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CHAPITRE 5 CONSTRUCTION DES COUPES GEOLOGIQUES

1. Constance de l’épaisseur des couches.


Lorsqu’on dessine une couche, il faut s’appliquer à lui conserver une épaisseur
rigoureusement constante à moins que des arguments valables ne nous apportent la preuve
formelle du contraire. En tout cas, si les épaisseurs peuvent varier pour des raisons
stratigraphiques (sédimentation plus ou moins abondante en deux points différents à la
même époque) ou tectoniques (laminages ou, ce qui est fréquent, épaississement dans les
charnières des plis) cette variation doit se faire d’une manière continue et ordonnée. On ne
doit pas voir sur une coupe des couches variant aléatoirement d’épaisseur au gré d’un crayon
manié d’une main mal assurée !
2. Données nécessaires à la constructions des couches.
La surface topographique et la largeur d’affleurement nous étant données par la carte, pour
construire une couche, il nous faut nécessairement connaître en outre :
- Soit le pendage (sens et valeur),
- Soit l’épaisseur de la couche et le sens de son pendage.
3. Construction en connaissant le pendage.
Rappelons que le pendage peut être donné (en grandeur et sens) par :
- Les signes indiqués sur la carte,
- La construction ou le calcul en connaissant l’épaisseur (mais ce n’est pas le cas ici),
- Les intersections des couches avec la surface topographique.

a- Pendage connu sur le trait de coupe (fig. 17).


Si le pendage est connu à l’endroit du trait de coupe, la construction est la même que celle
qui a été expliquée précédemment. Il suffit de tracer sur la coupe, à partir des limites
d’affleurement, des segments parallèles faisant avec l’horizontale un angle égal au pendage
et dirigés dans le même sens que lui.
Mais attention, il ne faut pas prolonger ces traits sur une grande distance, car le
pendage a été mesuré en surface et rien ne prouve qu’il ne change pas en profondeur ;
c’est même obligatoirement le cas pour des régions plissées.

Fig. 17. – Construction d’une couche dont le pendage est connu sur le trait de coupe.
En Q’, on trace la droite Q’T faisant un angle de 30° avec l’horizontale (qui est ici confondue avec la surface
topographique). De P’, on mène ensuite la parallèle à Q’T.
b- Pendage connu à proximité du trait de coupe (fig. 18).
Il est rare qu’on connaisse des pendages exactement sur le trait de coupe. Il faut alors utiliser
ceux qu’on trouve à proximité, à condition de les projeter, sur le trait de coupe,
parallèlement à la direction des couches. La figure 18.I, le montre clairement. La figure
18.II, indique comment il faut procéder à partir d’une carte : les pendages sont rapportés,
parallèlement aux directions des couches, sur le trait de coupe en 1, 2, 3, etc.
Notons que ce procédé postule l’invariabilité des structures lorsqu’on se déplace le long de
la direction des couches, mais ceci n’est que rarement valable sur de grandes distances.
Ces raisonnements ont été tenus avec des pendages parallèles au trait de coupe ; s’ils étaient
notablement obliques, il faudrait tenir compte du pendage apparent, plus faible (présenter
précédemment).

Fig. 18. – Utilisation des pendages connus à proximité du trait de coupe.


I – Un pendage indiqué reste valable sur une ligne parallèle à la direction de la couche.
II – Cas équivalent sur une carte et en coupe. Les pendages peuvent se projeter sur le trait de coupe en 1,
2,…,5, parallèlement à la direction des couches. La coupe se construit en tenant compte de ces pendages

4. Construction en connaissant l’épaisseur et le sens du pendage.

Rappelons que l’épaisseur des couches peut être donnée par :


- La lecture de la notice de la carte,
- La mesure de la largeur d’affleurement des couches verticales,
- La mesure des cotes du sommet et de la base des couches horizontales,
- La construction, ou le calcul, à condition de connaître le pendage (mais ce cas ne
nous intéresse pas ici car nous ignorons la valeur du pendage).
Le sens du pendage est donné par :
- Les signes indiqués sur la carte,
- L’examen des structures plissées,
- Les pendages des couches voisines.
On a vu précédemment (fig.9) comment on dessinait la limite inférieure de la couche en
connaissant l’épaisseur de celle-ci. Il suffit de compléter cette construction en traçant
parallèlement à E’T la limite supérieure de cette couche (voir fig. 19 ci-dessous).
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Fig. 19. – Construction d’une couche, en connaissant l’épaisseur et le sens du pendage.
En F’ on trace un cercle de rayon e ; de E’ on mène la tangente E’T, et enfin de F’ la parallèle à E’T.

En pratique, lorsqu’on ne cherche pas une grande précision, ce qui est le cas courant, il est
préférable et plus expéditif d’estimer la position du point T en fonction de l’épaisseur e. On
peut alors tracer la base E’T de la couche, puis sa limite supérieure qui passe par F’ et lui est
parallèle.

5. Etude de quelques cas délicats : variations de pendage au sein d’un même


affleurement.

La figure 20 montre quelques cas relativement fréquents et qui sont à l’origine de


nombreuses hésitations ou erreurs.

Exemple I : une couche c2 affleure sur une largeur AB, et prés du contact avec la couche c3
on note un pendage de 60°. Etant donné ce dernier, il est facile de tracer la limite supérieure
de la couche qui passe par A ; mais pour la limite inférieure, une difficulté se présente : si on
la dessine parallèlement à la première en la faisant passer par B, on est conduit à donner à c2
une épaisseur nettement trop grande ; si on respecte l’épaisseur qui est égale à AH (coupe 2),
il est possible de tracer la limite inférieure de E à H, mais en la prolongeant vers le haut on
aboutit en B’ et la largeur d’affleurement n’est plus respectée. Comme il faut nécessairement
passer par H et B, nous sommes conduits à donner une courbure à cette limite, comme on le
voit sur la coupe 3.

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Fig. 20. – Variation de pendage dans une même couche.
Pour chaque exemple sont figurées en 1, 2 et 3 les étapes de la construction (explication dans le texte).

Insistons sur le fait qu’il ne faut pas amorcer le changement de pendage de la limite
inférieure avant d’arriver au point H, sous peine de donner à la couche une épaisseur
trop grande.

Exemple II : il est voisin du précédent mais montre un pendage supplémentaire. Là aussi,


pour tracer la limite inférieure de la couche, il faut tenir compte du fait qu’elle passe
obligatoirement par H et par B, et respecter de plus le pendage, ici vertical, indiqué prés de
B.

Exemple III : plus complexe, il a les mêmes exigences et présente des pendages de sens
différents dont il faut tenir compte ; la solution la plus simple est donnée sur la figure.

En conclusion, ces exemples montrent que le pendage peut varier dans un même
affleurement. Ces variations sont même obligatoires dans les structures plissées, et il faut
s’attendre à les y rencontrer.

6. Importance du repérage exact des affleurement par rapport à la topographie.

Il est essentiel de reporter les affleurements sur le profil topographique exactement à


l’endroit qu’ils doivent occuper. On peut donner à ceci deux raisons principales :
- Une raison morphologique : les différentes duretés des couches interviennent dans
les formes du relief. Ce dernier devient incompréhensible si, par suite d’un mauvais
repérage, on fait correspondre des couches tendres à des zones en relief et vice versa.
- Une raison structurale : les pendages peuvent être entièrement modifiés par un
mauvais repérage. C’est par exemple le cas de la figure 21B, où, par suite d’un
décalage du profil vers la droite, on est obligé de dessiner verticales des couches en
réalité peu inclinées.

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Fig. 21. – Importance du repérage exact des affleurements par rapport à la topographie.
A – Affleurement bien repérés : les couches, construites en respectant les épaisseurs (colonne à gauche), sont
faiblement inclinés.
B – Tous les affleurements sont décalés sur le profil topographique. Les couches, construites en respectant les
épaisseurs, n’ont plus leurs pendages réels.

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QUELQUES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET LIENS UTILES

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

A. FOUCAULT et J.-F. RAOULT (1984). – Coupes et cartes géologiques. S.e.d.e.s. et


Doin, 2ème édition.
D. SOREL et P. VERGELY (2018). – Initiation aux cartes et coupes géologiques. 4ème
édition, Dunod.
D. FRIZON DE LAMOTTE, P. LETURMY, P. SOULOUMIAC et A. FRIZON DE
LAMOTTE (2019). – Objets et structures géologiques en trois dimensions - Observation,
interprétation et construction de modèles en 3D. Édition, Dunod.

LIENS UTILES (présentés par chapitre et par thématique)

E - CONSTRUCTION DES COUPES GEOLOGIQUES

Lien N° 16 http://www.geo-fbajolet.com/teaching.html#coupe

Lien N° 17 https://youtu.be/AHcMGrRjAxw
Lien N° 18 https://youtu.be/nu8IVtmlh_0
Lien N° 19 https://youtu.be/z8TkQDrJJrU
Lien N° 20 https://youtu.be/WwJaAnl0guM

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