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Carnet de lecture, Retour à Birkenau, Ginette Kolinka et Marion Ruggieri

( le livre de poche 5€40)

1. Avant d’ouvrir le livre, je vous invite à vous reporter directement à la dernière


pas du livre et à répondre dans votre cahier à la question  ( 15 lignes minimum ) :
pourquoi le professeur m’a-t-il demandé de lire en priorité cette page ?

2. Effectuez le carnet de lecture de Retour à Birkenau selon les consignes données


en début d’année.

3. Effectuez la biographie de Ginette Kolinka , pour ce faire, vous pouvez écouter les
deux émissions de radio en suivant ce lien :

ttps://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-histoire-particuliere-un-
recit-documentaire-en-deux-parties/ginette-kolinka-rescapee-des-camps-contre-
l-oubli-1-2-la-memoire-retrouvee-5961857

Utilisez également l’article extrait de Télérama.

4. Dans votre biographie, n’oubliez pas de citer les paroles de G. Kolinka qui vous
marquent.

5. Pour quelles raisons Ginette Kolinka veut-elle témoigner ? Pour quelles raisons
a-t-elle gardé longtemps le silence ? (Vous pouvez vous aidez de l’article joint
extrait de Télérama.

6. Quelles questions aimeriez-vous poser à Ginette Kolinka ?

7. Ecrivez la lettre que vous aimeriez lui envoyer. Vous devez respecter la mise en
page d’une lettre, écrire lisiblement (souvenez-vous que cette dame a 97 ans) et
soigner votre présentation. Cette lettre devra être mise sous enveloppe.
Ginette Kolinka : “II faut croire qu’il n’y avait pas d’étoiles dans le ciel de Birkenau”
Lorraine Rossignol Publié le 14/09/19 mis à jour le 07/12/20 Télérama

Elle a survécu à Auschwitz. A 94 ans, Ginette Kolinka raconte son quotidien dans
l’antichambre de la mort dans un livre bouleversant.

Dans un témoignage bouleversant, Retour à Birkenau, Ginette Kolinka, 94 ans, survivante


d’Auschwitz où , parce qu’elle était juive, elle fut déportée à l’â ge de 19 ans et vécut d’avril à
novembre 1944, raconte son quotidien dans l’antichambre de la mort. La faim qui tenaille,
l’absence totale d’hygiène et d’intimité, la destruction rigoureuse, appliquée, de toute humanité
en chaque déporté, les coups et les brimades, la terreur, la survie animale...
Bien que transformée en matricule — le 78599 — Ginette Kolinka, issue, comme Simone Jacob
(future Simone Veil) et Marceline Rosenberg (Loridan-Ivens), du convoi 71, n’a rien oublié,
même si elle s’est longtemps tue. Dimanche 15 septembre, elle prendra la parole devant le
public, au Mémorial de la Shoah.
Le livre que vous avez publié en mai dernier, s’est déjà vendu à 55 000 exemplaires. Vous
attendiez-vous à un tel succès, alors que tant de récits ont déjà été écrits sur la Shoah ?
Franchement, je n’aurais jamais pensé qu’à l’â ge de 94 ans, après ce que j’ai vécu là -bas, je
deviendrai une vedette et vivrai tant de bonnes choses : les invitations à la télévision, les
interviews pour la radio, les lettres reçues, extraordinaires, magnifiques... Cela dit, la télé, c’est
un jeu, une façade. Je ne me prends pas pour quelqu’un que je ne suis pas. Je suis même gênée
vis-à-vis de tous ceux qui, eux, ne sont pas revenus de Birkenau. Ou de ceux qui ont survécu mais
auxquels les médias ne prêtent pas attention. Pour le reste, je sais très bien qu’un jour on ne
parlera plus de moi, que je retomberai dans l’anonymat. Mais je suis prête !
Vous êtes restée silencieuse pendant cinquante ans avant de vous décider à témoigner,
notamment en intervenant dans les établissements scolaires pour raconter aux jeunes ce
que vous avez vécu là-bas, comme le firent Simone Veil ou Marceline Loridan-Ivens, vos «
copines de déportation ». Pourquoi ce long silence ?
Je n’éprouvais ni l’envie ni le besoin de parler. Et c’est de façon accidentelle, en remplaçant au
pied-levé un membre de l’Union des Déportés d’Auschwitz (UDA) qui s’était engagé à
accompagner un groupe scolaire à Birkenau, que j’ai découvert que je pouvais le faire aussi. Ce
que les survivants des camps ont le mieux partagé, à leur retour, c’est le silence. Croyez- vous
que l’on se demandait les uns aux autres : « Alors, t’as souffert, toi ? » Non, ce que l’on se
demandait, c’est : « Dans quel convoi t’étais ? » Et ça s’arrêtait là . Avec la famille retrouvée, les
proches, on ne parlait pas davantage. J’ai été déportée en même temps que mon père, mon neveu
et mon petit frère de douze ans, aussitô t gazés à leur arrivée à Birkenau.

“J’étais loin d’imaginer ce que nous allions subir”


Pour ma part, j’ai été affectée dans un commando où je devais casser des pierres : un véritable
travail de bagnard. Mais je n’ai jamais rien raconté de l’univers concentrationnaire à ma mère ni
à mes sœurs — qui, elles, avaient échappé à la Gestapo — lorsque je les ai retrouvées à Paris, à
mon retour. Elles ne m’ont jamais rien demandé non plus. Que dire, d’ailleurs ? C’était au-delà
des mots. J’ai toujours été quelqu’un d’excessivement discret : pourquoi rabattre les oreilles des
autres avec mes histoires ? Je n’allais quand même pas dire à mon fils [Richard Kolinka, le
batteur du groupe Téléphone] : « Finis ton assiette, si tu savais ce que j’ai vécu, moi ! »
Dans Retour à Birkenau, avec l’aide de la journaliste Marion Ruggieri, vous entrez
pourtant tout de suite dans le vif du sujet, en racontant dans le détail le choc de l’arrivée à
Birkenau, le processus de déshumanisation auquel vous êtes immédiatement soumise, et
votre transformation de personne en objet...
C’est vrai. En l’espace de deux-trois heures, c’était fini ; vous n’étiez plus vous-même. On vous
faisait perdre votre identité — votre humanité — en commençant par vous demander de vous
déshabiller entièrement devant tout le monde, puis en vous rasant non seulement les cheveux
mais le sexe. Ensuite, on vous tatouait un matricule sur le bras avant de vous fournir des haillons
informes qui achèveraient de faire de vous une chose... L’humiliation était intentionnelle et
méthodique. Pour moi qui étais si pudique, elle fut d’une violence inouïe. Mais on n’est détruit
qu’une fois. Après, on a compris. Ce soir-là , je me suis endormie dans la seconde, terrassée par
un lourd sommeil. La nuit tombe très tô t là-bas ; d’un seul coup on bascule dans la pénombre.
J’avais levé les yeux au ciel, mais je n’y avais pas vu d’étoiles. Il faut croire qu’il n’y en avait pas,
dans le ciel d’Auschwitz-Birkenau.
Le choc fut d’autant plus violent que vous dites bien à quel point vous n’imaginiez pas un
instant, lorsque l’on vous fait monter dans un train de marchandises en route pour
Auschwitz, que vous preniez la route d’une mort programmée....
Personne ne savait. Peut-être certains d’entre nous avaient-ils, à la rigueur, entendu dire que
nous prenions la direction de l’Est, mais pour y travailler dans un camp, dans les champs ou à
l’usine. C’est à cela que l’on se préparait. Et, ma foi, a priori, de cela on ne meurt pas. Donc, je
n’avais pas peur. J’étais loin d’imaginer ce que nous allions subir : la faim qui vous tenaille du
matin au soir, les intestins en permanence détraqués sans avoir rien pour se laver, et donc la
puanteur, la crasse, dans laquelle nous vivions, le froid qui nous installait littéralement l’hiver
dans le dos, les coups permanents assenés par les « Kapos ». Lorsqu’elles nous battaient, je ne
sais même plus si cela faisait mal, mais ce qui est sû r, c’est qu’elles avaient des massues à la place
des mains : une gifle d’elles vous mettait à terre. Impossible d’oublier cela, même s’il n’est pas
non plus obligatoire de vivre avec tous les jours.
Pas obligatoire, en effet, mais comment continuer à vivre tout court, lorsqu’on a vécu
pareil choc ?
Je ne cherche pas d’explications — pourquoi vouloir tout analyser ? — C’est peut-être pour cela
que j’ai atteint l’â ge que j’ai aujourd’hui. D’autant que pour nous, les rescapés, l’énigme est
double : comment ils ont pu faire ça ? Mais aussi : comment peut-on toujours être là, malgré ça ?
En ce qui me concerne, j’ai eu de la chance, et puis c’est tout. Vous savez, pour survivre, il ne
fallait pas être trop intelligent. D’ailleurs, on avait le cerveau tellement mort qu’on n’avait plus le
temps de penser... Il ne fallait pas être sentimental, non plus. Avant ma déportation, je pleurais
comme une madeleine au cinéma ou en lisant les livres de la Comtesse de Ségur.
“Bientôt, il n’y aura plus personne pour en témoigner”
Mais cela fait longtemps que je ne pleure plus : c’est comme pour les microbes, je suis
immunisée. Je vis au jour le jour, ne suis ni une maman poule ni une grand-mère gâ teau -
comment le pourrais-je, je suis sans arrêt sur les routes, allant d’école en école. Et lorsque je vois
un SDF, cela me fait mal au cœur pour lui mais ça s’arrête là , car je sais que s’il veut manger, il
peut aller faire la queue à la soupe populaire. Dans tous les cas, personne n’est là pour le forcer à
travailler ou pour le rouer de coups.
Pour toute la cruauté que vous avez subie, en voulez-vous toujours aux Allemands ?
Aux Allemands, non – les jeunes Allemands ont tort de culpabiliser pour les crimes de leurs
aînés, ils n’en sont pas responsables- mais aux Nazis, oui ! Pardonner ? Jamais ! Alors là, vous
voyez Ginette bondir ! Au contraire, il faut se souvenir, dire et redire que cela a bel et bien eu
lieu, même si on peine de plus en plus à le croire. Bientô t, il n’y aura plus personne pour en
témoigner. C’est pourquoi il est si important de le transmettre aux jeunes générations. Ce sont
elles qui feront passer le message, lorsque aucun ancien déporté ne sera plus là pour le faire.
Pour dire : méfiez-vous de la haine, et combattez-la dès qu’elle pointe, sous quelque forme que
ce soit, car c’est la haine qui conduit tout droit à Birkenau.

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