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Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques

Formes sesquilinéaires

Algèbre bilinéaire et sesquilinéaire


Chapitre 3 : Formes bilinéaires et sesquilinéaires

Adil Majdoubi

Ecole Nationale des Sciences Appliquées Kénitra

Adil Majdoubi ENSAK 1 / 43


Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques
Formes sesquilinéaires

Plan

1 Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques

2 Formes sesquilinéaires

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Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques
Formes sesquilinéaires

Formes bilinéaires symétriques et formes


quadratiques

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Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques
Formes sesquilinéaires

1- Formes bilinéaires symétriques

Définition
Soit E un K-espace vectoriel. Une forme bilinéaire φ sur E est une
application de E × E dans K (sous-corps de C), linéaire par rapport à
chaque variable.
Elle est symétrique si :

∀(x, y ) ∈ E × E φ(x, y ) = φ(y , x).

Remarque
La symétrie permet de ne vérifier la linéarité que d’un seul côté.

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Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques
Formes sesquilinéaires

Exemple 1
E = K. La multiplication (x, y ) 7→ x y est une forme bilinéaire
symétrique sur K × K.

Exemple 2
E = R2 . Le produit scalaire usuel
   
x1 y
, 1 7→ x1 y1 + x2 y2
x2 y2

est une forme bilinéaire symétrique sur R2 × R2 .

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Formes sesquilinéaires

Exemple 3
E = C([−1, 1], R). L’application

C([−1, 1], R) × C([−1, 1], R) −→ R


Z 1
(f , g ) 7−→ f (t) g (t) dt
−1

est une forme bilinéaire symétrique.

Exemple 4
E = Mn (K). L’application

Mn (K) × Mn (K) −→ K
(A, B) 7−→ trace(A B)

est une forme bilinéaire symétrique.


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Formes sesquilinéaires

2- Matrice d’une forme bilinéaire symétrique

Définition
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie et B = (e1 , ..., en ) une
base de E . Soit φ une forme bilinéaire symétrique de E . La matrice de φ
dans la base B est la matrice symétrique matB (φ) = (φ(ei , ej ))1≤i,j≤n .

Proposition
Avec les notations de la définition, si X , Y sont respectivement les
coordonnées de deux vecteurs x, y ∈ E , et A = matB (φ) alors
φ(x, y ) = t X A Y .

Dans l’autre sens, si M est une matrice symétrique dans Mn (K), alors
(x, y ) 7→ t X M Y (où X et Y sont les vecteurs colonnes des coordonnées
de x et y dans la base B) est bien une forme bilinéaire symétrique.

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Formes sesquilinéaires

Exemple
 
3 1
est la matrice (dans la base canonique) de la forme bilinéaire
1 −2
symétrique
   
x1 y
, 1 7→ 3 x1 y1 − 2 x2 y2 + x1 y2 + x2 y1 .
x2 y2

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Proposition (Changement de base)


Soit φ une forme bilinéaire symétrique de E Soit B et B ′ des bases de E
et P la matrice de passage de B à B ′ n A = matB (φ), A′ = matB′ (φ),
alors A′ =t PAP.

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Formes sesquilinéaires

Définition
Le noyau de la forme bilinéaire symétrique φ, noté ker (φ) est définie par

ker (φ) = {x ∈ E | ∀y ∈ E φ(y , x) = 0}.

La forme bilinéaire symétrique φ est dite non dégénérée quand son


noyau est réduit à {0}.

Remarque
Si E est de dimension finie, le rang de φ est le rang de la matrice de φ
dans une base de E .

Exemple
On peut vérifier que toutes les formes bilinéaires symétriques données en
exemples (1, 2, 3 et 4) sont non dégénérées.

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3- Formes quadratiques

Dans ce qui suit, le corps K est supposé de caractéristique différente de


2, ce qui veut dire que 2 ̸= 0 dans K (par exemple, Z/2Z est exclu).
Définition
Une application q de E dans K est une forme quadratique sur E s’il
existe une forme bilinéaire symétrique φ sur E × E telle que :

∀x ∈ E q(x) = φ(x, x).

q est la forme quadratique associée à φ.

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Exemple
Les formes quadratiques associées aux formes bilinéaires symétriques
données aux exemples (1, 2, 3 et 4) sont respectivement
1 x 7→ x 2 ( sur K),
 
x1
2 7→ x12 + x22 ( sur R2 ),
x2
Z 1
3 f 7→ f 2 (t) dt (sur C 0 ([−1, 1], R)),
−1
4 A 7→ trace(A2 ) (sur Mn (K)).

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Proposition
Si q est une forme quadratique sur E , alors il existe une unique forme
bilinéaire symétrique φ sur E × E telle que q soit associée à φ. On
l’appelle la forme polaire de q, et elle est définie par
1
φ(x, y ) = (q(x + y ) − q(x) − q(y )) .
2

Remarque 1
Si E est de dimension finie et B une base de E , la matrice M de la
forme quadratique q dans la base B est la matrice de sa forme polaire.
La forme quadratique s’exprime alors matriciellement comme
q(x) = t X M X , où X est le vecteur colonne des coordonnées de x dans
E.

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Remarque 2
Une forme quadratique q s’exprime comme un polynôme homogène du
second degré en fonction des coordonnées (x1 , . . . , xn ) : c’est une somme
de monômes en xi2 ou xi xj . Par exemple, la forme quadratique

q(x1 , x2 , x3 ) = x12 + 7 x22 + 6 x1 x2 − 2 x1 x3 + 8 x2 x3


 
1 3 −1
a pour matrice  3 7 4 .
−1 4 0

Remarque 3
Une forme quadratique q est dite non dégénérée quand sa forme polaire
l’est. On définit le noyau et le rang d’une forme quadratique comme
ceux de sa forme polaire.

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Définition
Un élément x de E est dit isotrope pour la forme quadratique q quand
q(x) = 0.

Exemple
La formequadratique
 q sur R2 définie par q(x1 , x2 ) = x12 − x22 a pour
1 0
matrice . Elle est non dégénérée, son noyau est réduit à {0}.
0 −1
Mais l’ensemble de ses vecteurs isotropes est la réunion des deux droites
vectorielles d’équations x2 = x1 et x2 = −x1 .

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1- Définition

Considérons le C-espace vectoriel E = Cn et la forme bilinéaire


symétrique définie par
n
X
f (x, y ) = xi yi
i=1

cette forme est non dégénérée sur E , mais qu’il y a dans E des vecteurs
Xn
isotropes non nuls, c’est-à-dire l’équation xi2 = 0 peut avoir des
i=1
solutions non nulles.

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Formes sesquilinéaires

Soit maintenant, l’application de E 2 dans C définie par


n
X
f (x, y ) = xi yi
i=1
nous aurons
n
X
f (x, x) = |xi |2
i=1
et
f (x, x) = 0 =⇒ x = 0
mais f n’est plus une application bilinéaire de E 2 dans C, nous avons en
effet, ∀x, y , x ′ , y ′ ∈ E , λ, µ ∈ C :
(1) f (λ x + µ x ′ , y ) = λf (x, y ) + µf (x ′ , y )
On dit que f est semi-linéaire à gauche, et
(2) f (x, λ y + µ y ′ ) = λf (x, y ) + µf (x, y ′ )
On dit que f est linéaire à droite.
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Formes sesquilinéaires

Définition
On appelle forme semi-linéaire définie sur E toute application f de E
dans C telle que

(1) ∀x, y ∈ E , ∀λ ∈ C, f (x + y ) = f (x) + f (y )

et
(2) f (λ x) = λ f (x).

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Définition
Une application f de E × E dans C est dite forme sesquilinéaire sur E si,
et seulement si, ∀x, y , x ′ , y ′ ∈ E , λ, µ ∈ C :

(1) f (λ x + µ x ′ , y ) = λf (x, y ) + µf (x ′ , y )

(2) f (x, λ y + µ y ′ ) = λf (x, y ) + µf (x, y ′ )


Autrement dit f est sesquilinéaire si, et seulement si,
• ∀x ∈ E , y −→ f (x, y ) est une forme linéaire.
• ∀y ∈ E , x −→ f (x, y ) est une forme semi-linéaire.

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Formes sesquilinéaires

E étant un espace vectoriel sur C, considérons l’ensemble des formes


sesquilinéaires sur E , cette ensemble, muni de l’addition et de la
multiplication par un scalaire, est un espace vectoriel sur C. Supposons
de plus E de dimension finie et désignons par (ei )1≤n une base
quelconque de E . Posons
n
X n
X
x= xi ei et y = yj ej
i=1 j=1

Pour toute forme sesquilinéaire f sur E nous avons :


 
Xn n
X Xn X n
f (x, y ) = f  xi ei , yj ej =
 xi yj f (ei , ej )
i=1 j=1 i=1 j=1

D’où en posant aij = f (ei , ej ), on a


n X
X n
(1) f (x, y ) = aij xi yj
i=1 j=1

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Formes sesquilinéaires

2- Matrices associées à une forme sesquilinéaire


Soit A = (aij )1≤i,j≤n la matrice de Mn (C), définie par aij = f (ei , ej ) où
f est une forme sesquilinéaire, on dit que A est la matrice associée à la
forme sesquilinéaire f relativement à la base (ei )1≤n . On a :
n X
X n
f (x, y ) = aij xi yj
i=1 j=1
Xn
= xi (ai1 y1 + ai2 y2 + . . . + ain yn )
i=1

 
a11 · · · a1n y1
 .. . . .
.   .. 
C’est-à-dire f (x, y ) = (x1 , . . . , xn )  . . .   . . Ou encore
an1 · · · ann yn
en posant X = M(x, (ei )), Y = M(y , (ei )), on a
f (x, y ) = t X A Y
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Formes sesquilinéaires

Supposons que nous changions de base de E , soit P la matrice de


passage de la base (ei ) à la base (ei′ ) de E . En posant
X ′ = M(x, (ei′ )), Y ′ = M(y , (ei′ )) nous aurons grâce aux relations
X = P X ′, Y = P Y ′ :

f (x, y ) = t (P X ′ ) A (P Y ′ ) = t X ′ ( t P A P) Y ′

donc relativement au nouvelle base, à f est associée la matrice

A′ = t P A P.

Example
E = Cn est rapporté à sa base canonique, la matrice associée à la forme
n
X
sesquilinéaire définie sur E par : f (x, y ) = xi yi est la matrice In .
i=1

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3- Formes hermitiennes
Définition
Soit f une forme sesquilinéaire, f est dite hermitienne si, et seulement si,

∀(x, y ) ∈ E 2 , f (y , x) = f (x, y )

Remarque
Si f est une forme sesquilinéaire hermitienne, alors ∀x ∈ E , f (x, x) ∈ R.
Les formules aij = f (ei , ej ) montrent que dans ce cas la matrice A
associée à f , relativement à n’importe quelle base de E , est telle que
pour tout couple (i, j), on a

aji = f (ej , ei ) = f (ei , ej ) = aij

autrement dit
t
A = A.
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Définition
Si A ∈ Mn (C), on appelle matrice adjointe ( ou transconjuguée ) de A la
matrice A∗ = t A.
On dit qu’une matrice A est hermitienne si A∗ = A.

Remarque
Donc une forme sesquilinéaire est hermitienne si, et seulement si, sa
matrice dans une base de E est hermitienne.

Example
   
1 0 2 1+i
• , sont hermitiennes.
0 −3 1 − i −5
 
1 0
• n’est pas hermitienne.
0 −i

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4- Espaces hermitiens

Définition
On dit qu’une forme sesquilinéaire hermitienne f est un produit scalaire si
f est définie et positive.
Donc une application f : E × E −→ C est un produit scalaire si les
propriétés suivantes sont vérifiées :
1 ∀x, y , x ′ , y ′ ∈ E , λ, µ ∈ C :

f (λ x + µ x ′ , y ) = λf (x, y ) + µf (x ′ , y )

f (x, λ y + µ y ′ ) = λf (x, y ) + µf (x, y ′ )


2 ∀(x, y ) ∈ E 2 , f (y , x) = f (x, y ). On dit que f est hermitienne.
3 ∀x ∈ E , f (x, x) ≥ 0. On dit que f est positive.
4 ∀x ∈ E , f (x, x) = 0 ⇔ x = 0. On dit que f est définie.

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Notations : Au lieu de noter f (x, y ), on note souvent le produit scalaire


de x et y par (x|y ), ou x.y ou ⟨x|y ⟩.
Exemple1
L’application : Cn × Cn −→ C
n
X
(x, y ) 7−→ ⟨x|y ⟩ = xi yi
i=1
où x = (x1 , . . . , xn ) et y = (y1 , . . . , yn ), est un produit scalaire sur Cn , il
est appelé produit scalaire canonique ( ou usuel )sur Cn .

Exemple2
L’application : Mn (C)2 −→ C
(A, B) 7−→ ⟨A|B⟩ = Tr (A∗ B)
est un produit scalaire sur Mn (C), il est appelé produit scalaire
canonique de Mn (C).

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Exemple3
Soit [a, b] un segment de R, avec a < b. Posons E = C([a, b], C)
l’ensemble des fonctions continues de [a, b] dans C.
L’application : E 2 −→ C
Z b
(f , g ) 7−→ ⟨f |g ⟩ = f (t)g (t) dt
a
est un produit scalaire sur E .

Définition
1 Un C-espace vectoriel E muni d’un produit scalaire est dit

préhilbertien complexe.
2 Un espace hermitien est une espace préhilbertien complexe de
dimension finie.

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Proposition (Inégalité de Cauchy-Schwartz)


Soit E un espace préhilbertien complexe dont le produit scalaire est noté
⟨ | ⟩.
∀(x, y ) ∈ E 2 |⟨x|y ⟩|2 ≤ ⟨x|x⟩⟨y |y ⟩
L’égalité est vérifiée si et seulement si x et y sont colinéaires.

Théorème
Soit E un espace préhilbertien complexe dont le produitpscalaire est noté
⟨ | ⟩. L’application de E dans R+ définie par : ∥x∥ = ⟨x|x⟩ est une
norme, appelée norme associée au produit scalaire hermitien.

Définition
Soit E un espace préhilbertien complexe dont le produit scalaire est noté
⟨ | ⟩.
On appelle distance associée au produit scalaire ⟨ | ⟩ l’application de E 2
dans R+ définie par : d(x, y ) = ∥x − y ∥ .
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Remarque
On définit exactement comme dans le cas euclidien la notion de vecteurs
orthogonaux, d’orthogonal d’une partie, de familles
orthogonales/orthonormales, etc...

Règle de calcul
Soit E un espace hermitien quelconque.
1 ∀x ∈ E , ∀y ∈ E ,

∥x + y ∥2 = ∥x∥2 + 2 Re(⟨x|y ⟩) + ∥y ∥2 et ∥x − y ∥2 = ∥x∥2 − 2 Re(⟨x|y ⟩) + ∥y ∥2


2 Pour tout sous-espace vectoriel F de E , on a : E = F ⊕ F ⊥ .
3 Si E est de dimension finie, alors E possède au moins une base orthonormale
n
X
(e1 , e2 , . . . , en ). Dans ce cas, on a ∀x ∈ E , x = ⟨ei |x⟩ei .
i=1

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Proposition
Soit E un espace hermitien. Si la famille (x1 , x2 , . . . , xk ) de vecteurs de E
est orthogonale, alors

∥x1 + . . . + xk ∥2 = ∥x1 ∥2 + . . . + ∥xk ∥2 .

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5- Endomorphismes d’un espace hermitien


Définition et Proposition (Adjoint d’un endomorphisme)
Soit E un espace hermitien dont le produit scalaire est noté ⟨ | ⟩. Soit
u ∈ L(E ). Alors il existe une unique application u ∗ de E dans E tel que

∀x, y ∈ E ⟨x|u(y )⟩ = ⟨u ∗ (x)|y ⟩. (1)

En outre u ∗ ∈ L(E ). u ∗ est appelé l’endomorphisme adjoint de u.

Démonstration.
Pour tout x, l’application y 7−→ ⟨x|u(y )⟩ est une forme linéaire sur E . Il
existe donc un unique vecteur que l’on notera u ∗ (x) tel que l’on ait :

∀y ∈ E , ⟨x|u(y )⟩ = ⟨u ∗ (x)|y ⟩.

On obtient ainsi l’unique application u ∗ : x 7−→ u ∗ (x) de E dans lui


même vérifiant la relation (1).
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Soit (α, α′ , x, x ′ ) ∈ C × C × E × E . On a pour tout y de E :

⟨u ∗ (αx + α′ x ′ )|y ⟩ = ⟨αx + α′ x ′ |u(y )⟩

= α⟨x|u(y )⟩ + α′ ⟨x ′ |u(y )⟩

= α⟨u ∗ (x)|y ⟩ + α′ ⟨u ∗ (x ′ )|y ⟩

= ⟨αu ∗ (x) + α′ u ∗ (x ′ )|y ⟩


soit, par orthogonalité :

u ∗ (αx + α′ x ′ ) = αu ∗ (x) + α′ u ∗ (x ′ ).

Cela valant pour tout (α, α′ , x, x ′ ), l’application u ∗ est linéaire.

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Proposition

(i) L’application :
Φ : L(E ) −→ L(E )
u 7−→ u ∗
est semi-linéaire (en particulier on a (λ u)∗ = λ u ∗ .
(ii) Pour tout u ∈ L(E ) on a (u ∗ )∗ = u.
(iii) On a (IdE )∗ = IdE .
(iv) Pour u, v ∈ L(E ) on a (v ◦ u)∗ = u ∗ ◦ v ∗ .
(v) Si u est inversible alors u ∗ est inversible et on a (u −1 )∗ = (u ∗ )−1 .
(vi) Pour u ∈ L(E ) on a ker (u ∗ ) = (Im(u))⊥ et Im(u ∗ ) = (ker (u))⊥ .

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Proposition
Soit u ∈ L(E ) et B une base orthonormée de E . On note A et A∗ les
matrices de u et u ∗ dans la base B. Alors on a

A∗ = t A.

Remarque
Pour A ∈ Mn (C) et x, y ∈ Cn on a pour le produit scalaire hermitien
usuel de Cn :
⟨A x|y ⟩ = ⟨x| t A y ⟩

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Lemme
Soient u ∈ L(E ) et F un sous-espace vectoriel de E . Alors F est stable
par u si et seulement si F ⊥ est stable par u ∗ .

Définition
(i) Soit u ∈ L(E ). On dit que u est auto-adjoint (ou hermitien) si
u ∗ = u. On dit que u est anti-hermitien si u ∗ = −u.
(ii) Soit A ∈ Mn (C). On dit que A est hermitienne si tA = A. On dit
que A est anti-hermitienne si t A = −A

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Définition et Proposition
Soit u ∈ L(E ). Soit (e1 , e2 , . . . , en ) une base orthonormée de E . Les
propositions suivantes sont équivalentes :
(i) ∀x ∈ E , ∥u(x)∥ = ∥x∥.
(ii) ∀x, y ∈ E , ⟨u(x)|u(y )⟩ = ⟨x|y ⟩.
(iii) (u(e1 ), . . . , u(en )) est une base orthonormée de E .
(iv) u est un isomorphisme de E et son inverse est u ∗ .
Si ces conditions sont vérifiées alors on dit que u est une isométrie
(vectorielle) de E . L’ensemble des isométries de E est noté U(E ).

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Définition et Proposition
Soit A ∈ Mn (C). Soit (e1 , . . . , en ) une base orthonormée de Cn muni de
son produit scalaire hermitien usuel. Les propositions suivantes sont
équivalentes :
(i) tA A = In
(ii) A est inversible d’inverse t A.

(iii) ∀X ∈ Cn , ∥AX ∥ = ∥X ∥.
(iv) ∀X , Y ∈ Cn , ⟨AX |AY ⟩ = ⟨X |Y ⟩.
(v) (A e1 , . . . , A en ) est une base orthonormée de Cn .
Si ces conditions sont vérifiées alors on dit que A est une matrice
unitaire de degré n. L’ensemble des matrices unitaires de degré n est
noté U(n).

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Définition

(i) Soit u ∈ L(E ). On dit que u est normal si u ◦ u ∗ = u ∗ ◦ u.


(ii) Soit A ∈ Mn (C). On dit que A est normale si tA A = A t A.

Remarque
Les endomorphismes hermitiens, anti-hermitiens et les isométries sont en
particulier des endomorphismes normaux.

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Théorème (Réduction des endomorphismes normaux)


Soit E un espace hermitien et u en endomorphisme normal de E . Alors il
existe une base orthonormée de E constituée de vecteurs propres pour u.
En particulier u est diagonalisable.

Démonstration.
On procède par récurrence sur la dimension n ∈ N ∗ de E .
Le résultat est clair si n = 1. On suppose maintenant le résultat acquis
jusqu’au rang n − 1 (n ≥ 2) .
Puisque le polynôme caractéristique de u est scindé, u admet au moins
une valeur propre λ ∈ C. On note F = ker (u − λIdE ). Si F = E , il suffit
de considérer n’importe quelle base orthonormée de E .

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On suppose maintenant que ce n’est pas le cas. Puisque u et u ∗


commutent, le sous-espace propre F de u est stable par u ∗ , et donc F ⊥
est stable par (u ∗ )∗ = u.
Puisque (u|F ⊥ )∗ = u ∗ |F ⊥ , la restriction u|F ⊥ est un endomorphisme
normal de F ⊥ .
Puisque dim(F ⊥ ) ∈ [|1 ; n − 1|], il existe par hypothèse de récurrence
une base orthonormée de F ⊥ constituée de vecteurs propres pour u|F ⊥ ,
et donc pour u. En concaténant cette base avec une base orthonormée de
F on obtient bien une base orthonormée de E constituée de vecteurs
propres pour u.

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Proposition
(i) Les valeurs propres d’un endomorphisme hermitien sont réelles.
(ii) Les valeurs propres d’un endomorphisme anti-hermitien sont
imaginaires pures.
(iii) Les valeurs propres d’une isométrie sont de module 1.

Adil Majdoubi ENSAK 42 / 43


Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques
Formes sesquilinéaires

Adil Majdoubi ENSAK 43 / 43

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