et il est souvent né-
gligé. Son importance croît et nécessite sa prise en considération pour les bétons ayant un
faible rapport eau sur ciment (E/C < 0, 40) et/ou à haute résistance (fck > 65N/mm2 ).
Le retrait de dessiccation est par contre lié au séchage du béton résultant des échanges
hydriques avec le milieu environnant. Ce type de retrait ne commence qu’à partir du
moment où les surfaces de béton sont exposées, soit en général au moment du décoffrage
et/ou dès la fin de la cure. Le retrait de dessiccation est un processus qui se développe
très lentement au cours du temps. Il est d’autant plus lent que le béton est peu perméable,
c’est-à-dire plus compact, de meilleure qualité et plus résistant. Il s’étend généralement
sur des années, voire des dizaines d’années, en fonction de l’épaisseur de l’élément et de
la qualité du béton.
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 269
Classe C12/15 C16/20 C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60
fctm 1.6 1.9 2.2 2.6 2.9 3.2 3.5 3.8 4.1
fctk0.05 1.1 1.3 1.5 1.8 2.0 2.2 2.5 2.7 2.9
fctk0.95 2.0 2.5 2.9 3.3 3.8 4.2 4.6 4.9 5.3
κ
0,8
−
0,5
h +
σc > f ctm
30 cm 80 cm h
Table 15.4: Gradation des valeurs maximales des ouvertures de fissures en fonction des divers motifs
justifiant une limitation [7]
Table 15.5: Limitations de l’ouverture des fissures dans les éléments en béton armé (critère de dura-
bilité uniquement) selon la NBN B 15-002 [4]
Précontrainte
La mise en oeuvre d’une précontrainte est certainement le moyen le plus efficace pour réduire
fortement – voire empêcher totalement – la fissuration d’origine mécanique des structures en béton et
améliorer par là grandement leur qualité. Preuve en est l’utilisation toujours plus fréquente du béton
précontraint, justifiée également par maints autres avantages. Les contraintes de compression créées
dans le béton grâce à la précontrainte permettent d’induire une réserve de compression dans le béton
palliant sa faible résistance à la traction. Il est ainsi possible de réduire très fortement l’ouverture
des fissures susceptibles d’apparaître sous certaines combinaisons d’actions, voire d’éviter toute
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 272
fissuration si la précontrainte est suffisamment forte pour empêcher la décompression du béton. Cet
effet bénéfique de la précontrainte sur la fissuration n’est bien évidemment possible qu’à la condition
que l’effort normal résultant de la précontrainte agisse effectivement et à long terme dans l’élément
de structure considéré.
Armature passive
La mise en oeuvre d’une armature passive permet de contrôler la fissuration d’origine mécanique,
c’est-à-dire résultant de déformations imposées ou de l’effet des charges.
Aussi trivial que cela puisse paraître, il est néanmoins utile de mentionner ou de rappeler que
la mise en oeuvre d’une armature passive - aussi importante soit-elle - ne constitue pas une me-
sure permettant d’éviter la fissuration. Elle ne permet que de limiter l’ouverture des fissures mais
n’empêche nullement leur apparition.
L’ouverture des fissures risquant d’apparaître dans une structure en béton est d’autant plus faible
que la quantité d’armature passive est plus importante et que sa répartition est plus fine, comme cela
sera développé plus en détail dans la suite de ce chapitre .
La quantité et la répartition des barres d’armature (espacement minimal) seront limitées en pra-
tique à des valeurs adaptées à la composition ainsi qu’aux procédés de mise en place et de vibration
du béton, de manière à garantir l’obtention d’un béton durable et de qualité.
Notons que des indications beaucoup plus complètes et détaillées sont fournies à l’annexe d.12
du CEB-FIP MC 90 [5].
Parmi ces mesures de cure, mentionnons :
• le recouvrement par un film protecteur appliqué sous forme de spray antiévaporant, efficace
surtout durant les premières 24 heures ;
• le recouvrement au moyen de toiles (de jute ou autre) maintenues humides en permanence ou
au moyen de feuilles imperméables à l’eau (de polyéthylène par exemple) ;
• l’aspersion continue d’eau ou de vapeur d’eau ;
• le recouvrement au moyen de bâches ou couvertures à la fois imperméables à l’eau et thermi-
quement isolantes de toutes les surfaces exposées à l’environnement, y compris celles éven-
tuellement décoffrées ;
• le maintien dans le coffrage pendant toute la durée de cure ou du moins le plus longtemps
possible.
Figure 15.2: Appréciation du risque de fissuration du tablier d’un pont en fonction du choix des
étapes de réalisation de sa section transversale [7]
Des joints provisoires – dénommés aussi brèches de clavage et bétonnés ultérieurement – peuvent
s’avérer utiles pour réduire le risque de fissuration dans le cas d’ouvrages de grande dimension.
Il faut toutefois être conscient que, dans ce cas-là, le risque de fissuration se concentre dans la
brèche de clavage elle même et qu’il conviendra éventuellement d’y prendre des mesures appro-
priées (mise en place de dispositifs d’étanchéité aux joints de reprise, réalisation d’un béton à retrait
compensé grâce à des ajouts spéciaux). Ces brèches de clavage devront avoir des dimensions réduites
pour minimiser l’effet des déformations imposées.
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 274
Figure 15.3: Appréciation du risque de fissuration d’un mur de grande longueur en fonction du choix
des phases de bétonnage [7]
2b
1,3 Nr
Nr
1 2a
ε= ∆l ∆l
l
l
N N
Figure 15.4: Comportement d’un tirant en béton armé soumise à traction simple
phase 1 Le béton n’est pas encore fissuré. La raideur du tirant correspond à la raideur de la section
mixte homogène béton+acier (droite I). On se trouve dans la phase élastique linéaire ;
phase 2a Des fissures apparaissent au fur et à mesure de l’accroissement de la déformation, l’ap-
parition des fissures provoque une diminution de la raideur de l’élément. C’est la phase de
formation de fissures ;
phase 2b Le nombre de fissures n’augmente plus, l’augmentation de la déformation résulte en un
accroissement de l’ouverture des fissures déjà formées. C’est la phase de fissuration stabilisée.
On remarque que la courbe effort-déformation est sensiblement parallèle à la droite qui cor-
respond à la raideur de l’armature seule (droite II).
Le décalage quasiment constant que l’on observe avec cette droite, provient de la contribu-
tion de la raideur des parties de béton tendues comprises entre les fissures (tension stiffening
effect) ;
phase 3 La limite d’élasticité dans l’armature est atteinte, l’effort normal n’augmente plus (palier
plastique). La plastification de l’armature se poursuit jusqu’à la rupture de la barre.
où
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 276
La relation Effort-déformation est donc représenté par une droite dans le diagramme N −² (droite
I). L’effort normal croît linéairement avec la déformation.
fissure
N N
zone de discontinuité
w
contrainte moyenne
contraintes réelles
lt lt
La figure 15.5 illustre la distribution des contraintes dans le tirant lors de l’apparition de la
première fissure.
Ce mécanisme se produit lorsque l’effort normal dans le tirant atteint une valeur Nr correspon-
dant à l’effort pour lequel la contrainte dans le béton vaut la résistance à la traction fct .
Le transfert par adhérence des efforts de traction d’une armature au béton n’affectera en réalité
que la section de béton réduite avoisinant directement la barre (ou le groupe de barres). Cette aire
de béton effective est généralement notée Ac,ef et peut-être déterminée selon les règles décrites à la
figure 15.6 pour différents cas rencontrés couramment.
Dans le cas d’un tirant de faible dimension, tel que décrit ici, l’aire de la zone effective de béton
tendue est égale à la section totale du tirant Ac,ef = Ac .
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 277
Cette notion d’aire effective de béton est introduite ici pour pouvoir étendre l’étude du compor-
tement du tirant au cas général d’une membrure tendue dans une poutre fléchie. En effet, dans ce
cas, on peut considérer que l’ensemble formé du groupe d’armatures tendue de la zone de béton qui
l’enrobe se comporte de façon similaire à un tirant tendu dont l’aire de béton vaut Ac,ef .
Section fléchie parois tendue
b ε
x
Ac,eff
d
h−x h
h eff
x
A
c,eff
h
h−x
h eff
c
h eff = 2,5.(c+φ /2) < (h−x)/3
Par l’effet des contraintes d’adhérence entre le béton et l’armature, des deux côtés de la fissure,
la contrainte dans le béton augmente progressivement pour atteindre à nouveau la contrainte cor-
respondante à la résistance à la traction du béton. La zone qui entoure la fissure dans laquelle ces
variations de contrainte ont lieu est appelée zone de discontinuité. En dehors de cette zone la dis-
tribution des contraintes est à nouveau uniforme et la relation de compatibilité des déformations du
béton et de l’armature est rétablie.
La contrainte dans l’armature, dans les zones non fissurées σs1 , vaut donc
σs1 = m.fct (15.12)
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 278
où
• τbm est la contrainte d’adhérence moyenne sur la longueur de transfert
• U est le périmètre total des armatures.
Dans le cas où l’armature est composée de n barres dont le diamètre est φ, on a
nΠ.φ2
As =
4
et
U = nΠ.φ
La longueur de transmission devient alors
fct .φ
lt = (15.14)
4.ρef .τbm
Si le tirant est soumis à une déformation imposée contrôlée, l’effort normal dans celui-ci chutera
après l’apparition de la première fissure. Cette chute de l’effort est due à la diminution de la raideur
totale du tirant provoquée par la formation de la zone de discontinuité et donc, si la déformation du
tirant est maintenue constante pendant la formation de la fissure, l’effort dans le tirant doit diminuer
de Nr à une valeur inférieure N0 (cf. figure 15.7(a)).
En continuant à augmenter la déformation imposée au tirant, l’effort normal s’accroît à nouveau,
mais il ne peut dépasser l’effort de fissuration Nr car la formation d’une nouvelle fissure l’en empê-
chera. A nouveau, une zone de discontinuité apparaît autour de la nouvelle fissure . L’étape durant
laquelle de nouvelles fissures apparaissent régulièrement, de telle sorte que l’effort normal dans le
tirant reste inférieur à l’effort de fissuration Nr est appelé phase de formation de fissures.
En réalité, au fur et à mesure du processus de formation des fissures, cet effort Nr aura tendance
à augmenter du fait que la résistance à la traction du béton n’est pas uniforme sur toute la longueur
du tirant. On peut considérer qu’ à la fin du processus de formation de fissures l’effort de fissuration
atteint environ 1, 3.Nr (Nr étant alors l’effort normal provoquant la première fissure).
Si le tirant était soumis à un effort croissant imposé, la forme de la courbe N − ²m au cours du
processus de formation des fissures aurait l’allure montrée à la figure 15.7(b).
Chaque nouvelle fissure ne peut apparaître qu’à une distance au moins égale à la longueur de
transfert lt d’une fissure déjà formée, puisque cette distance est nécessaire pour rétablir un effort
dans le béton correspondant à sa résistance à la traction (Ac,ef .fct ).
Zones de discontinuité
2 lt 2 lt
N N
N I N I
1,3 N r 1,3 N r
II II
Nr Nr
N0
∆l/l ∆l/l
N N
lt < s < 2 lt
r
Une augmentation de l’allongement du tirant se manifeste alors par une augmentation des contraintes
de traction dans l’armature et une augmentation de l’ouverture des fissures (le nombre de fissures
n’augmente plus). La raideur du tirant correspond quasiment à la raideur de la barre nue. La courbe
effort-déformation prend l’allure d’une droite sensiblement parallèle à la droite II (raideur du tirant
entièrement fissuré).
Le tirant est couvert de fissures sur toute sa longueur et l’entre distance entre ces fissures est
comprise entre lt et 2.lt .
lt ≤ sr ≤ 2.lt
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 280
Note :
La transition entre la phase de formation des fissures et de fissuration stabilisée se produit sous
un allongement moyen ²m d’environ 0, 1% à 0, 15% pour des pourcentages d’armature faibles à
moyens (0, 4 ≤ ρ ≤ 1%) et d’environ 0, 05% à 0, 1% pour des pourcentages d’armature élevés
(ρ > 1%). Il s’en suit qu’en service, les éléments en béton armé (correctement dimensionnés) se
trouveront généralement en phase de formation de fissure, marquée par l’apparition de quelques
fissures isolées.
Le stade II : selon lequel le tirant serait entièrement fissuré et le béton tendu entre les fissures
n’apporte aucune raideur. La raideur du tirant est alors égale à la raideur de l’armature seule,
on a donc :
N
²s = ²s2 =
Es .As
nous noterons ²s2 la déformation correspondante à se stade de comportement et σs2 la contrainte
dans l’armature correspondante.
N σs2
σs2 = et ²s2 =
As Es
Ces deux stades de comportement extrêmes sont représentés par les droites I et II dans le dia-
gramme de la figure 15.9
Nu I
εs2
ε sm ∆ε s II
N
1,3 Nr
Nr
∆ε sr
Figure 15.9: Relation effort-déformation idéalisée d’un tirant tendu en béton armé
La quantification exacte de cette réduction de déformation ∆²s est un problème complexe qui
fait l’objet de nombreuses théories.
Nous nous contenterons, ici, de faire un raisonnement simple permettant de déduire une valeur
approximative de ∆²s en phase de fissuration stabilisée (cf. figure 15.10).
Supposons que le tirant étudié précédemment se trouve en stade de fissuration stabilisée et que
l’intervalle moyenne entre les fissures vaut srm = 4/3.lt .
Examinons l’évolution de la déformation de l’armature entre deux fissures :
Au droit de la fissure, la déformation vaut ²s2 , à une distance x de la fissure, elle aura diminué du
fait du transfert d’effort au béton par adhérence. On a vu, au paragraphe précédent qu’à une distance
lt la diminution de contrainte dans l’armature du fait du transfert valait
fct
∆σsr = σsr2 − σsr1 =
ρef
Si l’on suppose pour simplifier que cette variation se réalise linéairement, la déformation dans l’ar-
mature à une distance x de la fissure vaut :
x fct
²s2 (x) = ²s2 − .
lt ρef .Es
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 282
lt lt f (1+m ρ )
εs2r ε sr2= ct ef
ρef E s
εs
∆εs =0,5∆ε sr
f ct
εsm ∆εsr =
ρef E s
f m ρ ef
εs1r ε sr1= ct
ρ ef E s
0
εc
srm = 4/3 lt
εs 2/3 lt
εs2
f ct
lt ∆εs=0,5.2/3∆εsr ∆εsr =
εsm ρef E s
εs1r
εc
FISSURATION STABILISEE
En supposant que l’intervalle des fissures (en stade de fissuration stabilisée) vaut srm = 4/3.lt , la
déformation à mi-distance entre deux fissures vaut donc
srm 2 fct
²s2 ( ) = ²s2 − .
2 3 ρef .Es
1 2 fct fct
²sm = ²s2 − . . = ²s2 − 0, 33.
2 3 ρef .Es ρef .Es
fct
∆²s = 0, 40. dans le cas d’un chargement instantané
ρef .Es
ou
fct
∆²s = 0, 25. pour des charges de longues durées ou répétées.
ρef .Es
On obtient donc le relation suivante (en notant ∆²sr = ²s2r − ²s1r ) :
En notant que
²s1r ²s2r Nr σs2r
= = =
²s1 ²s2 N σs2
on peut réécrire l’expression précédente sous la forme
L’Eurocode 2 [6]donne la relation suivante pour estimer la déformation moyenne de l’armature
tendue compte tenu de la raideur du béton tendu entre les armatures. Cette expression est issue
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 284
lt lt f (1+m ρ )
εs2r ε sr2= ct ef
ρef E s
εs
∆εs = β ∆ε sr
f ct
εsm ∆εsr =
ρef E s
f m ρ ef
εs1r ε sr1= ct
ρ ef E s
0
εc
srm = 4/3 lt
εs 2/3 lt
εs2
f ct
lt ∆εs= 2/3β ∆εsr ∆εsr =
ρef E s
εsm
εs1r
εc
FISSURATION STABILISEE
µ ¶2 µ ¶2
σs2r σs2r
²sm = ²s2 (1 − β1 .β2 . ) + ²s1 ∗ β1 .β2 . (15.15)
σs2 σs2
ou encore
²sm = ²s2 .ζ + ²s1 .(1 − ζ) (15.16)
avec
µ ¶2
σs2r
ζ = 1 − β1 .β2 . si σs2 ≥ σs2r et ζ=0 si σs2 < σs2r (15.17)
σs2
La déformation moyenne du tirant en stade fissuré apparaît ainsi comme un état intermédiaire entre
le stade I et le stade II. Au début de la fissuration la courbe effort-déformation quitte le stade I pour
rejoindre asymptotiquement la droite corespondante au stade II au fur et à mesure de l’accroissement
de l’effort de traction.
I
II
εs2
ε sm ∆ε s
εs1
N
Nr
En stade de fissuration stabilisée, l’ouverture moyenne d’une fissure vaudra l’intégrale, sur la
longueur séparant deux fissures successives, de la déformation relative de l’armature par rapport au
béton. En terme de déformation moyenne cette intégrale s’exprime sous la forme :
Si l’on considère que la déformation du béton suit une loi semblable, on obtient la déformation
moyenne du béton :
²cm = (1 − ζ).²c1 + ζ.²c2
Puisque ²c2 = 0 (la déformation du béton au droit de la fissure est nulle) et qu’en stade de fonc-
tionnement non-fissuré (stade I) la compatibilité des déformations entre le béton et les armatures est
vérifiée ²c1 = ²s1 , la déformation moyenne relative des armatures par rapport au béton vaudra donc :
et donc
²sm − ²cm = ζ.²s2
En introduisant la valeur de ζ définie précédemment (cf. equation 15.17), on obtient
µ ¶2
σs2 σs2r
²sm − ²cm = .(1 − β1 .β2 . ) (15.20)
Es σs2
Enfin, pour tenir compte de la dispersion statistique de l’ouverture maximum probable des fis-
sures par rapport à l’ouverture moyenne ainsi calculée, l’Eurocode 2 [6] définit une ouverture de
fissure caractéristique notée wk , qui est obtenue en multipliant l’ouverture moyenne par un coeffi-
cient β qui varie en fonction du type de sollicitations engendrant la fissuration. C’est par rapport à
cette valeur caractéristique que seront vérifiés les critères d’ouverture de fissure fixés par la norme.
wk = β.wm (15.22)
avec
• β = 1, 7 si la fissuration est due à des actions directes (charges extérieures)
• β varie entre 1, 3 et 1, 7 si la fissuration est due à des déformations imposées, la valeur de β
dépend alors de la plus petite dimension a de la section (épaisseur ou hauteur) selon la règle
suivante :
– β = 1, 7 si a est supérieure à 80cm
– β = 1, 3 si a est inférieure à 30cm
– la valeur de β pour des dimensions intermédiaires de a est obtenue par interpolation
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 288
Remarques :
1. Il faut considérer que les résultats des calculs d’ouverture de fissure ainsi obtenus ont un
caractère plus «conventionnel» que réel. En effet, le processus de fissuration du béton armé
est par nature extrêmement aléatoire. La «sophistication» apparente des formules exposées ci-
dessus ne doit pas faire croire que les résultats des calculs qu’elle produit permettra de prévoir
de façon précise l’ouverture réelle des fissures qui apparaîtront en pratique. Ces formules
servent essentiellement à fixer des limites conventionnelles dans lesquelles la fissuration peut
être considérée comme acceptable au sens de la norme.
2. Notons également que la formule reprise dans la norme n’est valable que pour le stade de
fissuration stabilisée. Or, dans la plupart des cas, les éléments en béton d’une structure bien
dimensionnée se trouveront – dans leur état de service – en stade de formation de fissures.
On pourra se référer au CEB-FIP MC 90 [5] ou à l’ouvrage [7] pour obtenir des formules de
calcul d’ouverture de fissure en phase de formation de fissures.
3. Nous verrons dans la suite que, dans la plupart des cas, le recours à un calcul direct d’ou-
verture de fissure n’est pas nécessaire pour autant que l’on respecte certaines règles quant au
pourcentage minimum d’armature à mettre en oeuvre, quant à leur répartition (limitation de
leur diamètre et/ou de leur espacement) et quant aux contraintes maximales admissibles en
service dans ces armatures.
4. L’intérêt principal de la théorie exposée ci-dessus est de mettre en évidence les principaux
facteurs qui influenceront l’ouverture des fissures, à savoir :
(a) le type de sollicitation à l’origine de la fissuration ;
(b) les propriétés d’adhérence des armatures ;
(c) le pourcentage effectif d’armature ;
(d) la répartition des armatures dans la section (diamètre, espacement, enrobage,...) ;
(e) le niveau de contrainte dans l’armature ;
(f) la forme de la distribution des contraintes dans la section ;
(g) les dimensions de la section ;
(h) la résistance à la traction du béton ;
(i) ...
La mise en place d’une armature minimale dans toutes parties de structures en béton armé sus-
ceptibles de se fissurer et dans lesquelles on cherche à éviter l’apparition de fissures isolées et
largement ouvertes, en général préjudiciables au bon comportement de l’ouvrage en service et
à sa durabilité.
La limitation des contraintes dans l’acier d’armature, calculées en stade fissuré sous le cumul
des sollicitations déterminantes, ainsi qu’une répartition appropriée des barres d’armature (li-
mitation de leur espacement et/ou de leur diamètre). La vérification des contraintes doit géné-
ralement être effectuée sous la combinaison des charges quasi-permanentes2 .
2 la NBN B 15-002 [4]impose de faire ces vérifications sous la combinaison des charges fréquentes pour les éléments en
béton précontraint
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 290
Figure 15.13: Fissuration sous déformation imposée rapidement d’un tirant en béton armé faible-
ment armé : essai EPFL-IBAP [7]
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 291
Figure 15.14: Fissuration sous déformation imposée rapidement d’un tirant en béton armé fortement
armé : essai EPFL-IBAP [7]
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 292
Figure 15.15: Effet de la quantité d’armature sur le comportement d’un tirant de béton armé sous
déformation imposée croissante. (a) apparition de fissures isolées et largement ouvertes, lorsque ρ
est trop faible ; (b) apparition de nombreuses fissures d’ouverture contrôlée, lorsque ρ est suffisant.
En reprenant les équations développées au paragraphe 15.5.1 (cf. équation 15.11), on sait que
lorsque l’effort normal de fissuration Nr est atteint, la contrainte dans l’armature au droit d’une
fissure vaut :
Nr fct,ef fct,ef
σs2 = σsr = = .(1 + m.ρ) ≈
As ρ ρ
si l’on veut éviter la plastification de l’armature
σs2 ≤ fyk
traction pure :
fct,ef
ρmin,y = . (15.23)
fyk
Cette équation indique que l’armature minimale ne dépend que de l’effort de fissuration, qui est
une caractéristique de la section transversale. Elle est donc en première approximation indépendante
de la longueur de l’élément considéré ainsi que de la grandeur de la déformation imposée. Cela n’est
vrai que si l’on néglige la faible augmentation de fct,ef ou de σsr durant la phase de formation des
fissures et que si la rigidité et les sollicitations ne varient guère sur la longueur de l’élément.
Mr Mr
Fcc,2 Fcc,1
x
A.N.
Mr
zI =2/3 . h
z h
II
Fct,1
h t =1/2 . h
Fs,2
f ct,eff
b
Figure 15.16: Conditions d’équilibre dans une poutre rectangulaire simplement armée soumise au
moment de fissuration.
L’armature minimale requise pour éviter l’écoulement de l’acier dans le cas de la flexion peut
être déterminée au moyen d’une condition d’équilibre, de manière analogue à ce qui a été fait dans
le paragraphe 15.5.1 pour un tirant. Pour ce faire, il s’agit d’exprimer l’équilibre d’un tronçon de
poutre fléchie au voisinage d’une fissure. Effectuons le raisonnement pour une poutre de béton armé
à section transversale rectangulaire sollicitée en flexion simple (cf. figure 15.16).
Examinons la distribution des forces internes dans la section soumise au moment de flexion
correspondant au moment de fissuration Mr , c’est-à-dire le moment de flexion provoquant une
contrainte de traction égale à fct,ef à la fibre inférieure de la poutre dans une section non-fissurée. Si
l’on néglige la contribution de l’armature, l’équilibre dans une section non-fissurée (stade I) donne :
Act
Fcc,1 = Fct,1 = fct,ef .
2
Act
Mr = Fcc,1 .zI = Fct,1 .zI = zI .fct,ef .
2
où
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 294
• Act est l’aire de béton tendue en stade I Act = ht .b où ht est la hauteur de béton tendu ; dans
le cas d’une section rectangulaire en flexion simple ht = h/2 ;
• Fcc,1 et Fct,1 sont respectivement les résultantes des contraintes de compression et de traction
dans le béton en stade I ;
• zI est le bras de levier en stade I (distance entre les résultantes Fcc,1 et Fct,2 ) ; dans le cas
d’une section rectangulaire zI = 2.h/3
• fct,ef est la résistance effective du béton en traction.
L’équilibre des efforts dans une section fissurée (stade II) donne :
σs2 ≤ fyk
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 295
Remarquons que le pourcentage d’armature minimale est défini par rapport à l’aire de la section
tendue en stade I. Cette relation peut également être utilisée dans le cas de la flexion composée pour
autant que l’on utilise bien l’aire Act correspondante (cf. figure 15.17).
Flexion simple Flexion composée
N
Act
A ct
M M
On constate que l’équation 15.24 est identique à la celle obtenue pour la traction pure (équa-
tion 15.23), si l’on considère que κc = 1 et Act = Ac dans le cas de la traction pure.
Finalement si l’on exprime la résistance à la traction effective en fonction de la résistance conven-
tionnelle suivant la relation définie précédemment (cf. équation 15.4)
fct,ef = κ.fctm
On obtient finalement la relation suivante valable aussi bien en traction pure qu’en flexion :
As fctm
ρmin,y = = κ.κc . . (15.25)
Act fyk
avec
• Act l’aire de béton en traction juste avant la fissuration (stade I) ;
• κ le coefficient dépendant de la hauteur h de l’élément défini au paragraphe 15.1.2
h [m] κ
≤ 0.3 0, 80
0, 98 − 0, 60.h
≥ 0.8 0, 50
• κc un coefficient dépendant de la forme de la distribution des contraintes en fonction de la
nature des sollicitations et de la forme de la section.
• κc = 1 dans la cas d’une traction pure.
• κc = 0, 4 dans la cas d’une section rectangulaire soumise à la flexion.
On se référera à la NBN B 15-002 [4] pour plus de détails quant aux valeurs à adopter dans
d’autres situations.
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 296
Table 15.6: valeurs maximales des contraintes en fonction du diamètre des barres d’armatures à
haute adhérence, permettant d’assurer une limitation satisfaisante des ouvertures des fissures selon
la NBN B 15-002 [4]
Remarques :
1. Rappelons que les pourcentages minimum d’armature ρmin,y et ρmin,w sont définis par rap-
port à la section de béton Act tendue juste avant l’apparition de la première fissure (c’est-à-dire
3 On trouvera dans le CEB-FIP MC 90 [5]le développement de telles équations
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 297
2. Le tableau 15.6 est établi pour un béton dont la résistance à la traction vaut fctm = 2, 5N/mm2 .
Lorsque la fissuration est due à une déformation imposée (bridage) on peut corriger les valeurs
de σs2,adm en fonction de la valeur réelle de fctm au moyen de l’expression
s
fctm
σs2,adm = σs2,adm,0 .
2, 5
Table 15.7: Valeurs maximales des contraintes en fonction de l’espacement des barres d’armatures à
haute adhérence, permettant d’assurer une limitation satisfaisante des ouvertures des fissures selon
la NBN B 15-002 [4]
Pour limiter à un niveau acceptable la fissuration des structures en béton soumises principa-
lement à des charges imposées, il est suffisant de respecter les dispositions prévues soit dans le
tableau 15.6, soit dans le tableau 15.7. Il s’agit donc de s’assurer que soit le diamètre des barres
soit leur espacement ne dépassent pas certaines valeurs maximales indiquées dans ces tableaux en
fonction de la contrainte σs2 dans les aciers, calculée en section fissurée (stade II) sous les charges
quasi-permanentes (béton armé) ou fréquentes (béton précontraint).
Lorsqu’elles sont utilisées pour contrôler la fissuration sous charges imposées, les valeurs indi-
quées dans le tableau 15.6 sont valables pour des structures où l’armature est disposée de manière
usuelle, c’est-à-dire lorsque le rapport d/h ne diffère pas trop de la valeur courante 0, 9. Dans le cas
contraire, on peut appliquer la correction suivante sur le diamètre maximale des armatures :
0, 1.h
φ = φ0 .
d−h
où φ0 est le diamètre maximum indiqué au tableau 15.6.
CHAPTER 15. CONTRÔLE DE LA FISSURATION 298
Remarques :
1. L’application de ces règles n’aura de sens que si la quantité d’armature minimale ρmin,y per-
mettant d’éviter l’écoulement de l’armature au moment de la fissuration est présente dans la
section.
En pratique ce minimum d’armature doit toujours être présent dans un élément en béton armé
(sauf si l’on peut démontrer qu’il ne sera jamais soumis à aucune contrainte de traction, que ce
soit sous l’effet de charges extérieures ou de déformations imposées (bridage) 4 ). Cette règle
traduit en effet la condition nécessaire pour qu’un élément en béton armé puisse se comporter
de façon «non fragile» ; ce qui est une exigence minimale que pouvoir appliquer les méthodes
de calculs du béton armé exposées dans les chapitres précédents.
4 En pratique, ces conditions ne peuvent être généralement remplies que dans le cas d’éléments soumis à une précontrainte
totale
Chapter 16
16.1 Introduction
Du point de vue technique1 , le comportement et la qualité d’une structure en béton peuvent être
jugés en se basant sur trois critères : sa capacité portante, son aptitude au service et sa durabilité.
Dans le cas des ouvrages courants, et à part les problèmes liés à la durabilité (corrosion des ar-
matures, abrasion ou détérioration des surfaces, attaques chimiques, etc.) et à la fissuration, c’est
surtout la déformation de ceux-ci qui est un critère de qualité. En effet, une aptitude au service mé-
diocre se réfère très souvent aux déformations excessives des différents éléments structuraux d’un
ouvrage. Ces déformations peuvent engendrer toutes sortes de désordres difficilement réparables et
très coûteux.
Ce problème des déformations excessives des structures en béton a pris une importance accrue
ces dernières années. Actuellement, il est unanimement reconnu que la déformation à long terme
d’une structure en béton peut être, selon les cas, trois à dix fois plus grande que la déformation ré-
sultant d’un calcul élastique linéaire. Ce facteur d’amplification, qui frappe la déformation élastique
calculée grâce à des tables numériques ou résultant d’un logiciel de calcul élastique linéaire aux
éléments finis, est dû principalement à la fissuration ainsi qu’aux effets différés. Paradoxalement,
il faut chercher les explications de ces déformations excessives dans les progrès réalisés ces der-
nières décennies, d’une part dans la conception et le calcul des structures en béton, et d’autre part
dans l’utilisation des matériaux et des méthodes de construction. Ainsi, par exemple, des nouvelles
méthodes de dimensionnement basées sur la théorie de la plasticité ont permis à l’ingénieur d’une
part de déterminer avec une précision suffisante la capacité portante des structures et d’autre part
de construire des ouvrages plus élancés avec une utilisation plus rationnelle de la matière, tout en
assurant une sécurité suffisante vis-à-vis de la ruine mais au détriment de la rigidité.
Dans ce chapitre nous traiterons essentiellement des problèmes de déformations à long terme
des structures. C’est en effet celles-ci qui affectent généralement de manière prépondérante le bon
comportement en service des ouvrages.
1 Une grande partie des textes qui composent ce chapitre sont extraits de l’ouvrage [7]
299
CHAPTER 16. CONTRÔLE DES FLÈCHES 300
La norme belge NBN B 03-003 “déformations des structures - valeurs limites des déformations
- Bâtiment” donne des indications plus précises quant aux limitations des flèches dans les bâtiments.
Rappelons que ces limites doivent avant tout être définies par le maître d’ouvrage en fonction
des performances qui sont attendues.
r ds 1/r
εc
x x
AN N
d d
εs M
La courbure est liée à l’état de déformation de la section par les relations de compatibilité
1 ∆θ ²c + | ²s |
= =
r ∆s d
Si x est le niveau de l’axe neutre par rapport à la fibre supérieure, on a 2
1 ²c ²s
= =
r x d−x
La rotation θ d’une section située à l’abscisse s sera donc obtenue par intégration de la courbure
Z s
1
θ = θ0 + ds
0 r
1 d2 y M
= 2 = (16.1)
r dx E.I
où M est le moment de flexion, E le module d’élasticité et I l’inertie de la section.
La flèche s’exprime alors comme le résultat de la double intégration
ZZ ZZ
1 M
y = y0 + = y0 +
r E.I
M RUPTURE
DE I
STA
Mu 3
PHASE DE PLASTIFICATION
My 1/r2
II
1/r m A DE PHASE DE FISSURATION
1/r ST STABILISEE
M 1
2
PHASE DE FORMATION
∆ (1/r) DE FISSURES
Mr
1 PHASE ELASTIQUE
Pour tenir compte du fluage, on utilise dans cette expression un module d’élasticité apparent du
béton (cf. chapitre 7).
Ecm
Ec =
1+φ
et pour le calcul de la section homogène un coefficient m
Es .(1 + φ)
m=
Ecm
L’inertie I1 de la section homogène non-fissurée peut être calculée en utilisant les techniques de
calcul décrites au chapitre 7. C’est-à-dire, pour une section rectangulaire de hauteur h, de largeur b,
armée de deux nappes d’armatures As et A0s , situées à des distances d et d0 de la fibre supérieure :
Dans le cas de sections rectangulaires ou en Té, on peut également utiliser les tables extraites de
l’ouvrage [1] et reproduites à la figure 16.3 (notons bien que le coefficient m est noté αe dans ces
tables).
Notons qu’en stade I, la raideur apportée par l’armature est relativement faible par rapport à la
raideur de la section pleine du béton. On obtiendra donc une bonne approximation de la courbure en
stade I en négligeant l’armature.
1 M
≈
r1 Ec .Ic
où Ic est l’inertie de la section de béton seule (non-fissurée). Dans le cas d’une section rectangulaire
on aura simplement
b.h3
Ic =
12
CHAPTER 16. CONTRÔLE DES FLÈCHES 305
1 M
=
r2 Ec .I2
où I2 est l’inertie de la section homogène fissurée.
Le calcul de l’inertie de section fissurée se fait à nouveau en utilisant les techniques de calculs
des sections élastiques soumises à la flexion décrites au chapitre 7.
Dans le cas d’une section rectangulaire armée haut et bas, on a :
où x est le niveau de l’axe neutre. Dans le cas de la flexion simple, ce niveau peut-être calculé au
moyen de l’expression (cf. chapitre 7).
x p
= (mρ + mρ0 )2 + 2m.(ρ + δ 0 ρ0 ) − m(ρ + ρ0 )
d
où δ 0 = d0 /d , ρ0 = As2 /bd et ρ = As1 /bd.
où ∆(1/r) est la diminution de courbure – par rapport au stade II – provoquée par la participation
à la raideur des zones de béton tendu entre les fissures (tension stiffening effect). Si l’on exprime la
courbure moyenne sous la forme
1 ²sm
=
rm d−x
et que l’on reprend l’expression générale de ²sm déduite au chapitre précédent.
on obtient
1 ²s2 − ∆²s
=
rm d−x
CHAPTER 16. CONTRÔLE DES FLÈCHES 307
et donc µ ¶
1 ∆²s
∆ =
r d−x
Si l’on fixe une relation permettant de calculer ∆²s , il est donc possible d’en déduire l’expres-
sion de ∆(1/r), et donc de définir une relation moment-courbure. On a vu au chapitre 15 que de
telles expressions peuvent être établies sur base d’un modèle de fissuration approprié. Nous nous
contenterons ici d’exposer les résultats retenus dans l’eurocode 2, puisqu’ils sont à la base des règles
de calcul fixées par la norme belge.
avec
µ ¶2
σs2r
ζ = 1 − β1 .β2 . si σs2 ≥ σs2r et ζ=0 si σs2 < σs2r (16.3)
σs2
Si l’on suppose que la déformation moyenne dans le béton suit une loi semblable
On peut en déduire une expression pour la courbure moyenne d’une section fissurée
1 ²sm + ²cm ²s2 + ²c2 ²s1 + ²c1
= = ζ. + (1 − ζ).
rm d d d
et donc
1 1 1
= ζ. + (1 − ζ). (16.4)
rm r2 r1
Physiquement on peut donner une représentation schématique de cette relation en imaginant que
les zones de béton comprises entre les fissures se divisent en régions dans lesquelles la section se
comporte successivement selon le stade II et le stade I. Le coefficient de pondération ζ apparaît
alors comme la distance relative sur laquelle les deux modes de fonctionnement se réalisent (cf.
figure 16.4).
En notant que
σs2r Mr
=
σs2 M
On obtient finalement la relation moment-courbure telle que définie dans l’eurocode
1 1 1
= ζ. + (1 − ζ). (16.5)
rm r2 r1
avec µ ¶2
Mr
ζ = 1 − β1 .β2 . si M ≥ Mr et ζ=0 si M < Mr (16.6)
M
Rappelons que les coefficients β1 et β2 sont définis de la manière suivante :
• β1 est un coefficient dépendant des propriétés d’adhérence de l’armature.
CHAPTER 16. CONTRÔLE DES FLÈCHES 308
ζ s rm (1− ζ ) s rm ζ s rm
2 2
s rm
Figure 16.4: Représentation schématique pour le calcul de la courbure moyenne d’un élément fissuré
et de réaliser une intégration numérique des courbures calculée au moyen des équations 16.5 et 16.6.
Notons que la théorie des travaux virtuels permet d’exprimer la flèche d’une poutre sous la forme
Z lµ ¶
1
a = ∆y = (x).M ∗ (x).dx (16.7)
0 rm
où M ∗ (x) est le moment dû à une charge virtuelle unitaire appliquée au droit de la section où l’on
désire calculer la flèche sur la travée correspondante rendue isostatique (cf. figure 16.6)
En calculant la courbure moyenne dans un nombre suffisant de sections réparties le long de
la travée, il est donc possible de déterminer la flèche de la poutre. Ce type de méthode peut-être
facilement mise en oeuvre dans un programme de calcul.
M
1/rm = ζ 1/r1 + ( 1 − ζ ) 1/r2
DE I
STA
1/r2
II
A DE
1/r ST
M 1
Mr
1/r
1/r1r 1/r2r 1/rm
a
x
MA MB
MD
MOMENTS
1/rA 1/rB
1/rD
COURBURES
Fv = 1
MOMENT VIRTUEL
M*
Z l
m(x).M ∗ (x).dx = k.l2
0
où le coefficient k ne dépend que de la forme du diagramme des moments sollicitants, et l est la
longueur de la travée. Ce coefficient k peut-être extrait d’une table telle que celle représentée à la
figure 16.7 en fonction du type de charge qui sollicite la travée. La première colonne de cette table
indique le type de charge qui est appliquée sur la travée. La deuxième colonne indique où se³trouve
´ la
3 1
section déterminante (c’est donc dans cette section qu’il faudra donc calculer la courbure rm ).
D
Enfin la troisième colonne donne la valeur du coefficient k correspondant.
On obtient donc finalement l’expression simplifiée suivante pour estimer la flèche de la poutre.
µ ¶
1
a≈ .k.l2 (16.8)
rm D
L’avantage de cette formule réside dans le fait que l’on peut se contenter d’estimer la courbure
moyenne dans une seule section (la section déterminante) pour estimer la flèche. Elle se prête donc
bien au calcul manuel.
3 Il faut noter que dans les cas (7) et (10) du tableau, la section déterminante est située au droit du moment maximum en
travée. Bien que les moments sur appuis seront généralement plus importants, c’est bien dans cette section qu’il faut calculer
la courbure moyenne.
CHAPTER 16. CONTRÔLE DES FLÈCHES 311
Selon cette méthode, la flèche à long terme est estimée de la manière suivante :
Il faut souligner que les formules précédentes ne tiennent pas compte de la flèche éventuelle due
au retrait. On se référera à l’ouvrage [7], pour une description plus détaillée de cette méthode de
calcul.
A’sa A’sb
A’s0
la l0 lb
d’un côté
l1
Dalle sur poteaux, sans poutres 21 30
l2
l1
Porte à faux 7 10
l eff
l2
Table 16.1: Limites de base du rapport portée/hauteur utile (l/d) pour les éléments en béton armé
Bibliography
[1] Concrete Structures - Euro-Design Handbook 1994/1996. Ernst & Sohn, Karlsruhe, 1995.
[2] Construire avec les bétons. Le Moniteur, 2000.
[3] Propriétés des bétons. Eyrolles, 2000.
[4] Commission : Béton. NBN B15-002 : Eurocode 2 : Calcul des structures en béton - Part 1-1 :
Règles générales et règles pour les bâtiments. IBN, 2e éd. edition, octobre 1999.
[5] CEB-FIP. MODEL CODE 1990 : Design Code. Thomas Telford, London, 1993.
[6] CEN. PRENORME EUROPEENNE ENV 1002-1-1 :1991 - Eurocode 2 : Design of concrete
structures - Part 1-1 : Général rules and rules for buildings, volume Part 1-1. CEN, 1991.
[7] Renaud Favre J.-P. Jaccoud O. Burdet H. Charif. Dimensionnement des structures en béton :
Aptitudes au service et éléments de structures, volume 8 of Traité de génie civil. Presses
polytechniques et universitaires romandes, 1997.
[8] FIB/CEB-FIP. Structural Concrete : Textbook on Behaviour, Design and Performance, vo-
lume 1. fib, Lausanne, 1999.
[9] FIB/CEB-FIP. Structural Concrete : Textbook on Behaviour, Design and Performance, vo-
lume 2. fib, Lausanne, 1999.
[10] FIB/CEB-FIP. Structural Concrete : Textbook on Behaviour, Design and Performance, vo-
lume 3. fib, Lausanne, 1999.
[11] R.Lacroix A.Fuentes H.Thonier. Traité de béton armé. Eyrolles, 1982.
[12] Rene Walther Manfred Miehlbradt. Dimensionnement des structures en béton : Bases et tech-
nologie, volume 7 of Traité de génie civil. Presses polytechniques et universitaires romandes,
1990.
[13] FIP Commission 3 onPractical design. FIP Recommandations : Practical design of structural
concrete. CEB-FIP, seto edition, september 1999.
315