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UNIVERSITÉ BADJI MOKHTAR ANNABA

FACULTÉ DE MÉDECINE

DÉPARTEMENT DE PHARMACIE

LABORATOIRE DE PHARMACIE GALÉNIQUE

Présenté par Dr Boutefnouchet Fériel

2020-2021
Plan
 Introduction
 Mode purification de l’eau
Distillation
Permutation
Osmose inverse
Ultrafiltration
 Eaux pharmaceutiques
 Eau purifiée
 Eau pour préparation injectable
 Eau hautement purifiée
 Eau pour irrigation
 Eau pour hémodialyse
Objectifs
 Définir les différentes eaux pharmaceutiques
 Décrire le mode d’obtention des eaux pharmaceutiques
 Citer les différents essais exigés par la Pharmacopée
 Donner quelques exemples de l’usage des eaux
pharmaceutiques
Introduction
 L’eau est l’excipient le plus utilisé en pharmacie.

 Différentes qualités d’eau sont nécessaires, selon l’utilisation qui


en serait faite. Ces qualités se remarquent par leur pureté
chimique et microbiologique.

 La Pharmacopée décrit quatre qualités d’eau définies par leur


mode d’obtention et des essais:

➢Eau purifiée
➢Eau pour préparation injectable
➢Eau hautement purifiée
➢Eau pour irrigation
Modes de purification de l’eau
 Distillation
 Permutation
 Osmose inverse
 Ultrafiltration
Distillation
 Pour obtenir par distillation une eau pure, sans impuretés un certain
nombre de précautions sont à prendre.

✓ Impuretés volatiles (CO2 et NH3) : elles peuvent, soit préexister dans l’eau à
distiller, soit apporter par l’atmosphère.

✓ Substances non volatiles entraînées par primage

✓ Impuretés cédées par les parois des réfrigérants ou des récipients qui reçoivent
l’eau distillée.
▪ Métaux : cuivre, fer, zinc, plomb, etc.
▪ Verre : silicates, borates, soude, sels de plomb, etc.

✓ Impuretés apportées par les micro-organismes


Appareils à distillation discontinue
 Le type le plus simple est l’appareil en verre neutre couramment
utilisé à petite échelle au laboratoire.

Appareil à distiller de laboratoire à


fonctionnement discontinu
Appareils à distillation continue
 L’alimentation continue permet d’avoir un niveau constant dans le
distillateur et d’augmenter le rendement par suppression des
manipulations.

Appareil à distiller de laboratoire


à fonctionnement continu
 Les appareils industriels marchent en régime continu pour avoir un débit
suffisant, ils sont en général conçus de façon à récupérer au moins une
partie des calories perdues dans le condenseur.

 On vous présente trois types de distillateurs utilisés dans l’industrie :

➢ Distillateur à simple effet


➢ Distillateur à double effet
➢ Distillateur à thermocompression
Distillateur à simple effet
•Il comprend : l’évaporateur et le condenseur,
en acier inoxydable.

•Le chauffage de l’eau dans l’évaporateur est


obtenu par une canalisation dans laquelle
circule de la vapeur d’eau surchauffée.

•Dans la partie supérieure de l’évaporateur, un


déflecteur peut être placé pour éviter le
primage.

•L’évaporateur est alimenté à niveau constant.

Ce type très simple d’appareil permet un


gros débit qui peut atteindre plusieurs
centaines de litres à l’heure.

Distillateur à simple effet (chauffage vapeur)


Eau froide
Eau chaude
Vapeur d’eau
Distillateur à double effet
 Appareil plus complexe conçu pour une récupération importante des
calories. Il comprend deux évaporateurs ou chaudières en acier inoxydable.

 L’eau d’alimentation est de l’eau déminéralisée qui traverse le condenseur


(récupération de calories) et arrive à niveau constant dans les 2 chaudières.

Distillateur à double effet (chauffage vapeur)


➢ La chaudière 1er effet 1 est chauffée par un serpentin traversé par de la vapeur
surchauffée.

➢ La vapeur d’eau fournie par 1 va se condenser dans le serpentin de la chaudière


2e effet 2 en faisant bouillir l’eau à 100 °C.
➢ La vapeur fournie par 2 se condense dans le serpentin du condenseur où elle cède
ses calories à l’eau purifiée d’alimentation.

➢ L’eau condensée achève de se refroidir dans le réfrigérant où elle rejoint la vapeur


de 1 condensée dans le serpentin de 2.
 Il existe des appareils à triple ou quadruple effets, mais plus on multiplie
les effets et plus on récupère de calories, mais on augmente simultanément
la complexité de l’installation.
Distillateur à thermocompression
 Les trois éléments essentiels d’un distillateur à thermocompression :

➢ La distillation se fait sous pression légèrement inférieure à la


pression atmosphérique.

➢ Après compression, la condensation de la vapeur se fait à la


même température, sous pression légèrement supérieure à la
pression atmosphérique donc sans eau de réfrigération.

➢ L’appareil chauffé électriquement est parfaitement calorifugé


pour éviter les pertes de calories.
Fonctionnement
 L’eau à distiller traverse l’échangeur 4 puis la partie inférieure de la chaudière 1. Elle
arrive donc chaude en 7 dans la chaudière (alimentation à niveau constant).

1. Chaudière
2. Compresseur
3. Condenseur
4. Échangeur
5. Résistances
6. Résistances
7. Alimentation à niveau constant
8. Robinet de réglage Distillateur à thermocompression
 Dans la chaudière, l’eau est chauffée par des résistances électriques 5 et 6. Lorsque la
température désirée est atteinte, le cycle de production commence par la mise en route
du compresseur à palettes 2 et le réglage en 8 de la différence de pression entre l’intérieur
et l’extérieur du condenseur 3 (l’extérieur, c’est-à-dire la chaudière 1).

1. Chaudière
2. Compresseur
3. Condenseur
4. Échangeur
5. Résistances
6. Résistances
7. Alimentation à niveau constant
8. Robinet de réglage Distillateur à thermocompression
 La différence de pression assure, à T° constante, le déplacement de la vapeur de la
chaudière dans laquelle elle se forme vers le condenseur où, légèrement comprimée, elle
se condense. L’eau distillée parcourt ensuite le serpentin qui traverse l’échangeur 4. Elle
s’y refroidit à 25 °C environ, en cédant ses calories à l’eau d’alimentation.

1. Chaudière
2. Compresseur
3. Condenseur
4. Échangeur
5. Résistances
6. Résistances
7. Alimentation à niveau constant
8. Robinet de réglage Distillateur à thermocompression
Permutation
 Elle résulte d’un passage de l’eau brute sur un lit de petites particules sphériques de
grains de résine échangeuse d’ions, qui entraînent l’échange des cations par des ions
hydrogène (H+) et des anions par des ions hydroxyles (OH-). On parle de
déminéralisation.

 Les anions et les cations de l’eau d’alimentation sont éliminés par les résines échangeuses
d’ions et sont remplacés par les ions hydrogènes et hydroxyles de la résine. Les ions
hydrogènes et hydroxyles se combinent pour former des molécules d’eau.
 La déminéralisation d’une eau salée se fait par la mise en œuvre des 2 types de
résines: résine échangeuse de cations et résine échangeuse d’anions.
En milieu industriel, la déminéralisation en lits séparés met en œuvre des résines
cationiques dans une première colonne et anioniques dans une seconde colonne.

Lorsque les résines sont saturées, elles sont régénérées à l’acide chlorhydrique
(pour les cations) et à l’hydroxyde de sodium (pour les anions).

Installation de bipermutation

Régénération : A = solution acide, B = solution alcaline.


Osmose inverse
 Le phénomène d’osmose est observé lorsque deux solutions salines de concentrations
différentes sont séparées par une membrane semi-perméable qui ne laisse passer que
l’eau, à l’exclusion des autres molécules et ions dissous. Un transfert de l’eau se
produit de la solution la moins concentrée vers la solution la plus concentrée.

Osmose inverse : En appliquant sur le


compartiment qui contient la solution la plus
concentrée, une pression suffisamment forte,
on inverse le phénomène : l’eau passe à travers
la membrane semi-perméable du milieu
concentré vers le milieu dilué.

C’est le principe de l’osmose inverse qui


permet la déminéralisation des eaux salines,

Principe de l’osmose inverse


 La figure suivante représente de façon schématique les éléments d’une
installation de purification de l’eau par osmose inverse :
un module à deux compartiments séparés par une membrane semi-perméable
et une pompe amenant l’eau à purifier sous pression dans le premier
compartiment.

Osmose inverse : éléments essentiels d’une installation

Les premières membranes utilisées étaient en acétate de cellulose.


Ultrafiltration
 Cette méthode de filtration sous pression permet de séparer les molécules
dissoutes dans l’eau en fonction de leur taille à l’aide de membranes de
perméabilité très sélective.

 Les ultrafiltres (membranes planes ou en spirales ou fibres creuses) sont


caractérisés par :

➢ Zone de coupure qui délimite la gamme des masses moléculaires retenues


partiellement,
➢ Seuil de coupure moléculaire qui correspond à la plus petite taille de molécule
retenue à 100 %,

 Les ultrafiltres n’éliminent pas les sels minéraux, mais ils retiennent les
molécules organiques à partir d’une certaine taille (les substances
pyrogènes), les particules non dissoutes, les micro-organismes et les virus.

 Comme pour l’osmose inverse, leur emploi nécessite une pré-filtration


convenable pour éviter un colmatage rapide.
Eaux inscrites à la Pharmacopée
Eau purifiée
Définition
 C’est une eau destinée à la préparation de médicaments autres que ceux qui
doivent être stériles et exempts de pyrogènes.

Eau purifiée en vrac

Eau purifiée conditionnée en récipients


Eau purifiée en vrac
➢ Présentation
 C’est un liquide limpide, incolore, inodore et insipide.

➢ Production
 C’est une eau préparée à partir d’une eau destinée à la consommation
Humaine par : distillation, échange d’ions ou autres procédés appropriés.

➢ Conservation
 Tout au long de la production et de la conservation de cette eau, des
mesures doivent être prises pour que germes aérobies totaux<100 μ org/ml.

➢ Essai
 La Pharmacopée prescrit des essais limites pour les nitrates, les métaux
lourds, l’aluminium et les endotoxines bactériennes.
 Le taux limite de taux de carbone organique total (0,5 mg/l).
 La conductivité doit être < 1,1 μs. cm-1 à 20 °C.
Eau purifiée conditionnée en récipients
 C’est de l’eau purifiée en vrac répartie en récipients .

 Elle doit être conservée dans des conditions qui assurent sa qualité
microbiologique, sans recours à un additif.

 En plus des essais de l’eau purifiée en vrac, la Pharmacopée fixe des


limites de :
➢ Acidité ou alcalinité, substances oxydables, chlorures, sulfates,
ammonium, calcium, magnésium;
➢ Résidu à l’évaporation (Max 0,001 %);
➢ Contamination microbienne (10 2 μorg/ ml),
Eau hautement purifiée
 En plus des caractéristiques précédemment décrites, cette eau doit
présenter une qualité biologique élevée, convient à la préparation de
solutions pour dialyse.

 Elle peut être préparée par osmose inverse à double passage, combinée
avec d’autres techniques (l’ultrafiltration et la désionisation).

 Elle est utilisable chaque fois qu’une pureté microbiologique est exigée, à
l’exception des cas où l’eau pour préparation injectable est requise. Le
seuil d’alerte en dessous duquel l’eau doit être maintenue se situe à 10
micro-organismes pour 100 ml.

 Les essais sont identiques aux eaux purifiées en vrac en plus du dosage
des endotoxines bactériennes (< 0,25 UI/ml).
Eau pour préparations injectables (eau ppi)
 L’eau ppi est une eau destinée :

➢ Soit à la préparation des médicaments pour administration


parentérale à véhicule aqueux (eau pour préparations injectables en
vrac)

➢ Soit à la dissolution ou la dilution de substances ou préparations pour


administration parentérale (eau stérilisée pour préparations
injectables).
➢ Eau pour préparation injectable en vrac
 Mode d’obtention
✓ Soit à partir d’une eau destinée à la consommation humaine
✓ Soit à partir d’une eau purifiée, par distillation dans un appareil dont les
surfaces en contact avec l’eau sont constituées de verre neutre, de quartz ou
d’un métal approprié.

 Production et conservation
la Pharmacopée prescrit les mêmes précautions que pour l’eau purifiée en vrac
pour ce qui est des germes aérobies viables, elle ajoute que les seuils d’alerte
sont plus stricts pour l’eau destinée à faire l’objet d’un traitement aseptique.

 Essai
Ils sont les mêmes que pour l’eau purifiée en vrac avec en plus un dosage des
endotoxines bactériennes (< 0,25 UI/ml).
➢ Eau stérilisée pour préparations injectables

 C’est de l’eau pour préparations injectables en vrac répartie dans des


récipients appropriés qui sont ensuite fermés, puis stérilisés par la chaleur,
dans des conditions telles que l’eau reste conforme à la limite spécifiée dans
l’essai des endotoxines bactériennes.

 Elle ne doit contenir aucun additif.

 Les récipients sont par exemple des ampoules, des flacons de verre ou des
poches en matière plastiques.

 Le contenu doit répondre aux essais de l’eau purifiée conditionnée en


récipients avec des limites légèrement différentes et de plus des essais de
contamination particulaire, de stérilité et d’endotoxines microbiennes.
Eau pour irrigation « Préparations pour irrigation »
 Les préparations pour irrigation sont des préparations aqueuses stériles de
grands volumes destinées à l’irrigation des cavités, des lésions et des surfaces
corporelles, par exemple au cours d’interventions chirurgicales.

 Les préparations pour irrigation peuvent être des solutions préparées en


dissolvant une ou plusieurs substances actives, des électrolytes ou des
substances osmotiquement actives dans de l’eau pour préparations injectables,
ou peuvent être constituées de cette eau seule.

 Dans ce dernier cas, la préparation peut être étiquetée « Eau pour irrigation ».
Les solutions pour irrigation sont généralement ajustées pour assurer l’isotonie
au sang et elles sont limpides.

 Les préparations pour irrigation sont conditionnées en récipients unidoses.


➢ Production
 Les préparations pour irrigation sont préparées à partir de produits et par des
méthodes propres à assurer leur stérilité et à empêcher l’introduction de
contaminants et la croissance de microorganismes.
➢ Essai
 Stérilité : les préparations pour irrigation satisfont à l’essai de stérilité.
 Endotoxines bactériennes : moins de 0,5 UI/ml.
 Pyrogènes

➢ Etiquette
L’étiquette doit indiquer que :
 La préparation ne doit pas être utilisée en injection.
 La préparation doit être utilisée en une seule fois.
 Les quantités non utilisées sont à jeter.
Solutions concentrées pour hémodialyse
 Définition
Elle est obtenue à partir d’eau potable par distillation, par osmose inverse,
par échange d’ions ou par tout autre procédé approprié. Les conditions de
préparation, de transfert et de conservation permettent de limiter le risque
de contamination chimique et microbienne.
 Caractères
Liquide limpide, incolore et insipide.
 Essai
✓ Acidité ou alcalinité
✓ Substances oxydables
✓ Chlore total disponible : au maximum 0,1 ppm.
✓ Contamination microbienne: limite du nombre de germes aérobies viables
totaux de 102 microorganismes par millilitre.
✓ Endotoxines bactériennes : moins de 0,25 UI/ml.
Conclusion /choix de la méthode de
purification de l’eau
 Une étude des spécificités de chaque méthode donne des orientations
pour le choix de la méthode de purification de l’eau.

 L’efficacité de chacune d’elles dépend des traitements préalables


nécessaires à leur bon fonctionnement.

 Dans la pratique, il est exceptionnel qu’une de ces méthodes utilisée


seule donne entière satisfaction. Elles sont en fait complémentaires
les unes des autres.

 Elles sont donc très souvent associées en fonction de la qualité de


l’eau utilisée et de la qualité d’eau désirée et il s’agit dans chaque cas
particulier d’obtenir la qualité d’eau la mieux adaptée à l’usage
prévu, avec un bon rendement et en tenant compte du prix de revient.
Conclusion
 Différentes qualités d’eau pharmaceutique et leurs usages
Produits pharmaceutiques stériles

Solution pour dialyse péritonéale Eau pour préparation


Solution pour irrigation injectable

Préparation nasale Eau purifiée


Préparation dermatologique

Produits pharmaceutiques non stériles


Préparation orale Eau purifiée
Préparation rectale Eau purifiée

Eau utilisée durant la fabrication d’un médicament


Granulés Eau purifiée
Enrobage des comprimés Eau purifiée
Merci pour votre attention

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