Vous êtes sur la page 1sur 12

Les origines du peuple Bamoun

UN SEUL PEUPLE, UNE SEULE LANGUE, UN SEUL TRONE

DEVISE : Honneur – Travail – Patrie

Le pays Bamoun est une grande ‘’ fédération de peuples ‘’ qui a forgé son unité au cours des siècles .Deux cent ethnies, les Tùe, qui soumises par la
ruse ou la force sont devenus Bamoun, parlant une seule langue. Les Bamoun sont dirigés par un Roi, membre de la dynastie de Nchare Yen venue de
Rifum ( Mbankim ) il y a sept siècles.

Les croyances religieuse en vigueur dans cette région sont l’islam,,le christianisme, et un fond ancestral de religion que les monothéistes qualifient de
paganisme ou de culte de crânes. L’actuel territoire des Bamoun a été occupé par les immigrés Tikar en plusieurs étapes.

On suppose que 200 à 300 personnes, femmes et enfants compris, ont franchis le fleuve à la suite du prince Nchare. Celui-ci soumit quelques sept
principautés avant de s’établir dans un premier temps à Njimom. L’Etat Bamoun y est proclamé et Djimom devient la première capital du royaume.
Le pacte fondamental scellé sous l’arbre, Sép au lieu dit Sâmba Ngùo stipule que :
L’ Etat Bamoun est né et Nchare en est le roi. Il désignera librement son héritier parmi ses fils.
Les sept compagnons Kom (Nkom au singulier), cosignataires sont les conseillers intronisateurs de Roi, chargés de garder la loi fondamentale de l’état et
de veiller à son application. Leur fonction est héréditaire et ils sont autonomes. Ils ont le privilège de se donner la mort q’ils sont condamnés à la peine
capitale par la justice pour haute trahison, par exemple.,
De Djimom, Nchare conquiert une dizaine d’autres ethnies et établie sa nouvelle capital à Foumban après y avoir vaincu les Pa Mben qu’il réinstalle dans
un quartier de la ville
( Mamben). Le royaume a alors une dimension presque circulaire dont le diamètre est de 30 Km environ entre Djimom et Kundùm. On croit que la
population se situe autour de 25 000 âmes.
Quand Mboumbouo Mandù devint le onzième monarque vers la fin du XVIIIe siècle il entreprend de grandes conquêtes aux frontières naturelles du
Mbam, de la Mapè et du Noun. Le territoire est multiplié par quatre.
La population a plus que doublé. On évaluait la population Bamoun à 60 000 habitants au début du siècle pour une superficie de 7 700 Km2 environ.
Ce royaume est constitué d’un haut plateau (700m) à l’ouest, surmonté de trois massifs alignés – Mbapit, Nkogham et Mbam (2200. m) – et d’une
plaine encaissée au pied de la falaise à l’Est de Foumban ; cette plaine longe la rive du Mbam jusqu’au point de confluence avec le Noun près de Bafia.
RYTHMES ET GENRES DU ROYAUME BAMOUN
Un fond musical riche

Dans les formes visibles et audibles de la culture du peuple bamoun, la musique est le registre le plus présent car toujours plaisant, l’art le plus pratique par
profession ou par tradition. Elle est consolatrice en temps de tristesse et délictueuse en temps de joie.
Par les chants, elle est présente partout : à la rivière, au champ, au mariage ou même aux funérailles.

Dans la tradition Bamoun, la musique est d’inspiration populaire, donc anonyme. Il n’y a pas de droit d’auteur, mais de patrimoine collectif légué et exécute avec
toujours le souci d’exactitude dans le texte, le son et le rythme.

Plus qu’une tradition, elle est le ferment de pérennisation de la sagesse. Parfois musique de classe ou de caste, elle est toujours musique de circonstance. Le
Nguri par exemple est la musique de la société des princes et traduit la noblesse de sang, le Mbansié, celle de serviteurs du roi.

En plus des musiques réservées, il existe une multitude de musique populaire, mais toujours liées aux quartiers ou aux villages. Kurun est l’adresse du quartier
Nkunga, Kpalùm l’affaire le nfetin, Meshé la fierté de Makùtam.

D’une façon générale, le fond musical Bamoun est très riche. Il compte plus d’un centaine de rythmes qui hélas se meurent faute d’exploitation.

En voici du reste la liste pas exhaustive des musique Bamoun identifiées jusqu’ici Par Le Prince NJI GNAMBI NFOUAPON YAYA du Palais des Rois Bamoun:
PRESENTATION DE QUELQUES RYTHMES

MEDU GBARA

CHant de la jeunesse, sobre par sa partie instrumentale constituée (Mvet : sorte de guitare des poètes Bamoun) d’une raclette et d’un hochet. C’est la chanson
populaire par excellence, accessible a tous, elle est aussi la plus dynamique, car c’est elle qui offre le répertoire le plus varié. dans la société Bamoun ancienne.
Avant la découverte de l’écriture, ces chants populaires constituaient les éléments fondamentaux de l’éducation parce qu’il étaient les plus riches. On y trouvaient
des éléments d’histoire, des information politiques et toutes sortes d’information traitant de la vie sociale et quotidienne.

Le Prince NJI GNAMBI NFOUAPON YAYA


CHant de la jeunesse, sobre par sa partie instrumentale constituée (Mvet : sorte de guitare des poètes Bamoun) d’une raclette et d’un hochet. C’est la chanson
populaire par excellence, accessible a tous, elle est aussi la plus dynamique, car c’est elle qui offre le répertoire le plus varié. dans la société Bamoun ancienne.
Avant la découverte de l’écriture, ces chants populaires constituaient les éléments fondamentaux de l’éducation parce qu’il étaient les plus riches. On y trouvaient
des éléments d’histoire, des information politiques et toutes sortes d’information traitant de la vie sociale et quotidienne.

Le Prince NJI GNAMBI NFOUAPON YAYA

‘’ ME NSUT RO’ LUM NJA ‘’

Le chant ‘’ Me nsut ro’- lum - Nja’’nous laisse au centre de son histoire. Le 11ème roi des Bamoun Mbouombouo de son vrai nom Monfôpa’ s’était rendu en guerre
contre les Bangurèn (un village situe à 50 km de Foumban). Les combats furent si rudes que le roi battit en retrait……
Apres mures réflexions, le roi Mbouombouo fit battre le grand tambour de rassemblement
‘’ NKINDI’’.Lorsque les combattants Bamoun furent rassemblés en bataillon à la grande cour du palais, le roi leur annonça encore la guerre contre les Bangurèn
car guerrier de sang, il n’acceptait pas de pareil forfait.
Las et inquiet parce qu’ils savaient que les bagurèn étaient des braves guerriers, les Bamoun hésitaient à suivre leur monarque. Alors, le roi ordonna que tous
ceux qui ne participeront pas à cette expédition seront jugés et punis par le ‘’ Mutngu’’.( société secrète de la justice Bamoun).
Arrivés sur le champs de bataille, les hésitations d’attaques se firent sentir et le roi convoquant secrètement Ndam Nkam-Nkam ( le joueur de Munjem ndu (
double cloche de guerre) et lui dit :’’ tu profiteras de la nuit pour aller te cacher au milieu du village Bagurèn c’est - à - dire dans le camp adverse ; puis au lever
du jour tu sonnera le Munjemndu a partir de ta cachette’’.
Le lendemain à heure convenue Ndam Nkam-Nkam joua l’instrument de guerre. Entre temps le roi MBOUOMBOUO s’était aussi trouvé une cachette sans que ses
combattants ne sachent ; lorsqu’il entendirent le son de la cloche, ils s’affolèrent et crurent que le roi était déjà entrain de combattre les Bangurèn tout seul. Les
Bangurèn aussi pensèrent qu’ils étaient déjà encerclés par l’ennemi ; pris de panique, ils levèrent pieds et s’enfuirent. Pendant ce temps, les Bamoun les
poursuivirent, les tuèrent et finalement remportèrent la victoire.
Tout en combattant, le roi entonna cette chanson pour encourager ses combattants :
‘’ ME NSUT RO LUM – NJA ‘’ mot à mot signifie :’’lièvre, feu de brousse, Nja ( élan ) sorte d’antilope géant grand comme un cheval ‘’.

· En d’autres termes, le lièvre selon la tradition bamoun est un animal très intelligent que les bamoun considèrent comme le roi des animaux à cause de sa
sagesse.

· Nja (élan) est aussi un animal très puissant, fort et intelligent aussi parce que quand les chasseurs mettent une brousse à feu, ou quand il est blessé, il se
couche parfois et fait le mort jusqu´à ce que le chasseur imprudent s’approche et d’un coup de patte ou de corne l’éventre….

Dans ce récit, le roi Mbouombouo est considéré comme le lièvre ( animal intelligent) parce qu’il avait eu l’intelligence de se retirer quand il avait compris qu’il ne
vaincrait pas les Bangurèn .
Il est aussi vu comme l’élan ( puissant et intelligence) parce qu’il a mûri son idée pendant deux ans et surprend enfin l’ennemi qui le croyait déjà battu. Il a ainsi
vaincu les Bangurèn grâce à la ruse et la force .
NB : Seul le roi des Bamoun entonne cette chanson et sonne enfin le Munjemndu qui parle aussi à ceux qui savent l’écouter.
NB : Seul le roi des Bamoun entonne cette chanson et sonne enfin le Munjemndu qui parle aussi à ceux qui savent l’écouter.

ADMINISTRATION TRADITIONNELE ET ORGANISATION DE LA SOCIETE BAMOUN


A première vue, l’organisation de la société Bamoun donne l’impression d’être pyramidale et complexe. La multiplicité des lignes hiérarchiques entre le
sommet de la pyramide et la base laisse penser à une inextricable toile, difficile à dérouler et à pénétrer. En réalité il n’en est rien.
Si l’effectivité du pouvoir est détenue par le Mfon ( roi ), il y a au-delà, un agencement de l’autorité hiérarchique en sous-ensembles concentriques de
responsabilité qui fait que tout le monde participe à l’exercice du pouvoir.
Il s’agit donc d’un pouvoir communuel animé par différents acteurs (nobles ou notabilités ) qui représentent autant de centres de décision. Les fonctions
de chacun sont précisées, ses relations avec les autres également. Cette répartition des rôles est nécessaire afin de maintenir la dynamique
indispensable à l’équilibre sociale, avec comme point de focalisation, la primauté du Roi.

NJI MOULIOM Adamou

COMMENT NSHARE ORGANISA LA SUCCESSION ROYALE

Les incertitudes du présent font ressusciter l’histoire et en particulier l’histoire des homes qui nous ont précédés. L’histoire ne dit peut-être pas où nous
allons, mais elle indique d’où nous sommes partis et le cheminement suivi. Elle donne à cet effet des repères et aide à mieux comprendre les hommes
afin d’éviter toute confusions, les événements et à respecter les lois préétablies.

Nchare Yèn venu de Rifum en 1394 ordonne que la succession royale soit choisi dans sa famille. Seule la famille paternelle est digne de régner. ‘’l’héritier
du roi quelques soient les circonstances ne doit jamais sortir ni de la famille des kom, ni des chefs vassaux, ni de la famille des kom shü shüt , de la
famille des gens du roi, ni d’une famille étrangère’’. Cette organisation successorale était mise sur pied par Nchare parce qu’il craignait que l’un des
descendants parvenu au pouvoir n’abandonnât les coutumes des Bamoun venues de Rifum pour prendre celle de sa famille maternelle. Cette famille
pouvait se venger contre les Bamoun qui autrefois avaient vaincu leurs ascendants. Cette organisation n’a pas failli jusqu’au roi Mbiekouo. Après sa
mort, NGOUHOUO profita des troubles qui sévissaient dans le royaume usurpa le trône. Or NGOUHOUO avait été grand serviteur du Roi MBOUEMBOUE.
Il n’était pas prince du sang ni apparenté à la famille royale.
C’était un véritable esclave.
NSANGOU, fils de NGOUNGOURE et neveu du roi MBOUEMBOUE se révolta, guerroya contre NGOUHOUO et hérita du trône des roi Bamoun.
Depuis cette tragédie, aucun roi n’a eu ni son frère, ni un esclave pour lui succéder.

Issah VESSAH NJOYA


LA DYNASTIE DU ROYAUME BAMOUN

LES RESPONSABLES DU GOUVERNEMENT ROYAL BAMOUN


SYMBOLES ET ARMOIRIES

ORIGINE ET SIGNIFICATION DU SERPENT BICEPHALE BAMOUN

Des rumeurs malveillantes ont accrédité l’idée que les Bamoun sont représentés par le symbole du serpent à deux têtes parce qu’ils sont
particulièrement faux et tiennent le double langage. On ignore la source exacte de cette explication qui, sérieusement, ernit l’image de marque du
peuple Bamoun. Il faut dire que certains Bamoun peuvent avoir contribué à rependre cette explication fallacieuse du symbole du serpent bicéphale.

Certes, les traditionalistes locaux se sont efforcés de rétablir la vérité depuis des années. Des intellectuels comme Tita Isaac PA’Re ont aussi tenté de
restituer l’origine exacte du symbole du serpent bicéphale.

Nous allons retracer l’origine du serpent Bamoun une fois de plus pour nos lecteurs.

En effet, le serpent bicéphale trouve naissance de la guerre de MAPOU qui a lieu vers le début du XIX siècle entre le roi MBUEMBUE d’une part et les POU
de l’autre qui occupaient toute la zone située entre le centre commercial de Malentuen et la rive droite du fleuve Mbam jusqu’à Ripa dans la région qui
ferait face à la ville dite Ngambé Tikar.

Les Bamoun se battaient contre les POU depuis quelques années. Mais ceux-ci résistaient farouchement. De plus, ils disposaient d’un monstre effrayant
conçu pour semer la terreur dans le camp adverse chaque fois que ces envahisseurs acculaient les autochtones dans leur dernier retranchement. Le
monstre était appelé Sânumpût (haut jusqu’à mordre le ciel). Comme son nom l’indique, il s’agissait d’un reptile artificiel géant qu’on utilisait de telle
sorte qu’il passait la tête au delà des branches pour descendre menacer les guerriers Bamoun.

Comme on peut l’imaginer, la bête des POU les sauva d’une débâcle à plusieurs reprises. Mais un jour, MANCHOU, le serviteur du roi de MAPOU qui avait
conçu l’engin infernal fut sévèrement réprimandé par son roi à cause d’une vague histoire de repas au palais.

MANCHOU, vexé et brisé dans son amour propre fit défection et passa un jour dans sans le camp du roi MBUEMBUE a qui il dévoila le secret du
Sânumpût et lui fit la démonstration devant les guerriers au palais de Foumban.

L’année suivante, quand les pluies cessèrent, le Roi MBUEMBUE repris sa campagne contre les MAPOU. Cette fois-ci aucun attaquant Bamoun ne recula
quand on sortit le Sânumpût. Les POU furent vaincus. Comme récompense, MANCHOU devint un grand notable du palais Bamoun. Le roi MBUEMBUE
l’installa au quartier MANKA’ a quelques cent mètres de l’actuel site de l’hôtel Beauregard. Chaque fois que le roi nomme un nouveau Tupânka, chef de
l’armée traditionnelle, c’est chez MANCHOU qu’on le conduit pour faire la fête et offrir un grand festin à la population. Le nom de MANCHOU fut aussi
introduit dans la musique de guerre dite MBANSIE dont les cloches" parlent" en ces termes MANCHOU fée Nguon ne ? MANCHOU de la campagne".

Au moment où les MAPOU étaient sur le point de perdre cette guerre, on vint annoncer au roi MBUEMBUE que d’autres peuples l’avaient attaqué sur la
frontière Ouest au bord du NOUN. Il s’agissait des Mgbètnka’ appuyés par les Mère. Le roi envoya un contingent de ce côté-là pour stabiliser la situation.
Quand in battit le roi Pou qui traversa le Mbam dans une pirogue pour s’installer au delà de la rive gauche, le Roi se porta sur les bords du Noun avec le
gros des forces et il battit l’alliance Mgbetnka et Mère. Ceci donna naissance au proverbe Bamoun qui dit Mgbétnka ka fè nzâ Mère" (les deux peuples qui
furent vaincu)"

C’est à la suite de cette double victoire que le roi Mbuembue eut l’idée de célébrer son triomphe par un symbole qui représenterait sa double victoire.

Nous pensons que le monstre reptile de Sânumpût inspira l’idée d’un serpent bicéphale plutôt que d’un lion ou d ‘une panthère à deux têtes.

On sculpta désormais ce symbole sur les lits, les sièges et d’autres objets royaux exclusivement. A notre avis ce serpent n’était initialement que le
symbole d’une seule personne, le roi des Bamoun et non de toute la population. Par ailleurs, si quelqu’un d’autre s’amuse à porter ce symbole sur une
de ses objets il courait le risque d’être condamné à mort.

Le serpent bicéphale est le symbole de la double puissance du roi MBUEMBUE. Toute autre interprétation de ce signe est fausse et mal venue.

SA. Dr NJIASSE NJOYA

LE NKINDI

Le ‘’ NKINDI ‘’ est un grand tambour d’appel de forme cylindrique. Il a une envergure de 6 mètres et un diamètre de 1,50 m. environ.

Lorsque le roi fait frapper le NKINDI, c’est convoquer ses sujets pour leur dire de se préparer pour la campagne armée. Les gens prévoient des produits
qu’il consommeront au cours de la guerre : farine de maïs, bananes séchées (mbîguom) et pâtes de toutes sortes.

Il n’existe qu’un seul NKINDI dans le royaume bamoun. Ce sont des enfants qui jouent de ce tambour avec des pierres.

Huit jeunes gens désignés frappent ce tambour avant le lever du jour. Les guerriers affluent vers le palais dès qu’ils entendent l’appel du NKINDI et ils
se massent par quartier en un grand arc de cercle autour de l’entrée principale du palais pour attendre le roi. Celui-ci sort plus tard, suivi par de
nombreux guerriers armés jusqu’aux dents. Les prix reines dites’’ NEH MGBIEFON ‘’ cheftaines du harem – se tiennent aux côtés du roi selon leur origine
géographique (les trois Reines habitant l’aile Nord du palais à la gauche du roi et les trois de l’aile sud à la droite du souverain).

La cloche de guerre ‘’ MUNJEMDU ‘’ est portée devant le roi par un notable. Lorsque le roi sort du palais, les troupes des 8 quartiers de Foumban
viennent à tour de rôle lui présenter les armes dans l’ordre suivant :

1- Quartier NUIYOUOM
2- Quartier MANKA
3- Quartier MFENTAIN
4- Quartier MAMBEN
5- Quartier NJINKA
6- Quartier NJINTUT
7- Quartier NKOUNGA
8- Quartier NJISSE

Après la revue des troupes, le roi entonne le chant de guerre puis il sonne le cloche ‘’MUNJEMDU’’. Les guerriers poussent des cris et heurtent leurs
machettes pour mimer le combat. Il arrive aussi que le même jour les bamoum chantent aussi ‘’NGU PA MBAM’’ (NGU des gens de NDITAM), leurs frères
partis de RIFUM en même temps que le fondateur du royaume bamoum.

L’ECRITURE ‘’SHÜ-MOM’’ DES BAMOUN

Entre Culture et Mythe Incontestablement, l’écriture Shü-mom demeure la manifestation la plus éclatante et la plus extraordinaire de la culture Bamoun.

En effet, et bien que jalonnée de nombreux symboles forts, l’Histoire du peuple Bamoun a, grâce à l’écriture inventée par le roi Njoya, acquis une aura et
éclat qui en font l’une des plus vivantes et des plus prestigieuses de l’histoire de notre pays.

En réalité, le Roi Njoya avait voulu ériger la culture Bamoun en une donnée qui s’impose par elle-même avec la force de ses réalisations et qui, au-delà
de l’espace et par-delà le temps, s’illustre comme élément de la civilisation universelle. L’écriture qu’il a inventée allait s’avérer être une des
manifestations majeures de sa grande générosité intellectuelle.

De ce point de vue, Njoya, incontestablement, fut un grand homme, affichant à la face du monde, son intelligence et sa grande créativité.

De ce fait, ce qui impressionnait le plus chez Njoya, c’était son imagination fertile. Son propre système d’écriture qui avait pris naissance avant l’arrivée
des Allemands, fit d’autant plus de sensation que l’on ne connaissait, au Sud du Sahara, que très peu de peuples ayant conçu un système approchant.

On doit à Bernard Struck le témoignage ci-après paru en 1908 dans le Journal Globus : ‘’Njoya fut sans doute un des Africains de l’Ouest les plus
intelligents et les plus énergiques ; de même, son écriture qu’il a inventée symbolise-t-elle l’évolution spirituelle du pays Bamoun’’.

Pareil hommage, de la bouche de l’autorité coloniale, d’ordinaire peu incliner à unetelle éloge pour les valeurs culturelles des peuples dominés, ne peut
que conforter dans l’idée de la grandeur de l’œuvre de Njoya.

C’est dire également combien cette invention fut accueillie en son temps comme un événement culturel majeur, dont la contribution fut d’un rapport
hautement significatif et positif à l’avènement de la civilisation universelle.
Ici, l’écriture cesse d’être culture. Elle devient mythe, à la fois comme mode d’organisation de la société ; ensuite comme moyen de communication,
voire de communion ; enfin comme facteur vital de pérennisation des modèles culturels et philosophiques propres au peuple Bamoun.

Dans sa fonction éducative et pédagogique, l’écriture s’impose comme socle unificateur d’une société Bamoun, en quête d’une identité, tiraillée entre
l’influence de la culture originaire Tikar, et les apports des coutumes locales d’emprunt héritées des populations soumises.

Le Shü-mon se place donc entre culture et mythe.

Culture d’un peuple à la recherche d’un mythe ; mythe d’un homme fidèle à une culture et à son peuple, et, tout entier engagé à la promotion d’un idéal
inspiré des pures traditions du terroir.

Telle fut l’œuvre de Njoya, Roi créateur d’un devenir, et même d’un avenir pour les seins.

ET SI LE SHÛ– MOM SORTAIT DU MUSEE…

Pour répondre à cette préoccupation, il faut d’abord connaître ce qu’est le Shü Mom, sa genèse, son évolution, pourquoi il est entré au musée, quels
efforts ont déjà été fournis pour l’y sortir. Malgré ces efforts, pourquoi reste t-il dans le Musée et quelle stratégie faut il finalement adopter ?
Le Shü-Mom est à la fois une écriture et une langue inventée par le roi NJOYA en 1896. D’abord une écriture pour conserver l’histoire, les cultures, les us
et coutumes de son royaume qui perdaient progressivement sa substance initiale par le système de tradition orale. Une langue pour tenter de substituer
le ‘’Shü-Pamben’’ langue du peuple Mbèn conquit en 1394 par le roi NCHARE YEN, fondateur de la dynastie.
Le roi Njoya se dit continuer à utiliser cette langue serait rester sous la domination linguistique d’un peuple qui pourtant a été militairement ou
diplomatiquement soumis.
Créer une langue en substitution du Shü Pamben serait donc enfin une victoire ou une autonomie linguistique et une soumission totale du peuple Mbèn ;
voilà les motivations de la création de la langue Shü - Mom par le roi NJOYA.
En 1896, le roi NJOYA met sur pied un système d’alphabet composé de 510 signes qui sont des pictogrammes ( sorte de dessins significatifs qui
pourraient soit dire un mot ou une expression). Quelques années après NJOYA entreprend une série de signification de son alphabet. Passant à 70 signes
composés de 5 voyelles et des phonèmes syllabiques.
Il faut rappeler que ces phénomènes étaient obtenus sur la base de la langue Shü - pambèn et du Shü – Mom, lorsque le Roi a eu contact avec les
autres langues étrangères. Les phénomènes de son alphabet était devenu insuffisant pour faire de son écriture une écriture universelle. C’est alors qu’il
continua à analyser et à étudier son système d’écriture. Il a donc jeté la base d’une grammaire qui devrait lui permettre d’obtenir d’autres phonèmes et
représenter des sons nouvellement découverts dans d’autres langues. Cette base de grammaire comporte tous les éléments qui peuvent permettre à
toutes les générations de développer l’écriture au fur et à mesure qu’elles sont en contact avec de nouvelles langues et qui présentent des sons
nouveaux.
La plupart des langues africaines sont des langues à ton. La grammaire de Njoya tient compte de tout cela. Des accents et des signes ont été crées pour
marquer les différentes intonations
( Haut, bas modulé haut-bas, modulé bas-haut etc.…). Sans hésitation, nous pouvons confirmer que cette écriture est scientifique.
La langue Shü-Mom quant à elle a été à un certain moment donnée vivante et utilisée par une grande partie de la population entre 1912 et 1914. Njoya
avait donc créé sur l’étendu du royaume 48 écoles et avait amorcé une espèce de colonisation en instaurant d’autres écoles dans les régions Bamilékés
avec une inspection scolaire à Ban dans le Haut-Nkam. C’est cette sorte de colonisation qui, à partir de 1920 commence à inquiéter l’administration
coloniale Française. Aussi faut-il savoir que l’action coloniale qui passait par les écoles était un peu compromise par celle de Njoya, au détriment des
écoles françaises. L’administration française ferma donc les portes à toutes les écoles de Njoya et interdit l’enseignement du Shü –Mom sur toute
l’étendue du territoire. Voilà comment le Shü Mom est entré dans le musée.
Le roi Njoya meurt en 1933.Son successeur le Sultan NJIMOLUH NJOYA Seidou ne croise pas les bras. Il fera enseigner clandestinement le Shü-Mom
dans l’enceinte du palais royal aux notables, aux princes et aux serviteurs.
En 1978, un groupe d’élèves du Lycée de Foumban contactera le Sultan et manifestera son désir d’apprendre le Shü-Mom. Une conférence fut organisée
à cet effet et a donné naissance à une association post et périscolaire dénommée Club Shü-Mom dont le but principal était l’apprentissage et la
vulgarisation de l’écriture et de la langue Shü-Mom.Le Club a bien fonctionné jusqu’à la mort du Sultan NJIMOLUH Séidou.
A travers ce Club, un certain nombre de jeunes parmi les quels l’actuel Directeur de l’Ecole a été formé. Le véritable problème actuellement est celui de
la continuité. Tous ceux qui viennent apprendre le Shü-Mom ( membre du Club Shü-Mom ) sont des élèves.
Après l’obtention du Baccalauréat, ils quittent la ville L’on ne sait plus ce qu’ils deviennent à Yaoundé, à Douala ou ailleurs. Ceux parmi eux qui ont tenté
d’instaurer l’enseignement du Shü-Mom au sein de la communauté Bamoun de leur ville se plaignent de ne rencontrer le soutien de personne.
S.M le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA a le souci de réhabiliter l’écriture. Déjà il a construit un bâtiment ultramoderne qui sert d’école de Shü-Mom. Il
reste à intéresser les Bamoun à cela. En suite, il amorcé des démarches pour avoir une autorisation d’enseigner le Shü-Mom dans les écoles Si cette
autorisation est acquise, le Shü-Mom sera t-il enseigné dans les écoles et par quI? Le problème très urgent actuellement est celui de la formation des
formateurs.
La Direction de l’école Shü-Mom propose donc dans un premier temps que chaque village du Noun envoie deux à trois personnes en formation à la
maison de la culture du Palais des roi Bamoun. Ces personnes après leur formation rentreront enseigner dans leurs villages respectifs.
Diverses propositions peut-être beaucoup plus concrètes sont faites à l’occasion des rencontres et échanges afin que tout le monde prenne conscience de
cette grande richesse culturelle.

Vous aimerez peut-être aussi