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DROIT DES SOCIÉTÉS

André A kam A kam

André A kam A kam


Voudwe Bakreo
COMMERCIALES OHADA
Voudwe Bakreo
Dans les dix-sept États qui forment aujourd’hui l’Organisation pour
l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), le droit
des sociétés est désormais constitué des règles communes contenues
dans les Actes uniformes, et particulièrement l’Acte uniforme du
15 décembre 2010 relatif au droit commercial général et l’Acte uniforme
du 30 janvier 2014 relatif au droit des sociétés commerciales et du
Groupement d’intérêt économique (GIE). Il subsiste néanmoins
quelques règles nationales qui s’appliquent dès lors qu’elles ne sont pas DROIT DES SOCIÉTÉS
contraires aux dispositions des Actes uniformes.
Le présent ouvrage (qui est avant tout un manuel destiné aux étudiants,
mais qui s’adresse aussi aux praticiens du droit et aux décideurs en matière
COMMERCIALES OHADA
économique) vise à exposer, expliquer, systématiser et, le cas échéant,

COMMERCIALES OHADA
critiquer les règles qui régissent la constitution, le fonctionnement et la

DROIT DES SOCIÉTÉS


disparition des sociétés commerciales. Ce faisant, il montre que le droit
des sociétés commerciales OHADA vise la promotion, la protection et
la sécurité juridique et judiciaire des investissements, autant qu’il tend
à protéger les intérêts particuliers (intérêt des associés et notamment
les minoritaires, intérêt de la société, intérêt des créanciers et même
l’intérêt général). En outre, il met en exergue la richesse, la variété et la
modernité du droit des sociétés de l’OHADA, ainsi que l’abondance et
la qualité des travaux de recherche des auteurs africains et d’ailleurs qui
s’intéressent au droit OHADA.

André Akam Akam, agrégé de droit privé et diplômé de l’Institut


d’études politiques (Aix-en-Provence), professeur des universités, doyen
honoraire des facultés de droit des universités de Ngaoundéré et Yaoundé-II,
est doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université
de Douala (Cameroun).

Voudwe Bakreo, docteur en droit privé, est chargé de cours à la


faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Douala
(Cameroun).

ISBN : 978-2-343-12819-1
Dynamiques du droit OHADA
55 €
Droit des sociétés
commerciales OHADA
Dynamiques du droit OHADA
Collection dirigée par André Akam Akam

Le droit OHADA s'étend, se densifie, connaît des mutations et fait


ainsi montre d'un dynamisme certain. La présente collection vise à
susciter la publication d'ouvrages qui rendent compte de la diversité, de
la richesse et de la modernité de ce droit en pleine expansion matérielle et
territoriale. Elle s'adresse à tous : étudiants, enseignants, praticiens du
droit, décideurs politiques, managers publics et privés, investisseurs, etc.
qui trouveront dans les manuels mis à leur disposition des œuvres de
grande qualité scientifique, richement référencées en doctrine et en
jurisprudence africaines, et qui sont à la fois des outils pédagogiques et
des instruments d’aide à la décision.
André AKAM AKAM et VOUDWE BAKREO

Droit des sociétés


commerciales OHADA
Ouvrages du Professeur André AKAM AKAM

La politique africaine de Jean-Paul II. L'Église et les défis de l'Afrique noire


(1978-1990), L’Harmattan, mars 2009
Les mutations juridiques dans le système OHADA (dir.), L’Harmattan,
septembre 2009

Cet ouvrage a bénéficié du soutien


de l’Agence universitaire de la Francophonie

© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-12819-1
EAN : 9782343128191
AVANT-PROPOS

La rédaction de cet ouvrage procède d'un triple objectif qui s'inscrit


pleinement dans ma vocation d'enseignant et de citoyen de l'Afrique.
Le premier objectif est de répondre à un désir enfoui depuis longtemps dans
mon esprit, et qui est de rédiger à l'intention des étudiants de nos facultés et
grandes écoles, des ouvrages simples et d'un accès facile. Aussi, le présent
ouvrage a prioritairement une vocation pédagogique en ce qu'il sert de
propédeutique aux étudiants engagés dans l'apprentissage de l'une des matières
les plus fascinantes du droit privé : à savoir le droit des sociétés commerciales.
Ce faisant, il se veut aussi un compendium pour les professionnels et les
praticiens du droit, à la recherche d'informations utiles et précises. Par ailleurs,
les investisseurs et autres opérateurs économiques peuvent y trouver des éléments
leur permettant d'avoir une meilleure connaissance de l'environnement juridique
des affaires et des instruments utiles à la prise de décisions.
Le second objectif est de mettre à la disposition du public, un ouvrage faisant
l’état des lieux de l'œuvre immense des auteurs et des juges africains dans une
matière réputée complexe, dans l’analyse, la compréhension, l’interprétation et
l’application des règles édictées par le législateur. Il s’agit de rendre justice et un
hommage mérité à la doctrine et à la jurisprudence africaines si souvent
méconnues ou insuffisamment mises en valeur. Aussi, le présent ouvrage recense
l'essentiel des publications (ouvrages, thèses, mémoires) des auteurs africains du
continent et de la diaspora, qu'il s'agisse de travaux d'auteurs confirmés ou de
ceux d'étudiants effectuant leurs premiers pas dans la recherche. De même, il cite
ou évoque les grandes décisions rendues tant par la Cour commune de justice et
d'arbitrage (CCJA) que par les juridictions nationales. Toutefois, les références
étrangères ne sont pas absentes ni négligées, ce d'autant plus que sur bien des
points, les références africaines sont insuffisantes voire insignifiantes.
Enfin, le troisième objectif est de relever le défi de la création d'une nouvelle
collection consacrée au droit OHADA et qui entend se démarquer de celles qui
existent par son originalité et sa densité. Le présent ouvrage est donc le premier
de cette collection et préfigure la publication d'autres qui viendront l'enrichir dans
le dessein de mettre à la disposition du public des ouvrages de référence.
L'ambition de la collection "Dynamiques du droit OHADA" est alors de
s'affirmer comme une vitrine du renouveau de la science juridique africaine et un
éloquent témoignage de la fraîcheur et de la vigueur de la pensée juridique
africaine.
Au seuil de cette première édition, je voudrais exprimer ma reconnaissance et
mon amitié à M. Voudwé Bakréo, mon ancien étudiant et mon jeune collègue,
qui a accepté avec enthousiasme et dévouement de m'accompagner dans cette
aventure intellectuelle. Sa contribution a été en tous points déterminante pour la
réalisation de cet ouvrage. Aussi, je voudrais saluer, à juste titre, son exemplaire
collaboration.

André AKAM AKAM

Douala, le 12 janvier 2017

6
PRINCIPALES ABRÉVIATIONS

AMF : Autorité des Marchés Financiers (France).


ANIF : Agence Nationale d’Investigation Financière.
AUDCG. : Acte uniforme relatif au droit commercial général.
AUDS : Acte uniforme relatif au droit des sûretés.
AUS : Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
groupement d’intérêt économique.
BCEAO : Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest.
BEAC : Banque des États de l’Afrique Centrale.
BRVM : Bourse Régionale des Valeurs Mobilières de l’UEMOA.
Bull. : Bulletin.
Bull. civ. : Bulletin des arrêts de la Cour de cassation française
(chambres civiles).
Bull. Joly : Bulletin Joly.
Bull. crim. : Bulletin des arrêts de la Cour de cassation française
(chambres criminelles).
BVMAC : Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale.
C: Code
c/ : Contre.
CADH : Cahiers africains des droits de l’homme.
Cah. dr. entr. : Cahiers de droit de l’entreprise.
Cass. : Cour de cassation française.
Cass. civ. : Cour de cassation française, chambre civile.
Cass. com. : Cour de cassation française, chambre commerciale.
Cass. crim. Cour de cassation française, chambre criminelle.
C. civ. : Code civil.
C. com. : Code de commerce
CCJA. : Cour Commune de justice et d’arbitrage (OHADA).
CE : Arrêt du Conseil d’État français.
CEDH : Cour européenne des droits de l’homme.
CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique
Centrale.
CENTIF : Cellule Nationale de Traitement de l’Information
Financière.
Cf. : Confère.
CFA : Communautaire Financière d’Afrique (pour les pays de la
zone UEMOA) ou Coopération Financière d’Afrique
(pour les pays de la zone CEMAC).
ch. : Chambre
Chron. : Chronique.
CJCE : Cour de Justice des Communautés Européennes.
C.J. CEMAC : Cour de Justice de la CEMAC.
CJP : Cahiers juridiques et politiques, (Université de
Ngaoundéré).
C. J. UEMOA Cour de Justice de l’UEMOA.
CMF : Commission des Marchés Financiers du Cameroun.
COB : Commission des Opérations de Bourse (France).
COBAC : Commission bancaire de l’Afrique Centrale.
Coll. : Collection.
Comm. : Commentaire.
concl. : Conclusions.
Contra : Contrairement.
COSUMAF : Commission de Surveillance du Marché Financier.
C.S. : Cour suprême du Cameroun.
C.S./C.A. : Cour suprême du Cameroun, Chambre administrative.
D. : Recueil Dalloz.
D. Affaires : Dalloz Affaires
Décr. : Décret.
Doctr. : Doctrine.
DP : Dalloz-Périodique.
Dr. sociétés : Droit des sociétés.
Dr. et patr. : Droit et patrimoine.
DSX : Douala Stock Exchange.
éd. : Edition
Fasc. : Fascicule.
F.C.P. : Fonds Commun de Placement.
Gaz. Pal. : Gazette du Palais.
Ibid. : Au même endroit.
in : Dans.
Infra : Plus bas.
JCP : Juris- classeur périodique édition générale (Semaine
juridique).
JCP E : Juris-classeur périodique édition entreprise (Semaine
juridique).

8
JO : Journal officiel.
JOCE : Journal officiel des communautés européennes.
JOUE : Journal officiel de l’Union Européenne.
J. soc. : Journal des sociétés.
LGDJ : Librairie générale de droit et de jurisprudence.
Litec : Librairie technique.
n° : Numéro.
obs. : Observations.
OHADA : Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des
affaires.
Op. cit. : Opere citato (cité plus haut).
OPCVM : Organisme de placement collectif en Valeurs Mobilières.
Ord. : Ordonnance.
p. : Page.
PA : Les Petites Affiches.
pp. Pages.
préc. : Précité.
PUA : Presses Universitaires d’Afrique.
PUAM : Presses Universitaires d’Aix-Marseille.
PUCAC : Presses de l’Université Catholique d’Afrique centrale.
PUF : Presses Universitaires de France.
rapp. : Rapport.
RASJ : Revue africaine des sciences juridiques (Université de
Yaoundé II)
RCDA : Revue Camerounaise du Droit des Affaires.
RDBF : Revue de Droit bancaire et financier.
Rep. pr. civ. : Répertoire de procédure civile Dalloz.
req. : Requête.
Rev. crit. DIP. Revue critique de Droit International Privé.
Rev.afr.sc.jur. Revue africaine des sciences juridiques, (Université de
Yaoundé II).
Rev. sociétés : Revue des sociétés.
RFD. adm. : Revue Française de Droit Administratif.
RID. comp. : Revue Internationale de Droit Comparé.
RIDE : Revue Internationale de Droit Economique.
RJ com. : Revue de jurisprudence commerciale.
RJDA : Revue de Jurisprudence du Droit des Affaires.
RRJ : Revue de la recherche juridique. Droit prospectif.
RTD act. : Revue trimestrielle de droit et des activités économiques.
RTD civ. : Revue trimestrielle de droit civil.

9
RTD com. : Revue trimestrielle de droit commercial.
RTD. eur. : Revue trimestrielle de droit européen.
S. : Sirey.
s. : suivant.
SA : Société Anonyme.
SARL : Société à Responsabilité Limitée.
Somm. : Sommaire.
spéc. : Spécialement.
Suppl. : Supplément.
supra : Ci-dessus.
t. : Tome.
TGI : Tribunal de Grande Instance.
UCAD Université Cheick Anta Diop (Sénégal)
UEAC : Union Économique de l’Afrique Centrale.
UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest Africaine.
UMAC : Union Monétaire de l’Afrique Centrale.
UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine.
V. : Voir.
Vol. : Volume.

10


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INTRODUCTION

1 Les commerçants peuvent être, soit des personnes physiques, soit des
personnes morales. Les sociétés commerciales rentrent dans cette deuxième
catégorie de commerçants. Ayant la qualité de commerçant, les sociétés sont
d’abord soumises aux règles régissant l’activité commerciale. Celles-ci
constituent en général le droit commercial1. Mais, en raison de leurs spécificités,
les sociétés commerciales obéissent aussi à des règles qui leur sont propres. Elles
constituent le droit des sociétés commerciales. Celui-ci sera entendu comme
l’ensemble des règles qui régissent la naissance, la vie et la disparition des
sociétés commerciales.
2 Le présent ouvrage est consacré aux sociétés commerciales régies par le
droit OHADA. La matière paraît vaste. Pour l’aborder, on peut d’emblée poser
un certain nombre de questions préalables : qu’est-ce qu’une société
commerciale ? (section I) Quelles sont les sources du droit des sociétés
commerciales ? (section II) Et quel est le domaine de celui-ci ? (section III).

SECTION I- LA NOTION DE SOCIÉTÉ COMMERCIALE


3 Le mot « société » a deux sens. D’une part, il désigne le contrat par lequel
deux ou plusieurs personnes (physiques ou morales) conviennent de mettre
quelque chose en commun en vue de partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie qui pourra en résulter. Dans cette acception, la société est un contrat,
le contrat de société2. D’autre part, la société désigne la personne juridique née

1
Il s’agit notamment de l’Acte uniforme portant droit commercial général, publié au Journal
Officiel de l’OHADA du 15 février 2011. Il s’agit également de certains textes en vigueur dans
certains pays membres qui régissent également, de manière générale l’activité commerciale (v. par
exemple au Cameroun, la loi n°2015/018/ du 21 décembre 2015 régissant l’activité commerciale
au Cameroun).
2 V. art. 4 AUS et 1832 C. civ. V. également K. PEGLOW, Le contrat de société en droit allemand

et en droit français, Bibliothèque de droit privé, t. 402, 2003, ; F.D POITRINAL, «La révolution
contractuelle du Droit des Sociétés, dynamiques et paradoxes », Revue Banque Ed., 2003, 272p. ;
S. SCHILLER, Les limites de la liberté contractuelle en droit des sociétés, Bibliothèque de droit
privé, LGDJ, t. 378, 2002 ; J.-P. BERTREL, « Liberté contractuelle et sociétés. Essai d'une théorie
du juste milieu en droit des sociétés », RTD com. 1996. 596 ; Cl. CHAMPEAU, « Le contrat de
société existe-t-il encore ? », in Le droit contemporain des contrats, Travaux de la faculté des
Sciences juridiques de Rennes, Economica, 1987 ; P. DIDIER « La théorie contractualiste de la
société », Rev. sociétés 2000. 95 ; « Brèves notes sur le contrat organisation », in L'avenir du droit,
Mélanges F. Terré, Dalloz, 1999, p. 635 ; « Le consentement sans l'échange : le contrat de société »,
o
RJ com. 1995, n spéc., nov. 1995.
de ce contrat. Il s’agit alors d’une personne morale distincte des personnes qui
l’ont constituée, à laquelle est affectée la « chose » mise en commun et qui est
investie de la capacité juridique d’agir au nom et dans l’intérêt de la collectivité.
L’on ne saurait se contenter de ces deux acceptions du mot « société » qui ne
renseignent ni sur sa particularité par rapport aux autres groupements de droit
privé (§1), encore moins sur sa nature juridique (§2).
§I. LE PARTICULARISME DE LA SOCIÉTÉ
COMMERCIALE
4 L’article 4 de l’Acte uniforme portant droit des sociétés commerciales et
du groupement d’intérêt économique (ci-après AUS) reconnaît le caractère de
société aux groupements dans lesquels deux ou plusieurs personnes conviennent,
par contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire, en nature, ou en
industrie, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui
pourra en résulter. La question qui se pose alors est de savoir ce qui distingue la
société commerciale des autres groupements de personnes et de biens tels que la
société civile (A), l’association (B) ou le groupement d’intérêt économique (C)
et la société coopérative notamment (D).
A- La distinction entre la société commerciale et la société civile
5 La société civile3 est une société qui n’exerce pas une activité commerciale.
On la retrouve essentiellement dans les domaines de l'agriculture, de l'immobilier,
des professions libérales et des activités intellectuelles. Elle se caractérise
notamment par le fait que les associés sont indéfiniment responsables sur
l'ensemble de leur patrimoine personnel contrairement à la plupart des sociétés
commerciales dans lesquelles il y a une séparation stricte du patrimoine4. Mais
les principaux points de démarcation des deux formes de société résident
essentiellement au niveau de la forme et de l’objet de chacune d’elle. En effet,

3 Voir pour plus de détails sur la société civile, DELMAS, CHARTIER, Les groupements civils,
1997, coll. Connaissance du droit, Dalloz ; B. et M. GALIMARD, Les sociétés civiles, PUF, 1995 ;
ROYAL, La société civile de portefeuille : démembrement, assurance-vie, contrat de mariage,
1999, EFE ; TAITHE et WALET, La société civile, 1979 ; ANCEL, La société civile immobilière,
2001, éd. du Puits Fleuri ; BARANGER, La société civile, éd. GLN-Joly, 1995 ; BERGER et varii
autores, La société civile et la gestion du patrimoine en 150 questions, EFE, 1995.
4 V. à propos DORAT DES MONTS, « L'unification des sociétés civiles et commerciales. Vers un

droit commun ? », RTD com. 1995. 502 ; B. MERCADAL, « Le critère de distinction des sociétés
civiles et commerciales », RTD com. 1998. 511 ; W. JEANDIDIER, « L'imparfaite commercialité
des sociétés à objet civil et à forme commerciale », D. 1999, chron. 7 ; V. MONSÈRIÉ-BON,
« Associés de société civile et procédure collective : une rencontre réussie ? », Mélanges en
l'honneur de Daniel Tricot, 2011, Litec-Dalloz, p. 547 ; NURIT-PONTIER, « L'obligation aux
dettes sociales des associés à risque illimité », Bull. Joly 2008. 152 ; REVEL, « Droit des sociétés
et régime matrimonial : préséance et discrétion », D. 1993. Chron. 33 GUYON, « La situation des
associés dans les sociétés civiles et les sociétés commerciales ne faisant pas publiquement appel à
l'épargne », RTD com. 1983. 353.

14
l’AUS déclare que, sont commerciales à raison de leur forme et quel que soit leur
objet, la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société à
responsabilité limitée, la société anonyme et la société par actions simplifiées. Ce
qui revient à dire que les sociétés civiles en raison de leur forme sont toutes des
sociétés auxquelles la loi n'attribue pas un caractère commercial à raison de leur
forme, nature ou objet.
6 Longtemps, le droit des sociétés a maintenu cette distinction qui, au fond,
traduit la transposition en matière de société, de la distinction entre commerçants
et non-commerçants5. Le caractère civil était la règle et la commercialité
l’exception. La société civile était assimilée aux simples particuliers et la société
commerciale était soumise au statut dérogatoire du commerçant. Ainsi, devrait
être civile la société qui a un objet ou une activité civile et commerciale, la société
qui a un objet ou une activité commerciale. Les sociétés commerciales étaient
celles qui étaient créées pour exercer un commerce, les autres étant civiles.
7 Cette distinction a désormais perdu son importance. Le caractère
commercial d’une société découle soit de son objet6, c’est-à-dire de
l’accomplissement d’actes de commerce, soit de sa forme7. Excepté les
coopératives agricoles (catégorie spéciale de sociétés qui ne sont ni civiles ni
commerciales), toutes les autres sociétés devraient être civiles. La mise en œuvre
de la distinction est cependant difficile8. La catégorie des sociétés commerciales
à raison de leur objet est presque inexistante. La catégorie des sociétés
commerciales à raison de leur forme entraîne également de graves difficultés
lorsque ces sociétés ont un objet civil (activités immobilières, agricoles ou même
parfois libérales) ; se pose alors un conflit entre la forme et l’objet9. La
jurisprudence française est confuse à ce sujet. Tantôt, elle admet que le caractère
commercial l’emporte, tantôt, elle considère que la société est civile10. La solution

5 V. BERTHOUD-RIBAUDE, « Le sort de la société civile immobilière dans la procédure

collective », RTD com. 2003. 259 ; BRAULT, « La société civile, écran de fumée fiscal ? »,
Defrénois 1995. 945 ; « Éclaircie sur les sociétés civiles », Defrénois 1990. 266 ; « La cession de
no toutes les parts d'une société civile immobilière », Defrénois 1991. 1281.
6
V. art. 3 de l’AUDCG.
7 V.art. art. 6 AUS.
8 V. CHARTIER, « L'évaluation des parts de sociétés civiles immobilières », Rev. sociétés 1993.

1 ; CHAUVIN, « Immobilier d'entreprise : propriété de la société commerciale ou d'une SCI ? »,


JCP E 1998. II. 15178 ; COURET, « Groupements de moyens et pactes léonins », Bull. Joly 1992.
1057 ; « La frontière entre les meubles et les immeubles à l'épreuve des sociétés immobilières »,
Bull. Joly 2009. 82 ; COZIAN, « Les charmes discrets des sociétés civiles immobilières », RJ com.
1992. 229 ; « Du bon usage des sociétés civiles immobilières », D. 1994. Chron. 199 ; « Le charme
des sociétés civiles immobilières : charme intact ou charme fané ? », RJ com 2004. 64 ; CUTAJAR,
« Le montage société civile immobilière/société d'exploitation à l'épreuve de l'extension
jurisprudentielle de la procédure collective », Bull. Joly 1999. 1057.
9 JULIEN, « Observations sur l'évolution jurisprudentielle du sort des associés de la société civile »,

RTD com. 2001. 841.


10V. DORAT DES MONTS, « L'unification des sociétés civiles et commerciales. Vers un droit

commun ? », RTD com. 1985. 502.

15
serait de supprimer la catégorie des sociétés commerciales en raison de leur forme
et de s’en tenir au critère de l’activité, comme s’il s’agissait de personnes
physiques.
B- La distinction entre la société commerciale et l’association
8 L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes
mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leurs
activités dans un but autre que de partager des bénéfices11.
Le rapprochement de cette définition à celle figurant dans l’article 4 de l’AUS
qui définit la société commerciale comme étant une entité « créée par deux ou
plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d'affecter à une activité des
biens en numéraire ou en nature, ou de l'industrie, dans le but de partager le
bénéfice ou de profiter de l'économie qui peut en résulter », conduit à une double
déduction : en premier lieu, lorsqu’un groupement a pour but de partager les
bénéfices pouvant résulter de l’action commune, il doit revêtir forcément la forme
d’une société. Une association qui distribuerait des bénéfices à ses membres
pourrait être considérée alors comme une société créée de fait. En deuxième lieu,
lorsque le groupement est constitué dans un but purement désintéressé, exclusif
de toute recherche d’un avantage matériel quel qu’il soit, les fondateurs ne
pourraient utiliser d’autre forme juridique que celle de l’association régie par des
textes nationaux des États membres12. C’est notamment le cas des groupements
philanthropiques ou culturels.
9 Ainsi, si un groupement ne recherche ni le partage d’un bénéfice ni la
réalisation d’une économie, il est susceptible d’être annulé s’il revêt la forme
d’une société. Le problème est cependant plus délicat pour les groupements qui
font bénéficier leurs membres d’un avantage patrimonial13. Dans ce cas, c’est le
but principal recherché par les membres du groupement qui doit déterminer la
qualification à donner à celui-ci. Si la réalisation de l’économie n’est qu’un
élément accessoire dans l’esprit des parties, le groupement devrait revêtir la
forme d’une association. Si, au contraire, elle est prédominante, les fondateurs
auront le choix entre la société et l’association. L’appréciation de l’intention des
parties devra être largement commandée par la recherche d’une éventuelle fraude
à la loi.
10 En revanche, si le groupement a uniquement pour but de permettre à ses
membres de réaliser des économies, par exemple d’obtenir un service à un
meilleur prix qu’aux conditions habituelles du commerce, la société commerciale
ou l’association pourront être utilisées indifféremment. Mais, on peut

11 V. C. KEUTCHA TCHAPNGA, Le régime juridique des associations en droit public


camerounais, L’Harmattan, 2013, 202 p.
12 Pour le cas du Cameroun, v. la loi n° 90-053 du 19 décembre 1990 sur les associations.
13 V. par exemple au Cameroun, v. la loi n° 90-053 du 19 décembre 1990 sur les associations,

complétée par la loi 99-011 du 20 juillet 1999, op. cit.

16
légitimement penser qu’en pareil cas, la société sera préférée à l’association pour
deux raisons principales. D’une part, la société jouit d’une pleine capacité
juridique, alors que l’association ne peut posséder et administrer que les
cotisations de ses membres et les immeubles strictement nécessaires à
l’accomplissement du but qu’elle poursuit. D’autre part, en cas de dissolution, les
membres de l’association ne peuvent seulement reprendre que leurs apports. Ils
n’ont aucun droit sur l’actif restant, qui est généralement dévolu à une association
poursuivant le même but que l’association dissoute.
C- La distinction entre la société commerciale et le groupement d’intérêt
économique
11 Aux termes de l’article 869 de l’AUS, le groupement d'intérêt économique
(GIE) est un groupement qui a pour but exclusif de mettre en œuvre pour une
durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou à développer l'activité
économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les résultats de cette
activité. Comme la société, le GIE est constitué dans le but de faire profiter ses
membres des économies résultant de son activité14. En effet, le GIE peut être
constitué dans ce seul but.
12 Il existe une différence fondamentale entre les deux types de groupement :
le GIE doit être un prolongement de l’activité de ses membres, ce qui limite
nécessairement l’étendue de son objet, alors que la société peut avoir un objet
extrêmement large et, au besoin, sans rapport avec l’activité de ses membres15.
La responsabilité indéfinie et solidaire des membres du GIE limite son attrait. Le
GIE conserve cependant quelques avantages : son fonctionnement n’est soumis à
aucune règle contraignante alors que celui des sociétés est soumis à une
réglementation abondante et complexe sans cesse, à l’exception de la société par
actions simplifiées qui bénéficie d’un régime souple en droit OHADA.
D- La distinction entre la société commerciale et la société coopérative
13 Le dernier groupement qu’il ne faut pas confondre avec la société
commerciale est la société coopérative16. Il s’agit d’une forme de société qui obéit

14 V ALIOUNE DIEYE, Régime juridique des sociétés commerciales et du GIE dans l'espace
OHADA, Cabinet Aziz Dieye, 4e éd. 2014 ; U. LELO – DI – MAKUNGU, La capitalisation du
Groupement d'Intérêt Economique de l'OHADA par la République Démocratique du Congo,
mémoire de Maitrise, Université de Kisangani, 2006.
15 V. art. 869, al. 2 AUS.
16 V. J. GATSI, Le droit OHADA des sociétés coopératives, L’Harmattan, 2011, pp. 195 ;

D.NGADJEU, Les sociétés coopératives en droit OHADA, mémoire de Master, Dschang


(Cameroun), 2010-2011, 143 pages ; OYADJI BAYE NESTOR, Le champ d’application de l’Acte
uniforme OHADA relatif au droit des sociétés coopératives, mémoire de Master, Ngaoundéré
(Cameroun), 2014.

17
à un régime juridique autonome17. La coopérative est une société, mais elle est
plus proche de l’association par les objectifs qu’elle affiche. Son but n’est pas de
réaliser et de partager un profit, mais d’améliorer le sort de ses membres. Elle
fonctionne parfois sur la base des principes étrangers au monde des sociétés, tels
que l’altruisme (la vocation de la coopérative n’est pas de réaliser des bénéfices
qui seraient ensuite répartis entre les coopérateurs ; ses fins ne sont pas seulement
économiques, elles sont également morales et sociales ; les coopérateurs
participent sans doute au capital social de la coopérative, mais ce capital est
rémunéré par le versement d’un intérêt annuel et non par la distribution de
dividendes), la démocratie (le coopérateur est traité de la même manière que le
citoyen pour les affaires de la cité : « un homme, une voix », quelle que soit sa
part de capital.
14 Il apparaît ainsi que la société commerciale se démarque des autres
groupements qui lui sont pourtant proches, par l’objet qu’elle poursuit,
notamment réaliser des bénéfices et partager les pertes qui pourraient en résulter.
Il reste à déterminer sa nature juridique.
§2. LA NATURE JURIDIQUE DE LA SOCIÉTÉ
15 La société est-elle un contrat ou une institution ? Cette question est un
débat dont les termes et les enjeux ne sont pas clairement fixés18. Selon une
conception classique, la société n'est rien d'autre qu'un contrat. Pourtant, en
observant le fonctionnement des grandes compagnies, certains auteurs19 ont
défendu l'idée selon laquelle la société ne pouvait être réduite à une simple
convention, qu'elle était en réalité une institution. C’est le débat entre les partisans
de l'analyse contractuelle et les tenants de l'analyse institutionnelle de la société.
16 Certains auteurs20 estiment en effet que la société ne peut demeurer
exclusivement un contrat qu’autant qu’elle ne donne pas naissance à une
personne morale. Ainsi, peuvent être considérées comme des contrats, la société
en participation et la société créée de fait. En revanche, dès qu’elle revêt la
personnalité morale, la société ne peut plus être simplement un contrat pour la
raison simple qu’un contrat ne fonctionne que sous la règle de l’autonomie de la
volonté et ne peut donc évoluer que conformément aux volontés des
cocontractants. Or, la société personnifiée elle, fonctionne sous la loi de la
majorité, à l’exception de quelques décisions requérant l’unanimité et le principe

17
V. notamment l’Acte Uniforme portant droit des sociétés coopératives adopté le 15 décembre
2010 et qui est rentré en vigueur le 15 mai 2011, publié au Journal Officiel de l’OHADA du 12
septembre 2012.
18 P. BERTREL, « Liberté contractuelle et sociétés », RTD com. 1996. 595.
19 C. CHAMPAUD, « Les fondements sociétaux de la « doctrine de l'entreprise », Mélanges J.

Paillusseau, Dalloz, 2003, p. 117.


20 V. G. FLORES et J. MESTRE, « Brèves réflexions sur l'approche institutionnelle de la société »,

PA, 14 mai 1986, no 58, p. 25.

18
de la spécialité qui impose le respect de l’objet social21. Il s’ensuit que les
volontés des associés sont liées par cette obligation de réaliser l’objet social qui
les transcende. Elles ne sont dès lors plus autonomes – et sortent pour cela du
domaine contractuel –, mais sont subordonnées à ce qui sert l’objet social qu’elles
se sont fixé à elles-mêmes. Ainsi, la majorité peut modifier l’acte constitutif si
l’intérêt de la société l’exige22 : les dirigeants sociaux sont des organes chargés
d’assurer la réalisation du but commun ; les décisions de la majorité ou de la
minorité peuvent être annulées si elles sont contraires à l’intérêt social ; la
mésintelligence entre associés ne peut entraîner la dissolution de la société si
celle-ci est prospère, le but recherché étant atteint…
17 Il faut reconnaître que si cette conception institutionnelle de la société a été
utile historiquement pour expliquer les particularités du contrat de société, il
semble, de nos jours, possible de la relativiser. De fait, l’institution telle qu’elle
est utilisée en droit des sociétés s’apparente davantage à une idée ou à une image
qu’à une véritable théorie23. Cette constatation n’occulte en rien le fait que la
société est une construction complexe qui a pour base un acte fondateur (le contrat
de société) dont procède une organisation dotée de la personnalité morale qui
donne une durée et un rayonnement que ne connaissent pas la plupart des contrats.
La société trouve incontestablement sa source dans un acte juridique qui prend
la forme d’un contrat24. Cela résulte des termes mêmes de la loi, notamment des
articles 4 de l’AUS25 et 1832 du Code civil26 et est conforté par des textes qui

21 J.-C. MAY, « La société : contrat ou institution », in Contrat ou institution : un enjeu de société,

2004, LGDJ, p. 122 ; J. PAILLUSSEAU, « Les fondements du droit moderne des sociétés », JCP
1984. I. 3148 ; « Entreprise, autorité, responsabilité et conseil », in Entreprise, pouvoir, autorité et
responsabilité, Economica, 1985, p. 321 ; « Le droit moderne de la personnalité morale », RTD civ.
1993. 705 ; « Qu'est-ce que l'entreprise ? », op. cit. ; « Le big-bang du droit des affaires », RJ com.
1987. 377 ; C. CHAMPAUD, « Les fondements sociétaux de la « doctrine de l'entreprise », op. cit.,
p. 117.
22 J. LEBLOND, « Les pouvoirs respectifs de l'Assemblée générale, du Conseil d'administration,

du Président directeur général et du Directeur général adjoint dans la doctrine institutionnelle »,


Gaz. Pal. 1997, doctr. 29.
23 M. COZIAN, A. VIANDIER, F. DEBOISSY, Droit des sociétés, Litec, éd., 2014, p. 23.
24 P. BERTREL, « Liberté contractuelle et sociétés », op. cit. ; J. PRIEUR, « Droit des contrats et

droit des sociétés », in Mélanges A. Sayag, 1997, Litec, p. 371 ; R. LIBCHABER, « La société,
contrat spécial », in Mélanges M. Jeantin, 1999, Dalloz, p. 281 ; V. MAÏGA IBRAHIMA, Liberté
contractuelle dans le droit des sociétés commerciales(OHADA), mémoire de Master, UCAD,
2008 ; MAME COUMBA BA, Liberté contractuelle en droit des sociétés, mémoire de Master,
UCAD, 2007.
25 Cet article reconnait que la société commerciale est créée par deux (2) ou plusieurs personnes qui

conviennent, par un contrat, d'affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de
l'industrie, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui peut en résulter. Les
associés s'engagent à contribuer aux pertes dans les conditions prévues par le présent Acte
uniforme.
26 Cet article définit la société comme un contrat entre deux ou plusieurs personnes qui conviennent

de mettre quelque chose en commun pour partager le bénéfice qui pourra en résulter.

19
opèrent un renvoi au droit commun des contrats27. Comme on l’a relevé28, si la
doctrine fut autrefois troublée par certains aspects du mécanisme sociétaire et a
pu douter en conséquence de sa nature contractuelle, ces hésitations n’ont plus
lieu d’être aujourd’hui puisqu’on connaît désormais dans les contrats, la règle de
la majorité, la notion d’intérêt commun et les exigences d’ordre public. Même si
le cadre légal est rigide, les adaptations restent possibles lorsque les créateurs de
la société ont quelques imaginations29. On note même un renouveau de la liberté
contractuelle dans les dispositions de l’AUS révisé contrastant avec la version
ancienne30. L’ère est donc aussi dans l’espace OHADA à la déréglementation et
on aspire de plus en plus, dans un souci d’efficacité et de concurrence, à libérer
les forces créatrices des sociétés commerciales du carcan étouffant d’une
réglementation trop dirigiste. Partant, l’on redécouvre aujourd’hui que la société
n’a jamais cessé d’être un contrat31.
18 En définitive, il faut bien admettre que ces deux approches de la société ne
sont pas forcément exclusives l’une de l’autre. Le droit des sociétés s’intéresse à
ces deux conceptions de la société. En visant la première (le contrat de société),
il envisage l’acte constitutif de la société. En insistant sur l’autre conception (la
société-personne morale), il reconnaît l’importance de cette forme d’organisation
des activités humaines et qui est incontestablement le moteur de l’économie
moderne. C’est dire la nécessité d’édicter des règles susceptibles de permettre le
développement harmonieux des sociétés. En ce qui concerne les sociétés ayant
leur siège social dans l’un des pays de l’OHADA, ces règles existent depuis et
sont progressivement remplacées par le droit uniforme OHADA.

SECTION II- LES SOURCES DU DROIT DES SOCIÉTÉS


19 Dans la plupart des États membres de l’OHADA, anciennement
administrés par la France, les règles applicables aux sociétés commerciales avant
1997 étaient, outre les prévisions du Code civil, constituées par les dispositions
du Code de commerce français de 1807 plusieurs fois modifiées. Mais surtout,
elles étaient issues de la loi du 24 juillet 1867 sur les sociétés par actions, de la
loi du 18 mars 1919 relative au registre de commerce, et de la loi du 7 mars 1925
sur les sociétés à responsabilité limitée. Ces textes hérités de la colonisation,

27
V. notamment les articles 1842 C. civ et 242 de l’AUS.
28 M. COZIAN, A. VIANDIER, F. DEBOISSY, Droit des sociétés, op. cit., p. 23.
29
V. B. SAINTOURENS, « La flexibilité du droit des sociétés », RTD Com. 1987, p.457 ; Y.
GUYON, Les sociétés – Aménagements statutaires et conventions entre associés, LGDJ, 5e éd.,
2002.
30 V. P. S. A. BADJI, Réforme du droit des sociétés commerciales OHADA, Harmattan (Sénégal),

2016, 214 p. ; V. MAÏGA IBRAHIMA, Liberté contractuelle dans le droit des sociétés
commerciales(OHADA), op. cit. ; MAME COUMBA BA, Liberté contractuelle en droit des
sociétés, op. cit.
31 J. MESTRE, « La société est bien encore un contrat… », op. cit ; R. LIBCHABER, « La société,

contrat spécial », Mél. M. Jeantin, Dalloz, 1999, p. 281.

20
devenus obsolètes pour la plupart, sont aujourd’hui remplacés par le droit
OHADA et certains textes nationaux. En outre, aux termes de l’article 916 AUS,
les sociétés commerciales peuvent, être soumises à des règles particulières.
Le droit OHADA des sociétés commerciales est ainsi constitué non seulement
des règles issues de l’OHADA et des règles internes des États-parties qui
constituent le droit commun (§1) ; mais également de l’ensemble des règles
propres à chaque catégorie de société qui, quant à elles, constituent des régimes
particuliers (§2).
§1. LE DROIT COMMUN
20 Aux termes de l’article 1er de l’AUS, toutes les sociétés commerciales
ayant leur siège social dans un des États-parties au Traité de l’OHADA sont
soumises aux dispositions de cet Acte uniforme. Ce texte précise par ailleurs que
ces sociétés demeurent soumises aux lois nationales non contraires aux
dispositions de l’AUS. On en a déduit que le droit commun des sociétés
commerciales de l’OHADA serait ainsi constitué de deux pièces : celle du droit
uniforme (A) et celle du droit national de chaque État-partie32 (B).
A- Le droit commun uniforme
21 Le droit commun uniforme des sociétés commerciales est constitué par les
dispositions - d’ordre public ou non - des actes uniformes de l’OHADA. Dans le
sillage des textes de l’OHADA susceptibles de s’appliquer aux sociétés
commerciales, il y a bien sûr le Traité qui régit de manière générale toutes les
matières couvertes par les différents actes uniformes. Mais dans le domaine des
sociétés commerciales, on peut citer principalement deux actes uniformes qui
s’appliquent plus spécifiquement aux sociétés commerciales in bonis. Il s’agit
notamment de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général (AUDGC)33
qui s’applique à tout commerçant, personne physique ou morale (1) et l’Acte
uniforme relatif aux sociétés commerciales et du GIE qui est le droit spécifique à
cette catégorie particulière de commerçants que sont les sociétés commerciales34.
(2).
1- L’Acte uniforme relatif au droit commercial général
22 L’Acte uniforme du 15 décembre 2010 relatif au droit commercial
général35 est une source non négligeable du droit des sociétés puisqu’il s’applique

32
J. ISSA SAYEG, « Droit des sociétés commerciales OHADA : droit commun et régimes
particuliers », in ohada.com, Ohadata D-03-09, p.2 et s.
33 Publié au Journal Officiel de l’OHADA du 15 février 2011.
34 Publié au Journal Officiel de l’OHADA du 04 février 2014. V. BA SOULEYMANE, Bilan

d’application du droit des sociétés commerciales (OHADA), Mémoire UCAD, 2008, 53 p.,
NDYAYE ABDOUL AZIZ, Jurisprudence relative à l’application de l’acte uniforme sur les
sociétés commerciales et les groupements d’intérêt économique, Mémoire UCAD, 2004, 12p.
35 Il a remplacé l’acte uniforme du 17 avril 1998 relatif au droit commercial général

21
à tout commerçant, personne physique ou morale . C’est ainsi qu’il définit un
certain nombre d’obligations qui s’imposent aux sociétés commerciales, en tant
que commerçantes. Il en est ainsi des obligations comptables, consacrées aux
articles 13 et suivants, que doivent accomplir les sociétés commerciales et qui
concernent : la tenue des livres de commerce conformément aux dispositions de
l'Acte uniforme relatif à l'organisation et à l'harmonisation des comptabilités des
entreprises et l'obligation de produire les états financiers de synthèse dont le
contenu est précisé dans le même Acte uniforme. De même, l’AUDGC fait du
registre du commerce et du crédit mobilier, un outil d'informations commerciales
précieux sur la situation juridique et financière des partenaires commerciaux des
sociétés, en obligeant de manière générale les commerçants, personnes physiques
à s'y inscrire dans le mois du démarrage de leurs activités et les sociétés dans le
mois de leur constitution. La présomption de la qualité de commerçant est
d’ailleurs attachée à l'inscription à ce registre. L'Acte uniforme subordonne
l'acquisition de la personnalité morale des sociétés commerciales à leur
immatriculation à ce registre du commerce.
23 L’objectif majeur de cet Acte uniforme a été de favoriser le développement
économique des États parties à l’OHADA en facilitant l’activité des entreprises,
en sécurisant les activités des intervenants du monde économique, en remédiant
aux insuffisances, incohérences et imprécisions de l’ancien Acte uniforme relatif
au droit commercial général. À ce titre, et de façon plus spécifique, les
amendements opérés visaient non seulement à réduire le secteur informel et
permettre une meilleure connaissance des intervenants du secteur économique,
mais aussi, à permettre une évolution réelle du registre du commerce pour en faire
un véritable registre économique pour une information fiable des acteurs et des
activités économiques. Compte tenu de l’évolution technologique de
l’environnement des affaires, l’Acte uniforme reformé se devait d’apporter au
droit existant, toutes les modifications permettant l’utilisation des technologies
de l’information et de la communication pour le développement du commerce
électronique dans l’espace OHADA.
24 L’amélioration du climat des investissements en vue d’une meilleure
attractivité économique a fortement influencé le cadre conceptuel des
amendements intervenus en décembre 2010 à Lomé. C’est dans le même esprit
que sera révisé l’AUS qu’il convient également de présenter.
2- L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE
25 L’AUS est l’épicentre du droit OHADA en matière de régulation des
sociétés commerciales36. Depuis l’avènement de l’OHADA, cet acte uniforme a

36 V. BA SOULEYMANE, Bilan d’application du droit des sociétés commerciales (OHADA), op.


cit., NDYAYE ABDOUL AZIZ, Jurisprudence relative à l’application de l’acte uniforme sur les
sociétés commerciales et les groupements d’intérêt économique, op. cit.

22
connu une évolution au gré des besoins de la pratique, qui ont conduit à la révision
de la version initiale, c’est-à-dire celle de 1997.
26 La nouvelle version adoptée en Conseil des ministres de l'OHADA le 30
janvier 2014 à Ouagadougou37 est intervenue dans un cadre bien précis. Il était,
en effet, reproché à l’AUS originaire de 1997 d’être réservé aux acteurs à forte
capacité financière et donc aux investisseurs étrangers. Les rapports Doing
Business de 2005 ont d’ailleurs laissé entendre que le droit de l’OHADA n’était
pas favorable au développement. Désormais, avec l’acte uniforme révision, il est
possible, dans nos économies, de viser davantage de stabilité juridique et donc un
mouvement en hausse des investissements, étrangers notamment.
27 Mais, il faut surtout relever que, la réforme était attendue par tous les
praticiens avec un intérêt particulier. Sur le plan structurel, cette réforme était
envisagée comme une solution aux besoins de la pratique, car elle a permis la
création, à côté des formes de sociétés déjà connues, de la société par actions
simplifiée et de la société à capital variable et la reconnaissance de la validité des
pactes d'actionnaires, ainsi que des bureaux de représentation, facilitant ainsi la
création et l’aménagement des sociétés en fonction de ces besoins de la pratique.
Sur un plan plus fonctionnel, la recherche de l'efficacité a été la principale
motivation qui a conduit le législateur OHADA à se mettre au diapason des
technologies de la communication en offrant la possibilité, tant aux associés
qu'aux administrateurs de participer, les uns aux assemblées et les autres aux
réunions du conseil d'administration par visioconférence ou par d'autres moyens
de télécommunication. En outre, le nouvel Acte uniforme adopte avec
l'administration provisoire et le traitement des abus de majorité et de minorité des
mesures destinées à améliorer la gestion des conflits au sein de l'entreprise. Enfin,
se trouvent consacrées les notions d'actions de préférence et de valeurs mobilières
composées38.
28 Le nouveau droit des sociétés ajoute donc aux objectifs classiques du droit
des sociétés OHADA trois autres, à savoir : faire du droit des sociétés un droit au
service du développement économique, faire en sorte que les sociétés soient mieux
gouvernées et, enfin, faire que la société soit plus l’affaire des parties par la liberté
contractuelle. De même, L’AUS témoigne d’une ambition partagée des États
membres de renforcer la sécurité des investissements étrangers en modernisant de
manière importante le droit des sociétés. Pour atteindre ces objectifs, l’AUS
apporte des innovations majeures dont les principales sont :

37 Conformément à l'article 9 du Traité instituant l'OHADA, il est entré donc en vigueur le 05 mai

2014, soit 90 jours plus tard.


38V. BA SOULEYMANE, Bilan d’application du droit des sociétés commerciales (OHADA), op.

cit., NDYAYE ABDOUL AZIZ, Jurisprudence relative à l’application de l’acte uniforme sur les
sociétés commerciales et les groupements d’intérêt économique, op. cit.

23
- L’institution d’une nouvelle forme de société, la société par actions
simplifiées (SAS). L’intention du législateur est de donner la priorité à la liberté
contractuelle des associés qui s’expriment dans les statuts en permettant,
notamment, de dissocier l’organisation du pouvoir du contrôle du capital. La
primauté est donnée au pacte social et le recours à la loi ne s’opère donc qu’à titre
supplétif.
- La facilitation des formalités de création des sociétés. L’AUS prévoit que les
formalités peuvent être accomplies en ligne.
- La consécration des pactes d’actionnaires. La réforme confirme la validité
des conventions extrastatutaires et met ainsi fin à une insécurité juridique qui
s’était installée dans les esprits de façon plus ou moins clandestine. Déjà bien
connues en pratique, ces conventions poursuivent divers objectifs dont celui
d’assurer la stabilité de l’actionnariat ou d’organiser le pouvoir entre des
actionnaires aux intérêts parfois divergents.
- La reconfiguration du régime des valeurs mobilières. L’AUS élargit la
palette des possibles en matière de valeurs mobilières39. La réforme porte ainsi
substitution des actions de préférence aux actions de priorité, qui sont une
nouvelle catégorie d’actions, instituées par les statuts, « avec ou sans droit de
vote, assorties de droits particuliers de toute nature ». Ainsi, les droits particuliers
qui relevaient communément des pactes d’actionnaires peuvent dorénavant être
consacrés par des actions de préférence, renforçant ainsi leur opposabilité aux
tiers et à la société. De nouvelles dispositions sont aussi consacrées aux valeurs
mobilières composées donnant accès au capital ou donnant droit à l’attribution de
titres de créances, pour les actionnaires de société anonyme ou de SAS, telles que
les obligations convertibles en actions, obligations avec bons de souscription
d’actions ou encore obligations remboursables en actions. Les valeurs mobilières
se transfèrent désormais par virement de compte à compte40. Autrefois facultatif,
ce régime était réservé, sous certaines conditions, aux seules sociétés anonymes
faisant appel public à l’épargne.
- L’extension du contrôle des conventions réglementées : le champ des
conventions réglementées est étendu dans les SA et SAS, aux conventions entre
la société et les actionnaires détenant une participation supérieure à dix pour cent
du capital de la société ainsi qu’aux conventions auxquelles ces actionnaires
pourraient être intéressés.
29 Il faut donc reconnaître que le nouveau droit des sociétés de l’OHADA est
une œuvre remarquable de modernisation qui s’applique à toutes les sociétés
commerciales ayant leur siège social sur le territoire de l’un des États membres

39 J. B ELAMBI, Le nouveau régime des valeurs mobilières en droit OHADA, mémoire de Master,
Université de Yaoundé II, 2015.
40 V. art. 744-1 AUS.

24

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