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Aperçu histoire de la Wilaya de Bouira

Préhistoire

L’existence d’anciens foyers habités par l’Homme de la préhistoire à travers la Wilaya de Bouira a
été attestée par la découverte d’ossements à l’intérieur des grottes à Lakhdaria (en 1931) et à Sour El
Ghozlane mais également de traces de l’industrie néolithique aux environs de M’Chedallah. Ces sites
seraient probablement liés à ceux localisés dans les wilayas de Béjaia, de Sétif, et de Msila notamment
qui hébergent un gisement d’art rupestre.

Près d’une dizaine de stèles libyques ont été trouvées dans les localités qui composent la wilaya de
Bouira : Kerfala, Saharidj, Ain-Bessem, Sour-el-Ghozlane, Ain-Hazem. Une autre stèle lybique figurée
a été découverte en 2004 à Asif labael, village de Saharidj dans la daïra de M’chedallah. Les stèles
libyques de la wilaya de Bouira nous permettent d’illustrer la mise en place des premières organisations
tribales qui évoluent en royaumes.

L’antiquité :

Les historiens ont noté l’existence de liens commerciaux entre les Phéniciens et le peuple
Amazigh. Des découvertes archéologiques portant des indices de la civilisation phénicienne à Sour El
Ghozlane permettent de supposer que cette dernière est liée à un comptoir phénicien d’autant plus que
beaucoup de sources lient l’origine de son ancien nom « AUZIA » à « AUZIUS » une divinité de la
mythologie phénicienne.

Trois grands royaumes numides dominent en période antique, à la fin du IIIe siècle av. J.-C : Maures,
Massaesyles, Massyles. Ayant fait partie du royaume Massaesyle de Syphax, Bouira finit par être intégrée
dans le royaume Massyle de Massinissa et plus tard, au royaume de Maurétanie. Auzia, devient alors une
colonie importante de l’armée romaine.

Au 1er siècle avant JC, les romains érigèrent la ville d’Auzia en un important centre militaire. Puis
elle fut élevée au statut de « colonie » vu l’importance de sa population et la dynamique qui la caractérise
du fait de sa situation sur l’axe Cesarea (Cherchel) - Djemila – Timgad. A cette époque , les romains
multipliaient les garnisons dans toute la région comme le Castellum-Auziens (Aïn-Bessem) pour diriger
la répression des tribus amazighs menées par Takfarinas (mort en l’an 24 de notre ère), Faraxen (en 260)
et Firmus (en 365).

Pendant la période islamique :

Bien qu’elle soit citée depuis au moins le 9e siècle par les chroniqueurs arabes sous le nom de Souk-
Hamza ou « Hamza » tout-court, aucune trace ne subsiste encore de cette époque hormis le fort turc Bordj
Hamza qui domine la ville de Bouira du haut du quartier qui porte aujourd’hui le nom de «Draa El
Bordj».

Mais à quel Hamza fait-il référence «Souk Hamza»?

A la seconde moitié du 9e siècle, des princes alides descendants d’Idris se sont installés dans la région
tellienne avec comme capitale Tlemcen, parmi eux Hamza ben al Hassan ben Suleyman qui s’installa
dans la ville de Bouira, alors appartenant à la tribu de Sanhadja, et en fit un centre incontournable du
commerce, ce qui explique le fait qu’elle soit connue pendant des siècles sous le nom de « Marché de
Hamza - Souk Hamza ».

Apres la domination ottomane de l’Algérie au 16e siècle, la ville de Bouira fut annexée au Beylik du
Titteri « Médéa ». Un fort fut construit sur les hauteurs de la ville « Draa El Bordj » pour servir de
garnison contre le soulèvement des villages environnants, mais également pour collecter les impôts
instaurés sur les activités « économiques » de la population.

Pendant la colonisation :

Ahmed Ben Salem, le Khalifa de l’Emir Abdelkader :

Apres l’occupation d’Alger à partir de 1830, l’administration coloniale française commença à étendre sa
domination vers les régions intérieures, ainsi elle s’est heurtée à une succession de résistances dont celle
de l’Emir Abdelkader (1832-1847) menée dans la région de Bouira et ses environs à partir de 1837 par
Ahmed Ben Salem (Originaire de Ain Bessam) qui fut insallé par l’émir Abdelkader comme son adjoint
(Khalifa) dans toute la région de Oued Sibaou et Oued Sahel reconnue sous la souveraineté de l’émir par
le traité de la Tafna.

En 1839 l’armée coloniale traverse la région de Bouira pour Constantine en violation du traité de la
Tafna, ce qui enflamme encore une fois la région. Alors Ahmed Ben Salem multiplie les attaques et
parvient avec l’aide de ses homologues de Médéa et Miliana à avancer jusqu’à El Harrach en infligeant de
grandes pertes aux français. Redoutant la menace que représente Ben Salem, l’armée coloniale lance
contre lui en 1842 une 1ere campagne sous le commandement du général Bugeaud, hormis la prise de
« Bordj Hamza » son entreprise fut sans grands succès. Au mois d’avril 1844 une 2ème campagne est
dirigée par Bugeaud. Même avec ses 8000 hommes il a été contraint de battre en retraite aux environs de
Tadmaït après avoir été surpris par la cavalerie de Ahmed Ben Salem.

Six mois plus tard, une 3ème campagne est lancée à partir de Tigzirt, des villages entiers sont incendiés au
passage pour dissuader les tribus de soutenir la résistance. La situation devient de plus en plus difficile
pour Ben Salem et son armée, mais sans relâche, il continue à diriger la résistance contre une armée
française plus nombreuse mais surtout déterminée à sévir par la méthode de la terre brulée.

En 1846, Ait Laaziz reçoit l’émir Abdelkader venue s’enquérir de la situation et tenter d’apporter un
nouveau souffle à la résistance, c’est ainsi qu’il a réuni à Boghni les chefs de tribus kabyles en vue de
relancer l’offensive. Cette tentatives ne tarda pas à s’avérer vaine puisque les tribus, ayant beaucoup
perdu en âmes et en moyens et devenues affaiblies et dispersées, ne peuvent plus faire face à une armée
coloniale qui en représailles met leur villages à feu à sang.

C’est face à cette situation lamentable qu’Ahmed Ben Salem a été contraint à la soumission le 27 février
1847. Cette même année a connu la reddition de l’émir Abdelkader après 15 longues années de combats.

Al Amdjad Ben Abdelmalek (Boubaghla) :

A partir de cette date (1847), les français transforment le Fort Turc « Bordj Hamza » en un centre
militaire dans l’objectif d’éteindre toute nouvelle tentative de révolte.

Ce ne fut pas le cas, puisqu’une autre révolte ne tardera pas à se déclencher en 1851 sous les commandes
d’Al Amdjad Ben Abdelmalek appelé « Boubaghla » qui s’est installé à Sour El Ghozlane en 1849 dans
l’objectif de préparer discrètement une insurrection. L’administration coloniale ne tardera pas à suspecter
ses mouvements, ce qui le contraint à rejoindre El Kalaa des Beni Abbas (W. Bejaia) en 1851 puis Beni
Melikech (W. Bejaia) peu âpres.

Sa première offensive a eu lieu avec succès le 02 mars 1851 contre la garnison d’Ath Mansour (Fort turc-
Commune Ath Mansour- W Bouira) tenue sous le commandement du lieutenant Beauprêtre. La révolte de
Boubaghla s’est intensifiée par l’adhésion de la plupart des tribus du Djurdjura dont celle de Lalla Fatma
N’Soumer (1830-1863). Ses attaques contre les français deviennent alors de plus en plus fréquentes sur
les abords d’Oued Sahel que longe une voie importante empruntée par les troupes françaises.

L’été 1854 a connu le lancement d’une grande campagne contre Boubaghla et Fatma N’soumer menée
par le gouverneur général lui-même -le Général Randon- avec environ 40 milles soldats, ce qui a affaibli
Boubaghla et l’a amené à rejoindre la tribu des Ath Mlikèche (W de Bejaia) dans le but de rassembler ses
troupes et de reprendre les combats. Mais le 26 décembre 1854, il a été assassiné par un de ses
connaissances collaborant avec l’armée française. Pour décourager ses compagnons, sa tête a été séparée
de son corps puis trainée dans les rues avant d’être transférées avec celles d’autres valeureux martyres de
la résistance en france.

Néanmoins, la résistance ne s’est pas éteinte. Lalla Fatma N’Soumer multipliait les attaques contre les
français leur infligeant beaucoup de pertes, jusqu’à la campagne de 1857 qui s’est terminé par son
arrestation et son emprisonnement.

Mohamed El Mokrani :

Comme ces méthodes barbares de réprimer les révoltes ne dissuadent jamais un peuple convaincu de sa
cause, la fin d’une insurrection n’est en fait qu’un début d’une courte accalmie présageant un grand
soulèvement comme ce fut la révolte de Mohamed El Mokrani et Cheikh El Haddad en 1871.

Bien que jouissant de son statut de Bachagha, El Mokrani n’était pas insensible aux souffrances de ses
compatriotes, il était un fervent défenseur de la population qu’il représentait auprès de l’administration
coloniale dans la région de Medjana (W de Bordj Bouariridj). Celle-ci n’a pas tardé à montrer son
intention de faire des algériens des sujets de seconde classe en adoptant le décret Crémieux (24/10/1870)
offrant la nationalité aux juifs sans les musulmans.

El Mokrani démissionna alors de son poste de Bachagha en fevrier 1871 et commença à préparer la
révolte. Le 15 mars 1871, il envoya une lettre portant déclaration de la guerre à la France. Le lendemain,
il passa à exécution en assiégeant lui même Bordj Bouariridj à la tête de 7000 cavaliers, tandis que son
frère Boumezrag attaqua le même jour la garnison de Ath Mansour (W de Bouira) et le centre militaire de
Sour El Ghozlane en saccageant au passage le Fort de Bordj Okhriss.

Tout au long de l’année 1871, les tribus s’alliait sans cesse à El Mokrani jusqu’à porter la révolte aux
limites du Sahara touchant ainsi plus du tiers du territoire de l’Algérie.

La dernière bataille menée par El Mokrani fut celle de Oued Souflat dans la commune qui porte
aujourd’hui son nom «El Mokrani - Daira de Souk Lakhmis» . C’était le 05 mai 1871, El Mokrani
affrontait depuis l’aube les troupes du colonel Trumlet (Installé à Sour El Ghozlane) appuyé par des
zouaves dont il n’a pas soupçonné la présence. Au moment de la prière du Dhohr, il reçut de ces derniers
quatre balles mortelles mettant fin à son combat mais pas à celui de ses compagnons dont son frères
Boumezrag qui continua la résistance jusqu’au 20 janvier 1872 date de son arrestation aux environs de
Ouargla.
Une stèle commémorative du combat d’El Mokrani est érigée en son hommage à l’endroit même ou il est
décédé.

Pendant la Guerre de Libération :

Suivant le découpage adopté au lendemain des congrès de la Soummam, la partie Est du territoire actuel
de la Wilaya de Bouira faisait partie de la Wilaya 03 (Kabylie) tandis que sa partie Ouest dépendait de la
Wilaya 04 (L’Algérois).

Sa situation de carrefour stratégique pour le commandement de la révolution comme pour


l’administration coloniale, a fait que Bouira connaisse de fréquents affrontements. Ses reliefs étaient de
véritables bastions pour les valeureux Moudjahidines, qui à l’instar de leurs frères des autres régions du
pays, avaient livré un combat héroïque soldé par le recouvrement de l’indépendance au prix de grands
sacrifices :

Plusieurs villages ont été bombardés et leurs populations déplacées. Plusieurs vestiges témoignent encore
de la barbarie du « colonisateur » comme les centres de torture de Tiliouat (Commune de Ahl Elksar)
celui de Sour El Ghozlane, le Fort Turc de Bouira et celui de Ath Mansour connu localement sous le nom
de « El Bordj Ou-Omar ». Ces monuments historique ainsi que d’autres site et musées sont aujourd’hui
l’objet de valorisation dans le cadre du tourisme culturel (ou le tourisme de la Mémoire).

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