Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
TRANSFORMATIONS DU MAROC
LE MAKHZEN
II
III
rifien et, dans les villes, veillent aux portes de l'habitation im-
périale. Ce sont les gardes du corps; ils sont nombreux, plus de
cinq cents, recrutés parmi les Bouakhar et relevant d'un caïd-er-
raha, choisi dans la tribu.
Le chambellan - hagib - est le chef des quatre corporations,
préposées au service intérieur du palais, à savoir les monaliti -
el-oudhou, les moualin-ettai , les monalin-el-frach et les monaliti -
essejada. Les deux premières de ces corporations sont composées
d'esclaves nègres de choix. Les moualin-el-oudhou - gens des
ablutions - sont les huissiers du cabinet impérial : il en existe
une cinquantaine, sous les ordres d'un khalifa désigné par le
hagib, et il était d'usage que le hagib lui-même fût choisi parmi
eux. Ce hagib était donc l'esclave de confiance, le favori du
maître, qui l'élevait à son intimité, et, en signe de dépendance,
il devait toujours rester pieds nus devant le souverain. Les moua-
lin-ettaï, gens du thé, sont également des esclaves nègres, une
dizaine environ, dirigés par un khalifa du hagib; ils préparent,
dans une pièce à eux réservée, tout ce qui est nécessaire pour le
thé impérial. Quelques-uns, qui sont les monaliti- el-ma, gens de
l'eau, doivent se procurer et distiller l'eau puisée à des sources
désignées; ils remettent l'eau ou le thé requis aux négresses
affectées aux appartemens privés du monarque.
Les moualin-el-frach, gens du lit, au nombre d'une vingtaine,
appartiennent à des familles choisies parmi les tribus makhzen,
et auxquelles cet office revient héréditairement. ïls sont préposés
à l'arrangement du bureau ou de la tente du sultan; quand
celui-ci se rend le vendredi à la mosquée, ils lui portent son
tapis de prière. Il est d'usage que le hagib fasse, de droit, partie
de cette corporation et en devienne le chef.
Les moualin-essejada, gens de la natte, sont les gentils-
hommes de la chambre, recrutés en général parmi les chorfa de
la dynastie régnante ou les caïds en disponibilité. A tour de rôle,
chacun d'eux a son jour de service; ils sont porteurs de la natte
de prière, qu'ils étendent à terre, aux heures rituelles et selon
la direction voulue, dans la pièce où se trouve le sultan. A cette
corporation, se rattache le petit groupe des moqqetin , muezzins
chargés de calculer et d'annoncer les heures de prière.
Tandis que le hagib, avec ces quatre corporations, assure le ser-
vice intérieur du palais, la direction des services extérieurs relève
du Caïd-el-méchouar. Ce grand dignitaire peut appartenir à une
64 REVUE DES DEUX MONDES.
IV
(!) Quand, à ia fin d'octobre, le makhzen, arrêté, depuis plusieurs mois, de-
vant la montagne des Tsoul, dut reprendre piteusement Ja route de Fez, ce fut,
parmi les vizirs, un toile d'indignation contre Si el-Medhi, rendu responsable de
tous les embarras de l'État. Le sultan lui-même parut abandonner son favori, qui,
découragé, sollicita ¿"autorisation d'entreprendre le pèlerinage de La Mecque. Si el-
Mehdi a quitté Tanger dans 1a seconde quinzaine de décembre, traversant toute la
Méditerranée pour se rendre aux villes saintes de l'Arabie. On assure qu'il vient
d'être rappelé au Maroc par ordre chérifien.
LES TRANSFORMATIONS DU MAROC. 77
VI
***