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À tous mes enseignants dont j’espère ne pas avoir altéré les enseignements.
À mes examinateurs d’HEC qui m’ont soufflé l’idée folle d’écrire ce livre.
À mes confrères, amis et membres de ma famille qui m’ont encouragée et
soutenue tout au long du chemin.
À Charlotte et Robin dont la patience a été immense.
À Élodie Bourdon et Marguerite Cardoso pour leur regard professionnel.
À Nicolas, Solenne, Nathalie et Flore pour leur relecture minutieuse,
bienveillante et sans complaisance.
À tous mes clients dont le cheminement est pour moi une source
d’inspiration quotidienne.
Sommaire
PARTIE 1
Les 5 piliers de la posture juste
Premier pilier :
la présence attentive
Qu’entend-on par présence ?
Les enjeux de la présence
Deuxième pilier :
l’accueil inconditionnel bienveillant et non jugeant
Qu’entend-on par l’accueil inconditionnel bienveillant et non jugeant ?
Les enjeux de l’accueil inconditionnel bienveillant et non jugeant
Troisième pilier :
le détachement de soi ou le désengagement de l’ego
Qu’entend-on par détachement de soi ?
Les enjeux du détachement de soi
Quatrième pilier :
l’ouverture
Qu’entend-on par ouverture ?
Les enjeux de l’ouverture
Cinquième pilier :
l’intelligence émotionnelle
Qu’entend-on par intelligence émotionnelle ?
Les enjeux de l’intelligence émotionnelle
PARTIE 2
Développer les 5 piliers d’une posture juste
Bibliographie
Index
Votre premier outil : c’est vous !
KRISHNAMURTI
L’origine du livre
« Maintenant, vous savez quelle posture adopter et quelles sont les étapes
d’un entretien de coaching : vous pouvez coacher ! » À la deuxième
journée de ma formation qui allait durer un an, j’ai cru que c’était une
plaisanterie. L’essentiel du coaching tiendrait-il uniquement dans ces deux
éléments : la posture et la structure de l’entretien ? ! Et les outils alors ?
Après l’effet de surprise vint le désarroi, car ce n’était pas un canular.
Certes, respecter des étapes était dans mes cordes. Mais il y avait un monde
entre comprendre et incarner véritablement une posture juste pour bien
accompagner. Comme aucun de mes camarades ne semblait troublé, j’ai
pensé être la seule à être inapte.
En quoi consiste cette posture que devraient adopter tous les
accompagnants – qu’ils soient coachs, psychologues, psychothérapeutes,
soignants, formateurs, managers, parents – dont la mission consiste à
permettre à la personne accompagnée d’accéder à toutes ses ressources pour
trouver ses propres solutions ?
Elle s’articule autour de 5 piliers : faire preuve de présence attentive,
d’acceptation inconditionnelle, de détachement de soi, d’ouverture et
d’intelligence émotionnelle. Pour moi, elle ne demandait pas simplement de
« faire comme si » mais d’« être » profondément et en toutes circonstances
non jugeante, ouverte… Un idéal dont je mesurais déjà l’exigence grâce à
ma pratique de méditation en pleine conscience. Je savais n’être qu’en
chemin vers ces idéaux et donc loin de les incarner parfaitement. « Ce que
tu es n’est pas un handicap si tu en es consciente », m’a répondu un
enseignant à l’instar de Goethe qui formule : « Celui qui reconnaît
consciemment ses limites est le plus proche de la perfection. » Au cours de
la formation, je réalise que mes camarades ont finalement une posture tout
aussi « imparfaite » que la mienne. Certains interviennent beaucoup,
d’autres ont des difficultés à vraiment franchir le pont qui mène au monde
du coaché, ou n’osent pas vraiment entrer dans la dimension
émotionnelle… Nous étions tous dans le même bateau : certains peu ou pas
conscients de leurs « lacunes », d’autres l’étant certainement mais ne (se)
l’avouant pas. Mon chemin de méditation me faisant déjà travailler ces
qualités d’être, j’ai soudain réalisé que la pleine conscience pouvait
constituer une voie pour cultiver ces 5 piliers d’une posture juste.
« Méditation et coaching » est ainsi devenu mon sujet de mémoire. Lors de
ma soutenance à HEC, les examinateurs m’ont invitée à continuer à
développer ce sujet essentiel à notre pratique. Lors des partages
d’expériences en supervision, j’ai pu constater chez moi comme chez mes
pairs (tant coachs que thérapeutes) que nombre des difficultés rencontrées
lors de nos accompagnements ont pour origine un pilier branlant dans la
posture. Alors que je suivais le diplôme universitaire Médecine, Méditation
et Neurosciences, où j’ai rencontré médecins, thérapeutes et soignants,
beaucoup m’ont aussi dit être concernés et intéressés par une voie de
développement de cette posture. En effet, si l’on peut parfois sentir quand
elle est juste ou non, nous sommes tous assez démunis pour en cultiver
chacun des aspects. Au fur et à mesure de ma pratique à la fois
professionnelle et de méditation, j’ai pu vérifier les bienfaits du
développement graduel des piliers que je cultivais grâce à la pleine
conscience sur la qualité de mes accompagnements. C’est ce chemin que je
partage ici avec vous.
Pour qui ?
Ce livre s’adresse à ceux en situation d’accompagner des personnes :
coachs, psychologues, thérapeutes, formateurs, managers, DRH,
accompagnants – et même parents – qu’ils soient débutants ou
expérimentés, méditants ou non. Il y a peu, le site de l’International Coach
Federation (ICF) proposait une conférence : « Suis-je un bon coach ? »
Cette question « sommes-nous de bons accompagnants ? », nous nous la
posons tous, directement ou indirectement, que nous soyons novices ou
experts. Ce livre n’y répond pas directement, mais vous invite à vous
regarder lucidement, à identifier vos marges de progrès et propose une voie
de déploiement.
Vous débutez votre pratique professionnelle ? Vous trouverez en quoi
chaque qualité humaine est bénéfique à la relation d’aide centrée sur la
personne et si vous n’êtes pas méditant, comment une pratique de la
pleine conscience peut vous aider à les développer. Si vous êtes déjà
pratiquant, vous pourrez identifier comment votre pratique peut venir
nourrir votre premier outil : la justesse de votre posture.
Vous êtes expérimenté ? Si vous avez seulement une vague idée de ce
qu’est la pleine conscience, ce livre vous expliquera ce qu’elle peut
apporter à votre pratique professionnelle déjà établie tout en vous
donnant des guides pour passer à l’action, si vous le souhaitez.
Vous avez de l’expérience en tant qu’accompagnant et en méditation ?
Alors vous pourrez faire des ponts entre les deux pratiques et voir
comment l’une et l’autre se répondent, ou tout simplement vous sentir
relié à d’autres personnes partageant le même chemin que le vôtre.
Ce livre est le fruit du croisement de deux domaines : l’accompagnement et
la méditation. Il vise à expliquer comment, par la pratique de la pleine
conscience, on peut rendre plus juste sa posture et en conséquence
améliorer la puissance de ses interventions. Par simplicité, et comme ce
livre s’adresse à tous les professionnels de la relation d’aide faisant appel à
des compétences de coach, j’utiliserai à présent les termes « coaching »,
« coach », et « coaché » ou « client ». Mais je vous invite, selon votre
pratique, à les remplacer par « thérapie », « thérapeute » et « patient » ou
« coaching », « manager » et « collaborateur », « aide », « parent » ou
« éducateur », et « enfant », etc.
Pourquoi ce livre ?
La responsabilité de la solution étant celle du client, le prérequis pour qu’un
coaching produise des fruits est sa coopération. Sans cela, aussi brillant que
soit le coach, quel que soit le nombre d’outils dont il dispose, rien ne se
passera.
Plusieurs recherches1 ont montré que la qualité de l’alliance thérapeutique
est le meilleur prédicteur des résultats (toute forme de psychothérapie et
tout type de patients confondus). On mesure donc l’importance des
processus relationnels dans la relation d’aide. Gageons qu’une étude
analogue sur les autres types d’accompagnement, et sur le coaching en
particulier, validerait la même corrélation directe entre qualité de la relation
et efficacité du travail, indépendamment des méthodes et outils utilisés.
Pour optimiser nos interventions nous devrions donc en premier lieu
chercher à développer l’alliance avec nos clients et donc notre posture.
Nous sommes la main qui tient l’outil. Si deux doigts sont inopérants,
l’utilisation de l’outil sera moins précise et les résultats non optimaux.
Même si la plupart des accompagnants disposent naturellement d’un certain
nombre des qualités favorables à l’alliance, personne ne peut prétendre les
détenir toutes de façon absolue et en toutes circonstances. Nous avons donc
en chacun de nous un gisement inexploité d’efficacité et de profondeur de
nos coachings. Pour y accéder, nous devons nous atteler à cultiver nos
propres qualités d’être, avant d’acquérir de nouvelles méthodes ou outils.
Un jardinier, même avec les meilleurs outils et les meilleures techniques du
monde, ne pourra rien voir fleurir si son sol n’est pas adapté à la culture.
Mon intention avec ce livre est de faire prendre conscience de l’importance
de développer en soi les qualités humaines requises quand nous
accompagnons – que j’appelle les 5 piliers d’une posture juste. Je vous
propose ici de faire un premier pas pour vous donner un avant-goût d’un
chemin possible de transformation afin d’offrir les conditions les plus
propices possibles au travail du coaché.
EINSTEIN
RAM DASS
C’est la présence attentive qui ouvre le bal des qualités humaines que le
coach devrait développer car elle est à la source de toutes les autres. C’est la
clé de voûte de tout bon coaching. L’état de présence est, pour Carl Rogers,
père de l’accompagnement centré sur la personne, l’un des cadeaux les plus
thérapeutiques que l’on puisse offrir à nos clients. Même si certains
accompagnants comme les coachs ne sont pas thérapeutes à proprement
parler, la présence peut « soigner » le sentiment d’insuffisance ou
d’inadéquation souvent sous-jacent au travail.
Pendant la séance
Entrer et rester – tête, cœur et corps – dans l’espace et le temps de la
rencontre.
S’enraciner dans l’instant : ne pas se projeter dans le futur (faire de
plan), ni retourner dans le passé (ruminer une erreur).
Être vigilant aux distractions : s’assurer de ne pas s’échapper
mentalement.
Être immergé et vivre pleinement, profondément l’expérience de la
session sans pour autant s’y sentir identifié. Donc être à la fois attentif
au client, et enraciné et présent en soi-même.
Être alerte à tout ce qui se manifeste : intérieurement et extérieurement.
Être conscient et présent à ses perceptions sensorielles et corporelles, à
nos pensées et émotions, voire aux messages ou perceptions
extrasensorielles.
Être présent au niveau d’énergie ressenti : s’il est bon, alors la
dynamique du coaching est bonne. Dans le cas contraire, questionner :
qui travaille le plus ?
Après la séance
Se demander quel était le degré de connexion avec le client, si le travail
a été continu ou entrecoupé de temps morts. Quelle était la qualité de
présence pendant toute la séance ?
POINT CLÉ
La présence attentive est une chose tellement rare dans nos sociétés
pressées, qu’être véritablement présent pour l’autre, c’est donner au
moment une dimension unique et précieuse pour que le client le vive
comme un événement important pour lui, un instant à part à exploiter.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Notre capacité à simplement demeurer là, sans chercher à agir,
dans le silence, permet aussi parfois au client de cheminer et
d’aller au-delà de la question posée.
MALRAUX
Avant la séance
Avoir l’intention d’accueillir le coaché même s’il nous semble
« difficile ».
Accepter que le coaché ou sa situation suscite des tensions en nous et
accepter ces tensions.
Accepter ses propres failles, vulnérabilités, zones d’ombre pour les voir
et ne pas y succomber ni s’en défendre.
Pendant la séance
Accueillir les erreurs, errances, difficultés, blocages, réactions de nos
clients avec bienveillance.
Ne pas juger.
Accepter ses propres erreurs, difficultés, émotions négatives survenant
pendant le coaching pour rester disponible et ne pas entamer un discours
avec soi-même et se couper du coaché.
Après la séance
Accepter ce qui a été réussi et aussi ce qui a échoué pour identifier les
raisons de cet échec, en prendre la responsabilité et être en mesure de le
corriger.
Accepter les états internes négatifs comme la frustration, la tristesse, la
colère… au lieu de chercher à nous en distraire pour pouvoir en
identifier l’origine.
Les enjeux de l’accueil inconditionnel bienveillant
et non jugeant
Accueillir inconditionnellement notre client, c’est notre métier
Nos clients viennent en séance parce qu’ils ne parviennent pas seuls à
trouver une solution satisfaisante à leur problématique. Souvent, sans que
nous ayons besoin de le faire, ils se jugent déjà eux-mêmes négativement de
ne pas y parvenir sans que cela leur soit d’aucune utilité pour avancer.
Notre rôle est justement de leur permettre d’accueillir ce qu’ils se
reprochent d’être ou de faire pour qu’ils puissent repérer ce qui motive –
souvent non consciemment – cette situation et leur permettre de trouver une
meilleure issue. Pour cela, nous devons commencer par les accueillir tels
qu’ils sont pour leur permettre de se voir sans déformation. « Le miroir
réfléchit une image parfaite : il ne s’égare pas parce qu’il ne pense pas »
(Fernando Pessoa).
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Combien il est reposant de trouver une personne qui nous
accueille tel que nous sommes sans avoir à porter de masque
pour faire bonne figure, quelqu’un sur qui nous reposer, capable
de nous écouter, de nous aimer sans nous juger malgré nos
petitesses, nos vulnérabilités !
POINT CLÉ
L’acceptation de soi est un préalable indispensable à l’acceptation et à
l’empathie pour l’autre.
Tout ce que l’on juge mauvais ou mal nous donne envie de réagir pour le
faire disparaître. Si nous ne jugeons pas, rien n’est bon, ni mal, « c’est »
seulement. Cela n’engendre pas de réaction émotionnelle. Notre non-
jugement offre une plus grande justesse dans les décisions et la conduite de
l’accompagnement.
S’abstenir d’exprimer son jugement n’est pas acceptation inconditionnelle.
Comme nos pensées, émotions et comportements sont liés, si nous portons
sur quelqu’un un jugement, il nous sera quasiment impossible – à moins de
n’être plus centré que sur nous-mêmes (et encore !) – de ne pas en produire
une manifestation physique (une expression sur le visage, une crispation, un
recul…) laquelle, même infime et à peine visible, sera captée par notre
interlocuteur. Ce que nous souhaitions ne pas exprimer sera tout de même
perçu avec les mêmes effets délétères. Nous avons donc intérêt à cultiver
profondément en nous cette acceptation inconditionnelle, ce non-jugement
de toute chose.
Troisième pilier :
le détachement de soi ou le
désengagement de l’ego
PROVERBE ZEN
Avant la séance
Lâcher prise avec ses problématiques personnelles.
Ne pas avoir d’intention pour la séance : ne pas avoir fait de projet
(contenu de la séance, méthode ou exercice à utiliser) et se laisser
guider par l’expérience de la séance, par ce que le client amène.
Se détacher éventuellement de l’envie de « presser » le coaching parce
que l’on est encore loin du résultat attendu et qu’il reste peu de séances.
Poser l’intention de n’être centré que sur le coaché et sur ce qui
émergera.
Pendant la séance
S’assurer de n’intervenir qu’au seul bénéfice du coaché.
Vérifier de poser des questions qui aideront le client et non pour nous
permettre de comprendre afin de trouver nous-mêmes la solution.
Ne pas avoir d’intention particulière de vouloir atteindre ou obtenir ceci
ou cela.
Vérifier de ne pas être dans l’effort.
Accepter que le client ne valide pas une hypothèse et lâcher prise avec
l’idée que nous avions commencé à explorer. Lui faire confiance pour
savoir ce qui est juste pour lui à cet instant.
Entendre quand un client nous dit avoir besoin d’autre chose que ce que
nous faisons, et accepter de cesser ce que nous étions en train de faire,
de ne pas aller au bout.
Faire confiance et se laisser guider par ce qui est en train de se passer
même si c’est inhabituel.
Ne pas interférer, insister, forcer, pousser pour que cela aille plus vite ou
dans un sens particulier.
Ne pas ajouter d’intelligence : ne pas interpréter ou ajouter à ce qui a été
exprimé.
Laisser œuvrer les silences.
Ne pas réagir personnellement aux réactions du coaché.
Après la séance
Vérifier que nous n’avons pas plus travaillé que le client.
Si la séance n’a pas avancé, si une résistance s’est manifestée… se
demander en quoi on a trop poussé, on s’est trop imposé ?
POINT CLÉ
Ce n’est pas l’accompagnant qui fait progresser le client mais le client qui
progresse grâce à la relation que l’accompagnant aura instaurée avec lui.
L’ego dirige tellement nos vies que nous ne sommes pas toujours conscients
de tous les moments où il est aux commandes. Pour agir avec détachement
de soi, vous trouverez en seconde partie comment apprendre à repérer et
parvenir à lâcher prise avec son désir de contrôle.
Quatrième pilier :
l’ouverture
Avant la séance
Faire de la place en soi en se débarrassant des préoccupations du passé
et du futur.
Avoir l’intention consciente de demeurer en position de réceptivité, de
ne se fermer à rien de ce qui se manifeste.
Rester curieux de son client et de sa situation comme au premier jour :
ne pas chercher à se rappeler les séances passées.
Ne rien présumer savoir à l’avance, ne rien anticiper pour la séance, ou
préjuger de ce qui risque de s’y passer.
Pendant la séance
Être attentif aux signaux de fermeture en soi : contractions, pensées qui
prennent toute la place… et se détendre physiquement pour se rouvrir
mentalement.
Rester curieux même quand on croit deviner, savoir ou pouvoir
anticiper. Ne pas présumer mais faire préciser même ce qui semble
évident. Oser poser des questions naïves. Ne pas se laisser guider par
nos idées préconçues, interroger comme si l’on ne savait rien.
Savoir laisser des questions en suspens, sans réponse.
Être disponible, curieux et ouvert à tout ce qui pointe, le laisser entrer,
ne rien filtrer ou rejeter, qu’il s’agisse d’idées, d’images, d’émotions ou
de sensations corporelles même si elles ne semblent pas avoir de sens.
Après la séance
Être curieux de son propre état interne, de ses pensées, de ses sensations
corporelles à l’issue de la séance.
Revoir la séance en tant qu’observateur neuf, qui la regarderait se
dérouler pour la première fois sous ses yeux.
Être curieux de tous les moments où l’on s’est senti être au bon endroit
et ceux où l’on aurait pu faire différemment.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Même s’il peut y avoir des similitudes, il n’y a jamais parfaite
identité entre deux coachings. L’ouverture de notre attention
nous permet de capter la singularité de la problématique et de la
situation de notre client à l’instant T et d’adapter notre ac-
compagnement précisément à ce que la situation exige au
présent, limitant l’utilisation systématique de méthodes
préétablies « qui fonctionnent bien dans ce cas-là ».
POINT CLÉ
Plus nous demeurerons ouverts, plus nous pourrons mettre d’informations
en lumière, ce qui permettra au coaché de réévaluer sa situation, et de
trouver sa solution plus pertinente.
Être ouverts, c’est aussi être réceptifs à tout ce que l’expérience fait
émerger en nous ; c’est donc non seulement prendre en compte toutes les
informations de l’environnement mais également les signaux internes qui se
manifestent au cours de la séance, même si nous ne parvenons pas à leur
donner de sens, ou s’ils ne nous semblent pas « rationnels ». Ces éléments
peuvent se produire sous la forme d’images, de sons, de mots, d’idées,
d’émotions, de sensations, et constituer des éléments complémentaires de
réflexion ou des pistes de travail avec le client.
S’en ouvrir, les partager avec le client peut lui permettre de se sentir
profondément compris ou de réaliser ce qui se passe en lui et dont il n’avait
pas conscience. Cela peut lui offrir une perspective nouvelle. En nous
ouvrant à tous ces signaux internes et en les lui communiquant, nous
l’invitons en retour à faire de même et à contacter des éléments sous-jacents
qui peuvent l’aider à trouver son chemin.
1. T. Reik, Listening with the Third Ear: the Inner Experience of a Psychoanalyst, Farrar, Straus
and Giroux, 1983.
Cinquième pilier :
l’intelligence émotionnelle
JACK KORNFIELD
Avant la séance
Contacter et prendre conscience de son état interne.
Retrouver une forme de neutralité émotionnelle avant de commencer
l’entretien.
Avoir pour intention d’entrer en connexion avec la dimension
émotionnelle de ce que vit le client.
Pendant la séance
Repérer les manifestations émotionnelles en soi.
Prendre en compte ses propres émotions qui émergent en séance :
identifier si elles m’appartiennent (contre-transfert ou si elles indiquent
un besoin non satisfait pour soi et comment y répondre) ou s’il s’agit de
l’émotion du client qui résonne en moi, et déterminer alors comment
s’en servir.
Repérer l’émergence d’une émotion chez le client, refléter ce que l’on
perçoit ou questionner ce qui se passe pour lui dans l’instant.
Accueillir les émotions du client sans chercher à les amoindrir ou à les
faire disparaître.
Laisser la résonance émotionnelle du client s’opérer en nous tout en
restant ancré en soi.
Explorer avec lui l’émotion : d’abord l’accueillir et l’aider à
comprendre le message qu’elle porte.
Après la séance
Contacter l’état interne dans lequel on est. S’il est désagréable
(frustration, fatigue, colère…) l’accueillir et voir ce qu’il dit pour
pouvoir le libérer, et revenir à un point neutre pour le coaching suivant.
S’il est agréable, explorer ce qui nous satisfait et si c’est juste.
POINT CLÉ
Le coach doit pouvoir se laisser toucher par le vécu du coaché pour
pouvoir ressentir une réelle empathie, sinon son écoute risque d’être
distante, froide. Mais pour cela, il doit être à l’aise avec ses propres
émotions désagréables pour ne pas être tenté de fuir celles du coaché et
savoir rester ancré en lui-même pour ne pas être emporté.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Les émotions du coach sont un matériau intéressant à utiliser au
bénéfice du coaching.
Exemple
Notre réaction habituelle est de nous couper et de fuir nos états internes
désagréables. Pourtant, ils constituent un radar formidable de ce qui se
passe dans la séance. Plus notre familiarité avec nos émotions est grande et
plus nous accéderons à des informations subtiles, utiles à notre
accompagnement.
1. https://www.amazon.fr/J-Ledoux-and-A-Damasio/dp/B003BMXEQG/ref=sr_1_fkmr0_1?
ie=UTF8&qid=1522312710&sr=8-1-fkmr0&keywords=antonio+damasio
Une évidence… pas si évidente
JEAN PAULHAN
Le manque de guide
La grande majorité des accompagnants qui exercent aujourd’hui, a été
formée de façon plus ou moins poussée à des outils, des référentiels, des
méthodes… Mais en ce qui concerne l’attitude à adopter, rares sont les
formations qui vont au-delà de sa description. Même si, lors
d’entraînements, ou dans notre pratique, nous prenons conscience que nous
sommes trop ceci ou pas assez cela, nous ne savons pour autant pas
comment cultiver les qualités requises. C’est à croire que l’on considère
implicitement que tous les accompagnants les détiennent naturellement et
oublient simplement de les mettre en œuvre ou que « savoir est pouvoir ».
Malheureusement, la réalité est différente. Sans voie de développement,
certains préfèrent complètement occulter la question. Ils se concentrent sur
les outils de coaching et non sur leurs qualités intrinsèques comme leur
formation les a invités à le faire. D’autres tentent de faire face à ce
sentiment d’inaptitude, cette conscience inconfortable de ne pas être
toujours vraiment justes dans leur posture et cherchent à la
« contrebalancer » avec encore plus de techniques, d’approches, d’outils.
Beaucoup culpabilisent car même en cherchant à adopter la posture juste, il
est difficile de lutter contre tout ce qui nous conduit à ne plus y être.
Le plus souvent, chacun fait donc avec ce qu’il est, bon an mal an, et quand
la séance n’a pas été optimale, qu’elle aurait pu être plus efficace, qu’il ne
s’est pas passé grand-chose, même si le client est content, notre réflexe est
de nous dire que l’on aurait dû utiliser d’autres outils, d’autres méthodes,
d’autres techniques, ou bien en utiliser plus ou les utiliser mieux. Comme le
dit un proverbe anglais : « Un mauvais ouvrier blâme ses outils. »
LA SITUATION
Dès les premières séances, le client oublie de réserver une salle puis arrive
en retard et semble attendre beaucoup du coach. Par la suite, il ne fait pas le
travail qu’il s’engageait à faire entre les séances. Pourtant il ne rate aucun
rendez-vous et dit être content du travail effectué. Le coach sent que
quelque chose ne fonctionne pas, ressent une forme de passivité mais pas
franchement ouverte. Alors, il ne dit rien. Voyant les séances s’égrener sans
réelle avancée et la fin approcher, il redouble d’efforts pour faire avancer le
client qu’il veut vraiment aider, avec peu de succès. Il finit par bouillir
d’impatience parce que rien ne se passe et par ressentir beaucoup de tension
vis-à-vis de son client qui semble ralentir à mesure que le coach pousse. Le
coaching se finira en demi-teinte pour le coach et le coaché.
DÉCRYPTAGE
La présence à soi aurait permis au coach de vraiment accueillir et prendre
en compte ce qui se passait pour lui. Il aurait pu l’utiliser au service de la
relation de coaching en demandant par exemple au client ce qu’il pensait de
son avancée par rapport à l’objectif. S’il en était satisfait, le coach aurait pu
aller explorer pourquoi ce rythme créait une telle tension en lui et se
remettre au service du client. Si le client était insatisfait, le coach aurait pu
remettre au centre de l’accompagnement sa sensation « ça n’avance pas »
dans l’intérêt du coaché en partageant son ressenti et en questionnant ce qui
était en train de se passer.
LE PLUS
Souvent, nous ne nous servons pas des premiers signaux internes qui nous
informent de ce qui se passe parce que nous ne sommes pas assez présents à
nous-mêmes.
LA SITUATION
Un client vient avec pour objectif de développer ses aptitudes relationnelles.
Il se plaint beaucoup et reporte sans cesse la faute de ses maux sur ses
collaborateurs, ses collègues, ses patrons… Il se positionne en victime. Cela
fait émerger chez le coach une irritation violente qu’il s’interdit de ressentir.
La réalité est pourtant qu’il lui est insupportable de l’entendre se plaindre
ainsi. Il ne parvient pas à l’accueillir inconditionnellement. Il essaie alors
rapidement de lui faire envisager les situations autrement qu’avec une
perspective de victime, de lui faire prendre conscience que sa
problématique est liée à cette façon de se positionner. Conséquence : le
client ne se sent pas entendu et insiste pour faire comprendre à quel point il
n’a pas de chance dans sa situation, ce qui renforce encore l’agacement du
coach.
DÉCRYPTAGE
Sans réel accueil inconditionnel du client au départ, le coach lui inflige en
quelque sorte la même blessure que celle qu’il vit au quotidien. Il ne peut
donc être un allié. Un phénomène de résistance/contre-résistance s’installe.
L’alliance ne sera jamais vraiment au rendez-vous. Le travail patinera
jusqu’à la fin.
Si le coach était vraiment parvenu à accueillir son client tel qu’il vivait
sa situation, en acceptant – même s’il ne voyait pas les choses ainsi –
que la réalité de son coaché soit celle-là, ce dernier se serait
probablement senti compris et n’aurait plus cherché à « convaincre » le
coach ni à se défendre. L’alliance aurait pu s’instaurer.
Si le coach avait accueilli son irritation au lieu de chercher à s’en
départir, il aurait pu voir la vulnérabilité touchée en lui et veiller à ne pas
lui laisser mener la danse, pour ne pas être en réaction et demeurer au
service de la situation.
LA SITUATION
Le coaché arrive en séance avec pour objectif de se détendre vis-à-vis d’une
réunion à fort enjeu qui aura lieu juste après le coaching. Sur une échelle de
1 à 10 la détente est évaluée à cet instant par le client à 4/10. Le coach lui
propose un exercice de cohérence cardiaque, un exercice qui vise la
relaxation. Ils pratiquent cet exercice assis. Au milieu de l’exercice, le
coaché dit qu’il sent que cela le détend un peu mais qu’il se sent très agité
et qu’il aurait besoin de se décharger pour pouvoir se sentir mieux. Le
coach sûr de ce qu’il fait – il connaît les bienfaits de cet exercice quand il
est mené à son terme, c’est-à-dire sur une durée de cinq minutes – lui
répond : « Finissons l’exercice et voyons comment vous vous sentez
après. » À cet instant, il est plus dans une position « je dois le détendre et je
sais ce qui est bon pour lui » que dans celle « il doit se détendre et ce que je
lui ai proposé lui a fait prendre conscience de ce dont il avait besoin ». Il
poursuit donc son exercice pour le mener à son terme tel qu’il « doit » être
réalisé, sans l’aménager pour tenir compte du besoin du client. Il l’élude
complètement même. Une fois l’exercice terminé, le coach demande au
client d’évaluer son niveau de détente. La réponse est 8/10. « Que vous a-t-
il manqué pour être à 10 ? », demande le coach. « Bouger en faisant cet
exercice », lui répond le coaché.
DÉCRYPTAGE
Le coach est resté trop centré sur sa technique telle qu’il la connaissait et
dont il avait déjà probablement pu vérifier l’efficacité. Il n’a pas su se
détacher du connu (le protocole) pour se laisser guider par le besoin
exprimé du client et aménager l’exercice afin de mieux répondre à ce que la
situation exigeait.
GRÂCE À L’OUVERTURE…
LA SITUATION
Un coaching se passe dans un salon de thé. Le client vient d’identifier ce
qu’il voudrait vraiment faire, ce qui le motive, ce qui serait extraordinaire et
dont il serait fier. Mais après la joie, vient l’abattement… Cela demande
tellement. Il y a tellement d’étapes à franchir, de personnes à convaincre
avant d’y parvenir. Le client est abattu. Le coach a bien quelques idées de
choses simples par lesquelles commencer, questionne son client pour
l’amener à en identifier quelques-unes, mais le client ne les trouve pas. Ne
voulant rien induire, pour laisser toute autonomie à son client et ne pas
suragir, il s’abstient de lui faire des propositions. À ce moment-là, la
serveuse apporte les thés accompagnés de biscuits. Le coach prend un
morceau du sien et, en le brisant, réalise qu’un message se trouve à
l’intérieur. Alors il a l’idée de proposer au client de lire la phrase du sien et
d’envisager en quoi ce qui est indiqué pourrait l’aider. La phrase du biscuit
du client était « Little and often makes much » (peu et souvent fait
beaucoup). La coïncidence fait sourire le client, change son état émotionnel
et lui permet de lister quantité de petites actions qui feraient la différence et
le conduiraient vers son objectif.
DÉCRYPTAGE
Cette ouverture, cette prise en compte de l’environnement extérieur comme
matériau pour le coaching a permis au client de sortir de son cadre habituel
et de trouver de nombreuses nouvelles options.
LA SITUATION
Le client, habituellement avenant, aimable, arrive à la séance les traits
crispés. Quand le coach lui demande comment il va, il répond « bien » la
mâchoire serrée. Quand le coach lui dit qu’il lui semble pourtant contrarié,
il lui explique succinctement, qu’il ne souhaite pas plus en parler mais que
lors de la dernière réunion son patron lui a fait un sale coup. Il a le souffle
court. Manifestement, il est encore mentalement et émotionnellement à
cette réunion. Le coach, lui aussi, sent que son souffle s’est raccourci. Il
ressent un besoin de respirer pour apaiser la tension et l’état interne négatif
que cela a créé dans son corps. Il a besoin de retrouver plus de calme pour
démarrer. Il propose alors un temps de respiration au coaché pour prendre le
temps d’arriver dans la séance. Il ne cherche ni à le forcer à dire ce qu’il ne
souhaite pas dire, ni à éluder ce qui est là, émotionnellement, il le prend en
compte. Au bout de quelques respirations, alors que le coach sent une forme
de décontraction s’installer en lui et se sent prêt à démarrer, le client dit
qu’avoir fait cet exercice a permis de faire descendre d’un cran sa rage et
que maintenant il peut en parler sans risquer d’exploser. Le reste de la
séance portera sur comment se libérer de la colère et de la honte qui
l’habitent.
DÉCRYPTAGE
C’est en tenant compte de l’émotion qui était là – probablement la
réverbération de ce qu’éprouvait le coaché –, et en agissant pour retrouver
une plus grande tranquillité intérieure et être dans de meilleures conditions
d’exercice, que le coach a permis au client de se mettre au travail.
Les cas de coachings évoqués ici vous rappellent peut-être des situations
vécues ou entendues en supervision. On voit ici à quel point la justesse de la
posture du coach est déterminante pour la qualité, la profondeur et
l’efficacité du coaching.
Définitions
La pleine conscience, aussi appelée « mindfulness » ou encore « pleine
présence », est communément définie ainsi :
Porter attention, délibérément, instant après instant, au moment
présent, sans jugement.
La pleine conscience peut désigner à la fois :
une technique de méditation (une façon particulière d’être attentif au
moment présent) ;
un état momentané résultant de cette façon d’être attentif dans les
pratiques et dans la vie ;
l’objectif ultime, l’aboutissement : l’état permanent.
Ce terme désigne le chemin, le fruit et l’aboutissement, en même temps.
Dans ce livre nous nous intéressons à comment progresser vers l’objectif
ultime, en cultivant et en multipliant ces moments de pleine conscience par
l’utilisation de la technique de méditation.
La pleine conscience en tant que technique, nous conduit à observer ce qui
se passe en nous et autour de nous et à prendre du recul vis-à-vis de nos
réactions mentales pour agir avec plus de conscience.
Ce concept s’enracine à l’origine dans les enseignements bouddhistes. On le
trouve également dans les traditions soufies, taoïstes et chrétiennes. En
1979, la pleine conscience quitte la seule sphère religieuse et se laïcise avec
le programme Mindfulness Based Stress Reduction (MBSR) – un
programme de réduction du stress fondé sur la pleine conscience – que crée
et introduit Jon Kabat-Zinn en milieu médical (University of Massachusetts
Medical Center) aux États-Unis.
Ruth Baer, professeur de psychologie à l’université du Kentucky définit
l’état de pleine conscience comme notre capacité à :
observer ses sensations, perceptions, pensées et émotions ;
identifier avec des mots ces observations ;
ne pas réagir à l’expérience intérieure ;
ne pas juger l’expérience (constater sans condamner) ;
agir avec conscience.
Mais comme le disait Francisco Varela, neurobiologiste et philosophe
chilien, « la mindfulness est une expérience à la première personne, c’est
une science de l’expérience vécue ». En effet, alors qu’en temps normal
notre cerveau fonctionne principalement sur le mode de la pensée
intellectuelle (cerveau gauche), quand on médite, on fait une expérience
directe du réel, notamment par nos sens, qui ne fait pas appel aux concepts
(cerveau droit) et qui devient donc difficilement descriptible avec des mots.
Votre propre pratique, mieux qu’une définition, vous permettra donc de
savoir de quoi il s’agit.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Parfois même devenir conscient de certains aspects de nous-
mêmes ou de nos émotions n’est ni confortable ni relaxant !
Rester sans intention, ne pas donner de Rester en position d’observation : n’avoir aucun
conseil, ne pas orienter vers une objectif, ne pas commenter l’expérience ni
solution vouloir la modifier
Être ouvert à tout ce qui émerge pour Accueillir tous les signaux qui nous parviennent
pouvoir questionner et éclairer toutes les par nos sens ou notre perception interne et
dimensions de la situation du coaché avoir une vision plus globale de la situation
Être curieux de la relation émotionnelle Être à l’écoute de notre état interne émotionnel
qu’entretient le coaché avec sa situation
1. « Mindfulness Practice Leads to Increases In Regional Brain Gray Matter Density », Britta K.
Holzel, James Carmody, Mark Vangel, Christina Congleton, Sita M. Yerramsetti, Tim Gard, Sara
W. Lazar, Psychiatry Research, 30 janvier 2011, US National Library of Medicine, National
Institutes of Health.
2. « Effects of Pre-Session Centering for Therapists on Session Presence and Effectiveness », Dunn
R., Callahan J.L., Swift J.K., Ivanovic M., Psychotherapy Research, 2013.
Développer le premier pilier :
sa présence attentive
STEFAN ZWEIG
La culture de la distraction
Nous sommes continuellement distraits par des notifications (e-mails, SMS,
Facebook, Twitter…). Le fait que l’information soit rapide et instantanée
nous donne l’impression de devoir regarder à chaque instant nos écrans
pour ne rien manquer – phénomène dit de FOMO (Fear Of Missing Out).
Selon Orianna Fielding, auteur de Detox numérique2, nous consultons nos
téléphones portables environ 150 fois par jour ! Parvenir à prêter attention
plus de dix minutes consécutives à quelque chose ou quelqu’un sans avoir
l’attention détournée ailleurs n’est pas évident.
L’illusion du multitasking
Nous croyons pouvoir tout faire en même temps : discuter avec quelqu’un
et répondre à un SMS, rédiger une note de synthèse en écoutant un podcast.
Or le cerveau ne sait pas faire plusieurs choses qui demandent notre
attention simultanément : il les traite les unes après les autres. Quand nous
interrompons une tâche pour une autre, nous ne sommes plus présents à la
première. Notre tendance au zapping nous écarte du chemin de la présence
à ce que nous faisons. Nous nous entraînons à être inattentifs. En novembre
2010, l’université d’Harvard a publié les résultats d’une étude3 montrant
que pendant presque la moitié du temps (46,9 %), les gens n’avaient pas
l’esprit à ce qu’ils étaient en train de faire.
POINT CLÉ
En matière de présence attentive, vouloir n’est pas pouvoir, il nous faudra
donc lutter contre nos mauvaises habitudes pour être plus présents et
attentifs.
SCAN CORPOREL
Cet exercice peut se faire assis ou allongé. Quelle que soit la position que
vous choisissez, du mieux que vous pouvez, essayez de demeurer dans une
présence consciente tout au long de l’exercice (attention la position
allongée est associée par le corps au repos : elle risque de vous faire
basculer dans l’endormissement !). Nous allons parcourir le corps pour en
ressentir toutes les parties en commençant par l’arrière du corps et toutes les
parties en contact avec le sol ou la chaise si vous êtes assis. N’essayez pas
de décrire ou de visualiser, essayez de faire l’expérience de ressentir. Si
vous rencontrez des difficultés à sentir certaines parties de votre corps,
notez-le simplement, sans vous juger. La pleine conscience ne demande pas
de sentir ce qui n’est pas là, mais juste d’être en présence de ce qui est là.
S’il n’y a pas de sensation, notez simplement qu’il n’y en a pas. Maintenant
centrez votre attention sur votre respiration. Observez l’air qui entre et qui
sort de votre corps à l’endroit où la perception est la plus saillante pour
vous : l’entrée des narines, la gorge, la poitrine, le ventre. Restez en contact
avec la sensation qui est là, sans rien chercher à changer. Simplement
maintenez votre attention du mieux que vous pouvez sur la partie du corps
que vous explorez.
Nous allons maintenant faire l’expérience d’avoir une jambe gauche : les
orteils un à un, le pied dans toutes ses faces, la cheville, le tibia et le mollet,
le genou, l’avant de la cuisse puis l’arrière. Essayez de ne pas vous
représenter mentalement ces parties mais bien de ressentir les sensations qui
s’y logent et qui vous permettent de savoir qu’elles sont là. Peut-être
noterez-vous qu’à certains endroits les sensations sont fortes et qu’à
d’autres vous les sentez à peine. Simplement observez ces différences.
Sentez toute votre jambe gauche. Et si à un moment vous réalisez que vous
vous êtes échappé dans vos pensées, ou dans une autre partie du corps, dans
des commentaires sur la façon dont votre corps devrait être : ce sont des
distractions. Elles sont normales et les observer fait partie intégrante de la
pratique. Vous n’êtes donc pas en train de rater quoi que ce soit. Le moment
où vous vous en rendez compte est un moment de pleine conscience, alors
félicitez-vous puis revenez ensuite avec bienveillance à l’objet initial de
votre attention. Ici votre jambe gauche.
Faites à présent le même trajet avec votre jambe droite. Contactez les
différentes sensations dans cette partie de votre corps. Peut-être observerez-
vous que les deux côtés sont différents. Si vous sentez une douleur, notez-
la, ne vous y accrochez pas et du mieux que vous pouvez, essayez de ne pas
la « suivre », de ne pas la commenter, la juger ni de chercher à la modifier.
Maintenant posez votre attention sur la zone du bas-ventre (bassin, coccyx,
pubis, organes génitaux, et bas du ventre). Y a-t-il des tensions,
contractions ? Restez là quelques instants en vous recentrant sur cette zone
avec beaucoup de douceur dès que vous réalisez que vous vous en êtes
échappé. Remontez ensuite à votre rythme le long du tronc, du bas du
ventre jusqu’aux clavicules. Ne cherchez pas à modifier ce que vous
observez. La pratique consiste simplement à être conscient de ce qui est là.
Posez maintenant votre attention sur vos mains, vos avant-bras, vos bras,
vos épaules. Quoi que vous sentiez, notez-le et ne le jugez pas. Ne cherchez
pas à le modifier ni à le commenter. Si vous vous égarez dans vos pensées,
simplement revenez à vos épaules. Notez seulement cette tendance qu’a
l’esprit à s’échapper de là où est le corps.
Après quelques instants, remontez le long du cou. Simplement observez.
Sentez ensuite toutes les parties de votre tête, votre visage. Autant que vous
le pouvez, ne cherchez pas à intervenir pour changer ce que vous observez.
Puis, à votre rythme, prenez conscience de toutes les parties de votre corps :
de la tête en passant par les bras et le tronc, la zone du bas-ventre et les
jambes jusqu’aux pieds. Sentez votre corps tout entier, qui simplement
respire. Sentez votre corps qui inspire et le mouvement que la respiration
imprime sur lui ; des poumons au bas-ventre à l’inspiration, et le
relâchement et la détente à l’expiration. Sentez comment vous vous sentez
maintenant dans la conscience de votre corps tout entier. Notez ce que
change la qualité de présence. Et à votre rythme, quittez votre immobilité.
Qu’avez-vous vécu ?
PRÉSENCE À UN OBJET
Mindfulness
Il n’est pas surprenant que la méditation en pleine conscience
ait un impact sur la présence attentive puisqu’elle nous invite à
porter volontairement attention à ce qui se produit dans l’instant
présent. Nous nous exerçons donc à être mentalement là où
nous sommes physiquement. La méditation nous permet de
cultiver le fait d’avoir l’esprit au même endroit que le corps.
S’asseoir pour méditer c’est aussi, l’espace d’un instant, cesser
de faire, cesser d’agir, pour expérimenter la présence, pour
juste être.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Quand on réalise que l’on n’est plus présent, que notre esprit
s’est écarté de notre objet initial, au lieu d’être en présence de
cette distraction, de la constater et de revenir au présent, le plus
souvent on se juge, on se culpabilise, et nous nous écartons
alors encore plus et plus longtemps de la véritable expérience
du présent.
Nos jugements, qualificatifs, notre mentalisation du présent nous coupe de
la présence véritable.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Nous parvenons progressivement à être présents à ce qui se
passe sans que cela nous emporte ailleurs mentalement.
Goûter à la véritable présence
Petit à petit, en ne suivant plus nos pensées, nous ne les alimentons plus en
énergie. Nos pensées ont moins de force et leur flot se calme. Entre deux
pensées peut même s’ouvrir un espace de conscience calme et de silence.
Dans ce silence, nous découvrons une qualité de présence toute particulière
qui n’est obstruée ni brouillée par rien. Nous sommes spacieux et pouvons
tout accueillir, tout contenir. Avec la pratique, dans ces moments où le
mental s’apaise, nous pouvons être présents à tout ce qui est là sans être
distraits par quoi que ce soit. Nous pouvons toucher du doigt ce qu’est la
vraie présence. Au-delà de l’idée que nous nous en faisions
intellectuellement, nous la goûtons et la connaissons alors. Avec la pratique
nous touchons plus souvent cet état de présence attentive et nous nous
familiarisons avec ce qu’est être pleinement présents.
EN SYNTHÈSE
À SAVOIR :
CARL ROGERS
EINSTEIN
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Nous savons ce qu’accepter signifie mais nous ne cultivons pas
cette qualité pour la rendre plus résistante à l’adversité,
inconditionnelle.
POINT CLÉ
Adhérer au principe d’acceptation inconditionnelle ou de non-jugement
est parfaitement insuffisant pour l’incarner pleinement. Nous devrons
donc non seulement apprendre à nous voir et à nous accepter tels que
nous sommes mais aussi accepter de nous regarder porter des jugements
pour observer les mécanismes qui en découlent (rejet ou attachement) et
pouvoir devenir de plus en plus aptes à l’accueil inconditionnel.
Le contact avec ce comportement que vous n’aimez pas chez vous a peut-
être provoqué de nombreux jugements. Il a probablement été inconfortable
d’y être confronté. Peut-être vous êtes-vous échappé de l’exercice. Accepter
ce comportement : cette proposition vous a-t-elle paru insensée et risquée ?
Avez-vous craint, ce faisant, de prendre le risque de ne jamais pouvoir
changer ? Pourtant reconnaître nos parts d’ombre, en y apportant une forme
de douceur, est ce qui peut nous permettre d’évoluer. Voyons comment.
L’ACCEPTATION DE SOI
L’AMOUR BIENVEILLANT
Notez aussi ce qui s’est passé pour vous pendant cette méditation.
Tension et jugement
La pratique nous permet d’observer que l’acceptation véritable laisse le
corps détendu. Le refus crée une tension parfois subtile mais réelle dans le
corps.
Quel paradoxe !
On découvre que plus on veut changer quelque chose et moins cela change,
plus on l’accepte et plus cela a de chance de changer. Seule l’expérience
nous permet d’appréhender cela. Pour notre mental, c’est abscons. Ce que
l’on n’aime pas crée une tension en nous. L’accepter la détend. Lorsqu’on
porte attention aux sensations du corps dans nos pratiques, nous pouvons
ressentir des douleurs. Si nous commençons à commenter ces douleurs et à
chercher à les faire disparaître, elles vont occuper tout notre espace mental
et se renforcer. Il est assez surprenant de réaliser qu’en les accueillant
pleinement, sans chercher à les changer, elles se relâchent toutes seules et
peuvent même finir par s’évaporer. Il en est de même pour toutes nos
expériences désagréables, nos émotions… Si Jung disait « on ne saurait
changer ce que l’on n’accepte pas », la pratique permet de faire
l’expérience qu’accueillir inconditionnellement, avec bienveillance et sans
jugement permet un changement d’état.
MONTAIGNE
La méditation requiert que nous nous acceptions avec bienveillance tels que
nous sommes, tout entiers, quels que soient la forme, la santé de notre
corps, la teneur ou le niveau de notre bien-être psychologique ou
émotionnel. Elle nous invite à tout accueillir sans l’étiqueter « bien/mal » :
« Il y a ça qui s’élève (pensée, perception, jugement, émotion…) : OK. » La
pratique est le lieu où nous n’avons tout simplement qu’à laisser être ce qui
est, à nous autoriser à être nous-mêmes. Progressivement, nous cherchons
de moins en moins à modifier ce que nous sommes (notre respiration, nos
pensées), même quand cela ne nous plaît pas. Alors, nous pouvons nous
observer, nous étudier sur le vif, regarder nos réactions face au réel, nous
voir dans notre nue vérité. Nous pouvons faire face à nos limites, nos
vulnérabilités… sans blâme ni complaisance. Nous avons une vision plus
juste et moins idéalisée de nous-mêmes. Nous parvenons à mieux nous
accepter tels que nous sommes vraiment dans notre imperfection. Nous
gagnons en tranquillité, en sécurité ontologique.
En acceptant nos fragilités, nos points faibles, nous devenons plus aptes à
accepter et à comprendre ceux des autres.
La méditation, en développant l’autocompassion, cultive notre compassion
pour l’autre.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
La patience que nous développons avec la pratique vis-à-vis de
nous-mêmes, développe également une plus grande patience et
acceptation des autres aux prises avec leurs difficultés.
JON KABAT-ZINN
Exemple
Quand vous faites une erreur, au lieu de vous blâmer, de vous
dire « mais c’est pas vrai ! », dites « OK ». Non pas pour dire
que vous vous résignez à ne rien faire pour corriger, mais « OK,
c’est ce qui est ». Rien ne vous empêche ensuite de rectifier la
situation et voyez la différence que cela produit.
EN SYNTHÈSE
À SAVOIR :
1. Catégorie de neurones qui s’activent autant en exécutant une tâche, qu’en observant quelqu’un
d’autre l’accomplir ou en s’imaginant en train de la réaliser.
2. « Regulation of the Neural Circuitry of Emotion by Compassion Meditation : Effects of
Meditative Expertise », Lutz, Brefczynski-Lewis, et al., Bernhard Baune, James Cook
University, Australia, 2008.
3. « Compassion Meditation May Boost Neural Basis of Empathy, Study Finds », Science Daily,
04/10/2012.
4. « Loving Kindness Meditation Increases Social Connectedness », Cendri A. Hutcherson, Emma
M. Seppala, and James J. Gross, Stanford University, 2008.
Développer le troisième pilier :
le détachement de soi ou le
désengagement de l’ego
ALFRED KORZYBSKI
Performance et contrôle
Dans notre culture, on imagine que les plus performants sont ceux qui ont
eu le meilleur contrôle des événements. Alors nous cherchons à contrôler ce
qui se passe en séance, quitte à pousser ou à tirer, pour atteindre nos
objectifs. Nous envisageons plus difficilement de faire confiance à ce qui se
passe dans le moment présent et de nous laisser guider par ce qui arrive
pour y parvenir. Pour la plupart d’entre nous, ne rien préparer et juste
travailler avec l’incertitude de l’instant nous donnerait moins de chance
d’être efficaces. Nous imaginons que sans un minimum de contrôle de notre
part, le coaching ne mènerait nulle part.
La compulsion du faire
Si nous ne sommes pas actifs nous avons peur de ne plus être en
développement, d’être moins efficaces, moins productifs, voire même, avec
ce monde qui court sans cesse en avant, de reculer. Les expressions « si tu
n’avances pas, tu recules » ou « up or out » (évolue ou pars) entendues dans
les milieux professionnels en sont bien la manifestation. Le « non-agir »
peut sembler effrayant.
Le circuit de la récompense
Nous disposons dans le cerveau d’un circuit neuronal qui favorise
l’approche de ce qui nous crée du plaisir et l’éloignement de ce qui nous
procure des sensations désagréables. Intrinsèquement donc, nous sommes
davantage portés à aller dans le sens de ce qui nous fait plaisir et à
repousser ou à éviter ce qui nous gêne. Ces réactions automatiques souvent
peu ou non conscientes sont complètement dirigées par notre petit moi,
notre ego.
POINT CLÉ
Souvent nous considérons que ce qui a été bon pour nous est bon pour les
autres, à cela s’ajoute notre tendance à vouloir tout rendre conforme à ce
que nous croyons juste ou aimons. Nous agissons donc motivés par la
satisfaction de notre ego et sommes rarement vraiment détachés de nous-
mêmes.
PRÉSENCE À LA RESPIRATION
Installez-vous confortablement et prenez un instant pour noter comment
vous vous sentez. Lâchez vos objectifs et votre volonté d’atteindre un état
particulier. Sentez-vous assis en portant votre attention sur vos sensations
corporelles, vos appuis sur le sol ou la chaise. Sentez vos mains déposées
sur vos genoux, détendues, n’ayant rien à faire. Restez dans cette présence
attentive au corps quelques instants. Centrez ensuite votre attention sur
votre respiration. Juste, observez votre souffle entrer et sortir de votre corps,
tel qu’il le fait, à son propre rythme. Assurez-vous de simplement faire
l’expérience de respirer et d’observer votre respiration, sans chercher à la
changer, sans lui imposer un rythme. « Laisser agir » l’organisme, le laisser
faire ce qu’il fait la majeure partie du temps en toute autonomie et sans
intervention de votre part. Il n’y a ni bonne ni mauvaise respiration,
simplement celle qui est là. Assurez-vous d’être dans la seule attention à
votre souffle, et laissez la respiration aller et venir à son rythme, celui qui
est le sien sans intervenir. Observez l’alternance et la profondeur de votre
respiration. À l’inspiration, accueillez l’instant et à l’expiration laissez
l’expérience se dissoudre pour faire de la place pour accueillir l’instant
suivant. Inspirer : se laisser inspirer. Expirer : laisser l’air repartir. Voyez
comme cela respire tout seul. Ne cherchez qu’à être présent à ce qui se
présente dans l’instant de l’expérience sans vouloir rien d’autre. Accueillez
ce qui vient sans chercher à le changer. Si vous vous égarez, ou si vous
observez que vous avez pris le contrôle de votre respiration, revenez-y en
ressentant les mouvements qu’elle imprime dans le corps. Soyez en contact
avec ses effets : à l’entrée des narines et dans la gorge, le ventre, les
poumons. Allez jusqu’au bout de l’inspiration jusqu’au moment de bascule
où le souffle fait marche arrière. Allez jusqu’au bout de l’expiration, point
de bascule où l’on inspire de nouveau. Observez comme l’inspiration et
l’expiration se déclenchent seules, observez la magie de la respiration qui
nous maintient en vie. Même quand nous n’y sommes pas attentifs. Cycle
après cycle de respiration demeurez dans l’observation du trajet du souffle
dans votre corps. En suivant le trajet de l’air, prenez conscience de vos
organes qui fonctionnent sans arrêt en toute autonomie : cœur, poumons,
estomac, foie, intestins, reins. Sentez votre corps tout entier respirer. Vous
noterez peut-être que votre souffle est devenu plus lent et plus profond au
fur et à mesure de l’exercice. Alors que vous êtes sur le point de cesser cet
exercice, ayez pour intention d’être attentif pendant la journée aux moments
où vous sentez que vous tentez de contrôler une situation. Faites alors de
votre mieux pour que les choses aillent dans le meilleur sens possible, tout
en acceptant que le résultat final ne soit pas uniquement le produit de votre
action.
UN OBJET CONNOTÉ
Mindfulness
La méditation en pleine conscience est une invitation au
détachement de soi :
elle requiert de ne pas se fixer d’objectif, de lâcher toute
attente de résultat immédiat, de ne rien vouloir ni rechercher
en particulier qui soit différent de ce qui est ;
elle demande également de tout accueillir indifféremment,
que cela nous soit agréable ou non, sans nous y attacher ou
le rejeter ;
elle nécessite enfin que nous soyons présents à ce qui est là
ici et maintenant, dans l’expérience directe du réel, nous
détachant de toute activité mentale (jugements, souvenirs,
souhaits…), donc de nos filtres et représentations.
La méditation en pleine conscience permet de cultiver le
désengagement actif de l’ego.
L’ego s’active et prend le contrôle de nos actions pour se protéger dès qu’il
se sent menacé. Bien se connaître et faire la paix avec toutes les parties
souffrantes en soi est donc préalable au désengagement de l’ego. La
présence à soi et l’acceptation de ce que nous observons de nous – incluant
nos parts d’ombre et de vulnérabilité – cultivées par la pleine conscience
nous y aident.
Le paradoxe de l’objectif
Nous nous rendons également compte que plus nous nous mettons de
pression sur l’atteinte d’un objectif quand nous méditons et moins nous y
parvenons. À l’inverse, pratiquer en se détachant du résultat nous permet
paradoxalement d’avancer dans le bon sens.
Exemple
Notre monde
On prend conscience que l’on a beaucoup de difficultés à rester observateur
seulement de ce qui est dans le champ de notre expérience ici et maintenant.
On ne voit pas la rose qui est là devant nous mais la somme des expériences
passées que nous avons eues avec des roses que nous encapsulons sous le
mot « rose ». Il nous faut faire un effort pour voir le réel et non notre
réalité : cette rose-là et non ma rose.
Se détacher de l’objectif
Évidemment, nous commençons souvent à méditer parce que nous
souhaitons changer quelque chose dans notre vie. Pour autant, la méditation
exige que nous laissions de côté nos objectifs et que nous pratiquions sans
chercher à atteindre quoi que ce soit. Nous apprenons donc à agir, guidés
par une intention mais détachés du résultat immédiat, faisant confiance au
processus pour nous amener à bon port. Nous apprenons à nous défaire de
notre tendance à vouloir contrôler le résultat et à nous ouvrir à l’expérience
avec curiosité, sans espoir ni attente donc décentrés de nous-mêmes.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Nous dépensons moins d’énergie et sommes moins
interventionnistes, tout en demeurant malgré tout très présents.
Nous apprenons le non-faire dans l’action.
EN SYNTHÈSE
À SAVOIR :
1. « Meditation Experience Is Associated with Differences in Default Mode Network activity and
connectivity », National Acad Sciences, 2011.
2. « Enhanced Response Inhibition During Intensive Meditation Training. Predicts Improvements
in Self-Reported Adaptive. Socioemotional Functioning », Emotion, 2011.
3. D. Goleman, R. Davidson, Altered Traits, Avery, 2017.
Développer le quatrième pilier :
son ouverture
SADHGURU
POINT CLÉ
Sans une ouverture volontaire de notre attention, nous passons à côté
d’une grande partie de l’information que peut nous offrir le monde.
Un « réglage » du cerveau
La psychologie sociale a montré que nous faisons plus attention aux stimuli
qui vont confirmer ou soutenir nos croyances, et que nous avons tendance à
filtrer les autres au lieu de rester ouverts et réceptifs à tout ce qui nous
entoure. Ce phénomène de « filtrage cognitif » a lieu à un niveau non
conscient et nous fait perdre une large partie de l’information réellement
disponible. Quand on écoute, on est plus réceptif à ce que l’on connaît déjà
qu’au reste. L’écoute « adhère » plus facilement sur le connu, limitant notre
ouverture. Pour le coach, il existe un risque d’une écoute partielle et
sélective non consciente.
La force de l’habitude
À l’âge adulte, nous remettons de moins en moins en cause nos modes de
fonctionnement, nos pensées… Quand le cerveau note quelques points
communs avec une situation connue, dans un souci d’économie d’énergie, il
reproduit ce qui a fonctionné jusque-là dans des situations vaguement
analogues. Avec le temps, ces répétitions renforcent des chemins neuronaux
et finissent par créer des sortes d’autoroutes que nous empruntons sans
même y réfléchir. Progressivement et insidieusement ces automatismes
orientent nos vies et nos décisions. Nous finissons par appliquer
mécaniquement les mêmes schémas, sans réévaluer au préalable la
pertinence de nos jugements ou actions au regard de la situation actuelle. Il
en est de même pour nos pratiques professionnelles et d’accompagnement.
Il arrive que deux ou trois signaux suffisent à nous aiguiller rapidement et
sans plus de distinction, sur des voies déjà maintes fois empruntées avec
succès, sans examiner la justesse de l’option choisie dans le contexte précis
de l’instant.
L’intellect avant tout
Dans nos sociétés occidentales, l’importance accordée aux fonctions
intellectuelles est grande. Nous sommes invités à développer nos capacités
à mémoriser, à analyser, à comprendre… mais peu à ressentir notre corps ou
nos émotions. Nous appréhendons donc essentiellement le monde via des
concepts, des pensées qui raccourcissent par définition l’expérience. Nous
n’avons, pour la plupart d’entre nous, pas développé l’écoute de notre corps
et de nos sens qui pourtant nous relient intimement au présent.
DÉGUSTATION DE POP-CORN
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Pourtant, c’est en restant prêt à accueillir ce que l’on n’attend
pas ou plus que de belles prises de conscience peuvent
survenir.
Nos raccourcis
On réalise que l’on étiquette tout compulsivement. Certes, il est plus simple
pour communiquer et vivre ensemble d’avoir une « étiquette » commune
pour désigner le même type d’objets, mais ce faisant, nous nous coupons de
la réalité unique d’instant en instant de toute chose. Nous ramenons la
singularité de l’expérience de l’instant à une généralité qui la raccourcit, la
limite et la rigidifie. En méditant, nous observons notre habitude à nous
relier au monde par ces concepts. Il nous est difficile de voir quelque chose
sans l’étiqueter instantanément au lieu de rester au stade de sa perception.
Nous prenons ainsi conscience que nous pensons plus le réel que nous ne
l’éprouvons. Notre expérience du présent est surtout mentale et peu
connectée au cœur et au corps.
Nous réalisons que nous avons tendance à rester à la surface des choses à
cause de ces étiquettes et à manquer de curiosité. À partir du moment où
nous parvenons à ne pas étiqueter et à demeurer au stade de l’expérience
par nos sens alors beaucoup de détails et de singularités nous apparaissent.
Sensations et émotions
Les méditations nous font prendre conscience de notre difficulté à entrer en
contact avec nos sensations dans le corps et nos états internes. Nos
perceptions corporelles, sensorielles et émotionnelles sont souvent
atrophiées à cause d’un mental omniprésent. Il ne laisse que très peu de
place pour permettre à toutes ces autres dimensions de pénétrer le champ de
notre conscience. Nous sommes peu familiers avec notre corps et nos
émotions. Si nous percevons leurs signaux, c’est souvent de manière assez
grossière et lorsqu’ils sont vraiment très manifestes. Ce que nous constatons
sur le coussin nous invite à être plus attentifs et nous fait réaliser que nos
perceptions sensorielles ou émotionnelles ont peu de place dans notre vie
quotidienne, stoppées par l’intervention quasi immédiate et automatique du
mental qui qualifie et commente l’expérience au lieu de la laisser s’épanouir
en nous.
Richesse de l’expérience
L’exercice du pop-corn nous fait réaliser la richesse de la dégustation d’un
simple grain de maïs quand elle est vécue en conscience en portant attention
à tous nos sens. Le simple fait d’être attentifs nous révèle une quantité
d’informations qui passent habituellement sous nos radars. Il peut être
fascinant de prendre conscience pour la première fois de sa vie, qu’un pop-
corn fond dans la bouche !
RETOUR D’EXPÉRIENCE
En devenant curieux de ce qui se passe en soi, on développe
aussi sa curiosité pour l’autre.
EN SYNTHÈSE
À SAVOIR :
1. « Mental Training Affects Distribution of Limited Brain Resources », Slagter H.A., Davidson
R.J., Lutz A., PLOS Biology, 2007.
2. « The Unique Brain Anatomy of Meditation Practitioners:alterations in Cortical Gyrification »,
Frontiers in Human Neuroscience, 2012.
3. « Mindful Leadership at Work. What Does the Reasearch Show ? », 2011.
Développer le cinquième pilier :
son intelligence émotionnelle
SIMONE WEIL
POINT CLÉ
Il y a peu de terrains de jeux propices à l’expression et à l’exploration des
émotions.
La peur de la thérapie
Le coaching se distingue de la psychothérapie et du conseil par le fait qu’il
ne s’intéresse ni à la personne ni à la situation en tant que telle, mais à la
relation que le coaché entretient avec elle. Les émotions ressenties vis-à-vis
de la problématique sont donc bien dans le champ du coaching. Pourtant,
trop souvent, les émotions sont associées – dans les représentations
habituelles au domaine de la psychothérapie. Les coachs et autres
accompagnants non formés à la psychologie peuvent craindre de franchir
une limite qui les conduirait de ce côté, sans être compétents pour cela. Les
clients aussi, car nous ne sommes pas habitués à faire face à nos émotions.
Un verrou de protection
On a tendance à fuir nos émotions désagréables car lorsque nous étions tout
petits, elles représentaient quelque chose de trop effrayant, de trop
douloureux que nous ne pouvions gérer. Nous nous sommes donc souvent
protégés, voire coupés, de nos émotions pour faire face aux coups durs de la
vie. À cela s’ajoutent nos conditionnements parentaux visant à les faire
taire. Nous avons alors pris l’habitude de les rejeter, de nous en dissocier, et
de tout faire pour ne pas nous y confronter tant intérieurement (mécanismes
de défense pour ne pas les ressentir) qu’extérieurement (tous les évitements
de situations qui pourraient les générer) par peur de craquer, de ne plus agir
rationnellement, ou de perdre la face.
LA SOUFFRANCE DE L’AUTRE
RETOUR D’EXPÉRIENCE
En ayant une perception plus fine de tous les degrés
émotionnels et de leur manifestation corporelle en nous, nous
devenons de plus en plus capables de décrypter ce que vit le
coaché et dont il n’est peut-être même pas conscient. Nous
pouvons mieux le guider.
Développer sa confiance
À force de méditer, d’identifier et de rester en présence de nos émotions,
nous avons moins peur d’aller les explorer en nous-mêmes ou chez nos
coachés. Plus nous serons allés à la rencontre de nos propres émotions
douloureuses, plus nous aurons appris à nous en libérer et découvert ce
qu’elles venaient apporter comme information.
EN SYNTHÈSE
À SAVOIR :
RETOUR D’EXPÉRIENCE
À force de pratiquer nous nous familiarisons avec l’état que nous
recherchons et contactons de plus en plus rapidement quand
nous ne le sommes plus, sans avoir à attendre de nous être
égarés trop loin.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
On pourrait penser que faire ce bilan nous éloigne encore plus
de la présence. Au contraire, c’est une façon de revenir dans le
présent. C’est aussi parfois un temps qu’il faut savoir investir
pour revenir à un état adéquat pour accompagner correctement.
HOP !
RÉPONDRE EN CONSCIENCE
En général, l’étape précédente clarifie ce qu’il convient de faire, la réponse
juste à la situation émerge.
On distingue ce qui nous appartient et que nous devrons éventuellement
traiter en supervision ou thérapie, de ce que la situation exige. Accepter ce
qui nous appartient, nous en défaire consciemment pour le temps de la
séance et voir ce qui reste juste pour la séance et pour le client.
Tête
Ce que je me dis/à quoi je pense/les idées qui me viennent/comment est
mon mental, paisible ou agité ? Ai-je eu une posture juste ? Un
accompagnement adéquat ? De nouvelles idées me viennent-elles ?
Cœur
Quel est mon état interne ? Comment puis-je le nommer ? De quel besoin
non satisfait est-il l’expression ? À quoi devrai-je être vigilant la prochaine
fois ?
Corps
Comment est-ce que je me sens ? Plein d’énergie ? Épuisé ? Que cela dit-il
d’une éventuelle émotion sous-jacente ? Que dois-je faire pour me sentir
plus à l’aise la prochaine fois ?
Parfois on ressent de l’agitation, de la tension ou de la frustration ou au
contraire du calme de la détente et de la joie. Ces éléments nous informent
sur ce qui s’est passé dans la séance : avec le client, dans la relation ou
quelque chose que l’on n’a pas traité qui est resté en suspens, ou quelque
chose à apporter en supervision.
La pleine conscience est une pratique contemplative qui nous permet de
nous observer agir. Nous serons donc plus aptes à faire un bilan objectif de
notre séance, à faire un point sur ce qui s’est passé pendant la session.
L’acceptation inconditionnelle que nous aurons cultivée nous invitera à ne
pas craindre de nous regarder dans notre nue vérité, la compassion nous
permettra de ne pas nous blâmer et de mettre notre énergie au service d’axes
de progrès.
La pleine conscience cultive notre curiosité, nous serons plus curieux de
faire ce point, nous aurons cette curiosité de nous regarder faire.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
Si vous pratiquez régulièrement, vous pourrez voir que plus
qu’une technique, la pleine conscience est un véritable art de
vivre. De plus en plus de moments de votre vie en seront
imprégnés.
1 2 3 4 5
Les 39 items
1. Je remarque les changements dans mon corps
comme ma respiration qui ralentit ou
s’accélère. Score : ______
2. Je trouve facilement les mots qui décrivent
mes sentiments. Score : ______
3. Quand je fais des choses, j’ai souvent la tête
ailleurs et je suis facilement distrait(e). Score : ______
4. Je me critique d’avoir des émotions
irrationnelles ou inappropriées. Score : _____
5. Je prête attention pour voir si mes muscles
sont tendus ou relâchés. Score : _____
6. Je peux facilement mettre en mots mes
croyances, options et attentes. Score : _____
7. Quand je fais quelque chose, je suis
seulement centré(e) sur ce que je fais et rien
d’autre. Score : _____
8. J’ai pour habitude d’évaluer si mes
perceptions sont justes ou fausses. Score : _____
9. Quand je marche, je note intentionnellement
les sensations de mon corps en train de
bouger. Score : _____
10. Je trouve facilement les mots pour exprimer
mes perceptions gustatives, olfactives et
auditives. Score : _____
11. Je conduis en « pilote automatique » sans
prêter attention à ce que je fais. Score : _____
12. Je me dis que je ne devrais pas me sentir
comme je me sens. Score : _____
13. Quand je prends une douche ou un bain je
reste vigilant(e) aux sensations de l’eau sur
mon corps. Score : _____
14. C’est difficile pour moi de trouver les mots
pour décrire ce que je pense. Score : _____
15. Quand je lis, je centre toute mon attention sur
ce que je suis en train de lire. Score : _____
16. Je crois que certaines de mes pensées ne sont
pas normales ou mauvaises, et que je ne
devrais pas penser de cette façon. Score : _____
17. Je remarque comme les aliments et les
boissons affectent mes pensées, mes
sensations corporelles et mes émotions. Score : _____
18. J’ai du mal à trouver les bons mots pour
exprimer comment je me sens par rapport aux
choses. Score : _____
19. Quand je fais des choses, je me sens
complètement absorbé(e) et je ne pense à rien
d’autre. Score : _____
20. Je porte des jugements à propos de mes
bonnes ou mauvaises pensées. Score : _____
21. Je prête attention aux sensations comme le
vent dans mes cheveux ou le soleil sur mon
visage. Score : _____
22. Quand j’ai une sensation dans mon corps, il
est difficile pour moi de la décrire parce que
je ne trouve pas les bons mots. Score : _____
23. Je ne prête pas attention à ce que je fais parce
que je suis dans la lune, je m’inquiète ou suis
distrait(e) par d’autres choses. Score : _____
24. J’ai tendance à porter des jugements et à
qualifier mes expériences d’intéressantes ou
d’inintéressantes. Score : _____
25. Je prête attention aux sons comme le tic-tac
des horloges, les piaillements d’oiseaux ou
des voitures qui passent. Score : _____
26. Même quand je me sens vraiment énervé(e) je
trouve un moyen de le dire. Score : _____
27. Quand je fais des tâches ménagères telles que
laver le linge ou nettoyer, j’ai tendance à être
dans les nuages ou à penser à d’autres choses. Score : _____
28. Je me dis que je ne devrais pas penser de la Score : _____
façon dont je pense.
29. Je remarque les odeurs et les arômes des
choses. Score : _____
30. Je prête intentionnellement attention à mes
sentiments. Score : _____
31. J’ai tendance à faire plusieurs choses en
même temps plutôt que de me concentrer sur
une seule chose à la fois. Score : _____
32. Je pense que certaines de mes émotions sont
mauvaises ou inappropriées et que je ne
devrais pas les ressentir. Score : _____
33. Je remarque des éléments visuels artistiques
ou de la nature comme les couleurs, les
formes, les textures ou les reflets de la
lumière ou l’ombre. Score : _____
34. J’ai une tendance naturelle à verbaliser mes
expériences. Score : _____
35. Quand je travaille sur quelque chose, une
partie de mon esprit est occupée avec d’autres
sujets tels que ce que je ferai plus tard ou les
choses que j’aimerais mieux faire. Score : _____
36. Je me blâme d’avoir des idées irrationnelles. Score : _____
37. Je suis attentif(ve) à la façon dont mes
émotions affectent mes pensées et mon
comportement. Score : _____
38. Je suis complètement absorbé(e) quand je fais
quelque chose et toute mon attention est
centrée dessus. Score : _____
39. Je remarque quand mon humeur commence à
changer. Score : _____
OBSERVER :
Affirmation 1 5 9 13 17 21 25 29 30 33 37 39
Votre score
DÉCRIRE :
Affirmation 2 6 10 14R 18R 22R 26 34
Votre score
AGIR EN CONSCIENCE :
Votre score
Votre score
KRISHNAMURTI
J’espère vous avoir montré comment la méditation peut vous aider à vous
observer dans vos accompagnements et à cultiver une posture plus juste.
Mais vous en tenir à lire ce livre serait comme lire un livre de cuisine : on
connaît les ingrédients de la recette, on sait comment la réaliser, et l’on peut
se représenter le résultat final, mais ce n’est ni savoir faire la cuisine ni
goûter le plat ! Ce que je vous ai décrit dans ce livre a la même vocation
qu’un livre de cuisine : vous donner envie de faire la recette en vous
donnant une image de ce à quoi cela mène (le résultat qu’elle permet
d’atteindre), vous donner les étapes (comment elle nous permet de
l’atteindre), vous donner les ingrédients (les pratiques). Mais si vous ne
pratiquez pas, vous ne goûterez jamais les bénéfices de la méditation. Seule
la pratique vous permettra de transformer votre savoir en une connaissance
qui va au-delà de la compréhension conceptuelle car l’ultime savoir est un
savoir vécu.
Des études montrent que méditer vingt minutes par jour pendant huit
semaines suffit à commencer à changer la structure du cerveau et à ressentir
les bénéfices, alors, essayez !
À des villageois qui demandaient à Bouddha comment savoir que et qui
croire parmi toutes les doctrines proposées par les différents gourous,
savants, etc., celui-ci répondit :
« Ne croyez à rien simplement parce que vous l’avez entendu dire.
Ne croyez à rien simplement parce que beaucoup le disent et en parlent.
Ne croyez à rien simplement parce que c’est écrit dans vos livres religieux.
Ne croyez à rien sur la seule foi de vos maîtres et de vos anciens.
Ne croyez pas aux traditions parce qu’elles sont transmises depuis des
générations.
Mais après avoir observé et analysé, quand vous constatez que quelque
chose est conforme à la raison, bon et profitable pour tous, alors acceptez-
le et mettez-le en pratique2. »
POINT CLÉ
Imaginer vivre à 100 % en pleine conscience est rêver l’impossible, ne
serait-ce que parce que nous prenons 3 à 4 décisions par seconde et qu’un
contrôle volontaire et conscient sur chacune d’entre elles nous
empêcherait de faire quoi que ce soit d’autre. N’ayez donc pas d’attente
illusoire sur les effets de la pratique.
Trouver du temps
L’objection la plus fréquente pour s’y mettre, même en étant conscient des
bénéfices que pourrait apporter la pratique est que l’on manque de temps.
Compte tenu de la complexité et de la rapidité de notre monde, si nous
attendons d’avoir tout terminé pour pouvoir méditer, nous ne trouverons
jamais le temps. Pourtant de grands patrons y parviennent au long cours. Il
s’agit donc de choisir de répartir son temps différemment.
Pendant une semaine, téléchargez une application qui vous permet de
calculer votre temps passé sur votre téléphone et votre tablette (Moment©
par exemple), et notez chaque jour également le temps passé devant la
télévision.
J1 Temps d’écran
J2 Temps d’écran
J3 Temps d’écran
J4 Temps d’écran
J5 Temps d’écran
J6 Temps d’écran
J7 Temps d’écran
TOTAL TEMPS
Ancrer sa pratique
Prendre un engagement avec soi-même
LAO TSEU
ARNAUD DESJARDINS
À quel moment ?
Régularité de la pratique
Essayez de pratiquer chaque jour. Quelques minutes au début valent mieux
qu’une heure pour maintenir une pratique régulière. En effet, il est
préférable de choisir une durée que vous pouvez facilement extraire de
votre agenda pour méditer et lorsque les premiers bienfaits s’installeront,
vous aurez envie d’y passer plus de temps. Cette motivation vous aidera à
trouver le temps supplémentaire. Mais la régularité est la condition de
l’efficacité. Comme le disait un de mes enseignants : « C’est comme pour
l’hygiène, mieux vaut une douche rapide chaque jour qu’un grand bain
seulement le dimanche. »
Trouver du temps chaque jour pour méditer n’est pas aisé dans nos vies
surchargées. Certains jours, il vous faudra arriver à vous convaincre de vous
asseoir parce qu’il vous semblera ne pas avoir le temps ou parce que vous
n’en aurez tout simplement pas envie.
Essayez de maintenir une pratique quotidienne coûte que coûte. Même une
seule minute. Essayez de créer une routine, de l’accoler à quelque chose que
vous faites tous les jours. Pour ma part, c’est la première chose que je fais
en me levant.
RETOUR D’EXPÉRIENCE
C’est la routine que vous instituerez qui vous aidera à maintenir
cette pratique régulière.
Quand elle sera vraiment ancrée, vous pourrez allonger le temps alloué à la
pratique.
Si vous manquez un ou deux jours, ce n’est pas grave mais ne laissez pas
trop de délai s’installer avant votre prochaine pratique, sinon vous risquez
de ne plus trouver l’énergie de vous y remettre. Créez-vous un rappel pour
être certain de ne pas oublier. Ce peut être une alarme sur votre portable, un
Post-it sur votre miroir de salle de bains ou votre frigo.
Pour vous encourager, ne négligez pas l’intérêt de vous attribuer une
récompense, comme un carré de chocolat, un compliment devant la glace ou
quoi que ce soit d’autre qui ait du sens pour vous. Il existe également des
applications de méditation qui comptabilisent et proposent des statistiques
de vos temps de pratique et vous félicitent lorsque vous atteignez des paliers
(Headspace© par exemple). Certes les bienfaits que vous en tirez pourront
être suffisants, mais pour les jours où il est plus difficile de s’y mettre et
pour ancrer la régularité, ce peut être de bons moyens.
Comme pour ancrer toute habitude, un autre moyen pour s’astreindre à
respecter son engagement est de le partager avec son entourage.
Tenir un journal
Je vous recommande de prendre quelques instants après chaque méditation
(au moins le premier mois) pour inscrire votre expérience dans votre
journal. Une fois cette habitude prise, vous pourrez le faire mentalement. Il
s’agit de faire le point sur ce que vous avez vécu et tirez de la pratique.
Cette démarche est vraiment essentielle pour tirer le meilleur de la pratique.
Quand on pratique en groupe, c’est l’instructeur qui vous invite à verbaliser
votre expérience. Cela vous permet de tirer des enseignements et également
d’apprécier le chemin que vous parcourrez avec la méditation. Quelques
questions pour guider cet exercice :
Quelque chose vous a-t-il distrait pendant la méditation ? Quoi ?
Quelles pensées vous ont surtout habité ?
Dans quel état émotionnel étiez-vous ? Comment s’est-il manifesté ?
Quelles sensations corporelles avez-vous ressenti plus
particulièrement ?
De quoi avez-vous fait l’expérience ?
Que retenez-vous ?
Vous pouvez tout simplement noter le jour, la durée et l’enseignement que
vous tirez de la méditation que vous venez de vivre.
Voici un exemple de journal :
Ce que
cela me
Mes
donne
observations :
Thème Heure envie
Quelle pratique Heure ce dont j’ai
de Date de de faire
(formelle/informelle) ? de fin pris
travail début pour
conscience/ce
aller
qui a changé
plus
loin
J1
J2
J3
J4
J5
J6
J7
Bilan de
ma
semaine
Soutien à la pratique
Si vous préférez débuter votre pratique en étant accompagné et soutenu
dans vos premiers pas et bénéficier de toute la puissance de la démarche
développée sous forme d’un parcours, de la richesse d’explorer sa propre
expérience vécue en étant guidé par un enseignant, en individuel ou en
groupe, n’hésitez pas à entrer en contact avec moi.
Votre pratique installée peut également être soutenue par des méditations en
groupe.
Il est également intéressant d’entendre et de pouvoir partager avec d’autres
le fruit de vos découvertes, vos progrès, les effets sur vos
accompagnements, vos difficultés dans la pratique ou dans la mise en œuvre
dans vos coachings… pour ancrer vos apprentissages et trouver du soutien
face aux difficultés que vous rencontrerez. Si vous souhaitez rejoindre une
communauté de pratique avec d’autres accompagnants, contactez-moi
directement : accompagnerenpleineconscience@gmail.com
En anglais
R. Baer, The Practicing Happiness, New Harbinger Publications,
Workbook Édition, 2014.
D. Goleman, R. J. Davidson, Altered Traits: Science Reveals How
Meditation Changes Your Mind, Brain, and Body, Avery, 2017.
T. Reik, Listening with the Third Ear: the Inner Experience of a
Psychoanalyst, Farrar, Straus and Giroux, 1983.
En français
C André, Méditer jour après jour. 25 leçons pour vivre en pleine
conscience, L’Iconoclaste, 2011.
P. Chödrön, La Voie commence là où vous êtes. Guide pour pratiquer la
compassion au quotidien, Pocket, 2004.
A. R. Damasio, Le sentiment même de soi, Odile Jacob, 2002.
K. G. Dürckheim, Le centre de l’être, Albin Michel, 1992.
T. N. Hanh, Le miracle de la pleine conscience, J’ai Lu, 2008.
J. Kabat Zinn, Reconquérir le moment présent… et votre vie. La méditation
de pleine conscience pour les débutants, Les Arènes, 2014.
J. Kabat-Zinn, Au cœur de la tourmente, la pleine conscience. Le manuel
complet de MBSR, ou réduction du stress basée sur la mindfulness, J’ai Lu,
2012.
J. Kabat-Zinn, L’éveil des sens. Vivre l’instant présent grâce à la pleine
conscience, Les Arènes, 2009.
J. Kabat-Zinn, Où tu vas, tu es. Apprendre à méditer en tous lieux et en
toutes circonstances, JC Lattès, 1995.
J. P. Lachaux, Le cerveau attentif. Contrôle, maîtrise et lâcher-prise, Odile
Jacob, 2013.
J. Y. Leloup, Prendre soin de l’être. Philon et les thérapeutes d’Alexandrie,
Albin Michel, 2017.
Y. Liénard, À la recherche de son vrai soi, Odile Jacob, 2015.
C. Massin, Souffrir ou aimer, Odile Jacob, 2017.
J. Monbourquette, Le guérisseur blessé, Novalis Canada, 2013.
E. Tolle, Le pouvoir du moment présent, J’ai Lu, 2010.
C. Trungpa, Méditation et action, Seuil, 1981.
Index
A
Accompagnement 17, 27, 31, 33, 41, 46, 56, 66, 67, 106, 161, 177, 203, 213
Accueil inconditionnel 35, 71, 113, 228
Attention 106, 153, 175
B
Bien-être 84, 129
Bienveillance 35, 40, 113, 124, 127, 128, 130, 195, 196
C
Cadre de travail 30, 38, 47, 54, 61
Cerveau 93, 160, 240
Coaching 17, 70, 85, 209, 210
Cœur 48, 55, 171, 214
Compassion 41, 115, 129, 132, 134, 186, 215, 239
Comprendre 213, 223
Confiance 31, 33, 39, 45, 57, 137, 199, 204
Conscience 159, 165, 198, 214
Contrôle 136, 146, 240
Corps 55, 171, 198, 215
Curiosité 107, 170, 174, 198
D
Détachement de soi 43, 72, 135, 228
Distractions 92, 107
E
Écoute empathique 32, 40, 48, 55, 63
Ego 43, 135, 205, 227
Émotions 105, 171, 185, 189, 194, 195, 196, 197, 198, 199, 200, 201, 202,
203
Entraînement 87, 106, 132, 193, 200, 209, 226
Environnement 57, 93, 125, 175, 202, 209
États émotionnels 62, 94, 199, 202, 203
États internes 37, 66, 171, 198, 203, 206
Être 29, 46, 84, 91, 106, 239, 240
F
Faire 84, 91, 102, 131, 137, 145, 150
H
Habitudes 58, 68, 81, 94, 130, 161, 227
I
Identité 137, 150
Instant présent 53, 102, 106, 178, 240
Intellect 162
Intelligence émotionnelle 59, 74, 183, 228
J
Jugement 113, 125, 126, 129, 130, 131
M
Méditation de pleine conscience 79
Mental 102, 103, 104
Méthode C.O.A.C.H. 211
Mindfulness 19, 79, 80, 87, 102, 109, 124, 145, 169, 193, 205, 216, 222,
224, 240
Moi 148, 150, 213
N
Non-jugement 35, 40, 113, 117, 128, 130, 169
O
Objectivité 135
Observation 86, 107, 146, 148, 150, 176
Ouverture 51, 73, 159, 228
P
Pensées 149, 173
Perceptions 159, 177
Perceptions sensorielles 52, 81, 181
Performance 136
Pleine conscience 79, 209, 240
Pleine conscience (test de) 216
Posture juste 25, 77, 211, 213
Pratique 96, 102, 106, 111, 118, 125, 128, 133, 140, 145, 150, 156, 164,
170, 174, 180, 188, 194, 198, 207, 223, 231, 233, 238
Présence attentive 27, 70, 91, 108, 228
R
Réagir 42, 45, 49, 64, 80, 147, 149, 152, 185, 199, 213
Récompense 138
Regard 68, 174
Relaxation 84
Résonance 50, 55, 60, 202
Ressentir 211
S
Sécurité 136
Sensations 105, 171, 178
Silence 45, 50, 154, 176
Souffrance 191
T
Temps 125, 186, 230
Tête 84, 214
V
Vision 152
Vulnérabilités 37, 39, 40, 44, 114, 129, 136, 196
Merci d’avoir choisi ce livre Eyrolles. Nous espérons que votre
lecture vous a plu et éclairé(e).
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