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Cours d’électromagnétisme

Chap.2-Champ électrostatique

Table des matières


1 Introduction 3
1.1 Qu’est ce que l’électromagnétisme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Naissance de la relation entre l’électricité et le magnétisme . . . . . . . . . . . 3
1.3 La physique et l’unification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

2 Quelques faits expérimentaux 4


2.1 Les premières observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Les deux formes de l’électricité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

3 Notion de charge électrique 6


3.1 Distributions discrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2 Distributions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

4 Loi de Coulomb 9
4.1 L’expérience de Coulomb . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.2 Loi de Coulomb . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.3 Compléments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

5 Notion de champ électrique 11


5.1 Notion de Champ électrostatique créé à partir d’un ensemble de charges ponc-
tuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
5.2 Ordre de grandeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
5.3 Champ et charge ponctuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
5.4 Champ électrostatique créé par un ensemble de charges ponctuelles (distribu-
tion discrète de charges) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
5.5 Distributions continues de charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

6 Lignes de champ 14

7 Symétries et invariances 15
7.1 Invariances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
7.2 Symétries et antisymétries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
7.2.1 Plan de symétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
7.2.2 Plan d’antisymétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

8 Calcul par méthode intégrale 19

1
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique TABLE DES MATIÈRES

9 Théorème de Gauss 21
9.1 Flux du champ électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
9.2 Enoncé du théorème de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
9.3 Théorème de Gauss et fil infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

10 Références 23

2
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 1. Introduction

1 Introduction
1.1 Qu’est ce que l’électromagnétisme ?
L’interaction électromagnétique est une des quatre interactions fondamentales : ces
interactions régissent à elles seules tous les phénomènes physiques de l’univers.

Les trois autres interactions connues sont la gravitation (qui se manifeste surtout avec les
corps très massiques), l’interaction forte (celle qui assure la cohésion des noyaux des atomes)
et l’interaction faible (qui permet notamment les réactions nucléaires).
L’électromagnétisme consiste en l’étude des phénomènes qui font intervenir des charges en
mouvement (courants électriques, antenne radio, conductimétrie, courants de Foucault,...).
On se restreint, pour l’instant (au premier semestre), aux phénomènes indépendants du temps
ce qui permet de séparer l’étude des effets magnétiques et électriques. Ce cours aborde l’élec-
trostatique, c’est-à-dire l’étude du champ électrique produit par des charges immobiles.

Interaction Interaction Interaction Interaction


faible forte électromagnétique gravitationnelle
Echelle
10−18 m 10−15 m de 10−15 à 100 m de 100 à 1026 m
d’action
Portée très courte courte infinie infinie
Cohésion du Cohésion de Cohésion des
Rôle Radioactivité
noyau l’atome galaxies

Table 1 – Les interactions fondamentales

Alors qu’électricité et magnétisme étaient considérés comme deux phénomènes indépen-


dants, Maxwell, grâce aux travaux de ces prédécesseurs, formalise 4 équations qui les unissent.
Nous les verrons au second semestre. Voyons brièvement différentes étapes qui ont permis
d’en arriver là :

1.2 Naissance de la relation entre l’électricité et le magnétisme


Etymologie L’électromagnétisme est donc née grâce au rapprochement de l’électricité et
du magnétisme. Rappelons qu’électricité vient du mot "elektron" qui signifie ambre en grec ;
magnétisme vient d’une pierre qui venait de la ville de magnésie et qui avait pour propriété
d’attirer des petits bouts de fer (plus tard cette pierre fut appelée aimant du grec "Adamas"
qui signifie acier).

La foudre et la boussole La relation entre ces deux domaines est venue de l’observation
de la foudre ; celle-ci, phénomène électrique, faisait dévier l’aiguille aimantée d’une boussole.
Plus tard, les travaux d’Oersted (en 1920) démontre qu’un courant qui traverse un fil engendre
le déplacement d’une aiguille aimantée située dans son voisinage.

Ampère et Arago C’est Ampère (toujours en 1920) qui formalisera tout cela, il montre
alors qu’une bobine de fil parcourue par un courant électrique se comporte comme un aimant.
Arago profite de ces découvertes pour inventer l’électroaimant dans la même année.

3
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 1.3 La physique et l’unification

Le télégraphe de Morse Enfin, une invention vient sceller l’existence de l’électromagné-


tisme : le télégraphe de Morse en 1932, combine des signaux électriques et des électroaimants
pour transporter sur de grandes distances des messages codés.

1.3 La physique et l’unification


Faraday et l’induction Faraday, en découvrant l’induction électromagnétique (la varia-
tion du champ magnétique à travers un circuit induit un courant dans celui-ci) prouve une
nouvelle fois le lien entre les deux domaines, il expliqua sa découverte en parlant de champ
magnétique et de champ électrique, mais sans formalisme mathématique.

Maxwell et le "Graal" C’est Maxwell qui fit le travail et trouva les lois mathématiques qui
unissaient électricité et magnétisme. Il donne naissance initialement à 20 puis 8 équations,
qui seront simplifiées en 4 par un dénommé Heaveside, toujours enseignées actuellement,
nommées "équations de Maxwell".

Ces équations font d’ailleurs apparaître une vitesse c, qui montre que les champs E ~ et B
~
s’influencent mutuellement et se propagent à cette vitesse, indépendamment de toute charge
ou de tout courant. Deux physiciens réalisent des mesures sur cette fameuse vitesse et trouvent
des valeurs proches de celle de la vitesse de la lumière.
Maxwell en conclura que la lumière est une onde électromagnétique, un champ E ~ et un champ
~ qui s’influencent et se propagent à la vitesse c.
B

2 Quelques faits expérimentaux


2.1 Les premières observations
Il y a plus de 2600 ans, les savants grecs avaient déjà constaté que l’ambre jaune (une
résine naturelle) frottée énergiquement avec une fourrure avait la faculté d’attirer les corps
légers tels que les cheveux ou fetus de paille. Rappelons que c’est d’ailleurs le mot grec
issu du grec "électron", signifiant ambre, qui est à l’origine du terme "électricité". Cette
électrisation par frottement, dite triboélectricité, s’observe facilement dans la vie quotidienne.
Parfois une forte électrisation peut même produire des étincelles comme lorsqu’on enlève
un pull de laine rapidement (à condition d’être dans une pièce sombre pour percevoir ces
étincelles). L’éclair, lors d’un orage, est un phénomène d’électricité statique impressionnant
qui fut longtemps craint par les hommes. Il fallut attendre B. Franklin en 1752 pour identifier
la nature électrique du phénomène et pour maîtriser les dégâts du tonnerre par l’invention
du paratonnerre.

2.2 Les deux formes de l’électricité


C’est Charles du Fay qui observa les deux formes d’électricité. On peut mettre en évidence
ces deux formes par les expériences suivantes.

Expérience 1 Un pendule électrostatique est constitué d’une bille de polystyrène recou-


verte d’une feuille d’aluminium suspendue à une potence par un fil. Lorsqu’on approche une
baguette électrisée du pendule, la bille est attirée par la baguette. Après contact avec la
baguette, elle est repoussée.

4
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 2.2 Les deux formes de l’électricité

Figure 1 – L’expérience du pendule

Expérience 2 Si on électrise un pendule électrostatique par contact avec une baguette


chargée, et que l’on approche successivement d’autres baguettes électrisées, on s’aperçoit que
la boule du pendule est soit attirée, soit repoussée par les diverses baguettes. On peut donc
en déduire qu’il existe deux types de forces électriques.

Expérience 3 Un électroscope est constitué d’une tige métallique à laquelle on fixe une
aiguille métallique pouvant librement tourner autour d’un axe. On fixe parfois deux feuilles
très fines en or ou en aluminium. L’ensemble est placé dans une enceinte transparente et
isolante (verre). Lorsqu’on approche une baguette électrisée de l’électroscope (sans le tou-
cher), l’aiguille s’écarte de la verticale. Si on éloigne la baguette, l’aiguille retrouve sa position
verticale de repos. Il y a électrisation de la tige et de l’aiguille sans contact, seulement par
influence.

Figure 2 – Plus la baguette se rapproche de l’électroscope, plus les aiguilles s’écartent.

5
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 3. Notion de charge électrique

3 Notion de charge électrique


Jusqu’au XVIIIème siècle, l’électricité est une science essentiellement qualitative et il
faut attendre le début du XIXème siècle pour qu’une théorie mathématique de l’électricité
émerge : c’est l’électrostatique. La notion de charge électrique algébrique s’est imposée au fil
du temps car elle permettait de décrire correctement les phénomènes. De nos jours, on admet
les hypothèses suivantes.

— La matière est constituée de particules que l’on peut caractériser par une propriété
scalaire, noté q et désignant la charge électrique. Cette charge est positive, négative
ou nulle (on parle de particule neutre dans ce cas).
— Deux particules possédant une électricité de même nature, c’est-à-dire une charge de
même signe, se repoussent ; elles s’attirent dans le cas contraire.
La charge étant caractéristique de la matière, elle ne dépend pas du référentiel. Par
ailleurs, la charge électrique d’un système isolé se conserve. Millikan a montré en 1906
(Prix Nobel 1923) que la charge électrique est quantifiée. C’est en étudiant la chute
de microscopiques gouttes d’huile électrisées, entre les armatures d’un condensateur,
qu’il mit en évidence le caractère discontinu de la charge :
q = Ne avec N ∈Z
où e désigne la charge élémentaire. De nos jours, on sait que ce caractère granulaire
de la charge trouve son origine dans la structure atomique de la matière : tout corps
matériel est constitué d’atomes eux même formés d’un noyau chargé positivement (dé-
couvert en 1911 par Rutherford) autour duquel "gravitent" des électrons, particules
élémentaires possédant toutes la même charge qe = −e. La plupart des phénomènes
électriques sont liés à un déplacement et/ou apport et/ou retrait d’électrons à la ma-
tière.

3.1 Distributions discrètes


Une distribution discrète de charges est un ensemble de charges électriques ponctuelles
proches les unes des autres. Une seule charge sera dite "ponctuelle".

3.2 Distributions continues


Position du problème du point de vue mathématique Ce paragraphe n’est pas utile
à la bonne compréhension du reste mais donne une validité mathématique de la distribution
continue.
On sait que toute distribution de charges est rigoureusement discontinue puisque tout trans-
fert de charge ne se fait que par multiple entier de e. Cependant, à l’échelle macroscopique,
un corps électrisé par frottement acquiert facilement une quantité de charge de l’ordre de
q = N e ' qques nC soit N ' 1010  1
Le nombre de particules est si grand que l’aspect discontinue passe inaperçu. On peut alors
décrire la distribution de charges comme une répartition continue de charges et définir une
fonction de répartition.
La densité volumique de charge ρe (M) décrit la répartition en volume d’une quantité de
charge. En un point M contenu dans un volume infinitésimal dV , la quantité de charge s’écrit
dq = ρe (M) dV

6
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 3.2 Distributions continues

où ρe (M) s’exprime en C.m−3 . Si le milieu est homogène ρe = qtotal /V = Cte .


La densité surfacique de charge σ(M) décrit une répartition en surface d’une quantité de
charge. En un point M contenu dans un élément d’aire infinitésimal dS, la quantité de charge
s’écrit
dq = σ(M) dS
où σ(M) s’exprime en C.m−2 . Si le milieu est homogène σ = qtotal /S = Cte .
Enfin, la densité linéique de charge caractérise la répartition de la charge le long d’un fil
chargé. Pour un élément de longueur infinitésimal d` situé en M, la quantité de charge s’écrit

dq = λ(M) d`

où λ(M) s’exprime en C.m−1 .


Le passage du discret au continu pour le calcul du champ électrostatique transforme la
somme en une intégrale : Passage discret ? continu
ˆ

− XN
qi →−
ui N →∞ dq →−
u
E (M) = 2
−−−−→ (1)
i=1
4π r
0 i D 4π0 r2

où D représente le domaine d’intégration (volume, surface, ligne). Suivant le type de


problème, on remplacera dq par ρe dV ou σ dS ou λ d`. Le calcul de cette intégrale est en
général grandement simplifié si la distribution présente des symétries. C’est pourquoi, avant
tout calcul direct, il est conseillé de faire une première analyse des propriétés de symétrie
comme nous le verrons plus bas.

Position du problème du point de vue physique Ce paragraphe est essentiel.


Lorsque les charges électriques sont infiniment proches les unes de autres, la distribution n’est
plus discrète mais continue.
Pour comprendre la notion de distribution discrète et continue, faisons une analogie avec
une classe pleine d’élèves surveillés par un professeur : si on est situé dans la classe avec les
élèves, on peut sans souci compter le nombre d’élèves, on peut les distinguer un à un : la
distribution d’élèves est discrète.
Par contre si le professeur se place à 500m au dessus de la classe, les élèves seront trop proches
et il ne peut plus compter les élèves. il a juste une idée de la densité d’élèves dans la classe :
la distribution est continue.

On rencontre 3 types de distributions continues de charges :

— Dans les distributions linéiques, les charges sont réparties sur une ligne. Cette ligne
porte une densité linéique de charge notée λ exprimée en C.m−1 .
Dans cette distribution, un morceau infinitésimal dl de cette ligne porte la charge
dq = λ × dl.

— Dans les distributions surfaciques, les charges sont réparties sur une surface. Celle-
ci porte une densité surfacique de charge notée σ exprimée en C.m−2 .
Dans cette distribution, une portion infinitésimale dS de cette surface porte la charge
dq = σ × dS.

— Dans les distributions volumiques, les charges sont réparties dans un volume. Celui-
ci porte une densité volumique de charge notée ρ exprimée en C.m−3 .
Dans cette distribution, une portion infinitésimale dτ de ce volume porte la charge

7
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 3.2 Distributions continues

Figure 3 – Distribution lineique

Figure 4 – distribution-surfacique

dq = ρ × dτ .

Il est important de retenir ces trois aspects :


— Dans le cas d’une distribution linéique de charges, le champ est défini et continu en
tout point de l’espace sauf sur la distribution elle-même.
— Dans le cas d’une distribution surfacique de charges, le champ est défini et continu en
tout point de l’espace sauf sur la distribution elle-même. Il est donc discontinu à la
traversée de la surface.
— Dans le cas d’une distribution volumique de charges, le champ est défini et continu en
tout point de l’espace, sans restriction.
C’est le concept de charge qui permet d’expliquer les différents expériences décrites pré-
cédemment :

Expérience 1 Lorsqu’on approche la baguette électrisée de la sphère métallique, les élec-


trons libres du métal sont attirés par le verre chargé positivement, laissant derrière eux des
charges positives. Bien que la charge globale reste nulle, la force résultante est attractive :
en effet, l’attraction entre les électrons et le verre l’emporte sur la répulsion entre les charges
positives du conducteur et le verre.
Après un contact, quelques électrons sont transférés sur la baguette en verre ce qui rend la
sphère métallique globalement positive d’où la répulsion observée .

8
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 4. Loi de Coulomb

Figure 5 – Distribution volumique

Expérience 2 Le frottement d’un corps sur un autre induit un transfert d’électrons dans un
sens qui dépend des corps frottés l’un contre l’autre. C’est pourquoi, il est possible d’électriser
positivement ou négativement une baguette. On peut donc produire une répulsion ou une
attraction.

Figure 6 – Répulsion et attraction

Expérience 3 Les charges positives du verre électrisé attirent les électrons libres du pla-
teau métallique faisant apparaître au niveau de l’aiguille et de la tige métallique un défaut
d’électrons (des charges +). L’aiguille métallique est alors d’autant plus repoussée par la tige
qu’elle est chargée. La rotation de l’aiguille est donc d’autant plus importante que la baguette
se rapproche.

4 Loi de Coulomb, interaction électrostatique


4.1 L’expérience de Coulomb
À la fin du XVIIIème siècle, l’idée que les charges produisent une force de type newtonien
(en 1/r2 ) était une hypothèse séduisante mais difficile à prouver expérimentalement.
C’est en 1785 que Coulomb met en évidence, à l’aide d’une balance de torsion qu’il a
réalisée lui-même, la loi qui porte désormais son nom. L’expérience consiste à fixer une boule
de sureau B à l’extrémité d’une tige isolante, suspendue en son milieu à un fil d’argent dont
on peut contrôler l’angle de torsion. Ce système étant au repos, on approche une autre boule
A tenue par une tige isolante au contact de la boule B. Ensuite, on électrise les deux boules
simultanément de sorte qu’elle acquièrent la même charge Q. La boule A est maintenue en

9
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 4.2 Loi de Coulomb

Figure 7 – Expérience de Coulomb

place et la boule B s’éloigne sous l’action de la force électrique. À l’équilibre, le moment


de la force électrique compense le couple de torsion. Il suffit ensuite d’augmenter, de façon
contrôlée, la torsion du fil pour rapprocher les boules et mesurer la force pour des distances
plus faibles. C’est ainsi que Coulomb trouva que la force électrique varie en 1/r2 .

4.2 Loi de Coulomb


Les résultats de Coulomb furent contestés en son temps et il faudra une vingtaine d’an-
nées pour que la loi en 1/r2 s’impose partout, plus pour la validité de ses conséquences que
par les mesures de Coulomb. L’histoire a finalement retenu la démonstration expérimentale
de Coulomb. Cependant, il ne faudrait pas oublier la contribution de Cavendish, un brillant
expérimentateur, qui, avant Coulomb, a réussi à montrer de façon fort élégante que l’inter-
action électrique pouvait se décrire par une force en 1/rn avec n = 2, 00 ± 0, 04 ; résultat
beaucoup plus précis que celui de Coulomb[1].
A retenir
Pour résumer, la force électrique - dite aussi force coulombienne (voir figure 8) - entre
deux charges ponctuelles immobiles dans le vide varie comme l’inverse du carré de la
distance qui les sépare et dépend de leur quantité de charge.
−→ q1 q2 →
f12 = K 2 − u12 (2)
r
où −u→
12 est un vecteur unitaire. Dans le Système International d’Unités, les charges
s’expriment en coulomb (symbole : C) et la constante K vaut
1
K≡ ' 9, 0.109 m.F−1
4πε0
où ε0 désigne la permittivité diélectrique du vide

4.3 Compléments
— Rappelons qu’une charge électrique (comme q1 ou q2 ), qui s’exprime en Coulomb, est
forcément un multiple de la charge élémentaire e = 1.6 × 10−19 C.
En effet cette charge qui représente en valeur absolue la charge de l’électron (décou-
vert par Thomson en 1897), est la plus petite charge électrique connue, elle a été

10
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 5. Notion de champ électrique

Figure 8 – Forces de Coulomb

mesurée précisément par Robert Millikan en 1909. Dans son expérience, il injecte des
gouttelettes d’huile électrisées à l’intérieur d’un condensateur et mesure les forces qui
s’exercent sur celles-ci, il en déduit la charge de l’électron.

Les charges électriques peuvent être positives ou négatives. Au début de l’électrosta-


tique, les scientifiques avaient rencontrés des corps conducteurs et isolants (Gray en
1729), mais aussi distingués deux types d’électricité : la vitreuse et la résineuse (Du
Fay, au 18ème siècle). C’est après Benjamin Franklin (au cours du même siècle) et
sa théorie du fluide électrique que l’on qualifia les "deux électricités" de positive et
négative.

— On dit qu’il y a interaction électrostatique entre q1 et q2 car les forces qui agissent
−−→ −−→
l’une sur l’autre sont de valeur égale mais de sens opposé : F1/2 = −F2/1
q1 exerce une force sur q2 et dans le même temps, q2 exerce une force sur q1 (on a déjà
rencontré cela dans la troisième loi de Newton de la mécanique aussi appelé principe
des actions réciproques).

— Enfin cette interaction est électrostatique car les charges qui la concerne sont im-
mobiles.
Dorénavant, on confondra champ électrostatique et champ électrique.
De par ses propriétés vectorielles, la force de Coulomb vérifie le principe de superposition :
La force subie par une charge test positive de la part de deux charges ponctuelles est calculée
comme la somme des deux forces individuelles créées par chaque charge prise séparément.

5 Notion de champ électrique


5.1 Notion de Champ électrostatique créé à partir d’un ensemble de charges
ponctuelles
En électrostatique, les effets électriques générés par un corps chargé peuvent être décrits
par deux grandeurs mathématiques : l’une constitue un champ de vecteurs ou champ élec-
trique et l’autre représente un champ de scalaires ou potentiel électrique. La connaissance
de ces deux grandeurs en tout point de l’espace permet de décrire toutes les perturbations
électriques induites par le corps chargé dans son environnement et donc les actions subies
par des charges avoisinantes.
Le champ électrique s’exprime à partir de la force de Coulomb. Considérons une distribution

11
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 5.2 Ordre de grandeur

Figure 9 – Notion de champ électrique

de charges ponctuelles (q1 , . . . , qN ) placées en différents points Pi=1...N et une charge test Q
placée en M. Cherchons à exprimer la force qu’exerce cette ensemble de charges sur la charge
test.
On sait que l’interaction électrique obéit au principe de superposition : la force résultante
est la somme vectorielle des forces qu’exercent chacune des charges qi sur la charge Q soit


− XN

− XN
Qqi →

ui
F = fi = 2 avec ri = Pi M
i=1 i=1
4π r
0 i

Ce qui permet d’écrire :


− →
− →
− XN
qi →−
ui
F = Q E (M) avec E (M) = (3)
i=1
4π0 ri2


Où E (M) désigne le champ électrique créé en M par la distribution de charges. Ce vecteur


est défini en tout point de l’espace : il s’agit d’un champ vectoriel. On peut voir E (M) comme
une propriété locale de l’espace. Notez que lorsque l’on change la charge qi en qi0 cela modifie
le champ électrique en M mais de façon non instantané. On verra que toute perturbation
électromagnétique se propage à la vitesse de la lumière dans le vide.

5.2 Ordre de grandeur


Dans le Système d’Unités International, l’intensité du champ électrique se mesure en volt
par mètre (symbole V.m−1 ). Le champ à la surface de la Terre vaut environ 100-150 V/m
en dehors des périodes d’orage. En période d’orage, le champ terrestre est inversé et est de
l’ordre de 10 kV/m. Il peut même atteindre 100 kV/m près des pointes conductrices.
La lumière solaire qui nous arrive sur Terre est une onde électromagnétique : le champ
électrique de l’onde est de l’ordre de (en valeur efficace) 1000 V/m.
Dans l’atome, la cohésion est assurée grace à des champs électriques énormes, de l’ordre
de 100 GV/m.

Remarque Les densités de charge introduites sont des grandeurs considérées locales à notre
échelle, mais sont en réalité le résultat d’une moyenne effectuée à une échelle intermédiaire
entre l’échelle atomique (ou la densité de charge varie de façon extrêmement brutale et

12
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 5.3 Champ et charge ponctuelle

erratique) et l’échelle macroscopique. Ainsi, l’intégrale (1) représente un champ local moyenné
qui a, certes, le bon goût de varier continument, mais qui n’a plus de sens à l’échelle atomique.

5.3 Champ électrostatique créé par une charge ponctuelle


La seule présence d’une charge électrique q1 dans un espace suffit à rayonner un champ
électrique dont l’intensité dépend de cette charge.
Si la charge q1 est située en P, elle rayonne en un point M situé à une distance r, le champ :
 →



 E : champ électrostatique exprimé en volt par mètre (V.m−1 )

− q1  0 : permittivité du vide.





E = u (4)
4π0 P M 2 q1 : charge électrique au point P en Coulomb (C).
r : distance entre les points P et M en mètre (m).



−−→

 →


PM

u = PM : vecteur unitaire qui donne la direction du champ.

Ainsi, si une charge q2 est située en M, elle subit la force électrostatique :


− q1 q2 → −
F = u (5)
4π0 P M 2

5.4 Champ électrostatique créé par un ensemble de charges ponctuelles


(distribution discrète de charges)
Le principe de superposition dit que le champ électrique rayonné en un point M de
l’espace voisin de la distribution discrète est égal à la somme des champs électriques créés
par chaque charge de celle-ci. Il y a additivité des champs électriques.

Soit N charges électriques portant la charge qi situé en Pi , le champ électrique créé au


point M vérifie :
N −−→

− X qi →
− →
− Pi M
E = 2
ui ui = (6)
i=1
4π0 Pi M Pi M

5.5 Distributions continues de charges et champ électrique


Mathématiquement, les intégrales écrites précédemment impliquent certaines contraintes
en terme de définition et de continuité des champs :

ˆ ˆ

− dq →
− λdl →

E = u = u (7)
P ∈L 4π0 P M 2 P ∈L 4π0 P M 2
−−→
avec →

u = PM
PM

13
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 6. Lignes de champ

¨ ¨

− dq →
− σdS → −
E = u = u (8)
P ∈S 4π0 P M 2 P ∈S 4π0 P M 2
−−→
avec →

u = PM
PM

˚ ˚

− dq →
− ρdτ →

E = u = u (9)
P ∈V 4π0 P M 2 P ∈V 4π0 P M 2
−−→
avec →

u = PM
PM

6 Visualisation d’un champ électrique : lignes de champ


La présence d’un champ électrique n’est pas quelque chose de facile à visualiser. Grâce
aux lignes de champ, on a une idée de la cartographie du champ électrique dans une portion
d’espace.
Une ligne de champ est une ligne orientée dans le sens du champ électrique, en chaque
point de celle-ci, le champ électrique est tangent.


La valeur du champ E peut varier le long d’une ligne de champ, les lignes de champ ne
permettent donc de connaître que la direction du champ.
Cependant, dans une région vide de charge, plus les lignes de champs sont serrées, plus le
champ électrique est intense.


La procédure est la suivante : pour représenter un champ vectoriel A (x, y, z), on trace des
courbes orientées C telles que leur tangente, en chaque point M(x, y, z), ait la même direction
et le même sens que le champ vectoriel en ce point.


D’un point de vue mathématique, si l’on note d` = (dx, dy, dz), le vecteur déplacement
infinitésimal le long de la ligne de champ C, on a

− → − →

d` ∧ A (M ) = 0 pour tout M ∈ C

Lignes de champ créé par une charge ponctuelle Plaçons une charge ponctuelle q à
l’origine d’un repère et calculons le champ électrique créé en un point M de l’espace situé à

14
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 7. Symétries et invariances

la distance r de l’origine. On obtient


− XN
qi →

ui q→

ur
E (M) = 2 = 2
i=1
4π r
0 i 4π0r

où →−
ur désigne le vecteur unitaire radial du système de coordonnées sphériques.
On peut voir plus bas la carte du champ électrique créé par une telle charge ponctuelle.
Notez que les vecteurs sont normalisés de sorte qu’ils indiquent seulement la direction et le
sens du champ électrique. On a jouté quelques lignes de champ. On observe que le champ est
radial et centrifuge si la charge est positive. Evidemment, si l’on inverse le signe de la charge,
les lignes de champ sont radiales et orientées vers la charge.

Considérons maintenant deux charges ponctuelles de signe opposé, q et −q. Ce système


forme ce que l’on appelle un doublet électrostatique. Regardons la carte de champ corres-
pondante sur al figure plus bas.
On peut voir que les lignes de champ partent de la charge positive pour converger vers
la charge négative sans jamais se refermer. Par ailleurs, la distribution présente un plan de


symétrie (plan miroir, vertical ici). On constate que pour tout point M de ce plan, E (M)
est dans ce plan. La distribution présente également un plan d’antisymétrie (plan horizontal
équidistant des deux charges) qui échange le signe des charges après une opération miroir.


On peut noter que pour tout point M de ce plan, E (M) est perpendiculaire à ce plan. Sur
la figure 10 sont représentées les lignes de champs pour deux distributions de charges.

Figure 10 – Lignes de champ pour deux distributions de charges

7 Symétries et invariances
Comme nous avons pu le voir plus haut, il ne semble pas évident de calculer des champs
électriques. En effet, selon la distribution continue de charges qui est à la source du champ,
apparaît dans le calcul du champ électrique des intégrales doubles ou triples.

De plus le champ électrique en un point de l’espace possède plusieurs composantes et dé-


pend de plusieurs paramètres :

15
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 7.1 Invariances

— En coordonnées cartésiennes :


E (M ) = Ex (x, y, z)→

ex + Ey (x, y, z)→

ey + Ez (x, y, z)→

ez (10)

— En coordonnées cylindriques :


E (M ) = Er (r, θ, z)→

er + Eθ (r, θ, z)→

eθ + Ez (r, θ, z)→

ez (11)

— En coordonnées sphériques :


E (M ) = Er (r, θ, φ)→

er + Eθ (r, θ, φ)→

eθ + Eφ (r, θ, φ)→

eφ (12)

La considération des symétries et invariances d’une distribution va permettre de simplifier




cette expression de E (M ) et donc de simplifier le calcul d’intégrales.

7.1 Invariances
Les invariances vont nous permettre d’éliminer des coordonnées dont dépend le
champ électrique en un point M.
Il y a invariance lorsque la vue de la distribution est identique en un point M et un point M’
(M’ obtenu par translation ou rotation depuis M), ou bien si le champ électrique calculé en
M et en M’ est identique.
Voyons quelques exemples :

Invariance par translation selon un axe


Si une distribution admet un axe suivant lequel une transla-
tion ne change rien physiquement à celle-ci (on voit depuis
un point M et depuis un point M’, image par translation de
M, la même distribution) alors le champ électrique ne doit
pas non plus subir de changement.
Si cet axe est Oz (systèmes de coordonnées cartésiennes ou
polaires), alors les composantes du champ électrique ne dé-
pendront pas de la coordonnée z : Figure 11 –
Invariance par transla-


E (M ) = Ex (x, y)→−
ex + Ey (x, y)→−
ey + Ez (x, y)→−
ez (13) tion
ou


E (M ) = Er (r, θ) er + Eθ (r, θ)→

− −
eθ + Ez (r, θ)→

ez (14)

Invariance par rotation autour d’un axe


Si la distribution admet un axe suivant lequel une rotation ne
change rien physiquement à celle-ci, alors le champ électrique
ne doit pas non plus subir de changement.
Il ne dépendra pas de l’angle de rotation autour de cet axe,
les composantes du champ électrique ne dépendront pas de
la coordonnée θ (systèmes de coordonnées cylindriques ou
sphériques) :
Figure 12 –

− Invariance par ro-
E (M ) = Er (r, z)→

er + Eθ (r, z)→

eθ + Ez (r, z)→

ez (15) tation
ou


E (M ) = Er (r, φ) er + Eθ (r, φ)→

− −
eθ + Eφ (rφ)→

eφ (16)

16
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 7.2 Symétries et antisymétries

Cas de la sphère
Dans une distribution sphérique, il y a invariance par rotations autour du point O, centre
de la sphère, on s’affranchit des coordonnées θ et φ.
Mais cette distribution n’est pas invariante par translation suivant r, car on ne voit pas la
même distribution en se déplaçant suivant un rayon : si on prend un point M à l’intérieur
de la sphère, il est entouré de charges alors qu’un point M’ situé sur le même rayon mais en
périphérie de la sphère ne voit que des charges en dessous de lui.
En dehors de la sphère, le champ électrique dépendant de la distance aux charges, celui-ci ne
serait pas le même à proximité de la sphère et très loin d’elle.

7.2 Symétries et antisymétries


Les symétries et antisymétries vont nous permettre d’éliminer des composantes du
champ électrique.

En effet, un principe appelé principe de Curie dit que les symétries des causes doivent
se retrouver dans les effets : la symétrie de la distribution de charge se retrouvera dans
l’expression du champ électrique.

7.2.1 Plan de symétrie

Cas général

Si la distribution admet un plan de symétrie Π


alors le champ appartient nécessairement à ce
plan.
En effet, l’élément infinitésimal de la distribution situé
−→
en P qui porte la charge dq créé en M le champ dEP et
son symétrique par rapport à Π, situé en P’ qui porte
−−→
aussi la charge dq créé en M le champ dEP 0 .
−→ −−→ →

La somme de dEP et de dEP 0 donne un vecteur d E
contenu dans Π.
Figure 13 – Plan de symé-
trie et champ

17
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 7.2 Symétries et antisymétries

Exemple du fil infini

Le plan π1 est un plan de symétrie pour la distribution




(le fil), le champ d E doit être contenu dans ce plan : il
ne peut donc pas avoir de composante selon → −
ez .
Le plan π2 est lui aussi un plan de symétrie pour la


distribution, le champ d E doit être contenu dans ce
plan : il ne peut donc pas avoir de composante selon →−
eθ .


Donc le champ d E n’a qu’une composante suivant → −
er
et s’écrit :


d E (M ) = dEr (M )→

er (17)

Figure 14 – Plan de symé-


trie du fil infini

7.2.2 Plan d’antisymétrie

Cas général

Si la distribution admet un plan de symétrie Π0


alors le champ est nécessairement orthogonal à
ce plan.
En effet, l’élément infinitésimal de la distribution situé
−→
en P qui porte la charge dq créé en M le champ dEP ,
son symétrique par rapport à Π0 , situé en P’ porte lui,
−−→
la charge - dq, il créé en M le champ dEP 0 .
−→ −−→ →

La somme de dEP et de dEP 0 , donne un vecteur d E
orthogonal au plan Π0 .

Figure 15 – Plan d’antisy-


métrie et champ

18
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 8. Calcul par méthode intégrale

Exemple du condensateur

Le plan Π0 est un plan d’antisymétrie pour le conden-


sateur car les charges portées par ses deux plaques sont
opposées.
Ainsi, l’addition des champs élémentaires créés par une
portion de surface de chaque plaque, donne un champ
perpendiculaire à Π0 .
Si on utilise des coordonnées cartésiennes, on élimine
avec cette antisymétrie les composantes suivant → −
ey et


ez .
Le champ s’écrit : Figure 16 – Antisymétrie
et condensateur


d E (M ) = dEx (M )→

ex (18)

8 Calcul de champ par méthode intégrale :


exemple du fil infini
Voici la première méthode qui permet de calculer le champ électrostatique créé par une
distribution continue de charge. Ce n’est pas la plus simple, mais nous pouvons mener le
calcul à son terme grâce à la détermination préalable des symétries et invariances.
1. Symétries et invariances : Le fil infini est la distribution continue la plus simple
que l’on peut rencontrer. On se place dans un repère cylindrique (→

er , →

eθ , →

ez ).

— Pour ce qui est des invariances, le fil étant infini, la distribution est invariante si
l’on se translate le long du fil. Le fil étant dirigé suivant l’axe Oz, la coordonnée z
est éliminée.
Aussi, la distribution est inchangée par rotation autour du fil, la coordonnée θ est
éliminée.
Ainsi :


E (M ) = Er (r)→ −
er + Eθ (r)→

eθ + Ez (r)→−
ez (19)
— Pour ce qui est des symétries, nous en avons parler précédemment (section 7.2.1
page 18), le fil admet deux plans de symétrie, ce qui élimine les composantes suivant


eθ et suivant → −
ez .


Ainsi : E (M ) = Er (r)→−
er (20)
Nous venons de simplifier considérablement l’expression de notre champ élec-
trique !

19
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 8. Calcul par méthode intégrale

2. Champ élémentaire : Nous découpons à présent


le fil en de multiples segments élémentaires portant
chacun la charge dq = λdl, et cherchons le champ
élémentaire créé par chaque portion :
Le fil étant toujours dirigé suivant Oz, on a dl = dz
et dq = λdz. La portion dz créé le champ :


− dq → −
d E (M ) = u (21)
4π0 R2
−−→
Or R=PM et →

u = PM
PM , donc :


− λdz −−→ →
d E (M ).→

er = PM · −
er (22)
4π0 P M 3 Figure 17 –
Paramétrage du fil
Dans la configuration de la figure 13, trois paramètres (R, z et α) jouent le même rôle,
celui de situer le point P par rapport à l’origine du repère : nous allons en garder un
seul, l’angle α.
−−→ → −−→
P M .−er représente la projection de P M sur l’axe dirigé par →−
er , donc :
−−→ →
PM · − e =r r (23)

On a aussi : r r
cos α = ⇐⇒ R = (24)
R cos α
Et :
z = r × tan α (25)
dz = r × d(tan α) (26)
dz = r × (1 + tan2 α)dα (27)
r
dz = dα (28)
cos2 α

L’équation (22) devient :


r

− λ 2 dα λ cos αdα
d E (M ) · →

er = cos α3 × r = (29)
r 4π0 r
4π0 3
cos α
3. Intégration : Il suffit à présent de sommer de façon continue tous les champs élémen-
taires créés par les éléments infinitésimaux dl du fil infini. Les bornes d’intégration
concerneront α puisque c’est le paramètre que nous avons choisi de garder.

Afin de considérer un fil infini, nous devons intégrer α de −π/2 à π/2. Mais comme la
situation est symétrique de part et d’autre du point O, nous pouvons intégrer entre 0
et π/2 et multiplier le champ obtenu par 2.

20
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 9. Théorème de Gauss

Ce qui donne :
ˆ ˆ π/2 ˆ π/2
λ cos αdα λ cos αdα λ cos αdα
Er (r) = = =2
f il 4π0 r −π/2 4π0 r 0 4π0 r
λ π/2
=2 [sin α]0
4π0 r
λ
= (30)
2π0 r

Le champ électrique créé par un fil infini s’écrit :


− λ → −
E (M ) = er (31)
2π0 r

9 Théorème de Gauss
Ce théorème va permettre un calcul de champ plus aisé (à condition que les symétries de
la distribution soient suffisante) : sans calcul d’intégrale !
Avant de l’utiliser, nous devons définir une nouvelle grandeur : le flux d’un champ.

9.1 Flux du champ électrique à travers une surface


Le flux du champ électrique en un point M de l’espace à travers la surface S est défini
par : ¨ ¨ ¨
− −
→ → →
− →
Φ= dΦ = E · dS = E ·−n dS (32)
S S S

Φ : flux du champ électrique à travers S exprimé en Volt fois mètre (V.m).
 →



−1

E : champ électrique en Volt par mètre (V.m ).
Avec :
 dS : élément infinitésimal de la surface S en mètre carré (m2 ).
 →



n : vecteur unitaire normal à l’élément de surface dS, sans unité.

En pratique, dans le théorème de Gauss, nous choisi-


rons une surface fermée : une surface est dite fermée
lorsqu’elle délimite un volume.
Le vecteur unitaire → −
n , normale à la surface est alors
orienté de l’intérieur vers l’extérieur du volume délimité
par la surface. on l’écrira alors −n−→
ext .

Figure 18 – Surface orien-


tée
Aussi, pour indiquer que le flux du champ électrique sera calculé sur une surface fermée,
on ajoute un rond au signe intégrale double.
Le flux du champ électrique à travers une surface fermée s’écrit :
‹ ‹ ‹
− −
→ → →
− −−→
Φ= dΦ = E · dS = E · next dS (33)
S S S

21
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 9.2 Enoncé du théorème de Gauss

9.2 Enoncé du théorème de Gauss




Le flux du champ électrique E à travers une surface fermée S est proportionnel à la
charge Qint contenue dans le volume que délimite la surface S :


− −−→ Qint
Φ= E · next dS = (34)
S 0
(
Qint : charge électrique à l’intérieur du volume exprimée en Coulomb (C).
Avec :
0 : permittivité du vide exprimée en SI : 0 = 8.85 × 10−12 SI.

Remarques
La surface S fermée et donc le volume délimité par celle-ci seront choisis judicieusement
en fonction de la distribution. La surface passera par M le point où l’on souhaite calculer
l’expression du champ.
Il faudra également que l’on sache calculer la charge Qint à l’intérieur du volume.

9.3 Application du théorème de Gauss au fil infini


1. On commence toujours par simplifier l’expression du champ électrique en éliminant
coordonnées et composantes grâce aux symétries et invariances. Nous avons déjà
fait ceci, on a toujours :
−−−→
E(M ) = Er (r)→−
er
2. Pour pouvoir appliquer ce théorème, il faut choisir une surface de Gauss appro-
priée. Nous allons prendre un cylindre centré sur le fil (qui présente d’ailleurs les
mêmes invariances que la distribution. Comme la surface doit être finie, il faut attri-
buer une hauteur h arbitraire à celui-ci.
Le cylindre de Gauss passe par le point M au niveau duquel on veut calculer le champ
électrique.
3. On doit maintenant calculer le flux du champ
électrique à travers la surface de Gauss :


− −−→
Φ= E · next dS (35)
S

La surface de Gauss choisie est composée de trois


portions de surface notées S1 , S2 et S3 . Il faut donc
théoriquement calculer trois flux et les additionner :


− −−−→
Φ1 = E · next 1 dS1 (36)
S1


− −−−→
Φ2 = E · next 2 dS2 (37)
S2


− −−−→
Φ3 = E · next 3 dS3 (38)
S3

Mais Φ1 et Φ2 sont nuls car :


Figure 19 – Fil et théo-


e ·−
n−−→ = → −
e ·− n−−→ = 0
r ext 1 r ext 2 rème de Gauss

22
Electromagnétisme Chap.2-Champ électrostatique 10. Références

Il ne nous reste donc plus qu’à calculer Φ3 :


‹ ‹

− −−→
Φ = Φ3 = E · next dS = Er (r)→

er · −
n−−→
ext 3 dS (39)
S3 S

= Er (r) dS = Er (r) × 2π r h (40)
S

Remarque
— Rappelons ici que le symbole intégrale double signifie que l’on somme des éléments
infinitésimaux de surface dS.

— On peut, si on le souhaite, expliciter l’élément infinitésimal de surface dS : il s’agit


d’une portion de surface d’un cylindre, c’est-à-dire r × dθ × dz.
Pour obtenir toute la surface S3 , il faut sommer ces éléments dS de 0 à 2π d’une
part et de −h/2 à h/2 d’autre part.
Ainsi : ‚ ´ 2π ´ h/2 2π h/2
S3 dS = 0 −h/2 r × dθ × dz = r × [θ]0 × [z]−h/2 = r × 2π × h

— Nous retrouvons bien le deuxième terme du résultat de l’équation (40) ; on peut


aussi remarquer qu’il était bien possible de sortir le terme Er (r) de la double
intégration puisque celle-ci ne dépendait pas de r (r est constant puisqu’il définit
la position du point M et donc celle de la surface de Gauss).
4. Il faut également calculer la charge contenue à l’intérieur du volume délimité
par la surface de Gauss :
Ici pas de surprise, le fil porte la densité linéique de charge λ, le cylindre est de hauteur
h donc la charge contenue dans celui-ci est Qint = λ × h.
5. Enfin, nous appliquons le théorème de Gauss :


− −−→ Qint
E · next dS =
S 0
(41)
λ×h
⇐⇒ Er (r) × 2π r h =
0

Finalement :
λ −−−→ λ → −
Er (r) = et E(M ) = er (42)
2πr0 2πr0
On retrouve donc l’expression de l’équation (31) page 21. On remarque que le para-
mètre arbitraire choisi h, qui représentait la hauteur du cylindre a bien disparu.

10 Références
— "Electromagnétisme PCSI" - P.Krempf - Editions Bréal 2003 ;
— "Physique Cours compagnon PCSI" - T.Cousin / H.Perodeau - Editions Dunod 2009 ;
— "Electromagnétisme 1ère année MPSI-PCSI-PTSI" - JM.Brébec - Editions Hachette ;
— "Cours de physique, électromagnétisme, 1.Electrostatique et magnétostatique" - D.Cordier
- Editions Dunod ;
— http://perso.ensc-rennes.fr/jimmy.roussel/index.php?page=accueil_apprendre

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