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Formes sesquilinéaires
Adil Majdoubi
Plan
2 Formes sesquilinéaires
Définition
Soit E un K-espace vectoriel. Une forme bilinéaire φ sur E est une
application de E × E dans K (sous-corps de C), linéaire par rapport à
chaque variable.
Elle est symétrique si :
Remarque
La symétrie permet de ne vérifier la linéarité que d’un seul côté.
Exemple 1
E = K. La multiplication (x, y ) 7→ x y est une forme bilinéaire
symétrique sur K × K.
Exemple 2
E = R2 . Le produit scalaire usuel
x1 y
, 1 7→ x1 y1 + x2 y2
x2 y2
Exemple 3
E = C([−1, 1], R). L’application
Exemple 4
E = Mn (K). L’application
Mn (K) × Mn (K) −→ K
(A, B) 7−→ trace(A B)
Définition
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie et B = (e1 , ..., en ) une
base de E . Soit φ une forme bilinéaire symétrique de E . La matrice de φ
dans la base B est la matrice symétrique matB (φ) = (φ(ei , ej ))1≤i,j≤n .
Proposition
Avec les notations de la définition, si X , Y sont respectivement les
coordonnées de deux vecteurs x, y ∈ E , et A = matB (φ) alors
φ(x, y ) = t X A Y .
Dans l’autre sens, si M est une matrice symétrique dans Mn (K), alors
(x, y ) 7→ t X M Y (où X et Y sont les vecteurs colonnes des coordonnées
de x et y dans la base B) est bien une forme bilinéaire symétrique.
Exemple
3 1
est la matrice (dans la base canonique) de la forme bilinéaire
1 −2
symétrique
x1 y
, 1 7→ 3 x1 y1 − 2 x2 y2 + x1 y2 + x2 y1 .
x2 y2
Définition
Le noyau de la forme bilinéaire symétrique φ, noté ker (φ) est définie par
Remarque
Si E est de dimension finie, le rang de φ est le rang de la matrice de φ
dans une base de E .
Exemple
On peut vérifier que toutes les formes bilinéaires symétriques données en
exemples (1, 2, 3 et 4) sont non dégénérées.
3- Formes quadratiques
Exemple
Les formes quadratiques associées aux formes bilinéaires symétriques
données aux exemples (1, 2, 3 et 4) sont respectivement
1 x 7→ x 2 ( sur K),
x1
2 7→ x12 + x22 ( sur R2 ),
x2
Z 1
3 f 7→ f 2 (t) dt (sur C 0 ([−1, 1], R)),
−1
4 A 7→ trace(A2 ) (sur Mn (K)).
Proposition
Si q est une forme quadratique sur E , alors il existe une unique forme
bilinéaire symétrique φ sur E × E telle que q soit associée à φ. On
l’appelle la forme polaire de q, et elle est définie par
1
φ(x, y ) = (q(x + y ) − q(x) − q(y )) .
2
Remarque 1
Si E est de dimension finie et B une base de E , la matrice M de la
forme quadratique q dans la base B est la matrice de sa forme polaire.
La forme quadratique s’exprime alors matriciellement comme
q(x) = t X M X , où X est le vecteur colonne des coordonnées de x dans
E.
Remarque 2
Une forme quadratique q s’exprime comme un polynôme homogène du
second degré en fonction des coordonnées (x1 , . . . , xn ) : c’est une somme
de monômes en xi2 ou xi xj . Par exemple, la forme quadratique
Remarque 3
Une forme quadratique q est dite non dégénérée quand sa forme polaire
l’est. On définit le noyau et le rang d’une forme quadratique comme
ceux de sa forme polaire.
Définition
Un élément x de E est dit isotrope pour la forme quadratique q quand
q(x) = 0.
Exemple
La formequadratique
q sur R2 définie par q(x1 , x2 ) = x12 − x22 a pour
1 0
matrice . Elle est non dégénérée, son noyau est réduit à {0}.
0 −1
Mais l’ensemble de ses vecteurs isotropes est la réunion des deux droites
vectorielles d’équations x2 = x1 et x2 = −x1 .
Formes sesquilinéaires
1- Définition
cette forme est non dégénérée sur E , mais qu’il y a dans E des vecteurs
Xn
isotropes non nuls, c’est-à-dire l’équation xi2 = 0 peut avoir des
i=1
solutions non nulles.
Définition
On appelle forme semi-linéaire définie sur E toute application f de E
dans C telle que
et
(2) f (λ x) = λ f (x).
Définition
Une application f de E × E dans C est dite forme sesquilinéaire sur E si,
et seulement si, ∀x, y , x ′ , y ′ ∈ E , λ, µ ∈ C :
(1) f (λ x + µ x ′ , y ) = λf (x, y ) + µf (x ′ , y )
f (x, y ) = t (P X ′ ) A (P Y ′ ) = t X ′ ( t P A P) Y ′
A′ = t P A P.
Example
E = Cn est rapporté à sa base canonique, la matrice associée à la forme
n
X
sesquilinéaire définie sur E par : f (x, y ) = xi yi est la matrice In .
i=1
3- Formes hermitiennes
Définition
Soit f une forme sesquilinéaire, f est dite hermitienne si, et seulement si,
∀(x, y ) ∈ E 2 , f (y , x) = f (x, y )
Remarque
Si f est une forme sesquilinéaire hermitienne, alors ∀x ∈ E , f (x, x) ∈ R.
Les formules aij = f (ei , ej ) montrent que dans ce cas la matrice A
associée à f , relativement à n’importe quelle base de E , est telle que
pour tout couple (i, j), on a
autrement dit
t
A = A.
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Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques
Formes sesquilinéaires
Définition
Si A ∈ Mn (C), on appelle matrice adjointe ( ou transconjuguée ) de A la
matrice A∗ = t A.
On dit qu’une matrice A est hermitienne si A∗ = A.
Remarque
Donc une forme sesquilinéaire est hermitienne si, et seulement si, sa
matrice dans une base de E est hermitienne.
Example
1 0 2 1+i
• , sont hermitiennes.
0 −3 1 − i −5
1 0
• n’est pas hermitienne.
0 −i
4- Espaces hermitiens
Définition
On dit qu’une forme sesquilinéaire hermitienne f est un produit scalaire si
f est définie et positive.
Donc une application f : E × E −→ C est un produit scalaire si les
propriétés suivantes sont vérifiées :
1 ∀x, y , x ′ , y ′ ∈ E , λ, µ ∈ C :
f (λ x + µ x ′ , y ) = λf (x, y ) + µf (x ′ , y )
Exemple2
L’application : Mn (C)2 −→ C
(A, B) 7−→ ⟨A|B⟩ = Tr (A∗ B)
est un produit scalaire sur Mn (C), il est appelé produit scalaire
canonique de Mn (C).
Exemple3
Soit [a, b] un segment de R, avec a < b. Posons E = C([a, b], C)
l’ensemble des fonctions continues de [a, b] dans C.
L’application : E 2 −→ C
Z b
(f , g ) 7−→ ⟨f |g ⟩ = f (t)g (t) dt
a
est un produit scalaire sur E .
Définition
1 Un C-espace vectoriel E muni d’un produit scalaire est dit
préhilbertien complexe.
2 Un espace hermitien est une espace préhilbertien complexe de
dimension finie.
Théorème
Soit E un espace préhilbertien complexe dont le produitpscalaire est noté
⟨ | ⟩. L’application de E dans R+ définie par : ∥x∥ = ⟨x|x⟩ est une
norme, appelée norme associée au produit scalaire hermitien.
Définition
Soit E un espace préhilbertien complexe dont le produit scalaire est noté
⟨ | ⟩.
On appelle distance associée au produit scalaire ⟨ | ⟩ l’application de E 2
dans R+ définie par : d(x, y ) = ∥x − y ∥ .
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Formes bilinéaires symétriques et formes quadratiques
Formes sesquilinéaires
Remarque
On définit exactement comme dans le cas euclidien la notion de vecteurs
orthogonaux, d’orthogonal d’une partie, de familles
orthogonales/orthonormales, etc...
Règle de calcul
Soit E un espace hermitien quelconque.
1 ∀x ∈ E , ∀y ∈ E ,
Proposition
Soit E un espace hermitien. Si la famille (x1 , x2 , . . . , xk ) de vecteurs de E
est orthogonale, alors
Démonstration.
Pour tout x, l’application y 7−→ ⟨x|u(y )⟩ est une forme linéaire sur E . Il
existe donc un unique vecteur que l’on notera u ∗ (x) tel que l’on ait :
∀y ∈ E , ⟨x|u(y )⟩ = ⟨u ∗ (x)|y ⟩.
= α⟨x|u(y )⟩ + α′ ⟨x ′ |u(y )⟩
u ∗ (αx + α′ x ′ ) = αu ∗ (x) + α′ u ∗ (x ′ ).
Proposition
(i) L’application :
Φ : L(E ) −→ L(E )
u 7−→ u ∗
est semi-linéaire (en particulier on a (λ u)∗ = λ u ∗ .
(ii) Pour tout u ∈ L(E ) on a (u ∗ )∗ = u.
(iii) On a (IdE )∗ = IdE .
(iv) Pour u, v ∈ L(E ) on a (v ◦ u)∗ = u ∗ ◦ v ∗ .
(v) Si u est inversible alors u ∗ est inversible et on a (u −1 )∗ = (u ∗ )−1 .
(vi) Pour u ∈ L(E ) on a ker (u ∗ ) = (Im(u))⊥ et Im(u ∗ ) = (ker (u))⊥ .
Proposition
Soit u ∈ L(E ) et B une base orthonormée de E . On note A et A∗ les
matrices de u et u ∗ dans la base B. Alors on a
A∗ = t A.
Remarque
Pour A ∈ Mn (C) et x, y ∈ Cn on a pour le produit scalaire hermitien
usuel de Cn :
⟨A x|y ⟩ = ⟨x| t A y ⟩
Lemme
Soient u ∈ L(E ) et F un sous-espace vectoriel de E . Alors F est stable
par u si et seulement si F ⊥ est stable par u ∗ .
Définition
(i) Soit u ∈ L(E ). On dit que u est auto-adjoint (ou hermitien) si
u ∗ = u. On dit que u est anti-hermitien si u ∗ = −u.
(ii) Soit A ∈ Mn (C). On dit que A est hermitienne si tA = A. On dit
que A est anti-hermitienne si t A = −A
Définition et Proposition
Soit u ∈ L(E ). Soit (e1 , e2 , . . . , en ) une base orthonormée de E . Les
propositions suivantes sont équivalentes :
(i) ∀x ∈ E , ∥u(x)∥ = ∥x∥.
(ii) ∀x, y ∈ E , ⟨u(x)|u(y )⟩ = ⟨x|y ⟩.
(iii) (u(e1 ), . . . , u(en )) est une base orthonormée de E .
(iv) u est un isomorphisme de E et son inverse est u ∗ .
Si ces conditions sont vérifiées alors on dit que u est une isométrie
(vectorielle) de E . L’ensemble des isométries de E est noté U(E ).
Définition et Proposition
Soit A ∈ Mn (C). Soit (e1 , . . . , en ) une base orthonormée de Cn muni de
son produit scalaire hermitien usuel. Les propositions suivantes sont
équivalentes :
(i) tA A = In
(ii) A est inversible d’inverse t A.
(iii) ∀X ∈ Cn , ∥AX ∥ = ∥X ∥.
(iv) ∀X , Y ∈ Cn , ⟨AX |AY ⟩ = ⟨X |Y ⟩.
(v) (A e1 , . . . , A en ) est une base orthonormée de Cn .
Si ces conditions sont vérifiées alors on dit que A est une matrice
unitaire de degré n. L’ensemble des matrices unitaires de degré n est
noté U(n).
Définition
Remarque
Les endomorphismes hermitiens, anti-hermitiens et les isométries sont en
particulier des endomorphismes normaux.
Démonstration.
On procède par récurrence sur la dimension n ∈ N ∗ de E .
Le résultat est clair si n = 1. On suppose maintenant le résultat acquis
jusqu’au rang n − 1 (n ≥ 2) .
Puisque le polynôme caractéristique de u est scindé, u admet au moins
une valeur propre λ ∈ C. On note F = ker (u − λIdE ). Si F = E , il suffit
de considérer n’importe quelle base orthonormée de E .
Proposition
(i) Les valeurs propres d’un endomorphisme hermitien sont réelles.
(ii) Les valeurs propres d’un endomorphisme anti-hermitien sont
imaginaires pures.
(iii) Les valeurs propres d’une isométrie sont de module 1.