Vous êtes sur la page 1sur 60

{f j J*A»Ir<ï T*r

*t-
V #
PAROLE
DELAISSEE,
T R A I C T E ’ DE
BERNARD COMTE
de la Marche
T reuifane.

Non encores iam


3

PAROLE V E
T 1 C TE' DE S E
Comte de U Marche Treuifane.

A. premiere chofe Te­


quile à la fecrette feien-
ce de tranfmutailon eil
la cognoiflànce de la
matière, dont eft cx-
traivi largcnt-vif des Philofophes3
& lefouiphre, defqupls deux, la fou-
ueraine pierre des Philofophes eii
faiâe &conftituee.
La matière dont eft extraire la mé­
decine fouueraine & fecrette de$P hi-
lofophes, eft tant feulement Or très-
p u r ^ argenttré$-fin 5.8£ noftre vif-ar*
get. Tous lefquels tu vois quoridiane-
m ent, altérez toutes-fois, &:mue&
par artifî ” *tterq
blanche! picr~
re j de la rget\t*vi£j> 8S
4
foulpbte eft cfleué & e x tra it aucc
forte ignition par réitérée deftru-
ftion d’icelle, en refoluant &fubli-
mant. Et en ceil argent vif, font l'air
& le feu j lefquels ne peuuent eftre
veusdesyeux corporels; commeils
foient rares & ipirituels : laquelle
choie cil contre ceux qui cuident a-
uoir 4 . elemens realement &c viii^
blement feparez enl'œ uure, vn cha­
cun à part fo y -, mais tels n’ont bien
çogneu la nature des chofes, comme
entre nous ne fe puiiTe donner élé­
ment fimple:bien toutesfois cognoif-
fons iceux par leurs operafiôs,&leurs
cfFc&s qui font és bas dem ens}c’eft à
içauoir, en la terre & en Veau, félon
qu’ils font altérez de nature clofe Sc
g ro ß e : par laquelle ils font m uez de
nature en nature. Que O r & Argent
foient la matière de noftre benoifte
pierre, toutes les fentencesdesPhi-
lofophes le difent, E t à reale verité,
dit noftre pere H e rm e s , lepere d é l­
ié , eft Je Soleil; la m ereeftla Lune.
Mais plus grand doùtft^qft du tiers
Com posant, e’eft à fça iy rp qui eft
s
ce/îargent-vif, duquel, auec O r &
Argent , noftre compoft cii faiéi.
Pour quoy fçauoireftà noter. Q ue
toute l’œuuredcs Philofophes eft di-
uifee principalement en deux par­
tie s, c’eft à fçauoir, en la première &
en la fécondé. La fécondé partie eft
par les Philofophcs diuifee en la pier­
re blanche accomplie, & en la pierre
vermeille .Mais pourcc que le fonde-
m entdece noble fccret eft enlapic-
mierepartie , les Philofophes dou-
tans diuulguer ou rcueler ce fecret,
ont fai<5t peu de mention de cefte pre­
mière partie. Ec croy que II ce n euft
cfté pour éuiter que la fcicncc des
Philofophes ne demeurai!: fauiTe en
fcsprincipes, ilsfe fuifent totallemeC
teus de ce fie première partie-, ne n'en
euiîent faidt aucune mention. Par-
quoy s’ils n’en euiTcnt aucunement
to u ch é, la fciencc euft eüé de tous
p o in ts ignorée &‘demeureeperie,&:
faufte en fes termes. Comme cefte
première partie foit le commence-
ment,la clef, & le fondement deno>
ilre magiftere j fanslaquelle rien n eft
£
âccomply : laquelleignorec, la fcicn-
cc demeure deeeuable 3c faillie en
{cm experiment. A fin donc que ne
foitignoré ce très-grand fecret, qui
eft la pierre à laquelle on n’adioufte
rien d’eftrange, i’ay difpofé d’en fai­
re aucune mention totallemcnt cer­
taine &c vraye, laquelle i’ay veüe 8£
tenue-, Dieu tefmoignant, &; vérité j
laquelle ic cornets au fecret coffre de
la facrce am e, foubs le péril d’icelle.
Patquoy les Philofophesont appcl-
lécefecretVERBVM dimissvm , c’eft
adiré, L a p a r o l e l a i s s é e , ou
teüe en ceft Art : laquelle, à peu près,
tous ont celcc.Eft donc à fçauoir que
ta pierre Philofophique eft diuifee en
3 . degrez,, c’eft à fçauoir la pierre vé­
gétale, minérale 3c animale. La pier­
re vegetaîe proprement 3c principa­
lement , ont di&les Philofophes ce-*
{le première partie, qui efb la pierre
du premier degré .* donc Pierre do
Ville neufue, frere de Arnault, dit en
la fin de fon Rozaire, L e com m ence­
ment de noftre pierre eft l’argent-vif,
ou CaCulphureïté qu’il nous f^ytauoiv
7
dcfagroflefubftancecorporeu/e, a-
uant qu’il puiiTe paiTer au fécond de­
gré.Le commencement donc de no-
itre pierre eft, que Mercure croiiTanc
en l’arbre foit compofè & fubiimé
en ballegeant-, ca rc’eftle germe vo­
latil qui fe nourrir, n’accroiftre ne
peut, fans l’arbre fïx; qui le retient,
com m cletetinlavieài’enfànr. Il ap­
pert donc que cede pierre eft vege­
tale , comme elle foit le doux efprit
croiftant du germe de la vigne, ioint
en l’œuure premiere au corps fix
blanchoyanti ainfi qu’il eft di<ft au
Songe-verd; auquel apres le texte
d’Alchymie bien notablement eft
baillée la pratique de ccfte pierre ve­
getale à ceux qui fagement fçauent
entendre la vérité : laquelle pour
certaines raifonnables iuftes cau-
fesi’ay obmife à mettre icy.

p re m ie r degré»

D oncqves le premier degré delà


pierre Phyfique eft de faire noftrc
Mercure vegetal>netô£ pur *quiaulïî
E iii
8
cil ditl des Philoibphes Soulphre
b/anc,non v ra n t, lequel eil moyen
de conioindre les Soulphres auecle
corps. E t £ véritablement, comme
ilfoitauiïi de nature fixe, fubciie,
& n ette, cil vny auec lescorps, &;fe
adhéré & ioin&au profond d’iceux,
moyennant la chaleur &: humidité
d ’icehiy i duquel ont diâ: les Philo-
fophes, qu’il eil moyen de conioin-
dre les teintures, Sc non pas de l’ar-
gent-vif vulgal; comme tel foie froid,
flegmarique, &: par confequenc de-
ilituédc toute operation de vie, la­
quelle cil, & coniiftc en chaleur ÔC
moiteur, Mais pour ce qu’il eil en
partie volatil , auili eil-il moyen de
mefler les efprits voiatifs, &: de adhé­
rer ou Ce loin dre à la hxe fubdancc
des corps; efquclles chofes eftto u ­
chée la caufe de faneceiïké,laquelle
eil triple.
L a première, comme nous ayons
à ioindre les deux fcm ences, c e ftà
içauoir, maile &r femelle, il faut que
i’vnfoit meilé à l'autre, parvnena­
turelle alliance & amour , Scpat
9
vne connarurelle fpongiolîté, en ma«
niere que le plus de rvnfoit a ttr a it
par le plus de l’autre j &:par confc-
quent que l’vn foit meilé à l’autre, &:
qu’ils foiétioinds enfembie.Et pour­
tant comme ces deux corps, c’eft X
içauoir, O r, &: A rgent, foientfaids
moittespar chaleur digeftiue, difio-
lutiuc , ôc fubtiîiatiue, lors font-ils
de premiere matière, ôC (impies : &
prcnnentadoncle nom de fcmence,
îefquels font prochains à generation
pour l’impreiîion qu’ils reçoiuent par
leur (Implicite ôc obedience de la
chaleur inftrumentalle çqu ipolantôâ
femblabde à la naturelle de ceMercu*
r e , formant 6c feeiiant iceux à efpe-
ce d’Elixir , pource que la premie-
re partie de la Pierre eft appellee
Elixir.
Gefte premiere partie donques
eft moyen de conioindre les extre-
mitez du vailfcau denature ou des re-
ildéccs proportionnées: auquel vaif-
feau les efprits doiuent elite trani-
muez ainçois qu’ils fuyent de nature
en nature.Enquoyeftt
10
conde caufe de fia necefiîté ; car
comme la pierre doibt eftre imprci-
gnee d’efprits, il conuient en icelle
eftre aucune vertu retentiue & em -
braiTerefle d’iceux, à fin que plus fa­
cilement ils foyent méfiez aux tres-
petites parties des corps. Ccfte vertu
vericablemét eft en ce Mercure Phy-
fîquc; comme il foit en partie de na­
ture fpiritueile,amçois eftvray Sc pur
efprit 3dépuré & purifie deroutefœ -
culenceourefidenceterreftre-,efpnt,
dis-je, vray & fix, &: en partie volatil;
car il contient la nature de l'vn&de
l'autre feu : laquelle chofe manife-
île ôc déclareiaponticité, ou aigreur
& componction aigue-, laquelle ap­
pert en fes operations. C arparceluy
Mercure mortifié, eil facilement ¿c
legerement congelé le M ercure vui-
g al, comme di& le texte. Toutes-
fois il neft fixe par luy ; &: pource
doibc-il eftre ioinél au Soleil & à la
L u n e, &:eftrefaictam y, à fin que ce
qui eft eti luy volatil foit fixé auec
iccux corps, c’eft à fçauoir, que de
cefte chofe5quiefi;compofee de tou-
Il
tes ces chofes meílees eníemble a2
uec leurs collateraux, pui/Tc dire-
dem ent eftrc fixé leMercure du peu­
ple. C eft la caufe pourquoy nou-
ueaux corps y font mis -, car ils font
fixes j à finquelefeucompofé,quieft
did Mercure fublimé, ou première
matière, foit tellement informé du
ferment propre qu’il obtiene force
déplus longuementperfeuereren la
bataille du feu,nonobftantfon affré­
té. Etpource did l’HortuIan,que ce
n’eft pas eftrangc auec lequel il doibt
cftreioind ,c’eftà dire fixé ; dont de
ce £ didRaym ond Lulie, Q u e l’ar­
gent-vif, par nous fa id , congélele
común: & eft aux hommes plus com ­
mun quele común, de moindre prix,
de plus grande vertu te vtilitc, te aui-
fi déplus forte rétention; te pourtant
did Geber, Queiceluy eft figne de
perfedion , pource que ceft vne
Gomme plus noble que les marga-
rites: laquelle conuertit te attraid
tou te autre Gomme à fa nature fixe,
claire, &pure* &:lafaidàtoufiours
durerauecelleaufeu ; E ts’efioüit en
JZ
Iceluy. Parquoy (comme dit le testé
alléguant Morien ) ceux qui cefte
benoifte pierre veulent ou cuidcnt
compofer fans cefte première partie,
ils font femblables à ceux qui fans
efchelles veulent monter aux haucs
pinacles rlefquels, comme ils com ­
mencent àm onter, fe crouuent to m ­
bez en bas, en mifere êc douleur*
C e M ercure donc eüAe commen­
cem ent fondement de tout ce
glorieux Magiftcre ; car il contient
feu en foy j lequel doit eftre repeu &C
nourry de plus grand & fortfeu,au
fécond régime de fa pierre. C o n ­
ques, tant le feu enclos audid M er­
cure par le premier régim e, que le
feu qui dedans doit eftre enclos par
le fé c o n d , par les Philofophes és
chofes naturelles , cft nommé pro­
pre inftrum cnt, qui eft la fécondé
chofe requife principalement à co -
gnoiftre en ce haut magiftere, en
maniéré que la matière cognue dont
on doibe J’œuurc com m encer, Lon
doit premièrement cnclorre le feu
enkm atietc volatile, & fixe, en ef-
chauffant &r coagulant avec difToIu-
cion des corps, félon les Philofophcs
naturels.
Ceftc incluiîon ou empriionne-
ment de feu ont les Philofophcs
appelle, pourfon myÎlere, foubsvn
autre nom , c’efi: àfçauoir Sublima­
tion, ou exaltation de matière Mer­
curiale , comme en fes nobles vertus,
elle foitiaexakee, 61 fublimee en fes
degrez. Etpourcedit Arnautde Vil-
le-neufue, Que Mercure foit premiè­
rement fublime, c’eft à dire, comme
Mercure foit de nature bafle, àfça-
uoir, de terre, de d’eau , qu’il foit ra­
mené à nature noble Se haute, fça-
uoir d’air & de feu , qui font princi­
pes très-prochains de ce M ercure,
de l'intention de nature Se de J art.
Parquoy quand celle pierre Mercu­
riale eft ainfi exaltec , & fubtiliee, el­
le eft di&c fublimee de première fu-
blimation: laquelle conuienr enco-
rcs fublimer auec fon vaiffeau. Ec
pource did Raymond Lulle, au
commencement de fon Codicille au
2 » chapitre du Fade rncctm de numen
H
?hilûfophorum : Nous efperotis en no*
lire Seigneur, que noitre Mercure
fera fubiimé à plus grandes chofes,
auec addition de la chofe teignant
iceluy -, Si ion arae fera exaltee en
gloire j comme il Toit celuy à qui il
conuient encores encrer au ventre
de fa mere. Aufliil cil d id cidre ne de
premièrenaduité ; laquelle regarde
tout l’ordre des terres Alchymiques.
E t les courages des ouurans en l’Arc
ne font pas fruftrez de ioye. D ont
ie te raconte, appellant Dieu àtef-
m oin, Que comme ce Mercure eult
eilé par aucuns fubiimé , il apparut
veilu dautanc grande blancheur
comme eil la neige des hautes mon-
taignes, foubs vnerefplendeur d’vne
tres-fubtile cryitallinicé, dont y (Toit
tant grande, tant douce & bonne
odeur, apres l’ouucrture du vaiiTcau
fccret, quefemblablenefetreuuc en
ce monde.
E tic (qui parle ) fçay qu’à mes pro­
pres yeux a paru celle merueilleufe
blancheur, &: celle tenve & fubtile
cryftallinité ay touchée de mes
pro­
propres mains ; & par mon propre
fens odoratifay odore certe merueil-
Icufe douceurs donc de grand* ioye
commençay à pleurer deflus 3 com ­
me tout cftonné de certe merueilleu-
fc douceur. E t pourcc, benoift foie
le Dieu Eternel, haut 8c glorieux,
qui tant merueiiieux dons a muiTé ez
fecrecs de nature ; 8c n’a pas lairte de
monrtrer iceux a aucuns hommes. Ec
ic fçay ( Pere tres-reuerend ) que
quand tu cognoiftras les caufes de
certe difpofition, tu diras, Qifeft-ce
que certe nature foit donnée décho­
ie corrompante, & tienne liée en cl­
ic vne nature comme cele rte ? le ne
fuffispasàracompter ces merueilles.
Toutesfois, paraduenture le temps
viendra ( s’il eft expédient J q u eietc
racompteray moult de choies fpc-
ciales de certe nature ; defquelles
efedre icy ie n*ay peu obtenir licen­
ce du Seigneur de nature.
Donc de certe nature cele rte e'Æ
eferitau premier liure des Prognofti-
ques 3 Eft mtem in medicina, quoddam
cœlefte domm, Stc. C e lla dire, Veri-
~ ' ” B J
tafi/ement en Médecine yadons ce-
ieftes. Mais quoy que ce foit, com ­
me tti auras fublimé ce M ercure,
prens ie tout frais 8c recent auec ion
fang, à fin qu’il ne s’enuieilliiTc >& le
prefente à Tes parens, c eft àfçau oir,
à la Lune & au Soleil; afin que de ces
trois choies, à fçauoir, O , Lune, &:
Ç^noftre compoft foie faict, 8c que
le fécond, degré de noftre pierre, qui
eft did minerai, commence.

Si tu veux doncauoir bonne multi­


plication en tres-fortes quaiitez , 8C
vertus minerales, par les operations
dufecond degré,moyennant nature;
Prens íes corps nets, 8c auec iceux
vnis ledid Mercure , felon le poids
cogneuauxMaiftres de ceM agifte-
re ; 8c conioins lafufdidc eau feiche,
qui a foulphre des elemens; 8c la­
quelle eft dide huile de nature, ÔC
Mercure fublimé, 8c fubtilié-, folut,
difibult, 8c endurcy auec les prepa­
rations du premier degré. En deget-
tant, routes-fois, couilours la rcfidcn -
ce Si les feces quil faidi en fa fublima-
non, comme de nulle valeur.
N ’eft pas a entendre, toutes-fois,’
qu’en noftre fublimation la chofe fu-
blimee demeure à la haurcifc du vaif-
feau,ainiïqu’efl: enlafubiimarion des
Sophiftes: mais en noftre fubünaatio,
cequiefl: fublimé eft vn petiteileué
fur les feces du vaîffeau-, car la plus
fubtile, & la plus pure partie nage
touiiours fur les feces du vaiiTeau, 62
fe tient & ioinâ: au cofté du vaiiTeaU;
& ce qui eftord& impur demeure au
fons par nature-, laquelle deftreper*
dre du fien par certain terme d’eua-
cuation 3 à fin qu elle foit reftituee en
m ieux, en perdant les mauuai(es 8c
impures parties, pour en recouurer
des pures & meilleures. Parlefqucl-
les chofes appert, la tierce caufe de
fancccflitéj laquelle eft 5 que com­
me le Mercure foit n et, clair., blanc,
& incombuftible, il illumine toute la
pierre, 2^ ladefend d’aduih’on ou de
bruflem ent,^ la garde d’eilre bruf-
tecj &attemperc &: modéré \cscx~
i8
cez de fardeur du feu,contre naturcj
reduifant&ramenanticeluy-à vraye
attrempance &c concorde auec le feu
naturel. Car iceluy Mercure Philofo-
phaL contient par excellence le feu
innaturcl. La fouueraine vertu du­
quel eft attroupement contre l’ar­
deur du feu contre nature , ôc fub-
iide ou ayde amiable du feu naturel
naturalifant, c’cil a d iré , conucttif-
fant en nature foy mefme, ou foy fai-
fant naturel, par douce attrempan­
c e , auec le feu naturel j laquelle eft
très-grand fecret,cogneu de tres-peu
d e getïs , dont ce Mercure eft d itt,
terré nourrifte en ce pas : comme il
foitle germe * fans lequel la pierre ne
peutcroiftrenemultiplieré E t pour­
tant d id Hermes, L a nourrifte de
noftr e pierr e , eft la terre 5de laquelle
le Soleil eft pere, & ;laLunelam ercj
elle monte de la terre au ciel de­
rech ef defeend en terre j de laquelle
la force eft entière, fî elle eft tournée
en terre : de laquelle terre, auec les
deux corps parfaits la d r o i te com-
pofttiondes Philofophes prend naif*
fan ce & Commencerftenc.
19
Te fuffifc donc de ces deux corps*
catils font femblables à la chofe qui-
fe &c demandée j comme dit Arnaud
de Ville-neufue: c’e ftà d ire , Q ue
comme la fin delà pierrefoitparlai-
d c , elle parfaid le Mercure du peu­
ple , & les autres imparfaids corps en
Or, &: Argenr, en cranfmuanciceux.
Il faut donc neceifaircment quérir
celle v ertu , qui. fer a là où elle cil. Or
eftainfi qu’on ne la peut plusconue-
nablement trouuer qu es corps pat-
faids. Car fi en corps pur & finneft
piiiiTance,force, ou vertu de tranf-
muer les métaux imparfaids en vray
O r , pour néant en vain, yroic-oa
quérir ou ccrcher celle vertu au
Cuipre. Semblablement ie d y , de
l’Argent, &: en tout le genre des M e­
taulx,l’Or& VArgent feulement fonc
parfaids, &: tous les autres metaulx
font imparfaids.
Pour auoir donc celle Mercurial-
le füfillancc, en laquelle ell celle
parfaire vertu de tranfmuer en O r
&c Argent les metaulx imparfaids *
faut recourir à tes deux corps par-
B iij
to
faicfoj non ailleurs. Parquoy eft à
fçauoit, qua la conion&ion de ces
deux corps 3 çft le terme naturel de
dernierefubtilité , & de tranfmuta-
Xionen la premiere matière de rege­
neration. E t pourcede celle conjon­
ction, comme de premiere matière,
&c /imple, eft (aide generation du
vray Elixir. LaLunereduiClecn pre­
miere matière, eft la matière paffiue,
car véritablement elle eft i’e/poufe
du Soleil, & le Soleil eft le mary d’i-
çelle, c’eft àfçauoir, en tres-pro-
chaine affinité. Telle eft la conue-
nance entre Je malle S¿la femelle du
genre de l'A rt; defquels deux eft en­
gendróle Soulphre blanc & vermeil
çooglutinant & congelanr M ercu­
re. Certes meilleure creation, &:pius
voifinç trafmutation eft touftours fai­
lle quand Iç propre made eft çon-
ioind auec fa femelle propre 3en vne
nature. Etlem afleeft cequiieioind
îeplus au pro fond de la matière pa/ïî-
ye, parla fubtiliténaturelle déjuyj
&latranftnue.plus, &conuertitdefa
nature en autre naturç^’eftàfçaupi^
en nature de Soulphre. D onc did.
Daftin Anglois, de cede conion-
<ftion,Silafemme blanche eft mariee
au rouge mary, ils s’embraftent in­
continent, & fe ioignent&accoup-
plent enfcmblc, ils fe diiïoluentpar
e u x , afin que ceuxqui citaient deux
foient faiéïs vn en vn corps. Celle
copulation elt le mariage Philofo-
pha\, 8¿kYienindifíbiuble. Pource
ed-il did: ailleurs*, Ces deuxfontvn
par conuerfion, mais qu’ils tiennent
v n , ceft a fçauoir noftre Mercure,
qui félon aucuns eft d id , l’Aneau du
fouuerain lien. A ulfi efl-il did, La fil­
le de Platon, qui conioinôtlcs corps
aiTemblez d’amour.
Compofe donc noftre tres-fccret^
te Pierre, de ces trois choies, Sc non
d’autre ; car en autre chofe ne gift ce
qui eftrequisde plufieurs.Ceft amal­
game , ou cefte copofition phyiique
ainii trai&ec, on peut véritablement
dire, Que la pierre n’eil que vue cho­
fe. Gar tontee cornpoileil vue m ix­
tion ou mefieure, dónele prix va-
ejureft inneftimable,c’et\adire,QuC
2X
le prix en eft il grad, qu’on ne le içau -
roicpenfer,cqmme il foit noftre Ai«
rain,duquelil eft dit en laTurbc,Sça-
chez tous cnfemble , que nulle vray e
teinture n’eft faite , (mon de noftre
airain, ceft à dire, de noftre confe-
&ion,qui fc fait des trois chofes fufdi-
¿fes feulement: & lors commence la
fécondé partie de noftre tres-noble
pierre, &: la pierre àu fécond degré
qui eft appellee minérale. Où il eft à
n o ter, que par ce fécond regime, ou
par cefte fécondé operation lapier-
re,ou le Mercure, qui premièrement
auoir eñ e né par la premiere opera­
tion, tant clair , tant refplendif-
fant, eft mortifié, noircy, & enlaidi :
bref il eft faid difforme, ou laid,auec
to u tleco m p o flià fin qu ’ilpuiffc re -
fufeiter auec gradcviétoire 5plusclair,
plus pur & plus fort qu’il n’auoit eftç
premièrement. Car cefte mortifica­
tion eft fa reuiuificatioDi carenfoy
mortifian t il fc reuiuifie j & en foy re-
uiuifianc il fc mortifie. Certes ces
deux operations font tellement en-
çhaiineesl’vne'auecl’autre, &: entre«
*3
h cccs, qn e l’vne ne peur cftrc fsuis
} autre,comme baille la doârineP hi-
lofophale : car la génération de Tvn
cilla corruption de l’autre. T oute
cefte chofe, toutesfois,neft ftnon
de creer le foulphrc de nature j & ré­
duire le compoft en la première ma­
tière prochaine , au genre métalli­
que: car comme dit Albert, au liure
des minéraux , Il ne faut pas moult
diftraire ou ciloigner la pierre de la
nature du métal. Sçacliez donc,Que
ce compoft eft cefte fubilancede la­
quelle fe doibt tirer ce foulphre de
nature, par confortation d’iceluy, Se
nourriffement, en merrant dedans
cefte fubftance la vertu minérale, à
fin qu’elle foit finallement faifte vne
nouuelle nature, dénuée de toutes
terreftreïtezftjperftues&corrompan-
tes, te de toutes humiditez flegmati­
ques, empefehant digeftion. Où il
eft à noter, que félon diuerfesaltcra-
tions , ou mutations d’vnc mcfme
matière en fa digeftion, diuers noms
luy font impofez par les Philofo-
phes. Ejjauftifelondiuerfes compte-
• ... -45
xions, aucuns ont appelle ce com -
poft Prefine coagulant ou efpoiflif-
lanc. Autres, Soulphre. Pluiîeurs,Ar'
cenic. Aucuns,Azoe. Autres, Allun
&teinture illuminant tou t corps. Au­
cuns autres l’ont appellee O euf des
Philofophes : car comme noftre œ uf
eft compofé de crois choies A fçauoir,
de la eocque,du blanc,& du vermeil;
ainiï eft compofé noftre œuf phyft-
q u e ,d e corps, am e,&efprit. C om ­
bien quà la vérité noftre pierre foit
vne mefme chofe,&: félon le corps,
& félon 1’efprit, ô£ félon Pâme. Mais
félon diaerfes raifons 8c intentions
des Philofophes, elle eft maintenant
di&evne chofe, maintenan t vne au­
tre. E t ce voulut Platon quand il dit,
Que la marie re fine en in ñ n i, c e ñ a
dire, toufiours, ii la forme n'arrefte
fon flux. Ainii eft trinité en vnité, 8c
vnité en trinité: car là font corps,
ame, &:efprit. Là eftauflî Soulphre,
M ercure, 8c A rcenic. Car le Soul­
phre fpirant, e’eft à d ire, iettantià
vapeur par Arcenic , œuure en co-
pulant Mercure. D ont les P hilo fo-
phesdient, Que la proprie té de l’A r-
cenic çft de rcfpirerj & h propriété
du Soulphre elf de coaguler& con-
geler , ou arrefter Mercure. T o u -
tesfois ce Soulphre, ceft A rcenic,
ce M ercure, ne font pas ceux que le
commun vulgaire cuide; car ce ne
nt pas ces çfprits veneneuxqueles
t pothicaires vendentj ainçois font
lcseiptits des Philofophes. Comme
en ces eiprits vulgaires y ait plus
d imperfe£tion&: de corruption pour
les imparfaits metaulx, que pouria
réparation d’iceux. Parquoy ils ne
peuuent donner, incorruption ou
perfedion aux metaulx imparfaits :
laquelle perfediondoitdonernoftre
m édecine. Follement donques œu-
urent les Sophiftes qui fo n d eu r Eli­
xir de tels efprits venei\eux & pleins
de corruption. Car certainement en
nulle autre chofe ne giil la vérité de
la fouueraine fubtilité de nature,
qu’ez crojs choies fufdiâcs, c’eÎl à
fçauoir, Soulphre, A rcen ic,& M er­
cure Philofophiques, eiquels la ré­
paration & totale perfection des

corps qnî doibuent eftre purgez
gift , ôc eft feulement. L es Phiio-
iophes ont impofé pluiïeurs noms
à noftre pierre, & toutesfois cen’eft
toufiours qu vne chofc: pourcclaif-
fez la pluralité des noms, & vousar-
refte^àce compoft, qui eft à m ettre
vne fois en noftre vaifteau fecret»
d où ii ne doibt eftre tiré iufques à c c
que la roüc élémentaire foit acco m ­
plie: à fin que la force & vertu actiue
du M ercure, quidoibt eftre nourry,
nefoitfuifoquee ou perdue aucune­
ment. Car les femences des chofes
qui naiÛbnt de terre, ne croiffentny
nemuItiplicnc, íileur fo rce Sc vertu
generatiueleur eft oftec par aucune
qualité eftrange. Auffi femblable-
ment c eñ e nature ne fe mulripiiera
iamais, ny ne*fera m ultipliée, ftelîe
n’eft preparee en maniere d’eau. La
maire de la femme apres qu’elle a
conecu demeure clofe&ferm ce,à fin
qu’il n y entre air eftrange 5 ôc que le
fruiéineie perde. Ainft noftre pierre
doibt toufiours dem eurer clofe en
fonvaiffeau, ne rien eftrange neîuy
- _ *7
doibteitreadioufté; mais feulement
doibt cftre nourry Se informé par U
vercuinformatiue de fa naturc,&muh
tiplicatiuc: non feulement en quan-
tité,mais aufli en qualités tres-fortesj
en maniéré qu’il faut influer, ou met­
tre en ladi&e matière fon humidité
viuifîcariuc, par la vertu de laquelle
elle efl: nourrie , accreüe 6c multi-
plicc. Âpres donc que noftre com -
'poft cft faid:, la première chofc à faU
re efl; animer iccluy, en mettant de­
dans iceluy compoftla chaleur natu*
relie, ou l’humiditê viuificatiuc, ou
l’am e, ou i air, ou la vie, par œuurc
defolution & de fublimation, auce
coagulation. Gomme donc tu as fait
ton com poft, il te faut auoir certai­
ne &: propre manière dceuurcr.
Com m e la chaleur foit enclofe en
cefte matière , autrement elle dc-
meureroit vuide du propos, & fans
a m c , 6c priucc des tres-nobles, Sc
çres-haultes vertus ¡êcparainfi, elle
nauroit point de mouucment à gé­
nération, comme les autres chofes
pat natujeeproduises, L a maniéré de
28
mettre le feu en ladi’de matière l
c(l conuertir icelle , de difpoÎition
en difpoÎition, Sede nature en natu­
re , c’eft, detres-bafte en noble. L a
maniéré de cefte difpoÎition eft faite
par propre fublimation,&: diifolurion
déterré, congélation d’eau, ouin-
groflation, ou mortification, oure-
furreftion Se fublimation és légers
elemensi en maniéré que toutle cer­
cle de ce noble magiftere n’eftaucrc
choie que parfaide fublimation i la­
quelle toutesfois 5 a plufieurs parti­
culières operations, annexées Se en-
chaifaces, enlacees ou ioinâes en-
fcmble. D e u x font toutesfois princi­
pales ,cloyans tout le cercle j Se ce­
lles font parfaide diiTolution, &rpar-
faiéle congélation i aufli que tout le
magiftere n’eft que patfaidement
dilïoudre, Se parfaidement conge­
ler 5 diifoudre le corps, Se congeler
1 eîprit. E t ces operations ont telles
colligation Se alliance enicmble, que
iamaislecorpsnefe diifoult q u cl’e f
pritne fecongelej neauiïirefpritne
ïe aongele point que le corps ne fa
29
éiïïolue. D onc, comme diét RayZ
mond > Tous les Philosophes ont
di&, que toute l’ceuure du magifterc
n’eft que diiTolution 3c congélation.
Par l’ignorance defquelies opera­
tions, pluiîeurs grands en lettres 3c
fciences ont efté deceus, cuidans en­
tendre par la Rance de leurs lettres
les cercles de nature, & la maniéré de
circuler. Il eft donc expédient de co-
gnoiftre la maniéré de celle circula­
tion ; laquelle vçritablcmcn t n’eil au­
tre choie que imbiber, abreuuer, ou
emboirele compoft, félon poids deu
de noftre eau Mercuriale: laquelle
les Philofophes commandent de
nommer eau permanente : en laquel­
le imbibirion le compoft eft digéré,
diifould , congelé en accompli-
ment naturel. C ’eftchofe véritable,
que iï matière de terre doibt eftre fai­
lle feu, il faut quelle fou fubtiliee SC
préparée j 6c qu’elle foie fai<51e plus
iimplc. Ain/ï eft noftre compoft
atténué 3c fubtilié , en relie forte
que le feu domine en iceluy: SC
cefte fub\imat\on 3c préparation
3° ....
de terre, eft faide auec eaux fubii-
les, &: fouuerainement aguës & ai-«
gres î non ayans aucune fœtidité ou
mauuaife odeur 5comme di&Geber
en fa Som m e, qu'elle eft l'eau de
noftre vif-argent fublimé 6c rame­
né à nature de feu, foubs les noms de
vin aigre, fel, & al un, & d e m o uIc d au­
tres liqueurs tref-aigres, & d'autres
chofes fembiables iut'ques à ores mut-
fees ôc couuertes. Par laquelle eau
les corps font fubtiliçz 3réduits & ra­
menez à leur premiere matière &:
prochaine à la pierre, ou à l’Elixir des
Philofophes. Où il eft à fp ü oir, que
ôinfî cóm e l’enfant âu vétre de la me­
re doit eftrc nourry de fon nourtifîe-
ment naturel, quieftfângmenftrual,
afin q u ii puiitc eftre multiplié Sc
croiftre en quantité 6c qualitez plus
fortes : de mefme doit eftre noftre
pierre nourrie de fa graifle,ditArifto-
t e , propre nature ôe fuftance* Mais
quelle eft cede graifte qui eft nourrif*
femencjvie^&accroiifement, 6t mul­
tiplication de noftre pierre > Les Phi-
lofo plies Vont totalem ët celcc, com -
îiic ce foitle grâd fccrct quils ontiifl
ïé iamaisnc reuelerou insnifcftcr à
aucun/mon en leurs liures.Mais icc-
luy fecret ont remis à Dieu fcufpour
lereueleroumuiier où il luy plaira.
Toutesfois celle humidité graife
ou pingueufe,viuifiquej ou donnant
vie,ontIesPhilofiophesappeIleeeau
mercuriale, eau permanence, ou de­
meurant e au feu, & auiïi.eatî diuine.
C ’eil la clef &c le fondement detoute
lœuurc. D e celle eau mercuriaile
empreignee, ou permanente, eil diél
en laTurbe : 11 faut le corps eilre o c­
cupé parlaflammcdu feu, afin qu’il
foitdefrompu 3dcfpecé & débilité.
C ’ella fçauoir, auec celle eau pleine
de feu,en laquelle le corpsell tac laué
que tour foie faiéleau, laquelle n cil
pas eau de nuë,ou de fontaine,come
cuidentles ignorants & fols fophifli-
queurs , mais eilnoilre eau perma­
nente , laquelle toutesfois fans le
corps auec lequel elle eil ioinûç ne
peuteftre permanente, c e ü à dire,ne
peut demeurer au feu quelle ne s’en-
fuye. En laquelle nollreeauperma**
C
nen£eefttoutlefecret de noftre pier­
re. Car par ladiéte eau eft noftre pier­
re parfaire , pource qu’en elle gift
l’humidité viuifiante la pierre , com­
me elle (oit la vie , & la refurreftion
d’icellc. D e laquelle noftre eau tres-
fecrette eft di<S enlaTurbe , L ’eau
par elle feule faict tout. Car elle dif-
fould tour, elle congclle tout ce qui
eft congelable, elle depece &c def-
rom pttout,fans ayde d’autruy:en el­
le eft la choie qui tein d , & qui eft
tein&c. Brefnoftre œuure n’eft autre
chofe, que vapeur, & eau, qui eft di­
ète muodiiîante , ou nettoyant,b'ian-
chiftanr, &r rubifïanr, Ôc dcgettant
la noirceur des corps , laquelle les
Philofoph.es ont nommeee eau per­
m anente, huijle/îxc, &■incombufti-
b(e,ou qui ne peut brufler.C’eft l’eau
que les Philofophes ont diuifee en
deux parties, i’vnedefquelles diftouc
le corps en le calcinant, c’eft à dire
en le reduifant en chaulx, ôe enioy
conge la n tj & l’autre partie de ladiéte
eau nettoyé le corps de noirceur, &:
le blanchit, &: rougit-, fait il uer on
33
Courir en multipliant Tes parties. Ce«
île eau cil di&c en la Turbe, Le vinai*>
grc tres-aigrc, & tres-agu} car c ’eil
vne humidité tres-aguë, emprife&
allumée par chaleur viuifiante, con~
tenant teinture inuariable , qui ne
peut eilre eiFacee. Ceileeau a nom­
mée Aîpbidius 3 Attrcmpance, ou
mefure des fages 0ÔCvrinc des ieuncs
colériques. Ceile eau eil moult muf-
fee par les Philofophes foubs diuers
¿¿ pluheurs noms, & fi eil cognue dé
peu de gens. Hernies i’a tenue &: rou-
chce.Alphidiusl’atraittee.Morienus
la efetite. Le Lis la entendue, Ar-
fcauldde ViUe-neufueîa bien appef«
ceüe. R.Lulle la feablementdécla­
rée. Geber l’a cogneüe. Le Texte ne
lapas ignorée. Rails, Avicenne, Ga­
lien, Hippocrate, HaIly>&fouuerai-
nement Albert Vont fagement rrmf*
iee. Dailin,Bernardde Graue, Py-
tûagoras, Merlin l’ancien, & Arifto-
te l’ont bien entendue. Et briefue-
ment, ceile eau eil couronnée vain*
quereffe,eau fecrerte, ceh ile, & glo­
b u le , dernier ôc final fecret pour
C ij
nourrir noílre glorieufe pierre; fans
laquelle elle n’eft iamais am endce,
pourrie, accreüe, ne multipliée: SC
pource ont les Philofcphes celé la
maniere de faire celte eau, comme la
clef de leur magiitere. E t certaine­
ment i’ay leu plus de cent volumes de
liures de ceft Arc, &¿ en nul n’ay trou -
uc h pcrfeétion de cette eau M ercu­
riale ou permanente .E t fiay ttcuuè
plufieursvaillans hommes, endoctri­
nez en celte icience, entre lesquels
n’ay trouué pas vn auoir ce fecret,
fors vn vaillant Médecin, qui me dit,
Q ue par$6.ans il auoit foufpirc auant
qu’il peultparuenir a. ce fecret.
De celte nature eft d id , Que à ce*
íte nature elt donnée double nature,
àfçauoivdO r 8¿ d'A rgent, és entrail­
les defquels,& dedanslelquels,com*
me au propre ventre de fa m ere, le-
did Argent-vif eft multiplié, logé,
purgé& conuerty enSouiphre blanc,
non vrant, 8¿ non bruilant, par la -
dion de la chaleur du feu, eftantlà
dedans informé régulièrement par
Ai;t 5 comme les qualitez du Souh
phreayent efté introduises ou mifes
en iceluy vif-argent auparauanr.
Donques ceñe eau mercuriale n’efl:
autre chofe que l’efprit des corps
conuertis en nature de quinte eflen-
ce ; donnant vertu àla pierre, & gou-
uernant icelle. Et la pierre , ou noftrc
compoft, eftmarrice contenante,
lieu expédient, c ’eft à/çauoir, terre
mere,ou vaifleau de nature, retenant
vertu formatiue de la pierre enquoy
la chaleur naturelle efl mife, qui efl
vertu formatiue yflanc: du vaifleau
par Eefprit quint. Parquoy il efi ap­
pelle mere & nourrifle, comme don^
nant vertu naturelle au S ouiplue-, &
icelle paillant & nourriflant. Ceftuy
donques efl: noilre compoft en ce
vaifleau naturel, auquel les cfpvits
font tranfmuez de nature en nature 3
ainçois qu’ils fuyent, & tant plus
font tranfmuez& altérez au retina le
de ce vaifleau, tant plus font eiloi*
gnez de leur corruption & imperfe­
ction quelles qu’elies foient; ¿ p lu s
approchent au terme de purité ¿ de
perfeSion > tant qu iis retiennent
Ciij
36
XaccomplifÎement de quinte efleâre.
Parquoy ils prennent ou veftcnt nou-*
uclle nature qui eft- n ette, blanche ,
pure, deihuee de toute corroiiueté Si
fùpetfluité tcrrdfee , adurante, ou
brullante , Si flegmatique euapora-
bîe.En relleaffinitédoncdu vaiiTeau
l’humidirc de l’efprît en laquelle le
âeuant did cil endos par fa vifcoiité,
ou nature gluante, eft retenue en
^dherance ou conian&ion naturels
le, Si ferme : Srs’efchauiFecammeen
ion humidité radicale,meflee& mor­
tifiée, Etapres, îaehofe morterefuf-
cire aucc fublimation ioycuic d'en-*
fantement, en foy relevant totalle-
ment de nature falfugineufe Seameres
Jors cihil puiiTant defe fouifenirfoy
ine/ine, de foy nourrir & multiplier j
comme il Toit ia le feu allum é, Sc na­
ture fimpl'e,quil conuient nourrir de
petit laid , Si gras , c’eft à fçauoir, de
ion Inimidiré de vie, dont en partie
il a cite engendré, qui cft nofbre eau
permanente, laid de vierge, ou eau
de vie, nettoyant le latton, non pas3
toutesfois, eau de v ie, qui vient de
57
la v/gne ; car elles font totalem ent
differentes. Elle eft dideneanrmoins
eau de vie -, car elle viutfïe noftre pier­
re , & la faid refufeiter. Elle eft auiîi
dide fang reincrude , ou faid crud ;
menftrueblanchi, nourrifTementde
Tenfant, viande du cœur , eau de
m er, venin des viuans, viande des
mortSj&argent-vifdes Philofophesi
dépuré defafeculenceterreftre, par
iublimation Philofopliale. Apres
donc que noftre compoft eft faid, on
le doibt mettre dedans fon va'iifeau
fecret, & cuireàfeutres-lent, ouicc,
ou humide, &emboire de noftre eau
permanence, pctitàpetit, cndiiTol-
uant, 8c congelant par rant de fois
que la terre montefeuïllecj laquelle
doibt eftre apres calcinée, & finablc-
ment incerec,en fixant auec ladide
eau , qui eft appellee huile incôbufti-
ble fïxejiufqucs à ce qu'elle Hue,ou
fonde tres-tolt comme cire. Dont dit
Raimond, Que la maniéré de la cera-
tioneft, que tant de fois foititeree,,
ou recommencée fur la pierre la fu-
blimation de la partie humide refor-
. Cüij

uee , que la pierre auec fa propre hu->
iludiré radicalem ent permanente ôc
£ x e , qui iamais ne laiffe fon corps pat
mixtion circulee, donne droidefu-
fion. E t d id apres, Parquoy il cil
commandé qu’auec celle humidité
permanente tu abreuuesnoftrepier­
r e : car par icelle font fes parties fai­
t e s claires , comme appert. C ar
apres la parfaidemundation ou pur­
gation d’icelle pierre, de toute chofe
corrom pante,& mefmement de deux
humeurs fupcrfîuçs : vn ceil à fça-
u oir, pingueux, gras, & aduftibleou
bruiîabîej & l’aurreflegmatique,eua-
porablc: Jadióte pierre e(i ramenee
en propre nature & fubftance de
Soulphre non bruflant; & fans celle
hum idité iamais noilre pierre n’eil
am endée,nourrie, augm entée, ou
multipliée. B t ell à fçauoir, que no-
ilre pierre en fa digeliion ell muee en
toutes les couleurs du monde, Tou-
tcsfois, trois (ont principales, dont
Ion doit aupir cure S¿ (o ing, &c non
des autres, c ’eil à fçauoir , couleur
noire , qui eilla prerniere, la çlef&; Iç
59
commencement de l’œuure. Du fé­
cond genre ou degré,la couleur blan­
che qui eft la féconde , & la couleur
vermeille qui eft la tierce.Pource eft-
ild ift, que la chofc dont le chef eft
rouge, les pieds blancs, & les yeux
noirs, eft tout le magiftere. Notez
donc , que quand noftrc compoft
commence a eftreabrcuuédenoftrc
eau permanente, lors eft tout le com­
poft tourné en maniéré de poixfon-
due, &: eft toutnoircy comme char­
bon. Et en ceft endroid eft appelle
noftrecom poft, 1apoix noire, le fel
br ailé ,1c plomb fondu, lelaton non
net,lamagne/ie, 8c le M erle deleany
car lors eft veüe vne nuee noire, vo-
îahtpar la moyenne région du vaif-
feau, en belle 8c fouëlue manière,
eftre eileuee au deflus du vaifteau, 8c
au fonds d’iceluy eft la matière fon­
due en maniéré de poix j & demeure
totalement difloulte, De laquelle
nue parle laques dubou rg S. Satur-
nin,difant, Obenoiftenuequifen-
uoles par noftre vaifteau. Là eft bec*
bpfe du foleil, dont parle Raymond.,
46
E t quand ce île maife eil ainil noir­
cie, adonc elle cil dide , M orte, 8c
priuee de fa forme. Lors eil did le
corps mort,&eÎloigné de fon attro u ­
pem ent, comme Ton am efoitdeluy
feparee. Lors eil manifeilee l’humi­
dité en couleur d’argent-vif, noir,&
puant, lequel eiloir premièrement
fec, blanc, bien odorant, ardent, eje-
pure de Soulphre, par la première
operation-, 8c maintenantà depurer
parcefte fécondé operation. E t pour
ceeilp riu éce corps de fon ame, qu’il
a perduè, 8c de fa refplendeur , 8c
merueilleufelucidité qu’il auoir pre­
mièrement, & maintenant eil hoir 8C
enlaidy. Pourquoy Geber lors le
nomme pour fa propriété , Efprlt
puant, noir, blanc occultem cîit, SC
rouge manireilement, le nomme Eau
viue êefeiche* Celle malle ainii noi­
re ou noircie, eil la clef, le commen­
cem ent & le figne de parfaide intien-
tion de la maniéré dee mirer du fé­
cond régime de noffre pierre precieu-
ic. Pourquoy did H ern ies, veüe
lanoirceur, croyez que, vous aues
eftépar vne b onnc fente, ôc tenu bon
chemin. Donques celle couJeur de
noirceur, monftre la vraye maniéré
d’œuurer : car en c e , la mafle eft fai-
éted.fforme 6c corrompue de vraye
corruption naturelle : à laquelle s’en­
fuit génération de nouuelle difpofi-
tion reaile en celle matière,c’eft àfça-
uoir, acqui/îtion de nouuelle form e 9
qui eft; lucide ferenité , ou clarté,
beauté, pureté, refplendeur merueil-
ieufe,& fragrante, ou odeur de grand
douceur. Où il eft à içauoir, que l’œu-
ure de noircir accomplie, il faut ve­
nir à fœuure de blanchir ; quieftvnc
des rofes de ce roder Phyfique; de
plufieurs deiiree, requife, & atten­
due: toucesfois,comme delïus eft dit,
auparauanf que parfaiéie blancheur
vienne, toutes les couleurs que Ion
fçauroic penfer en ce monde, font
veiies 6c apperceiies en l’œiiure, dont
il ne doit chaloir , mais feulement
delablançheurque Ion doibe attend
dre en fouuerajjxçj&nftâcc. Lavoye,
îouresfois d’œuurer au
noir, au b
4L
ïours vn e, c’eft à fçauoir, cuire le
compoft en paiiTant iceluy denoiire
eau permanente , c’eft à fçauoir, cui­
re le compoft blanc d’eau blanche, 6c
nourrir le compoft rouge d’eau rou­
ge ; par laquelle imbibition 6c dige-
ftion eft e x tra it de la pierre cefte
moyenne fubftance de M ercure $ qui
eft coûte la. perfection de noftre n o ­
ble magiftete : en maniéré que\apier­
re doibteftrepurgee, non feulement
des fuîphureïtcz j mais aufli de toutes
terreftreïtez,par fublimationsd’eaux,
calcinations de terres, inhumations
décodions d’icelles , par rédu­
ctions' enrre diilillations & calci­
nations ! 6c apres le conioindrez
auec foulphre , à luy propre , 6c
par fa m efurec chaleur naturelle, le
cuire fi. longuement qu’il foit conge­
lé & priuè de toute humidité fuper-
fîue, par l’engin de la chaleur natu^
relie, 6c du feu à icelle correfpondant.
Et apres eftfublimé en foulphre tres-
blanc com m e neige. P arce appert,
que noftre pierre -contient en elle
deux fubftancesd’vue nature, l’vnq
*0 îati/e, & l’autre fixe. Le/guelks,&
chafeune d’icelles, les Philofophcs
appellent argent-vif : pourcc qu'eg
l'operation d’icelle pierre, la pierre
doibteilre parfaitem ent feparce de
toutesfuperfluitez bruflantcs & cor­
rompantes-, & qu’il n’y demeure que
la feule &purefubtilité, ¿¿moyenne
iubftance de l’argent-vif, c o n g e lé ,
dépuré de toute nature fulphurienne
de dehors,oueftrange& corrompan­
te : ÔC eft fai&e celle dépuration
quand le corps eft tourné en cfprir, &
Teiprit en corps, par réitération de
calcination * réduction &c fublima-
tion, parlefquelles cil faiâeladiiTo-
lution des corps,auec!a congélation
ou cfpoiifi île ment de l’efprit j 3c la
con g élation d e l'e fp titeñ fa ià e a u e c
ladiifolution des corps. E t eit vne
feule opeiation, par laquelle toutes
choies font faiétes, c'eft à fçauoir,
folution d’argent-viffix^auec congé­
lation de’certain poids du voladijSâ
ablution d’iceluy aueceaumefuree,
& coagulación d’icelle eau en pierre ;
moyennant ôc ouurant la chaleur du
•44
saafle& de la Femelle. Adoneverita*
WementnaifHapierrejC’cftàrçauoirj
après la premiere conibdion d’iceux*
& non pas deuant, come d’homme &r
de femme. Par cefte operation eft le
corps depecè &c deftruid, & fubtilié,
&: diiigemmentgouuerné, taneque
fon ame fubtile foit extralde de ion
efpoifleur, te tournee en tenu, dé­
lié, te impalpable efprit t lors le corps
eft tourné en qon corps •, te le non
corps en corpsi te celle eftlavraye,
te tres-vraye inuention de la regie
d’ouurcr. 11 eft à fçauoir, toutesfois 3
que tout corps eft diifoult auec e-
iprit agu, auec lequel il eft meilé *te
auquel, fansdoubte, iieftfaidfem -
blable te fpirituel. E t comme ceil
eipriteft fublimé, il eft nom m é eau *
laquelle fe Iaue elle m efm e, te net­
toyé, comme il eft deuant d id , en
montant auec la tres-fubtile fubftan-
ce d’icelle, delaiftant les parties cor­
rompantes d’elle : te cefte afcenüon
onr appelle lesPhiiofop/ies,diftilla-
don,ablution, &fubIimation. D ont
quand la fublimât ion parfaide eft ac*
4?
com pte, la pierre eft lors viuiiieedë
fonefprit viuifiant, ouame naturel-
le ; dont elle auoit efté priuee e a
noirciflant, &c eft infpiree, animee,
refufcicee,redüicte & menee à la der­
nière fin de toute fubtilicé & pureté ;
&en vne pierre cryftaline, blanche
comme neige, eiîeuee furie fonds du
vaifleau, tenant au coftéduditvaif-
icau ; lesrefidences d’icelles demeu-
ransau fonds du vaiiïeau en bas. Ce-
île pierre cryftaline fepareedefesre-
fidences, cueillez à part, &riafubli-
mez fans fefdites reiidences ; car il
vous vous eifayezà la fublimer auec
fefdites reiidences, iarpais ne les fç~
parerez d’enfcmble, 8c ainii voftre la­
beur feroit perdu. Sublimez donc
{ans fes reiidences, 8c c ’eit la rerre
blanche fueillee 3 le fouiphre blanc,
non vrant, congelant 8c fixant apres
parfaitem ent le Mercure $ 8c net­
toyant tous corps ords, -& parfaifanc
f im p arfait, en le reduifanten vray
argent. C e fouiphre ainii fublimé, il
n y a blancheur au mon de qui excè­
de fa blancheur; c îr il eft defnuè.de
toutes chofcs corrompantes; & cil
vnenatureneuue 5 vne quinte eifen-
ce venant des plus pures parties des
quatre elemens: c’eft le foulphre de
nature, l’arcenic non vrant , le trefot
incomparable, la ioye des Philofo-
phes, ladeie&ation d’eux tant defi-
re e , la terre blanche fueiiiee, ôc
claire, l ’oyfcau d’Hermes , la fille
d'Hippocrate , Valluniubiimé, le Tel
armoniaCj la fille du grand fecret, &c
de nouuel le merle blanc, dont les
plumes excédent en lucidité, le cry-
ftal $ &: eft blan c comme neige, & de
grade refplendcur, de tres-grande&
tres-fouëfue# odeur , de ibuuerainc
pureté, netteté, fubtilité, Ô£ agilité»
L e merle blanc Philofophic eft d’in-
nenarrable vertu ; car c ’eft la fijbftan*
ce du plus pur foulphre du m onde>
laquelle eft vne ame fimple de la pier­
r e , nette ô£ noble, feparee de toute
efpoifleur corporelle, & par grande
fubtilité defpoüillée de groffeur de
corps. C e foulphre blanc non vrant
eonuient calciner par le temps de fa
feiche dccoétion, tant qu’il foit très-
fub-
fabtile poudre, impalpable; priuce
de toute humidité fuperfiue : apres
foitinccré de l’huile blanc desPhiio-
fophes, petit à petit , tant qu’il flue;
tres-toft, comme cire -, laquelle incé­
ration acomplie qui n’cft autre cho­
ie que reduaion à fufion ou à fon­
te de la choie qui n e peut fondre,'
noitre giorieufe pierre des Philo f0 -
phes au blâc eft accomplie, ftuante,&:
fondante, plus blanche que neige ;
pardeipate d’aucune verdeur, perfe-
uerantcaufeu,retenante & cono-eJ
ïante Mercure -, & apres le fixant -, tei­
gnant, &tranfmuant tout metaI im­
parfait en vraye Lune# D ont iettex
vn poids fur mille poids d’argent-vif,
ou de quelque métal im parfait, iî
les conuertira en meilleur argent,
plus fin , plus pur ,& plus blanc, que
de minière. La maniéré delà proic-
aion &de la multiplication au blanc,'
& au rouge, eft toute vnc. L?<multi­
plication, routesfois , Ce fait en deux
manières, fvne parproie&ion en get-
tant vn poids fur ioo. & tout fera mé­
decine j de laquelle vn poids conuer-
D
tit autres cent poids auiîi en médeci­
ne parfai&e, ¿c vn poids de ces ioo.
fair i o o . poidsde pur argent, ou de
pur or. Il y a autres maniérés plus
profitables, plus fccrettes de mul­
tiplier fa medecine par proie&ion,
dont ie me tais à prefent j mais pat
multiplicarionla pierre cil augmen­
tée fans fin i c’cilà fçauoir, par fes di­
gérions,animations , ou imbibitions
d’huile Mercuriale: laquelle huile eft
auifi appellee de nature des métaux :
&: cede multiplication-fe fai&tanc
feulement en imbibant, ou abreu-
uant la pierre de ladi&e huile perma­
nente, en diifoluant &: congelant
tantqueion voudra-, car tant plus fe­
ra digeree la pierre, plus fera parfai­
r e , &: plus de poids conuerriraj car
elle fera plus fubtiliee, & en ce eit ac­
complie la rofe blanche celeftine,
foiief-fleurante , &: embraffee des
Phiiofophcs.
Adoncapres que la pierre au blanc
fera accomplie , lors faut diffoudre
vne partie d ’icellcy8c tant calciner fé­
lon que veulent aucuns 3 que par ver-
4?
tu de longue dccoftion ï elle fait
tournée en cendre, comme impalpa­
b le, ou fi deliee que lonnelapui/Te
tenir coloree en citrinité: apres la -
breuer de ion eau rouge, tant qu’elic
demeure rouge comme corail. Dont
Raimond diét en Ton Codicille, au
chapitre delaCalcination delà terre:
N ’oublie pas à fort calciner en fon
feu allume la matière delà terre pre-
cogneüe,detapierre,auecrcïteration
de deflruéhon, diftillation d’eau, &c
calcination de corps, tancqucla ter­
re demeure blanche, vuidc de toute
humidité : & apres par plus forte &
plus grande continuation de feu , &
imbibition d eau,tant qu’elle deuien-
ne rouge comme hyacinthe en pou­
dre; impalpable, dr/ansratih L e ligne
de laquelle chofeeft manifeftement
monftré , quand à fa derniere calci­
nation , icelle demeure priuee de
toute humidité, en parlant du fécond
procez, &: principal, du fécond régi-*’
me, qui eft faire la pierre rouge} donc
di& Geber, Q uelle n’eft pas faiâe
fans addition de la chofe teignant
D ii
P _
icelle,' que nature cognoift bien, i
içauoir, fans qu’elle foit abreuuee &:
teinte de celle eau celefte, de laquel­
le eftdid au Lys des Philofophes, O
nature celefte, comment tournes-tu
nos corps en efprit? 0 quelle merueiî-
leufc & puiiïante nature! elleeftpar
deiTustout, & furmontetout; & eil
le vinaigre qui faid l’or e/lre vray c~
fprit » 8c Vargent aufft-, fans laquelle
ny blancheur, ny noirceur, ny rou-
eye^r, nepeuuent iamais eftrefaides
ennoftre œuurej dont, quand celle
nature eil ioinde au corps, elle le
tourne en efprit, &c defcufpiritucl,
le teint de teinture inuariable, qui
ne peut eftre eftacee. Celle Eau a
nommé H erm cs, Eau des eaux: &
Alphidius, Eau des Philofophes In ­
diens , Babyloniens, 8c /Egyptiens*
G’eft eau, par laquelle les corps font
tournez en efprit, 8c en leur première
nature, ou matière : ôc iamais n eil a-
mendee noilre pierre fans elle : la
blanche fans l'eau blanche, ôcla ver-
meiWéfans l’eau vermeille.Soit d«nc
la pierre rouge abreuuee de l’eau
ro u ge, àfînquefinablemenr tans par
longue deco&ion ou cuiflon,que par
longue imbibition, ou continuel a-
brcuucmcnc , elle foie fai&e rouge
comme fang, hyacinthe , efcarlatte3
ou ruby ; 8cluifantc comme vn char­
bon embrafé mis en lieuobfcuri 8c
fînableinenc que noitre pierre foit
aornce d'vn diadcfmc rouge, D ont
dit D iom edes, Honorez voftre Roy
venantd ufeu,& fafem m e, 8c vous
gardez de les bruilcr par trop grand
feu: cuifez-les donc doucement, à
hn qu’ils foient fai&s premièrement
noirs „ mais apres blancs , apres
cicrins , 8c ünalement rouges, &:
dernièrement venin teignant. Car
ces chofes doibuenc eftre fai&es par
diuiiion de J’eau, com m ediâ:Æ gi-
ftus: le vous commande que ne met-
tiez pas route leau enfemble, mais
petit à petit, 8c cuifez doucement
tant que l’œuure foit accomplie, Ain-
ii appert que la pierre demeure rou­
ge de vraye rougeurlumineufe, clai­
re &viue, fondant comme cires par
la teinture de laquelle, l’argcnr-vif
D iij
T*
vulgal^&rtout mctal im parfait, pcu-
uent eftre teints &: parfaids en tres-
vrayotj meilleur beaucoup que de
minières: enquoy cftaccom plieno-
ftre precieufe pierre,furmontant tou­
te pierre precieufe; plus noble,& plus
•fomptueufe qu’autre pierre; qui eft
trefor infini. A la gloire de Dieu, qui
vit 6crègneperdurablement»

F I N.

Vous aimerez peut-être aussi