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Les échangeurs de chaleur

ENSGEP / FC2

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INTRODUCTION

Dans le contexte énergétique actuel, la hausse des prix de l’énergie et la raréfaction des
sources d’énergies fossiles poussent la société industrielle contemporaine à devenir de
plus en plus performante aussi bien sur l’aspect financier et environnemental que sur
l’aspect maitrise de l’énergie. Ce dernier point essentiel aujourd’hui, conduit les industriels
dans une recherche des meilleurs rendements de leurs processus et une baisse de leur
consommation énergétique devenus indispensables. L’objectif de performance énergétique
par la maitrise et la rationalisation de l’énergie pour une meilleure efficacité passe en
particulier par l’optimisation des différents organes process. Cette nouvelle stratégie de
performance énergétique n’est pas seulement judicieuse du point de vue de l’écologie ou
de l’énergie, elle est souvent très rentable pour de nombreux cas, voire même pour des
installations de taille réduite.

Cette rentabilité impose néanmoins une gestion minutieuse dans les petits systèmes,
davantage encore que dans les grandes installations. À partir d’une situation bien définie,
la rentabilité ne peut être garantie que par le recours à des solutions techniques optimales
offrant le meilleur rendement possible par une gestion dynamique des systèmes. C’est là
qu’intervient encore, et ceci depuis toujours, l’échangeur de chaleur. Celui-ci est un
élément essentiel de la stratégie de performance énergétique.

L’échangeur de chaleur (ou échangeur thermique) occupe une place primordiale et


indispensable dans tous les systèmes thermiques, qu’il soit pour un usage industriel (chimie,
pétrochimie, sidérurgie, agroalimentaire –IAA-, production d’énergie), pour l’automobile,
l’aéronautique ou le bâtiment résidentiel ou tertiaire. De manière générale, on s’accorde à
dire que plus de 90% de l’énergie thermique utilisée dans les procédés industriels transite
au moins une fois par un échangeur de chaleur.

Quelles sont les principales fonctions, les principales technologies et les méthodes de
dimensionnement d’un échangeur thermique ? Le choix et le dimensionnement d’un
échangeur de chaleur, pour une application donnée, dépendent de nombreux paramètres tels
que : les propriétés physiques des fluides, leur agressivité, les températures ainsi que leurs
pressions de service ou les matériaux. Les contraintes d’encombrement et de maintenance
doivent également être prises en compte, ainsi que les considérations économiques.

1. Principal but et fonctions d’un échangeur thermique

La fonction principale de l’échangeur thermique est de transférer de l’énergie thermique


d’un fluide vers un autre à des niveaux de températures distincts. Les fonctionnalités des
échangeurs thermiques sont extrêmement diverses et variées : les principales en sont les
suivantes :

 Préchauffeur ou refroidisseur d’un liquide ou d’un gaz (air par exemple) pour lesquels de
très nombreux exemples pourraient être rappelés et qui se caractérise par une fonction
simple : le contrôle de la température du fluide en un point particulier du procédé.

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 Récupérateur thermique qui permet d’introduire la récente notion de valorisation de
l’énergie thermique d’un procédé. La fonction de cet échangeur est alors d’assurer le
transfert d’une capacité thermique maximale afin de permettre une valorisation maximale
du rejet thermique sur des critères énergétiques et économiques.
 Réfrigérants (et aéro-réfrigérant lorsque le vecteur de refroidissement est l’air, réfrigérant
sur eau) qui assure la dissipation de l’énergie thermique non valorisable d’un procédé vers
le milieu extérieur – fonction essentielle dans de nombreux process.
 Capteurs ou émetteurs thermiques dont les équipements ont pour fonction, respectivement,
d’associer réception d’énergie thermique et transmission vers l’usage. Les exemples les
plus courants sont les capteurs solaires thermiques ainsi que les radiateurs domestiques qui
assurent le confort thermique dans un bâtiment.
 Des humidificateurs ou condenseurs partiels qui assurent la condensation d’une vapeur en
mélange avec un gaz incondensable pour obtenir, en fin d’opération, un gaz appauvri en
vapeur : l’exemple rencontré fréquemment est le déshumidificateur d’air humide qui permet
d’assurer un contrôle de l’humidité de l’air en sortie de centrale de traitement d’air
(CTA).D’autres exemples industriels peuvent être cités comme la captation de vapeurs
organiques dans les cryo-condenseurs ou les condenseurs de buées fréquemment
rencontrés dans les installations de génie chimique.
 Évaporateurs qui assurent l’évaporation complète ou partielle d’un liquide dans différents
procédés notamment de production d’énergie mécanique (cycle moteur de Rankine, de Hirn)
et de production frigorifique : cycle à compression (PAC), réfrigérateur. Condenseurs qui
assurent la condensation complète ou partielle d’un gaz (vapeur) là encore par exemple
pour la production d’énergie mécanique et frigorifique ;
 Équipements qui permettent la congélation et la fusion d’une phase liquide ou vapeur grâce
à une paroi refroidie en dessous du point triple du fluide. Ces dispositifs sont utilisés pour
assurer la séparation de plusieurs corps, assurer le stockage d’énergie thermique (stockage
de glace ou stockage par MCP), produire une phase solide pour divers usages.
 Le caloduc (Heat Pipe), véritable système thermique diphasique, qui permet notamment
d’assurer la dissipation de la chaleur générée par les éléments électroniques
(Microprocesseur ou électronique embarquée), la récupération d’énergie, le maintien en
température stable et uniforme.

On notera qu’un même échangeur peut assurer plusieurs fonctions dans des domaines applicatifs
variés.

2. Technologie des échangeurs

Difficile d’être exhaustif sur la description technologique des échangeurs tant la diversité
de ces appareils et de leurs variantes en fonction des constructeurs est importante. La
Figure 1 rappelle de façon synthétique les principales classes d’échangeurs suivant des
critères strictement technologiques.

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Les échangeurs tubulaires (tubes et calandre, coaxial et autres) sont les plus répandus et
représentaient, en 1998, quasiment 50% des parts de marché en Europe. Les échangeurs
dits compacts (échangeurs à plaques et joints, par exemple), qui ont connu une croissance
importante dans les années 1990, tendent à faire diminuer ce pourcentage mais la grande
adaptabilité des échangeurs tubulaires (tenue en pression et en température, diversité des
matériaux) fait qu’il est difficile d’assurer leurs remplacements par d’autres
technologies (Figure 2).

La classification d’un échangeur de chaleur se fait en fonction de :


- nature des deux fluides (liquide, gaz, condensation, évaporation) ;
- critères technologiques (tubes, à plaques, canaux, caloducs,…),
- mode de circulation des fluides (co-courants, contre courants, courants
croisé) ;
- mode de transfert de chaleur (convection, rayonnement) ;
- fonctionnement (contact direct ou indirect entre les deux ) ; - avec ou
sans stockage temporaire de la chaleur (régénérateurs).
Les échangeurs thermiques peuvent être : des échangeurs avec ou sans changement de
phase
-Sans changement de phase : chaleur sensible seule

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-Avec changement de phase: chaleur latente et/ou sensible
- Evaporateur : le fluide froid s’évapore ;
- Condenseur : le fluide chaud se condense.

Les principaux types sont :

ECHANGEURS CONTINUS
Les deux fluides circulent de manière continue de part et d’autre de la surface d’échange,
on va détailler :
1. Echangeurs tubulaires
+ Plus simple
- Surface d’échange importante
Utilisation
Liquide – liquide (eau/eau, huile/eau, eau surchauffée/eau).
Parmi lesquels on a :
a) Echangeurs à double tubes
Parallèle à co-courant

Parallèle à contre-courant

b) Echangeurs à faisceaux tubulaires (tube et calandre)


+ Compacité maximum (500 m²/m3)
+ Turbulence
- pertes de charge importantes
Utilisation
Liquide – liquide (eau/eau, huile/eau, eau surchauffée/eau)
Gaz – liquide (vapeur/eau) Parmi lesquels on a :

Echangeurs 1-1
Une passe dans la calandre
Une passe dans les tubes

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Entrée de Chicane verticale
Sortie des tubes calandre

Sortie de Entrée de tubes


Tubes Calandre
calandre
Echangeurs 1-1

Echangeurs 1-2(tubes en U)
Une passe dans la calandre
Deux passes dans les tubes
1 passage en calandre

2 passages en tubes

Echangeurs de chaleur 1-2

Echangeurs 1-4
Une passe dans la calandre
Quatre passes dans les tubes
1 passage en calandre

4 passages en tube
Echangeurs de chaleur 1-4

Echangeurs 2-4
Deux passes dans la calandre
Quatre passes dans les tubes
2 passages en calandre
Chicane horizontale

4 passages en tube

Echangeurs de chaleur 2-4

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ECHANGEURS TUBULAIRES À COURANTS CROISÉS (LIQUIDE-GAZ)
Les échangeurs à courants croisés sont utilisés pour des échanges entre gaz circulant en
calandre et liquide circulant dans les tubes. L’écoulement autour des tubes est presque
perpendiculaire au faisceau de tubes.
Note :
- non brassé : fluide circule dans des canaux parallèles distincts et de faible section
- brassé: fluide ne circule pas dans des canaux parallèles distincts et de faible section.
Liquide froid ou chaud

Gaz

Gaz
Liquide froid ou chaud
Un fluide brassé et un fluide non brassé Deux fluide s non brassés
Echangeurs tubulaires à courants croisés

ECHANGEURS À PLAQUES
+ Compacité maximum (500 m²/m3)
+ Turbulence
- Pertes de charge importantes
Utilisation
Liquide– liquide (eau-eau)
Gaz – gaz (air-air)
Parmi lesquels, on a :
a) Echangeurs à plaques soudées ou brasées
Ils sont utilisés en récupération de chaleur, dans les domaines de la chimie, de la
pétrochimie, de l’agro-alimentaire.
b) Echangeurs à plaques et joints
La surface d’échange est composée de plaques métalliques, équipées de joints, serrées les
unes contre les autres à l’aide de tirants entre deux flasques, l’un fixe, l’autre mobile.On
trouve dans ce genre d’échangeurs avec circulation des fluides est latérale et avec
circulation des fluides est diagonale.

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Joint

Sortie fluide chaud


Plateau mobile
Entrée fluide froid

Plateau fixe

Entrée fluide froid


Sortie fluide froid
Plaques

Figure 6 : Echangeurs à plaques et joints

Joint

Chevron

Échangeurs à
plaques et joints

ECHANGEURS PAR MÉLANGE OU À CONTACT DIRECT


Certaines applications impliquent une forme de "mélange" des deux fluides : le contact
direct, où les deux fluides sont intimement mélangés.
- désurchauffeurs de vapeur ;
- dégazeurs ;
- tours de refroidissement à convection naturelle ou forcée ;
- ballons de détente de purges…

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RÉGÉNÉRATEURS OU LES ÉCHANGEURS DISCONTINUS

Milieu
poreux

Fluide 1 Fluide 2 t = 0 t = t’
Régénérateurs ou échangeurs discontinus
Ce sont des échangeurs dans lesquels est organisé le stockage temporaire de la
chaleur du fluide chauffant avant de la transmettre au fluide chauffé.
La surface d’échange est alternativement mise en contact avec le fluide froid et le fluide
chaud.
La chaleur est transférée d'un gaz chaud à un gaz froid à travers un cylindre rotatif de
feuilles de métal densément assemblées, appelées des lamelles. Ces lamelles sont
assemblées dans des conteneurs et tournent lentement dans un flux gazeux et dans l'autre.
Un gaz chaud fluit sur la surface des lamelles métalliques, élevant leur température. Lorsque
le rotor tourne, à environ 1 tr/min., les lamelles chauffées déplacent dans le flux de gaz
froid, accroissant sa température. Ce type des échangeurs thermiques est destiné pour des
applications à grande échelle
Utilisation
Gaz –gaz (air-air)
- les brûleurs régénératifs
- les réchauffeurs d’air rotatifs ou échangeur à accumulation

Roue

Air neuf Air soufflé

Axe

Air rejeté Air recyclé

Réchauffeur d’air rotatif


L’échangeur rotatif est un échangeur à accumulation qui est constitué d’une roue
comportant de fins canaux et dont une moitié est traversée par le gaz chauffant et l’autre
par le gaz chauffé : l’un provenant d’un procédé exothermique et l’autre est généralement
de l’air ambiant.

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ECHANGEURS DE CHALEUR AVEC CHANGEMENT DE PHASE
- condenseurs ; - évaporateurs ; - bouilleurs.

3. Fonctionnement général d’un échangeur thermique

Il existe de nombreuses technologies d’échangeurs de chaleur, mais tous


fonctionnent suivant les mêmes processus physiques d’échanges, c’est-à-dire :

– la conduction qui représente les échanges à travers les parois (le plus souvent
métalliques),

– la convection qui représente les échanges entre les fluides et les parois,

– le rayonnement qui représente les échanges radiatifs entre les fluides et les parois
(principalement infra rouge) bien que ce dernier soit souvent négligeable (car pris en compte
uniquement pour un fonctionnement à haute température).

On distingue également trois modes d’écoulement différents :

– celui à co-courants : écoulements parallèles des fluides et dans la même direction ;

– celui à contre-courants : écoulements parallèles des fluides mais dans des directions
inverses ;

– et celui à courants croisés : écoulements perpendiculaires entre les deux fluides.

Le mode de circulation influe également sur la qualité et l’efficacité du transfert.

Un échangeur dit anti-méthodique (ou à co-courants) signifie que l’entrée des deux fluides
(chaud et froid) se situe du même coté de l’échangeur.

La configuration dite méthodique est celle ou les fluides circulent à contre-courants. On


l’appelle méthodique car c’est cette configuration qui permet d’obtenir les meilleures
performances d’échangeurs. En effet, pour une circulation à co-courant des fluides, la
température de sortie du fluide chaud ne pourra pas être plus basse que la température de
sortie du fluide froid tandis qu’à contre courant, il est possible d’abaisser la température
du fluide chaud à une valeur qui tendra vers la température d’entrée du fluide froid.

3.1. Calcul de la puissance thermique d’un échangeur : le bilan thermique


L’équation de bilan d’énergie exprime, conformément au premier principe de la
thermodynamique, l’égalité des flux de chaleur échangés par chacun des fluides circulant
dans l’échangeur thermique, en négligeant les pertes vers l’extérieur.

La puissance échangée entre les deux fluides, dépend essentiellement de l’écart de


température que celui-ci subit lorsque l’échange se réalise par chaleur sensible, ou alors

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essentiellement de la valeur de la chaleur latente (correspondant à l’enthalpie de
changement d’état) lorsqu’il y a un changement de phase (fluide diphasique).

3.1.1. Echange monophasique


Lorsque l’on parle de transfert monophasique, cela signifie que les fluides en présence
restent sous une même et unique phase et ne changent pas d’état (il reste uniquement à
l’état gazeux ou liquide) : les échanges de chaleur se traduisent ainsi uniquement par une
élévation ou une baisse de leur température. On parle alors d’échange sous forme de
chaleur sensible.

La puissance échangée (P en Watt) entre deux fluides à l’état monophasique, dépend


essentiellement des trois critères suivants :
 Le débit massique des fluides (qm en [kg/s]),
 Les propriétés thermophysiques des fluides (masse volumique (ρ en [kg/m3]) et chaleur
spécifique (Cp en [J/kg-K])),
 L’écart de température que vont subir les fluides (∆T en [K] ou en [°C]), l’échangeur
étant représenté (configuration co-courant) sur la Figure 3.

La chaleur se dirigeant toujours du fluide chaud vers le fluide froid et en faisant l’hypothèse
que les échanges vers l’extérieur sont nuls (cas d’un échangeur isolé), on a logiquement:

{T entree chaud} > {T sortie chaud}

{T entree froid} < {T sortie froid}

De ce fait, on peut exprimer la puissance échangée par chacun des fluides avec les
expressions suivantes qui impliquent la notion de conservation de l’énergie :

Avec :

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On notera également que de manière générale, les valeurs des propriétés thermophysiques
des fluides sont retenues comme étant des constantes calculées à la valeur moyenne de
température et de pression de chacun des fluides.

Grâce à l’écriture de ces bilans thermiques, on peut ainsi facilement retrouver une grandeur
(par exemple la température de sortie du fluide froid) si on connait l’ensemble des autres
grandeurs.

Une représentation assez courante des échanges thermiques entre deux fluides est le
diagramme Température-Enthalpie (ou Température-Puissance). Dans le cadre d’un
échange par chaleur sensible uniquement, la représentation est celle de la Figure 4.

Ici, on illustre une configuration à contre courant (comme pour les exemples qui suivent) où
le fluide chaud (en rouge) entre du coté opposé à celui du fluide froid (en bleu) : on rappelle
que, dans cette configuration, le fluide chaud peut être refroidit à un niveau plus bas que la
température de sortie du fluide froid tandis que le fluide froid peut, lui aussi, être chauffé
à une température plus haute que la température de sortie du fluide chaud.

3.1.2. Échange diphasique


Lorsque l’on parle de transfert diphasique, cela signifie que les fluides en présence vont
changer d’état (ou de phase) entre l’entrée et la sortie de l’échangeur : les échanges de
chaleur se traduisent ainsi quasiment uniquement par un changement d’état sans élévation
ni baisse de leur température (pour les corps purs à pression constante). On parle alors
d’échange sous forme de chaleur latente.

Les changements de phase les plus fréquemment rencontrés dans le domaine des
échangeurs de chaleur sont l’évaporation (Liquide → Gaz) et la condensation (Gaz →
Liquide), notamment dans le domaine du génie climatique (cycle des pompes à chaleur pour
la production de froid) et de la production d’énergie électrique (via un cycle de Rankine
pour la production d’énergie mécanique puis électrique via un alternateur).

Les autres changements de phase, tels que la fusion et la solidification, restent encore des
domaines plus marginaux bien qu’appliqués de plus en plus par l’utilisation grandissante
des MCP (Matériaux à changement de phase). On citera également la sublimation (Solide→
Gaz) qui est utilisée, par exemple, dans les process de lyophilisation.

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La puissance échangée (P en [W]) entre deux fluides qui vont changer de phase dépend
essentiellement des trois critères suivants :

 Le débit massique des fluides (qm en [kg/s]),


 La chaleur latente ou enthalpie de changement de phase (liquide/vapeur le plus couramment)
qui est une propriété thermophysique des fluides (noté Lv ou ∆hlv en [J/kg]).
 Le titre massique (noté xv) d’une des phases (en général la phase vapeur pour un mélange
liquide/vapeur). Ce titre massique est définit comme le rapport du débit massique de la
phase vapeur au débit massique des deux phases (c’est-à-dire le débit massique total de
fluide), il est donc compris entre 0 (phase totalement liquide) et 1 (phase totalement vapeur) :

Pour une évaporation (ou une condensation) totale, on peut donc dire que l’on passe d’un
titre de vapeur de 0 à un titre de vapeur de 1 (ou inversement pour la condensation) donc
∆xv=1. Ainsi, l’expression de la puissance est la suivante :

Dans le cadre de cette expression, le fluide chaud (indice c) va par exemple se condenser
totalement et le fluide froid va s’évaporer totalement. On a ainsi les expressions suivantes
pour le calcul de l’enthalpie de changement de phase :

On notera que la détermination de l’enthalpie de changement de phase est dépendante de


la pression ou de la température de saturation du fluide (en sachant que ces deux
paramètres sont dépendants l’un de l’autre).

Lorsque la condensation ou l’évaporation est partielle (i.e. 0 < xv < 1), on fait alors intervenir
la différence du titre massique entre l’entrée et la sortie du fluide : La puissance échangée
s’exprime ainsi par :

Pour un changement de phase sur le fluide froid (évaporation) avec un fluide chaud
monophasique, on peut par exemple rencontrer l’évolution suivante dans le diagramme
Température-Puissance (Figure 5):

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Ici, le fluide froid entre dans l’échangeur à l’état liquide saturé (par exemple eau liquide à
1 bar et 100°C donc xv=0) et s’évapore jusqu’à saturation vapeur (par exemple vapeur
d’eau à 1 bar et 100°C donc xv=1) par l’apport d’énergie thermique issue du fluide chaud
qui par conséquent se refroidit.

Pour un changement de phase sur le fluide chaud (condensation) avec un fluide froid
monophasique, on peut avoir l’évolution du diagramme Température-Puissance (Figure 6) :

Ici, nous somme dans la situation inverse : le fluide chaud entre dans l’échangeur à l’état
vapeur saturée et se condense jusqu’à saturation par l’extraction d’énergie thermique
issue du réchauffement du fluide froid.

3.1.3. Échange monophasique et diphasique


Lors d’un échange par changement de phase, il est fort probable que les fluides disponibles
ne soit pas exactement à l’état saturé (pour l’eau, l’état de saturation à la pression
atmosphérique est atteint à environ 100°C). De ce fait, l’échangeur va devoir coupler les
échanges monophasiques (sensibles) et diphasiques (changements de phase=latent). Pour
le calcul de la puissance, on devra alors additionner les deux expressions vues plus amont
pour calculer la puissance totale échangée.

Par exemple, chauffer un fluide liquide jusqu’à saturation puis l’évaporer partiellement ou
totalement (ou refroidir un fluide gazeux jusqu’à saturation pour le condenser partiellement
ou totalement), dans ce mode de fonctionnement, on pourra donc additionner les deux
expressions vues en amont pour calculer la puissance totale échangée :

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Enfin, il arrive fréquemment de devoir surchauffer de la vapeur à la suite de l’évaporation
totale ou bien de sous refroidir un liquide à la suite d’une condensation totale. L’expression
de la puissance devient alors la suivante :

Avec :

Pour un corps pur, on souligne que :

Pour un fluide chauffé, puis évaporé puis surchauffé par un fluide chaud qui est refroidi,
condensé puis sous refroidi, on peut avoir l’évolution du diagramme température-puissance
(Figure 7).

Ici, l’énergie thermique permettant le chauffage, l’évaporation et la surchauffe du fluide


froid est fournie par le refroidissement, la condensation ainsi que le sous-refroidissement
du fluide chaud.

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Nous avons vu l’expression de la puissance d’un échangeur par l’équation de la
conservation de l’énergie à travers l’écriture des différentes expressions et en fonction
des modes de transferts thermiques (sensible, latent ou couplage sensible + latent). Nous
n’avons cependant pas abordé le fond du problème du dimensionnement de l’échangeur.
En effet, ces premiers calculs permettent de connaitre les principales grandeurs (puissance,
débit, température) qui vont conditionner le dimensionnement, c’est-à-dire les dimensions
(la taille) de l’échangeur.

Pour cela, nous allons introduire les deux principales méthodes de dimensionnement qui
nécessitent toutes deux le calcul du coefficient d’échange thermique global.

3.2. Méthodes de dimensionnement


Au côté de l’équation de bilan d’énergie, la résolution des problèmes d’échange thermique
nécessite l’écriture d’une seconde équation, de nature tout à fait différente de la première,
qui pour rappel est une équation thermodynamique et traduit le principe de conservation de
l’énergie. Cette seconde équation est l’équation de transfert de chaleur qui traduit la
relation entre le flux de chaleur échangé et la différence de températures disponibles entre
les deux fluides qui circulent dans l’échangeur thermique.

Le dimensionnement d’un échangeur consiste à calculer la surface d’échange nécessaire


pour obtenir les performances désirées (puissance, température de sortie). Il faudra par la
suite déterminer les pertes de charge (pertes de pression) que va engendrer la circulation
des fluides (par la friction contre les parois du fait de la viscosité) afin de vérifier la
concordance avec le cahier des charges qui impose souvent une limite haute en terme de
valeur d’une perte de charge. Cette valeur haute correspondant, la plupart du temps, à une
capacité de pompage existante et donc à ne pas dépasser.

Pour connaitre la surface d’échange de l’échangeur, il faut dans un premier temps


connaitre les grandeurs dimensionnantes telles que la puissance, les températures, les
débits (voir plus haut la détermination de ces grandeurs par les bilans thermiques).

Ensuite, il faut calculer, et ce quelle que soit la méthode de dimensionnement utilisée, les
coefficients d’échanges thermiques partiels et le coefficient d’échange thermique global.

3.2.1. Coefficient d’échange global et partiel


Pour expliquer clairement la notion de coefficient d’échange, on considère une paroi
métallique au travers de laquelle la chaleur est transférée par conduction, cette paroi étant
en contact avec un fluide chaud et sur son autre face avec un fluide froid : cette situation
se traduit par un transfert de chaleur entre les deux fluides. On peut exprimer par l’équation
qui suit la relation entre le flux de chaleur transféré P, l’écart de température ∆T des deux
fluides (le chaud (indice c) et le froid (indice f)) et l’aire S de la paroi d’échange :

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Cette équation, plus connue sous le nom de loi de Newton, caractérise le transfert de
chaleur entre les deux fluides et introduit ainsi de nouvelles grandeurs :

 le facteur U dont l’unité est en [W/m²-K] qui exprime la qualité du transfert de chaleur
entre les deux fluides s’écoulant de part et d’autre de la paroi ; ce facteur est désigné
comme le coefficient d’échange thermique global entre les deux fluides (CETG) ;
 le facteur Rg, inverse du produit U.A, dont l’unité est en [K/W] appelé résistance thermique
globale (RTG) dont le concept est issu directement de l’analogie avec la résistance
électrique de la loi d’Ohm dans le domaine du génie électrique ; cette analogie associe la
différence de température à la différence de potentiel et le flux de chaleur à l’intensité
électrique. La loi de Newton est alors analogue à la loi d’Ohm.

Comme nous l’avons dit, une grande part du calcul d’un échangeur repose sur l’évaluation
de ce coefficient d’échange global dont la valeur peut être très différente suivant le type
de paroi en contact avec les fluides, les fluides et leurs propriétés, l’état du fluide (simple
phase gazeux ou liquide, double phase), les modes de transfert entre les fluides et la paroi
(réchauffement ou refroidissement, évaporation, condensation…). Bien que le calcul d’un
échangeur nécessite l’évaluation précise du coefficient d’échange global, il est
indispensable de connaître les ordres de grandeur des coefficients d’échanges globaux
dans diverses conditions, notamment pour juger rapidement de la justesse d’un calcul
(Tableau 1).

Tableau 1 : Ordre de grandeur du coefficient d’échange global

Situation physique U en W/m²-K

condenseur de vapeur d’eau 1100-1600

réchauffeur d’eau 1100-5600

condenseur de fluide frigorigène de type HFC avec eau comme fluide secondaire 500-1000

échangeur eau-eau 850-1800

batteries à ailettes (tube : eau, ailette : air) 25-70

échangeur eau/huile 110-350

condenseur d’ammoniac avec eau comme fluide secondaire 850-1400

échangeur gaz/gaz 10-40

évaporateur de HFC à tubes et calandre à détente directe 800-1600

Evaporateur noyé de HFC à tubes et calandre 500-1200

On notera que la valeur de ce coefficient est avant tout gouvernée par la résistance
thermique convective (c’est-à-dire le transfert entre la paroi et le fluide), la résistance par
conduction étant très faible dans la majorité des cas (car les parois sont de faible épaisseur
et de conductivité thermique élevée). Ce point souligne alors l’importance d’une bonne
évaluation des transferts thermiques par convection.

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Le coefficient d’échange global U se calcul à partir des différentes résistances thermiques
de convection (interne et externe), de conduction (paroi solide) et éventuellement des
résistances d’encrassement (dépôt biologique, tartre…etc.) :

 La résistance de conduction due à la présence d’une paroi solide s’exprime grâce


à l’équation de la chaleur, elle est fonction de la géométrie de la paroi (coordonnées
plan, cylindrique ou sphérique). Elle dépend aussi de la nature du matériau
(conductivité thermique).

Si la conduction est monodirectionnelle comme cela est le cas dans une paroi plane, on
utilise l’expression suivante :

Si la conduction est réalisée dans une paroi cylindrique, on utilise l’expression qui suit :

 Les résistances thermiques de convection sont en fait l’inverse du coefficient


d’échange convectif h (interne et externe). Chaque coefficient d’échange convectif
est calculé à partir de la valeur du nombre adimensionnel de Nusselt qui est évalué
par des corrélations empiriques (par expérimentation) données en fonction de la
géométrie (diamètre par exemple), des régimes d’écoulement (laminaire, transitoire
ou turbulent) et de nombres adimensionnels (Reynolds (Re), Prandtl (Pr)). De manière
générale, les expressions du nombre de Nusselt (Nu) apparaissent sous la forme
suivante :

Ces corrélations sont spécifiques aux produits de nombreux constructeurs et possèdent


des domaines de validité bien précis (géométrie, intervalle de la valeur du nombre de
Reynolds et du nombre de Prandtl) qu’il est impératif de respecter pour minimiser les
erreurs sur ces données

À titre d’exemple, la plus courante de ces expressions – appelée corrélation de Colburn –


permet de déterminer le coefficient d’échange convectif d’un fluide s’écoulant dans une
section circulaire (tube) en régime turbulent (régime d’écoulement le plus favorable aux
échanges thermiques convectifs et intervenant pour un nombre de Reynolds > 10 000 dans
un tube de section circulaire):

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Comme :

On peut alors déterminer le coefficient d’échange convectif partiel h :

La résistance thermique convective s’exprime alors par :

 Enfin, les valeurs des résistances d’encrassement. En général, l’encrassement des


échangeurs de chaleur est défini comme le dépôt de matériaux ou de substances
non désirées sur les surfaces d’échanges. Ce dépôt peut être constitué de cristaux,
de sédiments, de résidus biologiques, de produits d’une réaction chimique ou bien
encore être la combinaison de plusieurs de ces éléments. C’est un processus qui
est dynamique et qui se déroule de façon continue ou ponctuelle, généralement
jusqu’à atteindre un état d’équilibre (valeur asymptotique) ou jusqu’à ce qu’il soit
nécessaire de nettoyer l’échangeur – la période d’encrassement pouvant varier de
quelques heures à plusieurs mois, voire plusieurs années. Ces résistances
thermiques d’encrassement sont en général données par les standards TEMA
(Tubular Exchanger Manufacturer Association) qui font office de référence (sauf
retour d’expérience propre à l’exploitant). Leur prise en compte dans le calcul du
coefficient d’échange global permet de simuler le fonctionnement de l’échangeur
en conditions dégradées (avec une résistance d’encrassement suite à un nombre
d’heures de fonctionnement) et permet de faire un surdimensionnement justifié due
à une potentielle future baisse de performance. En effet, l’ajout d’une ou plusieurs
résistances d’encrassement a pour effet néfaste de dégrader la valeur du coefficient
d’échange thermique global, induisant une hausse de la surface d’échange
nécessaire et donc un surplus en coût, matière et conception (figure 8).

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La résistance globale (et en conséquence U) se déduit de la règle d’additivité des
résistances partielles :

On notera que le coefficient d’échange global doit être défini par rapport à une surface
d’échange de référence. Dans le cas, d’une paroi plane, cette surface de référence est
évidente puisqu’unique : c’est la surface de la paroi. Dans le cas d’une paroi tubulaire
(cylindrique), deux surfaces d’échange de référence peuvent être retenues : la paroi interne
ou externe. On peut alors choisir indistinctement l’une ou l’autre à la condition de maintenir
ce choix tout au long du calcul.

Ainsi, le coefficient d’échange global U (défini par rapport à la surface d’échange interne –
notée avec un indice int – pour les échangeurs tubulaires) est déterminé par la relation
suivante dans laquelle interviennent la résistance de paroi, les résistances convectives et
les résistances d’encrassement :

Cette expression prend différentes formes suivant le type d’échangeur considéré (en
négligeant les résistances d’encrassement) :

 Pour un échangeur tubulaire (de diamètre externe Dext et interne Dint) :

En sachant que :

On a finalement :

 Pour un échangeur à plaques (d’épaisseur e) :

3.2.2. Méthode de l’écart de température moyen logarithmique


La représentation des évolutions de températures moyennes des fluides en fonction d’une
grandeur spatiale (par exemple, x, la distance d’un des fluides par rapport à l’entrée de
l’échangeur) suppose la résolution simultanée des deux équations :

20
 équation de bilan énergétique ;
 équation de transfert de chaleur.

L’écriture des équations d’énergie et de transfert, pour un échangeur à co-courant sur un


élément de surface dS, est la suivante :

À partir de ces deux équations, nous déduisons l’équation différentielle :

D’où :

L’intégration de cette dernière équation donne l’évolution spatiale de l’écart de


température entre les fluides à partir de celui existant entre les fluides à l’entrée de
l’échangeur (x = 0) en supposant constant le coefficient d’échange U et les capacités
thermiques Cp :

Pour un échangeur à contre-courant, l’expression précédente devient :

Cette méthode est la seule méthode analytique permettant une représentation spatiale
exacte de la température moyenne des fluides. On aura noté toutefois qu’elle suppose des
hypothèses fortes telles que, entre autres, la constance du CETG tout le long de
l’échangeur.

Les équations précédentes aboutissent, après intégration aux bornes de l’échangeur, à


l’expression suivante qui relie la puissance échangée, le coefficient d’échange global et la
surface d’échange totale :

21
La différence de température moyenne logarithmique ΔTln est définie de la manière
suivante :

Cette expression fait intervenir les paramètres ∆Ta et ∆Tb qui représentent les écarts de
températures aux deux bornes de l’échangeur. Elle s’applique aussi bien aux échangeurs à
co-courants qu’à contre-courants (Figure 9).

Dans le cas où la condition de courant parallèle des fluides n’est pas respectée, c’est-à-
dire pour une configuration à courant croisés (comme c’est le cas pour des batteries à
ailettes), un aménagement de la méthode est réalisé en introduisant un facteur correctif F
qui prend en compte la spécificité de l’échangeur. Ainsi, la différence de température
moyenne logarithmique correspond à la valeur en contre-courants multipliée par le facteur
de correction F (répertorié dans des abaques spécifiques aux configurations à courants
croisés possible (1 fluide brassé, 2 fluides brassés…etc.)). Ce facteur F a donc une valeur
comprise entre 0 et 1.

La méthode de dimensionnement par l’écart de température logarithmique se résume donc


à une succession d’opérations simples dont l’organigramme suivant synthétise les
principales étapes (Figure 10).

22
Cette méthode permet essentiellement la détermination de la surface S de l’échangeur et
ne s’applique que dans des conditions strictes:

 le coefficient d’échange global est supposé constant,


 les échangeurs sont à circulation parallèle (co ou contre-courant) ou corrigé d’un
facteur F si ce n’est pas le cas,
 les capacités thermiques massiques des fluides sont supposées constantes tout au
long du processus.

La méthode de l’écart logarithmique, si elle est commode pour évaluer une surface
d’échange (les quatre températures des fluides étant connues à priori) présente une limite
d’utilisation lorsqu’il s’agit d’évaluer la puissance thermique échangée pour un échangeur
de surface connue. Une méthode – celle de l’efficacité et du nombre d’unités de transfert
(NUT) – est proposée pour éviter cette difficulté. L’objet de cette dernière méthode de
dimensionnement est d’évaluer la puissance thermique transférée dans un échangeur dont
la géométrie est connue.

3.2.3. Méthode de l’efficacité et du nombre d’unité de transfert


On définira l’efficacité ɛ d’un échangeur comme le rapport du flux de chaleur réellement
échangé dans l’échangeur (d’arrangement géométrique quelconque) au flux de chaleur
maximum qu’il est possible d’échanger (c’est-à-dire le flux échangé avec une surface
d’échange infinie) pour un échangeur à circulation à contre-courant fonctionnant avec des
débits et des températures d’entrée des fluides identiques à ceux du cas considéré.

Le flux de chaleur maximum qu’il est possible d’échanger est déterminé de la façon
suivante : la variation de température maximale que peut subir le fluide de plus faible débit
de capacité thermique (le débit de capacité thermique noté et exprimé en [W/K] est le
produit du débit massique (qm) par la chaleur spécifique (Cp)) est égale la différence entre
les températures d’entrée des fluides.

Le fluide qui est susceptible de subir cette variation maximale est le fluide qui présente le
débit de capacité thermique massique minimale :

23
Ce résultat serait obtenu avec une surface d’échange infinie et un échangeur à contre-
courant. Le flux de chaleur maximum possible est donc :

L’efficacité de l’échangeur thermique peut alors s’écrire :

 si le coté chaud présente le produit qm*Cp minimum :

 si le coté froid présente le produit qm*Cp minimum :

Ainsi, d’une manière générale, l’efficacité est égale à la variation de température sur le
fluide de minimum sur l’écart de température maximale dans l’échangeur.

Lorsque l’on ne connait pas les températures de sortie (ce qui est souvent le cas dans le
cadre d’une simulation), l’efficacité d’un échangeur ɛ est déterminée par le coefficient
d’échange global U, la surface d’échange S et la valeur du paramètre et via

l’introduction du terme de rapport de débit de capacité thermique noté .

Les expressions qui relient ces grandeurs se déduisent de l’intégration des équations de
bilan et de transfert.

Ainsi, on peut déduire,

 pour une circulation des fluides à contre-courants :

 pour une circulation des fluides à co-courants :

24
Le rapport est désigné comme le NUT (Nombre d’Unités de Transfert). Cette
grandeur est égale, si l’on applique les équations de bilan et de transfert à :

Soit le rapport de la variation de température sur le fluide de le plus faible, à l’écart de


température logarithmique.

La méthode dite de l’efficacité et du NUT (méthode ɛ-NUT) est une méthode aisée de
calcul des performances d’un échangeur thermique (diagnostic). En effet la formulation
proposée permet à partir du coefficient d’échange global U, la surface d’échange S, des
débits massiques et chaleurs spécifiques :

 en premier lieu d’évaluer le nombre d’unités de transfert NUT ;


 en deuxième lieu, à partir des expressions précédentes ou de celles issues
d’abaques pour des configurations plus complexes d’échangeurs, de calculer
l’efficacité de l’échangeur ;
 l’efficacité connue, il est aisé de déterminer latempérature de sortie de l’un des
fluides (celui présentant le minimum). Ensuite, la température de sortie de l’autre
fluide se déduit des bilans thermiques.

Les limitations de cette méthode sont identiques à celles de la méthode de l’écart de


température moyen logarithmique. La mise en œuvre de cette méthode nécessite la
connaissance de la relation entre l’efficacité et le nombre d’unités de transfert. Cette
relation sous forme d’abaque ou d’expressions algébriques dépend :

 du mode de circulation des fluides,


 du type d’échangeur de chaleur,
 du mélange ou non des filets fluides lorsque l’écoulement est à courant-croisé.

Dans le cas de condenseur ou d’évaporateur (avec température constante du fluide à 2


phases), on considère Cmax tend vers une valeur infinie car la température de changement
de phase est constante correspondant au fluide frigorigène qui s’évapore ou se condense.

3.3. Remarques sur les méthodes de calcul des échangeurs de chaleur


Pour le dimensionnement (méthode du ∆Tln) comme pour la simulation (méthode ɛ-NUT)
du fonctionnement d’un échangeur, trois situations types peuvent être rencontrées :

1. Dans l’échangeur circulent des fluides présentant des propriétés thermophysiques


constantes et le coefficient d’échange admet une valeur sensiblement constante :
la méthode de calcul dite point consiste à appliquer sur l’ensemble de l’échangeur
l’une des méthodes présentée.

25
2. Dans l’échangeur circulent des fluides dont l’un au moins présente une variation
brutale de ses propriétés : cas d’un fluide liquide qui devient vapeur puis d’une
vapeur surchauffée, par exemple. On ne peut légitimement pas accepter l’hypothèse
de constance des propriétés et du coefficient U. La méthode par zones qui consiste
à découper virtuellement l’échangeur en un nombre limité de zones (2 voire 3)
caractérisées par la constance (ou quasi constance) des propriétés et de U dans
chaque zone, permet d’utiliser les méthodes classiques précédentes pour chacune
d’elles (Figure 11).

3. Dans l’échangeur circulent des fluides dont les propriétés, le coefficient U varient
continument de façon importante (par exemple pour un fluide à l’état supercritique
très proche du point critique) : les méthodes précédentes ne peuvent plus
s’appliquer. Les méthodes numériques à éléments ou volumes finis doivent
s’appliquer en considérant l’échangeur comme une succession de mailles
élémentaires pour lesquelles on établit les équations de bilan thermique, les
équations locales de transfert de chaleur et les évaluations de pertes de
pression.Ces méthodes de complexité croissante sont toutes utilisées. La dernière
méthode (par éléments ou volumes finis), de par sa complexité et la lourdeur des
calculs qu’elle implique, nécessite des outils numériques lourds (voir section 7).

4. Critères de performance d’un échangeur

Il existe plusieurs critères de performance d’un échangeur :

 L’efficacité d’un échangeur est un critère de performance important.


 Le coefficient d’échange global U (ou K) est aussi un des plus utilisé. Plus ce dernier
est important, plus l’échangeur est performant. Il faut néanmoins que les pertes de
charge soient les plus faibles possibles (mais suffisante afin d’assurer une bonne
distribution des fluides) mais soient totalement dépendantes du design de
l’échangeur.
 Enfin, le critère de compacité est aussi important car il est défini par le rapport de
l’aire de la surface d’échange au volume de l’échangeur.
 On propose qu’un échangeur soit considéré comme compact si sa compacité
(rapport de la surface d’échange sur le volume de l’échangeur) est supérieure à 700
m²/m3 ; cette valeur est susceptible de varier de 500 à 800 m²/m3.

26
5. Le choix technologique : Identification des caractéristiques d’usages nécessaires
à une sélection adaptée d’un échangeur thermique
La sélection d’une technologie est une phase essentielle dans le projet d’un système ou
d’un équipement thermique. Les critères techniques et économiques sont nombreux alors
que le choix des technologies d’échangeurs thermiques est extrêmement varié.

La démarche entreprise pour aider l’étudiant à assurer une sélection raisonnée est :

 d’identifier l’ensemble des critères techniques de choix ;


 de quantifier dans la mesure du possible des critères qualitatifs tels que les
caractéristiques encrassantes d’un fluide, les risques associés à des défauts
d’étanchéité…

Différentes caractéristiques sont nécessaires pour amorcer les étapes de choix


technologique d’un échangeur thermique. Ces grandeurs sont en premier lieu les données
du procédé dans lequel l’échangeur doit être intégré, puis des caractéristiques associées
aux contraintes spécifiques.

– Les fluides de transfert, moteur et frigorigène du procédé

En premier lieu, il faut pouvoir définir le plus précisément possible les différentes données
du process dans lequel l’échangeur est prévu d’être intégré. Cela passe inévitablement par
la définition des fluides utilisés et de leurs conditions d’usage. La définition des fluides du
procédé est bien évidemment d’une importance capitale car il permet de définir les
différentes propriétés thermophysiques des fluides qui seront mis en jeu et qui servent aux
calculs des différentes grandeurs dimensionnelles et adimensionnelles.

– L’état des fluides de transfert (monophasique, diphasique)

– Les conditions extrêmes d’usage de l’échangeur : les températures maximales d’usage


de l’échangeur ; la pression maximale de service de l’échangeur sur l’un ou l’autre des
circuits ; le critère de pertes de charge maximales acceptables (ou de la perte de charge
maximale).

– L’encrassement des échangeurs thermiques

Ce critère demande une connaissance du potentiel encrassant du fluide qui peut induire
plusieurs effets (Bouchage, Colmatage) et qui se traduisent par des effets sur la
performance globale (Dégradation des performances thermiques, Augmentation des pertes
de charge, Surdimensionnement). Ainsi, la question de l’encrassement est primordiale. Lors
du fonctionnement avec des fluides à potentiel encrassant, il se peut qu’au bout d’un
certain temps de fonctionnement de l’échangeur, celui-ci ne soit plus en mesure de fournir
la puissance nécessaire. Il peut alors être judicieux d’écarter certaines typologies

27
d’échangeurs qui sont très sensibles à ces phénomènes pour éviter, soit une dégradation
trop importante et/ou rapide des performances de l’échangeur, soit pour préconiser une
technologie d’échangeur qui permette une inspection et un nettoyage aisés pour assurer –
et ceci tout au long de sa vie – les performances escomptées.

– Critère sur les exigences d’étanchéité de l’échangeur et les risques de fuite des fluides

La question des risques de fuite de fluides (et incidemment la qualité de l’étanchéité de


l’échangeur) peut être un critère important notamment vis-à-vis de la sécurité de
l’installation, les risques sur l’environnement. Ce critère peut être très contraignant en
matière de choix technologique et peut intervenir dans le dimensionnement de l’échangeur
lui-même par la nécessité d’une épaisseur de paroi importante (prenant en compte par
exemple des scenarii de corrosion annuelle…), voir même des exigences de double paroi.

– Critère associé à la nécessité d’inspection des équipements techniques

Ce critère est d’une part attribué par des obligations d’ordre réglementaire de type DESP
(Directive des équipements sous pression) mais est aussi intimement lié aux critères
précédents de l’encrassement et de l’étanchéité.

– Critère d’encombrement/compacité

La compacité d’un échangeur permet ainsi de juger rapidement de la performance d’un


échangeur thermique. Ce critère peut aussi être déterminant en termes de choix
technologique et de dimensionnement suivant la place (surface et/ou volume) que demande
l’installation de l’échangeur dans le process.

– Critère de coût de l’échangeur

Ce critère reste le point sensible des relations fabricants/utilisateurs, surtout pour des
applications bien connues, maitrisées et standardisées. Pour des applications plus
spécifiques ou la réussite du projet est fortement conditionnée par la conception et la
fabrication de l’échangeur, le critère du prix peut prendre moins d’importance.

6. Logiciels de dimensionnement des échangeurs de chaleur


Les problèmes de dimensionnement de ce composant primordial et essentiel concernent
avant tout le traitement des aspects thermo-hydrauliques. La complexité du problème de
calcul thermique des échangeurs vient de plusieurs facteurs et contraintes, notamment la
diversité des technologies des appareils et la nature de la physique des écoulements. Il faut
donc pour cela :

 caractériser un modèle d’écoulement, surtout lorsque celui-ci est complexe ;


 choisir des corrélations empiriques adaptées : ce problème peut être précisément
résolu par les fabricants en réalisant des campagnes d’essais qui permettent
d’établir des corrélations propres à chacune de ses gammes d’échangeur ; il est

28
plus difficile pour les exploitants qui bénéficie de l’utilisation de technologie issue
de plusieurs fabricants : dans ce cas, ils peuvent alors se rapporter aux corrélations
qui sont présentées dans la littérature;
 adopter un algorithme de résolution : on peut en effet choisir des algorithmes de
type dimensionnement ou de type simulation qui utilisent des méthodes analytiques
ou numériques.

On fournit ci-dessous une liste non exhaustive des principaux logiciels de dimensionnement
d’échangeur thermique :

 Xchanger suitede chez HTRI (Heat Transfer Research Incorporation) : logiciel de


référence qui inclut le dimensionnement des principales technologies d’échangeurs
pour quasiment toutes les configurations standardisées (tubes et calandre, plaques
et joints, plaques et ailettes, batterie à ailette, Kettle …etc.) ;
 EDR (Exchanger Design and Rating) de chez AspenTech (anciennement HTFS) :
logiciel de référence qui inclut également le dimensionnement des principales
technologies d’échangeurs pour quasimenttoutes les configurations standardisées ;
 Prosec de chez Prosim : logiciels très puissants pour la simulation des échangeurs
à plaques et ondes multifluides (applications cryogéniques (liquéfaction d’air)
essentiellement) ;
 CETUC du GRETh (Groupement pour la Recherche sur les Echangeurs Thermiques) :
logiciel validé par expérimentation qui permet le dimensionnement d’échangeurs à
tubes et calandre uniquement ;
 CEPAJ du GRETh : logiciel validé par expérimentation qui permet le
dimensionnement d’échangeurs à plaques uniquement ;
 EchTherm de NeoTherm Consulting et diffusé exclusivement par le GRETh : boite à
outils du thermicien qui inclut une multitude d’outils numériques de calculs de
coefficients d’échanges et de pertes de charge pour la majeure partie des
technologies d’échangeurs et pour quasiment tous les modes de fonctionnement
(monophasique et diphasique) ; il inclut également des modules simplifiée de
dimensionnement (tube et calandre, plaques et joint, batterie à ailette, caloduc…etc.)
ainsi qu’un outil d’aide au choix technologique ;
 Les logiciels de CFD (Computational Fluid Dynamic) pour les méthodes par volumes
ou éléments finis qui permettent la résolution couplée des équations de transferts
thermiques et de la mécanique des fluides (Navier-Stockes). On citera les principaux
logiciels comme Fluentde chez ANSYS, Comsol Multiphysics de chez COMSOL,
SolidWorks Flow simulation de chez Dassault systèmes, STARCCM+ de CD-Adapco
: ces logiciels pointus sont réservés à la résolution de problèmes spécifiques liés au
dimensionnement d’échangeur. Ils sont trop lourd (tarif et prise en main) pour la
réalisation d’un dimensionnement simple mais souvent indispensables pour la
recherche de nouvelles géométries complexes permettant d’améliorer les échanges
thermiques, par exemple.

Cette liste n’est pas exhaustive de tous les logiciels disponibles sur le marché mais elle
permet d’apprécier les principaux et surtout ceux qui sont utilisés par les industriels. On

29
voit que le nombre de logiciels reste réduit et que l’utilisateur n’a que peu de choix sur les
outils de dimensionnement d’échangeur. Certains développements ont permis de mettre en
place des outils robustes, constamment mis à jour (cf. HTRI ; AspenTech) et qui sont parfois
des outils imposés (code de calcul) dans certains Cahier Des Charges (CDC). Sans conteste,
le développement d’un logiciel à usage interne reste marginal et réservé aux fabricants
d’échangeurs thermiques.

7. CONCLUSIONS
Le dimensionnement d’un échangeur, nous venons de le voir, est un processus complexe
et souvent sujet à de nombreuses contraintes et hypothèses. Il suppose en effet de préciser
:

 la modélisation de l’échangeur retenu ;


 les propriétés thermophysiques des fluides ;
 le choix technologique réalisé ;
 les lois (corrélations) d’échange et de perte de pression spécifiques et adaptées ;
 les contraintes d’intégration et de design (compacité, performance thermique et
perte de charge acceptable) ;
 les contraintes liées à l’utilisation de certains fluides (résistance d’encrassement,
étanchéité, inspection);
 le choix d’un logiciel de calculs appropriés aux besoins ;
 le prix de l’échangeur (qui passe par sa conception, sa fabrication et sa mise en
place).

À l’évidence, le fait de disposer d’un échangeur bien adapté, bien dimensionné, bien réalisé
et bien utilisé permet un gain non négligeable de rendement et donc d’énergie dans les
process.

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Notations et symboles

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