Vous êtes sur la page 1sur 144

QUAND ON FAIM DLLpErS

®) K
BRIGITTE LABBÉ NICGHELPUECEH
[uaun
l
|
= ques Qu

pétit.…
bon aP = =

—_— un, ur en A
SE
Introduction __-”

i > E s t - c e q u ' i l y à
uo
Et toi, tu as peur de q
un monstre SOUS mon };
IÙ >
SZ Ce

Fe|
2 ke

ment RONZ
1 GONE
ê , ©

@
veu
+ pens
REISS
fe
Se
<
.ee,
EH
La © ; >
Ip <
| (7
à ° :
G
<
!< ‘

AR © Rd te s o =
| Cp Q, Se | se
© + use (
| .S CS S
Qu = LS à%
e = © a 5
(7 È 9 EE.
(} LE
ONE
® 5 ? “
F5 &
<
C =a
b) à À
»,
ee
Lee L
6 Fe
£ =©; ࣠$|
pes
É:
[- ° TR cz . imb PS
< à d ssueŸ À # Q

|5 s
D € Za
ms ss $o ?à
1% S® o
Gro °/e /1- c)
%P2,; tey sud2 D" ù

? QG; NA Q<a
Il se joue un match acharné entre Jean
et sa peur. Jean peut reculer et laisser sa peur
gagner. Il peut aussi trouver le courage
d'affronter sa peur et avancer. Si le courage
commence à monter en lui, la peur
va s'écraser. La peur ne se bat pas, la peur
est peureuse, elle recule dès que le soie
se montre.
On a tous peur de quelque chose su. ?. 15
Les hélicoptères cherchent toujours p. 16
Lesentants dé la pete sus NU p. 16
Maman, laisse une lumière allumée ! p. 17
N'aie pas peur FPlonge 1. en p. 18
Jé‘ne suis qu'une chochofte"5" 20e Rs p. 19
IL'y.a quelqu'un dans le placard p. 20
Les gens COUrageux ONE DeUFr A NN p. 21
L'odeur;de:la peur see etes p. 21
Madame Robert perd la tête...
me te brez
Jouer-avec:la peur a Me IE b:23
Raté, je n'ai plus peur l'air en PA Re p. 24
Attention,:tu:vas tomber. met p. 25
La VIS MÉTÉCIT.5. Rs p. 26
Le dé he nn een RE EE D:27
STOPIE PA ST p. 28
Que.Va' faire: SON AP RS p. 29
Le:couragede’tous les Ours A Re p. 30
Le supplice de'Blaise rt men
en Re p. 31
Petits exercices de cOUTASe Sr. ee p*33
La peur est Peureusen Sr p. 34
(e<
=)
Li
a

<

On a tous peur de quelque chose (—


Li
Lu
O
<

Peur de la mort, peur des araignées, peur


a
7)
O
de dormir dans le noir, peur de parler en U
Lui
public, peur de ne pas être aimé, peur de fi)

rater, peur de quitter ses parents, peur


que ses parents meurent, peur de
perdre, peur d’être en retard, peur
d’être grondé, peur de ne pas savoir,
peur des ascenseurs, peur du patron,
peur d’embrasser une fille, peur
d’embrasser un garçon, peur de monter
sur la grande roue, peur d’être abandonné, peur de l’eau, peur des
maladies, peur d’avoir de mauvaises notes, peur de la foule, peur de
décevoir les autres, peur de l'avion, peur de faire de la peine, peur
du chômage, peur de se faire agresser, peur de s'endormir, peur de
la guerre, peur de manger de la viande, peur de redoubler, peur de
l'orage, peur de grandir, peur d’un professeur, peur d’une explosion
nucléaire, peur des étrangers, peur de manquer d'argent, peur
d’avoir peur.
Depuis toujours, les hommes ont peur. On naît, on fait partie du
monde, on se rend compte qu'on existe, on a peur.
Les hélicoptères
‘ cherchent toujours

& Vraiment, là, fu m'énerves.


Ovi, je sais lire, c’est marqué
“Hors-Piste”, et alors ? Je connais
bien cette montagne, je fe promets
qu'il n'y a avcun danger. Allez,
ne fais pas ta poule mouillée.
Tu verras, les paysages sont magnifiques.
— Non, allez-y sans moi. Je n'aime pas skier
en dehors des pistes, j'ai frop peur qu’on déclenche
une avalanche », répond Constance.

La peur de Constance l’a sauvée : une avalanche a entraîné le groupe


de skieurs, les hélicoptères et les sauveteurs cherchent toujours.

(@) Les enfants de La peur


TL
Q-

2)
a Les chasseurs courent vite, ils savent que la nuit ne va
Lu

A
==
=)
pas farder à fomber. Dans quelques minutes, ce sera le noir
O
O
total. [| faut absolument qu’ils rejoignent leur caverne.
un
Li)
La nuit, ils ne voient plus rien, et ils sont des proies
—J
faciles pour les fauves. Des animaux
qui voient dans le noir et sentent
lPodevur de la chair humaine, de loin,
de frès Join. La peur monte,
les hommes ne font plus
attention aux branches
qui leur fovettent
le visage, ils courent
ee de plus en plus vite.
e0008ebescevbtbecevébee
C’est la peur qui fait courir ces hommes aussi vite. S’ils n'avaient
pas peur, ils prendraient leur temps pour rentrer de la chasse.
Et beaucoup d’entre eux ne reviendraient jamais, parce qu’ils
seraient dévorés par des fauves ou tombés au fond d’un précipice.
C’est la peur qui leur donne le signal d’aller se mettre à l'abri le plus
vite possible. Sans la peur, nos ancêtres ne se seraient pas aussi bien
protégés des dangers, ils n’auraient pas survécu, et nous ne serions
pas là aujourd’hui.
œ
La peur nous protège. En ville, avoir peur des voitures nous évite =
Lu

de traverser sans regarder et de marcher au milieu de la route.


a.

<
On a raison d’avoir peur de nager loin de la côte quand les courants

i

sont très forts et les vagues très violentes, on risque de s’épuiser lui
Lu

et de ne plus avoir de force pour rejoindre le rivage. On a raison O


<
œ
d’avoir peur de marcher tout au bord d’un précipice, alors on recule =)
O
et on risque moins de tomber dans le vide. U
Lu
ef

Maman, laisse
une lumière allumée !

Tous les soirs,


Max demande
à sa mêre de laisser
la Jumière du couloir
allumée. Comme ça,
sous la porte de sa
chambre, il voit une petite
raie de lumière, il se sent mieux.
Parce que dès qu’il se retrouve dans le noir complet,
il pense que des voleurs vont venir le kidnapper,
que des araignées péantes lui g'impent dessus,
que des crocodiles attendent qu’il se lève pour [ui croquer
les pieds et l’avaler tout entier.
La nuit, les pires peurs sortent. La peur de se faire agresser, kidnap-
per, dévorer, tuer. La peur du noir, la peur de la nuit : une très
longue histoire inscrite dans la mémoire des hommes.

N'aie pas peur ! Plonge !

« Allez, plonge ! Lance-toi !


Un pev de courage ! Puisqu’on
te dif que fu n’as aucune raison
d'avoir peur ! »
Ah bon ? Mais comment
peuvent-ils savoir que je n’ai
avcune Faison d’avoir
peur ? Moi, je frouve que
j'ai foutes les raisons du
monde. Perchée à 3 mètres
au-dessus de l’eau, av bout
de ce plonpeoir glissant qui, en plus, bouge, j'ai peur.
©
=} Mon cœur bat à 100 à l'heure, mes jambes sont foutes molles,

a mes dents claquent. Mon père, ma mère, le maître nageur,
10 000 personnes peuvent me hurler dessus : & Mais n’aie
an
C2
Li

ñ
+
2)
pas peur, fu ne risques rien ! », ça ne change rien.
e08bteev
c006e8e8eceuvbthboecececébtee
©
O
un
Lis « N'aie pas peur ! » Voilà un ordre que l’on entend très souvent
=
et qui est vraiment bizarre. Aussi bizarre que de dire : « Aime ceci,
aime cela, aime cette personne », où « Déteste ceci, déteste cela, déteste cette
personne ». La peur est une émotion, on la sent dans tout le corps,
le cœur bat plus vite, on transpire ou on a la chair de poule, on peut
même s’'évanouir. Celui qui a peur a forcément de bonnes raisons
d’avoir peur. Sinon, il n’aurait pas peur. On peut essayer de com-
prendre, d'en parler, mais on ne pourra jamais commander
les émotions des autres.
Je ne suis qu'une chochotte

Quand on n'arrive pas à surmonter une peur, on se sent nul. Comme


si On était seulement capable d’avoir peur, et capable de rien d’autre.
Mais c’est faux : quand on a peur, on est juste en train d’avoir peur.
Ce n’est pas vrai que la peur a pris toute la place, ce n’est pas vrai
qu’elle est installée en soi, partout.

Finalement, Chirine descend du plongeoir patmiiéchele.


Elle s’assied av bord de la piscine, les yeux dans le vide.
Elle se sent nulle, elle a l’impression d’être une vraie
chochotte.
e0eve6bee

À force d’entendre le refrain des autres, « aucune raison d'avoir peur,


aucune raison d'avoir peur », Chirine a eu honte. Elle s’est sentie RP
EUIR
AIGIENE
D'AACOIU
coupable d’avoir eu peur.

— Ah là Jà, Chirine ! Quand je f’ai vue [là-haut sur le plongeoir,


cela m'a rappelé plein de souvenirs. J'ai vraiment souffert
pour toi ! J'étais foi à fon âge; incapable de plonger,
comme
et même du bord de la piscine. Je pouvais juste sauter.
Et 20 ans après, ça ne s’est pas arrangé !

Monsieur Thurin ? Avec le bonnet de bain, Chirine n'est


pas sûre de reconnaître monsieur Thurin, son voisin.

Mais si, c'est bien lui. [| a peur de plonger!


Ça alors ! Lui qui s’est présenté aux élections
municipales, lui qui est devenu premier
adjoint av maire, fui qui s'est battu contre

le passage de l'autoroute tout près


du village... Incroyable. Et il parle “Et
de sa peur, sans honte.
IL y a quelqu'un dans le placard !

Florian n'arrive pas à s'endormir, il entend des £rincements


bizarres. [| est sûr qu’il y a quelqu'un dans le placard
de sa chambre. [| n'ose pas se lever. [| crie et appelle.
Son papa se précipite, il entre dans sa chambre. [| allume
la lumière, il prend l'épée dans la caisse à jouets de Florian
et il ouvre fout doucement le placard, J’épée bien en main,
prêt à couper en deux le terrible monstre. Pas de monstre.
Ovf ! [| embrasse Florian et pose l'épée à côté de son lif.
Florian est rassuré.

Le monstre n'existe pas, le papa le sait. Mais la peur de Florian, elle,


elle existe vraiment. Alors le papa ne se moque pas de cette peur,
il n’essaie pas non plus de la commander. Il la prend au sérieux,
il partage l'émotion de son fils, et 1l l’aide à la chasser. Le papa
est entré dans le monde imaginaire de Florian... Florian peut s’en-
dormir tranquille.
O
Quel soulagement quand les autres respectent nos peurs et ne nous
ii

L
traitent pas d’idiot !
(ae

®)
[as
Li
+

A
5
©
O
an
Li
“di
Les gens courageux ont peur

e5 “Allez, sers-moi un dernier petit coup de rouge,


5 ça va me donner du courage. J’en ai bien besoin, parce que
e franchement, ce que j'ai à [ui dire n’est pas facile. »

Le quatrième verre de vin rouge ne va pas


LU donner plus de courage à Maurice. Il va
4 | Cdt simplement servir à noyer sa peur,
RO, D» à l'oublier. Il ne se rendra plus compte
de rien, il sera capable de tout. Rien
à voir avec le courage.
Les gens courageux ont peur : ils se
rendent compte des difficultés et des
dangers qu’ils vont devoir surmonter. COURA
ANPEUR
LE
EME
La peur est une force qui veut nous écraser, nous paralyser, une
force qui nous empêche de parler, d’agir, de réagir. Cette force, le
courage réussit à la transformer : elle devient une force pour agir.

L'odeur de la peur

Le chat s'enfuit à foute vitesse. Le chien le poursuit


en aboyant. Soudain, le chat s'arrête net. Et se retourne.
[| fait le gros dos, il hérisse ses poils, il sort ses griffes
et siffle. Le chien s'arrête brutalement. [| baisse la queve
et recule tout doucement.

Quand le chat a peur et s’enfuit, le chien le poursuit pour l’attaquer.


Quand le chat ne montre plus sa peur et ne fuit plus, le chien s’ar-
rête et n’attaque plus. Chacun va sans doute repartir dans son coin,
la bataille n’aura pas lieu. Tant mieux.
C'est souvent pareil entre les humains : les gens agressifs et bagar-
reurs s’en prennent à ceux qui ont peur, comme
si la peur les excitait, comme si la peur
soufflait sur leur violence et la faisait flam-
ber. Mais quand, à la place de la peur,
ils sentent du courage, ils sont tout
de suite moins sûrs d’eux, et sou-
vent, ils abandonnent.

Madame Robert perd la tête

Madame Robert fraverse en courant les allées


de l’hypermarché. Elle a l'impression de courir dans
un labyrinthe, elle étouffe, elle sent la panique monter.
Elle était sûre de trouver Ariane av rayon des bonbons.
Mais non. Personne. Elle fonce av rayon des gâteaux,
personne. Aux jouets, personne. Son cœur va exploser,
Bbteccetboe…e

O
cela fait 10 minutes qu’elle cherche sa fille, elle croit
=
devenir folle. L'accueil. Voilà où il faut aller.
EE
a
À l'accueil. I|s feront vn appel av micro.
Le)
œ
(re NN Elle grimpe l'Escalator en frombe, et fonce
-

5 av bureau d’accveil. Et là, elle aperçoit Ariane.


O
O Et ellemexploseElleshurle/surssamftlle selles
demande où elle avait disparu, pourquoi elle n’est
un
Li
À
pas restée à côté du chariot, comment elle a pu faire
vne chose pareille... La caissière qui tient Ja main
d'Ariane sent que madame Robert va g'fler sa fille.

Si on avait pu filiner madame Robert, et lui montrer sa tête, elle


ne se serait pas reconnue. Elle aurait dit qu’elle avait une tête
de folle, une tête de sorcière. Pourquoi n’a-t-elle pas explosé de joie,
pourquoi n’a-t-elle pas serré Ariane dans ses bras, pour l’embrasser
et la consoler ? Ariane aussi a eu terriblement peur d’avoir perdu
sa maman. Mais la peur de madame Robert a pris les commandes,
et cette peur s’est vidée en agressivité sur sa fille. Sa peur l’a empê-
chée d’exprimer ses vrais sentiments. Quand on a très peur, on a
du mal à penser, on perd la tête, on agit bêtement, très bêtement.
Quand on a trop peur à un examen, on oublie tout, même
comment faire une simple addition, alors qu’on a eu de bonnes
notes en maths toute l’année. La peur empêche le cerveau de bien
fonctionner, et parfois, elle le dérègle complètement.

Jouer avec la peur

On peut facilement terroriser un petit enfant. Comme il ne sait


pas faire le tri entre le vrai et le faux, il croit tout ce qu’on lui dit. COURA
LE

« Grégoire, ne bouge surtout pas, j'ai vu un serpent


sous ton it.!
— Au secours, Maman ! Lola a vu un serpent sous mon Îif!
hurle Grégoire.
— [| n'y a personne à la maison, Maman n'est pas encore
rentrée du travail. Mais si fv me donnes 5 euros,
je vais tuer le serpent. »
Grégoire ouvre sa tirelire et donne toutes
ses économies à sa grande sœur, il est
trop content qu'elle Jui sauve la vie.

On peut faire faire tout ce qu'on veut


à quelqu'un qui a peur. Les ogres,
les fantômes, le grand méchant loup.
on y a tous cru, on a tous eu très peur
d'eux. On aurait tout donné pour que
quelqu'un nous protège et les chasse.
Les éclairs fendent le ciel, le fonnerre gronde, on dirait
que la Terre fremble. Le grand préfre Pavait bien dit:
les hommes [ui apportent moins d’or, moins de céréales,
moins de tissus précieux, les cadeaux et les offrandes
aux dieux se font de plus en plus rares. Alors les dieux
se fâchent. Et le g'and prêtre prévient : ceci n’est qu’un
avertissement ; la prochaine fois, les dieux enverront
la foudre, les tornades, les tempêtes, ils plongeront
la Terre dans Ja nuit, personne ne sera épargné.
À ces paroles, [es hommes, les femmes et les enfants
sont ferrorisés. Dès demain, ils apporteront av femple
foutes leurs richesses.

Rien de plus facile que de manipuler des gens qui ont peur.
Il va être très riche, le grand prêtre.

Raté, je n'ai plus peur !

©
1}
Un jour, Grégoire saura que sa sœur
18
a
lui ment, elle ne pourra plus
2) lPescroquer.
œ
LE
=: Un jour, les hommes
>
© ont compris que les coups
O
2) de tonnerre et les éclairs
Li
1]
sont des phénomènes
naturels, ils ont découvert
que les cadeaux n’ont
aucune influence
Sur la météo, le chantage
n’a plus marché...

Quand on connaît, on a moins


peur. Et on ne se laisse plus faire.
La peur des étrangers, la peur des gens qui ont une couleur de peau
différente de la sienne, la peur des filles, la peur des garçons, la peur
des malades, la peur des personnes handicapées.

Ces peurs, elles disparaissent souvent quand on connaît des étran-


gers, quand on connaît des gens qui ont une couleur de peau diffé-
rente de la sienne, quand on connaît des filles, des garçons,
des malades, des handicapés, des personnes d’autres religions.
Quand on ne connaît pas, quand on ignore tout, on a peur de tout.

Attention,
tu vas tomber !

« Attention Léa, AS
EIURR
LENGOIU
EME

ne cours pas si vite,


fu vas fomber!
Non, surtout ne grimpe
pas là, c’est beaucoup
trop haut. Fais attention,
1 y a du monde
de ce côté, tu vas te faire
bousculer. Hovu là Jà ! Pitié, pas ça, fu risques
de te blesser. Doucement, doucement, fu me fais peur,
recule, recule, arrête... »
Léa ralentit, elle recule, elle arrête de courir, de grimper,
de sauter, elle s'éloigne du grand foboppan. Elle va
s'asseoir dans le bac à sable, elle aime bien reparder
les autres qui s'amusent à grimper av sommet de Ja grande
araignée bleve et voient tout de très haut.

La personne qui accompagne Léa au square a très peur des acci-


dents. Petit à petit, cette peur tombe sur Léa, comme un filet
invisible qui l'empêche de bouger. On comprend que Léa aille
s'asseoir et ne bouge plus. À force d'entendre prédire les catastrophes
qui vont lui arriver, elle finit par avoir peur elle-même.
La personne qui accompagne Léa n'arrive pas à calmer sa peur toute
seule. Sa peur déborde, elle ne sait pas quoi en faire, elle ne la contrôle
pas. Alors elle la passe à Léa. Et Léa se retrouve paralysée.
La peur des autres peut nous bloquer, elle nous fait perdre confiance en
nous, et elle finit par nous faire croire que nous sommes des incapables.

La vie rétrécit

2 Depuis qu'elle est allée à Rome et qu’on lui


: a volé son sac dans le métro, Emilie a peur
e d'aller à l’éfranger, elle ne voyage plus.

Emilie ne découvrira pas le monde.

O pt Karim reparde le bateau partir. Ses amis vont plonger avec


—{.

& . des bouteilles pour la première fois de leur vie. [| a peur


a

n e de mettre Ja tête sous l’eau, i| préfère rester sur Ja plage.


[a
Lui
=
Fe)
O
Karim passera à côté de toutes les beautés du monde sous-marin.
O
n

Josiane ne mançe que dans les restaurants français.


Lu
|

Elle n’a jamais goûté la nourriture chinoise, ni japonaise,


ni furque, ni indienne, ni marocaine, ni tunisienne,
ni libanaise... Elle a peur de tomber malade.

Josiane ne connaîtra pas le plaisir de nouvelles saveurs.

Li Depuis longtemps, Doris voudrait s'inscrire à un club


de danse, mais elle a peur de se sentir ridicule.
Doris se prive d’un grand plaisir, d’une passion peut-être.
Évidemment, on peut très bien vivre sans découvrir d’autres pays,
sans explorer le monde sous-marin, en mangeant tout le temps
la même chose et sans faire de danse. Mais si la peur prend trop
de place, elle finit par rétrécir la vie.

Le déclic

Parfois, on a plein de bonnes intentions :

« Ce frimestre, je veux avoir de bonnes notes, rien


en dessous de 15. C’est scandaleux de laisser des gens
dormir dans Ja rue, il] faut faire quelque chose. Je dois
me lever plus têt pour faire du sport. Une fois
AM
BENCOlU
RIEIUIR
AIGIENE
par semaine, je devrais rendre visite à la personne âgée
qui vif dans mon immeuble. [| faudrait que je passe
mon permis de conduire... et blablabla et blablabla... »

Comment trouver le déclic qui va nous faire démarrer et agir ? Agir malgré
le manque de temps, malgré la timidité, malgré la peur, malgré la paresse,
malgré... Avoir du courage, c’est agir, malgré tous les « malgré ».
Stop!

« Laisse tomber, ça fait des années que c’est comme ça, on n’y peut
rien. »
Nathalie décourage Antoine. Elle est dans ce lycée
depuis 3 ans, ef ça a foujours éfé comme ça. Depuis 3 ans,
la même bande attend à Ja sortie, et ils rackettent les plus
petits. [Is prennent les blousons de marque, les Discman,
les montres et s’il y en a un qui résiste, ils l’emmêènent
derrière [e supermarché ef le fabassent. Personne
ha jamais rien dif, ni au proviseur, ni à Ja police.
Trop peur. Ces types sont capables de suivre les élèves
chez eux et de s’en prendre aux petits frères et sœurs,
à Ja voifure du pêre, ou on ne sait frop quoi.
& Mais c’est pas possible, i] faut faire quelque chose, on
ne peut pas vivre dans la terreur », dif Anfoine à Nathalie.
Antoine ne veut plus continuer à se faire traiter comme ça.

Quand on sait qu'on va se battre


pour quelque chose de juste, on sent
O
#1}

une énergie monter en sol.


E
a

un
œ
Li

A
=|
fe
Tous les soirs, après les cours,
©
© Antoine va frapper à la porte
un
Li des voisins. [| a révssi à avoir
—|

la liste et les adresses des élèves,


ef pendant des semaines,
il passe son temps libre
à faire le four des immeubles.
[| a rédigé vne lettre qui
< explique ce qui se passe
à Ja sortie du lycée,
il faut que tout le monde
la signe ef qu’on l’envoie
au proviseur. Comme ça, la bande ne saura pas qui Ja
dénoncée, ils ne pourront pas aller tout casser chez
des dizaines et des dizaines de familles. Si le proviseur
voit plus de 50 signatures, il prendra l'affaire au sérieux.
Antoine enverra une copie de la lettre à la police. Et tant
pis, s’il le faut, il prendra le risque d’y aller [ui-même.

Antoine a le courage de penser qu’il peut changer des choses que


tout le monde peñse impossibles à changer. Combien de fois
entend-on : « Mais c'est comme ça, on n’y peut rien, ça ne changera
jamais ! » C’est plus facile de vivre sans rien dire, sans rien voir, sans
rien faire.
Il faut du courage pour voir, dire, décider, agir. Il faut du courage
pour oser s'attaquer à des choses que tout le monde accepte.

EN
AIG
EUR
COUR
ENTNIPANE
IREL

Que va faire Sonia ?

Sonia est journaliste à la télévision, elle présente


des livres, elle fait les critiques, elle recommande
aux téléspectateurs les livres qu’elle a aimés. Le public fui
fait confiance, des millions de téléspectateurs repardent
chaque semaine son émission, ef quand elle dit du bien
d’un. livre, les gens vont l'acheter dès le lendemain.
& Bonjour Sonia, je vous appelle parce que je sais que
demain soir, vous allez parler du livre de Gérald Fistumo.
J'espère que vous l’avez aimé, j'ai mis beaucoup d'argent
sur cet écrivain, ce serait grave pour moi que son livre
ne se vende pas vite et bien. Au fait, Sonia, cela fait
longtemps que je voulais vous demander ce que vous faites
cet été ? Colombe et moi serions ravis de vous accueillir
avec votre famille à Tahiti, j'ai loué un yacht ef vne villa,
cela vous dirait de novs rejoindre PES
Sonia n’a pas prévu de dire du bien du livre de Gérald Fistumo.
Elle la trouvé très mal écrit et elle s’est vraiment forcée pour le lire
jusqu’au bout. Elle va avoir besoin de courage pour rester fidèle
à ses idées, et fidèle à sès engagements de journaliste :
dire ce qu’elle pense, ne pas truquer son émission,
respecter la confiance que lui font ceux qui
regardent son émission.
Quelquefois, on dit le contraire de ce que
lon pense pour se faire bien voir, pour
devenir célèbre, pour gagner plus d’argent,
pour avoir plus de pouvoir. Il faut du cou-
rage pour résister, pour réussir à rester
soi-même.

Le courage de tous Les jours

& Non, Joachim, ça va frop loin, je ne suis pas d'accord.


©
ei
— Tu veux qu’on reste amis, ovi ov non ?
28
Q_
— Ovi, évidemment, répond Eliott.
un
ae
— Âlors, fais ce que je te dis. Va chercher Stéphane
Li
= dans la cour, dis-lui que fu as une surprise pour lui
es)
© mais qu’il ne faut pas que les surveillants voient
O
un ce que c’est. [| fe suivra dans les toilettes.
Li
—! Étalamontloi réple son compte. || s’en souviendra,
JenenlenC ee

Eliott est partagé. D'un côté, il veut rester ami avec Joachim. Il sait
que Joachim ne lui pardonnera jamais s’il ne l’aide pas à se venger
de Stéphane. D’un autre côté, il ne veut pas être complice d’un
tabassage. Il déteste Stéphane, c’est vrai, mais il ne veut pas le
prendre en traître. Ces méthodes ne lui plaisent pas, il préfère la
franchise, les explications en direct, le un contre un.
On imagine bien le courage qu’il faut à Eliott.
Va-t-il obéir à Joachim par peur de perdre
son amitié ? Va-t-il avoir le courage
de rester fidèle à ce qu’il pense ?
Quand on a besoin de ce courage,
on est seul avec soi-même. Ce courage-là,
il ne se voit pas. Personne n’en fait la publi-
cité, les caméras de télévision ne sont pas là
pour filmer les gens qui l'ont. C’est un courage
de tous les jours, de tous les instants. Un cou- LE
rage qui permet de se regarder dans une glace,
et de se dire qu’on est quelqu'un de bien.

Le supplice de Blaise
ETAIAN
COURAG
LE

Dès que le professeur a le dos tourné, Blaise est bombardé


de boulettes de papier pleines d'encre. [| essaie
de les éviter, mais comme ils sont 5 à tirer, il en prend
quand même pas mal. Aujourd’hui l'encre esf noire,
mais hier, c'était pire, elle était roupe. Avant, les boulettes
étaient pleines de colle, il a dû se couper des mèches
de cheveux pour les enlever.
& Blaise, arrête de bouger dans tous les sens, pronde
le professeur. Mais qu'est-ce que fu as ? Depuis un mois,
tu ne tiens plus en place. » Toute la classe sait pourquoi.
La cloche sonne. Blaise file à la cantine. Quand il pose
son plateau, les 5 lanceurs de boulettes l'entourent et,
après avoir vérifié qu'aucun surveillant ne repardaif,
ils vident la salière dans sa purée. Hier, c'était du poivre.
Le pire, c'était le jour du chewinp-pum mâché. Cela fait
longtemps qu’il n'a pas ev un repas normal. Et pas question

d'apporter un goûter, ils le [ui


oec0eétbeuss
c0008&ebteceuvtieceevcébee volent dès le matin.
Blaise enfile son blouson et s’en va. En enfonçant
ses mains dans les poches, il sent quelque chose de glvant.
I] reparde ses mains : elles sont roupe vif. Ses poches
sont pleines de ketchup. 1] courtse laver, la cloche sonne,
il arrive en retard, la classe est en train de monter l'escalier.
& Blaise, un avertissement ! Cela fait 3 fois cette semaine
que tu fraînes. » Le surveillant ne sait pas qu’'hier, Blaise
a cherché son blouson partout, qu’avant-hier, il n'artrivait
pas à détacher ses
o8&eeeuwtteceeébee…e
lacets de la chaise.

O
—S |

a
fre

un
a
Lu
=
>)
©
O Blaise est tout le temps puni, ses notes baissent, il maigrit, 1l va mal.
Il n’a pas le courage de réagir. Le premier jour, il s’est dit que ça
n
Lu
Si}

passerait. Le deuxième aussi, le troisième, pareil. Et, de petit


manque de courage en petit manque de courage, son supplice
grandit. Les autres de sa classe n’ont pas de courage non plus.
Au début, on se dit que ce n’est pas grave. On ferme les yeux. Et on
laisse s’'accumuler les manques de courage, sans se rendre compte
des catastrophes qui se préparent.
Quand tout le monde accumule les petits manques de courage,
on laisse se construire un monde vraiment pourri.
Petits exercices de courage

Pour devenir ceinture noire, on va aux entraînements ; pour réussir


un examen, on révise, on fait des exercices, on se couche tôt pour
être en forme. Si on veut progresser au piano, on travaille chaque
Jour, on fait des gammes et des exercices.
Avec le courage, c’est pareil. On peut s'entraîner, chaque jour.
En faisant attention de ne pas rater les moments qui demandent
du courage.

Dans Ja classe, personne n’a compris ce que le professeur


vient d'expliquer. Personne n’ose le dire. Julien lève
le doipt : & Monsieur, je n'ai pas compris, vous pouvez
réexpliquer Fr »

PEUR
COURAG
LA
ET
LE
Caroline va arrêter ses cours de danse, elle frouve
que l’ambiance est frop mauvaise, tout Je monde dit
du mal de tout le monde. Elle pourrait partir sans rien
dire, mais elle va voir le professeur et [ui explique
sa décision.

Bernadette sent très mauvais


de Ja bouche, mais elle
ne s’en rend pas compte.
Au travail, elle a des problèmes,
tout le monde l’évite.
Un matin, Clémence ose
lui en parler. Elle lui donne
des produits pour l'haleine
et Jui conseille d’aller voir
un médecin si cela
ne s'améliore pas.

Julien, Caroline, Clémence viennent de réussir un exercice de courage.


Cet été, Sonia la journaliste n'ira pas
ratvitement dans une magnifique villa
à Tahiti, elle ira marcher en Auvergne.
Eliott le collégien a dif non à Joachim,
il a refusé d'attirer Stéphane dans le pièpe.
Blaise a parlé à la directrice
et à ses parents, des discussions
sont orpanisées avec tous les élèves,
et chaque semaine, il.y a un débat
pour parler des problèmes de la classe.

Sonia, Eliott, Blaise ont réussi des exercices de courage.

La peur est peureuse

C'est le moment. Jean va se lever pour faire son discours.


[| l’a préparé depuis des semaines, il le sait par cœur.
Il reparde son grand-père ef sa grand-mère.
©
EL
C’est vn grand jour pour eux : ils féfent leurs 50 ans
85
a
de mariage. [| y a av moins 60 personnes, Jean ne connaît
un
œ
pas tout [e monde, certains sont venus de Join
Lu
= pour Poccasion. [| se lève et se dirige vers la fable
#3
© de ses grands-parents. Un pas en avant, deux pas.
O
un [| a peur. Très peur. Et si on se moque de ce qu'il dit ?
Li
=
Et s’il oublie fout ef se met à bafouiller ? Tout [e monde
va rire et le trouver ridicule. Sa gorge est sèche.
[1 se dit qu’il peut encore repartir s'asseoir,
ses grands-parents ne seront pas déçus puisqu'ils
ne savent pas qu’il va parler, c’est une surprise.

Il se joue un match acharné entre Jean et sa peur.


Jean peut reculer et laisser sa peur gagner. Il peut aussi trouver
le courage d'affronter sa peur et avancer.
Si le courage commence à monter en lui, la peur va s’écraser.
La peur ne se bat pas, la peur est peureuse, elle recule dès que
le courage se montre.

Jean redémarre. [| sent qu’il a passé un cap.


Ses g'ands-parents ne l’ont pas encore vu s’avancer.
Il retrouve ses esprits, il respire mieux. Au moment
OÙ Sa pgrand-mêre le voit arriver, il est prêt. Pour demander
le silence, quelqu'un tape sur un verre avec un couteau.
Jean se lance.
vtbteecececeébee

Gagné. C'était la peur ou lui.


Aujourd’hui, c’est lui qui a gagné. Jean peut savourer le plaisir d’une
victoire sur la peur. On ne sait pas comment son discours va
se passer. Mais quoi qu’il arrive, Jean a maintenant découvert qu'il
peut se détacher de sa peur: il n’est pas resté collé à sa peur. AGEN
GOIUIR
REUIR
PEN
AR
EN

Il vient de réussir un vrai exercice de courage. En pratiquant


des exercices de courage, on découvre qu’on peut contrôler sa peur.
En pratiquant des exercices de courage, on sent
le plaisir de muscler chaque jour un peu
plus son courage.
Fiola n’a jamais fait la cuisine. Elle n’a jamais
raté un gâteau, elle n’en a jamais réussi non
plus. Elle ne connaît pas le goût du succès,
n1 celui de l'échec. ni le goût de ses gâteaux,
d’ailleurs ! En fait, elle manque
de gourmandise. Les succès et les échecs,
on les rencontre quand on est gourmand,
gourmand de projets, quand on croque
dans la vie, quand on se lance, quand
on a envie de faire des expériences.
Bang! Paf! Échec scolaire
Un tunnel tout noir
REA ITEV AE OR ns. p. 42
BIC MO NAN RER RSR ES EE p. 43
Gé aApresS- Midi CRSt IA TÉL rennes. p. 44
Dounia jette tout, Yohann cherche, Guy oublie
La peur de l'échec, pire que l'échec ! 1. p. 46
Una QUINOUS VeEUL AUBIN antenne p. 47
ONVAROUS ES ECS derniere. p. 48
Moi contre moi
ÉCINE COURUGE ES inataiune Di 50
SUHÉCESO UTCNE CR nn dut p. 51
CE TES ETES RP PR En p. 52
— ÉTÉ CE OS ACON PE ner nerres p. 54
Histoires de gourmandise
Ta journée, sucrée ou salée ?
Ça monte à la tête !

& Changez-moi ces draps, vous devriez savoir que je dors


L'E-SUC
ECHEC
ET
dans des draps roses, en soie. Remplissez la baipnoire
d’eau minérale, il n’est pas question que je prenne un bain
d’eau du robinet, ma peau est frop fragile. Les ampoules
des lampes sont trop fortes,
éteignez fout ef apportez
des bougies, ef surtout qu'on
n'oublie pas de vérifier que
Phôtel est entièrement réservé
pour moi ef mes assistants,
je ne veux croiser aucun éfranger
pendant mon séjour. »
Le personnel du palace
où Jessica vient d'arriver
n’en revient pas. Quand on voit
Jessica en phofo sur ses
pochettes de disque ov quand on
Pécovute répondre aux inferviews
à Ja télévision, elle n’a pas
du tout l’air capricieuse.
Jessica a vendu 3 millions de disques, elle passe tout le temps
à la télévision et ses amis ont bien remarqué ses changements depuis
qu’elle a du succès. Vers 500 000 disques vendus, elle s’est mise à ne plus
sortir dans la rue sans de grosses lunettes de soleil noires, même en
plein hiver. Vers 1 million de disques vendus, elle piquait des crises
si quelqu'un avait 2 minutes de retard à un rendez-vous avec elle. Vers
2 millions de disques, elle s’est mise à arriver avec 3 heures de retard
à tous ses rendez-vous, et aujourd’hui, elle est carrément sur une
autre planète : la Terre entière doit être à son service.
Le succès peut monter à la tête, rendre ivre et déboussoler complè-
tement quelqu'un.

Vivre un succès

Facile d'imaginer la suite de l’histoire de Jessica :


Jessica n’a plus d'amis, fout le monde la fuit. Sauf les gens
inféressés qui veulent profiter de son argent. Depuis quelques
O mois, elle boif frop d'alcool, elle doit prendre

ZT
des médicaments pour dormir, elle se traîne foute Ja journée.
c0086&Bee
a.
un

Quand on n’est pas riche, quand on n’est pas célèbre,


œ
Lu
+
ñ
D
O
on a du mal à comprendre que ceux qui ont
O
un
beaucoup de succès ne soient pas heureux,
Li
_ totalement heureux.
On se dit : « Moi, si j'avais tout ça,
Je n'aurais plus aucun problème,
Je serais le plus heureux du monde ! >
On ne peut pas savoir, peut-être
que oui, peut-être que non.
Le succès, celui qui se voit,
celui que l’on appelle le succès
commercial, ne garantit pas
le bonheur. Certaines stars mondiales se suicident, beaucoup ne
peuvent pas se passer de drogues, d’autres n’arrêtent pas d’aller
de chagrin d’amour en chagrin d'amour. D’autres vont très bien…
Mais 1l faut être fort, vraiment très fort, pour résister aux tornades
du succès, qui peuvent faire s’envoler loin, très loin de la réalité
et des autres.

Bang ! Paf ! Échec scolaire

Échec scolaire. Deux mots qui font mal,


deux mots qu’on prend en pleine
figure et qui donnent
l'impression qu’on est un
déchet, que l'avenir est PERSUI
noir. On se sent incapable.
Incapable de quoi ? De bien lire, de bien écrire, de bien calculer, F +2

d’avoir de bonnes notes, de faire les devoirs... Mais pourtant,


on est capable d'apprendre à jouer de la guitare, d'écrire des sketchs
qui font plier de rire tout le monde, de parler 3 langues, de préparer
un repas délicieux pour 100 personnes, de faire des figures incroyables
en skate, d’improviser un spectacle de danse avec 3 amis, de comprendre
en 2 minutes le fonctionnement d’un jeu vidéo très compliqué, de faire
une magnifique collection de papillons.
Évidemment, c’est beaucoup plus confortable et plus agréable
de réussir à l’école. Évidemment qu’on a plus de chances de trouver
un travail si ça marche à l’école. Mais quand on n’y arrive pas,
cela ne veut pas dire qu’on est un échec tout entier. Échec scolaire
n’est pas une condamnation à une vie d'échec. Quand des adultes
pensent qu’un enfant est un échec tout entier, 1ls risquent
de détruire l'enfant, de lui faire croire que le succès, c’est toujours
réservé aux autres.
Un tunnel tout noir
Se sentir sans arrêt en échec, c’est comme marcher dans
un tunnel noir. et penser qu'on va y rester
toute sa vie. On a besoin que quelqu'un
pense qu’on va s’en sortir, que quelqu'un
croie en nous. Alors, une petite lumière
s'allume au bout du tunnel. On en
voit le bout. On sait vers où aller.
Et on en sort. |
Il faut fuir ceux qui n’allument pas
cette lumière et chercher ceux qui
savent la faire briller.

Regarde devant toi !

& Mais c’est pas possible, je nai jamais vu quelqu'un qui


O
fient son guidon comme ça, mais non, quelle idée de mettre

At
le pied gavche Si haut au démarrage, fu ne comprends pas
a.
0]
ce que je fe dis ou quoi, ef fu n'es même pas capable
œ
Li de reparder droit devant foi, mais enfin qu'est-ce que

ñ
te) fu as dans la fête, mon pauvre garçon, avcun sens
O
OU de lP’équilibre, ah, vraiment, tu n'es pas près d'y arriver... »
un
[re

On n’essaie pas de lui apprendre : on essaie


de lui faire comprendre qu'il est nul.
Et qu’il ne peut pas y arriver.

& Oui, oui, fu as fait au moins


2 mêfres sans mettre le pied
par terre, bravo, allez,
encore un effort, reparde
bien devant foi, très loin, c'est ca, fues doué. c'est déjà
bien pour aujourd’hui, on va rentrer boire un bon chocolat
chavd, on revient demain matin et je Suis sûr que tu iras
jusqu'au bout de l'allée sans Parréter... »

En regardant devant lui, il voit une réussite qu’il va atteindre, bientôt ;


il a confiance. Pour réussir, on a besoin que les autres y croient.

Bravo Emma !

Emma se met à quatre pattes et,


fout doucement, elle s'accroche av coin
de la fable pour se mettre debout.
Et boum, elle retombe sur ses fesses.
L'ESUC
ECHIRE
STEP
Heureusement qu’elle a une couche,
ga amortif le choc. Deux fois, trois fois, ça y est, ouf,
debout. À l’autre bout du salon, elle voit Papa. Elle lâche tout
doucement la table et avance le pied gavche. Puis le droit, puis
le gavche. Et boum ! Zut, la fable est trop loin ! [| faut trouver
une fechnique pour se remettre debout sans rien
pour s'appuyer ! Et Papa est à des kilomètres.

Quand Emma va réussir à traverser le salon en marchant, elle aura


surmonté un nombre d'échecs incroyable, des dizaines et des dizaines
de chutes. Tout cela jusqu’au grand succès : marcher.
À chaque chute, elle apprend quelque chose de nouveau, elle sent qu'il
faut se pencher un peu plus par là ou par là, qu’elle doit un peu écarter
les bras, lever un peu plus la tête... Emma est en train d'apprendre
comment se construit un succès et, en la regardant, on se rend compte
que la route du succès est pleine de petits échecs ! On est tous passés
par là. et on a tous déjà été capables de surmonter beaucoup d'échecs
avant de vivre de grands succès ! Ce serait bien de s’en souvenir.
Cet après-midi, c'est la fête !

Dounia, Guy et Yohann organisent une boum, leurs parents


sont d'accord pour lover Ja salle qui est en bas de leur
immeuble, de 16 heures à 20 heures. Une frès prande Salle
qui peut contenir av moins 80 personnes. Mais ils ont
le droit d'en inviter 4&O au maximum. Dounia doit faire
O
— les invitations et les distribuer, Guy et Yohann s'occupent
Æ
a. de la musique. Tous leurs amis apporteront des boissons,
un
œ des chips ef des pâfeaux.
Lu
+ C'est le grand jours sontMouslésStroisesiressese:
>.
Q on ne sait jamais, avant une fête, si l’ambiance va prendre.
O
un
Lu
À 16h 30, ils sont désespérés : il n’y a que 10 personnes.

À 17 heures : 15 personnes. Et les 15 ont apporté des gâteaux,
il ny a rien à boire. À 18 hevres, ils sont 20 mais l'ambiance
est nulle, personne ne danse, fout le monde a soif, Ja sono
est trop petite pour la salle, ef la salle est tellement grande
qu’ils se sentent perdus. Autant tout arréter.

Dur ! Quand on se lance dans un projet, il n’y a jamais une


assurance de succès... Mais pire: il y a toujours un risque
d'échec.
Dounia jette tout, Yohann cherche, Guy oublie

& Alors là, c’est la dernière fois de ma vie que j'organise


un fruc. La honte. Vous imaginez ce qu’on va raconter
Sur nous, on est fichus », déclare Dounia.

Dounia reste bloquée sur cet échec. Elle a trop peur d'affronter
un autre échec, plus question d'organiser de fêtes. Ce n’est pas très
grave... mais si la peur de l'échec envahit tout, si la peur s'étend
sur tous les projets de la vie, c’est très très embêtant : on est
paralysé, on n'ose plus rien, on s’enferme petit à petit dans
— _ des rêves, parce que là, au moins, on ne risque rien. Oser risquer
un échec, ne pas en avoir peur, c’est oser plonger dans la réalité, oser
transformer nos idées et nos rêves en histoires vraiment vraies.
ECHIE
L'ESSU
EMI
« On a donné les invitations beaucoup trop fard, ceux qui
avaient d’autres plans n’ont pas ev le femps de changer.
Et puis chacun autrait dù savoir à l'avance s’il devait
apporter à boire ov à manger. Et la prochaine fois,
on décorera la salle aussi ; [es murs immenses ef tout blancs,
ça casse l'ambiance, on se serait cru dans un hôpital, ef puis
on Ja coupera en deux avec des rideaux,
ça fera plus intime. »

Yohann cherche. Il essaie


de comprendre. Il est comme Ÿ
un mécanicien devant une (
voiture qui fait des bruits
très bizarres : il ne jette pas
la voiture à la poubelle,
il ne fonce pas non plus
jusqu’à ce qu’elle casse,
il essaie de la régler.
Il change des pièces, il fait des essais, jusqu’au bon réglage.
- _ Tous les échecs nous aident à chercher les bons réglages,
ils nous montrent ce qui ne marche pas et, finalement,
ils nous font découvrir ce qui marche.

& Pas grave. Laisse fomber. On n’a pas ev de chance,


c'est tout. Pas la peine d’en faire un drame ni
de se prendre la tête, on en refera une ef ça marehera. »

Guy ne veut pas repenser à ce qui s’est passé. On n’a pas toujours
envie de regarder les problèmes, on préfère parfois se mettre sous
la couette, et oublier. De temps en temps, ça fait du bien !
Mais si à chaque échec que l’on rencontre, on évite de se poser
des questions, si à chaque échec, on ne veut pas voir les problèmes,
on risque de ne pas trouver les bons réglages pour mettre
toutes les chances de son côté. Et on va passer son temps
à se cogner à des échecs.

©
7 La peur de l'échec, pire que l'échec !
26
a
un
œ
Lu
= Joachim vient de se faire jeter par Bérénice. Cela faisait
=
>)
© des semaines qu’il fournait en rond sans oser [ui dire
O
nm qu’il la trouve super ef qu’il aimerait l’inviter av cinéma.
Us
_ [| na encore |amais osé proposer à une fille de Ja voir
en dehors du collèpe. Et puis aujourd’hui, il a pris
son courage à deux mains, il a respiré à fond et,
à la récréation, il s’est approché de Bérénice pour [ui
proposer d'aller voir un film samedi prochain. Raté. Echec.
Echec total. Terminé, Bérénice. Plus la peine d'y penser.

Une fois le choc passé, Joachim n’en revient pas : il n’est pas mort,
le monde ne s’est pas écroulé !
& Quand je pense que je n'ai pas dormi pendant 3 semaines,
que j'avais mal av ventre le matin, que je répétais 100 fois
par jour la phrase que j'allais dire ! Quand je pense que
j'imaginais mourir en sortant le premier mot. »

Très souvent, avant de se lancer dans un projet, on imagine les pires


choses. Et très souvent, ce qui se passe en vrai est très différent
de ce qu’on a imaginé dans sa tête, avant. Et bien plus intéressant :
on apprend des choses sur soi, et même s’il y a des échecs, on se
U
rend compte qu’on peut rebondir, qu’on peut démarrer autrement (er
2e
VU
et autre chose. ‘Li
en
+

(er
® Trois mois plus fard, Joachim
#
um
‘Li
e est av cinéma avec Amanda. U
U
=)
an

ui
Pour pouvoir vivre des succès, il faut être —

capable de vivre des échecs, et se rendre


compte que l'échec n’est pas insurmontable.

Un ami qui nous veut du bien...

Théo hésite, il veut parler à Luc, son copain,


maisce qu’il veut lui dire n’est pas facile à dire. 1] a peur
que Luc le prenne mal. Tant pis, il faut le faire.
& Ecoute, Luc, en classe, cette année, je ne sais pas ce que
fu as, mais tu énerves tout le monde. Tu veux sans arréf répondre
aux questions, fv coupes la parole aux autres, fu ne supportes
pas d’avoir fort. À tous les cours, tu f’assieds pile devant
Je bureau du prof, tu la ramènes tout le temps ef, franchement,
fu es en train de passer pour le lèche-bottes du coflèpe.
Fais gaffe, j'entends les autres parler de toi à Ja récré,
fu vas finir par faire pitié et fe refrouver tout seul. »
Pas facile d’accepter des critiques. En écoutant
Théo, Luc peut tout rejeter en bloc, s’en aller
en pensant que Théo est un ennemi qui lui
veut du mal. Mais Théo est un super-ami,
Luc a confiance en lui. Il écoute, il ne se
rendait pas compte de tout ça, mais
maintenant que Théo lui en parle, il sent
qu’il y a du vrai là-dedans.

Un échec, c’est comme un vrai ami


qui ose nous parler. Même si ce qu’il doit
dire est franchement désagréable. Les échecs
que nous rencontrons nous donnent beaucoup
d'informations sur ce qui ne va pas, ce qui doit
changer, ce qu'il faut améliorer ou peut-être abandonner. Si on
n'essaie pas de comprendre ses échecs, si on fait tout pour
les oublier, on tournera en rond peut-être toute sa vie.

©
7
25
On va tous les écraser !
a
un
œ
lu
=
<=)
Clémence fait du karaté depuis 6 ans, et elle adore ça.
O
O
Elle aime apprendre des enchaînements nouveaux, elle est
un
lu
contente de gagner de la vitesse dans ses mouvements,
1
elle est de plus en plus précise, elle a de moins en moins
peur pendant les combats. Mais i] y a un problème : depuis
l'an, le professeur ne s'intéresse qu’à ceux qui gagnent
des compétitions. [| corrige ef encourage les meilleurs, ceux
qui onf des chances de rapporter des médailles et des coupes
av club. Les autres, il les laisse travailler dans leur coin.
Il n’a qu'une idée en téte : que son club devienne numéro 1.
Quel bonheur le jour où Aurélia a réussi à marcher tout
le long du fil, sans hésiter ! Elle sent qu’elle a de plus en plus
d'équilibre, que son corps s’assouplit et qu’elle gagne
en assurance. Mais i| faut qu'elle trouve un autre cirque
pour s’enfraîner. Elle déteste la mentalité des dirigeants,
i1S ne s'intéressent qu'aux super-doués, ceux qui brillent
pendant les spectacles de fin d'année. Comme si tous
les enfants devaient devenir des professionnels du cirque !
Thomas arrête le foot, et pourtant il adore ce sport
et les copains du club. Mais l'entraîneur cofle à tout
le monde vn stress incroyable avant les matchs et il pique
des crises de colère dans les vestiaires quand l’équipe
perd. Son seul projet, c’est que l’équipe soit première
de son groupe et gagne ensuite le championnat.

Souvent, on croit que le succès, c’est juste une victoire sur les autres.
À force d'entendre qu’il faut gagner, à force d'entendre qu'il faut
être le premier et avoir la meilleure note de la classe, et puis qu’on
doit gagner plus d’argent que son voisin, avoir la plus belle voiture UOCES
NES
GIE
ATANIA
du quartier... on finit par croire que la vie est une compétition.
Et que le seul succès qui vaut le coup, c’est dépasser les autres.
Que se passe-t-1l quand on n’a que la deuxième note, quand le voisin
a une promotion et gagne plus, quand une voiture
plus neuve que la nôtre débarque dans
le quartier ? Le succès est transformé d’un seul
coup en échec. Bizarre, non ? On voit bien
que ce,genre de succès est très fragile:
à tout moment, quelqu'un peut devenir
numéro 1 à notre place... et le succès s’est
envolé. Gagner, battre les autres, c’est vrai
que ça peut faire plaisir. Mais franchement,
si on réfléchit à ce genre de plaisir, on se
rend compte qu’il passe très vite. Les succès
sur les autres, uniquement sur les autres, ce
sont souvent des mini-succès, des succès
au rabais.
Moi contre moi
$

Les vrais sportifs veulent sentir qu'ils


progressent, ils ne parlent pas d’écraser
les autres. Quand ils gagnent, ils disent :
« On a mieux joué que d'habitude, on s'est
donnés àfond », « Je suis content.de mon jeu,
j'ai réussi des coups que je ratais souvent »,
« Pendant cette partie, j'ai vraiment dépassé
mes limites ».

Jérémy vient de poser la dernière pièce de son puzzle.


Il sent vne grande bouffée de bonheur, c’est la première fois
de sa vie qu’il réussit tout seul un puzzle de | 000 pièces.
Cela fait plus d’un mois qu’il l’a commencé |

Yamina passe en sixième, elle saute de joie, elle a eu


très peur parce qu’au troisième trimestre, son bulletin
de notes n’était pas bon.
©
el
35
a
un
Ces événements s'appellent aussi des succès, et pourtant, Jérémy
œ
Li et Yamina n'ont battu personne, ils n'étaient en compétition contre
hi
> personne. Ils ont simplement réussi quelque chose d’important pour
O
O
mn
eux, quelque chose de vraiment important, et vraiment pour eux.
Li

Échec ou succès ?

& Papa, reparde là-bas, voilà le dernier qui arrive.


Le pauvre ! Tu crois qu’il va pleurer en descendant
de son vélo ? » demande un petit garçon; inquiet ef triste
pour le coureur cycliste qui va bientôt franchir Ja ligne
d'arrivée, loin derrière tous les autres.
Non, il ne va pas pleurer. Il va hurler de joie ! Il va faire la fête toute
la nuit avec sa famille et ses amis ! Mais pour les spectateurs,
impossible de deviner que celui qui arrive dernier est en train
de réaliser le rêve de sa vie : participer au Tour de France cycliste
et réussir à tenir jusqu'au bout. Tout petit déjà, il regardait le Tour
de France, il attendait avec son père des heures au bord de la route
pour voir les cyclistes passer, en vrai. Et le voilà, aujourd’hui,
à Paris, sur les Champs-Élysées, à quelques secondes de la ligne
d'arrivée ! Il s’en fiche d’avoir été dépassé par tous les coureurs,
il s'en fiche d'arriver si longtemps après le
premier. Ce qui compte pour lui, c’est de ne
pas s'être écroulé de fatigue, surtout dans les
étapes de montagne, de ne pas avoir abandonné
et d’avoir puisé dans ses forces, jusqu’au bout.
Ce qui est un échec pour les autres n’est
pas forcément un échec pour soi. ETIPIEC
SUGCCES
ME

+
Un

Succès ou échec ?

& Bravo Justine, c'est formidable que tu sois encore élue


déléguée de classe. Deux années de suite ! Félicitations |
Ça prouve que fes amis onf été contents de foi ! »
La mère de Justine est heureuse pour sa fille.
Mais en voyant la tête d’enterrement que fait Justine,
elle ne comprend rien. Justine ne [ui répond pas et court
s’enfermer dans sa chambre. Elle a les yeux rouges,
on dirait qu'elle a pleuré.

Oui, Justine va très mal. Clara voulait aussi être déléguée.


Et comme Justine l'avait déjà été l’année dernière, elle avait dit
à Clara qu’elle lui laisserait la place. Mais au dernier moment,
Justine a changé d’avis et elle a décidé de se présenter. Après les
élections, Clara est partie sans lui dire un mot,
alors que tous les jours elles s’attendent pour
rentrer ensemble de l’école. Sur le chemin du retour,
Justine s’est sentie horriblement seule, elle a eu peur
que leur amitié, qui dure depuis la maternelle,
soit cassée par sa trahison.
Ce qui est un succès pour les autres n'est pas
forcément un succès pour sol.

Ça ne me fait rien!

La petite Susan est assise devant le miroir, une jeune fille


la démaquille, une autre [ui retire son gros chignon,
et dans la loge, fout Je monde s’agçite, les fleurs arrivent,
les journalistes essaient d'entrer, la mêre de Susan ne sait
plus où donner de la tête. Elle est folle de joie, sa fille
de 7 ans vient de gagner le concours de beauté,
©
elle est sélectionnée pour le grand concours national,
dans 3 semaines ! Son rêve se réalise enfin, Susan

Æ
a
va être une star, des producteurs d'Hollywood vont
un
œ
[ra la repérer, beaucoup de grandes acfrices onf débuté
ñ comme ça, ils déménaperont en Californie, et la belle vie
commencera enfin.
Dans le miroir, Susan repgarde fout [le monde ef ne dif rien.
G'O\UIT:
LES"
Elle est déçue, elle ne pourra pas partir en vacances
avec Marjorie, sa meilleure amie, qui l’a invitée à passer
2 semaines en camping-car dans Ja montagne, ça tombe
pile pendant le prochain concours.

Ce succès ne touche pas Susan. Elle se sent complètement étrangère


à ce qui se passe. Pour une raison simple : devenir reine de beauté
n'est pas son projet à elle, donc ce succès n’est pas son succès à elle.
y L \ \ \ A
C’est le projet de sa mère, donc le succès de sa mère. D'ailleurs,
c’est la mère de Susan qui est heureuse. Susan, elle, ne se réjouit
pas du tout : son projet à elle, partir avec Marjorie, vient de tomber
à l’eau.
Quand d’autres nous utilisent pour réaliser leurs projets, c’est
normal de ne rien ressentir quand le succès est là. Au moment
où le succès arrive, nos sentiments nous apprennent beaucoup
de choses : ils aident à savoir si on construit un projet important
pour soi, un projet qui tient vraiment à cœur. U
ui
Imaginons que Susan a raté le concours : 2e
QU
“Lu
À,
Dans Ja loge de Susan, on n’entend que les larmes Fr

us
de 5a mère. Adieu le cinéma, adieu Hollywood, la célébrité mn
Li
U
et Pargent, fous ses rêves sont en frain de s’écrouler. U
D
Susan ne dit rien. Elle n'ose pas dire qu’elle esf contente, un

ui
elle pense déjà à ses vacances avec Marjorie, —

ça va être génial de partir 2 semaines en camping-car


dans Ja monfapne.

Cet échec ne touche pas Susan. Et on comprend bien pourquoi :


devenir reine de beauté n’est pas son projet,
donc cet échec n’est pas son
échec. C’est l'échec de sa mère,
uniquement. Son projet à
elle, partir avec Marjorie, va
réussir : elle est contente !

Les succès et les échecs


font naître des sentiments
à l’intérieur de soi, des
sentiments qu'on ne peut
pas inventer, même pour
faire plaisir aux autres.
Tu te rends compte ?

« C'est fantastique, génial, tu fe rends compte,


fu as ton diplôme d'avocat, bravo, quel succés,
du premier coup ! » Tout le monde est fier
de Basile, il a réussi son examen, il est avocat.
Basile est soulagé, il a beaucoup
fravaillé, et en plus, ce n’était pas
facile, ses parents n'avaient pas assez
d'argent pour l'aider à payer
ses études. Heureusement qu’il a frouvé
ce travail dans vn centre de loisirs,
avec des enfants de CMI et de CM?2.
En recevant son diplôme, Basile se demande
pourquoi il n'est pas aussi heureux
que les gens autour de lui, il se sent
bizarre, ce succès ne [ui fait ni chavd
Bus ni froid. Rien à voir avec Ja semaine
dernière. À la fin de la pièce de théâtre
que les enfants ont jouée, i| sautait
de joie, il a cru qu’il allait exploser de bonheur. C’est [ui
qui a fait répéter les enfants pendant toute l’année,
il a construit les décors et cousu fous les costumes.
[| s’est donné à fond pour que le spectacle révssisse.
Et il se souvient aussi des classes vertes, des colonies
GOÛTERS
PHILO
LES du mois d'août, des jeux de piste qu’il a imaginés
et de son bonheur en voyant l'excitation des enfants
enntrain de trouver |efréser "Et de sa joie le jour ou
la directrice de l’école [ui a proposé de devenir responsable
du centre. Ce jour-là, i| s’en souvient comme si c'était hier.
& Basile, Basile, tv te rends compte, c’est un grand jour
aujourd’hui », [ui dif sa mère, le sortant brusquement
de ses pensées.
Basile ne s'attendait pas à tout ça : les réactions des enfants et
ses succès dans son travail d’animateur le touchent 1 000 fois
plus que son succès dans ses études d’avocat.
Pas facile de savoir ce qu’on aime, ce qu’on veut faire, de trouver
où on se sent bien... Les succès et les échecs, grâce aux vrais
sentiments qu’ils éveillent en nous, nous aident à voir plus clair,
à faire le tri entre ce qui est important pour nous et ce qui est moins
important. Les sentiments de Basile vont sûrement l'aider à se poser
des questions sur son futur métier.

Histoires de gourmandise...

La lecture préférée de Fiola, ce sont les livres de cuisine.


Incroyable ! Elle connaît des dizaines de recettes par cœvr,
fous les ingrédients, av gramme prés. Elle s’imagine LULENS
ECHEC
ETIL

avec un grand fablier blanc dans une belle cuisine en train


wa\wa)
de sortir du four des gâteaux moelleux au chocolat
bien fondant, de fouetter de la crème Chantilly, de décorer
des pyramides de choux croustillants…

Fiola n’a jamais fait la cuisine en vrai, elle ne fait qu’imaginer.


Elle n’a jamais raté un gâteau, elle n’en a jamais réussi non plus.
Elle ne connaît pas le goût du succès, n1 celui de l'échec... ni le goût
de ses gâteaux d’ailleurs ! En fait, elle manque de gourmandise.
Les succès et les échecs, on les rencontre quand on est gourmand
de projets, quand on croque dans la vie, quand on se lance, quand
on a envie de faire des expériences.

Tous les mercredis, Hector fait un nouveau


gâteau. Aujourd’hui, fondant au chocolat.
Pendant que le gâteau cuit, Hector en profite
pour aller voir s’il a des messages
sur son ordinateur. Super |
Julie est connectée.
[| discute avec elle...
et il ne voit pas le femps
passer. Av bout de | heure,
une dréle d’odevur fui
chatouille les narines.
Catastrophe : le fondant
s'est transformé en charbon.

Là, l'échec a un goût de brûlé.


Hector est furieux, mais quand
même, qu'est-ce que c’est bien de discuter avec Julie ! C’est décidé,
mercredi prochain, il posera un réveil près de son ordinateur et le
réglera pour qu’il sonne quand le temps de cuisson est terminé. Pas
question de rater Julie en restant collé devant le four, mais pas
question non plus de rater ses gâteaux. Le plaisir du succès, on le
comprend bien, pas la peine de passer des heures à l’expliquer. Mais
dans l'échec, on peut aussi trouver quelque chose d’agréable :
O

trouver des solutions, inventer, trouver ce qu’on veut, ce qu’on
3 aime, ce qu’on refuse de faire, de ne pas faire. Découvrir.
a
un
œ
Lu

n
>
O
O
Ta journée, sucrée ou salée ?
un
Li

Se couper les ongles, orpaniser une boum pour


son anniversaire, faire un gâteau av chocolat, acheter
un canapé, prévoir une sortie au cinéma avec des copains,
penser à comment on va s'habiller le jour de la rentrée,
ne rien faire une demi-heure par jour pour penser, devenir
pilote d'avion de chasse, redécorer sa chambre avec
de nouveaux posters, remonter ses notes en orthographe,
économiser de Parçent pour s'acheter un CD, prévoir
un après-midi à reparder la télévision, lever le doigt
quandÎle professeur demande qui veut faire un exposé
sur les dinosaures, partir en expédition au pôle Nord,
décider d'arrêter de fumer, ne rien faire pendant
? Semaines, chercher sur Internet les paroles des chansons
de son groupe préféré pour les apprendre par cœur,
écrire un poème pour la fête des Mères...
0vwbtbtecevëbee

Quel programme !-Que de plans, que d'idées, de rêves, d’envies,


U
de projets ! Nos matinées, nos journées, nos semaines, nos années, Lu
2

se construisent sans arrêt de projet en projet. Des projets tout U


‘Li
a
simples, très courts, d’autres plus compliqués ou plus longs. (=

Les succès et les échecs de tous ces projets donnent du goût à la vie, Lu
un

un goût sucré, salé, doux, piquant, sucré et salé à la fois, amer, agréable, ‘Li
QU
QU

horrible ou d’autres goûts quelquefois difficiles à faire passer. >


un

Mais pas de doute, plus on est gourmand, plus on découvre Li


—|

de goûts. Et plus on a de chances de découvrir les mille et un succès


qui donnent goût
à la vie.
Qu'est-ce qui peut apporter, à la fois,
la joie, la tristesse, le plaisir, la souffrance,
le bonheur, le malheur, l'espoir,
le désespoir, les craintes, les regrets,
les envies, la paix, la colère, le calme,
le stress, [a fierté, la honte... ?
L'amour. L'amitié.
1 9 Re.
| Ré. |

ET L’'AMITiÉ
Hnsbain d'émotions CN nee p. 61
Ünepetite deVIARtRe Rs aanennemnrneertiens p. 62
ENVIE een nee cape DiLO
ÉMIS de ONE menus p. 64
les Ailes de Lien Re
nn te rntrs p. 65
Est-ce que je suis normale 2.50. ue p. 65
Pour que l'histoire soitpbelles 0.2... p. 67
A COLO SRhan ni a en dite dede p. 68
THras leumor depasse Er eus p. 69
CAUSE TON OU rien Lo) (0)
PISRS ANTON ee PR D:72
Arréte FOMelNénna ll Rene
M ra une re B:73
Des:objets oùdes pelsonnes 2" 20... ‘D:73
Pas ONCE ER ardt certe p. 74
es MON QUI A AREA TR lee directe D 75
Des biberons d'MONR METRE der p. 76
Crises d'AMont NOM ST SR RS ne Ds27
MOI MOMDEAtIMIrO RENE
nl ananas p. 78
Drititittitting. Driitiiiiitiiiing. p. 79
SÉONEMÉCHanEs Een ART Re ni ne p. 80
ICE GTA RSR ANR RE RENRE PC p. 81
Étquanaje suis avecimol, je SUIS.QUuis? 1... p. 82
RADAR SRE RE TR PE SE p. 82
‘Lu

_
<
ui
L-

Un bain Lu
œ
Es
d'émotions ©
=
<
Si

Igor serre son


doudou dans ses
bras. /| adore Île
frotter contre sa joue,
c'est fout doux. Dans son
atelier de menuiserie, Mounia
construit des chaises, des étagères, des bureaux,
uniquement en bois. Elle aime toucher le bois, elle aime
l'odeur du bois, elle adore travailler cette matière.
Quand Justine se glisse dans son bain moussant
bien chaud, c’est Je bonheur !
008oebteceuvtlececeésece

Les émotions d’Igor, de Mounia et de Justine viennent du contact


qu'ils ont avec des choses : un doudou, du bois, de l’eau chaude,
de la mousse... On ressent tous ce genre de plaisir, pieds nus dans
l’herbe ou sur le sable, au contact d’un vêtement doux, en écoutant
jouer du piano... Tous ces objets nous donnent des émotions.
Les objets, eux, ne reçoivent pas d'émotions.
C'est entre les êtres humains que les émotions circulent : Max me fait
rire, il voit ma joie, ma joie lui fait plaisir, le plaisir de Max me rend
heureuse, mon bonheur le rend content. |
Bébé, l'être humain a commencé son développement dans ce bain
d'émotions, et c’est dans ces échanges d'émotions que nous vivons tous.

Une petite devinette

nous plonçe Cage I


Qu'e ase qui
U st-c U U

dans le grand bain des émotions, Cu |


de la naissance à Ja mort, du matin
av soit, du soir au matin ? (gree
D,

Qu'est-ce qui peut apporter,


à Ja fois, la joie, la tristesse,
le plaisir, la souffrance,
le bonheur, le malheur, l'espoir,
©
le désespoir, les craintes,
1
les regrets, les envies, la paix, la colère,
ar
a
le calme, le stress, la fierté, la honte... ?
un
œ
[ra
=
=) L'amour. L'amitié.
[e)
O
un
Li
1

Envie de rien

Camille va déménager. Son père a trouvé un nouveau travail


ef Sa mère est d'accord pour en chercher vn
là où ils vont s'installer. Depuis qu'ils [vi ont annoncé
cette nouvelle, Camille est désespérée. Elle n’arrive plus
à s'endormir, elle n’a pas envie de se lever le matin,
elle pleure tout le temps.
vbbecescébece
& Mais fu vas avoir une grande chambre pour toi toute
seule, fon frère ne f'embétera plus. On aura vn jardin.
Un jardin à nous ! [| y a même un cerisier ! Et [à-bas,
il fait plus chaud qu'ici, on pourra déjeuner dehors
dès le printemps, faire des barbecues, et peut-être
que d’ici 2 à 3 ans, on aura assez économisé
pour construire une piscine. »

Camille rêve depuis longtemps d’éjecter son petit frère de sa chambre,


il fouille dans ses affaires et il met un bazar pas possible. Mais tout ‘Lu
=
d’un coup, elle s’en fiche. Elle est même prête à lui laisser la chambre =
et à dormir sur le canapé du salon. Et elle se fiche du jardin, et du <
ai
cerisier, et du barbecue. Et même de la piscine. =
Eu
œ
>
©
« À quoi ça serf d’avoir fout ça si Marpaux et Delphine =
ne sont pas là ? » se demande Camille en repardant <E
D
les photos de la nouvelle maison.
« À rien », se dit Camille.

Camille n’a jamais été séparée de Margaux et de Delphine depuis


la maternelle, alors comment imaginer la prochaine rentrée de 5
sans ses deux meilleures amies ? L'idée de vivre sans cette amitié
vide Camille de toute son énergie, elle n’a plus envie de rien.
Envie de tout

& Demain, on part faire une grande balade en forêt


et ensuite on visitera les châteaux de Ja Loire. Debout
à 6 heures, départ à 7 heures. »
Lever tôt. Deux heures de voiture. Marche. Visites.
Tout ce que Kévin déteste. Inutile de protester,
il sait que ses parents ne changeront pas leurs plans
et qu’ils refuseront de le laisser à Ja maison.
& Kévin, comme fa grande sœur reste à la maison
pour réviser ses examens, il y a une place pour un ami
à foi dans Ja voiture. »
Mévin se Jette surle téléphone: Oui! Partekepeursvenir!
En s’endormant, Kévin rêve de sa journée du lendemain,
ça va être génial.

En une demi-seconde, tout a changé. Une journée qui s’'annonçait


grise s’est transformée en une journée de fête. L'amitié, c’est magique !
Elle nous remplit d'énergie et d'envie.
©

LE
a

un
œ
Li
=
u
=)
©
O
®)
Li
1
D or 9
y v BV W Ÿ

Les ailes de Julien

&Tv'as remarqué comme Julien


est en forme. [| paraît qu’il a décidé
de se remettre au sport trois fois par ‘Li
=
semaine. Je me demande ce qui se passe,
Æ
il se frafnait depuis des semaines et tout <
El)
d’un coup, i| n'arrête plus. Imapine-toi que je lai surpris L-

en frain de repasser ses chemises. J’ai failli m'évanouir ! » Li

Et encore, la mère de Julien ne sait pas tout : Julien =)


©
a aussi envie de se remettre à Ja guitare et il cherche z
<
des baby-sittings, il veut gagner de Parçent. eu

& Tu sais, je crois que l'explication est simple, répond


le père de Julien : il est amoureux ! »

Le père de Julien a raison : Julien est amoureux ! Et quand on a écouté


ce que sa mère disait, on a tous eu cette idée : Julien est amoureux !
Il se sent pousser des ailes, toute son énergie est revenue, il a envie
de tout.
Pas de doute : l’amour est un moteur très puissant, une immense
source d'énergie, qui donne envie de réaliser mille et un projets !

Est-ce que je suis normale ?

& À 2 mois, premier sourire. À 8 mois, première dent.


À 14 mois, premiers pas... »
Marie lit Le Guide de vofre enfan/, et elle panique :
sa fille a ev 15 mois hier ef elle ne marche pas, elle file
Fi à toute allure, mais à quatre pattes. Marie prend
immédiatement rendez-vous avec le docteur,
sa fille n’est pas normale.

Marie s'inquiète pour rien, le docteur la ras-


sure : sa fille va très bien ! Marie pense que
tous les enfants grandissent à la même vitesse,
4 aQñy 7 elle croit qu'il y a des règles fixes que les enfants
ô doivent suivre. Évidemment, si sa fille ne
marche pas à 2 ans, elle devra s'inquiéter.
Mais paniquer parce que sa fille ne marche pas à 15 mois, au jour
près, c’est exagéré.
Est-ce qu’on n’est pas tous un peu comme Marie ?

, & Tu te rends compte, Juliette n’a jamais embrassé


æ vn garçon, elle n’a jamais ev de petit ami! »
Marine et Pauline se disent que Juliette n’est pas normale.

Marine et Pauline croient qu’il y a des règles, et elles pensent


O
æ
que ceux qui ne les suivent pas ont un problème.
2E
a
2) Quelquefois, Juliette se demande si elle est normale.
œ
[eu
[= Elle voit ses copines fenir des garçons par la main
3)
© et les embrasser à la sortie du collège, et elle, non.
O
un & Peut-être que je devrais dire oui à Charles », se demande
Juliette, elle sait que Charles rêve d’être son amoureux.
[ru
=

Mais qui décide qu’il faut avoir un amoureux à 11 ans, qu’il faut faire
un baiser sur la bouche avant 14 ans, avoir des relations sexuelles
à 18 ans, se marier avant 25 ans, avoir des enfants avant 30 ans... ?
La loi dit qu’on a le droit de conduire un scooter à 14 ans, une voiture
à 18 ans, qu'on peut voter à 18 ans, qu'on a le droit d’avoir
un compte en banque à 12 ans... Mais y a-t-il une loi qui dit à quel
âge on doit avoir un amoureux ou une amoureuse, quand il faut
se tenir par la main, s’embrasser sur la bouche. ? Non. Mais on se
rassure en inventant des règles, parce qu’on a peur de ne pas être
normal, d’être attardé. Alors quelquefois, on se dit :« J/ faut que
Je lefasse », uniquement parce qu’on croit que les autres, eux, l'ont
déjà fait.

Pour que l'histoire soit belle...


Ë
=
& Mais enfin Camille, calme-toi ! Tu pleures comme si =
on venait de f’annoncer la mort de tes amies ! Margaux <
.
et Delphine sont toujours là, vous allez vous écrire, +

LU

vous parler, vous pourrez vous voir pendant (e


ss)
les vacances... », explique le père de Camille. O
=
<
ë,
Camille sait que Delphine et Margaux ne disparaîtront pas. Mais elle
est inquiète. Elle se demande si leur amitié résistera aux 500 kilo-
mètres qui vont maintenant les séparer.
Elle à raison de s'inquiéter, on la comprend : l'amitié, comme
l'amour, ce ne sont pas uniquement des sentiments que l’on ressent.
C’est surtout une histoire. D'ailleurs, on parle d’une « histoire »
d’amour, d’une « histoire » d’amitié. Et pour que l’histoire soit bien
écrite, pour que l’histoire soit belle, 1l faut l'écrire ensemble, à deux,
à trois, à quatre, à plusieurs, mais ensemble.
Dimitri adore reparder le fev.
Les braises très rouges, les flammes
orange qui caressent les büches,
les craquements du bois.
[| pourrait rester des heures
devant la cheminée. Mais il est
tellement pris par le spectacle qu’il
oublie de remettre du bois, et [e feu meurt
trop vite. Dommage.

Vincent regarde Yasmine av fond des yeux.


lINPaime; 1#Paimenc'es Fev mMbeuirestemdes heures
assis sur ce banc, à Ja reparder. Des heures, des jours,
des années.

Vincent, avec ses sentiments, est comme Dimitri, avec le feu : 1l regarde
ses sentiments, mais rien ne se passe. Dimitri a raté son feu...
Vincent risque de rater son histoire d'amour !
©
1)

ae
a L'amour et l'amitié, ce ne sont pas seulement des sentiments que l’on
ressent au fond de son cœur.
un
(LE
Li
=
=)
©O
O Lydia est rentrée de son séjour
un
Lu en classe verte, elle a plein
=)
de choses à raconter.
& Le mieux, c'était avec Théo
et Alice. On a construit
une cabane dans un arbre,
on a organisé des pgoûters
dansla cabane,on y a installé
des coussins et des couvertures,
ef les professeurs ont même
accepté qu’on y reste un soir
000e8e8evceuvbtbececeéb&ee
jusqu'à minuit, avec des bougies. Et puis on est partis
en randonnée, on a mangé vne raclette dans un refuge,
Alice avait oublié son sac de couchage, on a partagé
le mien, moi javais plein d’ampoules mais heureusement,
Théo avait des pansements. »

Lydia, Théo et Alice étaient déjà amis avant de partir mais là, après
tout ce qui s'est passé, après tout ce qu’ils ont fait ensemble, leur
amitié est encore plus forte.
Les sentiments sont importants, très importants même : c'est grâce “Li
=

à eux qu'on peut imaginer des projets ensemble, c’est grâce à eux =
<
que l’on rêve à tout ce qui va se passer avec les autres. Mais >

il faut faire exister le rêve, il faut qu’il se passe quelque chose.


=
Li

Quand il se passe quelque chose, le sentiment devient plus fort, et œ


D
©
quand le sentiment devient plus fort, 1l se passe encore quelque =
<
chose... Tous ces allers-retours entre les sentiments et les projets a

que l’on réalise ensemble tricotent une belle histoire d’amour,


ou une belle histoire d’amitié.

Tu as Le mot de passe ?

Lydia, Théo et Alice ont décidé qu’il fallait


un mot de passe pour entrer dans Jeur cabane.
ls se sont chuchoté des mots à l'oreille,
et ils ont fini par en trouver un. Mais
personne, à part eux, n’a le droit de le connaître.
& Maintenant, il faut faire le serment d'amitié »,
déclare Théo. Les trois amis posent leurs mains les unes
sur les autres et se jurent amitié, à Ja vie, à Ja mort.

Souvent, le premier projet, c’est un échange de mots, un échange


de paroles, une lettre, un petit mot envoyé à l'autre bout de la classe...
Un serment qui lance une histoire d’amitié, une déclaration d'amour
qui commence une histoire d'amour.
Les mots ont des pouvoirs magiques, ils der le top du départ
à une histoire, on se sent soulagé quand on les à prononcés.
Comme si on ouvrait une cage,
comme si on laissait les sen-
timents s'envoler et circuler
vers les autres, pour les lais-
ser vivre et, qui sait, grandir.
Ça marche ou ça ne marche pas,
l’histoire dure 1 seconde, 1 mois,
1 an ou toute la vie, mais au
moins, elle a commencé, les
sentiments ne tournent plus
en rond, ligotés à l’intérieur de soi.

Cause toujours !
©
—l


Q-
& Pierre me dif que je suis son meilleur ami,
un
œ
mais n'empêche qu’il ne vient jamais chez moi.
Li
de C’est toujours moi qui vais chez Jui, c’est foujours moi
A
=
© qui [ui apporte ses devoirs quand il est malade,
O
n c'est foujours moi qui le cherche dans Ja cour, c’est toujours
Li

moi qui l’aftends à Ja sortie de l’école, c'est foujours moi
qui [ui propose
0vwvBbeccescébkee un bout de mon gouter. »

Alexis en à marre que Pierre ne lui montre aucun signe d'amitié.


«Mais si, mais si, tu es mon ami, mon meilleur ami. », des mots,
rien que des mots.
Quand quelqu'un dit «Je t'aime», comment savoir s’il pense
vraiment ce qu'il dit ? Personne n’a un détecteur de mensonges
qui mesure la vérité des mots, un appareil qui mesure la sincérité
d’une déclaration ! Mais il y a une
chose qui se mesure très bien:
la sincérité des actes. Quatre
heures de train exprès pour
venir Voir un ami, passer tous
les jours chez quelqu'un parce
qu'il est malade, prêter sa plus
belle robe à son amie pour
aller à une boum... voilà des
actes qui sont vrais et sincères.
‘LU
(ee

=
SE
Dimanche : & Bon, mon en
amour, j'ai fout réservé, je pars 2 semaines cet été
=
Li

avec Noé et Justin. Escalade, rafting, VTT, (a 4


=)

on va en baver ! [| me restera 3 jours de vacances, ©


=
ce Sera super de les passer avec toi, rien que <
ar
fous les deux. Tu les oïpganises ? » Manve| embrasse
fendrement Léna.
Mardi : & Ah, au fait, je ne peux pas aller te chercher
vendredi à Ja gare, il y a un match. Enfin, ça dépend.
Dis-moi l’hevre exacte de ton train, s’il n’y a pas de
prolonçations, je pourrai peut-être venir, j'aimerais bien.»
Manvel chuchote des mots d'amour dans l'oreille de Léna.
Jeudi: & Dis-moi franchement, ça ne t'embéte pas
si je ne viens pas avec toi ce week-end chez Caroline.
Je n'aime pas tellement ses amis. » Léna est déçue.
& Si fu savais commeje f’aime ! », dit Manvel
en Ja repardant avec des yeux pleins d'amour.
cocobobtoeseuvbtlocorésee
oébeoboov

Si ça continue, Léna va se poser des questions. Manuel la berce


de petits mots d'amour, c’est agréable... mais où sont les actes ?
Les sentiments, lorsqu'ils sont vrais, sincères, vivent et grandissent
dans des actions, dans le temps que l’on partage avec l’autre, dans
des projets que l’on construit ensemble, pas que dans des mots.
Piège à Tom

& Oh ovi, moi aussi, s’exclame Lisa, j'adore le hard


rock. D'ailleurs, j'aimerais bien avoir des places
pour le concert des Offsprine, fu sais
quiilstpassenta Paris?»
Marion n’en croit pas ses oreilles.
Quelles salades ! Marion sait
que Lisa déteste le hard rock,
elle a refusé la place que Max
Jui a proposée pour le même concert|
Marion entend que Tom invite
Lisa av cinéma.
& Aller voir Scream 2
dimanche ? Bonne idée !
J'ai adoré Je 1, je lai vu frois
fois ! » Alors là, Marion s’éfrangle. Elle a vu Scream 1
avec Lisa, ef Lisa est sortie en plein milieu du film!
Elle a juré de ne plus revoir un seul film d'horreur de sa vie.
©

Quand Tom s’en va, Marion explose :
== & D'accord, fu es dingue de ui, mais de |à à Jui raconter
a

un n'importe quoi l»>


[a
[Eu
+
>
© Pour plaire à Tom, Lisa triche. Elle raconte des petits mensonges,
©
un
Li
elle n'ose pas dire qu’elle déteste la musique qu’il aime, elle cache

sa peur des films d'horreur... Elle fabrique une fausse Lisa;
en espérant que cette fausse Lisa attire Tom plus que la vraie.
On a tous peur de ne pas plaire, on a tous peur de ne pas savoir
attirer les autres et de se retrouver seul, sans ami. Alors quelquefois,
on n'ose pas se montrer comme on est, on pense qu’il vaut mieux
se déguiser et se fabriquer un personnage. C’est tellement impor-
tant de réussir à attirer les autres qu’on a souvent envie d’utiliser
quelques trucs.
Arrête ton cinéma !

Le problème, c’est d’avoir toujours besoin d’in-


venter, quand on ne sait pas s’arrêter et qu’on
oublie de laisser tomber le déguisement.
Si on ne se montre jamais en. vrai, on
devient un personnage fabriqué, un person-
nage inventé, on mést pas une vraie per-
sonne. Donc, impossible de commencer
une vraie histoire d'amitié ou d’amour.
Si Lisa continue trop longtemps à inventer
un personnage, elle vivra une fausse histoire d’amitié
ou une fausse histoire d'amour : elle jouera
seulement un rôle.
L’AMITI
L'AMOU
ET
E

Des objets ou des personnes ?

Le pêre de Lucas est entraîneur d’une grande équipe


de football. Quelquefois, Lucas se demande si les garçons
de sa classe veulent être amis avec [vi parce que son pêre
leur donne des places pour les matchs.

La mère de Jeanne présente le journal télévisé. Jeanne


se demande si ses copines viennent chez elle seulement
pour voir sa mêre, en vrai.
c00vwvbtbececerétkee

Lucas et Jeanne ont peur d’avoir des faux amis, c’est-à-dire des gens
qui les aiment pour de fausses raisons.

Benjamin vient à l’école avec des paquets de bonbons.


Comme ça, tout le monde s'intéresse à lui et vient le voir.
Les bonbons vont peut-être aider Benjamin
à surmonter sa timidité et à rencontrer
les autres. Mais si plus personne ne lui parle
. quand il arrête d’en apporter, alors Benjamin
se sera fait traiter comme un distributeur
de bonbons, comme un objet.
L'amitié et l'amour, ce sont des rencontres et
des histoires qui se passent entrè des per-
sonnes, pas avec des personnages inventés,
pas pour de fausses raisons, pas avec des objets.

Pas touche!

& P[us jamais, fu entends, je ne veux plus jamais Ja voir.


Elle m'a trahie. Entre nous, c’est fini, pour toujours. »
bee

Mais pourquoi Lana rejette-t-elle Héloïse, sa meilleure amie ?


©

Lana est ferriblement jalouse : Héloïse


À È Parce que

o ps a dormi chez Marine, ça fait deux fois en | mois,


e e ef Lana ne Je supporte pas. Et
à QE Me =
O
La crise de Lana n’a rien à voir avec l'amitié. Lana veut que sa Sfune If
#
meilleure amie soit à elle, à elle toute seule, elle veut qu'Héloïse
lui appartienne. Comme une chose, un objet.

9 «Dès que sa femme parle à un autre homme,


æ Hector fait une crise de jalousie. »

Les crises d’Hector n’ont rien à voir avec l'amour.


Etre jaloux ne veut pas dire aimer. Hector veut
être le propriétaire de sa femme.
Bien sûr, on peut avoir un pincement au cœur quand un de nos
amis rencontre un nouvel ami ; on se demande parfois si nos amis
nous aiment moins que leurs autres amis ; on se demande si son
amoureux ne va pas tomber amoureux de quelqu'un d’autre. On a
besoin d’être rassuré.
Mais les gens très jaloux, qu'est-ce qu'ils aiment ? Ils nous aiment
nous ? Ou ils aiment nous posséder ?

C'est moi qui ai fait ça ?

Le samedi de Guillaume s'annonce bien :


à 11 heures, entraînement de football. Pour rien
av monde il ne raterait un entraînement. Ensuite
toute l’équipe déjeune av self-service du stade,
L’AMITI
L'AMOUR
ET
E
et à 16 hevres il rejoint Éric et Viviana, leurs parents
les emmênent tous les trois av cinéma. Pas mal !
Au moment où Guillaume ferme son sac de sport,
le téléphone sonne. C’est Jérôme, en larmes. Au milieu
des sançlots, Guillaume comprend qu’en se réveillant
ce matin, Jérôme a trouvé son chat sous son lit, mort.
& T'es sûr, il ne dort pas ? Tu l’as bien secoué ? »
demande Guillaume en repardant Sasmonilte. ZUl, ZUI, elezU,
il va,être en retard.
& Oui, il est mort, complètement mort, qu'est-ce que je vais
faire

Guillaume, fui, a un chien, et il n’a jamais compris comment
on pouvait à ce point aimer un cha.
« Tes parents ne sont pas là ? 115 sont av marché ?
Mais c’est pas loin, appelle-les sur leur portable, ils vont
revenir tout de suite. Allez, ça va aller. Bon, je suis
à Ja bourre, si j'arrive en retard, je vais le payer,
l'entraîneur ne me fera pas jouer le match de dimanche. »
Guillaume claque Ja porte de Ja maison et court vers le stade.
Seseuwvbbecevébteetese
c000betescevtbtoeceveékee…e
À l'entrée du stade, il s'arrête net. Et
il fonce chez Jérôme. Pas question
de le laisser sevl en ce moment.

Pour rien au monde Guillaume ne


raterait un entraînement de football.
Mais pour un ami, si.
Guillaume ne savait pas qu'il serait ca-
pable de tout laisser tomber pour un ami. En plus,
il entend toujours dire qu’il est plutôt égoïste, qu’il ne pense qu'à lui,
qu’à son plaisir, alors à force, il a fini par croire qu’il était comme ça.
Son amitié pour Jérôme lui fait découvrir qu’il y a d’autres choses
en lui. Son amitié pour Jérôme vient de lui montrer de quoi il est
capable. Il découvre qu’il est quelqu'un sur qui on peut compter.
L'amitié est une entrée dans le monde des autres : Guillaume est entré dans
le monde de Jérôme, il a compris sa tristesse, il a compris sa solitude.

Des biberons d'amour


©

Æ
[=

un
œ
& Reparde le mapnifique bébé que tu étais ! Là, tu as juste
Li
(= quelques heures ! » Antoine tourne les pages de lalbum
A
es
© photo. Sa mêre est émvue : « Et repgarde tes grands yeux
O
un
noirs, comme ils nous fixaient ! Et ton petit nez retroussé,
LU
| et cette bouche en cœur... Quel amour de bébé ! »
Antoine rigole. & Ah bon ? C’éfait moi ça ? Une tête chauve
ef énorme, un nez complètement aplati, des gros yeux
globuleux ! Mais comment vous
avez pu me frouver beau ?
Moi, je serais parti en courant en me voyant arriver ! »

Les parents d'Antoine ne sont pas partis en courant ! Ils ont regardé ce
bébé avec des yeux pleins d'amour, et ce bébé qu’Antoine trouve moche,
eux, 1ls lont trouvé beau, très beau. Et le bébé a senti cet amour, le bébé
a existé dans le regard de ses parents, il s’est autant nourri d'amour que
de lait. Sans un accueil d'amour, des parents ou d’autres
adultes, un bébé se laisse mourir, ou il s’enferme dans
des maladies, quelquefois graves.
Les êtres humains, tous les êtres humains ont
besoin d'amour pour vivre. Tous les êtres
humains ont besoin d'amour et d’amitié
pour se sentir exister.

Crises d'amour ? Non!

Les phofographes se précipitent dans le hall du [uxveux


hôtel d'Hollywood. Jimmy ef Paméla se sont encore battus !
[Is ont fout cassé dans leur chambre, Paméla a un œil
av beurre noir ef des bleus sur tout le corps. Jimmy est au L’AMITI
L'AMOU
ET
E
poste de police. Mais i| va bientôt sortir, Paméla ne veut
pas porter plainte. Cachée derrière d'énormes [unettes
de soleil, elle a déclaré, devant les journalistes : & J'aime
Jimmy, c’est l’homme de ma vie. » Demain, à Ja une
des journaux, on verra en gros titre : & Jimmy et Paméla,
encore vne crise d'amour | »

Et ce titre est un mensonge : cette crise de violence n'a rien à voir avec
l'amour. Jimmy et Paméla sont comme les tout petits enfants qui se roulent
par terre en plein milieu de la rue, hurlent, tapent des pieds, et ne peuvent
plus s'arrêter. Pour un petit enfant, c'est normal : 1l ne sait pas encore quoi
faire de cette colère qui monte en lui, 1l laisse tout sortir. Chez Jimmy
et Paméla, c'est grave : ils sont incapables de commander leurs émotions,
ils se laissent envahir par leurs émotions, et ils cassent tout, et ils cassent
l'autre. Ils croient que la grandeur du drame veut dire que leur amour
est grand. Tout cela n'a rien à voir avec l'amour : on ne peut pas frapper
quelqu'un qu'on aime, on ne peut pas aimer quelqu'un qui frappe.
Les vraies amitiés, les vraies amours, nous
font du bien, pas du mal.

.6 Mon S
pêre me frappe, mais2 c’est: parce
æ qu’il m'aime.

Non. Son père frappe parce que


quelque chose de plus fort que lui a pris
les commandes : sa colère, ou sa déception;
ou sa jalousie, ou sa peur, ou un peu ”
tout mélangé... Chez tout |
le monde, il y a beaucoup : |
de sentiments qui se mélangent avec l'amour : la peur, la déception,
les regrets. Son père, lui, se laisse emporter par toutes ces émotions,
comme on se laisse emporter, aspirer, et ballotter dans tous les sens
par une énorme vague, sans rien pouvoir contrôler.
L'amour ne commande pas de frapper, l’amour ne rend pas violent.
L'amour, le vrai amour, ne fait pas de mal.

O

LT
[at
Miroir, mon beau
‘)
(e<
Li miroir...
re
n
n
(e)
O
a Julien se reparde dans
ui

le miroir. C’est lui, ce garçon
frop maigre ef pas assez
musclé ? C’est Jui,
ce g'ingalet un peu
boutfonneux avec un air trop
sérieux ? Bizarre. Quand il] se
promêne main dans Ja main
avec Anna, il se sent fort,
grand, intelligent, dréle !
Dans les yeux d'Anna, Julien ne voit pas la même chose que dans
le miroir de sa salle de bains. Dans les yeux d’Anna, Julien voit le
Julien qu'Anna aime. Et ce Julien, il existe, vraiment, et Anna le lui
fait découvrir.
Les yeux de nos amis, les yeux de nos amoureux sont les meilleurs 4
miroirs du monde : on y découvre quelqu'un que les autres ont 5
envie d'aimer, on y voit quelqu'un que les autres aiment. a
a À
Driiiiiiting. Dridiiiiiititiiitiiiiiing. Ÿ ÿ U Ÿ
YY ‘Lui

e
+
e Le cheval traverse la rivière et galope vers moi. à
: Le cavalier pose pied à terre. C’est lui, c’est lui, ui
® mon amour, mon prince. Qu'il est beau, comme ses yeux 5
: brillent d'amour ! [| me serre dans ses bras, je me sens .
= forte, on ira ensemble au bout du monde. [| m'embrasse, :
% il me dit que je suis belle, il a galopé toute la nvif pour
sure rejoindre, il a laissé son palais, ses serviteurs,
e ses richesses, il a tout laissé, pour moi, rien que pour moi.

2 Driiiiiiiiiiiing. Driiiiiiitititiitiine. Driiitiiiiiitiiiiiiiiitiiing.

a Solène sursaute et donne une grande claque à son réveil.


ps Oh non ! Elle plonge la téfe dans son oreiller. Se rendormir,
e repartir près de la rivière, vite|

Solène veut rester dans son rêve, on la comprend !

Le réveil se remet à sonner. Solène ouvre un œil et regarde


l'heure. 7 h 10. Elle bondit.
Sous la douche, Solène pense à Laurent. Ce Soir ais ont
rendez-vous sur un bateauv-mouche, pour son dîner
d'anniversaire. Solène sourit. Laurent ne fraversera pas
la rivière sur son cheval, il n'aura pas galopé toute la nuit
pour elle, il viendra en autobus, il aura travaillé toute
la journée, il quittera simplement son bureau,
(2 pas son palais... Mais le cœur de Solène
2 (4 b battra aussi fort que dans le rêve...

DA ] (4
+ Son cœur battra plus fort, son cœur
He — -battra en vrai!
On rêve tous de rencontrer un autre, parfait,
unique, un autre qui serait parfait avec soi,
un autre qui serait unique pour soi. On l’ima-
gine, on le rêve, on le désire très fort. Et un jour,
ce sont ces désirs-là que l’on met dans une histoire
vraie, avec une personne vraie. On ose sortir
des rêves. Laurent et Solène ont réussi à faire exister leurs
désirs, leurs rêves, à l’intérieur d’une histoire vraie. Ils s’aiment.

©
— ILs sont méchants !
TZ
Lats

me)
œ
Li
=
& Laurent, Laurent, attends-moi ! Je veux venir
ñ
>
[e]
me promener avec toi et Solène. »
O
un
Laurent est embêté. [| ne veut pas faire de peine à Manon,
(eu
—+ sa petite sœur de 6 ans. Mais en même temps, il a envie
d’être seul avec Solène. [|s ne se sont pas vus depuis
8 jours, Solène était partie pour son travail.
& Laisse Laurent et Solène tranquilles, ils ont envie
d’être tous [es deux.
— Mais pourquoi, Maman ? Je ne les embéterai pas...
IIS sont méchants !
— Viens, on va aller Jouer un DVD de Walt Disney »,
dif la mère de Laurent en prenant
c0e0e08etesceuvtitoecceébee…e sa fille par [a main.
C’est difficile pour Manon de comprendre que son grand frère
ne la rejette pas, mais que Solène et lui ont simplement besoin
et envie d’être tous les deux, en tête à tête.
Dans un journal intime, on écrit des choses que personne n’a
le droit de lire, même les meilleurs amis, même les parents.
Dans une histoire d’amour, on écrit
des choses intimes, à deux, et elles ne
regardent personne. L'amour a besoin
d’une intimité à deux. C’est dans cette
intimité que peut se faire l'amour, c’est
dans cette intimité que s’échangent des
baisers, des caresses, des câlins, que les
corps se découvrent et se parlent. Et ça,
ce ne sont pas les affaires de Manon,
ni des parents. ni les nôtres.

Je suis qui ?

Chaque jour, on tisse des liens avec les autres, on mêle sa vie à celle
des amis, on tisse des petits bouts de vie, quelquefois de très grands
bouts de vie.

Avec Clémence, je danse...


Avec Claire, je suis en colère...
Avec Marion, je fourne en Féndi
Avec Aurélia, je suis Sa80.….
Avec Antonin, je suis zinzin.….
Avec Caroline, je fais ma maligne...
Avec Audrey, je suis en paix...
Avec René, je suis scofchée.….
Avec Oscar, je suis une star...
Avec Alice, je suis pleine de malice...
Avec Camille, je roupille.….
Avec Baptiste, je suis triste...
Avec Grégoire, c'esf-la gloire...
Avec Pauline, je déprime...
Avec Paméla, que du blabla...
Avec Margaux, tout est beau.
Avec Violaine, jai Ja haine...
Avec Lucie, je SOUFIS...

Et quand je suis avec moi,


je suis qui ?

‘Quelquefois, on est comme un caméléon, ce petit animal


qui devient vert sur une feuille verte, rouge sur une brique rouge,
marron sur du bois marron, jaune sur une fleur jaune... Quelquefois,
on prend la couleur des amis, on prend la couleur de ceux qu'on
aime, on n'a pas de vraie couleur à soi. On se perd, dans Claire,
© dans Marion, dans Clémence, dans René, dans Oscar... et dans
—]

= tous les autres. Notre personnalité risque de fondre dans celles


[=

un des autres, au lieu de se construire, petit à petit, avec les autres.


œ
Lu
=
A
=)
©

S'aimer
O
an
Li
=!)

# “Moi, je connais quelqu'un avec qui jai plein de projets,


je quelqu'un à qui |e fais confiance, que je trouve
» intéressant, assez séduisant aussi, quelquefois casse-
« pieds, pas toujours facile à supporter, mais il pourra
& foujours compter sur moi.
2 — Pis donc, c’est qui cette personne ?
e Tu me Ja présentes ? »
Evidemment, tout le monde a envie de connaître cette personne,
tout le monde a envie d’être son ami, elle fait vraiment envie !

2“ Oui, je fe la présente tout de suite, fu las devant toi:


© c'est moi |! »

Pas mal de se voir soi-même en ami de soi-même ! Si on s’imagine


en ami, on se rêve en quelqu'un de bien, on se fait confiance,
on fait ce qu’il faut pour être content de soi. On commence une
“Li
histoire d’amitié pas comme les autres, qu’on peut appeler l'amour +

de soi. Et comme cette histoire est belle, les autres ont envie Æ
<
de venir l'écrire, en vrai, avec nous, ils ont envie que ce soit un peu =
+

leur histoire aussi, ils veulent tisser leur vie avec la nôtre. Li
œ
Pas toujours facile d’avoir de l'amour pour soi, ça demande S
©
un effort, mais ça vaut le coup : quand Dr =
<
on réussit, alors, on est prêt à être Vas L
aimé, on attire l’amitié et l’amour.
On s’imagine qu’en se faisant obéir,
on se fait respecter. On s’imagine qu’en
se faisant craindre, on se fait respecter.
Confondre le respect avec la politesse, le soin,
lobéissance, la peur ou d’autres choses,
c'est embêtant : à force de ne pas respecter
le mot « respect », le respect, le vrai,
on ne saura plus ce que c’est.
Æ Ÿ
hE \ (T
Pé tard ete Sage nent ennemies, p. 87
RAP CAM seen p. 88
Les pelouses, les baleines, la Loi... p. 88
Respecter He éSDecE te creme tenennesse p. 89
Diréct'chez le directetR ee rttanne p. 89
Respecter: DICO Rs rsttursenussees p. 90
Zut, voilà une femme enceinte ! p. 91
NUTNÉTO FANS NOUS rai mienane ire p. 91
ÉRIC A LIT ES DR ein ennns. p. 92
ÉNerCheZ IEEE de p. 93
AO DESnr eercipisivscv esse D=93
fiefo (0)ARS NE RSR ER PR ER ne p. 94
ACTOMAOD ESS ES Ne p.95
Bonne chance Rosine sn p. 96
COUCOU SAMI EBOR OUTRE rate p. 96
Chacun sa place is. CES ere 07
Quelle engueulade tu Choisis 2... p. 98
Éascenseur est encore en panne... on (010)
ÉRIOVE ES Chasse relances p: 100
De CSDCCLCN SO ITIÈMe p. 101
SRG Din) TA ROME ER Re Re n nsdescoues p. 102
Vous faites les fières ou quoi ? A p. 103
DAC DAS COMTE RETIRE RS p. 104
LUDEL CTea ER SN ARR RRRE Se RRRER ERRREn p. 104
Hé ho ! Les adultes ! Où êtes-vous ? p. 105
BiénEe7 nous l'exemple! p. 105
LE GONNA EEE SR ER RSR p. 106
MOREL SCENE RE RENE p. 107
Le caïd et Le sage

Dans le quartier, tout [le monde respecte Jimmy.


Cela ne viendrait à l’idée de personne de contester
MEPRIS
RESPE
LE
ET
un ordre
Seecer de Jimmy, ov même de le discuter.
Jimmy est un trafiquant de drogue, un vrai caïd. Avec ses armes
et sa bande, il se fait respecter par tout le monde.

Au village, fout le monde respecte le vieux Soleyman.


Si quelqu'un a un problème ou si des gens se disputent,
on va Jui demander conseil. [| est là, fous les après-midi,
assis à Jombre du prand baobab.
Soleyman est un sage. Avec son expérience et sa sagesse, 1l conseille
les gens du village, il est respecté dans toute la région.

Jimmy et Soleyman sont deux


personnes que les gens
respectent. Mais on n’a
pas besoin d’explica-
tions pour compren-
dre qu'il y a une grosse
différence entre les deux.
Range ta chambre !

&« Range ta chambre !


— Je n'ai pas le temps, j'ai entraînement
de foot dans 10 minutes.
- Range ta chambre immédiatement
ou fu ne sortiras pas cet après-midi.
— Mais c’est ma chambre, ça gêne personne.
— Tu vas respecter fon père, oui ou non ?
Si je te dis de ranger fa chambre, tu le fais. »

Le père se trompe de mot. Il dit : « 74 vas respecter ton père. » Mais


il devrait dire : « Tu vas obéir à ton père. »
On dit aussi qu’il faut « respecter » le règlement de l’école, qu'il faut
« respecter » la loi. Est-ce qu’on ne devrait pas plutôt dire « obéir »
à la loi, « obéir » au règlement de l’école ?
L'obéissance, ce n’est pas la même chose que le respect. On le sait
bien, on peut obéir à un professeur, à un policier, à un grand,
©
à ses parents. sans les respecter.
|

DE
a

un

Les pelouses, Les baleines, La Loi...


a
[ru
=
CS
=)
©
O0

On se trompe de mot, mais finalement, on se comprend quand


u
[Eu

même. Alors pourquoi en faire toute une histoire ?

Parce que si on continue à utiliser le mot « respect » n'importe com-


ment, on finira par ne plus savoir ce qu’il veut dire : si on dit à tout
le monde : « Oh, toi, je l'aime », le mot « aimer » ne veut plus dire
aimer. On finira même par ne plus savoir ce qu'est le vrai amour.
Si on entendait toute la journée : « Sois généreux, dis bonjour aux
commerçants en entrant dans les boutiques. Sois généreux, ne jette pas
es papiers par terre. Un peu de générosité, essaie de ne pas
arriver en retard. », « être généreux » ne voudrait
plus rien dire.

Il se passe exactement cela avec le respect.


On lentend tout le temps, partout, pour
tout : « Respecte les pelouses, les livres, les parents,
les professeurs, le passage pour piétons, les morts,
les baleines et les éléphants, les horaires et la sonne-
rie, la nourriture, le sommeil des parents, les vête-
ments, le hall de l'immeuble, la loi... »

Respecter... Le respect

Et on va s’imaginer qu'en disant merci au charcutier, bonjour


au chauffeur de bus, qu'en couvrant soigneusement ses livres
au début de l’année, qu’en manifestant pour les baleines et qu’en
laissant-les piétons traverser la rue, on baigne dans le respect.
On s’imagine qu’en se faisant obéir, on se fait respecter.
On s’imagine qu’en se faisant craindre, on se fait respecter.
Confondre le respect avec la politesse, le soin, l’obéissance, la peur
ou d’autres choses, c’est embêtant : à force de ne pas respecter le mot
« respect », le respect, le vrai, on ne saura plus ce que c’est.

Direct chez le directeur

Jérôme, le surveillant de la cantine, n’a qu’une envie :


donner une énorme paire de g'fles à Richard ef [ui bofter
les fesses. Richard a dépassé les limites, il a renversé
sa purée de céleri par terre, ef pas n'importe où :
a sur les chaussures de Jérôme. Evidemment, Richard
4 dit qu’il n’a pas fait exprès, mais le surveillant n’en
« croit pas un mot, Richard provoque tout le monde,
æ c'est bien connu. Et ça continve : Richard
À regarde droit dans les yeux, un petit sourire
a harquois av coin des lèvres.
, Jérôme ne donne ni gifle, ni coup de pied
e dans les fesses de Richard. [| l’envoie
% directement chez le directeur.

Jérôme résiste à son envie de gifler Richard. Il a, en lui,


quelque chose de plus fort que la colère, quelque chose de plus fort
que l'agressivité : le respect. Jérôme continue de respecter Richard,
il réussit à traiter avec respect un élève qui l’insulte, un élève qui
essaie justement de lui faire perdre son respect.

Respecter... l'inconnu

©
1
e Viviane monte dans le bus. Ouf ! Pour une fois, il reste
Æ
a
’ une place assise.
un
a
Li
æ « Pourvu qu'une personne âgée ne monte pas av prochain
=
+5 e arrêt », se dif Viviane en sortant de son sac le magazine
©
O qu’elle a envie de lire depuis ce matin.
2]
[Eu
CN 0e «ommaît,
??

Viviane sait, à l’avance, que si une personne


âgée monte dans le bus, elle lui laissera sa
place. Viviane n’a pas besoin de connaître celui qui
prendra sa place, elle n’a pas besoin de l’aimer, ni
d’en avoir peur, ni de le plaindre, ni de l’admi-
r.… Non, rien de tout ça. Lorsqu'on respecte
quelqu'un, on n’a pas le cœur qui bat plus
vite, on n’a pas la chair de poule ou les jambes
toutes molles. Le respect ne vient pas d’un sentiment, on ne le
ressent pas tout à coup, comme on ressent la peur ou la joie.
Le respect est déjà là, en soi. La preuve : on peut respecter un
inconnu qui n’est pas encore monté dans le bus. Et on peut respec-
ter, comme Jérôme, quelqu'un que l’on a envie de gifler.

Zut, voilà une femme enceinte !

; Oh non, zut, une femme enceinte ! Elle a un ventre énorme,


® impossible de faire semblant de ne pas le voir. Dommage...

Viviane se lève. Pas par plaisir ! Pas par obligation, n1 par obéis-
sance. On peut obliger quelqu'un à être poli, à obéir, mais on ne
peut pas obliger quelqu'un à avoir du respect. MEPRIS
RESPEC
LE
ET

Numéro 52, c'est à vous !

&« Numéro 52, c’est à vous. »


Marine se lève et s’avance vers le guichet.
& Mais vous êtes le 53, j’ai appelé le 52. »
Marine retourne à sa place. Elle s’est trompée.
Quand c'est finalement son tour, elle entre dans la salle.
Le médecin est entouré d’infirmières et d'étudiants.
& 26 ans, sexe féminin, ménisque gavche D,
annonce un jeune homme en blouse blanche.
Une infirmière fait allonger Martine sur une fable.
Le docteur demande à voir les radios et les reparde
attentivement. Puis il s'approche de Marine, palpe
son genou gavche, plie sa jambe, la soulève,
et la repose. [| dicte un mot à sa secrétaire et sort
boire un café avant d'examiner le 54.
Marine est d’abord un numéro. Puis un
genou gauche. Ici, elle n’a pas de prénom,
pas de nom, pas de personnalité, on lui
a enlevé tout ce qui fait d’elle une per-
sonne humaine. Il est là, le mépris : ne
pas reconnaître l’autre comme une per-
sonne humaine.
Respecter les autres, c'est une manière
de leur montrer qu’ils ont de l’impor-
tance, qu'ils ont une valeur. Pas une
valeur qui vient de leur argent, de leur pouvoir, de leurs connais-
sances, de leur intelligence, de leur beauté, de leur force... Non.
Une valeur qui vient simplement de l'humain, une valeur que tous
les êtres humains ont, simplement parce qu’ils sont humains.

Le droit au respect

©
—l
Le gardien de prison n’a qu’une
BE
[=
envie : jeter Ja gamelle sur le sol
un pour que ce nouveau prisonnier
œ
Li
+ mange par terre, comme un chien.
A
=
© Cet homme a commis des crimes
O
n épouvantables. Le gardien sent vne haine
Li
—] terrible monter en lui. [| respire à fond
ef attend de retrouver son calme.
[| sait qu’il doit se maîtriser
et se retenir. [| fait passer le repas
dans Ja cellule et continve
c0Bebteceuvbtltoeceveébee sa tournée.

Le gardien de prison, comme les policiers, comme les juges, comme


les avocats, continuent de respecter une chose qui reste à cet homme :
il est une personne humaine.
Cherchez l'intrus !

Inferropation. Les élèves de la classe de CEI doivent écrire,


en face de chaque mot, à quoi sert ce que Je mot désigne.
Premier mot de la liste : sac. Luc s'applique et écrit :
& à porter des choses ». Voiture : & à partir se promener ».
Crayon : & à écrire ». Luc est content, il sait tout. [| [it vite
la suite eve si c’est foujoutrs aussi facile. Eponge, un

frop facile. Echarpe, couvercle, chaise, eau, être humain. œŒ


a

Luc relit le dernier mot. aura|


=
Être humain ? [| ne sait pas. LU
=?

[| n'en a aucune idée. Luc =


Li
reparde autour de [ui. Même t=
LS)
Nathalie, la meilleure de la Li
(ae
2]
classe, a l'air de ne pas savoir. LU
œ

Li

La différence avec les autres mots de


la liste saute aux yeux : la voiture
est un moyen de se déplacer, le sac
est un moyen de porter des choses, le crayon
un moyen d'écrire, un être humain, lui, n’est pas un moyen. On serait
choqué que quelqu'un demande : « Ef toi, à quoi tu sers ? »
Évidemment, un architecte sert à faire les plans d’une maison,
un chauffeur de bus sert à nous conduire quelque part, un acteur sert
à nous divertir. Mais une personne humaine ne peut pas être seulement
un moyen, il y a quelque chose d'autre.

Trop près

Madame Rusif pose les courses sur Ja table de la cuisine


et jette un coup d'œil av courrier. Uhe publicité pour

un supermarché, des factures de téléphone ef d'électricité,


et une Jeffre pour sa fille Rosine.
& Je ne connais pas cette écriture », se dit madame Rusif
en regardant l'enveloppe de plus près. Elle met ses lunettes
pour voir le tampon de la poste. La lettre vient de Bordeaux.
Tiens, c’est bizarre, ils ne connaissent personne à Bordeaux.
En déposant la lettre sur le bureau dans Ja chambre
de Rosine, madame Rusif se souvient subitement que
Rosine est allée en colonie de vacances près de Bordeaux.
Elle reparde l'écriture de plus près.
& Ce n’est pas vne écriture de fille. >» Madame Rusif
est surprise. Quand elle a [vu le carnet intime de Rosine,
dimanche dernier, pendant que Rosine éfaif au cinéma,
elle n'a rien trouvé sur un patrçon de Bordeaux.
Elle reparde sa montre. 17 heures. Le jeudi,
Rosine ne rentre pas avant 18 heures. Elle prend
la lettre, repart dans la cuisine ef sort son fer
à repasser. Avec la vapeur du fer, l’enveloppe
s'ouvrira sans problème. La dernière fois,
ça a parfaitement marché. Et il suffit d’un peu
de colle pour la refermer. Ni vu ni connu.
btese
ce00ebebteceuvbthoceceébece
2686006

©
—1 Rien qu’en lisant cette histoire, on étouffe, on est
wa
a dégoûté par cette mère qui viole l’intimité de sa fille. Une mère qui
s’'infiltre partout et ne laisse aucun espace à sa fille. Un espace, une
un
[a
Li
=
>)
distance qui serait du respect. Une distance qui permettrait à cha-
©
O cun d’avoir sa place.
Le respect, c’est une histoire de bonne distance et de bonne place :
un
Li
1!

ni trop près, m1 trop loin, être à sa juste place.

Trop loin

& Non, non, fu ne me dérançes pas, je suis à Ja caisse du


Supermarché, on peut se parler. » Romain coince son téléphone
potfable avec son épaule ef commence à emballer ses courses.
& Ce soir, oui pourquoi
pas, on pourrait
se retrouver devant
le cinéma. »
Comme Romain ne voit
pas que la caissière
lui tend le ticket, elle
le pose surJa tablette,
devantsa caisse,
& Non, ce serait mieux
d'aller, à [a séance
de 22 heures,ça nous
laisse le temps de dîner
avant. » Romain aperçoit
le ticket et tend vn billet
de 20 euros en levant les yeux av ciel. & Comment,
fon répime ? Mais on peut quand même dîner, non ? » MÉPRIS
RESPEC
LE
ET

Romain, énervé par sa copine quine veut manger


que du fromage blanc le soir, ne s'aperçoit pas
que la caissière Jui fend la monnaie.
coco
beus
2006800008
bebteceuthiecoenékece

Pour Romain, la caissière n’existe pas. Ni bonjour, ni regard, ni sourire,


rien. Il est loin d’elle, terriblement loin. Il a mis une distance infinie
entre lui et elle, il ne fait aucune place à la caissière. Et on comprend
ce qu’elle ressent : elle se sent méprisée par ce client qui fait comme
si elle était invisible.

Attention

Romain ne fait pas exprès, il a la tête ailleurs, 1l ne cherche pas


du tout à faire du mal à la caissière. N’empêche : le mal est fait.
Le respect, c’est justement ne pas avoir la tête ailleurs. Être attentif,
pour ne pas, sans s’en rendre compte, tomber dans le mépris.
Bonne chance, Rosine..

Imaginons que Rosine Rusif découvre que sa mère lit ses lettres et son
journal intime, écoute ses conversations téléphoniques, fouille dans
ses poches, a fait un double de la clé de sa chambre... Est-ce que
Rosine pourra respecter sa mère ? Non. Parce que sa mère, elle, ne l’a
pas respectée. Sa mère a accumulé trop de non-respect.
Rosine va devoir se battre pour que chacun soit à sa place et que
le respect devienne possible.

Coucou ! Salut ! Bonjour !

Francine sonne à la porte de sa copine Myriam,


elles ont rendez-vous pour faire leur exposé.
Le petit frère de Myriam, qui a 3 ans, ouvre la porte.
& Coucou Benji, je viens voir Myriam.
— Non, pas Îà, pas là, Miam pas Ja.
©
|
— Benji, fu es un coquin, je sais que Miam est Jà ! »
38
Q- Francine pousse gentiment Benji en lui donnant
un
œ
Li
uh bisou ef elle monte dans
=
A
=) Ja chambre de Myriam.
©
O
un
Lu Francine sonne à [a porte

de sa copine Myriam,
elles ont rendez-vous
pour faire leur exposé.
Le grand frère de Myriam
af
Nag
Dn æ ouvre la porte.
& Salut, je viens voir
Myriam.
— Salut, ça va ? Je ne sais
pas si Myriam est Ja.
— Si, je crois, on a rendez-vous. »
Le grand frère hurle : & Myriam ! Descends,
c'est Francine. »
Francine ferme Ja porte et attend sa copine en bas
de l’escalier.

Francine sonne à [a porte de sa copine Myriam,


elles ont rendez-vous pour faire leur exposé.
La maman de Myriam ouvre la porte.
& Bonjour madame, excusez-moi de vous déranger,
je viens travailler avec Myriam.
— Bonjour Francine, entre, fu veux quelque chose à boire ?
siNohimerciicarva.
— Bon, Myriam esf dans sa chambre, fu peux monter. »
Francine suspend son manteau, demande jusqu’à quelle
heure elle peut rester et rejoint Myriam dans sa chambre.
MÉPRIS
RESPEC
LE
ET

Ce n’est jamais la même personne qui ouvre la porte et, à chaque


fois, Francine s'adapte. Elle ne dit pas coucou à la mère de Myriam,
elle ne pousse pas le grand frère et ne lui fait pas de petit bisou. !
À chaque fois, Francine s'adapte, pour être à sa juste place.
Le respect, c’est compliqué. Il faut être attentif, les places changent
tout le temps, toute la journée. On n’a pas la même place avec
un enfant plus jeune que soi, avec ses copines, ses copains,
son amoureux ou son amoureuse, son père, sa mère, son beau-père,
sa belle-mère, un professeur, un surveillant, un voisin.

Chacun sa place

e Aujourd’hui, le professeur propose à ses élèves


F de Jui poser des questions sur le métier de professeur.
® Dès le début de l'heure, les questions fusent de fous les côtés.
#æ « Monsieur, quand avez-vous décidé de devenir professeur ? »,
Tu & fe
A2 Au à & Est-ce que vous aimez votre métier ? », & Vous préférez
être professeurav lycée ou au collège ? », & À l’école,
vous étiez toujours premier ? », & Est-ce
qu’il y a des classes que vous détestez ? »,
& C’est dur, votre métier ? », & Vous l’avez
rencontrée comment, votre femme ? »
Le professeur se refourne vers celui
qui a posé cette question.
& Pierrick, cette question est hors sujet,
je ne vais pas y répondre. »

Toute la classe a ri quand Pierrick a posé sa question. Un rire un peu


gêné, parce qu'on sait bien que cette question n’a rien à faire là.
La question de Pierrick n’a pas sa place parmi les questions posées au
professeur. On dit que c’est une question déplacée. En refusant d’y
répondre, le professeur dit à toute la classe : « Je suis votre professeur, moi,
Je reste à ma place de professeur, et vous, vous devez rester à vos places d'élèves. »

« Et tot, Pierrick, tu as une petite amie ° »


©
Si le professeur posait cette question à Pierrick, sa question à lui
aussi serait déplacée. Il ne serait pas à sa place de professeur, et il
+ |

28
a

un
ne respecterait pas la place d'élève de Pierrick.
œ
[re
fe
A
æ) « Papa, comment as-tu rencontré Maman ? »
©
O
un
Quand Pierrick pose cette question à son père, il ne lui manque
(ra
1] pas de respect. Il est à sa place de fils, la rencontre de ses parents
fait partie de son histoire à lui aussi.

Quelle engueulade tu choisis ?

La maison est dans un éfat de saleté incroyable. Des bouteilles


vides partout, des verres sales, des paquets de chips,
des cartons de piz22a5..
Patents n°.1.:
& Tu f’étais enpapé à nettoyer, à ranger, et on rentre
dans vne porcherie. On revient dans 2 hevres et tout doit
être impeccable. Et tu paieras Je nettoyage du tapis avec
ton argent de poche. Et bien sûr, c'est la dernière fois que
tu orpanises une fête ici. Tu trouveras un autre endroit. »

Parents in arte
& Mais quelle idée on a eve (aBon) LES un

(22
[a
de fe prêter Ja maison ! Je savais CR 1 ‘Li
>
qu” on ne pouvait pas fe faire Lu
1
confiance. On ne peut jamais compter =

sur foi, pour rien, fu entends, pour Lu


(=

rien. Je me demande où j'avais QU


Li

la fête quand je f’ai autorisé à


a
2]
[ru

orpaniser une fête ici. Tu n°es c (a=

Li
qu’un petit profiteur qui se fiche +

de fout ef de fout le monde.


Ta mêre et moi, e À
on se demande ce que LA
fu vas devenir. Allez,
neftoie, ef qu’on ne fe revoie pas de Ja journée. »

Les parents sont furieux contre leur fils : ils lui ont prêté la maison,
ils auraient dû la retrouver propre et rangée. Mais pas de doute,
on préfère se faire gronder par les parents n° 1 ! Des parents en
colère, qui disent ce qu'ils pensent et punissent leur fils, mais
en continuant de le respecter. Les parents n° 2, eux, n’ont plus
de respect pour leur fils, ils l’enfoncent, ils l’humilient.
Quand les parents respectent les enfants, quand les professeurs res-
pectent les élèves, quand les juges respectent les accusés, quand
les patrons respectent les employés, quand les grands respectent
les petits, leur pouvoir ne se transforme pas en violence. Le pouvoir
sans respect, c’est de la violence.
L'ascenseur est encore en panne

Sandra en a vraiment assez, elle va encore


monter les 16 étapes à pied, avec son sac
d'école qui pèse une tonne. Trois semaines
que lascenseur est en panne. Son pêre. a
écrit, il téléphone tous les jours, il leur dit
que sa femme est enceinte et qu’elle n’en
peut plus, mais personne ne vient réparer.
En ouvrant la porte qui mène aux escaliers,
Sandra se bouche le nez. Elle se prépare à passer
devant le local des poubelles. Les poubelles de l’immevble
sont cassées, tout se vide par terre, ça sent mauvais,
mais la mairie n’envoie personne Îles changer.
Essoufflée, Sandra pousse enfin la porte de chez elle.
Oh non, pitié ! Ses frères et sœurs sont déjà là, elle ne va pas
pouvoir trouver un coin tranquille pour travailler, i| va falloir
qu’elle redescende et parte à la médiathèque. Mais pourquoi
personne ne répond à la demande de logement
©
que son pêre a faite, il y a 3 ans ?

2€
a
Le)
Quand on parle de respect à Sandra, elle s'énerve.
œ
ui « Et moi, qui me respecte ? On se fiche que ma mère monte 16 étages,
+
=
=)
O
que mon immeuble pue, qu'on vive les uns sur les autres. »
O
um
Quand on est ignoré, maltraité, méprisé, on a beaucoup de mal à respecter
ui
— les autres. Ceux qui se sentent respectés vont rarement casser les
vitrines et brûler des voitures. Pour exister, le respect a besoin de respect.

Enlève tes chaussures !

9 Anovk ef Jennifer sont venves en Turquie pour quelques


jours. Ce matin, av propramme, visite de la Mosquée bleve
d'Istanbul, et après, juste à côté, de Péglise Sainte-Sophie.
Malgré la chaleur, elles n’ont pas mis leur short et leur
débardeon
ur,Jeur a dit que pour visiter une mosquée et
une église, 1} fallait se couvrir les jambes et les épaules.
Jennifer a râlé, il fait chaud, mais elle n’a pas envie
de rater ces visites, i| paraît que c'est magnifique.
À lentrée de Ja grande salle de prière, Anovk retient
Jennifer parle bras.
& Aftends, i| faut d’abord enlever tes chaussures.
— Ah bon ? Mais ce sont les musuimans qui enlèvent
leurs chaussures, non ? On vient visiter, pas prier.
— Non, fout le monde doit les enlever, et fu verras, chez les
c’est
cafholiqu es,le contraire,on ne pourra pas visiter
Péglise pieds nus, il faudra les
c0008ebeceuvbthbtecevébee
0% remettre. »

Jennifer et Anouk veulent seulement admirer la lumière


qui baigne la grande salle de prière, lever les yeux
MEPRIS
RESPEC
LE
ET
au ciel et s’émerveiller sous la grande coupole... @
Elles ne croient ni en Allah, ni au Dieu des chré-
tiens, elles visitent la mosquée et l’église comme
on visite un musée ou un château.
Mais elles vont quand même enlever leurs chaus-
sures dans la mosquée, et les remettre dans l’église. =
Elles ne vont pas emporter leur coca, ni parler trop fort. Parce qu'elles
respectent ceux qui respectent la mosquée et l’église. Elles respectent
les endroits que les musulmans et les chrétiens respectent.
Cela s'appelle la tolérance : respecter ce que les autres respectent.

Se respecter soi-même

& Allez, raconte


! Je te promets,je ne [ui dirai
pas
be que fu me l'as dit. »
. Lily hésite. Elle brûle d'envie de raconter le secret
. que Juliette
[vi a confié.
& Mais j’ai donné ma parole à Juliette,
je lui ai juré de ne rien dire, à personne.
— Elle ne saura jamais que fu me l’as dif,
qu'est-ce que ça pevt faire ? Allez, dis-moi !
— Non, franchement non. Je ne peux pas,
je veux tenir ma parole », décide Lily.

Lily veut respecter la promesse qu’elle a faite à Juliette.


En lui confiant un grand secret, Juliette lui a fait confiance,
et Lily veut être digne de cette confiance. Elle refuse d’être
une commère qui dit tout, qui se vante de tout savoir et parle
dans le dos des autres : cette personne-là, elle ne la respecte-
rait pas. En tenant sa promesse, elle se respecte elle-même :
elle est une amie sur qui on peut compter. Quand on
se respecte soi-même, on peut respecter les autres.

Le lapin à La moutarde

: & Lapin à la moutarde ! » annonce tante Henriette


æ en posant le plat av milieu de la table.
: Quand fante Henriette demande à Léon de lui tendre
ni son assiette, Léon refuse poliment. Sa mère [ui chuchote :
se & Léon, on se réunit une fois par an, tante Henriette
# a cuisiné toute [a journée, fais-f[ui plaisir, goûte.
GOÛTERS
PHILO
LES
— Je ne peux pas manger de lapin, répond Léon.
— Tu pourrais avoir un peu de respect
pout fante Henriette, elle s’est donné
du mal. Force-toi ! »
Léon reparde les cuisses de lapin
ef devient verdätre. [| pense av
lapin d'Anfonin, son meilleur ami.
Antonin et [ui passent des heures
à Jouer avec Carotte, c'est Je nom
qu’ils lui ont choisi ensemble, il y a 3 ans.
Léon saif qu’il ne doit pas quitter la table, mais tant pis,
il se lève. C’est comme si on manpeait son ami.
Il entend son père crier : & Léon, reviens immédiatement
à fable » et fante Henriette grincer entre ses dents :
& Quel insolent ! »

Léon ne cherche pas du tout à être insolent. Ce n’est pas son but.
S’il quittait la table pour aller regarder la télévision parce que les conver-
sations l’ennuient, là, oui, on pourrait dire qu’il veut choquer les autres,
qu'il est insolent. Là, 1l quitte la table pour rester fidèle à lui-même.
Parfois, pour se respecter soi-même, pour respecter ses idées, on prend
le risque de passer pour un insolent. Mais ce n’est pas du mépris.

Vous faites les fières ou quoi ? MEÉPRIS


RESPECT
LE
ET

& Waouh, f’as vu les filles ? Pas mal ! Mate un peu ça |


s’exclame Bruno.
— Moi, franchement, je préfère la blonde, elle est super bien
fichue, déclare Kévin en ne quittant pas les filles des yeux.
— D'accord, je te la laisse, je prends la brune, je vais quand
même pas reculer parce qu’elle a un appareil dentaire
et trois boutons sur le nez, faut pas faire le difficile ici. »
Les deux garçons éclatent de rire et parlent plus fort
pour étre sûrs que Suzie ef Sépolène les entendent.
IIS continvent à parler d'elles, de leurs fesses,
de leurs jambes, ils leur demandent si elles ont déja
embrassé des garçons, ils les traitent de rinpardes 4
et d’arriérées si c’est non. d

« Hé, les filles, pourquoi vous partez,


vous faites les fières ov quoi ?
— Ovais, t'as vu ça ! Mais elles se prennent
pour qui, ces devx-|Ja (die
Suzie et Ségolène se prennent pour deux êtres humains, tout simple-
ment ! Les garçons, eux, les prennent pour des choses. Leurs mots sont
méprisants, des mots qui partent comme des gifles et font mal.
Le mépris n’est pas un petit Jeu, sans conséquence, pour rire, comme
ça. Le mépris est une grande violence, le mépris peut casser l’autre,
en lui faisant croire qu’il n’est rien, rien du tout.

Mépris contre mépris

Suzie parle fout bas à Sépolène :


& Surtout ne les reparde pas, ne te retourne
pas, on fait comme si on n'avait rien entendu. »

Face à cette violence, Suzie et Ségolène répondent


par... le mépris, elles font comme si les garçons n’existaient pas.
Le mépris est souvent la seule réaction possible face au mépris.

O

a+
a
Vivre ensemble
un
[a+
Lt
[=
=)
©O
Les filles ne peuvent pas aller vers les gar-
çons, parler, faire connaissance. Le che-
OU
un

min est barré, le mépris a dressé un mur


li

entre eux. Résultat : chacun reste dans


son monde, à l'écart.
Le respect, lui, ouvre des chemins. Le respect
relie les hommes entre eux, les filles et les
garçons, les hommes et les femmes, les vieux et les jeunes, les petits
et les grands, les enfants et les parents, les professeurs et les élèves,
les patrons et les employés, les riches, les pauvres, les juifs, les chré-
tiens, les musulmans, les bouddhistes.
Hé ho ! Les adultes ! Où êtes-vous ?

Dans la cour, les adultes ont entendu Kévin et Bruno parler


aux filles.
& Dis donc, ces devx-là, ils n’ont pas leur langue
dans leur poche.
— Ovi, on les connaît, ils sont toujours comme ça
avec les filles. Hevrevsement, ça sonne, les cours
reprennent, ils vont se calmer. »

S’il y avait eu une bagarre, si les garçons s'étaient jetés sur les filles
pour les tabasser, les adultes auraient bougé. Parce que se bagarrer,
c'est grave, et interdit par le règlement.
Mais alors, pourquoi personne ne remet les garçons à leur place
quand ils parlent avec mépris aux filles ?
MEPRIS
RESPECT
LE
ET

Montrez-nous l'exemple !

Finalement, Suzie, Sépolène et d’autres filles ont décidé


d'aller se plaindre av directeur, elles n’en peuvent plus.
Elles n'osent plus traverser la cour, elles n’osent plus
s'habiller en robe ou en jupe, ef encore moins se maquiller.
Kévin et Bruno se demandent ce qui se passe : & Mais
quoi, qu'est-ce qu’on a fait de mal ? Personne n’a rien dit
jusque-là. On les frouve mignonnes, c'est fout, cest quoi
cette embroville ? »
Les garçons ne comprennent pas ce qu’on leur reproche.

depuis tout petit.


Si Kévin ou Bruno voient leur grand frère insulter les filles, si leur père
parle mal à leur mère, si leur mère les traite de tout, si à l’école,
on les laisse mal parler, si dans la rue, ils voient des publicités avec
des femmes à moitié nues, pour vendre n'importe quoi, si à la télévision,
ça continue, si sur les terrains de football, ils voient leurs idoles donner
des coups de crampons et des coups de tête aux adversaires et cracher sur
l'arbitre, comment peuvent-ils connaître le respect ? Comment vont-ils
réussir à trouver leur juste place, si personne ne les aide à la trouver ?

Pour apprendre le respect, Kévin, Bruno et tous les autres ont besoin
d’être entourés par des adultes qui prennent leur rôle au sérieux :
des adultes qui savent avoir les justes mots, les justes gestes, les justes com-
portements, pour montrer comment on trouve, à chaque instant, sa juste
place. Des adultes ni trop près, ni trop loin, des adultes à leur place.

Se sentir capable

©
1 Mademoiselle
2e
a
Clémentine a changé,
un
(ie
c'est incroyable !
Li
= Elle dit bonjour quand
ñ
5;
[e) on Ja croise, elle a même
O
(2) proposé à la vieille
Lu

dame de l’immevble
de [ui monter ses courses.

Depuis qu’elle a trouvé du travail, mademoiselle Clémentine


va beaucoup mieux, elle se sent capable de gagner sa vie, elle a de l'estime
pour elle.

w Tv as entendu comment Bruno et Kévin parlent


e avec les filles ? [1s ont complètement changé !
Bruno et Kévin font maintenant partie d’un groupe de travail pour
améliorer la vie au collège. Ils sont fiers d’avoir été choisis par
le directeur, ils apportent beaucoup d'idées. Ils ne pensaient pas
qu'ils en étaient capables, ils s’estiment beaucoup plus qu'avant.

Quand les autres nous sentent capables, quand on se sent capable, on a


de l'estime pour soi, on aime la personne que l’on est, on se respecte.

: Et Richard ? Eh bien, on ne le reconnaît pas ! Jérôme


= se demande ce qui lui esf arrivé, Richard ne provoque
e plus personne.

Certains disent qu’il a changé depuis que Sofia est amoureuse de lui,
d’autres pensent que c’est depuis que son père l’a emmené en voyage.

MEPRIS
RESPECT
LE
ET

L'épidémie

Il s’est passé autre chose : les amis de mademoiselle Clémentine,


les copains de Bruno et Kévin, les copains de Richard ne sont plus
pareils. Normal : le respect, c'est contagieux. Le vrai respect, 1l est
forcément contagieux,
on l’attrape à tous
les coups.
e
LE
Le ST
lune, (ntlole als
nl An RS
dragon,
12
[

| » | A EE
D XETCICES
(Jeter el
GE pensée
AL
PÉNSÉE
TO RER RE 7

L
h ca sur le pot sinon p

be
|@ tience, Mimi !

| 8
0 : |}
a\«
Paroles de
J, Ep
Poe a 1
AE

(OT

silence qui tue

Comment or

Sevsevwvbrece
Grrrrrrrrrrr
y VD
Li
Le grand mâle se redresse, i| bombe U
2
le forse, pousse sa mâchoire Li

inférieure en avant et se met n

à g'ogner. Aussitôt la femelle Lu


=

=
se refourne, puis s’en va Li

en poussant des petits cris LU


nl
©
aigus. Le mâle la rattrape, œ
<
et la femelle s'arrête. a

<

Tu es belle...

L'homme sonne à [a porte, un bouquet de roses à Ja main.


La femme se reparde une dernière fois dans le miroir,
remef un pev de roupe à Jêvres, et se parfume légèrement.
& Bonsoir, entre, dit-elle en ouvrant Ja porte.
— Bonsoir, oh, comme tu es belle ! » dit l’homme.
La femme roupit.
& Oh, des roses jaunes ! Ma couleur préférée ! »
s’exclame [a femme en souriant.
& J'ai fait fort », pense l’homme en se demandant
si [e restaurant dans lequel il a réservé n’est pas un peu
frop bruyant.

La plus grande différence entre ces deux histoires, c’est la parole,


le langage.
Étoiles, lune, moche, dragon, caché...

9 & J'aimerais t’offrir des étoiles, les plus belles étoiles.


© Pour toi, je pourrais décrocher la June. »
Touché. Gagné. Cœur qui s’emballe. Frissons, sourires, Joie.

= « Tves gros, moche et fu gâches toujours fout. »


Touché. Coulé. Estomac noué. Yeux emplis de larmes, douleur.

0 Il y a vn dragon noir caché derrière Ja porte


æ de fa chambre. »
Touché. Vaincu. Genoux qui tremblent. Pleurs, cris, peur.

Offrir, étoiles, lune, gros, moche, dragon... En un instant, les mots


effleurent le cœur, ils le caressent ou le brisent, ils pèsent sur l’esto-
mac, se coincent en travers de la gorge, glacent la peau, mettent
le feu aux joues, ramollissent les muscles... Quand les mots sont
lâchés, rien ne peut les arrêter.
© La parole se faufile à l’intérieur des autres pour
|

ue séduire, blesser, effrayer, commander,


a

un convaincre, soigner, distraire, dénon-


œ
Li
=
cer, pardonner, s’excuser... Sans avoir
besoin d'offrir de cadeau ni de mena-
A
=)
O
O
un CET avec uhNEe arme.
Li
—1

Exercices de pensée

se & Pensez à une chaise. »


Aussitôt, dans notre tête, nous voyons une chaise.

e “< Pensez à une chaise sur le dos d’un éléphant. »


œ » QC La L4
Aussitôt, dans notre tête se
forme l’image d’un éléphant
portant une chaise.

« Pensez à vne spirogyre. »


Rien. Je ne vois rien. Je ferme les
yeux, Je me concentre, mais fran-
chement, c'est le grand vide.
Et toi ? Rien.
Tiens, Quentin, lui, voit quelque chose. Il voit une algue, une algue
verte même. Dans sa tête, Quentin peut voir des algues vertes sous
l’eau transparente d’une rivière, parce que lui, il connaît le mot
« spirogyre ». On n’a pas besoin de mots pour ressentir la faim, la
soif, le froid, le chaud, la peur, la joie, le chagrin... Mais on a
besoin de mots, on a besoin du langage pour penser.
EN
IPANPANR
ESSTRI
IGIE
ENNEMI

Mais ou et donc or ni car...

e Allongée sur son lif, Elsa pense à un rendez-vous


e
© avecun copain.

Elsa voit le visage de son copain, ses yeux, ses cheveux, elle se sou-
rit à elle-même, elle ressent des émotions, elle à des sensations,
elle voit des images défiler dans sa tête, des paysages, des souvenirs.
Mais assez vite, les mots arrivent. Des mots silencieux, à l’intérieur
elle-même. Au monde des images et des sensations s'ajoute un
monde plus compliqué : le monde des paroles, des mots, des idées.

® & La prochaine fois, je meffrai mon pantalon kaki, mais


# de quoi on va parler, remarque, je pourrais raconter le film
F que j'ai vu hier, oh jà là, qu'est-ce qu'on va faire s’il pleut,
: je ne veux pas Je ramener à la maison, bon, je vais
reparder les programmes de cinéma, ah mais zut, je n’ai
plus d'argent, il faudrait que j’en demande aux parents,
oui, mais ils vont me demander avec qui jy vais,
je me connais, je vais roupir, ils vont se douter de quelque
chose, mais bon, d’un autre côté, j’aurai l'air béte
de ne pas pouvoir payer ma place, mais est-ce que la robe
jaune avec le blouson blanc, ce serait pas mieux, non,
si on s’assied dans l’herbe, je vais êfre pénée, oui mais
si on va av cinéma, je vais repreffer,
mes chewinp-pums à [a menthe, ils sont où ?... »

Pour penser, on utilise des mots, des paroles que l’on fait avancer, recu-
ler, des mots qui reviennent, semmélent, s'emboîtent... Des mais, des
ou, des et, donc, or, ni, car, oui, non, des peut-être. Impossible
©
=
de réfléchir sans mots, sans paroles. Quand on réfléchit, on se parle,
T
de

un
on dialogue avec soi-même. Penser, réfléchir, organiser, prévoir,
œŒ
[ra décider, tout cela se passe forcément avec des mots, dans la parole.
de
n
>)
©
O
n
Lu
| L'homme et l'antilope

«æ Lantilope
) n
s'approche
)
de Ja mare. Elle est prudente.
© Les lions, evx aussi, viennent se désaltérer ici.
L’antilope avance, doucement, elle avance encore, elle est
à un mêtfre de l’eau, un demi-mètre, ça y est, elle boit.

Souvent, près de cette mare, des antilopes qui n’ont pas eu assez
peur, ou qui ont eu trop soif, se font massacrer par des lions.
L'homme voit [a mare. Le village n’est pas Join, mais
il meurt de soif. [| est prudent, il sait qu’il y a des lions.
Mais où sont ses compagnons ? Pourquoi tardent-ifs ?

L'homme fait des plans dans sa tête: «Je me dois pas me fier
à l'absence d’odeur, ça dépend du sens du vent, mais si je vais seul
à la mare, je prends un énorme risque, et sije vais au village, je mourrai
peut-être de soif avant, ce serait plus prudent d'attendre mes compagnons,
ils me protégeront.. »

L'antilope ne peut pas se dire: «Je devrais aller chercher des copines
antilopes pour m'aider. » Seule sa peur peut la faire fuir, seules ses sensations
la guident.

L'homme, lui, bouge dans ses pensées, il n’a pas besoin d’avancer
jusqu’à la mare pour comprendre ce qui peut arriver. Il peut le penser, ONMEN
IRIS
ENS
PAR
FAN
EH
EINICE

caché derrière un arbre. Il peut le penser, parce qu’il a la parole,


le langage : avec la parole, il reconstruit le monde, il se représente,
en pensée, la mare, les lions, le vent, ses compagnons, un peu
comme sil faisait un dessin. Et il se voit dans ce dessin, dans cette
représentation, et il fait, dans sa tête, des expériences, il met en
marche son intelligence.
Caca sur Le pot sinon pas d'école

Pour que le cerveau humain fonctionne bien, il lui faut des mots.

Alors, le cerveau de bébé ne fonctionne pas *

Si, bien sûr, il fonctionne ! Bébé n’est pas stupide. Mais bébé ne peut
pas se dire qu’il devrait vite cacher son gâteau parce que son grand
frère va bientôt rentrer de l’école. Il ne peut pas se demander quel
rapport 1l y a entre le caca et l’école, quand il entend ses parents dire
qu'il faut faire sur le pot pour avoir le droit d’aller à l’école.
Bien sûr, depuis qu’il est né, bébé communique. Avec ses cris, ses
sourires, ses gazouillements, ses pleurs, ses mimiques, les mouve-
ments de son corps... Mais réfléchir, faire des projets, hésiter entre
différents plans, peser le pour et le contre, décider, il ne peut pas.
Il lui manque les mots, la parole.

©
1 Patience, Mimi !
TZ
a
nm
Ô
œ
(re
Rudi s'approche fout doucement
de sa petite sœur. Et hop,
+

ES)
O
O il Jui arrache son lapin rose,
celui qu’elle ne quitte jamais,
an
(ra

son doudou fout doux. Cris,
hurlements, pleurs. Quand leur
maman arrive, Rudi a déjà eu
le femps de disparaître dans sa Ne
& Mais qu'est-ce qui se passe, Mimi ? demande Maman
en la prenant dans ses bras. Tu fes coincé le pied
dans les barreaux du lit ? Tu n’arrives pas à attraper
fon hochet ? Tu as une dent qui pousse ? Oh, Mimi, ma petite
Mimi », dit la mère
00% en frottant
c0008&ebteceuvbthbocesébee les gencives de Mimi.
Vivement que Mimi parle ! Bien sûr, son frère pourra toujours l’em-
bêter, mais Mimi va découvrir une arme extraordinaire : la parole.
Avec la parole, elle pourra combattre quelqu'un de plus grand
et de plus fort. Allez, Mimi, un peu de patience.

La clé du monde

À la toute dernière note, le professeur sourit.


& Bravo Marion ! Tu y es presque. Pour Je passage
où il y a une modulation, fais la lecture verticale et joue
Paltfo, ef chante le soprano. Quand tu fravailleras chez toi,
cette Semaine, essaie de te concentrer sur les formes
et modifie les accords de majeur en mineur. Et puis,
mais ça, fu le sais,
descesthecocnés n'oublie pas d'arpéper les harmonies. »
PAROILEN
LA:
TL
ENSYNEENIE

Pour ceux qui ne connaissent rien à la musique et rien au piano,


tout cela est impossible à comprendre. Mais Marion et son professeur,
eux, se comprennent.
Marion a appris petit à petit tous ces mots, et c’est en les apprenant
qu’elle est entrée dans le monde de la musique.

Mais pourquoi fu n'as pas fait blondir les oignons n


Bon, tant pis. Pour ta sauce, ajoute 1/2 Jifre de jus de cuisson
allongé d’eav, remve jusqu'à ébullition et laisse mijoter
5 minutes. Les œufs monteront mieux en neipe si fu ajoutes
une pincée de sel, et fa côte de bœuf, laisse-la reposer
1O minutes dans le four éteint, à la fin de la cuisson.

En arrivant en apprentissage à l’école de cuisine, Firmin a eu l’im-


pression de débarquer dans un monde de fous, où les oignons sont
blonds, les jus allongés dans l’eau, où les œufs montent sur la neige,
et les bœufs se reposent dans les fours éteints.
Et puis, Firmin a appris. Il a appris
le sens de ces paroles. Et de jour
en jour, il a compris ce monde,
tout s’est mis en ordre, tout
s’est rangé et organisé, et il est
devenu un très bon cuisinier.

72 . Ge & || a fait une talonnade


ee, Ÿ incroyable ! Suivie d'un petit
pont, puis un vne-deux
dans la surface de réparation, et vlan, une frappe brossée
du gavche, dans Ja Jucarne. »
Clémence, Alice et Aurélia se resardent. Elles ne
comprennent rien à ce que Nicolas et Anfonin racontent.

Le monde des humains, le grand monde, et tous les petits mondes,


ceux de la musique, de la cuisine, du football, de la photographie,
de la peinture, de la philosophie, des mathématiques, des sciences naturelles,
de l’informatique, de la médecine. s'organisent grâce à la parole, écrite
©
=-1!
ou parlée. C’est en apprenant les mots que l’on apprend le monde.
Es
a

un
œ
Lu

Mon catalogue de mots


=
A
>
©
©
un
Lu
|
Évidemment, on pourrait se débrouiller dans la vie avec quelques dizaines
de mots seulement. Mais on comprend bien que si le cerveau utilise très
peu de mots, il va vite tourner en rond, la pensée aura du mal
à se former, on aura du mal à dire les choses, à se faire comprendre.

& Tu vois, c'est l’histoire d'un type, pas trop gentil,


pas frop méchant, il rencontre une femme, au début,
ga marche, après c’est l’embroville. »
Il faudrait plus de mots pour comprendre le film que Gilles a vu.
& Tu vois, c’est l’histoire d’un type qui a une personnalité
double, il a deux facettes, une très gentille et une horrible.
Un jour, 1] fombe amoureux d’une femme, mais [eur amour
esf sans cesse froublé par le caractère changeant
de l’homme. »
Plus notre catalogue de mots est grand, plus on a de chances
de trouver les bons mots, de trouver la parole Jjuste et précise
pour se faire comprendre.
#

La force des mots

Au son des talons qui claquent sur le trottoir, le clochard


entend que les gens sont pressés. Tellement pressés que
personne ne dépose une pièce dans sa coupelle.
LPANPAIR
Pourtant,il a pris soin de mettre une petite pancarte
Suriadquelerestécrit <esurs avevole. Merci. »
& Vous permettez que j’écrive autre chose ? [ui demande
soudain une voix inconnue.
— Allez-y ! » répond le clochard.
L’'inconnu écrit quelque chose, puis s’en va.
Très vite, les premières
pièces tintenf dans
la coupelle. Din,
ding. Dine, din£;
encore, ef encore.
& Mais qu'est-ce qu’il
a bien pv écrire
sur ma pancarte ra
se demande le clochard.

L'inconnu a écrit :
« C'est le printemps,
et je ne le vois pas. »
Paroles de poètes

En lisant & C’est le printemps, et je ne le vois pas »,


certains passants imapinent des arbres en fleurs, d’autres
des filles aux robes légères, d’autres ont déjà
sur leurs lèvres le goût sucré des premières fraises,
d’autres entendent le gazovillis mélodieux des hirondelles...

Quelques mots, quelques paroles très simples emmènent en voyage,


en rêve, évoquent des odeurs, des goûts, des sons, des sensations.
On peut aimer les mots comme les aiment les poètes. On peut sai-
sir les mots avec respect et délicatesse, les réunir avec goût et préci-
sion, les déguster avec bonheur et plaisir. Pour dire les joies et les
tristesses, les mélancolies, les espoirs et les désespoirs, les colères et
les déceptions, les amours et les amitiés, les blessures et les peines.
le mystère des sentiments humains.

O
_ Oui
dE
a

un ® 4 Jean André Dupont, voulez-vous prendre pour épouse


æ mademoiselle Véronique Jeanne Georgette Durant,
œ @ n nl .
[Eu
hi
A
> ici présente ?
©
O — Oui », répond Jean.
un
Li
=
Le maire regarde Véronique.
& Véronique Jeanne Georgette Durant, voulez-vous
prendre pour époux monsieur Jean André
Dupont, ici présent ?
HOUR, répond Véronique.

Un mot de trois lettres, une parole toute


à simple, « og», et voilà Jean et Véronique
mariés. Il y a des actes qui sont des paroles,
qui se font avec des paroles. Se marier, promettre, s’excuser, insulter,
ss |
mentir, c'est faire quelque chose juste avec des paroles, ce sont des
; à
actions qu'on accomplit juste en prononçant certaines paroles.

Je voulais juste l'embêter !


& Tais-foi, sale népre l»>
Le professeur se retourne d’un bond
et se dirige à foute vitesse vers celui
qui a parlé.
& Mais non, monsieur, je le jure,
je le pensais pas, lai rien contre les Noirs,
je Suis pas raciste, je voulais juste l’embêter, comme ça,
je voulais même pas insulter. »

C'est peut-être vrai. Peut-être a-t-1l dit ça comme ça, juste pour embêter
son voisin. Mais alors, il y a quand même un gros problème : celui
qui a parlé n’a pas compris quelque chose de très important, il n’a
pas compris la force de la parole, la puissance du langage.
On apprend vite qu’un couteau tranchant se prend par le manche, que les
braises dans le feu se saisissent avec une pince, qu’au volant d’une voiture,
il faut être attentif pour ne pas écraser quelqu'un. Les mots, ils se prennent
aussi avec précaution, dans le bon sens, du bon côté, avec attention.

Luc et Léo

Luc : & Je kiffe trop ce boulot, faudra que jassure g'ave


quand |e vais voir le boss. »

Léo : & Ce travail me passionne ; lors de l'entretien


d'embauche, je ferai de mon mieux. »
Il suffit d'entendre Luc et Léo, pas besoin de les
voir pour imaginer que Léo n’a sûrement pas
un piercing dans le nez, et que Luc ne porte
pas une cravate à rayures.
La parole, ce n’est pas que les mots. Il y a la voix,
l'accent, l’intonation, la vitesse à laquelle on
parle. En écoutant bien, on peut aussi deviner
que Luc est stressé, alors que Léo est décontracté.
Attention ! La parole nous dévoile. La parole est une image sonore,
qui nous montre aux autres, encore mieux qu’une photo.

Le silence qui tue

De loin, Maurice et Mavricette voient une main sortir


de l’eav, puis disparaître, puis ressortir de nouveau.
Mavricette trouve cette nage bizarre, on dirait du dos
crawlé, mais avec un seul bras, elle n’a jamais vu ça.
©
A |
Mavwrice se lève. [| a un doute, il se demande si ce nageur
1& n’est pas en train de se noyer.
& Oh, ef puis zut, les gens n’ont qu'à se baigner dans
fav

un
œ
Li
=
les Zones surveillées, je ne suis pas maître nageur, moi,
ñ
2)
O
ef puis cette histoire ne va m’attirer
O
que des ennuis », pense Maurice
un
[eu
À] en reprenant Ja lecture de son journal.

On espère que des gens comme Maurice


et Mauricette n'existent pas, ce sont
des monstres, on est tous d'accord.
Ils devraient se précipiter dans
l’eau, appeler de l’aide, téléphoner
aux pompiers. Ils ne font rien,
ils n’agissent pas.
Quelquefois, ne pas parler, c’est ne pas agir. Des gens qui gardent le silence,
alors qu’ils soupçonnent des adultes de maltraiter des enfants, sont
comme Maurice et Mauricette. Quelquefois, se taire, c’est comme regarder
quelqu'un en train de se noyer sans rien faire. Le silence peut tuer.

Comment on fait Les bébés ?

& Papa, Papa, comment on fait les bébés ?


— Evh:.. eh bien, evh, euh... ah tiens,
voilà fa maman qui rentre, demande-le-fui.
— Maman, Maman ! Papa, il sait même
pas comment on fait les bébés. Tu sais, toi ?
— Âlors, voyons. Affends une minute, je pose mon manteau
ef je vais me laver les mains... Alors donc, tv me demandais
quoi déjà ? Ah ovi, les bébés. Bon. Mais dis-moi, i| est déjà
19 heures ef fu n’es pas en pyjama ? Vite, au bain ! »

Les adultes ont parfois du mal à trouver les paroles pour répondre
aux questions des enfants. Ils sont gênés, ils ne savent pas quels
mots utiliser, ils ont peur de se tromper.
Et c’est embêtant, car les questions qu’on se pose, si elles restent
coincées dans le silence, on finit par croire qu’elles sont sales,
mauvaises, ou honteuses.

Des tonnes de silence

& || est mort comment, oncle Roger F)


Julien, je te lai dit 100 fois, il est mort d’un arréf cardiaque.
C'est. quoi ?
— Tu le sais, c'est le cœur qui s’arréfe de battre.
— Mais comment ?
— Comme ga, tout d'un coup, c’est frès
rare, mais quelquefois, ça arrive.
— Mais alors, pourquoi oncle Roger était
à Phépital depuis les grandes vacances ?
Si ça arrive d’un coup, les docteurs,
ils ne pouvaient pas le savoir, pourquoi
ils lui ont dit d'aller à hôpital ?
— Écoute, Julien, je ne sais pas;
demande à fon père,il saura peut-être
mieux f’expliquer.
— Mais Papa, il veut pas en parler.
À chaque fois que je lui parle d’oncle
Roger, il ne répond rien, il se fait. »

Julien sent qu’on lui cache quelque


chose sur son oncle qu’il adorait, avec
qui il passait des heures à jouer sur son
circuit de petites voitures. Il sent que sa mère est gênée, et le silence
de son père est bizarre. Ce silence ne quitte pas Julien. Le soir, tout
©
seul dans son lit, Julien imagine plein de réponses : « Oncle Roger
|

SE
a peut-être été tué par des méchants ? Des méchants qui vont venir tuer mon
[as

un
papa aussi. Ou alors, il en avait marre, 1l s'est tué tout seul. Mais alors,
(re
Li pourquoi il n'a pas dit au revoir, il ne m'aimait plus ? Non, c'est pas possible.
Fe
A
>
©
Mais s’il avait une maladie, pourquoi personne ne le dit ® Est-ce qu’il y a
O
2)
des maladies qu'il faut cacher ? Maïs peut-être qu’il est encore vivant, et
Li
==] qu'on va le retrouver ? Oui c'est ça, c'est shrement ça, on va le retrouver »,
se dit Julien en s’endormant enfin.

Quelquefois, le silence pèse des tonnes. On se sent écrasé, et pour


s’en sortir, on n'arrête pas de chercher des réponses, tout le temps,
encore et encore. Mais comme personne ne parle, on ne sait pas
si on a trouvé les bonnes réponses.
Quelquefois, on porte des silences toute sa vie, et toute sa vie, on
cherche, on cherche, et toute sa vie, on se sent lourd, très lourd.
C'est difficile de parler

& Je n’y arriverai jamais, je ne sais pas comment le dire,


c’est horrible, j’ai envie de le dire, je te promets,
mais je ne peux pas, les mots restent coincés, [à, tu vois, là.
— Mais écoute, c’est pas compliqué, tu dis fout simplement
“je t'aime”, ef voila.
— On voif que ce n’est pas foi qui dois le dire, j'aimerais
y voir { » répond Natacha.

Pauvre Natacha, elle est stressée. Mais c’est normal : c’est difficile
de parler. Tout le monde à du mal à parler, même ceux qui ne
le disent pas ! Partir en courant, se cacher, demander aux autres
de parler à sa place, tout cela est bien plus facile que
de parler. Quand on est en colère, claquer une .',
ENS
P'ANRAIR
EINIGE
ENS
porte est plus facile que de s'expliquer avec Ne
des mots. Quand on se sent coupable, s'enfuir est
plus facile que prononcer des mots d’excuse.
Même pour dire des paroles gentilles, on est par-
fois gêné. Parler est difficile, pour tout le monde.

Parler soigne

On a souvent du mal à parler de ses problèmes, à parler de ce qui pèse,


de ce qui rend triste. Quelquefois on a l'impression que si on se tait,
les problèmes vont, eux aussi, se taire. Et on espère qu’à force de
silence, ils seront oubliés.

Sonia allume la lumière en Ouf, ce n’était qu’un


hurlant.
cauchemar. Mais quel cauchemar ! La table de nuit avait
de gros yeux noirs et globuleux, l'armoire fonçait vers
son lit en ouvrant ef en fermant ses portes
à toute vitesse, on aurait dit une chauve-
souris, et le bureau écrasait sauvagement
la chaise.

En allumant la lumière, tout est rentré dans


l’ordre. Les meubles ont repris leur place, Sonia
a bien vu qu'ils n’allaient pas l’attaquer.
Parler, c’est comme allumer la lumière.

& Depuis que j’en ai parlé,


H je me sens mieux,
c'est incroyable. »

On a tous ressenti quelque chose comme ça, après avoir parlé,


après avoir confié des choses à quelqu'un. Bien sûr, ça n’a pas été
facile. Au début, ça fait mal, la tristesse revient avec les mots, ou la
colère, ou l'envie de tout casser. Une douleur se réveille, comme
quand on commence à se triturer le pied pour enlever une épine
©
1
qui s’y est enfoncée. Mais après, on se sent soulagé. La parole sou-
Æ lage, la parole soigne.
[=

2)
œ
Lu
=
A
>)

C'est difficile d'écouter


©
O
un
Li
=

La parole soulage si on choisit bien les gens à qui on parle.

Fa & Je ne [ui parle pas, j'ai frop peur qu’il répète tout. »

La parole se bloque si on n’a pas confiance.

« “Terminé. Je ne lui parle plus de mes problèmes. Dès que


2 Je lui parle de quelque chose qui ne va pas, elle angoisse,
elle ne dort plus, elle a peur pour moi, elle se demande
ce que je vais devenir, et je me sens encore plus mal
qu'avant. »

On n'irait pas chez un docteur qui panique en voyant une blessure,


gémit devant la douleur, s’évanouit à la vue du sang ! La parole
se bloque si celui qui écoute se met complètement à la place de
l’autre : au lieu d'écouter, il souffre aussi. Et celui qui parle finit
par se sentir encore’ plus mal, et coupable même.

& J’arrête de [ui parler, j’ai l’impression qu’il me juge


dès que je [ui confie quelque chose. »

La parole se bloque quand on se sent jugé et critiqué, on n’est plus


libre de parler.
RICE
ANICE
SIMS
IPANPA
EIRE
« Dès que |e Jui confie quelque chose, i| me bombarde
de conseils, i] me dif ce que je devrais faire, fu devrais
Falle/ça, ef ci, eh<ça,releci...r»

Quand on parle, c’est quelquefois simplement pour faire sortir


des choses qui polluent à l’intérieur. Il faut qu’elles sortent,
en paroles, et ça va déjà mieux. Dans ces moments-là, Co: ?
on n’a pas envie d’être assommé de conseils,
on a juste besoin de parler.

Savoir écouter est une grande qualité.

Ça peut aussi être un métier. Il y a


des gens qui vont parler à des psy-
chothérapeutes, à des psychana-
lystes, des hommes et des femmes
dont le métier est d'écouter la parole
des autres.
Encore au téléphone !

« Je ne comprends pas, fu as passé toute la journée


avec fes copains, ef dès que tu rentres, tu leur téléphones.
Et ce soir, vous allez vous envoyer des SMS.
Mais qu'est-ce que vous avez encore à vous dire ?
Et puis de toute façon, ça peut sûrement attendre demain
matin, non ?
vbttecevékee »

Ben non justement, ça ne peut pas attendre demain matin.


Parce que, justement, on n’a rien à se dire. Rien.
Rien du tout, c’est vrai, ma mère a raison. Mais on a quand
même envie de se parler. Tout de suite. Tout le femps.

Bizarre. Les humains se servent du langage pour ne rien dire.


Et alors ? Est-ce que l’on mange uniquement pour se nourrir ? Non,
on déguste aussi un bon gâteau pour le plaisir, rien que pour le plaisir.
Est-ce qu’on boit uniquement quand on a soif ? Non, on savoure
une menthe à l’eau glacée ou un bon chocolat chaud, pour le plaisir,
O
1)
rien que pour le plaisir. Est-ce qu’on doit parler uniquement pour
ss
a
décider, organiser, réfléchir, échanger des opi-
un
œ
Li
nions, convaincre ? Non.
Quel plaisir de parler,
+

A
=)
©
O comme ça, pour rien!
un
Li

Échanger des paroles qui
ne vont nulle part, qui
s’étirent, indéfiniment, molle-
ment. Un plaisir important:
F parler relie aux autres. Et ce
lien, on en a besoin... surtout
quand on sort de l’école et qu’on
se retrouve chez soi, sans les copains.
Tais-toi !

& Mais fu ne vas quand même


pas voter pour lui, il est nul,
s'énerve Jean.
— Pourquoi dis-tv cela ?
Reparde tout ce qu’il a fait,
il a ouvert des crèches,
il a construit des écoles.
répond sa femme.
= Moi, atllecole....dit Grépoire.
— Des écoles, des crèches, ovi, mais les impôts augmentent.
— Moi, à l’école... recommence Grégoire.
C’est vrai, mais c'est normal, il faut de Pargent
pour payer fout ça.
— Moi, à l’école, ils m'ont dit. ERS
PASPARIOIN
ES
TIENNE
—Njais-foi, Grégoire l»

À l'école, ils ont parlé des élections, Grégoire avait quelque chose
à dire là-dessus. Il sent ses yeux se remplir de larmes. Il voudrait dis-
paraître. Ne pas avoir le droit de parler, c’est horrible. C’est comme
si on n'avait pas le droit d'exister, comme si on comptait pour rien.

Floriane est triste. Elle a levé le doigt av moins 20 fois


et le professeur ne l’a jamais inferrogée.
& C’est sûr, i] me déteste », pense Floriane.

Le professeur n’a peut-être simplement pas vu Floriane. Mais Floriane


pense qu'il fait exprès, qu’il lui en veut, qu’il ne s'intéresse pas à elle.
Parce qu’il ne lui a pas donné la parole.
Quand quelqu'un nous donne la parole, quand quelqu'un nous
écoute vraiment, nous nous sentons reconnus, c’est comme s’il nous
disait : « Je l'ai vu, tu existes et tu as de l’importance. » Voilà pourquoi
le droit à la parole est un droit de l’homme et de l'enfant.
Tempête dans la tête

e Le vent souffle très fort, les fevilles des arbres


+ tourbillonnent dans les airs, des nuages lourds ef noirs
C1 À : b
e dévorent les derniers morceaux de ciel bleu.

Quelquefois, dans la tête, c’est pareil. Les mots tourbillonnent, ils s’en-
volent, reviennent, tournent en rond. Et le moindre petit moment
de calme est immédiatement englouti par
des paroles intérieures qui reprennent
de plus belle.
Pas facile de faire le vide dans sa tête, sat
pas facile de faire le silenceà l’intérieur
de soi. Pourtant, on en a besoin. On a
besoin de ce silence, de ce vide pour
tout mettre en ordre. Exactement
comme on a besoin, parfois, que
les autres se taisent, pour réfléchir
©
—1
et se concentrer.
Æ
a

un
Ce
Li
Le droit au silence
=
>
©
O & Je voudrais quand même savoir si fu as un amoureux,
un
Lu
=]
fu ne me parles jamais des garçons, ne fais pas ta petite
cachotftière, allez, dis-moi ! »

Charlène ne répond pas. Silence, pas un mot.


Quand les autres nous envahissent, quand la parole des autres
dérange notre intimité, le silence est une très bonne protection.
On se bat souvent pour avoir la parole, on parle beaucoup
du droit à la parole... mais on devrait aussi demander le droit
au silence.
Un silence qui parle

& Dis, fu aimes ma nouvelle


coiffure ? » demande Julie.
Silence.
& Tu aimes ma nouvelle
coiffure ? » redemande Julie.
Silence.

Le silence est une parole. qui en dit long.

Ici, même Le silence est beau

Encore un effort, un dernier effort !Ef la récompense : Pierre et PANPAIRI


EANIGIE
II
Jeanne sont enfin arrivés au sommet. Quelle vue ! Quel spectacle !
Is sont sous le choc, ils n’ont jamais rien vu d'aussi beau.
Pierre reparde Jeanne, Jeanne reparde Pierre.
Avcun des deux ne parle. Même le silence est beau, ici.

Ils ne parlent pas, ils savourent la vue, en silence. Et puis, quelles


paroles pourraient décrire ce qu’ils ressentent, quelles paroles pour-
raient décrire ce moment magique ?
Les mots ne peuvent pas tout dire. Certaines émotions se vivent
mieux dans le silence.

Raconte encore...

& Tu te souviens, ma Jeanne, quand on esf arrivés


au sommet ? »
Yvan, Justine et Noé se regardent en souriant. [5 ont
vraiment du mal à imaginer
levrs grands-parents en frain
de faire de l'escalade |
« Bien sûr que je m'en
souviens ! Tu m'as pris par
la main ef on a repardé
le paysage, comme ça,
sans rien dire.
— Oui, et on a tellement fardé
qu'on s’est fait prendre par
la nuit.
— Hevreusement que c'était Ja pleine
lune, le foit du refuge brillait, on l’a vu de loin.
— Oh ! Cette nuit dans le refupe, mon Pierrot, jamais
je ne l'oublierai.
— Oh la lala; squellennons
— J'aurais pu assommer ce fype qui ronflaif à faire
trembler les murs. »
Yvan, Justine et Noé adorent cette histoire, ils savent
qu'au petit matin, Papy et Mamy sont repartis, épuisés.
©
— Et qu’il avait neigé toute la nuit, et qu’ils s’enfonçaient
L
a
dans la poudreuse |usqu'aux genoux...
c06beuu
covcoeboebterceuvttocevébtee
c0vbtbtoecorébee
un
œ

Nous avons tous besoin de


Li
Æ
Le)
O
O
raconter les histoires qui nous
un
Lu
arrivent. Une fois, deux fois,
plusieurs fois, encore et

encore. « /ncroyable comme


on se détestait quand on était
enKCP... », «Et ce fou rire
en Mur de géographie, tu te
souviens °», « Allez, raconte-
moi encore comment c'était
quand je suis né».
On a besoin de paroles, on a besoin de se raconter les événements,
le monde, la vie... Un peu comme si c’étaient les paroles qui font
vraiment exister les choses.
Et quand Yvan, Justine et Noé seront vieux, Jeanne et Pierre existe-
ront encore, dans toutes ces paroles qui auront circulé.

La parole du poète et Le silence du sage

La puissance de la parole, nous lutilisons chaque jour, nous créons


notre vie, nous nous créons nous-mêmes, nous construisons
et reconstruisons le monde... et c’est cela la poésie, celle de la vie.
La puissance du silence, on en a besoin, quand les paroles embrouillent
tout, quand elles ne sont plus capables de dire ce que l’on vit.
et c’est cela la vraie sagesse. Savoir parler, savoir se taire. EN
PAROI
ESSTRISENMIC
PAR
ER
se . respectez.… le respect |

©
ro ©
: Ô
É
:
s
envie de rie
|

K7e
Er
+

+
K te
Lo] ü
É (4EN L.
D —_ :EU . géficile
oo. d'écoee,Ute,. Ge, OO,
(1 Le
* Ÿ
es 7 cas N'a
Es | .—

2co à J$1}2 © :
€ —U ,@ G ;
2 & = d
ce GA “>. Lo
À

À Ce %
< |
“Hssngs °° F
:
:

Ln
à o
& <)

.
CAE
ww O
Suye,s SW
à,
a" =
de) U

, e
2
d'e mod 84 | ; à
O
;

NS
42
aN .
y à des s lences mortels
!
chat : Le courage et la peur 21, 22 ;
L'amour et l'amitié 75
chien : Le courage et la peur 21, 22
cinéma : Le succès et l’échec 46-47, 56
cirque : Le succès et l’échec 49
clochard : La parole et le silence 119
coiffeur : La parole et le silence 131
commander : Le courage et la peur
18, 20, 23
agressivité : Le respect et le mépris 89-90 comprendre : La parole et le silence
ami : Le courage et la peur 30-31 ; 118-119
Le succès et l’échec 40, 44, 47-48, 51, concours : Le succès et l’échec 52-53
52-53 confiance : Le courage et la peur 26 ;
amitié : L'amour et l'amitié Le succès et l’échec 43, 48
amour : L'amour et l'amitié courage : Le courage et la peur
antilope : La parole et le silence 114-115 crédule : Le courage et la peur 23, 24
argent : Le courage et la peur 23, 29-30 cuisine : Le succès et l’échec 55, 56 ;
La parole et le silence 117-118

bateau : Le courage et la peur 26


battre (se) : Le courage et la peur 21-22
danger : Le courage et la peur 16, 17, 21
beauté : L'amour et l'amitié 76
découverte : Le succès et l’échec 56
[e] bébé : L'amour et l'amitié 65, 76-77 ;
déménager : L'amour et l'amitié
La parole et le silence 116, 117

a 62-63, 67
A. blouson : Le courage et la peur 28, 32
un Dieu, dieux : Le courage ei la peur 24
bonheur : L'amour et l'amitié 61-62 ;
œ
doudou : L'amour et l'amitié 61 ;
Lu)
Le La parole et le silence 111
ps"
La parole et le silence 116
[e]
U
drogue : Le respect et le mépris 87
n droits de l’homme : La parole
Li
— et le silence 129

cadeau : Le courage et la peur 24


caprice : Le succès et l’échec 39-40
cauchemar : La parole et le silence 125
chambre : Le courage et la peur 17, 20 ;
Le succès et l’échec 56 échec : Le succès et l’échec
changement : Le courage et la peur écouter : La parole et le silence 126-127
28, 29 ; Le succès et l’échec 40 effort : Le succès et l’échec 42
chantage : Le courage et la peur 24 élections : Le courage et la peur 19 ;
chasseur : Le courage et la peur 16, 17 ee
le
Me
ee
1La parole et le silence 129
Su
ne
ee
em
Oo
==
==
mm
mm
=
élève : Le courage et la peur 28 : heureux : Le succès et l’échec 40
Le respect et le mépris 93 honte : Le courage et la peur 19 :
émotion : Le courage et la peur 18, Le succès et l’échec 45
20 ; La parole et le silence 113, 131 hôpital : La parole et le silence 124
énergie : Le courage et la peur 28 : humain, humanité : Le respect
L'amour et l'amitié 65 et le mépris 91, 92, 93, 103-104
ennemi : Le succès et l’échec 48 humiliation : Le respect et le mépris
estime : Le respect et le mépris 106-107 98-99
être : L'amour et l'amitié 81, 82 hypermarché : Le courage et la peur 22
exister : Le courage et la peur 15
explorateur : Le succès et l’échec 57

& S
œ
=
inconnu : Le respect et le mépris 90-91 7
intelligent, intelligence : La parole .
fantôme : Le courage et la peur 23
et le silence 115 ee
faux : Le courage et la peur 23 ; intimité : Le respect et le mépris
L'amour et l'amitié 73-74
5
93-94 ; La parole et le silence 130 a
fête : Le respect et le mépris 98-99
football : L'amour et l'amitié 75-76 ; 2
ée
La parole et le silence 118
force : Le courage et la peur 21 ;
L'amour et l'amitié 78 ; La parole
et le silence 121
jalousie : L'amour et l'amitié 74-75
5
fuir : Le courage et la peur 21 Journal intime : Le respect et le mépris
94-96
justice, juste : Le courage et la peur
2029

gâteau : Le succès et l’échec 55-56


goût : Le succès et l’échec 57
grand-mère : Le courage et la peur
34-35 ; La parole et le silence 131-132
grand-père : Le courage et la peur karaté : Le succès et l’échec 48
34-35 ; La parole et le silence 131-132

lapin : Le respect et le mépris 102-103


handicapé : Le courage et la peur 25 larmes : La parole et le silence 112
herbe : L'amour et l'amitié 61 lion : La parole et le silence 114-115
livre : Le courage et la peur 29, 30
loi : L'amour et l'amitié 66
lumière : Le courage et la peur 17 ; obéir : Le respect et le mépris 88
Le succès et l’échec 42 ordinateur : Le succès et l’échec 56

manipulation : Le courage et la peur penser : La parole et le silence 112,


23-24 113; THIS
mariage : Le courage et la peur 34 ; père : Le courage et la peur 18, 20 ;
La parole et le silence 120-121 Le succès et l’échec 43, 50-51
médecin : Le respect et le mépris 91-92 personnalité : L'amour et l'amitié
meilleur(e) ami(e) : L'amour et 81, 82
l'amitié 62-63, 64, 67, 69, 70, peur : Le courage et la peur ;
74-75 Le succès et l’échec 45 ; La parole
mensonge : Le courage et la peur 24 ; et le silence 112
L'amour et l'amitié 72, 73 piscine : Le courage et la peur 18,
menuisier : L'amour et l'amitié 61 19
mépris : Le respect et le mépris pizza : Le respect et le mépris 98
mère : Le succès et l’échec 51, 52-53, place : Le respect et le mépris 93-94,
54 ; Le respect et le mépris 93-94, 96 96, 97-98, 105-106
métier : Le succès et l’échec 54-55 plaisir : Le courage et la peur 26, 35 ;
©
= monstre : Le courage et la peur 20 La parole et le silence 128
E
[ae
montagne : Le succès et l’échec 51, poésie : Le succès et l’échec 57 ;
un 52-53 ; La parole et le silence 131, 132 La parole et le silence 120, 133
moquerie : Le courage et la peur 34 police : Le courage et la peur 29
[a
Li

mort : Le courage et la peur 15 ; prêtre : Le courage et la peur 24


+

>
[e]
O
L'amour et l'amitié 75-76, 77 ; printemps : La parole et le silence
un La parole et le silence 123-124 119, 120
musique : La parole et le silence 117
Li]
7 prison, prisonnier : Le respect
et le mépris 92
problème : La parole et le silence
126,127
professeur : Le respect et le mépris
97-98
nourriture : Le courage et la peur projets : Le succès et l’échec 45, 47,
26-27 52-53, 55, 57 ; L'amour et l'amitié
noyade : La parole et le silence 69
122-123 promesse : Le respect et le mépris
nuit : Le courage et la peur 16, 17 101-102

mm
----s
=
-------
ss
==
---
souffre-douleur : Le courage
et la peur 31-32
question : La parole et le silence sport : Le courage et la peur 27
123, 124 succès : Le succès et l’échec

racisme : La parole et le silence 121 téléphone portable : Le respect


racket : Le courage et la peur 28-29 et le mépris 94-95 ; La parole
réalité : Le succès et l’échec 41 et le silence 128
règle(s) : L'amour et l'amitié 65-67 télévision : Le courage et la peur
religion : Le courage et la peur 25 29-30 ; Le succès et l’échec 40, 57
rentrée : Le succès et l’échec 56 toboggan : Le courage et la peur 25
respect, respecter : Le courage tolérance : Le respect et le mépris
et la peur 20 ; Le respect et le mépris 100-101
restaurant : Le courage et la peur 26 ; tourisme : Le respect et le mépris
La parole et le silence 111 100-101
rêve : L'amour et l'amitié 79-80 ALPHABÉ
INDEX
rire : Le courage et la peur 34
2 159
vacances : Le succès et l’échec 52-53
4

valeur : Le respect et le mépris 91-92


sagesse : Le respect et le mépris 87 ; vélo : Le succès et l’échec 42-43,
La parole et le silence 133 50-51
sentiment : L'amour et l'amitié 67, victoire : Le courage et la peur 35 ;
68, 69, 70, 71, 77-78 ; La parole Le succès et l’échec 48-49
et le silence 120 vie, vivre : La parole et le silence 133
serment : L'amour et l'amitié 69 violence : Le courage et la peur 22 ;
silence : La parole et le silence L'amour et l'amitié 77-78 ; Le respect
sincère, sincérité : L'amour et l'amitié et le mépris 99, 104
70-71 voisin : Le courage et la peur 19, 28
ski : Le courage et la peur 16 vol, voleur : Le courage et la peur
soi : Le courage et la peur 25-26, 28, 26,31
30, 31 ; Le succès et l’échec 47, 50, 52, voyage : Le courage et la peur 26
53 ; L'amour et l'amitié 81, 82, 83 ; vrai, vérité : Le courage et la peur 23 ;
Le respect et le mépris 101-102, 103 Le succès et l’échec 48 ; L'amour
soigner : La parole et le silence 126, et l'amitié 73, 80 ; Le respect
127 et le mépris 88-89
Fe
L]
L2
.
L2
e
.

lecétecs
covsbtessceri

TOME 1 TOME 2
® LA VIE ET LA MORT ® LA JUSTICE ET L’'INJUSTICE
@ LES DIEUX ET DIEU @ LA GUERRE ET LA PAIX
® LE BONHEUR ET LE MALHEUR ® LA VIOLENCE ET LA NON-VIOLENCE
® LE BIEN ET LE MAL ® LA FIERTÉ ET LA HONTE
® LIBRE ET PAS LIBRE ® LE TRAVAIL ET L'ARGENT

TOME 3 TOME 4
© PRENDRE SON TEMPS © LES CHEFS ET LES AUTRES
ET PERDRE SON TEMPS ® POUR DE VRAI ET POUR DE FAUX
® LES GARÇONS ET LES FILLES © LES PETITS ET LES GRANDS
® LE RIRE ET LES LARMES ®@ CE QU'ON SAIT
® LA BEAUTE ET LA LAIDEUR ET CE QU'ON NE SAIT PAS
© L'ÊTRE ET L'APPARENCE ® LA NATURE ET LA POLLUTION
© 2006 Éditions MILAN
300, rue Léon-Joulin, 31101 Toulouse Cedex 9, France
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous les pays.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite. Une copie ou reproduction
par quelque procédé que ce soit, photographie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre,
constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957
sur la protection des droits d’auteur.
Loi 49.956 du 16.07.1949
Dépôt légal : septembre 2006
ISBN (10) : 2-7459-2340-4 - ISBN (13) : 978-2-7459-2340-0
Imprimé en Espagne
Les Goûters Philo
permettent aux enfants, dès Page de 8 ans,
de réfléchir et d’'approfondir.les questions
imporfantes:qu’ifs se posent.
Vérifables boîtes à outils, ces fivres, faciles à lire
et drêles, les aideront à s’éveiller aux idées.

Dans ce Tome 5 :
Le courage et la peur
Le succès et l'échec
L'amour ef l'amitié
Le respect ef [le mépris
La parole ef le silence

www.edifionsmilan.com

Vous aimerez peut-être aussi