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République Algérienne Démocratique et Populaire Université A.

Mira Béjaia
Faculté des Science Exactes Département d’informatique

Exposé du module
Interaction Homme Machine

Typologie et modélisation cognitve de


l’opérateur : Théorie de l’action

Etudiants :
BOUKEMMOUCHE Billal
BOUHROUD Haroun
Department D’informatique
Université de Béjaia

Superviseur : prof. KIHAL

Année Universitaire : 2023/2024


Table des matières
1 Introduction 3

2 Typologie de l’opérateur 4
2.1 Historique et évolution de la psycologie relative à l’informatique . . . . . . . . . 4
2.2 Définition de la typologie de l’opérateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.3 Critère de classification de l’opérateur humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.4 Objectif et but de la Typologie de l’opérateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3 Modélisation Cognitive des Opérateurs dans les Interfaces Utilisateurs 9


3.1 Définition de la Modélisation Cognitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.2 Analyser les processus cognitifs pour améliorer l’interaction homme-machine . . 9
3.3 Dimensions des modèles cognitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.3.1 Génératif par rapport à Descriptif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.3.2 Généralité par rapport au Réalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

4 Conclusion 15
15

1
Table des figures
Organisation du système homme-machine .....................................................................3
Représentation de l’évolution de la typologie cognitive...................................................4
Représentation des différentes classes d’appartenance de l’opérateur humain.............. ..7
Schéma global de l’interaction homme/machine..............................................................10
Représentation d’un système cognitif .............................................................................13
Architecture générale du modèle cosmodrive .................................................................13

2
1 Introduction
Le système homme-machine constitue le concept de base de la théorie ergonomique (figure
A), il circonscrit l’objet de l’analyse ergonomique. La définition des caractéristiques du système
homme-machine est essentielle dans l’analyse du travail :
— l’homme et ses caractéristiques physiques, psychologiques, cognitives, socioprofession-
nelles (niveau de qualification), etc. ;
— la machine (matérielle ou immatérielle) et ses caractéristiques en termes d’interface, de
modes de fonctionnement, de niveau d’automatisation, de fiabilité, etc. D’autres éléments es-
sentiels et/ou contextuels sont pris en compte : l’organisation du travail, les différents supports
d’interaction homme-machine (procédures, interfaces, etc.), les moyens de communication, etc.
L’ergonomie, et plus précisément l’analyse du travail, a pour objet d’étude les interrelations et
les interactions contextuées entre les deux composantes du système homme-machine. La docu-
mentation opérationnelle et les procédures définissent les règles et les modalités d’interaction,
et donc le cadre de ces interactions, et en délimite le champ. Pour l’ergonome, il s’agit de pres-
criptions souvent élaborées par le service des méthodes à partir de la documentation technique
du constructeur, il a donc pour objectif d’identifier les résultats de l’application de ces pres-
criptions dans un contexte opérationnel fluctuant (aléas, incidents, pannes, etc.), d’identifier
les tactiques et les stratégies de l’opérateur pour arriver à produire en gérant l’ensemble des
aléas. L’analyse vise donc à mettre en évidence ce travail dit réel, que l’ergonome confronte aux
prescriptions : on parle alors de la mesure de l’écart.

3
2 Typologie de l’opérateur
2.1 Historique et évolution de la psycologie relative à l’informatique
L’histoire de la typologie cognitive de l’opérateur est une exploration fascinante des trans-
formations dans notre compréhension et notre perception du rôle de l’opérateur dans des envi-
ronnements complexes et technologiques. Au fil du temps, cette typologie a évolué en réponse
aux avancées technologiques, à la psychologie cognitive et à l’ergonomie. Dans cet exposé,
nous allons retracer cette évolution depuis ses débuts jusqu’à nos jours. Cette typologie est
désormais considérée comme un sous-domaine cohérent de l’informatique. Dans les années
soixante, seuls quelques chercheurs explorent la psychologie de l’utilisateur d’ordinateur. Au
cours de la décennie des années soixante-dix, le nombre de chercheurs s’aventurant dans ce
domaine difficile a commencé à augmenter. Suite à l’évolution qu’a subie cette psychologie, elle
est donc maintenant considérée comme un champ d’étude distinct.
En 1956, il arrivait que des informaticiens rencontrent et discutent avec des psychologues.
Entre 1960 et 2000, peu d’informaticiens apprennent ou utilisent des notions de psychologie
même s’il y a quelques exceptions comme les concepteurs d’interfaces homme-machine (Collet,
Finkel Gherbi, 1998) et les ergonomes qui s’intéressent à la psychologie de l’attention et de la
mémoire. Pour les chercheurs, il n’était pas facile d’expérimenter des interfaces homme-machine
pour analyser l’interaction,vu les prix des applications,elle était réserver qu’aux militaires et à
quelques autres
Aujourd’hui même si les cursus des étudiants ont encore peu évolué, une nouvelle réalité
s’impose. Le marché des doctorats, des ingénieurs, des digital designers, des concepteurs d’inter-
faces web recherchent des informaticiens avec des connaissances psychologiques et inversement.
Nombre d’annonces recherchent des psychologues sachant programmer en Python, ou des pro-
grammeurs ayant des notions de psychologie

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2.2 Définition de la typologie de l’opérateur
L’opérateur humain est relativement stable du point de vue de ses caractéristiques in-
trinsèques mais il subit des évolutions non négligeables induites par l’élévation du niveau de vie
et par l’environnement technologique. Ces caractéristiques doivent être prises en compte dans
la conception des outils et des dispositifs techniques.
Du point de vue des caractéristiques psychocognitives, le travail à dominante mentale est une
réalité forte. Cela a pour premiére conséquence une sollicitation cognitive croissante : il s’agit
pour l’opérateur de suivre l’évolution de son process industriel à travers des représentations
dynamiques des états du dispositif technique. , les futurs opérateurs acquiérent des schémes
mentaux les familiarisant avec la conduite de dispositifs informatisés, automatisés, à travers
des interfaces hommemachine (IHM) présentant, et représentant, une réalité souvent complexe
et dynamique
Elle est un concept fondamental dans le domaine de l’informatique, de l’ergonomie et de
la psychologie cognitive. Cette typologie vise à comprendre les compétences cognitives, les
processus mentaux et les caractéristiques individuelles des utilisateurs qui interagissent avec des
systèmes informatiques. Elle joue un rôle essentiel dans la conception d’interfaces utilisateur
conviviales et efficaces
La Typologie Cognitive de l’Opérateur en IHM peut être définie comme l’étude et la clas-
sification des compétences cognitives, des processus mentaux, des comportements, et des ca-
ractéristiques individuelles des utilisateurs qui interagissent avec des systèmes informatiques et
des interfaces utilisateur. Cette typologie a pour objectif de mieux comprendre comment les uti-
lisateurs traitent l’information, prennent des décisions, résolvent des problèmes, et s’adaptent
aux environnements numériques.

2.3 Critère de classification de l’opérateur humain


La représentation mentale est un concept spécifique à notre domaine d’application. En effet,
par définition, l’opérateur n’a pas accès directement à l’environnement esclave. Il doit donc se
faire une image de la scène de travail à partir des informations présentes au niveau de l’interface
homme-machine. Et par conséquent, plus l’image est proche de la réalité, plus l’utilisateur aura
des facilités à accomplir sa tâche. Dans le cadre d’une interface homme-machine adaptative,
l’intérêt de placer l’utilisateur dans une des catégories du classement (novice, moyen ou expert)
est de lui fournir les informations pertinentes par rapport à son niveau. Ainsi, toute mauvaise
estimation de la classe d’appartenance peut causer des risques d’énervement et de stress si l’aide
apporte plus d’éléments que nécessaire mais aussi des dangers si ce phénomène est inversé.Ce
problème oblige alors la personne inexpérimentée à utiliser une interface où toutes les acti-
vités sont clairement affichées pour lui permettre d’être dirigé à travers les différentes étapes
nécessaires à un travail productif.
Chaque utilisateur a ses particularités qui le diffèrent des autres. Il faut donc prendre en
compte ses différences individuelles pour améliorer l’interaction homme-machine et son adap-
tativité. Un opérateur peut être classé selon de nombreux critères évolutifs qui peuvent être
répartis en quatre classes :
1 ère classe : Connaissance
Parmi les critères que l’on prend en compte pour caractériser un utilisateur, nous trouvons
la connaissance du système. L’utilisateur peut être novice, moyen ou expert. C’est justement
cela qui va évoluer avec l’apprentissage de l’opérateur. La connaissance en informatique est
aussi analysée. Trois stades sont présents : Informaticien, Bureautique ou aucune. Ce critère

5
devra logiquement évoluer rapidement et influer sur l’apprentissage. Enfin nous trouvons la
connaissance dans le domaine de la mission. On teste à ce niveau les connaissances de l’opérateur
sur l’environnement de travail, sur son ancienneté sur le système. L’utilisateur sera classifié en
expert, connaissance générale ou aucune.
Ces critères sont quantifiés de la façon suivante. En ce qui concerne les connaissances en
informatique et dans le domaine de la mission, elles sont déduites du questionnaire fourni avant
la première utilisation du système (pour l’informatique) et avant la première réalisation d’une
nouvelle mission (pour le domaine). Enfin pour la connaissance du système, elle dépend tout
d’abord du nombre d’erreurs réalisées au cours de la dernière mission mais aussi du nombre
de demande d’accès au module d’aide du système. Elle correspond en fait au critère principal
pour réaliser le concept d’adaptativité de l’interface.
2éme classe : Condition physique
Elle peut-être bonne, moyenne ou mauvaise. Elle dépend tout d’abord de l’âge de l’opérateur.
Car le vieillissement de l’organisme implique tout d’abord une diminution du nombre de neu-
rones (problèmes d’audition de sons aigus), mais aussi une rigidification (problèmes au niveau
cardio-vasculaire, articulatoire et visuel) et enfin une baisse des défenses immunitaires. On peut
aussi constater une baisse de la capacité de mémorisation à court terme.
Enfin, la durée écoulée depuis qu’il s’est connecté sera prépondérant. Un nombre trop im-
portant d’heures risque de diminuer le potentiel de vigilance de l’opérateur et de le mettre dans
une situation de routine.
Ce critère est quantifié de la façon suivante. L’opérateur donne déjà son avis sur sa condition
physique actuelle au niveau du questionnaire. De plus, son appartenance à ces différentes classes
se modifiera selon le nombre d’heures passées sur le système.
3éme classe : Charge de travail mentale
Elle peut-être bonne, moyenne ou mauvaise. Elle dépend du stress (bon et mauvais). En
effet, le stress peut tout d’abord apporter une amélioration des capacités psychiques et fait
donc office de stimulant mais il est de courte durée. Cela correspond au ≪ bon stress ≫. Du
côté opposé, il pénalise toutes activités de réflexion et empêche le cerveau de travailler de façon
normale. Il faut donc pouvoir déterminer le niveau de stress de l’opérateur
Un autre critère inhérent à la charge de travail est l’environnement de travail. Car un bruit
résiduel ou une atmosphère saturée d’une odeur implique une baisse de la vigilance et de la
concentration. Enfin nous trouvons tout comme pour la charge de travail physique la durée
écoulée depuis qu’il s’est connecté.
Ce critère est quantifié de la façon suivante. Tout d’abord, l’opérateur évalue sa propre charge
mentale à partir du panel de questions proposées. Ensuite, le système va générer aléatoirement
l’apparition d’une icône au niveau de l’interface. Il enregistrera alors le temps mis pour cliquer
dessus. Plus le temps sera long, plus le système considérera que l’opérateur est en surcharge et
s’adaptera en conséquence.
4éme classe : Critères spécifiques
Deux critères spécifiques sont également utilisés :
• La périodicité d’utilisation.
• La capacité d’évolution.
En effet, il faut aussi prendre en compte les caractéristiques propres de l’opérateur. Nous
avons tout d’abord sa capacité d’évolution : cela consiste à comparer sa capacité d’apprentissage
et de compréhension avec celle d’un opérateur standard qui a comme évolution la moyenne de
tous les utilisateurs du système. Le deuxième critère considère le temps passé entre deux utilisa-
tions. On observe que 1’ augmentation de la durée implique une perte croissante d’informations

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sur les différents moyens de contrôle de l’interface.

2.4 Objectif et but de la Typologie de l’opérateur


Comprendre les capacités cognitives des utilisateurs :
L’un des objectifs majeurs de la typologie cognitive de l’opérateur est de comprendre les
capacités cognitives des utilisateurs. Cela inclut l’analyse de la mémoire, de l’attention, de la
perception, de la résolution de problèmes, de la prise de décisi on et d’autres aspects cognitifs. En
comprenant ces capacités, les concepteurs d’IHM peuvent créer des interfaces qui correspondent

7
aux processus mentaux naturels des utilisateurs, ce qui facilite leur utilisation

Minimiser la charge cognitive :


Objectif clé est de minimiser la charge cognitive imposée aux utilisateurs lors de l’utilisation
d’une IHM. Trop de charge cognitive peut entraı̂ner des erreurs, des retards et une diminution de
la satisfaction de l’utilisateur. La typologie cognitive vise à concevoir des interfaces conviviales
qui réduisent la charge cognitive en présentant l’information de manière claire et en simplifiant
les tâches complexes.

Optimiser la performance :
La typologie cognitive vise à optimiser la performance des utilisateurs en concevant des
IHM efficaces. Cela signifie minimiser le temps nécessaire pour accomplir des tâches, réduire
les erreurs et maximiser l’efficacité globale de l’interaction utilisateur-système. L’objectif est
de créer des IHM qui permettent aux utilisateurs d’accomplir leurs tâches de manière fluide et
efficace.

Personnaliser les interfaces :


Un autre but important est la personnalisation des interfaces en fonction des profils cognitifs
des utilisateurs. Chaque individu a des capacités cognitives différentes, et les IHM peuvent être
adaptées pour répondre aux besoins spécifiques de chaque utilisateur. Cette personnalisation
peut améliorer l’efficacité de l’interaction.

Favoriser l’apprentissage et l’adaptation :


La typologie cognitive cherche à favoriser l’apprentissage et l’adaptation des utilisateurs
aux nouvelles interfaces. Les utilisateurs doivent être en mesure d’apprendre rapidement à
utiliser de nouveaux systèmes. Cela implique la conception d’IHM intuitives qui permettent
aux utilisateurs de s’adapter rapidement aux nouvelles technologies

Promouvoir une expérience utilisateur positive :


En fin de compte, l’objectif ultime de la typologie cognitive de l’opérateur en IHM est de
promouvoir une expérience utilisateur positive. Cela signifie que les utilisateurs doivent trouver
l’interaction avec les systèmes informatiques agréable, efficace et sans stress. Des IHM bien
conçues contribuent à une meilleure satisfaction de l’utilisateur.
La typologie cognitive de l’opérateur en IHM vise à améliorer l’interaction entre les utilisa-
teurs et les systèmes informatiques en comprenant les capacités cognitives des utilisateurs, en
minimisant la charge cognitive, en optimisant la performance, en personnalisant les interfaces,
en favorisant l’apprentissage et en offrant une expérience utilisateur positive. Grâce à ces ob-
jectifs et buts, elle contribue à créer des interfaces conviviales et efficaces qui répondent aux
besoins des utilisateurs.
J’ai essayé de montrer que la psychologie numérique va très vite s’imposer et qu’il est donc
important pour les psychologues de comprendre la pensée informatique afin d’anticiper et d’in-
fluer sur cette révolution.J’ai également présenté la Typlogie cognitive,qui est une classification
des utilisateurs selon plusieurs critéres vu dans ce chapitre.Vu la demande et l’évolution de
cette approche,il est alors possible de crée un nouveau cursus de psycho-informaticien dans
lequel les étudiants apprendraient des notions de psychologie en même temps que des notions
d’informatique

8
3 Modélisation Cognitive des Opérateurs dans les Inter-
faces Utilisateurs
Les interfaces utilisateur jouent un rôle central dans de nombreuses technologies modernes,
des applications informatiques aux systèmes embarqués, en passant par les sites web et les
appareils mobiles. La qualité de l’interaction entre un utilisateur et une interface peut avoir un
impact significatif sur l’efficacité, la convivialité et l’expérience de l’utilisateur.
La modélisation cognitive permet de décomposer ces processus cognitifs en éléments exploi-
tables, ce qui facilite la conception d’interfaces plus adaptées aux utilisateurs. En comprenant
comment les utilisateurs perçoivent, traitent et réagissent à l’information, les concepteurs d’in-
terfaces peuvent créer des systèmes qui minimisent la charge cognitive, réduisent les erreurs et
améliorent l’efficacité.

3.1 Définition de la Modélisation Cognitive


La modélisation cognitive est une forme d’analyse des tâches et, en tant que telle, elle est
adaptée à de nombreux domaines et aspects de l’ergonomie. Cependant, le contrôle offert par
l’environnement informatique, dans lequel la plupart des dimensions du comportement peuvent
être facilement et précisément mesurées, en a fait la cible principale des modélisateurs en inter-
action homme-machine (IHM). À mesure que les techniques de modélisation deviennent plus
puissantes et que les ordinateurs se répandent davantage, la modélisation cognitive s’étendra à
d’autres domaines de l’ergonomie.
Un autre aspect essentiel de la modélisation cognitive est sa capacité à concevoir des inter-
faces et des systèmes qui s’alignent avec les capacités et les limites cognitives des utilisateurs.
Elle tente d’optimiser l’ergonomie des produits en prenant en compte des facteurs tels que la
charge cognitive, l’attention, la perception, la mémorisation, et d’autres processus cognitifs clés.
En conséquence, la modélisation cognitive se positionne comme un pont entre la compréhension
des facultés cognitives humaines et la conception d’interfaces utilisateur efficaces, avec pour ob-
jectif ultime d’améliorer l’expérience des utilisateurs et les performances dans divers contextes
technologiques.

3.2 Analyser les processus cognitifs pour améliorer l’interaction homme-


machine
Une question clé dans le développement de modèles optimaux d’interface homme-machine
(IHM) réside dans la disponibilité d’une stratégie d’analyse du travail capable de soutenir le
travail théorique et de simulation avec des méthodes appropriées de collecte de données et
d’évaluation de la validité des modèles théoriques. Le problème consiste à réaliser une analyse
solide de l’environnement de travail et à en extraire les informations nécessaires. En particulier,
les questions d’analyse du travail qui intéressent la simulation d’IHM sont liées aux aspects
dynamiques de l’interaction, aux facteurs influençant la prise de décision, aux différences indi-
viduelles et aux aspects distribués/collectifs du contrôle des systèmes. ref1

9
Il existe dans la littérature plusieurs rapports de données sur le terrain obtenus en appliquant
des méthodologies bien établies de ”Conception Expérimentale” dans le cadre d’approches
classiques en psychologie expérimentale. Les méthodes qui revêtent un intérêt particulier pour
le sujet de cet article peuvent être classées en deux groupes :
1- L’analyse des protocoles verbaux et des communications verbales entre les opérateurs de
systèmes de production complexes pendant les sessions de formation ainsi que lors de la gestion
réelle des installations.
2- L’étude d’expériences en pratique sur des éléments moins spécialisés à l’aide de spécimens
génériques de sujets.
Le premier type d’expérience concerne l’analyse de l’environnement de travail réel et vise
à identifier les caractéristiques spéciales du comportement cognitif d’une catégorie bien définie
de personnes travaillant sur des tâches complexes. Le deuxième type d’expérience aborde le
problème de l’existence de principes généraux de conservation du comportement, qui ne sont
pas spécifiques à une catégorie de personnes, mais qui peuvent s’appliquer à tout être humain
dans la vie quotidienne.
L’application des communications verbales en tant que méthodologie majeure pour analy-
ser les comportements cognitifs repose sur l’idée que les processus cognitifs qui génèrent les
verbalisations sont ”un sous-ensemble des processus cognitifs qui génèrent n’importe quel type
de réponse enregistrable ou de comportement”. Par conséquent, on chercherait une description

10
mécanique et complète des processus de comportement verbal de la même manière que pour
d’autres types de comportements, sans accepter d’explications magiques ou privilégiées pour
les verbalisations.
L’analyse des protocoles verbaux est une méthodologie courante, avec plusieurs exemples
dans la littérature pour l’étude de nombreux domaines de travail. Elle a été particulièrement
utile pour comprendre les opérations complexes de contrôle des réacteurs nucléaires, où des
enjeux importants liés à l’IHM ont été combinés avec des études empiriques basées sur les
communications verbales.
L’élément le plus important des expériences réside dans la possibilité de développer, dans des
conditions contrôlées et reproductibles, une technique puissante pour étudier les mécanismes
sous-jacents contrôlant le comportement humain. Par exemple, une investigation récente a
montré que ”le système cognitif est disposé à sélectionner des réponses contextuellement ap-
propriées et fréquentes dans des situations d’underspécification, et que cette tendance confère
une forme prévisible à une grande variété d’erreurs”.

3.3 Dimensions des modèles cognitifs


Les modèles que nous avons décrits sont des points dans un espace beaucoup plus vaste. En
général, un modèle représente ou symbolise simplement un système naturel que, pour une raison
quelconque, nous ne sommes pas en mesure d’étudier directement. De nombreux modèles psy-
chologiques, par exemple, sont des fonctions mathématiques, comme les fonctions de rétention
de la mémoire ou les équations de régression. Ils permettent des prédictions quantitatives
précises mais sont opaques qualitativement en ce sens qu’ils ne fournissent aucune analyse
de ce qui se cache derrière le comportement qu’ils décrivent.
Nous nous sommes concentrés sur des modèles caractérisant les processus cognitifs impliqués
dans le comportement interactif. Les modèles de processus peuvent faire des prédictions quan-
titatives.

3.3.1 Génératif par rapport à Descriptif


Deux de nos modèles d’exemple sont génératifs et un est descriptif. Les modèles d’erreur
de post-complétion et d’indexation épisodique génèrent en réalité un comportement simulant
celui des sujets humains. Les modèles génératifs sont implémentés sous forme de programmes
informatiques exécutables (c’est pourquoi on les appelle souvent des modèles cognitifs compu-
tationnels) qui prennent les mêmes entrées et génèrent les mêmes sorties que les personnes.
Les modèles génératifs présentent plusieurs avantages. Ils incluent tout d’abord la preuve
de suffisance. L’exécution du modèle prouve que les mécanismes et les connaissances qu’il
représente sont suffisants pour générer le comportement cible. Une fois la suffisance établie,
l’évaluation peut se déplacer, par exemple, pour déterminer si les connaissances et les mécanismes
du modèle sont cognitivement plausibles.

3.3.2 Généralité par rapport au Réalisme


Les modèles varient dans leur préoccupation pour la généralité par rapport au réalisme. La
généralité est le degré auquel un modèle offre des implications théoriques qui vont au-delà du
domaine du modèle. Le réalisme, en revanche, est le degré auquel le comportement modélisé
correspond au comportement interactif réel d’un opérateur particulier effectuant une tâche
donnée.

11
Le projet Ernestine a montré un réalisme élevé en ce sens que chaque modèle rend compte
du comportement pour une tâche unitaire entière, c’est-à-dire un appel téléphonique d’une
catégorie d’appels particulière pour un poste de travail spécifique. Ces modèles n’étaient pas
généraux dans la mesure où il serait difficile de les appliquer à une tâche autre que celle
modélisée. Par exemple, ils ne pourraient pas être appliqués pour modéliser la performance
d’un distributeur automatique de billets (DAB). En effet, les modèles existants s’appliquent
uniquement à un ensemble particulier de catégories d’appels. Si une autre catégorie d’appels
devait être modélisée, un autre modèle devrait être construit.
Exemple d’un modèle de simulation cognitive de l’opérateur : Le modèle COS-
MODRIVE ref2
la conduite automobile, Université Gustave Eiffel, 30≫
Le modèle COSMODRIVE se fonde sur des données empiriques issues de l’analyse de l’ac-
tivité en situation réelle de conduite. Les données recueillies portent plus spécifiquement sur
l’activité de tourne-à-gauche dans une intersection urbaine. Deux séries d’observations ont été
réalisées : une série d’observations sur site (hors véhicule) et une série d’observations embarquées
(à bord d’un véhicule expérimental équipé de moyens d’acquisition vidéo).
Les observations embarquées étaient suivies d’entretiens réalisés auprès des conducteurs. Il
s’agissait pour nous, à partir des enregistrements vidéos effectués lors de la tâche de conduite
(auto-confrontation), d’inciter les conducteurs à expliciter leurs actes, leurs décisions, les stratégies
utilisées pour la régulation de leurs interactions avec les autres usagers, etc. L’objectif était, à
ce niveau, d’analyser les connaissances et les mécanismes cognitifs impliqués, en vue de définir
les formalismes adéquats pour en permettre la simulation informatique.
Architecture générale du modèle Du point de vue de son architecture générale, COS-
MODRIVE est constitué de différents modules susceptibles de fonctionner en parallèle : chaque
module est spécialisé dans la simulation d’une partie des activités mentales du conducteur.
À cette fin, il intègre des connaissances et des procédures de raisonnement spécifiques, et il
coopère avec les autres modules en vue de simuler l’activité globale du système cognitif hu-
main. Les modes d’interaction entre les modules (et, au-delà, entre les traitements qu’ils sup-
portent respectivement) sont de trois types différents. Il s’agit soit d’échanges de données via
un mécanisme de lecture / écriture (certains processus lisent / écrivent dans les espaces de
stockage des autres modules), soit de procédures de paramétrage (modification des paramètres
de fonctionnement des processus récepteurs), soit d’envois de ≪ messages ≫ susceptibles de
modifier l’activité des traitements (e.g. activation / inhibition de processus, modification de
stratégie de raisonnement). Les ≪ entrées ≫ du modèle proviennent des informations prélevées
dans la scène routière et traitées par le module Perception. Les ≪ sorties ≫ du modèle corres-
pondent aux comportements du conducteur. Il pourra s’agir soit d’actions sensori-motrices en
direction des organes de commande du véhicule (module Exécution), soit de comportements
d’exploration perceptive (e.g. stratégies visuelles déployées par le module Perception). En fili-
grane de cette décomposition modulaire, COSMODRIVE repose sur une architecture cognitive
qui distingue 2 types de structures de stockage et de traitement de l’information (figure 1) :
(a) la Mémoire à Long Terme (MLT ; structure de stockage permanent), implémentée sous la
forme de Bases de Connaissances contenant le savoir et le savoir-faire du conducteur, et (b) la
Mémoire de Travail (structure de stockage transitoire) implémentée sous la forme de Tableaux
Noirs, dans laquelle sont élaborées des représentations circonstancielles. Un certain nombre de
processus (ou Agents) cognitifs interviennent dans l’activation (recouvrement) et l’acquisition
des connaissances en MLT, la recherche et l’intégration de données perceptives, la mise en
oeuvre de raisonnements et la gestion des ressources.

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D’une façon plus détaillée (figure 2), l’architecture de COSMODRIVE s’inscrit dans la
continuité des travaux de Van der Molen Bötticher (1988). Le modèle distingue en effet (1) un
Module Stratégique, (2) un Module Tactique, (3) un Module Opérationnel et (4) un Module
Gestion d’Urgences (ces deux derniers modules étant confondus dans le modèle hiérarchique du
risque). Trois autres modules (implicites chez Van der Molen et Bötticher) viennent compléter
cette ossature de base. Il s’agit des modules (5) Perception, (6) Exécution et (7) Contrôle et
Gestion.

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1. Module Stratégique :
•Responsable de la planification de l’itinéraire et de la navigation.
•Intègre des contraintes globales et des objectifs généraux.
•Peut modifier l’itinéraire en cours de route.
2. Module Tactique :
•Génère des représentations internes de l’environnement routier.
•Prend des décisions concernant les actions de conduite.
•Utilise la catégorisation et la reconnaissance de l’environnement.
3. Module Opérationnel :
•Composé d’unités opérationnelles spécialisées.
•Réalise des tâches élémentaires de conduite (contrôle latéral, vitesse, distances inter-véhiculaires).
•Détecte les risques d’accidents et réagit en conséquence.
4. Module Gestion d’Urgences :
•Actif en cas de situation de conduite critique.
•Prend en charge le contrôle de l’activité de conduite.
•Résout les problèmes détectés en activant des réactions d’urgence.
5. Module Exécution :
•Impliqué dans la réalisation des actions de conduite planifiées.
•Manipule les commandes du véhicule.
•Interagit avec l’environnement.
6. Module Perception :
•Interface entre l’environnement routier et le modèle.
•Traite les données sensorielles.
•Gère les requêtes perceptives des processus cognitifs.
7. Module Contrôle et Gestion :
•Alloue les ressources attentionnelles entre les processus cognitifs.
Ces modules travaillent ensemble pour permettre au système COSMODRIVE de prendre
des décisions en matière de conduite automobile, en planifiant, en exécutant et en réagissant
aux situations de conduite de manière coordonnée.

En conclusion de ce chapitre sur la ”Modélisation Cognitive des Opérateurs dans les Inter-
faces Utilisateurs” dans le cadre du projet ”Typologie et modélisation cognitive de l’opérateur :
théorie de l’action”, nous pouvons retenir les points clés suivants :
•La modélisation cognitive est une approche essentielle pour comprendre les interactions
entre l’homme et la machine. Elle permet de représenter et d’analyser les processus mentaux
des opérateurs lorsqu’ils interagissent avec des interfaces utilisateur.
•Ce chapitre nous a fourni une définition de la modélisation cognitive et a mis en évidence
son rôle crucial dans la compréhension des processus cognitifs impliqués dans l’interaction
homme-machine.
•Nous avons exploré les différentes dimensions des modèles cognitifs, notamment leur ca-
ractère génératif ou descriptif, ainsi que leur niveau de généricité ou de réalisme. Ces dimensions
nous aident à classifier et à évaluer les modèles cognitifs.
•Enfin, un exemple concret de modèle de simulation cognitive, le modèle COSMODRIVE, a

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été présenté. Il nous a permis de mieux comprendre comment les modèles cognitifs peuvent si-
muler les processus cognitifs des opérateurs dans des scénarios réels, en l’occurrence, la conduite.

4 Conclusion
Ce projet a été une exploration approfondie et enrichissante des concepts fondamentaux
liés à la typologie de l’opérateur et à la modélisation cognitive dans le contexte de l’interaction
homme-machine. En traversant les deux chapitres clés, nous avons plongé dans l’univers com-
plexe des opérateurs et de leurs interactions avec les interfaces utilisateur, tout en abordant les
aspects historiques, évolutifs et théoriques de ces domaines.
En combinant la typologie de l’opérateur avec la modélisation cognitive, ce projet a offert
un aperçu complet de la diversité des opérateurs et des façons de concevoir des interfaces
utilisateur qui sont non seulement efficaces sur le plan technique, mais aussi adaptées aux
spécificités cognitives et comportementales des utilisateurs.
En conclusion, ce projet a renforcé notre compréhension de l’interaction homme-machine
sous l’angle de la diversité des opérateurs et des processus mentaux qui les sous-tendent. Il a
souligné l’importance cruciale de concevoir des interfaces utilisateur intuitives et ergonomiques,
en tenant compte des différentes typologies d’opérateurs. Cette compréhension approfondie
jettera les bases de futures recherches et développements visant à améliorer encore davantage
l’expérience utilisateur dans le monde numérique en constante évolution.

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Références
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[2] Thierry Bellet. ResearchGate. Disponible sur https ://www.researchgate.net/publication/242182916-


Modelisation-et-simulation-cognitive-de l’operateur-humain-une-application-a-la-conduite-
automobile

[3] P. C. Cacciabue et J. Kjaer-Hansen. chapitre 2 : MODELLING MAN-MACHINE INTER-


ACTION, COGNITIVE MODELLING AND HUMAN-MACHINE INTERACTIONS IN
DYNAMIC ENVIRONMENTS.presses universitaires de France,10-01-2016.

[4] FABRICE VIENNE (1999).CONCEPTION ET REALISATION D’UNE INTERFACE


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[5] Jonathan DENIEL ( 2019).Conscience du risque et automatisation de la conduite : De


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[6] Alain FINKEL.L’analyse cognitive, la psychologie numérique et la formation des enseignants


à l’université.ENS Paris Saclay

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