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Introduction

L’empire du Mali, ou Empire mandingue, est un État africain médiéval. Fondé


au XIIIe siècle par Soundiata Keïta, il connut son apogée au xive siècle. Il serait à
l'origine de la charte du Manden. Il s’étendait et englobait des parties des
actuels Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Côte
d'Ivoire et Mauritanie.

Sources
Les sources concernant l'histoire de l'empire du Mali sont peu nombreuses,
équivoques et lacunaires, ce qui explique que son histoire soit encore l'objet de
débats.

2. L’origine de l’empire.
On sait peu de chose sur l’origine de l’empire. La tradition orale rapporte
l’existence de deux royaumes: le royaume de DO et celui de KRI. Ces deux
royaumes sous l’action des KEITA vont fusionner pour créer le Mandé. L’un des
souverains du Mandé, Naré Famaghan Kéita (1218-1230) entreprit des
conquêtes vers le Sud, le Sud Ouest et la rive droite du fleuve Niger. Mais
voulant contrôler toutes les régions mandingues et le Ghana, Soumahoro Kanté
(1200-1235), roi de Sosso, attaqua et décima le Mandé. Vers 1235, Soundiata
Keita fils de Naré Famaghan écrasa l’armée de Soumahoro Kanté à la bataille
de Kirina. Il devint ainsi le roi de tout le manding. Il installa la capitale à Niani et
entreprit l’organisation du royaume.

II. Le Mali sous Soundiata Kéita.


1. Qui est Soundiata Keita?
« Naré Famaghan avait plusieurs femmes dont l’une s’appelait Sogolon Konté,
surnommée Kédioudou (la vilaine). Cette femme malade donna le jour à un fils
malade qui se traîna à quatre pattes jusqu’à l’âge de 7 ans. Il s’appelait
Soundiata, ou Mari djata, ce qui signifierait »le lion du Mali ». doublement
méprisée par sa co-épouse, Sogolon la vilaine, était au désespoir. Cependant
c’est cette infirmité qui valut à son fils d’échapper au massacre des onze autres
princes que Soumaoro fit périr impitoyablement après la conquête du
Manding. Un jour pourtant, excédé par les bravades du seigneur de Sosso,
Soundjata comme aiguillonné par la misère de sa patrie piétinée, décida de se
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lever pour lui porter secours. Il demanda, dit la légende, une barre de fer pour
se dresser sur ces jambes. Cette barre se courba en deux sous son poids au
point de se briser. Une autre et une troisième plus forte subirent le même sort.
enfin quelqu’un s’écria: » Donnez-lui donc le spectre de son père pour qu’il se
redresse en s’appuyant dessus. » Et c’est en s’appuyant sur l’insigne royal que
Soundjata se mit debout ».
Joseph Ki-Zerbo in Histoire de l’Afrique Noire.

2. L’assemblée constituante de Kurukan Fugan.


C’est à Kurukan Fugan que c’est tenue la grande assemblée constituante qui va
donner naissance à la constitution de l’empire du Mali. Lors de cette
assemblée, Soundiata est déclaré Mansa, roi des rois, empereur du nouvel
empire. Tout empereur du Mali devrait être désormais de la lignée de
Soundiata et la succession se fera de frère en frère et les princes devraient en
première noce épouser une fille du clan des Kondé, clan de la mère de
Soundiata.
Les chefs alliés sont confirmés à la tête de leurs provinces et prennent le titre
de Farin exceptés les chefs de Néma et de Wagadu qui portent le titre de roi
pour l’hospitalité offerte à la famille de Soundiata. La société fut divisée en clan
avec chacun ses droits et ses devoirs . La noblesse fut subdivisée en 16 clans
porteurs de carquois symbole de liberté. On avait 5 clans maraboutiques,
gardiens de la foi ( les Touré, les Bérété, les Cissé); 4 clans d’artisans et la
profession se transmettait de père en fils. les Bozos et les Somonos furent
confirmés maîtres des eaux. La parenté à plaisanterie fut instituée.
3. L’exercice du pouvoir.
A la tête de l’empire se trouvait Soundiata entouré de ses compagnons, des
différents chefs de guerre et de lettrés issus des familles maraboutiques.
L’empire se subdivisait en provinces alliées et en provinces soumises. Au plan
militaire, les principales régions abritaient une garnison qui garantissait la
sécurité de l’empire.

III. Les successeurs de Soundiata Kéita.


1. De Soundiata à Sakoura.
Mansa Yérélekon dit Mansa Wulen (1255-1270) succède à Soundiata. Pendant
son règne le Tékrour est assujetti. Il effectua le pèlerinage à la Mecque. A sa

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mort ses frères Ouatiawuli (1270-1274) et Khalifa (1274-1275) occupent tour à
tour le trône du Mali. Ils furent considérés comme des souverains médiocres. A
la mort de Khalifa c’est Abou Bakr (1275-1285) fils de la soeur de Soundiata qui
prit le Trône contrairement à la constitution. Sous son règne, l’empire faillit
s’écrouler à cause des intrigues de palais. En 1285, Sakoura un esclave affranchi
de la famille royale général d’armée prit le pouvoir. Il agrandit l’empire qui
s’étendait désormais depuis l’Atlantique au Ghana du côté de l’occident
jusqu’au pays du Tékrour du côté de l’Orient. Il accomplit le pèlerinage de la
Mecque mais fut assassiné sur le chemin de retour à Tripoli (Libye).

2. Kanko Moussa (1307-1332)


Il fut l’empereur le plus célèbre après Soundiata Kéita. Il effectua le pèlerinage
à la Mecque en 1325 après avoir consolidé les assises du pouvoir impérial.
selon le tarikh el fettach, Kanko Moussa aurait accidentellement fait tuer sa
mère. Le remord et la crainte du châtiment divin le poussèrent à faire
beaucoup d’ aumônes et à entreprendre le pèlerinage de la Mecque. Selon les
auteurs arabes, sa suite se composaient de 60000 porteurs et 500 esclaves
transportant d’importantes quantités d’or que l’empereur distribuait dans les
principaux centres traversés. De la Mecque Kanko Moussa ramena avec lui
Abou Ishac Ibrahim Es Saheli. Il est le père du style dit soudanais. On lui doit les
mosquées de Gao et de Tombouctou.
Ce pèlerinage a ouvert le Mali sur le monde extérieur. En effet le Portugal,
l’Italie, les pays du Maghreb commencèrent à s’intéresser à l’empire pour son
or surtout. Au plan littéraire , on assiste à l’éclosion d’une littérature noire
d’expression arabe. Au plan religieux, l’islam commença à prendre le pas sur
l’animisme divisant du coup la société entre maninkas islamisés et bambara
animistes.

VI. Apogée et évolution de l’empire.


Le Mali a atteint son apogée sous le règne de Kanko Moussa. L’empire
s’étendait alors du Cap-Vert à la boucle du Niger et Tegassa au sortir du Sahara
à la lisière Nord de la forêt.

1. L’organisation politique.
Elle n’a pas profondément variée depuis Soundiata. Le Mansa restait le
patriarche, chef de la justice, des armées. Il était assisté d’un conseil composé
de hauts fonctionnaires. Le second personnage de l’empire était le Kankoro
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Sigui, chef des armées, puis venait le Santigui responsable des finances. Mansa
Moussa avait introduit une nouvelle catégorie de fonctionnaires que sont les
secrétaires chargés de réceptionner et de rédiger les correspondances. Le griot
jouait un rôle important, il était le porte-parole du mansa et avait en charge
l’éducation et l’instruction des enfants du mansa.

2. L’organisation administrative.
A son apogée l’empire comptait 12 provinces gouvernés par des farins
représentant l’autorité impériale. Dans chaque province le farin était assisté
d’un conseil de notables locaux, gardiens de la tradition. La province ou Jamana
se subdivisait en cantons et villages dirigés par des dugutigui.

3. L’économie de l’empire.
L’économie reposait sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et le commerce. Le
Mali qui englobait les anciennes régions du Ghana échangeait avec le Maghreb
et les pays côtiers au Sud du Sahara. Walata, Tombouctou, Djenné étaient
devenus les principaux centres commerciaux de la région. Du Maghreb, le Mali
recevait des tissus, des bijoux, le sel. Du sud le Mali importait la cola, de l’huile
de palme. le Mali exportait de l’or, du poisson, des étoffes, des produits
artisanaux. Les cauris et souvent des barres de sel et de cuivre servaient de
monnaie.

V. La fin de l’empire du Mali


Mansa Moussa meurt en 1332, il est remplacé par son fils Maghan 1° qui sera
évincé en 1336 par son oncle Mansa Souleymane qui était l’héritier
constitutionnel. C’est sous son règne que l’écrivain et voyageur arabe Ibn
Battuta visita l’empire. Il est remplacé en1358 par son fils Kasa qui en 1359 est
renversé par Mari Djata ou Soundiata II (1360-1374) qui mourut par la maladie
du sommeil. Depuis le règne de Kanko Moussa II (1374-1387), l’empire connait
une situation politique instable. Des intrigues de palais, des assassinats
troublent la quiétude de l’empire. Aussi la succession de souverains médiocres
précipite l’affaiblissement de l’empire. Au plan économique, on assiste à un
transfert progressif des centres commerciaux vers le royaume sonrai.
A ces crises internes le Mali doit faire face à la révolte des peuples soumis et
aussi aux attaques des royaumes voisins tels que les mossi du Yatenga qui
ravagea le Macina jusqu’au lac Débo vers1400. En 1480, les mossis conduits par
Naba Naséré lancèrent un raid contre Walata. Les touaregs se rebellent et
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s’emparent des villes de Tombouctou, Walata, Nema. A la fin du XV°s et au
début XVI°s, l’émergence d’une nouvelle puissance politique, l’État Pullo du
Fouta Toro va menacer l’empire dans sa partie occidentale. Les portugais
encourageaient les régions côtières à se libérer de la tutelle du Mali.

Conclusion
Le Mali comme le Ghana a marqué l’histoire de l’Afrique par l’originalité de son
organisation fondé sur une décentralisation du pouvoir, la tolérance religieuse,
sur un modèle d’intégration politique de nombreux peuples, sur une sécurité
des biens et des personnes. Mais les nombreux conflits internes et les attaques
extérieures mettent fin à l’existence de l’empire.

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