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LA TRANSITION SOSSO
Introduction
La domination du Ghana avait irrité les Sanhadja qui se sentaient frustrés. On comprend que
ces Berbères aient adhéré avec ardeur à la réforme d’Abd Allah ben Yasin (1042). Inspirés
par cet ascète, ils entrèrent dans la guerre sainte, créant ainsi l’empire des Almoravides ( Al-
Murabitun, « ceux du ribat » ou couvent militaire. Si le gros de leurs forces s’orienta vers le
Maroc et l’Espagne, ils n’épargnèrent pas leurs adversaires soudanais. Les Soninké furent
ainsi chassés d’Aoudagost en 1054 et le Tounka Bassi, ami notoire des musulmans, fut
remplacé en 1061 par son neveu Menin, qui incarnait l’intransigeance animiste. Ce dernier fut
tué quand la capitale tomba aux mains des musulmans en 1076. Appuyée par certains Etats
noirs déjà islamisés comme Tekrur (Sénégal), la domination des Almoravides s’étendit alors
largement sur le Sahel soudanais. Restée pourtant fragile, elle s’effondra peu après 1087,
quand son chef Abu Bakr ibn’Umar fut tué au combat.
Dès le début du XIIe siècle, les peuples noirs s’étaient affranchis et particulièrement les
Soninké, mais l’empire du Ghana était bien mort. Les Soninké constituaient désormais de
nombreux petits Etats dont le Ghana se distinguait seulement par une nouvelle dynastie
musulmane, alors que partout ailleurs la classe politique demeurait animiste. De plus, l’idée
d’Etat qui avait triomphé dans l’empire du Ghana était largement diffusée à travers les
savanes soudanaises. Les soninkés subirent ainsi l’hégémonie du Sosso au XIIe siècle.
Selon la première, les Diarisso épousaient les filles peules du clan des Sow. Pour cela, le pays
fut appelé royaume des Sossobè. Ce terme raccourci donnera Sosso, nom généralement
connu.
La deuxième version, plus plausible, précise que Sosso signifie pays des chevaux (so so).
Lorsque Soumangourou accéda au trône, il empêcha l’organisation de toutes les activités
commerciales entre le Mandé et le Ouagadou. Il retirait de force les chevaux que les
marchands Sininké apportaient sur son territoire ou en transit pour le Mandé. Le roi de Sosso
s’attribua ainsi le monopole du commerce des chevaux (il gardera les meilleurs étalons pour
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son armée). Les autres chefs se trouvaient dans l’obligation de se ravitailler sur les marchés de
son pays. De là vient l’appellation Sosso (soso : là où on se procure les chevaux).
Après la chute de Koumbi Saleh, Kambinté Diarisso proclama l’indépendance du pays et fut
le premier souverain. C’était vers 1105.
Mais, ses fils Souleymane, Bana, Boubou, Maghan, Ganné, Moussa et Birama furent des rois
incapables de gouverner le royaume. Le général Diarra Kanté, qui était Diarisso, profita de
leur incapacité pour s’installer sur le trône royal. Il dispersa les prétendants au trône. Son fils
Soumaoro lui succéda. Il fut le plus illustre et le dernier roi du Sosso. Le nom Kanté est né
d’une circonstance particulière que les griots expliquent par plusieurs versions.
La plus connue nous vient des Maninka eux-mêmes. Le roi de Sosso leur aurait déclaré, au
moment où il exerçait sur leur patrie son impitoyable autorité « gens de ce pays, du Mandé, je
suis le premier roi et le roi autochtone. Vous le savez tous, les lois qui régissent les royaumes
soumis à ma douce domination sont consensuelles (benkan lé), disait-il pour ironiser. Je ne les
ai pas créées. Elles ne proviennent donc pas de moi (né kanté). C’est ainsi qu’est venu le nom
Kanté. Et les Maninka l’ont ajouté à celui de Soumaoro (Soumaoro ko k’a le Kanté). »
Le roi de sosso était un grand guerrier et un maître idolâtre. Les têtes des rois vaincus par lui
décoraient les murs et son immense palais est une tour gigantesque à plusieurs étages.
Soumaoro possédait un épervier, gardien de sa demeure. L’oiseau parlait aux hommes et
communiquait même à distance avec Sosso simbo. Il prévoyait tous les événements. Et
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comme le lait sur le feu, l’oiseau surveillait le balafon magique de son maître (Sosso bala). Le
célèbre messager de Sogolon Diata le découvrit et le joua malgré les mises en garde de
l’épervier. Il le joua si bien que le roi de Sosso le retint prisonnier.
Soumaoro disposait également d’un serpent qu’il envoyait en éclaireur, avant chaque
affrontement avec l’ennemi. Vers la fin de sa vie, ce reptile sera tué par son neveu Fakoli au
moment où celui-ci abandonnait l’armée Sosso. Sosso simbo (le chasseur de sosso) était un
homme craint de tous. Il se promenait toujours avec ses influx magiques (Korté). Ses
vêtements seraient faits de peaux humaines (mogo golo kouroussi ani mogo golo doroki).
Le seul nom de Soumaoro faisait trembler de peur tous ses contemporains, Soninké et
Maninka. Grand guerrier, il porta le royaume à son apogée. Il organisa des troupes solides,
bien équipées de flèches et lances fabriquées sur place par ses forgerons. Son armée disposait
d’une cavalerie nombreuse et efficace. Ses fantassins formaient un rempart infranchissable
pour ses ennemis.
Lorsqu’il fortifia sosso, Soumaoro se mit en guerre contre ses adversaires divisés. Il conquit
le Kingui (Diarra) et le royaume du Galam (Gadiaga). Les chefs du Mandé, par crainte de ses
représailles furent obligés de se soumettre à son autorité. Par peur surtout les griots lui
dédièrent des louanges.
Il essaya d’entraîner les maninka de son côté en les invitant à s’associer à lui pour combattre
les esclavagistes Maures et Soninké. N’ayant pu les convaincre du bien fondé de sa lutte,
Sosso simbo prit la décision ferme d’attaquer seul l’empire Soninké. Il dévasta Koumbi en
1203. Il saccagea neuf fois le Mandé et fit régner la terreur. Devant les horreurs perpétrées par
les guerriers Sosso, les roitelets maninka, terrifiées, s’enfuirent vers les régions sud ou dans
des endroits inaccessibles (régions montagneuses, forêts difficilement pénétrables, cours
d’eaux).
Un chef du clan de Soundjata, Dankaran Touman Konaté, son frère aîné, abandonna le trône
et choisit de protection de la forêt guinéenne. Il se sauva et alla se cacher à Kissidougou (la
ville du salut). Ce dernier s’écria en arrivant à son refuge (nous sommes sauvés, nous avons
échappé à Soumaoro). La légende rapporte que le roi de Sosso Soumaoro assassinat les
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enfants du roi excepté un qui était Soundjata. Ce dernier guéri par miracle retrouva l’usage de
ses jambes. Il entreprit de prendre l’indépendance de son pays.
1ère épouse de son père : Sossouma Berêté : deux enfants ; Dankaran Touman et Nana
Triban,
2ème femme : Sogolon Kédjou : trois enfants : Sogolon Kolokan, Sogolon Djamarou
les deux sœurs de Soundjata et Soundjata Kéita,
Soundjata serait longtemps un enfant handicapé. Il ne marcha pas tôt. Mais dès qu’il pourra le
faire, il sera révélé un jeune rigoureux et sportif. Il va atteindre très tôt le grade de Simbou
(grade d’un grand chasseur). Son père Naré Maghan Konfata avant de mourir lui donna un
griot du nom de Balla Fasséké, le fils du griot de son père. A la mort du père, son frère
Dankaran Touman prit le trône. Le calvaire débuta pour Soundjata et sa famille à travers des
humiliations de toutes sortes. La reine mère Sassouma Berété va tenter de faire disparaitre
Soundjata Kéita dont la popularité grandissait de jour en jour.
Face au danger, la mère de Soundjata choisit l’exil. Après une longue errance, elle est
accueillie avec sa famille à Méma. Le roi fit de soundjata son vice-roi. C’est dans ce royaume
de Méma qu’il va parfaire sa formation de guerrier et d’homme politique. C’est depuis ce
royaume que Soundjata serait contacté pour venir au secours de son pays abandonné par son
frère aîné. Selon certaines sources, le Mansa Dankaran Touman, demi-frère de Soundjata va
traiter avec Soumangourou et conclure un pacte avec le roi de Sosso dont l’hégémonie
couvrait presque toutes les provinces jadis vassales du Ghana. Ce pacte est scellé par un
mariage, celui de Sounmangourou Kanté avec Nana Triban la sœur de Dankaran Touman.
C’est par cette alliance que Soundjata aura le secret pour anéantir de roi de Sosso.
Face au désastre causé par la fuite de son frère aîné, les Malinkés avait fait appel Soundjata
Kéita, frère cadet de Dankaran Touman pour rétablir l’ordre dans le Mandé. Avant son départ
de Méma, son protecteur, le roi de Méma offrit à Soundjata une troupe armée pour remettre
de l’ordre.
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*L’affrontement de Kirina ou la fin de l’hégémonie Sosso
Au moment de son appel, son protecteur le roi de Méma offrit à Sounjata un contingent armé
pour effectuer son retour. A son retour, Soundjata s’était constituée une confédération de
différents clans malinké conduits par ces anciens amis d’enfance devenus roi chez eux. Ceuc-
ci étaient à la tête d’armée. Il s’agit, entre autres, de Tabon Wana Fan Kamara, Faono Kondé,
Kamandja, Tiramaghan Traoré, Siara Kuman Konaté.
Face à Soundjata se trouvait Soumangourou Kanté dont les troupes étaient également
nombreuses. Le souverain de Sosso disposait de l’appui de certains généraux comme Jolofin
Nansan (jolof), chef de Kéta localité vassale. Soumangourou Kanté était à la tête d’une
cavalerie rapide. Mais deux problèmes se posaient à lui et lui perturbaient quelque peu.
C’est d’une part la fuite de son épouse Nana Triban et du griot personnel de Soundjata (Balla
Fasséké) qui étaient partis rejoindre son adversaire. D’autre part Soumangourou dut
confronter à la défaite de Fakoli qui était également son général et son neveu (affaire de
Kéléya).
Conclusion
Comme la domination des Almoravides sur le Ouagadou, celle de Sosso sur le Mandé fut de
courte durée. Soundjata Kéita réunit les peuples des savanes pour la libération nationale. Elle
se réalisa en 1235 à la bataille de Kirina. Les guerriers Sosso et leurs chefs furent vaincus. La
vengeance de Soudjata fut fâcheuse. Sosso fut détruit. Le royaume annexé au Mandé disparu
après cent trente ans d’existence.
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