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Gauthier-Darley Michel, Bruit Guy, Vernant Jean-Pierre, Schnapp Alain. L'apprentissage d'un intellectuel : un militantisme au
quotidien. Entretien avec Jean-Pierre Vernant. In: Raison présente, n°120, 4e trimestre 1996. La République : fait national et
idée rationnelle. pp. 77-113;
doi : https://doi.org/10.3406/raipr.1996.3369
https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1996_num_120_1_3369
INTELLECTUEL : UN
MILITANTISME AU QUOTIDIEN
Schnapp,
Entretien
Michel
de Jean-Pierre
Gauthier-Darley
Vemant
et Guy
avec
Bruit
Alain
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copains, les
s'entendre avec
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les socialistes
constituer
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blocs
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qui j'étais, que j'étais prof, mais il était venu chez moi, il
m'avait amené sa fiancée. Ce matin là, il allait à une ferme
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avec un nommé Renard. Ils ont été piqués tous les deux par
les Allemands. Soi-disant Renard s'est évadé, en réalité, il est
passé au service des Allemands. On m'a donné une fiche
disant que Souris avait parlé, et moi je savais que non, parce
que s'il avait parlé, le premier qui était fait, c'était moi : il
savait tout de moi. Pas une seconde je n'ai imaginé qu'il pou¬
vait parler, et cette confiance que je lui faisais à lui, je ne me
—
la serais
tout à pas
fait faite
à la fin
à moi.
— fait
Finalement
creuser sailsfosse
l'ont et
fusillé,
ils l'ont
il lui
tuéont
là.
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J.-P. V. — Non...
M. G. — Mais c'était quelqu'un d'important. . . qui est
parti tremblant après la séance...
J.-P. V. — On lui en avait mis plein la gueule!
M. G. — On avait pondu une motion. Il y avait un
problème, qui était celui de Marcel Cohen, parce que Marcel
Cohen avait une longue fidélité au Parti qui était de type
affectif et, dans Voies Nouvelles , j'avais fait un compte-rendu
de Pour une sociologie du langage dont Marcel Cohen avait
été très content. Alors, quand il y a eu le vote de cette motion,
il n'a pas voté contre, il s'est abstenu. J'ai appris après que si
le père Cohen s'était abstenu, c'était à cause de mon papier!
A. S. — Tu deviens consciemment, alors, un opposant
interne dans le Parti, ça se passe entre ton départ d'Action et
le début de la guerre d'Algérie, 48/54, c'est la période où, à la
fois, ton travail intellectuel te fait prendre des distances, pro¬
bablement, vis-à-vis du Parti en tant qu'organisation et, en
même temps, la politique du Parti est de plus en plus cho¬
quante.
sont amenés
Des tas
à ruer
de gens,
dans les
à l'intérieur
brancards.ouEtà c'est
l'extérieur
le moment
parfois,
où
Vérité Liberté est lancé. . .
J.-P. V. — A peu près à ce moment là, ça doit être 57-
58, je pense. Il y a Vérité Liberté sur la guerre d'Algérie; c'était
Vidal, si tu veux, et c'est ce qu'on soutient, bien sûr. Et puis il
yVoix
a L'Étincelle
communiste.qu'on lance avec Valdi. Il y en a un autre, La
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A. S. — Tu collabores à L'Étincelle?
J.-P. V. — Je fais plus que collaborer, je le lance et le
fabrique, et également Voies Nouvelles, qui est un pério¬
dique : il n'est pas difficile de savoir qui était à la base de ça
vu que c'était Louis Gernet qui était directeur. Quand on a
lancé Voies Nouvelles , on voulait le vendre dans les kiosques,
ce n'était pas un truc clandestin, comme L'Étincelle. Il y avait
des abonnés ; c'était mis en vente, il fallait donc qu'il y ait un
directeur. Naturellement, il fallait prendre un directeur qu'à
nos yeux le Parti ne pouvait pas traiter de flic ni d'anticom¬
muniste ni de provocateur, etc. Mais enfin ça ne les a pas
empêchés, bien entendu. J'ai demandé à Gernet qui a accep¬
té tout de suite et qui s'en est occupé très sérieusement. Il a
dû y avoir une dizaine de numéros de Voies Nouvelles. Natu¬
rellement, j'ai été aussi convoqué quand j'ai publié — je n'ai
pas publié sous mon nom, mais sous celui de Jean Jérôme ;
j'ai repris le nom que j'avais dans la première clandestinité —
précisément une analyse de la politique algérienne, qui est
dans le volume, là, et qui est signée Jean Jérôme. J'ai été
convoqué à la direction du Parti, il y avait Casa, mais avant
Casa il y avait ce grand escogriffe qui m'a fait une scène
effroyable : « C'est dégueulasse, etc. et qu'est-ce que c'est que
ce type que vous avez mis là, ce Gernet, qu'est-ce que nous
avons à faire avec lui? ». Alors je lui dis : « Vous devez bien
avoir à faire avec lui puisque l'année dernière, quand vous
avez organisé votre colloque sur le centenaire de Engels, la
famille, l'État, etc., vous avez demandé à Gernet de présider
les trois jours de colloque ». « Nous? ». « Pendant trois jours,
c'est Gernet qui a présidé. Le Centre de recherches marxistes
a cherché et a pensé que c'était Gernet qui était le plus à
même de faire ça! ». C'était un jeune, le grand brun qui s'était
occupé de la jeunesse avant. Il poussait des hurlements!
Alors, naturellement, moi aussi : « Écoutez, monsieur, je vous
interdis absolument de dire du mal de Gernet, qui a pris des
positions — il était Doyen d'Alger — des positions pour
l'indépendance de l'Algérie; c'est un type remarquable ». Lui
ne savait pas qui c'était! Et, à ce moment là, quand les bruits
ont commencé à monter, on s'est dit, à côté, qu'on allait en
venir aux mains. Le gros Casanova a ouvert la porte : « Alors,
comment tu vas? Je t'embrasse! ». L'autre le regardait; tout ça
était écrit d'avance, tu comprends, ils s'étaient donné le mot.
Et c'est là que j'ai dit à Casanova : « Écoute, le, Parti commu-
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Notes
1. Bay et a été plus tard enseignant de sociologie à la Sorbonne.
2. Lettre de Marcel Mauss au Ministère de la Guerre pour deman¬
der que les élèves-officiers Vernant ne soient pas barrés à cause de leurs
opinions. Voir M. Fournier, Marcel Mauss, Paris, Fayard, 1994, p. 727, n. 1.
3-Éléna Cassin, assyriologue.
4. Lida Vernant, enseignante, traductrice de littérature russe ; a tra¬
duit avec Bottigelli les Cahiers Philosophiques de Lénine, Paris, Éditions
Sociales.
5. Jean-Pierre Vernant avait songé ensuite, avant d'être aiguillé par
Louis Gernet, à une étude sur le travail, chez Platon, ou à une autre, sur
l'abstraction dans la pensée religieuse grecque.
6. Jules Monnerot est mort depuis la date de l'entretien.
7. Il existe maintenant en édition de poche.
8. Jean-Pierre Vernant, Passé et présent. Contributions à une psy¬
chologie historique, réunies par Ricardo Di Donato, Roma, Ed. Storia e Let-
teratura, 1995.
9-Hentgès était membre du cabinet de Thorez quand celui-ci a
été Ministre d'État.
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