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Introduction
ajoute des éléments merveilleux, l'épopée a été transmise depuis lors par tradition
orale, généralement par des griots mandingues, dans de nombreuses versions et
dans plusieurs autres langues d'Afrique de l'Ouest. Elle s'est ensuite diffusée plus
largement dans le monde au cours du XX siècle, à la faveur notamment des
e
Biographie
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(en) D. C. Conrad et D. T. Condé, Sunjata : a West African epic of the
Mande peoples, Indianapolis, Hackett Publishing Company, 2004.
Kele Maansen Diabaté, Kala Jata, Bamako, 1970.
Lansine Diabate, L'Épopée de Sunjara d'après Lansine Diabate de Kela
(Mali), texte recueilli, traduit et annoté par Jan Jansen, Esger Duintjer et
Boubacar Tamboura, Leyde, Research school CNWS, cop. 1995. (Édition
bilingue.)
(en) Gordon Innes, Sunjata: Three Madinka Versions, Londres, 1991
(versions relatées par Bamba Suse, Banna Kanute et Dembo Kanute).
(fr) Camara Laye, Le maître de la parole. Kouma lafôlô kouma, Plon, 1978,
313 p. (rééd. Presses Pocket).
(en) R. E. Moser, Foregrounding in the Sunjata: the Mande epic, 1974.
Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l'épopée mandingue, Présence
africaine, Paris, 1960. (Adaptation française seule.)
(en) Fa-Digi Sisoko, Son-Jara : The Mande Epic, Bloomington, Indiana
University Press, 2003.
(en) Fa-Digi Sisoko, The Epic of Son-Jara: A West African Tradition,
traduction et étude analytique par John William Johnson, Bloomington,
Indiana University Press, 1986.
(en) Magan Sisoko et John William Johnson, The Epic of Sun-Jata
according to Magan Sisoko, Bloomington (Indiana), Folklore Publications
Group, 1979.
(en) B. Suso, B. Kanute, et alii, Sunjata : Gambian versions of the Mande
epic, Londres, Penguin, 1999.
Origines familiales
Naré Maghann Konaté était un roi du Manding, un ancien royaume d’Afrique de
l'Ouest (situé entre l'actuelle Mali et Guinée). Il reçut un jour la visite d’un
chasseur devin qui lui prédit qu’une femme laide et bossue lui donnerait un jour
un fils qui deviendrait un grand roi. Naré Maghann Konaté était alors déjà marié
à Sassouma Bereté et avait un fils, Dankaran Toumani Konaté, héritier du trône.
Un jour, selon la prédiction faite quelques années plus tôt, deux frères Traoré,
chasseurs venant du pays de Do, lui présentent une femme laide et
bossue, Sogolon Kondé (Sogolon Kedjou ou Sogolon « la vilaine »10), que le roi
épouse.
Enfance et exil
Cette deuxième épouse donne naissance à un fils dénommé « Diata » ou
« Djata ». L'additif « Sogolon » marque son appartenance matriarcale, dans le
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but de le distinguer de tout homonyme. Cet ajout est également le fait de son
infirmité. En effet, la tradition orale rapporte que Soundiata est né paralysé et
qu'il marcha à quatre pattes jusqu'à l'âge de sept ans2. Or, selon les coutumes
mandingues, si plusieurs enfants d'une même famille ont le même prénom ou
qu'un enfant porte une caractéristique un peu spécifique (un handicap ou une
réputation par exemple), ces enfants ajoutent le nom de leur mère à leur prénom.
Le prénom de Sogolon Diata signifie ainsi « Diata, fils de mère Sogolon », dont
le diminutif donne « Soundiata11 ».
Après que sa mère eu subi un nouvel affront, Soundiata, à l’âge de sept ans,
réussit à se lever et recouvre miraculeusement l’usage de ses jambes lorsqu’il
touche le bâton royal. Mais la haine de Dankaran Toumani et de Sassouma
Bereté contraignent Soundiata, sa mère et ses sœurs à l’exil au royaume de
Mema.
Retour
Les habitants du Manding vont ensuite chercher Soundiata dans son exil et lui
demandent de prendre son héritage soit : « Kien » (héritage) et « Ta » (prendre),
qui est devenu « Kienta » (prends ton héritage) et par la suite « Keïta ».
Le jeune prince devient rapidement très populaire auprès des Mandingues qui
espèrent qu’il chassera un jour les envahisseurs du Sosso. Sa popularité
croissante inquiète Soumaoro, le roi du Sosso, à qui des sorciers ont prédit :
« Ton vainqueur naîtra au Mali ». Pour échapper à sa vengeance, Soundiata se
réfugie chez un souverain voisin et ami, régnant au sud de son pays. Là, il attend
le moment favorable pour libérer son royaume.
Soundiata fut aguerri dès son plus jeune âge à la chasse, au tir à l’arc et
fut mithridatisé. Il vécut pendant des années avec l’idée de se venger du
massacre de sa famille. Un jour, un émissaire lui apprend la révolte des Mandé
(ou mandingues) contre Soumaoro Kanté.
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Il rassemble ses guerriers (selon les traditions orales, il aurait organisé une
armée composée de dix mille cavaliers et de cent mille fantassins), et lance des
attaques sur le Sosso. Sa sœur Nana Triban, que Soumaoro Kanté avait épousé
de force, s'enfuit et, selon la légende, alla apprendre à son frère que « seule une
flèche portant un ergot de coq blanc pourra tuer le roi du Sosso ». Soundiata fait
le nécessaire avec le secours des magiciens attachés à son service.
Soundiata Keïta réunit tous les royaumes pour constituer l’empire du Mali. Il est
proclamé « Mansa » ce qui signifie « roi des rois ». Lors de son intronisation,
la confrérie des chasseurs du Mandé proclame la charte du Manden, qui abolirait
l'esclavage et est considérée par certains historiens comme l'une des premières
déclarations des droits de l'homme12.
Mort
Il existe plusieurs variantes dans l'épopée à propos de la mort de Soundiata.
Selon une variante répandue rapportée par Djibril Tamsir Niane, Soundiata se
noie dans la rivière Sankarani et est enterré à proximité du cours d'eau13. Dans la
version de Wa Kamissoko, Soundiata meurt de vieillesse dans son palais
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à Dakadjalan6. Youssouf Tata Cissé rapporte également une autre variante
répandue par des Peuls du Wassouloun (ou Wassoulou) selon laquelle
le mansa aurait été abattu d'une flèche par un archer peul, un esclave aveugle.
Descendance
Soundiata Keïta a eu trois fils qui se sont succédé sur le trône de l’empire du
Mali :
Mansa Oulé Keïta (dit le roi Rouge), souverain paisible et pieux qui étend le
royaume du Mali ;
Ouati Keïta ;
Khalifa Keïta.
Les successeurs de Mansa Oulé, Ouati, Khalifa et Aboubakari, manqueront
d’autorité et laisseront régner l’anarchie dans l’empire.
Aujourd'hui, bien que les récits des griots mandingues célèbrent avant tout la
geste de Soundiata, il n'est plus contesté que Soumaoro fut « le premier roi et le
roi le plus authentique » du Manden, et le véritable fondateur de l’empire du
Mali14. Le Manden est alors divisé en une multitude de royaumes où règne une
insécurité absolue provoquée par les raids esclavagistes que ces derniers mènent
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les uns contre les autres pour vendre les captifs aux Markas et aux Maures du
Sahel15. Soumaoro Kanté, le roi de Sosso, se dresse contre cette situation15.
Date et auteurs
L'épopée de Soundiata a pour personnage principal le roi Soundiata Keïta, qui a
vécu au XIIIe siècle: à première vue, elle semble donc s'être formée à cette
époque ou par la suite. Toutefois, selon Daniel P. Biebuyck, il n'est pas
impossible qu'une partie du matériau qu'elle brasse soit antérieur à l'existence
historique de Soundiata lui-même, car les épopées de chasseurs qui existent dans
les mêmes régions pourraient être antérieures à l'épopée de Soundiata et avoir
influencé ses différents épisodes17.
La tradition orale
Modalités de la tradition orale
En tant qu'épopée de tradition orale, l'épopée de Soundiata s'est d'abord
transmise et diffusée sans recours à l'écrit, c'est-à-dire qu'elle était préservée par
des griots qui en apprenaient par cœur les différents épisodes dans leur jeunesse
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et la transmettaient de la même façon à leurs apprentis par la suite. Cette
tradition orale est toujours vivante sur les territoires de l'ancien empire du
Mali20 et coexiste avec la diffusion écrite, plus récente, de l'épopée.
Dans la tradition orale, les épisodes de l'épopée font l'objet de séances que les
chercheurs anglo-saxons nomment souvent « performances » (de
l'anglais performance, « représentation »). Ces séances, durant lesquelles la
parole du griot est toujours accompagnée de musique, combinent récitation et
improvisation, mais aussi parfois chant, mime et danse ; ils donnent lieu à de
fréquents échanges entre le griot et son public, qu'il s'agisse de dialogues ou de
reprises d'un refrain21. La parole épique ne se cantonne pas à la seule narration,
mais peut inclure des considérations sur le griot, ses professeurs et ses ancêtres,
ou bien sur certains membres du public, sur la communauté ; elle se mêle
d'éloges, d'anecdotes et de réflexions philosophiques et morales.
Style
Selon Charles Bird, l'épopée de Soundiata se compose de vers définis non pas
par des rimes, des accents ou un nombre de syllabes donné, mais par le rythme
musical qui accompagne systématiquement les récitations. Il avance l'hypothèse
d'une correspondance entre le vers poétique et un rythme de quatre battements
accentués.
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