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2012/2013

FISCALITE INTERNATIONALE - F TURQ

DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES

Ce dossier comporte :
- un arrêt de la cour dʼappel de Paris relatif au contrôle dʼopérations internationales,
- des exercices sur la territorialité,
- un cas sur le problème des prix de transfert.

DOCUMENT N° 1
Cour dʼappel de Paris Pôle 5, chambre 7
Ordonnance du 31août 2012
Google Ireland, Google France / Administration fiscale

FAITS ET PROCÉDURE
La société Google Ireland Limited, société de droit irlandais, est titulaire dʼune licence au
titre des droits incorporels sur les produits Google pour le marché dit EMEA qui comprend la
France. Dans ce cadre, la société de droit irlandais exploite la technologie dont est
propriétaire la société Google Inc, société de droit américain, et conclue des ventes
dʼespaces publicitaires en ligne auprès notamment des clients français. La société Google
de droit irlandais est liée à la société Google France par un contrat de prestations de
services dénommé “Marketing and Services Agreement”.
Présumant que la société Google Ireland Limited exerce en fait en France, en utilisant les
moyens humains et matériels de la société Google France, une activité commerciale sans
souscrire les déclarations fiscales y afférentes et ainsi sans procéder à la passation régulière
des écritures comptables correspondantes, lʼadministration fiscale a saisi les juges des
libertés et de la détention du tribunal de grande instance de Paris aux fins dʼêtre autorisée à
effectuer des saisies au sein des locaux susceptibles dʼêtre occupés par la société Google
France et/ou la société de droit irlandais Google Ireland Limited.

Par ordonnance en date du 29 juin 2011, le juge des libertés et de la détention du tribunal de
grande instance de Paris a autorisé lʼadministration fiscale à effectuer des mesures de visite
et de saisie dans les locaux et dépendances sis à Paris susceptibles dʼêtre occupés par la
société Google France et/ou la société Google de droit irlandais.

Par une seconde ordonnance en date du 30 juin 2011, le juge des libertés et de détention du
tribunal de grande instance de Paris a autorisé lʼadministration fiscale à effectuer des
opérations de visite et de saisie dans les locaux et dépendances sis à Paris [...] ainsi quʼà
Paris [...], également susceptibles dʼêtre occupés par la société Google France et/ou la
société Google de droit irlandais.

Les opérations de visite et de saisie se sont déroulées le 30 juin 2011.Ce sont ces
opérations de visite et de saisie qui font lʼobjet de la présente instance.

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Dans leurs dernières conclusions signifiées le 25 avril 2012, les sociétés Google Ireland
Limited et Google France demandent au premier président de :
- constater la violation par le premier juge des dispositions de lʻarticle L 16 B du Livre des
procédures fiscales
- constater la déloyauté des officiers de police judiciaire et fonctionnaires de lʼadministration
fiscale dans lʼadministration de la preuve conduisant à un procès inéquitable, par le fait que
les fichiers informatiques ont été prélevés en faisant croire aux systèmes informatiques de
sociétés tierces quʼune personne de Google France, habilitée à se connecter à leurs
machines, effectuait les opérations de consultation et de copie alors quʼil sʼagissait en fait de
représentants de lʼadministration ayant ainsi dissimulé leur identité à ces tiers faute de lʼavoir
déclinée, par le fait que certains des fichiers créés par lʼadministration fiscale lors des
opérations de saisie lʼont été de manière déloyale, par le fait que lʼabsence dʼun protocole
efficace est déloyale et inéquitable, par le fait que lʼimperfection de la preuve collectée par
lʼadministration engendre une présentation faussée des faits de lʼespèce au détriment de
Google France conduisant à un procès inéquitable, par le fait que lʼadministration fiscale a
émis des déclarations partielles et volontairement tronquées dans le procès-verbal de saisie,
- constater le défaut de prise en compte des demandes et observations de Google France
Sarl annexées au procès-verbal de visite et de saisie,
- constater la contrariété de la procédure de visite et de saisie à la Convention européenne de
sauvegarde des droits de lʼhomme et des libertés fondamentales,
- prononcer en conséquence lʼannulation des opérations de visite domiciliaire autorisées aux
termes des ordonnances rendues les 29 et 30 juin 2011 ainsi que des procès-verbaux
délivrés à lʼissue de ces opérations,
- dire que lʼadministration ne pourra en conséquence invoquer les informations recueillies
dans les pièces saisies ainsi que celles recueillies au cours des opérations de visite et de
saisie dans le cadre de procédures de contrôle,
- condamner lʼadministration fiscale à leur payer la somme de 20 000 € - à chacune au titre de
lʼarticle 700 du code de procédure civile ainsi quʼaux entiers dépens.

Par conclusions responsives signifiées le 5 juin 2012, le Directeur Général des Finances
Publiques demande au premier président de :
- déclarer les sociétés Google recevables en leur appel mais les dire mal fondées,
- de rejeter toutes autres demandes, fins ou conclusions,
- de condamner les sociétés Google à lui payer la somme de 2000 € - sur le fondement de
lʼarticle 700 du code de procédure civile ainsi quʼaux entiers dépens.

DISCUSSION
Considérant que les recours formés ont été enrôlés sous les n° 11/13233, 11/13234 et
11/13236 ;
Que ces procédures ayant le même objet, il convient dʼordonner leur jonction dans le souci
dʼune bonne administration de la justice ;
Considérant que les sociétés Google soulèvent en premier lieu la violation par
lʼadministration fiscale de lʼarticle L 16 B du Livre des procédures fiscales et ce aux motifs
que des documents saisis ont été prélevés dans des lieux extérieurs aux locaux susvisés,
ces pièces ayant été appréhendées uniquement grâce à lʼaccès au réseau interne de
lʼentreprise constitué par lʼinterconnexion entre les machines se trouvant sur place et celles
pouvant se trouver à lʼétranger, ce qui est le cas en la présente instance ;
Quʼaux termes de lʼarticle L 16 B du Livre des procédures fiscales, “lʼautorité judiciaire peut
(...) autoriser les agents de lʼadministration des impôts (...) à rechercher la preuve de ces
agissements [soustraction à lʼétablissement ou au paiement des impôts sur le revenu ou sur
les bénéfices de la TVA] en effectuant des visites en tous lieux même privés, où les pièces et
documents sʼy rapportant sont susceptibles dʼêtre détenus et procéder à leur saisie, quel
quʻen soit le support” ;

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Que force est de constater que les pièces litigieuses ont été saisies à partir dʼordinateurs se
trouvant dans les locaux visités ; que le juge des libertés et de la détention, en permettant
aux agents de lʼadministration fiscale de procéder à la saisie des pièces et documents
susceptibles dʼêtre détenus dans les lieux visités quel quʼen soit le support, a autorisé par là
même la saisie de documents informatiques pouvant être consultés dans les lieux visités,
toute donnée située sur un serveur même localisé à lʼétranger accessible à partir dʻun
ordinateur se trouvant sur les lieux visités étant considéré comme étant détenue à lʼadresse
à laquelle se trouve cet ordinateur ; quʼil importe peu dès lors que des fichiers saisis se
trouvaient sur des serveurs étrangers ;
Quʼil nʼy a donc eu aucune violation des dispositions de lʼarticle 16 B du Livre des procédures
fiscales ;
Que les opérations de visite et de saisie ne peuvent par voie de conséquence être annulées
de ce chef ;
Considérant que les sociétés Google soulèvent en deuxième lieu la déloyauté des agents de
lʼadministration fiscale du fait que les fichiers informatiques ont été prélevés en faisant croire
aux systèmes informatiques de sociétés tierces quʼune personne de Google France, habilitée
à se connecter à leurs machines, effectuait les opérations de consultation et de copie alors
quʼil sʼagissait en fait de représentants de lʼadministration ayant ainsi dissimulé leur identité à
ces tiers faute de lʼavoir déclinée ;
Considérant quʼil est évident que si les agents de lʼadministration fiscale ont pu avoir accès
au contenu de fichiers informatiques, cʼest parce que les salariés des sociétés faisant lʼobjet
des opérations de saisie ont communiqué les mots de passe ou ont ouvert leur ordinateur,
comme ils doivent le faire lors dʼopérations de visites et de saisies domiciliaires ordonnées,
opérations qui permettent de saisir copie des documents qui sʼy trouvent quel quʼen soit le
support ; que les fonctionnaires de lʼadministration fiscale nʼavaient pas dès lors à sʼidentifier
aux entités étrangères du groupe Google dont les ordinateurs étaient connectés à ceux de
Google France ; que, par ailleurs, les opérations de visites sont effectuées sous le contrôle
dʼofficiers de police judiciaire qui peuvent être saisis en cas de difficulté lors des opérations
elles mêmes en cas dʼanomalies, ce qui nʼa pas été le cas de la part des sociétés Google ;
quʼaucun manquement au principe de déloyauté ne peut donc être retenu à lʼencontre de
lʼadministration fiscale du fait de la saisie de documents consultables depuis les ordinateurs
présents sur les lieux visités, les articles L 16 B du Livre des procédures fiscales ainsi que
les articles 6 (droit au procès équitable) et 8 (droit au respect du domicile) nʼayant pas été
violés ;
Considérant que les sociétés Google soulèvent en troisième lieu lʼincapacité de
lʼadministration fiscale à mettre en œuvre un protocole opératoire précis protégeant les droits
de la défense ;
Quʼil convient dʼobserver toutefois que cinq CD-Rom ont été remis aux sociétés Google
contenant trois fichiers informatiques saisis ; que les sociétés Google connaissent donc
parfaitement le contenu des répertoires et fichiers informatiques saisis et leur adéquation ou
non aux pièces originales ; que les sociétés Google peuvent donc vérifier la fidélité ou non
du contenu des pièces saisies par rapport aux pièces originales et ce contrairement à un
procès-verbal établi par un huissier de justice en matière informatique ; que les droits de la
défense des sociétés Google nʼont donc pas été violés et que le respect dʼun procès
équitable a bien été sauvegardé, une erreur de date étant sans conséquence sur la
régularité de la procédure suivie;
Quʼil nʼy a donc pas lieu à annulation des opérations de visite et de saisie de ces chefs,
aucune violation des articles L 16 B du Livre des procédures fiscales, 6 et 8 de la Convention
européenne de sauvegarde des droits de lʼhomme et des libertés fondamentales ne pouvant
être retenue ;
Considérant que les sociétés Google reprochent en quatrième lieu à lʼadministration fiscale
de leur avoir communiqué un disque dur non utilisable ; que toutefois, comme le
reconnaissent les sociétés Google elles-mêmes, il ne sʼagit pas du disque utilisé dans le

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cadre des opérations ; que dès lors les preuves en possession de lʼadministration fiscale ne
peuvent être écartées de ce chef ;
Considérant que les sociétés Google font valoir en cinquième lieu que la procédure mise en
œuvre rue [...] nʼapporte aucune garantie en ce qui concerne la véracité des fichiers saisis,
le calcul des empreintes numériques ayant eu lieu après la copie ; quʼelles se fondent sur les
conclusions de leur expert amiable dont le rapport a été produit contradictoirement aux
débats et selon lequel : “(...) Le calcul dʼempreintes numériques MD5 aurait pu pallier cette
insuffisance de description sʻil avait été appliqué aux fichiers source de chaque poste. Or, il
nʻa été appliqué quʻen aval des opérations, sur les 3 disques durs des fichiers copiés. De
surcroît, les fichiers copiés nʻont même pas été identifiés.
Or il sʼagit là dʼune pratique considérée (notamment dans les opérations de constats et de
saisies réalisées par des huissiers) comme indispensable tant à la transparence quʻau
respect des droits de la partie requise. Il en résulte que la chaîne dʻintégrité de la preuve nʻa
pas été respectée par les agents de lʼadministration (...).
Les 3 PV de visite et de saisie établis par lʼAdministration sont très imprécis et ne
permettent pas de tracer les opérations réalisées par ses agents. En lʼétat, une saisie
réalisée dans des conditions identiques à celles de lʼAdministration par un huissier de justice
serait sanctionnée de nullité par les tribunaux” ;
Que force est de rappeler toutefois que, à la différence dʼun procès-verbal établi par un
huissier, copie des pièces saisies a été donnée aux sociétés Google, lesquelles ont conservé
également les dites pièces en original ; que les sociétés Google nʼalléguant aucunement
dʼaltérations qui auraient été commises, elles ne justifient dʼaucun comportement déloyal de
ce chef de la part de lʼadministration fiscale et partant dʼune violation des articles 6 et 8 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de lʼhomme et des libertés fondamentales
;
Considérant que les sociétés Google soulignent en sixième lieu quʼil y a eu présentation
faussée des faits de lʼespèce au détriment de Google France conduisant à un procès
inéquitable, lʼadministration fiscale nʼayant pas pris soin de distinguer les documents dont la
société Google était lʼauteur des documents quʼelle pouvait seulement consulter ;
Quʼil convient de noter toutefois que lʼordonnance autorisant les opérations de visite et de
saisie a été confirmée par arrêt du juge délégué du premier président de la cour dʼappel de
Paris et ce aux motifs notamment que la société Google France ne semble pas exercer un
seul rôle dʼassistance mais est présumée assurer sous la direction de la société de droit
irlandais la gestion commerciale des clients de la société de droit irlandais ; que dès lors les
deux sociétés Google sont présumées disposer dʼun droit de modification desdits fichiers et
la société Google France ne dispose pas dʼun simple droit de consultation des fichiers saisis
comme le soutiennent à tort les sociétés Google ; quʼil nʼy a donc pas là inégalité des armes
pouvant conduire à un procès non équitable comme voudraient le faire croire les sociétés
Google ;
Quʼil ne peut donc y avoir nullité de ce chef du fait dʼune non violation des articles L 16 B du
Livre des procédures fiscales et 6 et 8 de la Convention européenne des droits de lʼhomme
et des libertés fondamentales ;
Considérant que les sociétés Google soutiennent en septième lieu que lʼadministration
fiscale a émis des déclarations partielles et volontairement tronquées dans le procès-verbal
de saisie ;
Quʼil a été jugé plus haut que lʼadministration fiscale était en droit de saisir, suite aux
ordonnances rendues par le juge des libertés et de la détention de Paris, copie des fichiers
consultables depuis les ordinateurs présents sur les lieux visités et ce même si ces fichiers
étaient sur des serveurs situés hors de France ; que lʼadministration fiscale nʼavait pas lieu
de préciser sur les procès-verbaux de visite et de saisie que des serveurs de Google situés
en dehors de France ont été consultés ; que les procès-verbaux ne sont donc entachés
dʼaucune déloyauté ; quʼil ne peut donc y avoir rejet des pièces saisies de ce chef ;

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Considérant que les sociétés Google soulèvent enfin la contrariété de la procédure de visite
et de saisie de lʼarticle L 16 B du Livre des procédures fiscales à la Convention européenne
de sauvegarde des droits de lʼhomme et des libertés fondamentales ;
Que force est de rappeler que la Cour européenne a jugé que les garanties énoncées à
lʼarticle L 16 B du Livre des procédures fiscales étaient conformes aux articles 6&1 (droit à
un procès équitable), 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) et 13 (droit à un recours
effectif) de la Convention européenne de sauvegarde des droits de lʼhomme et des libertés
fondamentales, la procédure étant placée sous lʼautorité et le contrôle dʼun juge des libertés
et de la détention, qui désigne un officier de police judiciaire pour y assister et lui rendre
compte ; que, par ailleurs, par lʼintermédiaire des officiers de police judiciaire, dont le rôle est
de sʼassurer, durant les opérations de visite et de saisie, de la légalité de ces opérations, le
juge des libertés et de la détention peut être saisi à tout moment et immédiatement à la
demande des parties saisies ce qui protège le droit à un procès équitable ;quʼen la présente
instance, les sociétés Google ont été parfaitement informées de leurs droits, copie des
ordonnances rendues ainsi que le texte de lʼarticle L 16 B du Livre des procédures fiscales
leur ayant été remis ; quʼelles ne justifient pas, par une quelconque mention sur les procès-
verbaux de saisie, sʼêtre opposées à un refus des officiers de police judiciaire de contacter le
juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de Paris ;
Quʼil ne peut donc y avoir aucune annulation des opérations de visite et de saisie de ce chef
;
Considérant que les sociétés Google ne peuvent, au vu de lʼensemble de ces éléments,
quʼêtre déboutées de leur demande tendant à voir annuler les opérations de visite et de
saisie et tendant à voir dire que lʼadministration fiscale ne pourra, en conséquence, invoquer
les informations recueillies dans les pièces saisies ainsi que celles issues des opérations de
visite et de saisie dans le cadre de procédures de contrôle ;
Considérant quʼil nʼy a pas lieu à application en la présente instance de lʻarticle 700 du code
de procédure civile ; que les parties seront déboutées de ce chef de demande ;
Considérant que les sociétés Google, parties succombantes, doivent être condamnées aux
dépens de la présente instance.

DÉCISION
Par ces motifs :
. Ordonnons la jonction des procédures n° 11/13233, 11/13234 et 11/13236.
. Déboutons les sociétés Google Ireland Limited et Google France Sarl de leurs demandes
tendant à voir annuler les opérations de visite et de saisie diligentées à Paris [...] et à Paris
[...] suite aux ordonnances du juge des libertés et de la détention du tribunal de grande
instance de Paris en date des 29 et 30 juin 2011 et tendant à voir dire que lʼadministration
fiscale ne pourra, en conséquence, invoquer les informations recueillies dans les pièces
saisies ainsi que celles issues des opérations de visite et de saisie dans le cadre de
procédures de contrôle.
. Disons nʼy avoir lieu à application de lʼarticle 700 du code de procédure civile.
. Déboutons les parties de ce chef de demande.
. Condamnons la société Google Ireland Limited et la société Google France Sarl aux
dépens de la présente instance.

ANNEXES

Article L16 B
I. - Lorsque l'autorité judiciaire, saisie par l'administration fiscale, estime qu'il existe des
présomptions qu'un contribuable se soustrait à l'établissement ou au paiement des impôts

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sur le revenu ou sur les bénéfices ou des taxes sur le chiffre d'affaires en se livrant à des
achats ou à des ventes sans facture, en utilisant ou en délivrant des factures ou des
documents ne se rapportant pas à des opérations réelles ou en omettant sciemment de
passer ou de faire passer des écritures ou en passant ou en faisant passer sciemment des
écritures inexactes ou fictives dans des documents comptables dont la tenue est imposée
par le code général des impôts, elle peut, dans les conditions prévues au II, autoriser les
agents de l'administration des impôts, ayant au moins le grade d'inspecteur et habilités à cet
effet par le directeur général des finances publiques, à rechercher la preuve de ces
agissements, en effectuant des visites en tous lieux, même privés, où les pièces et
documents s'y rapportant sont susceptibles d'être détenus ou d'être accessibles ou
disponibles et procéder à leur saisie, quel qu'en soit le support.

II. - Chaque visite doit être autorisée par une ordonnance du juge des libertés et de la
détention du tribunal de grande instance dans le ressort duquel sont situés les lieux à visiter.

Le juge doit vérifier de manière concrète que la demande d'autorisation qui lui est soumise
est bien fondée ; cette demande doit comporter tous les éléments d'information en
possession de l'administration de nature à justifier la visite.

La visite et la saisie de documents s'effectuent sous l'autorité et le contrôle du juge qui les a
autorisées. A cette fin, il donne toutes instructions aux agents qui participent à ces
opérations.
Il désigne un officier de police judiciaire chargé d'assister à ces opérations et de le tenir
informé de leur déroulement.
Il peut, s'il l'estime utile, se rendre dans les locaux pendant l'intervention.
A tout moment, il peut décider la suspension ou l'arrêt de la visite.
L'ordonnance est exécutoire au seul vu de la minute.
L'ordonnance est notifiée verbalement et sur place au moment de la visite, à l'occupant des
lieux ou à son représentant qui en reçoit copie intégrale contre récépissé ou émargement au
procès-verbal prévu au IV. En l'absence de l'occupant des lieux ou de son représentant,
l'ordonnance est notifiée, après la visite, par lettre recommandée avec avis de réception. La
notification est réputée faite à la date de réception figurant sur l'avis.

III. - La visite, qui ne peut être commencée avant six heures ni après vingt et une heures, est
effectuée en présence de l'occupant des lieux ou de son représentant ; en cas d'impossibilité,
l'officier de police judiciaire requiert deux témoins choisis en dehors des personnes relevant
de son autorité ou de celle de l'administration des impôts.
Les agents de l'administration des impôts mentionnés au I peuvent être assistés d'autres
agents des impôts habilités dans les mêmes conditions que les inspecteurs.
Les agents des impôts habilités, l'occupant des lieux ou son représentant et l'officier de
police judiciaire peuvent seuls prendre connaissance des pièces et documents avant leur
saisie.
L'officier de police judiciaire veille au respect du secret professionnel et des droits de la
défense conformément aux dispositions du troisième alinéa de l'article 56 du code de
procédure pénale ; l'article 58 de ce code est applicable.

III bis. ― Au cours de la visite, les agents des impôts habilités peuvent recueillir, sur place,
des renseignements et justifications concernant les agissements du contribuable mentionné
au I auprès de l'occupant des lieux ou de son représentant et, s'il est présent, de ce
contribuable, après les avoir informés que leur consentement est nécessaire. Ces
renseignements et justifications sont consignés dans un compte rendu annexé au procès-
verbal mentionné au IV et qui est établi par les agents des impôts et signé par ces agents,
les personnes dont les renseignements et justifications ont été recueillis ainsi que l'officier de
police judiciaire présent.

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Les agents des impôts peuvent demander à l'occupant des lieux ou à son représentant et au
contribuable, s'ils y consentent, de justifier de leur identité et de leur adresse.
Mention des consentements est portée au compte rendu ainsi que, le cas échéant, du refus
de signer.

IV. - Un procès-verbal relatant les modalités et le déroulement de l'opération et consignant


les constatations effectuées est dressé sur-le-champ par les agents de l'administration des
impôts. Un inventaire des pièces et documents saisis lui est annexé s'il y a lieu. Le procès-
verbal et l'inventaire sont signés par les agents de l'administration des impôts et par l'officier
de police judiciaire ainsi que par les personnes mentionnées au premier alinéa du III ; en cas
de refus de signer, mention en est faite au procès-verbal.
Si l'inventaire sur place présente des difficultés, les pièces et documents saisis sont placés
sous scellés. L'occupant des lieux ou son représentant est avisé qu'il peut assister à
l'ouverture des scellés qui a lieu en présence de l'officier de police judiciaire ; l'inventaire est
alors établi.

IV bis. - Lorsque l'occupant des lieux ou son représentant fait obstacle à l'accès aux pièces
ou documents présents sur un support informatique, à leur lecture ou à leur saisie, mention
en est portée au procès-verbal.

Les agents de l'administration des impôts peuvent alors procéder à la copie de ce support et
saisir ce dernier, qui est placé sous scellés. Ils disposent de quinze jours à compter de la
date de la visite pour accéder aux pièces ou documents présents sur le support informatique
placé sous scellés, à leur lecture et à leur saisie, ainsi qu'à la restitution de ce dernier et de
sa copie. Ce délai est prorogé sur autorisation délivrée par le juge des libertés et de la
détention.
A la seule fin de permettre la lecture des pièces ou documents présents sur le support
informatique placé sous scellés, les agents de l'administration des impôts procèdent aux
opérations nécessaires à leur accès ou à leur mise au clair. Ces opérations sont réalisées
sur la copie du support.
L'occupant des lieux ou son représentant est avisé qu'il peut assister à l'ouverture des
scellés, à la lecture et à la saisie des pièces et documents présents sur ce support
informatique, qui ont lieu en présence de l'officier de police judiciaire.
Un procès-verbal décrivant les opérations réalisées pour accéder à ces pièces et documents,
à leur mise au clair et à leur lecture est dressé par les agents de l'administration des impôts.
Un inventaire des pièces et documents saisis lui est annexé, s'il y a lieu.
Le procès-verbal et l'inventaire sont signés par les agents de l'administration des impôts et
par l'officier de police judiciaire ainsi que par l'occupant des lieux ou son représentant ; en
son absence ou en cas de refus de signer, mention en est faite au procès-verbal.
Il est procédé concomitamment à la restitution du support informatique et de sa copie. En
l'absence de l'occupant des lieux ou de son représentant, l'administration accomplit alors
sans délai toutes diligences pour les restituer.

V. - Les originaux du procès-verbal et de l'inventaire sont, dès qu'ils ont été établis, adressés
au juge qui a autorisé la visite ; une copie de ces mêmes documents est remise à l'occupant
des lieux ou à son représentant. Une copie est également adressée par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception à l'auteur présumé des agissements mentionnés au I,
nonobstant les dispositions de l'article L. 103.
Les pièces et documents saisis sont restitués à l'occupant des locaux dans les six mois de la
visite ; toutefois, lorsque des poursuites pénales sont engagées, leur restitution est autorisée
par l'autorité judiciaire compétente.
Le procès-verbal et l'inventaire mentionnent le délai et la voie de recours.
Le premier président de la cour d'appel connaît des recours contre le déroulement des
opérations de visite ou de saisie. Les parties ne sont pas tenues de constituer avocat.

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Suivant les règles prévues par le code de procédure civile, ce recours doit être
exclusivement formé par déclaration remise ou adressée, par pli recommandé ou, à compter
du 1er janvier 2009, par voie électronique, au greffe de la cour dans un délai de quinze jours.
Ce délai court à compter de la remise ou de la réception soit du procès-verbal, soit de
l'inventaire, mentionnés au premier alinéa. Ce recours n'est pas suspensif.
L'ordonnance du premier président de la cour d'appel est susceptible d'un pourvoi en
cassation selon les règles prévues par le code de procédure civile. Le délai du pourvoi en
cassation est de quinze jours.

VI. - L'administration des impôts ne peut opposer au contribuable les informations recueillies,
y compris celles qui procèdent des traitements mentionnés au troisième alinéa, qu'après
restitution des pièces et documents saisis ou de leur reproduction et mise en oeuvre des
procédures de contrôle visées aux premier et deuxième alinéas de l'article L. 47.
Toutefois, si, à l'expiration d'un délai de trente jours suivant la notification d'une mise en
demeure adressée au contribuable, à laquelle est annexé un récapitulatif des diligences
accomplies par l'administration pour la restitution des pièces et documents saisis ou de leur
reproduction, ceux-ci n'ont pu être restitués du fait du contribuable, les informations
recueillies sont opposables à ce dernier après mise en œuvre des procédures de contrôle
mentionnées aux premier et deuxième alinéas de l'article L. 47 et dans les conditions
prévues à l'article L. 76 C.
En présence d'une comptabilité tenue au moyen de systèmes informatisés saisie dans les
conditions prévues au présent article, l'administration communique au contribuable, au plus
tard lors de l'envoi de la proposition de rectification prévue au premier alinéa de l'article L. 57
ou de la notification prévue à l'article L. 76, sous forme dématérialisée ou non au choix de ce
dernier, la nature et le résultat des traitements informatiques réalisés sur cette saisie qui
concourent à des rehaussements, sans que ces traitements ne constituent le début d'une
procédure de vérification de comptabilité. Le contribuable est informé des noms et adresses
administratives des agents par qui, et sous le contrôle desquels, les opérations sont
réalisées.

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DOCUMENT N° 2
EXERCICES DE TERRITORIALITÉ

Exercice 1
Monsieur IRRURETTA est chef de production de la société ES située dans le sud ouest de
la France. Cette société agroalimentaire est spécialisée dans la transformation et la
commercialisation de tomates. Monsieur IRRURETTA a été embauché par la société en N-5.
A cette époque, il habitait avec sa femme et ses trois enfants dans une maison en France.
Sa femme était employée comme collaboratrice dans un cabinet comptable.

Début N-3, M. IRRURETTA a été nommé chef de site sur le nouveau lieu de production de
la société situé dans la région du Souss. Monsieur IRRURETTA allait du Maroc vers la
France tous les week end, pour retrouver sa famille. Il dormait dans un hôtel situé à Agadir.

Début N-1, toute la famille est venue s’installer à Agadir. La maison en France a été mise en
location et Madame IRRURETTA a démissionné le 31/12/N-2. Ils envisagent la possibilité de
la faire engager comme comptable pour la tenue des opérations de la succursale marocaine
de la société ES.

Travail à faire :
Indiquez, pour chaque année, si ces revenus sont imposables ou non en France en justifiant
votre réponse.

Exercice 2
Pour chacun des cas présentés ci-après, indiquez, en justifiant si nécessaire votre réponse,
si la personne est imposable en France sur l’opération présentée.

a) M. Di Marco, de nationalité italienne, est pilote de ligne pour une compagnie aérienne
marocaine. Compte tenu de ses fréquents déplacements, il ne réside que 5 mois par an
dans sa maison située à Casablanca. Le reste du temps, il réside chez ses parents à Rome
(4 mois par an) ou séjourne dans différents hôtels parisiens (3 mois par an). Il perçoit un
salaire annuel de 120 000 €, possède un appartement à Rome qui lui génère 15 000 € de
loyers annuels et a une portefeuille d’actions de sociétés italiennes qui lui procure environ 5
000 € de dividendes par an.

b) Mme Cadrans est une diplomate française en poste au Maroc. Elle perçoit un traitement
annuel pour cette fonction de 90 000 €. Par ailleurs, elle dispose de trois appartements dans
la banlieue bordelaise qui lui génèrent des loyers annuels de 25 000 €. Enfin sa fille de 20
ans, étudiante en droit à la faculté de Bordeaux, a perçu 4 000 € suite à un stage de trois
mois réalisé dans un cabinet d’avocats à Dublin (Irlande).

c) M. Malki, de nationalité marocaine est directeur commercial dans une entreprise de


production de chocolats située à Mons en Belgique. Il habite avec son épouse à Maubeuge
en France dans un appartement qu’ils louent. Il perçoit de la part de son employeur un
salaire annuel de 60 000 €. Il possède également une partie du capital de son entreprise qui
lui procure environ 3 000 € de dividendes par an. Son épouse n’exerce aucune activité
salariale.

Exercice 3
Après un parcours professionnel dans un grand groupe, Juliette envisage de créer son
entreprise.

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Le business plan élaboré et validé fait apparaître un résultat brut de l’ordre de 200 000 €.
Après un parcours professionnel dans un grand groupe, Juliette MACHIN envisage de créer
son entreprise en France. Le business plan élaboré et validé fait apparaître un résultat brut,
de l’ordre de 200 000 €
En parlant avec Juliette, vous avez constaté qu’elle envisageait, dans ses prévisions, d’ouvrir
une succursale à Bruxelles. Elle avait travaillé pendant quelques années dans la filiale belge
d’un grand groupe français et elle connaît fort bien le marché. Vous savez que :
- l’affaire serait légèrement déficitaire au démarrage (10 000€ par an, les deux
premières années),
- mais pourrait s’avérer fort rentable assez rapidement (au moins 50 000 € à partir de
la 3ème année.

La base géographique du bénéfice imposable de l’entreprise (France + Belgique) sera-t-elle


la même selon les formes juridiques choisies :
- entreprise individuelle,
- société en nom collectif,
- SA ou SARL ?

Exercice 4
Une SA dont le siège est à Casablanca dégage un résultat comptable avant impôt pour 2012
égal à 700 000
La société dispose :
- d’une succursale en Belgique qui a dégagé une perte de 100 000,
- d’une succursale en Italie qui a dégagé un bénéfice de 50 000

Ces deux activités ont été prises en compte dans le résultat comptable global.

Quel est le résultat imposable au Maroc ?

Exercice 5
La SA « Bordelaise de grands crus » exporte en Grande Bretagne pour 200 000 € de vins
fins. Ces vins sont revendus sur le territoire anglais au prix de 300 000 €. Où le résultat de
commercialisation sera-t-il imposé selon chacune des trois hypothèses :
- la société exécute les commandes de divers importateurs anglais ;
- la société crée à Londres une petite succursale de vente animée par trois
représentants qui prospectent le marché anglais. Ils ont pouvoir pour négocier les
contrats et assurent eux-mêmes la facturation ;
- la société crée à Londres une filiale de vente dont elle détient la totalité du capital

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DOCUMENT N° 3

LES PRIX DE TRANSFERT (UDC FRANCE)


Comme toute entreprise, la filiale européenne d'Universal Data Corporation veut réduire ses
coûts et accroître ses bénéfices. En expédiant des matériels informatiques de ses usines
d'Irlande, d'Espagne et des Etats Unis à destination de sa filiale française, UDC Europe
essaie de pratiquer ce qu'un de ses dirigeants appelle un "creative transfer pricing".
La direction générale d' UDC Europe vient de recevoir un message angoissé de la filiale
française, faisant état d'une action possible de l'administration fiscale (direction générale des
douanes et direction générale des impôts), en raison de la livraison de machines identiques
mais facturées à des prix différents.
La scène se passe dans le bureau du président d' UDC Europe à Genève: peu après le
déjeuner, en janvier 2012, trois hommes prennent le café.

Clive PRICE: 45 ans, président d' UDC Europe.


David SIMMONS: 39 ans, vice-président responsable des finances.
Clinton SALTER: 48 ans, vice-président responsable des ventes.

Il sera question de deux responsables de la filiale française:


Bernard MARTORY, président,
Yves DUPUY, contrôleur de gestion.

Ainsi que du vice-président, responsable des ventes de la filiale espagnole:


Salvador BALLADA

PRICE: Vous savez pourquoi nous sommes réunis; nous avons des problèmes à propos de
la fixation des prix de vente à notre filiale française.

SIMMONS: Je ne connais pas très bien cette filiale ; pourriez-vous me rappeler ce dont il
s'agit?

SALTER: C'est à propos de la récente livraison de notre modèle U-64 à la Société Générale
d'Entreprise pour son siège de Lyon; cette livraison a été directement facturée par notre
filiale espagnole à ce client français.

PRICE: C'est d'ailleurs une excellente idée, car nous facturons ainsi au prix français des
matériels dont le coût de revient est faible en Espagne; cela doit nous rapporter 200 000 $.
Quel est le problème ? Est-ce que les imprimantes écrivent en espagnol ?

SIMMONS: ... Non, mais il y a une difficulté et Salvador BALLADA de la filiale Espagnole a
téléphoné hier pour nous dire que la Société Générale d'Entreprise se plaignait de la
maintenance insuffisante de ses matériels !

SALTER: C'est toujours la même histoire !

PRICE: J'ai téléphoné hier à MARTORY. Il admet qu'il y a eu quelques lenteurs, mais il
explique que ses ingénieurs système étaient affectés chez un gros client. D'autre part, il
prétend que si BALLADA était vraiment motivé par cette affaire il n'avait qu'à envoyer son
équipe ! Après tout, c'est la filiale espagnole qui a réalisé la vente.

SIMMONS: Je ne suis pas d'accord Clive ! Nous avons enregistré dans les comptes de la
filiale espagnole une commission qui a bénéficié à la filiale française.

11
SALTER: Peut-être que MARTORY n'a pas lu cette ligne de son compte de résultat mensuel.
Que s'est-il passé d'autre ?

SIMMONS: Nous avons reçu hier un mail du contrôleur de gestion de la filiale française; je
vous en ai fait une copie:

DEST SIMMONS.
PAPERWORK ON FIRST SHIPMENT U-82/15 FROM IRELAND RECEIVED TO DAY. FIVE
MACHINES ENROUTE TO PARIS AT FOB $ 41,000 EACH.
WE DO NOT WANT TO CLEAR THESE MACHINES THROUGH CUSTOMS AS
SHIPMENTS FROM BELGIUM HAVE BEEN ARRIVING AT FOB $ 32,000 AND FROM USA
AT FOB $ 32,500.
PLEASE INSTRUCT IRELAND TO ISSUE REVISED INVOICES AT FOB $ 32,000 EACH,
SO WE CAN CLEAR THIS SHIPMENT WITHOUT CREATING VERY DANGEROUS
SITUATION WITH LOCAL CUSTOMS AND TAXES.
URGENT REPLY REQUESTED.
Y. W. DUPUY.
UDC FRANCE.

SIMMONS: Vous le voyez, notre contrôleur français est très ennuyé par la réaction possible
de la direction des douanes ainsi que par celle de la direction générale des impôts. Il pense
qu'ils ne comprendront pas, ou plutôt qu'ils comprendront trop bien, pourquoi le même
modèle arrive de trois pays différents avec trois prix différents.

PRICE: On risque en effet de considérer que nous faisons du dumping ! L'existence de trois
prix différents peut amener à conclure que deux d'entre eux sont sous-estimés, surtout les
machines américaines; cela pourrait provoquer une hausse des tarifs douaniers.

SIMMONS: Cela est même plus grave ! les douanes des autres pays du marché commun
pourraient avoir la même attitude et s'intéresser à notre système de prix de transfert. Je crois
aussi que la législation fiscale française permet de rectifier le bénéfice imposable pour ce
genre d'opérations.

SALTER: Le problème n'est pas si compliqué que cela. Nous n'avons qu'à baisser le prix
d'entrée en France, ce n'est qu'un simple jeu d'écriture au sein de notre groupe.

PRICE: Ce n'est pas si simple. Les machines ont été livrées en France, à la demande de la
filiale française qui a accepté de payer les 41,000 $ demandés par la filiale irlandaise.

SALTER: C'est ridicule ! Pourquoi donc a-t-on accepté cela ?

SIMMONS: C'est une longue histoire qui nous fait revenir plusieurs mois en arrière. Au
printemps dernier, Clive a rencontré MARTORY qui lui demandait d'être approvisionné par
Galway à un prix plus faible.

PRICE: David et moi avons du lui expliquer que le niveau élevé du prix résultait de trois
facteurs:
- l'accroissement de la demande pour ce modèle,
- des coûts de démarrage plus élevés que la moyenne à Galway,
- l'agrément fiscal très favorable obtenu du gouvernement irlandais.

Comme vous le savez, nous avons une exemption d'impôt sur les bénéfices d'une durée de
12 ans, pour toutes les ventes à l'exportation et nos ventes en Irlande représentent fort peu
de chose...

12
SIMMONS: MARTORY n'a pas été convaincu par nos explications. Il pensait que les
irlandais profitaient de la forte demande pour augmenter leurs tarifs; il ne voyait pas pourquoi
il était obligé de supporter les conséquences de la mauvaise productivité de Galway. En
outre, il a insisté pour que ses comptes de résultat et son bonus annuel ne soient pas
affectés par des considérations de fiscalité irlandaise...

PRICE: J'ai donc téléphoné au manager de Galway et je lui ai demandé s'il pouvait baisser
son prix.
Il m'a rappelé l'existence de l'agrément fiscal et il a insisté sur le fait que ce serait une
stupidité pour le groupe de transférer des profits en France, puisqu'ils y sont plus lourdement
imposés qu'en Irlande. Ensuite, il a indiqué que la France n'avait actuellement pas d'autre
source d'approvisionnement que l'Irlande qui, elle, ne manquait pas de clients... Enfin, la
France n'avait pas à se plaindre car elle faisait tout de même un bénéfice.

SIMMONS: J'ai finalement envoyé un mail à Paris pour indiquer le maintien des 41,000 $, en
raison des avantages fiscaux importants obtenus en Irlande.

SALTER: Cela ne semble pas très bon; c'est une bombe à retardement qui pourrait bien
exploser un jour ! Je n'apprécie guère ces tripotages des prix de transfert.

PRICE: Hé hé, Clint, tu oublies que l'optimisation fiscale est une partie de notre jeu. Tu sais
bien que la raison essentielle de notre installation à Galway tient aux avantages fiscaux
obtenus.

SIMMONS: Clive a raison; nous étions tous d'accord sur cette implantation en Irlande. Nous
sommes là pour faire des bénéfices et non pour apporter notre généreuse contribution aux
fiscs des divers pays où nous travaillons.

NOTE SUR UDC EUROPE :


UDC EUROPE est la filiale d'un constructeur US de mini-ordinateurs et de périphériques,
créé en 1986. Le groupe vend, loue et entretient des équipements. Le chiffre d'affaires est
de 600 millions de dollars en Europe, pour un total mondial de 2 milliards.

UDC EUROPE est une filiale fondée en 1991. Elle est très rentable et bénéficie d'une très
grande autonomie. Sur les dix filiales européennes, la plupart ont une activité exclusivement
commerciale, à l'exception de la France, de l'Espagne et de l'Irlande qui ont également une
activité de production.

Chacune des filiales d'Europe établit ses budgets annuels dont les objectifs sont des
résultats avant impôt sur les bénéfices. Les prix de cession interne sont déterminés lors
d'une réunion générale annuelle des dirigeants concernés; ils sont déterminés par
négociation, sauf cas particulier tel un avantage fiscal.

TRAVAIL A FAIRE: Etudiez la situation d'UDC FRANCE en matière d'imposition des


bénéfices.
cf. annexes I et II.

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ANNEXE 1
Profitability of French sales estimated per unit of U-64
GENERAL DATA
manufactured in Spain France
sold to consumer in France France
selling subsidiary Spain France
UDC EUROPE
retail price 62 000 62 000
- cost of goods sold 23 000 24 500
= gross margin 39 000 17 500
- other expenses 18 000 16 000
= profit before tax 21 000 21 500
- tax 1 520 9 675
= profit after tax 19 480 11 825

FRENCH SUBSIDIARY ONLY


retail price or sales commission 11 000 62 000
- cost of goods sold 0 24 500
= gross margin 11 000 37 500
- other expenses 10 000 16 000
= profit before tax 1 000 21 500
- tax 520 9 675
= profit after tax 480 11 825

SPANISH SUBSIDIARY ONLY


retail price 62 000
- cost of goods sold 23 000
= gross margin 39 000
- sales commission paid 11 000
- other expenses 8 000
= profit before tax 20 000
- tax 1 000
= profit after tax 19 000

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ANNEXE 2
Profitability of French sales estimated per unit of U-82/15
GENERAL DATA
manufactured in Ireland France
sold to consumer in France France
selling subsidiary France France
high transfer price low transfer price
UDC EUROPE
retail price 60 000 60 000
- cost of goods sold 27 000 27 000
= gross margin 33 000 33 000
- other expenses 18 000 17 700
= profit before tax 15 000 15 300
- tax 2 400 6 900
=profit after tax 12 600 8 400

FRENCH SUBSIDIARY ONLY


retail price 60 000 60 000
- transfer price in 41 000 32 000
= gross margin 19 000 28 000
- other expenses 14 000 13 700
= profit before tax 5 000 14 300
- tax 2 400 6 900
= profit after tax 2 600 7 400

IRISH SUBSIDIARY ONLY


transfer price out 41 000 32 000
- cost of goods sold 27 000 27 000
= gross margin 14 000 5 000
- other expenses 4 000 4 000
= profit before tax 10 000 1 000
- tax 0 0
= profit after tax 10 000 1 000

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