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PRÉPARONS NOTRE
VOYAGE
CHAPITRE 1
COMMENT UTILISER
CE LIVRE
OPTION DICTAPHONE
Lors de certains exercices, vous serez invité à fermer les yeux
pour vous représenter des images, expérimenter votre ressenti
corporel ou aller à la rencontre de votre monde intérieur. À d’autres
moments, vous serez invité à faire des mouvements avec votre
corps.
Ce n’est pas très pratique de lire des instructions les yeux fermés
ou de bouger avec un livre à la main ; nous vous proposons donc
d’enregistrer les consignes des exercices précédés par le
pictogramme à l’aide d’un dictaphone ou de votre téléphone
portable.
Lorsque vous aurez enregistré ces consignes, vous pourrez les
écouter pour faire et refaire les exercices, une fois, deux fois, et plein
d’autres encore !
LE RESSENTI CORPOREL
Ce livre part du principe que la Vie est intelligente, qu’elle ne se
trompe pas.
Notre corps est aussi intelligent car, entre mille merveilles plus
étonnantes les unes que les autres, il possède le pouvoir de
s’autoréguler et de s’autoguérir, pour peu qu’on soutienne ces
processus.
Dans la mesure où les blessures de notre histoire sont
enregistrées en premier lieu dans le corps et que c’est sur un plan
physiologique que les premiers blocages s’opèrent, une attention
toute particulière est accordée dans ce livre au ressenti corporel.
Dans de nombreuses propositions, vous serez invité à prendre
conscience de ce qui se passe au-dedans, dans une optique de
soutien de la mécanique d’autoguérison de votre corps. Cependant,
il peut s’avérer compliqué pour certaines personnes de poser
l’attention sur leur corps et de sentir ce qui s’y passe. Cela
s’explique car c’est le premier lieu où nous avons souffert. Et la Vie,
dans sa grande intelligence, nous a permis de nous couper de ce
corps, ou de certaines de ses parties, pour moins ressentir. Cette
protection nous a été et nous est sans doute encore précieuse.
Si jamais vous avez des difficultés à ressentir ce qui se passe
dans votre corps, ne soyez pas inquiet. Au contraire, cela veut dire
que votre corps cherche à vous communiquer quelque chose. Il a
besoin de temps, de douceur, de repos et, tout simplement, de se
sentir en sécurité.
Lorsque vous vous sentirez plus apaisé, reprenez la lecture du
livre et, à un moment donné, vous sentirez l’élan de tester un
exercice. Revenir à son corps peut nécessiter beaucoup de temps et
requiert énormément de douceur et de bienveillance envers soi.
Rien n’est jamais perdu et chaque petit pas est un pas de géant.
Soyez-en certain.
Le corps est prêt quand il est prêt. Il est comme une fleur : rien ne
sert de tirer dessus pour que ça aille plus vite. Respectez votre
rythme et le sien. Les retrouvailles, lorsqu’elles prennent leur temps
et qu’elles se font au bon moment, ont un goût de délice infini.
LENTEUR ET RONDEUR
Un des principes essentiels qui sous-tendent l’intégration
profonde, cellulaire, de ce que vous allez découvrir dans cet ouvrage
réside dans la lenteur.
La tendance à aller vite et à se dépêcher est une injonction très
répandue de nos jours. Le rythme général est celui de la rapidité et
l’impatience en est son corollaire.
Dans le royaume dans lequel nous nous apprêtons à pénétrer, les
règles du jeu sont inversées.
Il s’agit d’aller lentement, car c’est le rythme de nos structures
profondes. Le plus lentement possible. Autant lors de votre lecture,
pour vous permettre d’être en présence de ce qui se passe en vous,
que lorsque vous effectuez des exercices, notamment ceux qui
incluent le corps.
Tel le Petit Prince avec le renard, notre monde intérieur a besoin
de lenteur et de calme pour être apprivoisé et livrer ses trésors.
Approfondissement
Vous avez envie d’ouvrir votre esprit à une nouvelle manière de vivre
l’engagement ?
Installez-vous confortablement, veillez à déconnecter toute source de
distraction. Si cela est bon pour vous, nous vous invitons à fermer les yeux.
Prenez quelques instants pour laisser venir à vous le souvenir d’un moment
fort de votre vie où vous avez choisi de vous engager pleinement. Peut-être
était-ce auprès d’une personne, ou bien pour une activité, un projet, un
travail.
Si vous hésitez entre plusieurs moments, choisissez celui qui vous procure le
plus d’énergie et de joie en y repensant.
Si aucun souvenir d’engagement profond ne remonte à la surface, vous
pouvez vous rappeler un passage d’un film ou d’un livre où le personnage
s’engage corps et âme dans une action ou auprès de quelqu’un.
Peu importe la fin de l’histoire, qu’elle soit vraie ou imaginaire. Ce qui compte,
c’est le ressenti corporel que vous avez au moment où vous vous reliez avec
ce moment ou cette image d’engagement.
Observez ce qui se passe dans votre corps de manière globale et votre état
intérieur général quand vous y songez. Est-ce agréable ? Énergisant ?
Sentez-vous une envie de bouger ou bien des micromouvements se
produisent-ils à un endroit ou un autre de votre corps ?
Prenez le temps de goûter ce qui vous traverse. De vous laisser sentir ce qui
se passe très concrètement, au niveau de la matière corporelle, lorsque vous
vous engagez ou que vous vous reliez à la dimension de l’engagement dans
toute sa puissance.
Quand vous aurez suffisamment goûté cette sensation, vous allez pouvoir
terminer cet exercice. Ouvrez doucement les yeux et poursuivez votre lecture
ou votre journée.
L’INTENTION FORTE
Un des moyens pour ancrer l’engagement et le préserver au fil du
temps est d’être porté par une intention forte.
L’intention est la force intérieure qui nous meut dans une direction
précise.
Malheureusement, nous n’avons pas toujours accès au pouvoir de
notre intention car nous sommes souvent pris dans le quotidien,
identifiés à ce que nous faisons, et, errant mentalement entre le
passé et les projections futures, nous sommes ainsi non présents à
nous-mêmes.
S’il vous arrive de constater que vous êtes « à côté de vos
pompes » ou, en l’occurrence, de vous demander pourquoi vous
poursuivriez la lecture de ce livre ou pourquoi vous vous donneriez
la peine de faire les exercices, la proposition suivante a pour
vocation de laisser jaillir une intention que vous pourrez nourrir au fil
des jours afin qu’elle vous porte tout au long de cet ouvrage, et
même plus loin.
Approfondissement
Cherchez un endroit calme où vous pourrez vous installer sans distractions
pendant quelques minutes. Laissez-vous le temps de sentir à quel endroit
vous avez envie de vous poser. Il se peut qu’automatiquement vous
cherchiez à aller au plus simple, au plus connu. C’est normal. C’est le pouvoir
de vos habitudes qui cherche à vous faciliter la tâche. Prenez votre temps.
Puis installez-vous confortablement. Peut-être faudrait-il caler un petit
coussin derrière votre dos ? Ou ajuster la position de vos jambes, prendre
une petite couverture ou aérer un bon coup avant de vous lancer ? Prenez ce
temps. Cela fait déjà partie de l’exercice de vous laisser sentir ce qui est bon
pour vous.
Vérifiez une nouvelle fois : est-ce que vous êtes le mieux installé possible ?
Pouvez-vous encore améliorer votre confort ?
Si oui, faites les derniers ajustements nécessaires.
Une fois bien calé, prenez le temps de déguster ce que cela vous fait d’avoir
pris soin de votre confort en conscience.
Maintenant, fermez les yeux, si vous le souhaitez, et laissez-vous porter
par la réflexion suivante.
À l’intérieur de vous, nichée au creux de votre être, réside une partie qui sait
ce qui est bon pour vous. Ce ne sont pas des paroles ou des pensées qui ont
un avis, c’est tout simplement une partie qui sait, qui est mue par l’évidence
et qui ne doute jamais.
Peut-être n’avez-vous jamais rencontré cette partie.
Elle murmure, alors que d’autres parties de vous parlent si fort pour essayer
de se faire entendre enfin.
Que vous l’ayez déjà rencontrée ou pas, cela n’a pas d’importance. Que vous
croyiez si c’est vrai ou non n’est pas crucial non plus. Tentez l’expérience en
faisant appel intérieurement à cette partie-là en vous.
En avoir l’intention est suffisant.
Une fois que vous aurez fait cette « demande de connexion », vous pouvez
demander à cette partie de se manifester par une sensation, une image, une
couleur. Cela pourra vous aider à entrer en relation plus simplement avec
elle.
Si rien de concret ne se passe, tout va bien. Continuez l’exercice.
Partant du principe que cette partie sait ce qui est bon pour vous, vous
pouvez lui demander de vous mettre en contact avec une intention forte qui
vous permettra de suivre ce livre jusqu’au bout – ou toute autre action que
vous désirez accomplir.
Laissez venir les images, les pensées, les ressentis qui se présentent à vous.
Voyez comment ces éléments peuvent vous donner la motivation pour
avancer dans votre traversée. Peut-être s’agit-il d’un état que vous voulez
installer en vous ou d’un objectif que vous souhaitez atteindre ? Peut-être
est-ce plus flou, mais un ressenti fort agréable demeure et c’est la quête de
ce ressenti qui vous portera pendant votre traversée.
Tout est bon à prendre.
Et si vous avez l’impression qu’il ne se passe rien ou qu’au contraire
l’expérience éveille en vous des ressentis ou des émotions désagréables, il
est possible que cet exercice ne soit pas idéal pour vous sous cette forme-ci
et qu’il vous serait plus bénéfique de réfléchir à la question de manière plus
rationnelle.
Tous les moyens sont bons, du moment qu’ils résonnent avec votre forme
actuelle.
Si vous le souhaitez, notez votre intention ou dessinez-la dans votre cahier.
Elle aura une place importante, notamment quand vous douterez ou que la
paresse vous guettera.
ACCÉDER À VOTRE RESPONSABILITÉ
Par notre propos, nous souhaitons faire appel à votre désir de
devenir acteurs de votre vie. Cultiver votre capacité à prendre soin
de vous dans le présent en ne négligeant pas les blessures du
passé pour lesquelles vous n’êtes pas coupables.
Ce livre a pour vocation de créer une nouvelle narrative2 qui
prenne en considération l’intelligence de la Vie et des processus
qu’elle sous-tend, à savoir nous faire parfois réagir fortement ou
nous couper d’une partie de nous, par exemple.
Néanmoins, nous avons à prendre notre responsabilité sur notre
vécu actuel et la manière dont nous répondons aux événements
présents. Car si nous ne le faisons pas, nous laissons notre pouvoir
au passé, aux autres, à nos blessures. Prendre notre responsabilité,
c’est aussi reprendre notre pouvoir. Passer de la réaction
inconsciente à la réponse consciente, telle est l’invitation qui vous
est faite dans cet ouvrage.
1. Vous trouverez un index des exercices en fin d’ouvrage afin d’avoir une vue
d’ensemble des exercices proposés dans le livre.
2. Une nouvelle narrative est la manière dont les choses se racontent à l’intérieur
de nous, qui détermine notre façon de nous percevoir et d’interagir avec nous-
mêmes, les autres et l’environnement.
CHAPITRE 2
PETIT RÉCIT À L’USAGE
DE L’HYPERSENSIBLE
AVERTI
Approfondissement
Installez-vous confortablement et, si cela vous convient, fermez les yeux.
Prenez le temps de sentir le poids de votre corps. Octroyez-vous la possibilité
de relâcher les tensions accumulées dans votre corps en sachant que la
Terre, en dessous de vous, vous soutient totalement. Elle peut vous accueillir
entièrement y compris avec vos poids et tensions.
Une fois bien déposé, rappelez-vous le moment où vous avez découvert
l’existence de l’hypersensibilité. Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez fait
le lien entre ce sujet et votre propre vécu ?
Peu importe si vous ne vous rappelez pas exactement le moment où c’est
arrivé. Il suffit que vous ayez l’intention de vous en souvenir pour que votre
corps s’en rappelle.
Au-delà des images qui peuvent affleurer ou pas, observez ce qui se passe
au niveau de votre ressenti lorsque vous appelez à vous ce souvenir.
Toutes les sensations, y compris minimes, sont les bienvenues.
Un petit tressaillement de l’épaule, le cœur qui bat plus vite, un frisson dans
le dos, des fourmis dans les pieds, les mains moites, une légère oppression
dans la poitrine, une ancienne douleur qui se réveille.
Tout est bienvenu et parfait.
En parallèle des ressentis physiques, détectez-vous une ou plusieurs
émotions ? des sentiments ?
Ce n’est pas important si vous ne savez pas les nommer. Il suffit de leur
laisser la place pour qu’ils puissent apparaître.
L’idée n’est pas de plonger dans ces ressentis et émotions, mais tout
simplement de les effleurer, pour ramener le souvenir à vous.
Maintenant, prenez quelques instants pour prendre conscience de votre état
intérieur global.
Quel est votre niveau d’énergie actuel ?
Finalement, était-ce une nouvelle positive, négative ou quelque chose de plus
complexe que ça ?
PARTIE 2
D’UNE
HYPERSENSIBILITÉ
SOUFFRANTE...
CHAPITRE 3
AUX ORIGINES DU « TROP »
L’HYPOTHÈSE HYPERSENSIBLE
Pourquoi est-ce que je me sens submergé quand je vis certaines
choses ?
Pourquoi est-ce que je réagis si intensément alors que d’autres
restent de marbre et me disent que j’en fais trop ?
Pourquoi est-ce que je me sens toujours trop… intense, prise de
tête, compliqué, chiant, susceptible, à fleur de peau… ?
L’HYPOTHÈSE DU TRAUMATISME
Qu’est-ce que ça veut dire, évacuer le trop-plein d’énergie ?
Le brillantissime docteur Peter Levine, psychologue et
psychothérapeute américain créateur de la méthode de résolution de
traumatismes Somatic Experiencing®, s’est intéressé, entre autres, à
l’éthologie. Il découvrit par ses recherches que les animaux ayant
« figé » face à un danger mortel passaient un temps certain à se
défaire de ce trop-plein d’énergie en tremblant et en exerçant des
mouvements en apparence désarticulés avant de revenir parmi leurs
congénères.
Des éthologues lui expliquèrent que c’était leur façon d’évacuer le
stress et qu’une fois cette phase achevée les animaux ayant vécu
une menace de mort ne présentaient ensuite aucun symptôme de
détresse.
Chez nous, humains, c’est une autre paire de manches.
LES TRAUMATISMES
DE DÉVELOPPEMENT :
CES GRANDS OUBLIÉS
Peut-être n’avez-vous jamais vécu de situation que vous
considérez traumatisante et que, malgré tout, vous vous retrouvez
bien dans certains ou beaucoup des symptômes mentionnés dans la
liste.
Comme cela se fait-il ?
Il existe une autre source de traumatisme aux conséquences
douloureuses, qui est moins facilement identifiable et qui prend
racine à l’aube de notre existence : les traumatismes relationnels
précoces. Ils sont générés par des manquements vécus lors de la
période d’attachement, qui débute à la gestation et se poursuit tout
au long de notre toute petite et petite enfance.
Dans ce cas, il s’agit principalement de traumatismes « passifs »
provoqués par des choses qui ne nous sont pas arrivées,
contrairement aux situations traumatiques évoquées dans le chapitre
précédent.
Par exemple, nous avons pu manquer de la présence aimante et
bienveillante de nos parents lorsque nous avions peur et besoin de
réassurance, nous avons pu avoir un parent coupé de lui-même et
de ses émotions, même s’il était présent physiquement, ou bien un
parent très anxieux et dépassé par les événements, incapable de
nous aider à réguler nos propres états intérieurs – que nous-mêmes
ne pouvions gérer en raison de notre très jeune âge et de
l’« immaturité » de notre système nerveux ultrasensible de petit
bébé.
À chaque manquement, nous avons pu vivre un moment
d’immense détresse et de grande solitude, qui a organisé le
déclenchement du processus traumatique. D’autant plus si ces
manquements se sont répétés sur la durée.
Imaginez un instant un tout petit bébé allongé dans son lit.
Soudain, il est tenaillé par la faim ou il entend un bruit qui l’effraie.
Naturellement, il va exprimer son besoin de nourriture ou de
réassurance par des gémissements puis des pleurs, voire des cris,
si son besoin n’est pas satisfait. Si sa demande reste sans réponse,
l’enfant se sent totalement submergé et s’effondre intérieurement.
Puisqu’il ne peut pas remettre en question les manquements des
personnes qui l’ont à charge – qui représentent pour lui la
référence –, il finit par croire que ses besoins sont infondés et que, si
quelque chose cloche, c’est chez lui. Cela s’accompagne aussi en
général d’un sentiment de culpabilité et de honte.
De l’extérieur, les personnes responsables de l’enfant pourront
interpréter ses pleurs et ses cris comme un « caprice » puis le
figement et l’effondrement qui l’amènent à se taire comme un
apprentissage de la leçon et le développement de sa capacité à se
calmer tout seul ; ils passeront vite à autre chose.
Ces événements sont vécus si fréquemment qu’ils sont
considérés comme anodins. Alors que dans le corps ultrasensible du
bébé, muni d’un système nerveux très fragile et en construction, de
telles expériences sont en réalité des drames.
Lorsque la réponse au besoin vital de l’enfant est inexistante ou
insuffisante et qu’il manque de la réassurance de la part de ses
proches, il se voit privé de la possibilité de réguler son système
nerveux affolé. Celui-ci, pour supporter l’insupportable, va
fragmenter les parties les plus endolories qui ont reçu le choc sur les
plans physique, mental et émotionnel puis les mettre de côté, en les
« gelant » et en les isolant du reste de sa personne pour préserver
son intégrité globale.
Ainsi, une ou plusieurs parties du bébé demeureront exilées et
laissées pour compte à l’intérieur de lui, inaccessibles et à la fois
actives tout au long de sa vie, avec leur charge énergétique
traumatique figée dans l’âge où il se trouvait au moment où il a vécu
ce traumatisme.
Le manque de réponse au besoin de l’enfant ajouté au manque de
réassurance de la part de ses proches pour lui permettre de se
réguler et d’assimiler ce manque constituent des causes très
fréquentes de traumatisation dans la petite enfance et ont un impact
majeur sur la construction du système nerveux d’un bébé, en le
dérégulant en profondeur.
Les enfants ayant vu leurs besoins essentiels constamment
inassouvis auront, plus tard, le plus grand mal à être en phase avec
leurs propres besoins.
Le lien entre les traumatismes de l’enfance
et les problèmes de santé à l’âge adulte :
l’étude ACE
L’étude des expériences défavorables de l’enfance (ACE) est
l’une des plus grandes enquêtes sur l’impact de la maltraitance
et de la négligence pendant l’enfance sur la santé et le bien-
être plus tard dans la vie.
L’étude originale des ACE a été menée par l’Institut Kaiser
Permanente de 1995 à 1997 avec deux vagues de collecte de
données. Plus de 17 000 personnes ayant subi des examens
physiques ont répondu à des sondages confidentiels
concernant leurs expériences dans l’enfance, leur état de santé
et leurs comportements actuels.
Les chercheurs ont étudié la relation entre ces 10 ACE :
violence physique,
abus sexuel,
violence psychologique,
négligence émotionnelle,
négligence physique,
personne souffrant de troubles mentaux, déprimée ou
suicidaire à la maison,
membre de la famille toxicomane ou alcoolique,
témoin de violence domestique contre la mère,
perte d’un parent par décès ou abandon par divorce parental,
incarcération de tout membre de la famille pour un crime.
Les chercheurs ont constaté que ces expériences avaient un
impact profond sur les résultats de santé plus tard dans la vie.
L’étude ACE a révélé que le stress est un mécanisme
biologique. Les expériences traumatisantes n’arrivent pas
simplement aux enfants, elles se produisent dans leur cerveau
et leur corps. Le stress amène le corps à libérer du cortisol. Une
exposition prolongée à des niveaux dangereusement élevés de
cortisol – connus sous le nom de « stress toxique » – a un
impact sur la capacité du cerveau à apprendre. Ainsi, les élèves
victimes de traumatismes courent un risque accru d’échec
scolaire et sont souvent sous-performants ou ont des difficultés
en classe.
Les études se poursuivent à ce jour, ainsi que la collecte des
données sur les ACE et leurs impacts sanitaires. Certaines
recherches ont commencé à élargir la définition des ACE pour
inclure l’impact du racisme, de l’oppression et de la violence
communautaire.
Les chercheurs ont également trouvé des corrélations entre les
expériences suivantes et les résultats de santé à long terme
des personnes les ayant subies :
racisme,
pauvreté,
oppression systémique,
exposition à la violence communautaire,
microagressions,
discipline scolaire trop punitive.
Pour les enfants souffrant de quatre ACE ou plus :
risque 10 à 12 fois plus élevé de consommation de drogues
intraveineuses et de tentative de suicide,
2 à 3 fois plus de risques de développer une maladie
cardiaque et un cancer,
32 fois plus susceptibles d’avoir des problèmes
d’apprentissage et de comportement,
Aux États-Unis, 8 des 10 principales causes de décès sont
en corrélation avec l’exposition à quatre ACE ou plus1.
Les traumatismes relationnels précoces ou de développement que
nous venons de mentionner, et qui sont remarquablement décrits par
Aline LaPierre et Laurence Heller dans leur livre Guérir les
traumatismes du développement2, sont beaucoup moins connus du
grand public.
Nous pouvons estimer avoir eu une enfance « normale et
heureuse » et pourtant avoir été victimes de traumatismes de
développement.
Plus tard, les enfants dont le système nerveux aura été déréglé
commenceront à avoir, malgré eux, certains des symptômes liés au
traumatisme : certains pourront sursauter facilement, être à fleur de
peau ou prendre tout personnellement, faire des cauchemars ou
avoir peur de s’endormir, angoisser « pour un rien », exploser de
rage dans un contexte qui ne l’explique pas ou, au contraire, ne plus
avoir de sensibilité.
Rassurez-vous…
Vous n’êtes pas vos
traumatismes !
C’est l’angoisse ?
ARRÊTEZ TOUT
et respirez !
LE TRAUMATISME PRIMORDIAL
Il existe un autre type de traumatisme, plus fondamental que les
précédents : le traumatisme lié à la blessure originelle, celle de
prendre forme, sur terre. Un traumatisme profond, lié à la douleur
d’exister, à la souffrance de l’incarnation. Il est vécu à la fois au
niveau individuel et au niveau collectif puisque nous le partagerions
tous en tant qu’êtres humains du fait de venir sur terre.
Thierry Vissac5, enseignant et chercheur spirituel, propose un
travail merveilleux autour de cette blessure primordiale qu’il appelle
« la faille ». Il raconte que nous avons à l’intérieur de nous un
espace de vérité, de liberté, un espace vierge, pur, une essence que
nous tenons souvent à l’écart alors qu’elle est notre vraie nature,
notre vraie ressource, intouchable et immaculée. Cet espace
précieux a été mis de côté, contraint et opprimé. Nous nous en
sommes éloignés lors de notre incarnation pour ne pas souffrir la
douleur de ne pas avoir été reçus et accueillis dans l’immensité de
l’amour que nous étions. Nous nous sommes sentis trahis,
abandonnés, laissés pour compte par nos parents et nos proches.
Pour nous en protéger, nous nous sommes privés de l’accès à cet
espace unique de vérité et d’amour qui, néanmoins, demeure en
nous, quoi que nous fassions et aussi loin de lui que nous puissions
nous sentir.
Voilà le traumatisme primordial ou ontologique – qui concerne
notre être – que nous porterions également, chacun, au fond de
nous.
D’accord, le tableau dressé jusqu’à présent n’est pas très joli mais
point de découragement, le soleil n’est pas bien loin !
J’ai un besoin
Pour vous aider à prendre soin de vous, nous vous présentons ci-après un
tableau récapitulant quelques-uns des besoins fondamentaux de l’être
humain.
Vous pouvez parcourir la liste et cocher ceux que vous estimez satisfaits
dans votre vie. Et vous célébrer pour cela !
Pour ceux qui ne seraient pas satisfaits ou pas complètement, que pourriez-
vous mettre en place comme acte concret pour aller dans le sens de leur
satisfaction ?
Aussi, en vous familiarisant avec ces besoins, vous vous aidez à les
reconnaître comme tels. Et, lorsqu’une émotion naîtra en vous la prochaine
fois, vous pourrez alors plus facilement identifier le besoin associé, qui n’est
pas satisfait. Reconnaître alors ce besoin et le nommer pour vous-même est
une clé pour sortir de l’identification à l’émotion tout en restant en contact
avec le besoin pour le satisfaire.
Notre vie quotidienne nous défie tous les jours, nous offrant chaque fois une
nouvelle opportunité de prendre soin de nos besoins en écoutant et
respectant nos émotions.
Bonne pratique !
Survie
Abri
Air
Confort
Contact physique
Détente
Douceur
Eau
Environnement sain
Espace
Exercice
Loisir
Lumière
Mouvement
Nourriture (au sens large)
Protection
Repos
Sécurité
Soins
Temps
Tendresse
Toucher
Intégrité
Assurance
Authenticité
Connaissance de soi, valeurs, rêves
Détachement
Équilibre
Estime de soi
Honnêteté
Recherche de sens
Respect de soi
Respect de son rythme
Sens de sa place
Sens de sa valeur
Autonomie
Affirmation de soi
Apprivoisement
Appropriation de son pouvoir
Calme
Espace pour soi
Estime de soi
Interdépendance
Liberté
Maîtrise
Solitude
Tranquillité
Vitalité
D’ordre relationnel
Acceptation
Accueil
Adaptation
Affection
Amour
Appartenance
Attention
Bienveillance
Chaleur humaine
Changement
Communication
Compréhension
Concertation
Confiance
Connexion
Contact
Continuité
Contribution à la vie
Coopération
Délicatesse
Direction
Discrétion
Douceur
Écoute
Égalité
Empathie
Engagement
Équité
Fiabilité
Fidélité
Flexibilité
Humilité
Inclusion
Intimité
Leadership
Lien
Loyauté
Mutualité
Ouverture
Partage
Présence
Proximité
Réciprocité
Réconciliation
Réconfort
Respect
Sincérité
Solidarité
Souplesse
Soutien
Stabilité
Transparence
Expression de soi
Accomplissement
Action
Clarté
Cohérence
Compréhension
Concision
Connaissance
Conscience
Créativité
Croissance
Évolution
Guérison
Lucidité
Nouveauté
Participation
Réalisation
Récréation
Recul
Responsabilité
Simplicité
Spontanéité
Stimulation
Célébration
Abondance
Beauté
Bonté
Communion
Deuil
Espoir
Goût d’expérimenter l’intensité de la vie
Harmonie
Humour
Inspiration
Jeu
Lâcher prise
Ordre
Paix
Plaisir
Sacré
Sagesse
Sens
Sérénité
Silence
Spiritualité
Transcendance
LA CULPABILITÉ : LA RACINE DU « MAL »
La culpabilité est au cœur de nos scénarios de souffrance.
Culpabilité face à nos réactions émotionnelles, à certains de nos
comportements ou actes, culpabilité face à nos ressentis eux-
mêmes, d’avoir telle ou telle émotion, voire d’avoir telle pensée,
culpabilité d’être tels que nous sommes (trop comme ci, pas assez
comme ça) et même d’exister.
Elle est un poison au sein de notre vie intérieure. Nous le savons,
et pourtant nous l’entretenons malgré nous, parfois consciemment
mais le plus souvent inconsciemment, au fond…
Mais attention ! Vous pourriez vite vous sentir coupable d’éprouver
de la culpabilité ! Gare à l’escalade !
Comment sortir de ce cercle vicieux ?
Et d’abord, comment fonctionne la culpabilité ? À quoi sert-elle ?
Comme pour une mauvaise herbe, il va nous falloir descendre à
sa racine pour nous en défaire. Enfin… vous pouvez aussi juste la
couper à ras du sol, et ça ira jusqu’à la prochaine fois. Mais si vous
voulez vraiment vous libérer de la culpabilité, il va falloir saisir le
problème à la base, et cela va nous obliger à descendre ensemble
en profondeur et à faire appel à notre clarté d’esprit.
Tout d’abord, la culpabilité est un sentiment, c’est-à-dire « un état
affectif complexe et durable lié à certaines émotions ou
représentations » (Larousse). Certains auteurs considèrent que la
culpabilité est un mélange de peur et de colère, retournée contre soi.
Nous trouvons ce regard intéressant et allons l’explorer.
Elle est aussi liée à une croyance associée à un jugement, celui
que nous avons fait quelque chose de mal.
Prenons un exemple : si je viens de dire un mensonge, de tricher
à un jeu, de faire preuve de mesquinerie ou d’accomplir un acte
répréhensible et que je suis pris sur le fait, j’éprouve naturellement
une gêne, de la honte – pas forcément de la culpabilité –, qui me
confronte à mon acte, transgressif d’un certain ordre établi. Cette
gêne, ou honte, est un mélange entre le plaisir d’avoir satisfait mon
élan et la peur d’être jugé pour cela ou de subir des représailles.
S’il n’y a pas de jugement ni de représailles, la peur se dissipe et
la gêne ou la honte avec. Je peux poursuivre ma vie.
Si je porte un jugement – sur mon acte ou sur moi-même –, alors
je vais ressentir de la culpabilité. Ce sentiment peut être considéré
comme un mélange de peur (celle d’être jugé ou des représailles) et
de colère (contre moi-même, d’avoir agi de la sorte). La culpabilité
vient donc de mon jugement et de cette colère que je retourne
contre moi-même.
Peut-être aussi que je sens de la colère contre le juge (que je suis
envers moi-même), car une part de moi considère qu’il est injuste !
En effet, je n’ai jamais voulu faire de mal. N’est-ce pas ? J’ai
simplement voulu gagner au jeu, obtenir quelque chose
gratuitement, tirer un profit, m’éviter des problèmes, etc. Si j’ai fait ce
que j’ai fait – quand bien même c’est répréhensible –, c’est avec une
intention positive, pour moi, en négligeant les autres, mais pas pour
nuire.
Alors pourquoi culpabiliser ?!
Essayons de démêler tout cela.
Pour mieux comprendre, prenons un second exemple : imaginons
cette fois que, lors d’un échange avec un proche, je m’autorise à lui
exprimer quelque chose qui ne me convient pas dans notre relation.
Cela fait des mois ou des années que je ne dis rien, que je subis. Et,
du fait du travail sur moi que j’ai entrepris depuis un moment, de la
confiance que j’ai peu à peu construite, j’ai le courage, cette fois-ci,
de m’affirmer. Bien sûr, j’ai pris soin d’y mettre les formes, de tenir
compte du lien, de ne pas juger ou faire de reproche, en parlant au
« je », en exprimant seulement mes ressentis, etc. Bref, je fais tout
ce qu’il faut pour que ça soit bien reçu.
Et là, patatras, malgré mes précautions, mon ami est terriblement
blessé ! Il se défend ou m’attaque, ou alors il est dans le déni… Mon
message passe complètement à côté. En fait, non, il a tapé en plein
dans le mille, mais l’autre n’est pas capable de recevoir ce retour de
ma part.
Il est fort probable que, dans une telle situation, je me sente mal,
avec un mélange d’émotions (surprise, peine, frustration, colère,
déception, honte…). Et il se peut que la bonne vieille culpabilité
repointe son nez :
« Euh… quelqu’un m’appelle ?!
– Non, non, c’est bon, tu peux aller t’recoucher.
– Si, si, j’ai bien entendu quelqu’un m’appeler.
– Grrr !… »
Bah voui ! On ne s’en débarrasse pas comme ça !
Approfondissement
Voici un mantra à écrire sur un Post-it et à coller sur votre miroir de salle de
bains. Vous pouvez aussi vous en faire un tatouage ;-)
Approfondissement
Maintenant, l’idée est d’accéder à votre énergie vitale, en sécurité.
Adressez-vous à elle en exprimant votre souhait de goûter sa saveur.
Observez ce qui se passe en vous, suite à votre requête.
Allez-y, ne soyez pas timide… vous pouvez y aller, ça ne mord pas. Par
exemple, au niveau du cœur… sentez, c’est vivant… ça respire… c’est
chaud, et ça pulse…
Et dans le bas-ventre… au niveau du vagin ou des testicules. Sentez-vous
quelque chose ? Du désir, du plaisir ? Ou autre chose ?
Vous pouvez prendre le temps de goûter simplement les sensations. C’est là,
disponible, c’est à vous, c’est gratuit, c’est bon…
Bon, on vous laisse…
Un autre des symptômes que nous avons évoqué dans la liste est
celui de l’évitement. En effet, les personnes dont le système nerveux
réagit au quart de tour comprennent instinctivement que certaines
situations et relations déclenchent du stress plus que d’autres. Elles
vont tout naturellement chercher à éviter ces situations et ces
relations et, ainsi, circonscrire de plus en plus leur expérience.
Par exemple, peut-être n’avez-vous pas osé ou pris le temps,
dans l’exercice précédent, de descendre dans le bas-ventre, de
vraiment goûter les sensations. En effet, même pour ce qui pourrait
être agréable, nous avons appris à nous couper du senti. Si c’est le
cas, point de souci ! Vous êtes sur le chemin de retour à vous et
chaque chose arrive en son temps. Soyez-en certain.
C’est n o r m a l…
Est-ce bien le cas ?
Est-ce bien normal, tout ça ?
Pour l’instant, nous ne pouvons qu’imaginer, de loin, à quoi
ressemblerait un monde détraumatisé, puisque nous ne connaissons
pas cela par notre vécu direct : nous sommes nés dans un monde et
dans une famille vraisemblablement traumatisés.
Comme Obélix, nous sommes tombés dedans en n’étant même
pas nés. Nous baignons dans ce jus un peu « traumacide » (ou trop
acide !) depuis toujours, mais, contrairement au héros gaulois, nous
pouvons en guérir !
À ce stade, vous pourriez vous dire : « S’il est vrai que nous
sommes tous traumatisés, pourquoi est-ce que tout le monde ne
démarre pas au quart de tour, n’est pas hyperémotif,
hyperempathique et tout et tout ? Dans ce cas, il ne devrait pas
exister de gens moins sensibles, voire carrément insensibles. »
En fait, l’hypersensibilité, plutôt qu’un trait de caractère, serait un
bouquet spécifique de symptômes reliés au traumatisme.
Parmi ces symptômes fréquemment associés à l’hypersensibilité
peuvent se trouver :
l’hypervigilance : le fait d’être tout le temps sur ses gardes, de
ne pas parvenir à se poser et à se détendre en profondeur,
d’avoir l’impression vague ou précise que quelque chose de mal
ou de dangereux peut arriver ;
l’hyperempathie : ne pas savoir où « moi » s’arrête et où
commence l’autre du fait de frontières floues aussi bien
corporelles que psychologiques faisant que la personne
hyperempathique a du mal à faire la distinction entre ses
propres émotions, pensées et sentis et ceux des autres ;
l’hyperémotivité : la manifestation d’une ou plusieurs émotions
submergeantes qui peuvent prendre les commandes sur le
reste ;
une susceptibilité à fleur de peau : vivre de manière très
intense, personnelle et submergeante des faits présents comme
si leur portée actuelle était beaucoup plus importante qu’elle ne
l’est en analysant la situation sereinement.
LA THÉORIE POLYVAGALE
Stephen Porges, dans sa théorie polyvagale, décrit en détail le
processus par lequel notre système nerveux autonome évalue en
permanence notre degré de sécurité de notre corps, de notre
environnement et de notre relation aux autres. Pour mieux illustrer
sa théorie, il propose l’image d’une échelle à trois niveaux.
L’état vagal dorsal est très utile et précieux car c’est un état dans
lequel nous pouvons nous régénérer en profondeur, puisque notre
énergie est consommée au minimum. D’ailleurs, si vous observez un
chat ou un chien blessé, vous verrez qu’il va se recroqueviller sur lui-
même et ne plus bouger pendant le temps qu’il faut à son corps pour
se guérir. Il y a de fortes chances que son vagal dorsal soit alors
activé pour se régénérer.
En ce qui concerne la dépression, vécue comme une malédiction
et une honte par beaucoup de personnes qui la vivent ou qui la
côtoient chez un proche, elle est en réalité un mécanisme salvateur
de relâchement total de la pression à laquelle la personne a été
soumise pendant des années. Quoique très inconfortable dans son
vécu, elle nous contraint dans la voie à suivre en vue du
rétablissement de notre équilibre.
Le sens de la dépression est de nous faire vivre un processus de
mort et de renaissance. Lorsqu’elle frappe à la porte, la tentation est
de vite vouloir l’évacuer pour passer à autre chose, alors que l’enjeu
est de la traverser en conscience. Pour se retrouver véritablement
sur la rive opposée, un accompagnement sérieux par un
professionnel compétent et qualifié s’impose. Autrement, le risque
est de passer à côté de la transformation à laquelle nous étions
invités et de signer pour un nouveau CDI !
Approfondissement
Pour illustrer le va-et-vient d’un état à l’autre et l’intérêt de chacun, imaginez
la situation suivante.
Vous êtes profondément endormi et soudain la sonnerie du réveil se met à
dringuer à un volume beaucoup trop violent pour vous. Cela vous réveille
d’un coup, ainsi que votre système sympathique qui détecte une menace !
Instantanément, votre cœur bat la chamade, votre souffle devient tout court et
accéléré et votre estomac se noue.
Grâce à l’énergie mise immédiatement à disposition par votre système
nerveux qui a littéralement entendu l’alarme, vous vous mettez en action en
cherchant désespérément le bouton pour éteindre cette sonnerie infernale.
Vous y arrivez enfin ! Ouf ! Vous soufflez un bon coup et le niveau de votre
stress baisse un peu.
Par bonheur, votre conjoint a eu la merveilleuse idée de vous laisser un café
tout chaud et un petit mot doux sur la table. De suite, un grand sourire
apparaît sur votre visage tandis que votre système vagal ventral se met en
place et vous permet de voir les choses plus positivement. Vous êtes en
chemin pour aller là où vous êtes attendu.
En chemin, vous croisez un voisin que vous n’appréciez pas du tout mais qui
vous adore, vous, tout particulièrement.
À sa vue, votre système sympathique s’active d’un coup et vous permet de
vous faufiler le long des voitures pour éviter qu’il vous voie. Vous y parvenez !
Vous vous sentez triomphant et votre système vagal ventral se remet en
route. La vie est franchement bien faite… et vous êtes encore si souple !
En arrivant à votre destination, votre manager, en présence duquel vous vous
sentez un peu intimidé, vient vers vous d’un pas décidé. Il n’a pas l’air de bon
poil. Votre cœur s’accélère grâce à votre système sympathique qui aimerait
vous mettre à l’abri mais vous savez pertinemment que vous ne pouvez pas
vous enfuir. Vous restez donc là, coi et interdit, grâce à votre système
parasympathique vagal dorsal, en essayant de vous faire le plus petit
possible pour vous fondre dans les murs et passer inaperçu. C’est mort !
Vous avez été vu et plus que vu et votre manager s’arrête face à vous.
Il récrimine contre vous. Vous parle d’un ton sévère. Vous entendez les mots
mais vous avez l’impression de ne pas comprendre réellement ce qu’il dit.
Vous avez l’impression de devenir tout petit, de disparaître presque, en sa
présence et encore plus face à ses récriminations. Vous êtes blême, votre
cœur bat très lentement et votre respiration est quasi imperceptible. Vous
pourriez presque tomber dans les pommes tant vous sentez que vos jambes
se dérobent.
Cet état cotonneux vous permet, malgré tout, de tenir le coup.
Le blâmeur s’en va… Ouf ! Arrive alors Sylvie, avec qui vous vous entendez
plutôt bien. L’énergie revient. Elle vous dit quelque chose qui vous agace,
même si vous ne savez pas trop pourquoi. Irrité, vous vous en prenez à elle,
ce qui est possible car vous êtes « remonté » en « mode sympathique ».
Vous déchargez alors l’énergie accumulée contre votre manager après le
passage de savon.
Sylvie s’en va, dépitée d’avoir été traitée ainsi alors qu’elle n’avait rien fait de
mal.
Confus, vous allez vous rincer le visage aux toilettes. Cela vous fait du bien.
Vous respirez un bon coup, buvez un peu d’eau et prenez cinq minutes pour
vous apaiser. Vous revenez alors en système vagal ventral. C’est alors que
vous réalisez que vous avez été injuste avec Sylvie et vous retournez
quelques instants plus tard lui présenter des excuses. Votre réconciliation
vous fait beaucoup de bien et vous réconcilie avec le genre humain.
Observez comment dans une simple matinée il est possible de traverser tous
les états. Tout cela dans le but de nous protéger. C’est tellement bien fait, la
nature !
Approfondissement
Et vous, est-ce que vous aimeriez découvrir quel est votre « style
privilégié » ? Pour ce faire, nous vous invitons à prendre quelques instants
pour vous souvenir de la dernière fois où vous vous êtes senti mal. Essayez
de vous rappeler les détails. Qu’étiez-vous en train de vivre juste avant que le
mal-être arrive ? Comment vous sentiez-vous ? Avec qui étiez-vous ?
Passiez-vous un bon moment, un moment neutre ou bien n’étiez-vous déjà
plus tout à fait dans votre assiette ? Maintenant, essayez de vous souvenir de
la situation qui a déclenché votre état intérieur désagréable. Qu’est-ce qui a
basculé ? Et lorsque c’est arrivé, quelle a été votre réaction ?
Avez-vous plutôt senti votre sang ne faire qu’un tour et vous avez riposté
(réponse en « mode sympathique », option « combat ») ? Vous êtes-vous
extrait vite fait bien fait de la situation en fuyant (réponse toujours en « mode
sympathique », option fuite) ? Ou bien avez-vous senti que la terre se
dérobait sous vos jambes et que vous perdiez tous vos moyens, piégé, figé et
coupé de vos sensations, privé de votre capacité à réfléchir et à vous mettre
en mouvement (réponse en « mode vagal dorsal ») ?
Notez la réponse dans votre cahier.
Maintenant, cherchez un autre exemple où vous vous souvenez de vous être
senti mal, peut-être dans un contexte différent. Que s’est-il passé à cette
occasion et, surtout, quelle a été votre réaction ? Qu’est-ce qui se racontait à
l’intérieur de vous ? Que les autres étaient agressifs, voire dangereux et qu’il
fallait vous défendre ou vous protéger (mode sympathique) ? Ou bien vous
êtes-vous senti isolé, loin de tous et de tout, avec l’impression qu’aucun
espoir n’existe (mode vagal dorsal) ?
Faites l’exercice en cherchant encore deux ou trois souvenirs
supplémentaires et voyez la tendance qui se dégage.
Peut-être que vous réaliserez que vous descendez systématiquement tout en
bas de l’échelle, en vagal dorsal, dès qu’un danger est perçu par votre
système nerveux. Ou bien que vous êtes plutôt quelqu’un de très
« sympathique » et que vous démarrez plutôt au quart de tour ou que vous
faites tout pour éviter les situations qui vous angoissent.
Parfois, nous avons un type privilégié de réaction dans un contexte
spécifique – par exemple en surréagissant avec la famille – et un autre type
dans un autre contexte – en devenant presque invisibles au travail ou en
groupe.
Il est très utile d’apprendre à se connaître et à identifier dans quels étages de
l’échelle nous avons l’habitude de passer du temps. Cela, comme vous
l’aurez certainement compris, explique beaucoup de choses et se produit
ainsi pour de très bonnes raisons.
D’ailleurs, si vous le souhaitez, vous pouvez prendre quelques instants pour
réfléchir au pourquoi du développement d’un style de réaction plutôt qu’un
autre. Est-ce que c’était ce mode qui était le plus utilisé dans votre famille ?
Est-ce que la réaction sympathique était la seule façon de se faire entendre
quand vous étiez enfant ? Est-ce que l’effondrement était la seule solution
face à un ou aux deux parents trop explosifs ou contraignants ? Peu importe
la réponse que vous trouverez, sachez que ce mode qui s’est le plus
développé chez vous vous a été très utile. Maintenant, il est peut-être temps
de devenir expert des deux autres étages, qu’en dites-vous ?
LE TAUX DE SATURATION : « AU
SECOURS !
JE ME NOIE ! »
Le taux de saturation est un aspect essentiel pour comprendre ce
qui nous arrive en lien avec la submersion et le trop. Pour mieux
vous représenter ce qu’il implique, imaginez que vous remplissez un
seau à ras bord de balles de golf, puis les interstices de billes, puis
les interstices restants de sable.
Le seau est maintenant bien plein.
Puis imaginez que vous versez de l’eau dans ce seau déjà bien
rempli.
Si vous suivez la logique, à votre avis, que va-t-il se passer ? Le
contenu va rapidement déborder et splatchouler de partout.
Imaginez maintenant que les balles de golf et les billes sont autant
de traumatismes, plus ou moins gros, stockés en nous. Et que le
sable représente les tensions accumulées au cours des semaines
ou de la journée. Plus nous avons de traumatismes, plus vite nous
atteignons notre taux de saturation, devenons hyperréactifs et
hypersensibles et… débordons, perdons les pédales, explosons,
implosons, etc.
Pourquoi ? Parce que « ça » prend toute la place dans notre
monde intérieur, pardi ! Et que notre énergie est largement mobilisée
pour essayer de gérer tout ce petit monde alors que chacun de ces
traumatismes a son cortège de déclencheurs qui s’activent à tout-va,
parce que le monde est le lieu parfait pour titiller les boutons qui
nous font exploser.
Pas méchamment, bien sûr : encore une fois, le but est de nous
fournir à chaque fois une nouvelle chance de nous libérer de chaque
traumatisme. Mais quand ces super opportunités arrivent en
permanence, les unes après les autres, et que nous sommes
submergés par la submersion, c’est tout sauf simple !
Si, en plus, nous sommes dans un contexte particulièrement
stressant pendant un laps de temps prolongé, alors, vous l’aurez
compris, c’est festival international avec sa cohorte de réactions en
chaîne et autres désagréments.
Pas de panique, c’est normal. Ça nous arrive à tous !
Il est juste très important de développer l’intention d’être
conscients de notre corps et de ses réactions pour en prendre soin,
au lieu de déplacer le problème en blâmant autrui ou nous-mêmes.
Nous avons la possibilité de sentir les changements de notre
système nerveux autonome lorsqu’il se met en mode fuite/combat ou
en mode survie et de prendre soin de nous pour nous réguler et
revenir à un état d’équilibre.
Scanner
Pour vérifier cela de manière directe, nous vous proposons de prendre
quelques instants en tête à tête avec votre corps.
Vous pouvez faire cet exercice debout, assis ou allongé. Voire en faisant le
poirier ! Non, peut-être pas…
L’idée est qu’en conscience vous fassiez une sorte de scanner des pieds
jusqu’à la tête, tout en lenteur.
Vous vous apercevez sans doute que certaines zones sont sensibles, et
d’autres moins, quand elles ne sont pas carrément absentes de votre
perception. Pourtant, la vie circule.
C’est que quelque chose se passe, sans nous ! Peut-être car nous sommes
coupés de ces zones suite à un ou des traumatismes.
LA COUPURE DE SOI
Lorsque nous nous sentons en danger, nous pouvons nous
couper de l’environnement, des autres mais aussi de nous-mêmes,
à plusieurs niveaux.
Sur le plan physique, nous pouvons être coupés de notre corps.
Ne pas avoir de ressenti corporel global ou bien, si nous faisons un
scanner de celui-ci, avoir l’impression qu’il nous manque des bouts.
Un point corporel
Si vous souhaitez faire le point sur votre niveau d’éveil ou
d’endormissement corporel, prenez quelques instants pour le parcourir
sensoriellement de haut en bas et de bas en haut.
Afin d’obtenir une image plus claire, il est important de prendre tout votre
temps pour faire cet exercice et explorer, un à un, chacun de vos membres –
séparément – et chacune des parties de votre corps.
Prenez aussi le temps de voir s’il y a une différence de ressenti entre le côté
gauche et le côté droit.
Vérifiez quelle est l’intensité du ressenti corporel que vous avez et sa
profondeur.
Questionnez-vous sur le niveau de votre partie corporelle avec laquelle vous
êtes en contact : s’agit-il de la peau, des muscles, des organes, des os ? Est-
ce une sensation vague ou plutôt aiguë ?
Si vous ressentez une douleur ou une tension, ne vous focalisez pas dessus.
Prenez juste note que c’est là.
Et si vous ne ressentez rien à un ou plusieurs endroits, sachez que c’est
tellement normal !
Lorsque vous referez cet exercice, vous vous apercevrez peut-être que
certains jours vous aurez accès à certaines parties de votre corps tandis qu’à
d’autres vous ne réussirez pas à les ressentir du tout.
Parfois, il y aura des zones où, malgré vos visites continuelles, rien ne se
manifestera… pour le moment.
Il s’agit juste d’un scanner et l’idée est simplement de prendre conscience
corporellement d’où vous en êtes au niveau de vos ressentis et des coupures
avec ceux-ci.
Exploration émotionnelle
Savez-vous où vous en êtes par rapport au ressenti des émotions ? Avez-
vous plutôt affaire à la colère, à la tristesse, à la peur, au dégoût, à la joie ? Y
a-t-il des émotions que vous ne sentez pas du tout présentes en vous ou très
rarement ?
Si vous souhaitez explorer plus finement votre palette émotionnelle,
parcourez lentement la liste des émotions présentées ci-après. Prenez le
temps de ressentir en vous comment chaque émotion s’exprime, vibre,
résonne.
Chaque mot correspond à un ressenti spécifique. Vous entraîner à les
identifier en vous permettra plus tard, lorsque vous les ressentirez, de mettre
un mot dessus, première étape pour prendre de la distance avec votre
ressenti et ne pas vous laisser happer par lui.
Vous pouvez aussi vous servir de crayons de différentes couleurs pour faire
la distinction entre les émotions que vous vivez régulièrement, celles que
vous côtoyez rarement et celles que vous avez l’impression de ne jamais
vivre.
Peur
affolé
alarmé
angoissé
anxieux
apeuré
bloqué
chaviré
circonspect
craintif
déchiré
effarouché
effrayé
embarrassé
en désarroi
fébrile
inquiet
mal à l’aise
paniqué
préoccupé
prudent
réticent
sceptique
soucieux
soupçonneux
sur la réserve
sur ses gardes
suspicieux
terrifié
tremblant
vulnérable
…
Colère
à bout
agité
amer
choqué
contrarié
crispé
emporté
en avoir assez
en avoir marre
énervé
exaspéré
excédé
fâché
frustré
horrifié
impatient
mécontent
outré
révolté
scandalisé
sombre
soupçonneux
surexcité
sur les nerfs
survolté
susceptible
tendu
titillé
tourmenté
tracassé
…
Tristesse
abattu
accablé
affligé
assommé
attristé
avoir le cœur gros
bouleversé
chagriné
confondu
consterné
contrarié
dans tous ses états
déchiré
découragé
défait
de mauvaise humeur
démotivé
démuni
dépité
déprimé
désabusé
désappointé
désenchanté
désespéré
désillusionné
désolé
ébranlé
ému
en désarroi
en détresse
ennuyé
éteint
impuissant
inconfortable
mal à l’aise
malheureux
mécontent
morose
peiné
perturbé
pessimiste
préoccupé
secoué
seul
sombre
soucieux
…
Joie
à l’aise
amusé
animé
apaisé
attendri
bien disposé
calme
captivé
centré
comblé
confiant
confortable
content
décontracté
détendu
déterminé
disposé
emballé
encouragé
engagé
en paix
enthousiaste
étourdi
éveillé
exalté
fasciné
fier
heureux
impliqué
joyeux
libre
mobilisé
motivé
nourri
optimiste
ouvert
plein de gratitude
rassuré
rayonnant
réceptif
réjoui
satisfait
stimulé
vivant
…
Surprise
abasourdi
ahuri
assommé
bouche bée
déboussolé
décontenancé
dépaysé
désemparé
désorienté
déstabilisé
éberlué
embêté
estomaqué
impressionné
interloqué
interpellé
intrigué
le souffle coupé
perplexe
pris au dépourvu
pris de court
renversé
saisi
secoué
sidéré
stupéfait
tombé des nues
troublé
…
Dégoût
dégoûté
écœuré
plein de répulsion
rebuté
révulsé
Sentiments intriqués
abandonné
abusé
acculé
accusé
attaqué
blâmé
coupable
délaissé
détesté
dévalorisé
diminué
dominé
écarté
écrasé
étouffé
floué
harcelé
humilié
ignoré
inadéquat
incompétent
indigne
insulté
intimidé
invisible
isolé
jugé
largué
manipulé
materné
menacé
méprisé
minable
mis sous pression
négligé
obligé
pas aimé
pas compris
pas considéré
pas écouté
pas respecté
pas utile
piégé
rabaissé
rejeté
ridiculisé
stupide
trahi
utilisé
...
LA COUPURE DE L’AUTRE
Lorsque nous sommes en relation avec quelqu’un et que nous
sommes « activés » par un déclencheur, dont nous pouvons être
conscients ou pas, l’autre, que nous considérions auparavant
comme un sujet à part entière, avec un esprit, une conscience, un
cœur, animé de bonnes intentions, et avec qui nous interagissions
paisiblement, devient subitement une menace, un danger potentiel.
Intérieurement, je ne vis plus cette personne comme ce sujet
respectable et unique mais elle devient comme un objet pour moi.
L’objet de la projection de mon passé, où mon interlocuteur devient,
à son insu, la surface de projection de mon histoire ancienne. Sans
que ni lui ni moi en soyons conscients, il « joue pour moi » mon père
autoritaire, ma mère désinvolte ou absente, mon frère maltraitant,
mon maître moqueur. Au moment où je suis activé et que je projette
mon passé sur lui, je suis coupé de lui. Je n’interagis plus
directement avec lui mais avec les fantômes irrésolus de mon passé.
Qui, aimablement, viennent se présenter à moi par le truchement de
l’autre, pour que j’arrive enfin à prendre soin de ce passé.
Ainsi, le mécanisme de coupure nous pousse à nous couper de
l’autre et à en faire un objet pour que nous puissions résoudre nos
scénarios de vie. C’est quand même bien conçu !
La difficulté vient du fait qu’à ces moments-là nous sommes aussi
pris par le phénomène projectif, et coupés d’une partie de nous-
mêmes, comme hypnotisés, et que nous n’avons pas conscience de
ce processus de projection. Nous croyons que l’autre, en face de
nous, est en train de nous porter préjudice – ce que nous avons
vécu dans le passé – et, si nous nous laissons embarquer, nous
allons rejouer le même scénario qu’à l’époque, avec les mêmes
stratégies de défense. Nous ne sommes plus du tout un sujet,
adulte, en interaction avec un autre sujet, au présent, mais l’objet
d’un scénario.
L’empathie, la compréhension et tous les atouts de notre
conscience sont hors de notre portée et nous faisons des
dommages.
L’autre en face, sauf rarissime exception, va également se sentir
touché, déclenché, par résonance – parce que l’activation des
systèmes nerveux en mode survie est hautement contagieuse – et
va à son tour plonger dans un scénario à lui et nous utiliser comme
surface de projection de son passé.
Et nous voilà partis pour un tour d’incompréhension et de non-
écoute.
Et voilà pourquoi, dans les relations, notamment dans les couples,
nous pouvons vivre la même dispute encore et encore et encore et
encore, sans jamais avancer véritablement.
La coupure dans le couple
Voici un exemple de ce qui peut se raconter à l’intérieur de
deux personnes en relation, ou plutôt ce qui se raconte chez
chacune individuellement lorsqu’il y a coupure et au sujet de la
coupure, et qui fait sans doute également obstacle à la relation.
LA COUPURE DE L’ENVIRONNEMENT
Lorsque nous allons bien, nous sommes en relation directe avec
les autres, avec notre environnement, et nous sommes alertes,
attentifs et dans la capacité de nous adapter.
Lorsque nous sommes activés, une des premières choses qui
disparaît de notre perception et dont nous nous coupons, c’est notre
environnement (incluant les autres). Quand nous avons l’impression
d’être menacés, toutes nos ressources sont concentrées sur notre
survie. Et le monde extérieur devient une sorte de masse brouillée et
confuse avec laquelle nous perdons contact ou sur laquelle nous
projetons nos scénarios passés.
Comme nous percevons moins bien notre environnement, il est
courant de nous blesser ou de vivre des accidents dans ces
moments-là. C’est l’activation de la loi de Murphy qui dit que « tout
ce qui est susceptible d’aller mal ira mal ». Ce n’est pas parce que
nous avons été maudits mais parce que nous sommes en mode
coupure et que nous cessons d’être présents, en lien avec le réel. Si
vous vivez cela, la bonne nouvelle c’est que vous n’avez pas été
maudit ni marabouté (du moins nous l’espérons !) : vous êtes très
probablement activé.
Une autre des conséquences de cette coupure de l’environnement
est notre perte de sensibilité face à la beauté du monde, face aux
petits détails qui inondent notre champ de perception lorsque nous
sommes véritablement présents. Combien de fois parcourons-nous
des distances importantes en étant « dans la lune » ? Coupés du
présent, de ce qui est là. Notamment dans les trajets quotidiens.
Nous sommes ailleurs, occupés à penser à ce qui se produira
« si… », à ce que nous avons oublié… Et alors, la vie passe devant
nous, sans nous !
Nous pouvons aussi observer les résultats de la coupure avec
l’environnement sur un plan collectif en observant les effets
catastrophiques du réchauffement climatique et la très faible
réponse que nous, humains, avons réussi à apporter jusqu’à
présent. Comment cela se fait-il que nous soyons tous très au
courant de la fonte des glaces, de l’élévation du niveau de la mer,
des sécheresses, des problèmes d’eau, d’inondation, des incendies,
etc., et de leur lien avec notre activité et que nous ajournions encore
et encore les mesures drastiques à prendre pour éviter la
catastrophe ?
D’ailleurs, dans notre façon de nous exprimer lorsque nous
parlons d’« environnement » apparaît déjà cette dichotomie : il y a
nous, humains, et « l’environnement ». Comme deux choses
séparées. D’une part, nous mélangeons « l’environnement » – ce qui
est autour de nous – et « la nature » – dont nous faisons partie, qui
nous fonde, nous nourrit, dont nous sommes dépendants ; d’autre
part, nous nous coupons de cet environnement avec lequel nous
interagissons pourtant en permanence. Si nous ne nous incluons
pas dans l’environnement et ne reconnaissons pas que la nature
nous inclut, comme notre maison, il est normal que nous nous
sentions moins concernés et que nous détruisions impunément cette
maison.
Par ailleurs, comme l’expliquent les théoriciens de la
collapsologie, si nous étions véritablement en lien et au contact avec
ce que nous infligeons aux écosystèmes (avec nous, humains,
compris dedans) et que nous éprouvions la détresse et la souffrance
engendrées, nous vivrions un très grand effondrement. C’est pour
nous préserver de cet effondrement que notre système nerveux
nous coupe de ce ressenti terrible. En ankylosant notre perception et
notre ressenti, nous pouvons continuer à vivre nos vies en côtoyant
l’insupportable.
On voit comme les mécanismes de coupure peuvent être à double
tranchant : assurer la survie immédiate mais mettre en péril l’avenir.
Bien sûr, ces arguments n’ont pas vocation à nous dédouaner de
nos responsabilités. Ils sont là pour nous permettre de voir à quel
niveau ça disjoncte et nous inviter à remettre les bons câbles
ensemble pour arriver à nous défiger. Cela nécessite d’abord d’être
conscients que nous sommes collectivement figés ou congelés et
d’apprendre à décongeler petit à petit, individuellement et
collectivement, ce permafrost qui aurait, lui, tout intérêt à fondre.
Nous avons besoin de nous réapproprier nos ressentis, de
prendre la responsabilité de réchauffer nos cœurs – et non pas la
planète ! –, de revenir au contact, en présence, petit à petit,
doucement. Ce n’est qu’en étant avec ce qui se passe, ce qui passe
dans et à travers nous, que nous trouverons le courage d’agir, non
pas pour sauver des baleines bleues ou des forêts tropicales qui se
situeraient « en dehors de nous » mais parce qu’elles sont
traversées par ce même vivant qui nous traverse.
Le vivant, la Vie, se fraye toujours un chemin. Il se nourrit, se
protège, se guérit, palpite, frémit, parce que c’est dans sa nature de
se préserver. Nous avons le choix de suivre le courant ou de lutter
contre lui, en préservant, voire en cultivant notre coupure avec lui.
Mais si nous arrivons à nous connecter avec ce vivant, avec « la
Force », comme dirait Maître Yoda, alors cela deviendra la priorité et
il ne sera plus question de sauver la planète mais de nous laisser
agir par le vivant qui, lui, sait.
LA COUPURE DE LA SOURCE
Nous avons vu que, soumis à un stress important, nous pouvons
nous couper de l’environnement, des autres, et même de nous-
mêmes, corporellement et psychiquement. Mais il existe encore un
autre niveau de coupure, peut-être plus subtil que les précédents,
plus fondamental aussi, et qui est pourtant si commun et si profond
que nous ne le réalisons pas. C’est la coupure avec notre Source,
avec la Vie qui nous traverse, le plus-grand-que-nous qui est là
partout en nous et autour de nous.
Nous pouvons parler de coupure avec notre âme, tout d’abord, de
perte de contact avec qui nous sommes vraiment, en deçà des
conditionnements de notre personnalité. Cette coupure-là, bien
souvent, est permanente, et elle est aussi généralisée chez la
plupart des humains. Si bien que lorsque nous faisons référence à
notre âme en public, le sujet peut vite irriter, crisper, et basculer vers
un débat stérile sur l’existence ou non de l’âme. En tous les cas, ce
n’est pas l’objet de ce livre : le terme « âme » est employé ici pour
exprimer ce que nous sommes derrière le masque social et
psychologique. C’est nous, en vérité.
Nous pouvons néanmoins sentir notre âme dans certains
moments privilégiés de la vie. Par exemple lors d’une fête entre
amis, au moment où l’on sent un courant particulièrement
harmonieux entre tous, où tout glisse, est fluide, d’un coup on voit le
tableau : les visages, les rires, les regards, la Vie qui traverse… et
là, le temps s’arrête, on se sent simplement Vivant, Vibrant. Ou dans
certains silences, pleins, purs, avec des êtres chers, ou seul dans la
nature. Au coin du feu, ou devant l’océan.
Cette dimension plus profonde de notre être, que nous contactons
dans ces moments-là, est en fait toujours là, nous en sommes
simplement coupés le reste du temps.
Et puis il y a une dimension plus vaste encore, cette Réalité
intangible de laquelle tout procède, ce Mystère qui traverse tout-ce-
qui-est. L’Âme du monde, le Grand Esprit qui souffle à travers
chaque parcelle d’univers. Pouvons-nous nous relier à Cela ? Cela
qui crée les univers et fait danser les étoiles. Cet au-delà-du-monde
qui est au cœur du monde. De toute éternité, et dans chaque instant.
Qui fait les saisons et fait pousser les blés, qui chante à travers nous
au printemps et nous réchauffe au creux de l’hiver. Ce Souffle
mystérieux anime notre âme et jusqu’au plus petit atome de notre
corps. Grand Soleil Central, l’appellent certains, ou Grand-Mère.
C’est un Principe et une Matrice. Nous pouvons seulement le goûter
au creux du silence, du vide, au-delà de tout concept et de tout
contrôle. Il-Elle est notre Père-Mère.
Seulement voilà, au moment de la blessure originelle, au moment
où il fallait s’adapter au monde dans lequel nous arrivions, nous
avons relégué l’autre, cet Infini, aux oubliettes. Et il est devenu
Invisible.
C’est aussi pourquoi nous en sommes tous – à part quelques
exceptions – coupés. Mais nous en avons l’intuition, une part de
nous sait. L’Intuition de l’éternité. La nostalgie de l’Unité. C’est cela
qui nous pousse à une démarche spirituelle, authentique. Retrouver
qui nous sommes vraiment, d’où nous venons, quel est le sens de
notre vie, de la Vie. Vivre en harmonie avec toute chose, dans le
courant.
Si cela vous appelle, vous êtes au bon endroit car, autant il n’est
pas envisageable de se sentir complet sans intégrer sa dimension
d’éternité, autant ce chemin de complétude passe par mille et une
petites choses, au quotidien, pour réintégrer les parts de soi
fragmentées par nos traumatismes, plus ou moins lointains.
Nous pouvons observer la coupure sous plein d’autres coutures
encore : notre coupure des traditions ancestrales, du frétillement de
la barbe qui pousse, du territoire, du ressac, de la terre nourricière,
de notre intuition, de la complicité, du rayon de soleil qui éclaire son
ventre, de la sagesse, de la créativité, de la cardamome, de ceux qui
ont peur et qui sont seuls, de notre centre, des histoires, de l’arôme
du café tout frais moulu, de l’élan vital, des rythmes naturels, de
celui qui n’a pas mangé à sa faim aujourd’hui ni hier non plus, de ta
senteur de fauve et de jasmin après une bonne journée de travail, de
la chenille pas encore papillon, des bons mets, de nos aïeux, de la
pierre en forme d’œuf tout au fond de l’océan, des saisons, du rire
en cascade d’un enfant trouvé à cache-cache, de notre humanité, de
la sensibilité, de l’adolescente qui se fait vomir, de mon utérus, du
bruissement des feuilles quand il vente et qu’il pleut, du rouge et
aussi du vert bouteille, du sourire de grand-mère, de l’humus, du
volcan éteint, de celui qui crache chaque jour sa puissance et que tu
iras peut-être voir un jour, des joues creusées par tant de larmes, de
ses yeux si beaux uniques au monde, de papy qui se meurt dans sa
maison de retraite, de l’amour, de l’amour, de l’amour… de la Vie,
tout simplement.
PARTIE 3
Nous espérons que vous avez bien compris que, malgré le côté
effrayant du mot « traumatisme » et de son cortège de symptômes, il
y a une infinie intelligence du vivant qui opère à travers nous pour
préserver le plus précieux en nous : notre essence, la vie elle-même.
Tout cela est très bien conçu, c’est une horlogerie fine qui dépasse
la plus avancée des technologies, mais qui requiert un mode
d’emploi pour ne pas que le disque, qui semble un peu rayé, tourne
à l’infini.
Savoir comme ça se passe, c’est déjà un premier grand pas.
Quelle est la suite ? Dans la mesure où chaque traumatisme
occupe beaucoup de place et d’énergie en nous, malgré la brillance
et l’astucieux de son existence, l’idée est de :
1. libérer de la bande passante en favorisant l’évacuation
progressive du trop-plein d’énergie figé avec chaque
traumatisme pour récupérer de l’espace intérieur ;
2. développer notre capacité à être avec ce qui se passe, y
compris avec les émotions longtemps contenues, pour être à
même de les réintégrer dans notre palette personnelle,
récupérer notre énergie vitale et développer notre capacité à
répondre à nos besoins, c’est-à-dire sortir de l’impuissance et
reprendre notre pouvoir personnel ;
3. favoriser le rapatriement de nos parties éparpillées pour qu’elles
puissent s’allier, s’intégrer et collaborer avec le grand « Je » au
centre de notre être. Et permettre à ce Moi Unique, constitué du
magnifique patchwork de nos singularités, de se déployer dans
le monde ;
4. développer notre capacité à nous réguler et à revenir à un état
équilibré lorsque nous sommes activés, en solo, à deux ou à
plusieurs… Plus on est de fous… plus on (gai-)rit !
Comment ?
DE L’ACTIVATION À LA RÉGULATION
Dans la vie de tous les jours, les situations où notre système
nerveux est déclenché en mode survie sont légion, notamment si
nous évoluons en mode « hyper ».
Notre corps est notre première boussole pour nous indiquer que
nous sommes activés. Puisque nous sommes tous différents, les
réactions face à cette activation varient selon le moment, le type de
charge traumatique activée et nos propres tendances.
Approfondissement
Dans un premier temps, vous pouvez faire une liste incluant toutes les formes
d’activation que vous vivez sans vous soucier de la catégorie à laquelle elles
appartiennent.
Ensuite (ou en premier si vous avez besoin d’ordre depuis le début de
l’exercice), vous pouvez dessiner quatre colonnes sur une page complète.
Dans la première colonne, vous pouvez inscrire le titre « Activation
corporelle », dans la deuxième « Activation d’impression générale », dans la
troisième « Activation émotionnelle » et dans la dernière « Activation
mentale ». Classez les éléments de votre liste initiale dans les colonnes qui
vont bien. Laissez libre cours à votre mémoire et inscrivez tout ce qui vous
passe par l’esprit à propos de vos modes d’activation.
Revenez compléter votre page autant de fois que vous le voudrez,
notamment lorsque vous détecterez des modes d’activation qui étaient
passés sous le radar jusqu’à présent.
Une autre manière de la compléter, qui nécessite une bonne dose de
courage mais qui est très éclairante, est de demander à vos très proches,
après explication de ce qu’est l’activation et comment elle se manifeste, de
vous faire un retour sur les modes d’activation qu’ils observent chez vous.
Vous serez probablement surpris, ou pas.
Laissez votre bouquet personnel d’activations reposer pendant quelques
jours, puis revenez-y. Lisez-le tranquillement, humez-le, goûtez-le. Qu’est-ce
que vous apprenez de vous en le redécouvrant ? Qu’est-ce qui vous saute
aux yeux ? Comment ça vous touche de vous lire dans cette vulnérabilité et
dans la brillance des réponses de votre être pour faire face à la menace ?
Surtout, soyez doux envers vous-même.
Tout cela est, et a le droit (et le besoin) d’être aimé.
S’il y a bien quelque chose à savoir dans toute cette histoire, c’est
que les réactions qui surgissent d’un état d’activation sont rarement
génératrices de bonheur, d’amour et de joie.
Normal, non ? Quand nous sommes activés, nous sommes
coupés de nous-mêmes, des autres, de l’environnement. Nous
faisons un saut spatio-temporel dans le passé en nous sentant aussi
démunis que lorsque nous étions enfants et nous répétons les
mêmes réponses qu’alors. Le résultat est alors rarement heureux.
Bien souvent, lorsque nous agissons depuis cet endroit, nous
regrettons ensuite nos actions.
Collectivement, en tant que société traumatisée, nous pouvons
vérifier à quel point ce que nous perpétrons depuis l’endroit de la
coupure et de la séparation perpétue souffrance et douleur.
Comment, en tant que société reliée, pourrions-nous supporter que
certains de nos membres meurent de faim, que d’autres soient
obligés de s’exiler loin de leur terre natale sans pour autant être
accueillis ailleurs et que des espèces entières soient détruites parce
que leurs écosystèmes sont abîmés et exploités au nom du profit ?
Un mandataire à mon service
Pour vous donner toutes les chances de détecter les moments où vous êtes
activé, imaginez que vous mandatez une partie de votre conscience pour
qu’elle reste présente à vous et à vos réactions.
Lorsque votre émissaire intérieur détectera une variation dans une des
sphères mentionnées ci-dessus, mandatez-la pour qu’elle vous communique
l’information le plus rapidement possible.
Au début, cet exercice de « détacher une partie de soi » pour qu’elle surveille
vos variations intérieures peut paraître étrange, mais nous vous invitons à
poser l’intention, en toute simplicité, comme on demande un service à
quelqu’un, à entrer en contact avec cette partie et à lui demander, si cela lui
plaît, de vous tenir informé.
Donnez-lui sa chance.
Vous verrez que progressivement vous serez averti de plus en plus tôt de vos
changements d’état intérieur et vous lui en serez fort reconnaissant !
Et après ? Que faire une fois que nous nous apercevons que notre
système nerveux est activé ?
Déjà, vous pouvez être super fier de vous, car prendre conscience
de votre ressenti et être en mesure de voir que vous êtes déclenché
sans blâmer autrui ou les circonstances de ce que vous ressentez
est un pas de géant !
Ensuite, c’est à ce moment qu’interviennent les ressources. Ces
fameux appuis qui, comme vous l’aurez compris, vous permettront
de revenir d’un état d’activation en mode sympathique ou vagal
dorsal à un mode vagal ventral.
Ce processus de détente et de retour à un état plus serein de
votre système nerveux et de l’ensemble de votre vécu intérieur
s’appelle la régulation.
La régulation de notre système nerveux est ce que nous
cherchons à établir grâce aux ressources. Le fait d’installer ces
ressources par des pratiques quotidiennes fait que notre système
nerveux devient de plus en plus régulé. Et lorsque nous sommes
activés, les ressources d’urgence peuvent nous aider à nous réguler
pour revenir dans un état où nos ressources d’adulte sont
disponibles et où la charge traumatique peut être libérée.
Approfondissement
Une fois que vous aurez reçu l’information de l’altération de votre état
intérieur par le truchement de votre émissaire conscient, choisissez l’exercice
parmi ceux qui vous auront le plus parlé pour recréer de l’espace intérieur, ou
bien suivez votre cocktail personnel de désactivation du moment pour vous
réguler.
ma compagne. „
Nicolas
EN AVANT
LA PRATIQUE !
« Plus l’on regarde
profondément à l’intérieur
de la nature vivante, plus
on se rend compte à quel point
elle est merveilleuse.
Je crois que l’on se sent alors
en sécurité. On lui appartient,
on peut la voir, on peut la vivre.
La conscience est tout
simplement le plus grand
cadeau du Créateur
aux hommes ; le fait d’avoir
une conscience et de pouvoir
prendre conscience de notre
création – et
de ne pas seulement traverser
aveuglément le Paradis. »
Albert Hofmann
Je suis soutenu
Vous êtes soutenu. Je vous le promets, vous êtes vraiment soutenu.
Lorsque nous sommes activés, déclenchés, en mode hyperactif ou coupé,
nous pouvons nous sentir parfois bien seuls et en péril. Que nous soyons
égarés dans les circonvolutions de notre esprit ou sous l’eau, les fondations
font défaut, les repères manquent, et ce n’est pas très stable. Nous pouvons
nous sentir vacillants, perdus, abandonnés ; l’angoisse n’est pas loin…
Et pourtant, nous sommes réellement soutenus, mais nous avons perdu le
contact avec ce qui soutient.
Lorsque nous sommes pris dans l’émotion, ou agités dans notre tour de
contrôle mentale, c’est que la peur est là. La peur que ça ne tienne pas, que
ça parte en vrille, que tout s’écroule.
Et pourtant, ça tient. Regardez par vous-même…
Pratique
Là, tout de suite, pouvez-vous sentir votre corps ? Est-il en train de tomber ?
Ouf !
Il semble tenir.
C’est solide ? Je veux dire, en dessous, le plancher, le sol ? Ça tient ?
Vérifiez si vous pouvez mettre un peu de poids.
OK ! Vous pouvez soupirer… Ça va.
Commencez par vous appuyer sur ça. Le sol. Sentez la solidité.
Il y a peut-être une structure, des étages, un parquet… et, en dessous de tout
cela, il y a la terre. Et la terre, c’est du costaud ! Vous pouvez vous appuyer
dessus, ça tient. Ça sou-tient même. Elle, la terre, vous soutient même
pleinement. Elle vous porte, vous supporte, vous accueille, vous nourrit
même. Elle vous aime, inconditionnellement, cette terre dont vous êtes
l’enfant.
Et en particulier elle vous soutient (physiquement… mais peut-être aussi
psychiquement).
Vous sentez ?…
Maintenant, entre vous et la terre, il y a différents éléments solides – qui vous
soutiennent aussi – et puis peut-être un fauteuil, un canapé ou un autre
support. Voyez si vous pouvez trouver une posture dans laquelle vous
pouvez poser votre bassin pour vous sentir bien soutenu par la terre.
Maintenant, déposez-vous. Relâchez le ventre, et laissez-le se déposer lui
aussi dans votre bassin, ancré et stable.
Permettez à votre sacrum de s’emboîter dans votre bassin. Respirez. Ça se
cale tranquillement, ça se dépose.
Puis vos vertèbres se posent, s’ajustent l’une sur l’autre, naturellement.
Laissez-leur trouver leur juste place. Pour cela, autorisez les mouvements
intuitifs de se produire, permettant à l’intelligence du corps d’œuvrer. Vous ne
sentez peut-être pas pour le moment chacune de vos vertèbres
individuellement, dans ce cas procédez par tronçons. Plus tard, avec la
pratique, vous pourrez sentir chaque vertèbre précisément et même vous
promener dans vos vertèbres. En attendant, sentez si à chaque étage il y a
du soutien au-dessous, et offrez-vous de la détente. Vous pouvez alors
relâcher pleinement le ventre, l’estomac et le plexus.
Puis vous pouvez sentir votre cage thoracique reliée à vos vertèbres dorsales
et posée sur vos poumons ; et vos clavicules et vos épaules qui peuvent se
déposer dessus. Vos bras peuvent ainsi se relâcher. Prenez votre temps pour
goûter ce relâchement, grâce à ce soutien de la terre et à l’intelligence de
votre structure.
Au centre de la poitrine, votre cœur est lové au creux de vos poumons qui le
bercent, comme les bras d’une mère aimante.
Vos poumons eux-mêmes peuvent se relâcher sur votre diaphragme qui
orchestre alors la respiration. Tout le tronc tient, vit, respire, soutenu par la
terre, et se dresse naturellement vers le ciel.
Maintenant, les cervicales peuvent s’intégrer aux dorsales, et les trapèzes
peuvent se relâcher. Respirez.
Puis la tête, comme par magie, tient sur le cou, dans un bel équilibre. La
nuque peut alors elle aussi se relâcher. Ça fait du bien…
Tête, cou, tronc, bassin, tout s’ajuste, et est soutenu par la terre. Vous êtes
totalement soutenu, porté, et en sécurité. Vous pouvez vous détendre, sentir
ce corps soutenu, tout en restant délicatement dressé vers le ciel, éveillé,
ouvert vers l’infini.
Trop fort !
J’ai un corps !
Drôle de remarque, penserez-vous peut-être.
« Évidemment que j’ai un corps ! »
Oui, d’accord. Vous savez que vous avez un corps. Mais le ressentez-vous
vraiment ? Êtes-vous au contact de la partie arrière de votre genou droit ?
Ressentez-vous de dedans (et pas avec votre tête) votre nez ? votre pubis ?
votre cheville gauche ?
Ressentez-vous vos muscles ? vos os ? vos organes ? le sang qui bat de
partout ?
Si la réponse est non, c’est normal !
L’exercice suivant est d’une facilité déconcertante mais il a des répercussions
immenses sur la vie de ceux qui le font régulièrement.
Il est particulièrement conseillé aux personnes hyperempathiques qui ont un
peu de mal avec les frontières, qui se sentent souvent mélangées avec les
autres, dans leurs ressentis, émotions, pensées, besoins, etc.
Il est aussi très utile pour approcher le corps en douceur, notamment si celui-
ci paraît une sorte de terrain miné effrayant.
Pratique2
Faites de toutes petites tapes répétées avec le bout des doigts de votre main
droite sur la paume ouverte de votre main gauche. Continuez les petites
tapes autant de fois qu’il faut pour que vous commenciez à avoir une
sensation dans cette partie de votre corps.
Ensuite, arrêtez les petites tapes et prenez le temps de focaliser votre
attention sur la sensation. Que ressentez-vous ? Sentez-vous des
fourmillements ? une forme de vibration ? Est-ce que la zone reste
insensible ? Notez-vous de la chaleur ou du froid ? Prenez quelques instants
pour percevoir ce que vous ressentez.
Puis regardez votre main gauche et dites à voix haute : « Ceci est ma main ;
ma main m’appartient, ma main fait partie de moi. » Employez les mots qui
vous parlent le plus pour signifier que cette partie de votre corps vous
appartient et qu’elle appartient à une globalité.
Retournez votre main gauche et faites des petites tapes sur le dos de votre
main. Percevez les sensations instant après instant et observez comment
elles changent.
Continuez l’exercice avec chaque partie de votre corps.
Si vous avez peu de temps devant vous, vous pouvez faire cet exercice avec
une seule partie de votre corps, dont vous vous occupez avec soin. Et un
jour, lorsque vous disposez d’une bonne heure devant vous, nous vous
proposons de faire l’exercice avec tout le corps.
Une fois l’exercice terminé, prenez un temps pour déguster ce que ça fait
d’avoir un corps, avec différentes parties.
C’est plutôt génial d’avoir un corps vivant à soi, vous ne trouvez pas ?
Shaking
La pratique du shaking (de shake, « secouer » en anglais), ou mise en
vibration du corps, est une pratique de méditation dynamique diffusée en
Occident par Shri Rajneesh, encore appelé Osho, un enseignant spirituel
indien.
Cette pratique de libération des tensions psychiques et corporelles à travers
des mouvements spontanés impulsés par des tremblements prendrait ses
racines dans la tradition tantrique, et peut s’apparenter à diverses pratiques
psychocorporelles issues d’autres traditions dans le monde.
Alors qu’il voyait nombre d’Occidentaux en quête d’ouverture spirituelle
affluer dans son centre de méditation en Inde, Shri Rajneesh s’est aperçu
que, pour beaucoup d’entre eux, s’asseoir en silence en restant immobile
n’était pas la méthode la plus adaptée pour trouver le calme intérieur. Bien au
contraire ! Pour une personne n’étant pas familière avec les pratiques
méditatives, s’asseoir pour « faire le vide » pouvait constituer une perte de
temps voire un obstacle sur le chemin intérieur ; en général, cela déclenchait
l’affluence de pensées et d’émotions, provoquant plus d’agitation que de
calme.
Il a alors imaginé une pratique qui permet dans un premier temps de libérer
les tensions du corps – lieu d’ancrage des tensions psychiques prenant la
forme d’une suractivité mentale – avant de pouvoir entrer dans un temps de
présence à soi et au silence.
Pratique
Debout, avec un écartement des pieds d’environ la largeur des hanches,
initiez un mouvement de secousses depuis les pieds vers le haut du corps.
Vos jambes entrent alors dans un mouvement de vibration/tremblement qui
se répercute sur tout le reste du corps : bassin, tronc, buste, nuque, tête,
bras. Il ne s’agit pas de contrôler les mouvements mais au contraire de
permettre à la vibration de vous traverser, provoquant divers mouvements
tout le long de votre corps.
Vous pouvez garder les yeux ouverts ou fermés.
Pour démarrer, secouez-vous comme si vous aviez une fine couche de glace
tout autour de vous et que vous vouliez vous en défaire, ou comme si vous
vouliez vous débarrasser de puces qui vous assaillent !
Les secousses partent du sol à travers des flexions répétées du genou. Et ce
sont les pressions sur le sol et les flexions des genoux à un rythme régulier
qui créent une sorte de vague et entraînent la vibration.
Il est important, tout au long de la pratique, de garder les pieds bien ancrés
au sol, ce qui va constituer votre ancrage fixe pour que tout le reste du corps
puisse, lui, être mobile, se délier et libérer les tensions.
Le rythme et l’intensité des vibrations peuvent être modulés et évoluer au
cours de la pratique : microvibrations très rapides, vibrations plus amples
avec des mouvements désarticulés… permettant aux zones du corps d’entrer
en résonance, afin d’être mobilisées, ainsi que d’atteindre différents niveaux
de profondeur du corps. Explorez, jouez avec la vibration en « écoutant »
votre ressenti, et en relâchant toutes les zones : le ventre, les épaules, la
nuque, les mâchoires, etc.
Laisser les secousses vous prendre, vous envahir. Devenez le tremblement,
la vibration. Votre corps connaît le chemin…
Régulièrement, scannez votre corps en « amenant la vibration » là où elle a
besoin de s’inviter.
Et tout au long de la pratique, RESPIREZ BIEN ! C’est essentiel pour permettre
la libération des tensions (notamment sur l’expir) et l’oxygénation des tissus
et cellules en profondeur.
Vous pouvez pratiquer pendant la durée qui vous convient : 10 minutes,
20 minutes ou plus.
La pratique initiale développée par Osho, appelée Kundalini meditation (la
kundalini étant l’énergie vitale), consiste en quatre phases de 15 minutes
chacune ; le shaking constitue la première phase, suivie d’un temps de danse
libre, d’un temps d’immobilité les yeux fermés, assis ou debout, et enfin d’un
temps d’immobilité, toujours les yeux fermés, allongé au sol. Vous pouvez
facilement trouver sur Internet la séquence de musiques pour cette pratique
(pour les 15 minutes de shaking seules ou pour l’ensemble), l’entraînement
musical soutenant l’engagement corporel. Vous pouvez également pratiquer
avec vos propres musiques ou en silence, chez vous ou dans la nature.
Il existe aussi une version de shaking de 45 minutes… Avis aux personnes
prêtes pour une pratique très engageante !
L’idée n’étant pas de faire une performance mais d’amener cette vibration,
initiée au début volontairement et qui devient vite automatique, dans les
différentes zones du corps afin de mettre en mouvement les tensions et de
permettre leur libération.
Après la pratique du shaking, nous vous encourageons, si vous ne souhaitez
pas vous engager pour les quatre phases de la méditation Kundalini d’Osho,
à simplement vous allonger sur le dos et laisser faire ce qui se passe.
À la rencontre de ma sensation
J’ai un corps.
Non seulement j’ai un corps mais il se passe des tas de choses dedans.
Des gargouillis, des battements, des compressions, des espaces vides, des
grounflch, des pfhhhh, des tensions, des tiraillements, des guillis, des
frissons, des fourmillements, du chaud, du froid, du métallique, du rose
bonbon et du noir, des grondements et des chuchotements.
Il est vivant, ce corps, et comment !
Parfois, ce qui se passe dedans est agréable et je peux me laisser aller à ma
sensation en confiance. Mais d’autres fois c’est compliqué. La sensation peut
être douloureuse, éveiller des émotions désagréables et me submerger par
son intensité.
Et, la plupart du temps, ces sensations passent à l’as parce que je suis trop
« en dehors », tourné vers le « faire », vers le monde et les autres ou bien je
suis englué dans mes pensées ou parti dans un ailleurs. Je suis alors absent
de mon corps et de ses sensations.
Pourtant, la guérison de nos traumatismes est intimement liée à la libération
des charges traumatiques gravées en premier lieu dans notre corps.
Nous avons donc tout intérêt à tisser un lien joli avec lui, à le rapprivoiser,
tout en douceur et en amour, pour qu’il puisse déclencher sa magie, à savoir
son pouvoir d’autoguérison.
Nous pouvons aller à la rencontre de notre corps par le truchement de nos
sensations.
Comme dans un jeu de piste, contacter et rester en présence des sensations
qui se présenteront à nous nous permettra de tisser ce lien précieux et
indispensable avec notre corps, pour qu’il devienne notre allié.
Sachez que comme pour le Petit Prince avec son renard, apprivoiser son
corps oublié et laissé pour compte peut demander du temps. Parfois
beaucoup de temps.
Imaginez un chiot tout mimi abandonné dans une cave et nourri uniquement
de temps en temps avec des croquettes rances balancées par la porte, sans
contact et sans attention. Après quelques mois à ce régime, lorsque vous
rouvrez la porte pour aller à sa rencontre, vous ne vous attendez sûrement
pas à ce que le chiot saute de joie et qu’il vous léchouille le visage de
reconnaissance. Il serait plus logique d’imaginer que ce petit chien devenu
adulte sera méfiant et peureux ou hargneux et menaçant.
Imaginez maintenant votre corps avec toutes ses sensations, laissées pour
compte depuis tant d’années – bien sûr, cette coupure n’étant pas
intentionnelle mais une mesure de survie pour vous permettre de tenir bon
face à l’insupportable. Lorsque vous revenez muni de toutes vos bonnes
intentions et que vous ouvrez la porte pour le retrouver, il est fort probable
qu’il se referme, qu’il se méfie ou au contraire qu’il « ouvre les vannes » et
que vous soyez submergé d’un coup de sensations toutes plus inconfortables
les unes que les autres.
Sachez que cela est possible – voire fort probable ! – mais que le jeu en vaut
la chandelle.
Qu’il s’agit d’y aller piano piano (donc tout doux) et pas à pas. En revenant
encore et encore dans des espaces ressourçants grâce à un ou plusieurs
exercices de ce livre que vous avez expérimentés et aimés et qui vous
apportent du bien-être.
Il est très important d’oser faire des mélanges et de bien veiller à votre
ressenti.
Si ça devient submergeant ou trop inconfortable, arrêtez ! Ressourcez-vous
d’une manière ou d’une autre et, si vous le souhaitez, revenez-y. Encore et
encore.
Jusqu’à ce que miracle s’ensuive.
Aussi, nous tenons à vous rappeler l’importance de cultiver une intention forte
qui vous portera dans l’aventure de reconnexion avec votre corps,
notamment dans les moments de découragement et de doute.
Ces moments arriveront. C’est normal. Le tout est de le savoir et de voir
l’avantage immense de persévérer dans ce chemin : un bien-être profond,
une énergie retrouvée et la sensation d’être pleinement en vie.
Alors, cap ou pas cap ?
Pratique
Afin d’entrer en contact avec vos sensations, nous vous proposons de
vous programmer un temps de 15 minutes où vous savez que vous ne serez
pas interrompu.
Déconnectez-vous de tout ce qui bipe et qui clignote et installez-vous dans
un endroit confortable, où vous vous sentez bien, en sécurité.
Prenez vraiment le temps de bien vous installer. Vous pouvez être assis sur
une chaise, par terre ou être allongé. Le maître mot est : confort.
Vérifiez si une petite couverture ou un coussin supplémentaire derrière votre
dos ne seraient pas de refus et faites tous les ajustements nécessaires pour
être très à l’aise.
Si vous êtes bien ainsi, fermez les yeux. Autrement, vous pouvez les laisser
entrouverts pour éviter d’être distrait.
Respirez profondément.
Maintenant, rappelez-vous votre intention de contacter vos sensations.
De la même manière que vous dites à quelqu’un « je vais faire ceci », dites-
vous intérieurement : « Je viens à la rencontre de mes sensations. »
Ensuite, restez là, attentif à ce qui se passe à l’intérieur de vous.
Percevez-vous quelque chose ?
Si oui, à quel endroit du corps est-ce que « ça » se passe ?
Est-ce un endroit bien précis avec une sensation bien claire ou est-ce une
impression plus diffuse ?
Est-ce agréable ou désagréable ? Ou plutôt neutre ?
Si la sensation se situe à un endroit précis, vous pouvez placer dessus une
main, voire les deux. Vos mains sont invitées à être là en tant que témoins
aimants et réconfortants de ce que vous vivez. Elles sont uniquement là pour
vous accompagner dans votre ressenti.
Est-ce qu’elle bouge, cette sensation ? Est-ce qu’elle évolue, s’intensifie,
diminue, se transforme ?
Vous, de votre côté, vous n’avez rien à faire ou à vouloir de spécifique par
rapport à elle. Vous êtes juste là, en témoin respectueux et présent, pour la
voir et surtout la sentir vivre sous vos sens ébahis.
Si la sensation est très localisée, essayez de « dézoomer » et de voir
comment est le ressenti global de votre corps à ce moment-là, puis revenez
dans la sensation la plus présente dans votre corps. Voyez ce qui évolue
dans la sensation et dans votre ressenti global en faisant ces allers-retours.
Si aucune sensation n’apparaît, prenez le temps de rester là, ouvert et à
l’écoute. Même si vous avez l’impression qu’il ne se passe rien et que vous
perdez votre temps, le corps-renard vous voit et sait que vous essayez mais il
a besoin de ressentir à quel point vous êtes fiable pour s’ouvrir à vous.
Si une sensation est submergeante, que vous vous voyez partir dans vos
pensées ou que vous déconnectez, c’est tout à fait normal. À ce moment-là,
prenez le temps d’ouvrir les yeux, de redécouvrir la pièce où vous êtes
installé. Faites, si besoin, un ou deux exercices pour vous ressourcer et vous
réguler et, si l’envie vous prend, revenez à l’exploration sensationnelle.
Une fois écoulé le temps que vous vous serez consacré, prenez le temps de
remercier vos sensations, votre corps et de vous remercier vous-même
d’avoir osé faire cet exercice.
Revenez-y autant de fois que possible et désiré.
Pratique
Cet exercice peut se pratiquer tous les jours, facilement. Car il se fait à un
endroit où vous vous rendez en principe assez souvent : sous la douche !
Il va s’agir de passer le jet, avec l’eau chaude, sur des zones de votre corps
où vous sentez des tensions ou des douleurs.
L’idéal dans un premier temps est que votre pommeau de douche soit fixé au
mur – si vous attendez depuis des mois pour vous acheter le support, c’est le
moment ! Ce sera une petite victoire du quotidien !
Placez-vous alors sous l’eau chaude, tranquillement. Détendez-vous.
Si, au bout de 30 secondes, une petite voix vous dit que vous dépensez
beaucoup d’eau, c’est très bien, c’est que vous avez une conscience
écologique ! Rassurez-vous, vous ne « dépensez » pas l’eau. L’eau est là,
elle circule, en circuit fermé, sur la planète, depuis… 4,4 milliards d’années !
Elle coule, rejoint les océans, s’évapore, tombe, s’infiltre, est captée par les
hommes, traitée – grrr ! –, utilisée et elle s’écoule de nouveau. Tout va bien.
Merci à l’eau d’être là.
Nous avons en effet une chance incroyable, aujourd’hui, d’avoir de l’eau,
chaude, à domicile, en quantité ! Profitons-en. Il y a à peine cinquante ans,
c’était un rêve ! Et dans bien des endroits, on n’y pense même pas. Il ne
s’agit pas de la gaspiller, bien entendu, mais de l’honorer, et de bénéficier de
ses bienfaits. Est-ce que cet État du Moi avec une conscience écologique,
planétaire est rassuré ? On peut retourner sous la douche ?
Alors, vous êtes sous la douche, avec l’intention de vous faire du bien – ce
qui profitera aussi au plus grand nombre, car nous sommes tous reliés –,
conscient de votre chance d’avoir de l’eau chaude et vous en profitez. L’eau
coule sur votre peau, vous vous détendez, vous vous relâchez.
Prenez quelques instants pour faire l’état des lieux de votre corps en le
bougeant tout doucement. Vous pouvez faire des petits mouvements en
partant du haut du corps jusqu’aux pieds. Ce faisant, vous sentez les
tensions présentes et vous dirigez ces parties du corps sous le jet. Et,
simplement, vous recevez les bienfaits de l’eau. Il n’y a rien à faire. Juste
sentir. Ça se détend, tout seul. Vous pouvez avoir des soupirs qui montent,
c’est très bien, ça se relâche en profondeur. Prenez le temps, votre temps.
C’est un moment pour vous, vous êtes tout seul et vous prenez soin de vous.
Merveilleux.
Nous portons tous beaucoup de tensions dans les épaules, la nuque. C’est
parfait, le jet arrive juste dessus – sinon nous vous encourageons à faire en
sorte que ce soit possible. Vous pouvez aussi faire pression avec vos mains,
très légèrement, sur vos muscles et tendons. Juste un contact, une présence.
Respirez bien. Portez votre attention sur les sensations.
Vous pouvez ensuite prendre le jet et le diriger vers d’autres zones de votre
corps que le jet fixé au mur n’atteindrait pas, comme les jambes, le bas du
dos, le ventre… ouh là là, ça c’est bon ! Tout doucement. Baissez la pression
de l’eau pour la zone du ventre ; comme un petit bébé, il a besoin de
beaucoup de délicatesse. Un petit filet peut suffire.
Voilà, vous avez passé un moment de libération, de détente, qui vous permet
de commencer la journée – ou de la terminer – dans de bonnes conditions.
Petite astuce : si c’est la douche du matin, terminer avec un peu d’eau froide
redonne du punch pour repartir – sinon on resterait bien à la maison… sous
la douuuuche toute la journée ! –, pour repartir donc avec la patate, sans
pour autant re-tendre ce qui a été détendu en profondeur.
Testez, vous verrez, c’est trop fort !
Pratique
Installez-vous confortablement dans un endroit où vous serez au calme et
où vous ne risquez pas d’être interrompu.
Si cela vous convient, fermez les yeux. Observez votre respiration telle
qu’elle est en ce moment précis et permettez-lui de devenir plus ample, sans
forcer. Veillez à bien expirer jusqu’au bout et à laisser l’air entrer
naturellement quand vous serez arrivé au bout de votre souffle.
Ensuite, posez l’intention de trouver un lieu sûr dans votre corps. Demandez
à votre corps de vous montrer le chemin vers ce lieu sûr en se manifestant
par une sensation. Peut-être qu’une douce chaleur émanera de votre poitrine,
ou qu’un doux frissonnement parcourra votre échine ou que votre ventre vous
semblera tout doux et détendu. Comme beaucoup de sensations attendent
d’être entendues, il est possible que plusieurs points « s’allument » en même
temps. Pour éviter cela, nous vous proposons de définir plus clairement votre
intention en demandant uniquement une sensation pour identifier votre lieu
sûr. Peu importe laquelle.
Restez ouvert et laissez faire.
Lorsqu’une sensation apparaît, vous pouvez la remercier de vous avoir
indiqué le chemin. Puis déplacez votre conscience à cet endroit précis.
Demandez à cet endroit si vous pouvez y entrer. L’idée n’est pas de
s’attendre à ce qu’une voix apparaisse pour vous dire un grand oui ou un
grand non, mais plutôt de développer votre sensibilité et de « sentir »
intérieurement si cette partie du corps est d’accord pour que vous entriez en
elle ou non.
Si vous avez l’impression que la réponse est plutôt « non », remerciez-la de
son honnêteté et faites-lui savoir que vous respectez son choix. Puis, si vous
avez encore l’élan, demandez à une autre partie sûre de votre corps de se
manifester par le truchement d’une sensation et répétez la suite de
l’opération.
Sachez que si vous avez l’impression que ça dit « non » de partout, c’est tout
à fait normal. Cela prend du temps d’apprivoiser son corps et ses sensations.
Revenez-y. Encore et encore. Cela finira par payer un jour et vous
développerez votre amour de vous-même en chemin.
Si la réponse à votre demande d’entrer dans ce lieu sûr de votre corps est
positive, posez l’intention d’y entrer. Voyez ce que cela vous fait comme
ressenti d’être autorisé à entrer dans ce lieu sûr dans votre corps. Un lieu où
vous vous sentez bien, pleinement protégé et en sécurité. Où vous pouvez
tout déposer. Tout relâcher.
Explorez cet endroit et vérifiez si vous avez l’impression de pouvoir
totalement vous déposer et vous reposer.
Imaginez que vous êtes un chien ou un chat ou un autre mammifère pour
lequel vous sentez de l’affinité et pelotonnez-vous là.
Vous pouvez vous détendre et entrer dans un état de repos profond.
C’est bon… vous êtes arrivé à la maison.
Plus rien à tenir. Vous y êtes.
Prenez tout le temps que vous souhaitez et que vous pouvez dans cet
endroit.
Puis, tout en douceur, soignez la transition entre ce lieu sûr, délicieux, dans
votre corps-royaume intérieur et votre retour dans la vie. Vous pouvez vous
étirer comme un chat, tout lentement, bâiller, faire des petits mouvements,
respirer profondément ; enfin, à votre rythme, revenez dans le monde, en
sachant que vous avez un lieu incroyable en vous où vous pouvez être vous-
même et vous déposer.
La couverture magique3
Voici un exercice à faire en cas de peur.
Pour façonner votre couverture magique, il est très important d’effectuer cette
première partie de l’exercice lorsque vous allez bien, que vous êtes serein et
bien installé dans votre système vagal ventral (on vous fait un peu réviser la
théorie polyvagale !).
Pratique
Installez-vous confortablement et déposez-vous sur la terre en lui offrant
tout votre poids. Vous pouvez imaginer que les tensions dégoulinent jusqu’à
elle et que votre corps devient lourd, lourd, lourd et bien au contact avec le
sol.
Respirez profondément et lentement au moins à trois reprises en
commençant par l’expir.
Ensuite, imaginez que devant vous se trouve une couverture d’un matériau
délicieux et magique qui a le don de vous réconforter. Elle a été conçue et
créée spécialement pour vous par les êtres qui vous ont le plus aimé au
monde. Chaque fil qui a tissé cette couverture est constitué de leur amour
pour vous. Vous pouvez d’ailleurs les visualiser en train de tisser cette
couverture rien que pour vous. Ils sont tous là, autour de cette couverture, à
sourire en repensant aux moments privilégiés qu’ils ont eu l’occasion de vivre
avec vous, à tout l’amour qu’ils vous portent. Ils maillent leurs fils en les
tissant avec ceux des autres. Et cela donne une création merveilleuse et
inouïe.
Chacun y laisse sa trace, voire son visage, sur un morceau de la toile-
doudou, pour que vous puissiez mieux vous relier à eux lorsque vous en
aurez besoin.
Cette couverture-là, elle est à vous. Rien qu’à vous. Faite juste pour vous.
Vous pouvez la ranger dans votre cœur ou dans un endroit sûr.
Lorsque vous vous sentirez seul, angoissé, rempli de peur, pensez à votre
couverture ! Ressortez-la et couvrez-vous avec. Elle vous réconfortera
immédiatement.
Si vous le souhaitez, vous pouvez avoir près de vous une petite couverture
ou un morceau de couverture avec lequel vous pourrez vous envelopper pour
mieux sentir votre couverture magique.
Le coussin épaulant
Un autre moyen de vous apporter de la réassurance est d’avoir à votre
disposition un coussin suffisamment ferme pour que vous puissiez le mettre
sur votre épaule lorsque vous vous sentez apeuré et dépassé par les
événements.
Vous pouvez alors imaginer que le coussin se transforme en une personne
dont la présence vous rassure. Cela peut être un de vos parents ou bien
toute autre personne auprès de qui vous vous sentez en sécurité et dont
vous auriez aimé être protégé, notamment lorsque vous étiez enfant. Si vous
le sentez, autorisez-vous à redevenir un petit enfant pendant quelques
instants. Parce que, fondamentalement, nos peurs primaires et essentielles
se sont installées dès notre plus jeune âge lorsque nous n’avons pas reçu la
réassurance dont nous avions besoin pour nous réguler. Prenez le temps de
vous permettre d’être de nouveau ce jeune enfant qui a peur et qui se laisse
épauler par cette grande personne rassurante et aimante incarnée par le
coussin.
Même si, à la lecture, cela peut paraître étrange de se faire rassurer par un
objet inerte, notre corps, en ressentant la présence épaulante du coussin
aidé par notre imagination, pourra rétablir son équilibre car il se sentira
contenu.
Je me contiens4
Pour faire cet exercice, placez votre main droite sous votre aisselle gauche.
Puis votre main gauche au niveau du haut de votre bras droit, comme si vous
vous donniez un gros câlin, ce que vous êtes en réalité en train de faire.
Respirez un moment dans ce câlin qui vous contient, qui vous permet de
sentir vos limites, votre corps qui est le lieu de toutes les expériences.
Prenez le temps de sentir ce que ça vous fait de vous sentir ainsi contenu.
Vouuuuuu !
Bon, ce n’est pas le nom officiel de cet exercice mais c’est un joli moyen
mnémotechnique pour s’en souvenir quand les temps sont durs.
Pour le faire, il suffit de prendre votre souffle et d’exhaler en prononçant la
syllabe « Vouuuuuu » en laissant le son vibrer et partir depuis le plus profond
de votre diaphragme ou de votre ventre, si vous y arrivez. Laissez le son
« Vouuuuu » vibrer dans toute votre cage thoracique et dans vos lèvres
jusqu’à ce que vous soyez à bout de souffle.
Laissez l’inspir se faire toute seule, naturellement, et répétez le processus
autant de fois que nécessaire.
Et, encore mieux, combinez les deux exercices : dites « Vouuu » en vous
faisant un câlin contenant. Vous verrez, cela fait des merveilles ! Avec les
enfants, ça marche aussi du tonnerre.
Être entouré d’une personne (ou plusieurs) peut être très aidant et puissant
pour prendre soin de sa peur. Si vous le pouvez, lorsque vous sentez les
prémices de la peur arriver, appelez un proche, rapprochez-vous d’un ami,
cherchez un regard empathique dans la foule. Une simple présence
rassurante peut permettre à votre système nerveux de trouver le chemin vers
plus de stabilité et de calme.
Note : même si vous n’êtes pas sujet à l’angoisse, nous vous conseillons de
vous familiariser et d’apprendre les exercices marqués de . Ce faisant,
vous serez en mesure d’accompagner quelqu’un traversant une crise
d’angoisse. Ainsi, comme on apprend les gestes de premiers secours, il
serait merveilleux que nous puissions apprendre ces gestes de premiers
secours émotionnels pour nous soutenir les uns les autres en cas de crise.
Ruminator
Ruminator, vous savez, c’est ce machin-chose qui fait tourner vos pensées
en boucle à l’infini, vous rendant aussi performant qu’un hamster sur sa roue,
avec mille pensées à la minute et aucun répit.
Ce machin qui vous réveille en plein milieu de la nuit et qui ne vous lâche pas
jusqu’à ce que vous soyez épuisé. Ce truc qui vous fait ressasser des
situations passées avec toute une série de scénarios aussi improbables que
variés.
Ce bidule qui vous fait faire des projections dans tous les sens, si possible
alarmistes et désarçonnantes.
La rumination… ce compagnon fidèle de nos jours et de nos nuits.
Elle fait partie des innombrables stratégies de protection qui se sont
développées en nous dans une tentative de nous aider. Cette stratégie
ruminatrice qui cherche par tous les moyens à contrôler l’incontrôlable – étant
donné que le passé est passé et que le futur n’est pas encore arrivé – n’est
pas du tout agréable. Mais, lorsque vous essayez de décrocher ou de vous
changer les idées, c’est peine perdue.
Bien souvent, nous nous détestons dans notre rumination. Nous détestons
aussi les coprotagonistes de l’histoire qui se raconte en nous. Et nous nous
sentons mal à l’aise.
La difficulté vient souvent du fait que nous voulons arrêter de ruminer, alors
que, comme toute stratégie de protection, la rumination a un rôle à jouer et
elle ne va pas nous lâcher de sitôt parce que nous n’avons pas envie qu’elle
soit là.
Comme pour les émotions, il est nécessaire d’écouter le message que porte
la rumination pour adresser le besoin dont elle est porteuse.
Grâce à la rumination, nous cherchons à nous rassurer en voulant contrôler
ce qui fut et ce qui sera. L’état ruminant fonctionne en mode automatique. La
machine se lance mais nous, en tant qu’être conscient et intelligent, n’y
participons pas vraiment.
Afin de mettre à contribution votre partie rationnelle et de calmer la partie
alarmée en vous, vous pouvez effectuer l’exercice suivant.
Si la rumination vous prend pendant la nuit, faites l’effort de sortir du lit et
prenez feuille et stylo, ou votre magnifique cahier d’exercices. Si vous êtes en
pleine journée et que vous ne disposez pas de votre cahier, n’importe quelle
feuille fera l’affaire.
Tout d’abord, faites savoir à Ruminator que vous êtes là pour l’aider à trouver
la meilleure solution possible, pour l’épauler, pas pour le virer. Vous pouvez
aussi le remercier d’être là et de faire son travail de vouloir votre bien-être.
Réfléchissez à la situation qui vous fait ruminer et trouvez-lui un titre, si
possible rigolo, théâtral ou cinématographique.
Par exemple, si je suis préoccupée par ce que m’a dit mon ex-mari et la
façon dont je ne lui ai pas répondu, je pourrai appeler mon récit : « Patate
chaude empoisonnée sous gravillons ».
Puis rédigez l’histoire exactement comme vous auriez aimé qu’elle se soit
passée et les conséquences que vous aimeriez qu’elle ait dans le futur. Dans
le cas de l’échange avec mon ex-mari, je pourrais commencer par quelque
chose comme :
« Ce matin-là, insouciante que j’étais à m’occuper de mon jardin, je
chantonnais aux côtés de mes arbustes, transplantant des fraisiers, tandis
que mon chien sautillait tout heureux autour de moi. Mon ex-mari arriva alors
chez moi, sans crier gare. Surprise, je me levai et lui dis, courageuse et droite
comme un “i” qu’il n’avait pas à faire irruption comme cela dans ma demeure
et qu’il était hors de question que nous échangions dans ces conditions
imposées par lui. Contrit, il se rendit compte de son impair et s’excusa,
confus. Il me demanda si je voulais bien échanger avec lui plus tard et dans
quelles conditions. Je pris tout mon temps pour réfléchir au meilleur contexte,
au moment idéal pour moi, et nous nous mîmes d’accord pour avoir une
discussion plus tard dans un café. Etc. »
Utilisez votre imagination !
Vous pouvez verser dans le fantastique et devenir un super-héros ou bien
rester dans le réel et mener la situation de main de maître en répondant le
mieux possible à vos différents besoins, y compris ceux qui semblent
complètement contradictoires. D’ailleurs, prenez bien note de ces besoins qui
paraissent inconciliables et voyez comment vous goûtez de trouver une issue
satisfaisante pour toutes les parties de vous.
Si vous ne savez pas exactement ce que chaque partie de vous voudrait et
ce qui serait « le mieux » dans cette situation, écrivez juste : « Et tous mes
besoins sont ainsi satisfaits. »
Terminez votre récit avec le mot « Fin » et retournez vous coucher ou à votre
vie dans le présent.
Rebootez-vous vous-même
Maintenant que vous avez lu tout ça, vous avez compris que nous sommes
tous dans le même bateau, traumatisés de la life ! Et en même temps, bah,
que c’est comme ça !
Mais à partir de maintenant, on va pirater le système ! Et pour pirater le
système, on l’utilise. Car, autant tout a été là pour nous faire vivre ces
traumatismes, autant tout est là pour nous aider à en ressortir grandis.
Pour redémarrer sur de bonnes bases, vous pouvez vous rebooter vous-
même.
Prenez votre ordinateur.
Ouvrez un logiciel de traitement de texte.
Faites une liste de vos pensées et croyances limitantes, les « Je suis seul »,
« Je ne mérite pas d’être aimé », « Je suis trop », « Je suis inadéquat »…
Prenez le temps de sentir ce qui résonne vraiment en vous.
Une fois que vous avez écrit ces phrases, enregistrez et fermez le fichier.
Et éteignez l’ordinateur.
Comment vous sentez-vous ?
Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que le document est là, en mémoire,
dans votre système ?
C’est OK pour vous de le laisser là ?
Si oui, continuez le livre (ou faites autre chose) sans lire la suite de l’exercice.
Sinon, vous pouvez rallumer l’ordinateur.
Rouvrez le fichier.
Relisez les phrases.
Et maintenant, que décidez-vous d’en faire ?
…
Note : quoi que vous ayez fait (ou pas), c’est ce qui était bon pour vous !
Notre voiture est un peu comme notre corps, c’est notre véhicule pour nous
déplacer dans l’espace et le temps.
Apprenons à sortir de nos modes habituels de conduite en explorant d’autres
façons de (nous) conduire, bien présents et en lien avec l’environnement.
Le décrochage intentionnel
Lorsque nous sommes submergés, notre relation au temps s’altère. Nous
avons l’impression que le temps est compressé, que tout presse et qu’il n’y a
pas assez d’espace pour réaliser ce que nous avons à faire.
Dans ces moments d’agitation et d’impression de « Je ne vais jamais y
arriver », plutôt que de continuer à pédaler dans la semoule, le mieux est de
faire une pause disruptive. D’organiser un décrochage intentionnel qui va
nous permettre de retrouver un état de détente. Cela paraît contre-intuitif
parce que le diktat de notre voix intérieure dit qu’on n’a pas le temps et qu’il
faut se dépêcher mais c’est précisément en s’arrêtant et en faisant tout à fait
autre chose – de préférence ludique ou sans but « utile » spécifique – que
nous pouvons revenir dans le vagal ventral et accéder à nouveau à notre
cortex préfrontal qui est la partie rationnelle de notre cerveau qui peut se
concentrer et réaliser des tâches.
« Lorsque ma sœur et moi étions agitées, activées et hyperréactives, ma
mère nous disait que nous étions “greffées en panthère”. Alors elle nous
envoyait jouer une demi-heure dans la cour avec les voisins. Même, ou plutôt
surtout, lorsque nous avions énormément de devoirs à faire et des examens
le lendemain, elle nous arrêtait net lorsqu’elle voyait que nous partions en
cacahuète. Plus grandes, lorsque nous avons passé l’âge de jouer avec nos
voisins, elle nous envoyait acheter une bricole dans le petit magasin du bout
de la rue. Cela marchait à tous les coups ! Lorsque nous revenions à nos
devoirs, nous étions rafraîchies, renouvelées et beaucoup plus concentrées
que si nous étions restées là, coincées devant nos livres et croulant sous la
pile de devoirs. » Carol
Quelques idées de décrochages intentionnels :
– avoir un cahier de gribouillis où vous faites des dessins, des arabesques ou
tout autre trait libre qui vous vient,
– remplir des cahiers de mandalas avec des crayons de couleur,
– compter le nombre de fenêtres qu’il y a dans la pièce où vous êtes, le
nombre d’objets orange ou ronds que vous observez autour de vous (ou
autre chose qui vous vient à l’esprit),
– se raconter des blagues entre collègues ou amis,
– faire des exercices corporels tels que celui de l’algue,
– danser sur une musique qui vous plaît,
– faire le ménage, plier le linge ou toute autre tâche qui implique votre corps.
Attention, river vos yeux sur un écran n’a pas du tout le même effet
décrochant. Nous vous recommandons d’éviter les écrans en cas de
submersion car ils surstimulent notre système nerveux par ailleurs bien
chargé. Nous avons besoin de revenir à nos sens ou de laisser aller notre
imagination, pas de nous charger de bruit et d’informations.
Ensuite, revenez à votre activité initiale et observez la différence.
Vous pouvez aussi vous saluer d’avoir fait cet exercice : bravo à vous !
Avez-vous déjà entendu causer ces différentes parties de vous ? Celle qui est
toute raplapla et qui n’y croit plus ? Celle qui s’agace et vous trouve lâche et
pas digne et pas assez ceci et trop cela ? Entendez-vous encore celle qui est
tout enthousiaste et qui sait qu’on n’est pas condamné à errer et à souffrir à
tout jamais, comme des victimes impuissantes ? Et bien d’autres parties
encore avec des discours et des visions bien à elles ?
Parfois, lorsque nous nous laissons aller à les entendre, nous avons
l’impression d’être à moitié fous. Cela pourrait sonner schizophrène d’avoir
autant de voix et de parts en soi avec des avis et des comportements et
intérêts si différents. Lorsque les avis intérieurs sont opposés, nous vivons un
conflit intérieur qui peut générer une forme de paralysie.
Pour remettre de la cohérence et de la fluidité dans notre royaume intérieur, il
est indispensable de changer notre regard sur nos « habitants ». Même si
nous les trouvons parfois (souvent) encombrants, ils ont tous – oui, oui,
tous ! – une très bonne raison d’être là. Chacun est porteur d’un message,
d’une connaissance, d’une sagesse particulière qu’il pourrait être en mesure
de partager avec vous. Des alliances incroyables peuvent être faites entre
des parties de vous dont vous ne soupçonnez même pas l’existence et celles
qui sont les plus démunies.
Pour vous donner un avant-goût de ce que cela peut être, faites l’exercice
suivant.
Pratique
Réservez-vous un espace-temps d’une demi-heure rien que pour vous, pour
être tranquille et sans distractions.
Installez-vous bien confortablement et déposez tout votre poids sur le sol.
Sentez combien ce sol vous soutient. Il est là pour vous, quoi qu’il arrive.
Imaginez qu’à l’intérieur de vous réside une personne fantastique avec
laquelle vous n’avez jamais fait connaissance. Cette personne pourrait et
voudrait devenir votre alliée, œuvrer avec vous pour vous épanouir et réaliser
vos rêves les plus fous. Nous ne connaissons pas encore ses talents mais
elle est là, prête à bondir lorsque vous vous adresserez à elle.
Prenez le temps de convoquer cette partie super douée et géniale qui réside
en vous. Pour cela, il suffit que vous désiriez entrer en contact avec elle.
Lancez l’appel et faites-vous confiance.
Pour vous aider, vous pouvez demander à cette partie merveilleuse de se
faire connaître en vous envoyant une image d’elle (si vous êtes du genre à
visualiser facilement) ou en se manifestant par une sensation corporelle.
Détendez-vous et laissez venir ce qui vient en sachant que ça vient.
Si c’est une sensation que vous percevez, adressez-vous à la partie géniale
en vous en lui demandant d’augmenter la sensation. Si la sensation
s’amplifie, alors ça y est, vous êtes en relation avec cette partie incroyable de
vous qui vient s’adresser à vous, d’abord, par le biais de cette sensation.
Vous pouvez la remercier de se manifester à vous ici et maintenant et lui
demander intérieurement si elle a envie de collaborer avec vous à présent.
Laissez-vous sentir si la réponse est oui ou non. A priori, si elle s’est
manifestée, c’est qu’elle en a peut-être envie mais c’est important de le
vérifier.
Restez avec cette sensation corporelle tout en sachant que vous êtes en lien
direct avec une alliée de taille. Observez comment vous vous sentez en sa
présence. Voyez si vous pouvez établir une communication avec elle, et si
oui, intéressez-vous à elle, à qui elle est, à ce qu’elle sait faire, à sa manière
de percevoir le monde, à ce qu’elle aime et ce qu’elle aime moins. Écoutez-la
et, si vous le souhaitez, demandez-lui de vous soutenir à l’avenir.
Si c’est une image qui vous est apparue, prenez le temps de découvrir à qui
ou à quoi ressemble cette partie. S’agit-il d’un homme ? d’une femme ? Quel
âge a-t-il ou a-t-elle ? Quelle est son expression ?
Comment vous sentez-vous en sa présence ?
Si vous le souhaitez, vous pouvez vous adresser à elle et lui demander quelle
est sa vision de la vie, quel est son talent (ou son super-pouvoir) et si elle a
quelque chose à vous dire ou à vous apprendre.
Vous pouvez aussi lui demander comment faire alliance avec elle et comment
l’appeler lorsque vous aurez besoin d’elle, de son énergie et de sa sagesse.
Une fois que vous aurez tissé ce lien, remerciez-la et félicitez-vous d’avoir
accompli ce bel exploit. Vous pouvez aussi dire à cette partie que vous vous
reverrez, si vous avez l’intention de lui rendre de nouveau visite plus tard.
Ensuite, tout en douceur, revenez pas à pas dans la conscience de votre
environnement et reprenez à votre rythme le cours de votre journée ou de
votre nuit.
Si l’ensemble de cet exercice vous a paru farfelu ou difficile à faire tout seul et
si vous sentez que vous avez envie d’approfondir, nous vous invitons à
prendre contact avec un thérapeute formé à la Thérapie des États du Moi ou
au modèle de l’Internal Family Systems. Ils vous accompagneront sur la voie
de la rencontre et de l’apprivoisement de vos parties intérieures.
Un moment merveilleux
Il est des moments dans notre vie qui sont teintés de magie. Des instants où
tout semble parfait, où rien n’a besoin d’être ajouté ni enlevé car tout est à sa
place. Des occasions où nous nous sentons si bien que nous pouvons
profiter pleinement de la merveille d’être en vie, en lien avec le vivant.
Lorsque nous vivons de tels instants, la vie nous apparaît belle et fertile et
nous nous sentons connectés à une infinité de possibles. Dans ces instants,
nous sommes dans notre système vagal ventral, lieu d’interaction et de lien
par excellence.
L’exercice suivant a pour objectif de vous accompagner dans la
remémoration de tels instants. En les revivant encore et encore, vous faites
l’expérience directe de l’activation volontaire de votre vagal ventral. Ce
faisant, vous creusez un joli sillon qui vous permettra, lorsque vous vous
sentirez agité, de retrouver le chemin jusqu’à ces instants ressourçants. Une
fois reconnecté à ces instants et au ressenti de bien-être associé, vous serez
en mesure de vivre les choses plus posément et de voir la vie d’une manière
plus constructive.
Installez-vous dans un endroit où vous vous sentez bien et en sécurité.
Prenez le temps de vous mettre à l’aise.
Lorsque vous aurez trouvé la posture qui vous convient, assis ou couché,
plongez à l’intérieur de vous en fermant les yeux ou en les gardant semi-clos
pour éviter d’être distrait.
Reliez-vous à votre respiration, cette compagne fidèle, témoin de chaque
instant de votre vie. Prenez conscience de sa présence constante et laissez-
la se déployer amplement. D’abord dans votre cage thoracique, puis dans
votre ventre, puis en lui permettant de voyager dans chaque partie de votre
corps. Laissez-vous respirer dans les bras, dans votre tête, dans votre
bassin, dans vos jambes et dans vos pieds. Laissez-la se balader de manière
fluide partout dans votre corps et prenez le temps de sentir ce que c’est
d’avoir un corps respirant.
Nourri de cela, convoquez le souvenir d’un moment de grand bien-être dans
votre vie. Un moment où vous vous êtes senti en paix, épanoui, joyeux,
heureux, bien entouré (ou avec vous-même). Il a pu s’agir d’un bref instant,
dans des circonstances toutes simples, voire inespérées. Ne cherchez pas
quelque chose de paradisiaque. Parfois, une simple glace partagée avec un
être aimé dans un parc avec un beau coucher de soleil est juste un moment
merveilleux, parce qu’à ce moment-là, tout était parfait pour vous.
Laissez-vous surprendre par la scène qui vous apparaîtra et accueillez-la
telle qu’elle vient.
Une fois que votre souvenir aura refait surface, prenez le temps de vous
remémorer les détails de cet instant. Vous rappelez-vous où vous étiez ?
avec qui ? ce qui se passait à ce moment-là ? Laissez remonter tous les
petits détails qui enrichiront votre connexion à ce souvenir.
Comment perceviez-vous les autres, le monde et vous-même à ce moment-
là ?
Comment vous sentiez-vous précisément ? Comment appréciiez-vous d’être
vous à cet instant précis ? Laissez remonter les sensations et permettez-leur
de circuler en vous.
Et voyez comment vous respirez maintenant.
Quelles émotions étaient présentes à ce moment-là ? Contactez-les et
laissez-les s’épanouir à présent, comme elles le firent autrefois.
Prenez tout le temps que vous souhaitez pour revivre les sensations et les
émotions corrélées à cet événement et laissez-vous toucher par la sensation
de bien-être qui en découle.
Si vous le souhaitez, vous pouvez attribuer un mot-clé à cet instant précis, ou
le relier à une image ou à un geste. Ainsi, lorsque vous aurez envie ou besoin
de vous y reconnecter, vous pourrez convoquer ce souvenir avec sa palette
de sensations agréables à l’aide du mot-clé, de l’image ou du geste associés
(cela s’appelle un « ancrage »).
Vous pouvez rouvrir les yeux et constater dans quel état vous vous sentez
maintenant. Puis vous préparer pour la suite de votre journée.
Pratique
Préparez-vous à vivre un grand moment de détente !
Programmez-vous une belle plage horaire vous permettant de vivre cet
exercice en toute lenteur et avec assez de temps pour revenir en douceur
dans la vie de tous les jours.
Coupez toutes les sources de distraction et prévenez vos proches que vous
avez besoin de ce temps tranquille, sans interruption.
Choisissez avec soin le siège ou la surface sur laquelle vous allez vous
installer. Faites le nécessaire pour vous sentir à l’aise, coconifié. Certaines
personnes apprécient d’avoir une petite couverture ou un coussin tout doux à
prendre dans les bras. D’autres aiment pouvoir bouger librement. Testez ce
qui est bon pour vous pour vous sentir bien.
Fermez les yeux ou gardez-les entrouverts pour éviter d’être distrait. Vous
pouvez aussi les garder totalement ouverts et fixer votre regard sur un point
précis. Vous pouvez tester les trois possibilités et voir celle qui vous sied le
mieux ici et maintenant.
Prenez quelques instants pour prendre acte de votre ressenti global. Vous
pouvez vous poser les questions suivantes : « Comment je me sens, là, tout
de suite maintenant ? », « Qu’est-ce qui est présent pour moi ? », « Est-ce
que la première chose qui attire mon attention, ce sont mes pensées ? Si oui,
que racontent-elles en ce moment précis ? »
Écoutez un peu ce qui se raconte à l’intérieur de vous sans donner le change
à vos pensées, juste en étant témoin de ce qui se dit au-dedans.
Si c’est votre ressenti corporel qui vous apparaît, prenez le temps de faire un
scanner rapide de votre état global : comment goûtez-vous d’être dans votre
corps à présent ?
Si c’est une ou plusieurs émotions ou sentiments qui apparaissent en
premier, vérifiez si vous arrivez à les nommer. Y a-t-il une sensation
corporelle associée à cette émotion ou à ce sentiment ? Prenez juste note de
ce qui est présent.
Si ce sont des images, des impressions indéfinissables ou toute autre chose
qui vient à votre conscience, soyez témoin de tout cela, même si c’est un
gloubi-boulga inintelligible. Puisque c’est là, ç’a sa place.
Ce petit tour du propriétaire accompli, faites appel à l’image d’un lieu
magnifique et ressourçant où vous pourrez vous reposer en toute tranquillité.
Il peut s’agir du souvenir d’un lieu que vous avez déjà visité, dont la beauté
vous a émerveillé. Il peut s’agir d’un endroit paradisiaque vu en photo ou
dans un film. Et il peut s’agir d’un endroit construit de toutes pièces par votre
imagination.
En général, les sites naturels peuvent être source de grand bien-être. Une
petite plage à côté d’une cascade, une jolie cabane avec un bel âtre crépitant
et une soupe qui bout dedans, au milieu d’une forêt d’arbres hauts, un lac au
sommet d’une montagne baignée par le soleil, une barque au milieu d’une
mer turquoise… Voilà quelques idées de lieux potentiellement ressourçants.
Si vous n’êtes pas fan de nature, vous pouvez imaginer un fauteuil tout
douillet dans un salon joliment décoré, nimbé d’une lumière suave ; la cuisine
d’une grand-mère où vous avez passé des moments délicieux, avec l’odeur
de bons petits plats qui mijotent mêlée aux arômes de lessive et d’enfance
rieuse. Un autre « lieu » ressourçant peut aussi être les bras d’un être aimé
auprès de qui vous vous êtes senti aimé et en sécurité.
Laissez-vous le temps de vous remémorer ce lieu ressource et imaginez que
vous y êtes.
À quel endroit précis êtes-vous situé ?
Dans quelle position ?
Y a-t-il de la verdure ou des animaux autour de vous ?
Si votre lieu se situe au grand air, sentez-vous le vent autour de vous ?
Comment est la lumière ? Fait-il jour, nuit ou entre les deux ?
Quel temps fait-il ?
Quels autres détails observez-vous ?
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cet endroit ?
Si vous le souhaitez, adressez-vous à votre lieu ressource comme s’il était
vivant. Demandez-lui de vous protéger, de prendre soin de vous, de veiller
sur votre bien-être. Il vous écoute…
Sentez ce que cela vous fait d’être dans cet endroit, protégé.
Vous pouvez vous y déposer, respirer, relâcher vos tensions.
Vous n’avez rien à faire.
Vous pouvez juste être.
Avec tout ce qui vous habite.
Rien à changer.
Rien à prouver.
Vous êtes totalement le bienvenu.
Ce lieu, c’est le vôtre.
Rien qu’à vous.
Vous y êtes en sécurité.
Respirez et profitez…
Une fois que vous avez fait le plein de détente et de bien-être, vous pouvez
trouver un nom pour cet endroit magique. Vous pouvez aussi faire un geste
précis qui sera associé à ce lieu afin de créer un ancrage.
Ainsi, chaque fois que vous ferez ce geste, vous vous rappellerez cet endroit
et vous pourrez y revenir pour vous détendre.
Vous pouvez remercier ce lieu de vous avoir accueilli et de vous protéger.
Puis, progressivement, reprenez conscience de votre ressenti corporel.
Intégrez petit à petit les sons environnants et, lorsque vous vous sentirez
prêt, ouvrez les yeux.
Prenez le temps de la transition.
Étirez-vous, bâillez, faites de petits mouvements et, tout en douceur, revenez
dans votre quotidien avec la conscience que, désormais, vous avez un lieu
ressource, rien qu’à vous, où vous pourrez vous nicher quand le besoin se
fera sentir.
Voilà comment je m’en suis sorti
Lorsque notre système nerveux est dérégulé et activé, il est fréquent de
contacter un sentiment d’impuissance. Combien de fois vous êtes-vous déjà
dit : « Je ne vais jamais y arriver » ?
Dans ces moments-là, nous avons l’impression d’être nuls, dépourvus de
talents et de choix, et nous nous enfonçons dans le désarroi du vagal dorsal.
Afin de retrouver notre énergie plus facilement et de nous reconnecter à nos
capacités à nous en sortir, à être créatifs et à aller de l’avant, installez
régulièrement la ressource décrite dans cet exercice.
Lorsque vous aurez l’impression d’être la victime impuissante d’un monde
hostile ou qui s’écroule, vous pourrez faire appel à cette ressource qui vous
rebranchera à votre énergie vitale et à votre capacité d’agir.
Si vous le souhaitez, vous pouvez faire cet exercice en présence d’un témoin
bienveillant et silencieux.
Pratique
Installez-vous bien confortablement, dans un endroit calme, où vous ne
serez pas interrompu.
Vérifiez que vous êtes installé de la manière la plus agréable et confortable
qui soit. Parfois, un petit coussin, un changement de siège, une petite
couverture sur les pieds ou sur le dos peuvent faire toute la différence.
Prenez ce temps d’installation, c’est une manière très importante d’apprendre
à vous donner de l’attention et du soin. Les maîtres mots sont « pas
d’urgence » et « prenez tout le temps nécessaire ». (Rien qu’en écrivant ces
mots, cela me fait soupirer d’aise…)
Fermez les yeux si vous êtes à l’aise ainsi ou gardez-les ouverts, fixés sur un
point ou entrouverts pour éviter d’être distrait tout en vous empêchant de
vous endormir, si telle peut être votre tendance lorsque vous vous posez
ainsi.
Observez votre respiration telle qu’elle est actuellement. Suivez son rythme,
sans chercher à le changer. Juste en étant avec.
Voyez si quelque chose se modifie du fait que vous assistez en présence à
son va-et-vient sans chercher à changer votre respiration ou si elle reste la
même.
Prenez le temps dont vous avez envie avec votre respiration.
Puis laissez venir à vous le souvenir d’un moment de votre vie où vous avez
réussi à vous en sortir. Peu importe si ce souvenir est récent ou ancien. Il
n’est pas important non plus de se rappeler tout à la perfection. Des études
récentes ont montré que notre mémoire fonctionne en faisant un patchwork
de souvenirs avec des impressions et une couleur énergétique semblable. Ce
qui vous vient est donc parfait tel que c’est.
Il est possible que deux ou trois souvenirs remontent en même temps. Si
c’est le cas, choisissez celui qui éveille le plus de fierté chez vous.
Si vous avez l’impression qu’il n’y a aucun souvenir qui vous vient parce que
vous sentez que vous n’avez jamais rien accompli d’extraordinaire, sachez
qu’il n’est pas question ici d’avoir réalisé un exploit mais plutôt d’avoir réussi
à vous sortir d’une situation ou à faire quelque chose que, d’ordinaire, vous
n’auriez pas fait. Cela peut autant être oser avoir dit bonjour à votre voisine
qu’avoir pu dire non sans revenir sur votre décision.
Il s’agit donc de tout moment où vous avez ou vous auriez pu vous sentir fier
de vous.
Une fois que vous avez trouvé votre souvenir, plongez dedans. Parvenez-
vous à vous rappeler comment ça s’est passé ? Comment s’est déroulée la
scène ? Prenez le temps, en vous la repassant, de recontacter les ressentis,
les émotions que vous aviez à chaque instant.
Peut-être que vous aviez des craintes à un moment, ou que vous vous
sentiez figé. Contactez ces sensations.
Ensuite, rappelez-vous ce qui a fait « clic » en vous, ce qui vous a poussé à
agir, malgré tout, et à faire que vous avez osé puis rappelez-vous que vous
vous en êtes sorti.
Repérez, si vous le pouvez, ce qui se produit dans votre corps lorsque vous
vous rappelez le moment déclic et votre passage à l’action.
Si tout se déroule trop vite dans votre souvenir, n’hésitez pas à le passer au
ralenti. Pour cela, vous pouvez imaginer que vous avez une télécommande et
que vous pouvez ralentir ou revenir en arrière à votre guise, ressentant
chaque émotion, chaque pensée lorsque l’image repasse devant vous.
Si vous êtes accompagné d’un témoin bienveillant, expliquez-lui par le menu
tout ce que vous percevez, tout ce que vous vous rappelez et toutes les
sensations qui se ravivent en vous.
Vous pouvez finir votre récit en disant à voix haute : « Voilà comment je m’en
suis sorti ! »
Restez le plus de temps possible avec ce sentiment de réussite et de fierté.
Voyez comment il influe sur votre ressenti corporel.
Comment ça se passe dans votre corps, maintenant que vous êtes connecté
à ce sentiment de fierté et que vous réalisez que vous y êtes parvenu, malgré
la difficulté de la situation ?
Si une sensation particulière apparaît dans votre ressenti corporel, accordez-
lui votre attention. Vous pouvez lui proposer aussi de s’étendre, de se dilater.
Laissez-vous ressentir cette expansion.
Il est possible que des pensées parasites viennent vous raconter que ce
n’était pas si important que ça, que c’était normal, qu’il ne faut pas se monter
la tête.
Cela est normal. Ces voix, représentantes d’autres parties de vous qui
cherchent à vous protéger, veulent vous mettre en garde. Si elles
apparaissent, vous pouvez les remercier, leur faire un bisou ou un câlin puis
leur dire que vous avez besoin de savourer ce moment de fierté et que vous
n’oubliez pas qu’elles sont là pour prendre soin de vous. Normalement, dès
que vous les avez écoutées, ces voix se replient tranquillement. Si ce n’est
pas le cas, alors voyez dans quelle mesure il est possible de laisser coexister
la voix de la fierté et de la réjouissance et les voix qui craignent une
déception et qu’on pourrait avoir tendance à qualifier de « rabat-joie ».
Une fois que vous aurez terminé votre bain de fierté, vous pouvez transiter en
toute douceur vers votre vie quotidienne, tout en restant connecté à vos
capacités personnelles.
Plus vous ferez cet exercice, avec différents souvenirs, plus vous rendrez ces
ressources disponibles et plus vous dégélerez les parties qui sont reliées à
l’impuissance et au sentiment d’être une victime, pour retrouver plus
facilement votre pouvoir d’acteur.
Scénario no1
Vous avez plutôt tendance à partir en mode vagal dorsal, à vous figer, à vous
couper intérieurement ? Essayez la méthode suivante.
Si vous êtes trop activé pour pouvoir réagir calmement, et que l’émotion de
colère est là – avant que ça coupe –, c’est pour vous aider à poser une limite.
Dites « Stop ! ». Allez-y ! Même si ça vous paraît violent, c’est le moment
justement de mettre une limite pour que ça ne monte pas plus dans les tours
et que vous soyez obligé de vous fragmenter, de vous dissocier.
Parfois, surtout si vous n’avez pas l’habitude de vous énerver ou de poser
clairement vos limites, c’est aussi ce qu’attend – inconsciemment – l’autre.
Que vous vous positionniez clairement. Que vous apparaissiez dans la
relation. En fait, cela fait un moment « qu’il vous cherche ». Et c’est ça qui
vous met en colère. Et si vous ne réagissez pas, vous entrez alors tous les
deux dans un cercle vicieux.
En exprimant vos limites, vous prenez votre place, vous lui apparaissez alors
clairement, ce qui va lui permettre ou le forcer à revenir chez lui, dans ses
limites, qu’il dépassait en investissant votre espace – physique ou psychique.
Vous avez réussi à prendre votre place, vous regagnez du terrain, votre
espace. Dans cet acte de libération d’une charge – qui s’est exprimée à
travers l’énergie de colère –, vous guérissez aussi une ou des mémoires
traumatiques d’intrusion, de manque de respect, etc.
Vous créez au présent de nouvelles stratégies face aux situations de conflit,
et vous récupérez énormément d’énergie et d’espace psychique pour la suite
de votre vie. Bravo ! Vous êtes trop fort !
Scénario no2
Vous avez plutôt tendance à déclencher le mode sympathique et à entrer en
conflit, à vous battre, à ne pas vouloir lâcher le morceau ? Essayez la
méthode suivante.
À ce stade, vous avez sans doute testé plusieurs stratégies (raisonner l’autre,
vous défendre, tâcher de vous calmer…) sans que cela ait fonctionné.
L’enjeu pour vous est de vous préserver, de prendre soin de vous et du lien,
sans y laisser des plumes. Il va s’agir de vous protéger sans vous laisser
emporter par la violence.
Lorsque vous arrivez à la limite, partez, quittez l’autre… en restant
psychiquement présent à vous, à vos sensations, en prenant soin de votre
vécu du moment.
Afin que l’autre puisse comprendre ce que vous faites, le mieux est de lui dire
que vous partez car vous n’en pouvez plus. Quittez les lieux physiquement et
éloignez-vous suffisamment pour retrouver de l’espace et votre centre en
vous autorégulant.
Cela peut vous paraître un échec, une humiliation, la perte de votre intégrité
face à l’autre. Mais il n’en n’est rien. C’est au contraire la solution sage pour
que la violence ne gagne pas le combat – ce ne serait pas vous qui
gagneriez mais la violence en vous.
En partant, vous préservez la paix et l’intégrité de chacun. Vous parvenez à
passer au-dessus de la pulsion à gagner un combat – qui est perdu d’avance
car c’est celui de la violence contre la violence – et vous rejoignez une plus
grande sagesse.
Vous dépassez ainsi votre pulsion animale, qui peut être utile lorsque vous
devez vous battre pour votre survie, mais qui devient très nocive pour tout le
monde dans une simple dispute.
En contenant la réaction automatique de combat, vous vous détournez de la
dynamique du conflit, afin de retrouver un espace d’apaisement pour vous et
pour l’autre.
Bravo ! Vous venez de transformer votre façon de réagir face au stress et
d’ouvrir une nouvelle voie pour les futures situations de conflit.
Vous permettez en outre à l’autre de se réguler seul et de faire face à lui-
même, chacun pouvant retrouver son espace.
Avec le temps, lorsque nous prenons mieux soin de nous et de nos limites,
ainsi qu’en développant une écoute toujours plus fine de nos ressentis, nous
devenons capables de percevoir plus tôt les signaux de malaise nous
indiquant que quelque chose ne nous convient pas.
Une fois qu’une certaine quantité de charge traumatique est libérée, notre
sensibilité s’affine, notre seuil de perception de nos sensations et émotions
est plus bas, et nous pouvons alors répondre à des signaux moins intenses
et plus facilement gérables.
Comme nous cessons de vivre constamment dans l’hyper ou l’hypo
(sensibilité, réactivité, etc.), nous devenons capables d’évoluer avec une
sensibilité plus intégrée, qui va pouvoir s’épanouir.
Précisions
– Lorsque je m’exprime, j’ai tout mon temps, je peux faire des silences,
prendre le temps de réfléchir à ce que je veux dire, sentir en moi ce qui se
passe, respirer.
Je suis libre. L’autre est là, disponible pour moi. Je veille à ne pas porter de
jugement, je reste proche des faits et de mon vécu intérieur et c’est cela que
j’exprime.
– Lorsque l’autre s’exprime, je m’engage à être présent, à écouter vraiment, à
le regarder et à renouveler mon attention vers lui encore et encore. Je
m’efforce de ne pas faire de mimiques (surtout pas de soupirs ou d’yeux aux
ciel), je garde LE SILENCE complet. J’écoute, je suis présent, pour l’autre, à
100 %. J’aurai mon temps à moi, après, ou je viens de l’avoir. J’offre ce que
j’ai de plus précieux à l’autre : ma présence.
– Entre les deux séquences, pas de blabla. On enchaîne. (On peut aller boire
un coup, mais pas de commentaires.)
– Si je suis la seconde personne à m’exprimer, bien entendu, le partage de
l’autre m’a touché, éventuellement beaucoup touché, et je vais vouloir faire
référence à ce qu’il a dit. C’est possible, je peux m’appuyer dessus pour
exprimer ce que je ressens si c’est important pour moi, par rapport à ce qu’il
a dit ou à la situation à laquelle il a fait référence. Mais pas pour me défendre
ou pour régler des comptes, en mode défouloir, avec l’assurance que l’autre
ne peut réagir. Ça, c’est le contraire de ce que vous voulez, vous vous
engagez à la bienveillance, et c’est un processus visant à vous connecter l’un
l’autre.
Il est facile de se laisser prendre par ce que l’autre a dit et de passer tout le
temps sur ça. N’oubliez pas que le temps est limité, peut-être aviez-vous
envie de vous exprimer sur d’autres sujets.
Astuce
En vue de cette session de communication authentique, préparez en amont
les éléments que vous souhaitez exprimer, et prenez des notes sur un bout
de papier (ou dans votre joli carnet). Au cœur du processus, l’émotion est
parfois là, et vous pouvez vite avoir les idées qui se brouillent.
Par ailleurs, cela structurera votre temps de parole.
Processus
1. Présentez à votre partenaire le processus et les règles.
2. Déterminez ensemble le délai de chacun.
3. Et c’est parti !
Nous recommandons un délai de 10 minutes par personne, qui laisse à
chacun le temps de s’exprimer, sans demander une attention dingue à l’autre.
Testez, et vous verrez ce qui est bien pour vous.
Dernier conseil (de Nicolas) : « Ne faites pas comme moi, pratiquez
régulièrement, plutôt que seulement quand ça va mal. »
Prendre sa part
Dans le même ordre d’idées que l’outil relationnel ci-dessus (« Dix minutes
sans être interrompu »), l’exercice suivant concerne la communication avec
l’autre.
Cette fois, l’accent est davantage mis sur notre responsabilité dans un
accrochage ou un conflit.
Il va s’agir de prendre sa part, de reconnaître ses torts, de demander pardon,
sans basculer dans la culpabilité.
Dans une situation de difficulté relationnelle (incompréhension, accrochage,
conflit), je me souviens que c’est toujours 50/50. J’ai toujours une part de
responsabilité, et l’autre aussi.
Mais l’autre, je ne peux pas le changer ! Alors je vais tourner mon attention
vers l’intérieur, et je vais réfléchir… pas au sens de penser, analyser, mais de
refléter. Pour cela, je dois être calme, sinon l’image se reflète mal sur le lac
de ma conscience, elle est déformée.
Donc je prends d’abord le temps de me calmer (vous avez dans ce livre
nombre d’astuces pour cela).
Phase no1
Une fois calme, je contemple ce qui s’est passé. Et je vais chercher,
honnêtement, quelle est ma part dans le conflit. Nous pouvons toujours nous
exprimer plus clairement, avec plus de bienveillance, mieux essayer de
comprendre, ouvrir notre cœur plus grand, mieux accueillir l’autre…
Vous pouvez essayer maintenant, avec une situation d’accrochage ou de
tension qui s’est produite récemment dans votre vie. Écoutez votre cœur, il
vous amènera vers une relation qui reste un peu (ou très) embrouillée.
Prenez le temps de rembobiner la situation avec la personne, et cherchez à
remonter au moment où des émotions sont intervenues, chez vous ou chez
l’autre. Elles sont le signe que l’un de vous ne s’est pas senti respecté ou que
l’un de vos besoins n’a pas été satisfait. Peut-être avez-vous dit quelque
chose qui a blessé l’autre ? Peut-être avez-vous été négligeant en ne prenant
pas soin d’un aspect essentiel pour l’autre ?
Laissez votre cœur vous parler. Vous savez, au fond, ce qui s’est passé.
La difficulté est de le reconnaître. Car vous avez peur d’être jugé. C’est
normal.
Ici, vous êtes tout seul… (enfin, avec nous)… Personne ne va vous juger.
Vous n’êtes coupable de rien. Vous avez fait de votre mieux – on ne peut pas
faire autrement ! –, à chaque instant, nous en sommes persuadés.
Mais vous pouvez peut-être reconnaître ce qui a fait réagir l’autre, et prendre
simplement la responsabilité de vos paroles, de vos actes.
Prenez votre temps. Reprendre sa responsabilité est aussi ce qui va vous
redonner votre pouvoir et votre liberté.
Nous vous encourageons à le dire intérieurement : « Dans la situation
avec…, je reconnais que je… » et complétez la phrase pour vous-même.
Respirez. Tout va bien.
…
Bravo !
Comment vous sentez-vous ?
Plus léger ?
Super !
Vous voyez, ce n’est pas si difficile.
Phase no2
Maintenant, ce qui serait formidable, si c’est possible pour vous, c’est de le
dire à la personne directement. Ou de le lui écrire (par texto, par exemple).
C’est une petite chose en fin de compte, mais c’est ÉNORME ! C’est de
l’Amour en Action ! En le reconnaissant sincèrement en vous-même, vous
avez fait le plus difficile !
Vous n’êtes pas en train de dire « C’est moi qui avais tort », vous êtes juste
en train de prendre votre part, de solder vos dettes dans le grand Livre des
comptes cosmique !
« Sophie, je te prie de m’excuser pour tout à l’heure, j’ai peut-être été un peu
dur avec toi. Je suis désolé. »
Voilà, c’est fait.
En reconnaissant votre part, vous vous libérez d’une charge. En fait, vous ne
le faites pas vraiment pour l’autre mais pour la Vie et pour vous-même, pour
votre relation avec la Vie.
Libéré de cette charge, vous êtes libre, et vous pouvez retrouver la joie, la
légèreté, l’innocence.
Si vous avez confiance dans le lien avec l’autre, alors vous pouvez
reconnaître votre part face à lui, car vous pouvez vous dévoiler en sécurité.
On peut le dire dans l’autre sens maintenant : si vous êtes capable de
reconnaître votre part face à l’autre, c’est que vous avez confiance dans le
lien avec lui. Et ça, c’est très important !
Et, à travers cette démarche humble de témoigner de votre vulnérabilité, vous
montrez à l’autre votre confiance dans votre lien, justement. Et ainsi, vous lui
ouvrez la voie ainsi que votre cœur pour qu’il en fasse autant, en se dévoilant
comme vous l’avez fait.
Cette attitude d’humilité et d’ouverture demande du courage, c’est-à-dire du
cœur à l’ouvrage. C’est un don de soi, qui n’attend rien en retour, et ainsi un
sésame pour entretenir les relations et un lien authentique à l’autre et à la
Vie.
Vous retrouvez ainsi l’innocence d’un enfant, qui vit le cœur ouvert, libre.
Renouer le lien
On se parle
Je ne me sens pas bien
Ça gribouille en moi
Je sens que je pars
Que je me coupe
Que ça parlote en moi
Que je te juge
Tu l’entends
Tu me reçois
Tu me dis que tu me reçois
À ton tour…
C’est à Nous.
Une pluie de douceur
Nous vous invitons dans cet exercice, qui se pratique à deux, à évoquer les
dons et qualités que vous voyez chez l’autre, et réciproquement.
Il s’agit de trouver une personne de votre entourage avec qui vous sentez
que vous pouvez vous dévoiler et vous exprimer en vérité. Vous allez
partager un moment intime, très doux et ressourçant pour chacun.
Prenez le temps de vous installer face à face, confortablement, et de prendre
un temps de contact à travers le regard, en silence. Vous pouvez aussi vous
toucher les mains si vous sentez l’élan mutuel.
Puis vous démarrez : vous allez exprimer tout ce que vous appréciez chez
l’autre, ce que vous percevez comme qualités, comme talents, ce que vous
aimez chez lui… Prenez votre temps pour laisser venir les choses. Regardez
l’autre profondément, laissez émerger des souvenirs, des situations dans
lesquelles il s’est illustré, des moments qui vous ont touché, ému. Laissez-
vous être touché par sa manière de s’exprimer, de se mouvoir, d’être en
relation. Qu’est-ce qui vous inspire, vous touche, vous donne envie de
développer comme qualités que vous voyez chez lui ? Qu’est-ce que vous
admirez ou simplement appréciez chez lui ?
Soyez exhaustif, prenez tout le temps nécessaire pour faire ce don, pour offrir
à cet être cher ce que vous percevez de positif chez lui, vous lui faites un
cadeau merveilleux en vous faisant miroir de ses qualités.
Pendant ce temps, l’autre est invité à recevoir tout cela, en silence, et à se
laisser sentir ce que ça lui fait d’accueillir cela. Lorsqu’il est dans cette
position, qu’il est vu, reconnu, célébré, peut-il recevoir vraiment, accueillir ces
cadeaux, recueillir ce don précieux ?
Puis vous changez de rôle. Votre interlocuteur va alors exprimer tout ce qu’il
apprécie chez vous, dire ce qui chez vous l’inspire, etc.
Laissez-vous le temps également de goûter à tout cela. De voir ce que cela
vous fait d’écouter sans répliquer ou contredire pour nuancer les compliments
de l’autre ou les invalider.
Lorsqu’il a fini et que vous avez pris le temps de la digestion, clôturez la
pratique en vous remerciant l’un l’autre de vous être prêtés à cet exercice
riche et profond. Saluez-vous et reprenez, ensemble ou séparément, le cours
de votre journée.
Variante
Vous pouvez aussi reconnaître, dans les qualités de l’autre, des qualités qui
sont aussi présentes chez vous, peut-être dans une moindre mesure, en
germe ou alors qui se manifestent sous une autre forme.
Vous pouvez alors dire : « En toi, je vois (aussi) ma capacité à… / mon talent
pour… / ma qualité de… / mon expérience dans… »
Et préciser éventuellement comment ça se manifeste pour vous. Par
exemple : « En toi, je vois le courage… Et chez moi, ça se vit dans… »
Le but étant de reconnaître les qualités de l’autre, et les vôtres. Offrez-vous à
la pratique.
Inspiré par ces parole de sagesse, nous vous invitons maintenant à prendre
un temps de pure sensibilité, de pure sensorialité. C’est-à-dire de partir à la
rencontre de ce qui est là, de ce qui vous parvient, de manière directe, non
filtrée par le cerveau et sa compulsion à tout nommer et étiqueter.
C’est à une expérience de contact direct avec le réel que nous vous invitons.
À une fulgurance. Celle du Réel, du Vivant, qui se déploie à chaque instant.
Voulez-vous nous suivre ?
C’est-à-dire… qu’il va falloir laisser le livre, laisser les mots, laisser le connu.
Pratique
Cela peut se faire ici, où vous êtes, comme vous êtes.
Ou bien vous pouvez avoir envie de vous mettre en mouvement, de marcher,
dans la nature, ou dans la ville.
C’est très simple, vous savez faire cela depuis que vous êtes bébé,
c’est très simple, car il n’y a rien à faire.
Juste sentir l’air sur votre peau, le picotement ici ou là,
écouter le bruissement des feuilles de l’arbre, et le son des voitures,
goûter la présence de votre ventre, qui se relâche,
voir, mais vraiment voir, cet insecte qui évolue, ce papillon qui vit pleinement
sa vie,
humer ce parfum, celui de l’herbe, ou du bitume.
En tant qu’êtres humains, il est rare que nous soyons en contact avec la
conscience d’être issus d’une loooongue évolution. Nous oublions que nous
portons en nous la mémoire de toutes les ressources qu’ont déployées nos
ancêtres pour s’en sortir, et que ces ancêtres n’ont pas seulement été des
humains, mais également et surtout des animaux, dont nous sommes
également les descendants. Nous avons oublié qu’en nous se trouvent la
patience de la panthère qui attend sa proie, le sens social des fourmis et
l’orientation des abeilles…
Se connecter à ce souvenir, qui est un fait, est un moyen très efficace de
nous connecter à une ressource infinie, déjà présente en nous, qui ne
demande qu’à être actualisée par le pouvoir de notre intention.
Dans cet exercice, nous vous proposons de convoquer ces facultés animales
qui sommeillent en nous depuis la nuit des temps. Ces caractéristiques
auxquelles nous pouvons aspirer bien qu’elles nous semblent si lointaines et
inaccessibles. Et si elles étaient plus proches que nous l’imaginions ? Et si
nous pouvions non seulement les contacter mais aussi les mobiliser dans
notre quotidien, comme des ressources précieuses pour avancer vivement
dans la vie ?
Pour faire cet exercice, procurez-vous une bougie et de quoi l’allumer.
Pratique
Installez-vous confortablement en éliminant toutes les sources de
distraction.
Allumez votre bougie en ayant la conscience que, ce faisant, vous créez un
espace-temps sacré pendant et à travers lequel la magie peut opérer.
Prenez le temps de regarder la flamme danser devant vos yeux et laissez-
vous toucher par ce que sa vue fait émerger en vous comme sensation.
Tout en regardant la flamme de la bougie, respirez profondément, renouez en
douceur avec la conscience d’être en vie. Réalisez à quel point votre
respiration vous accompagne depuis votre premier instant de vie aérienne et
comment cette compagne fidèle sera avec vous jusqu’au bout de votre vie.
Laissez-vous pénétrer de ce souffle de vie. Constant. Fidèle.
Souvenez-vous que ce même air que vous respirez a été respiré par vos
parents, par vos grands-parents, par vos arrière-grands-parents, et ce depuis
l’aube de l’humanité.
À chaque inspir, sentez que l’air qui entre en vous vous relie directement à
chacun de vos ancêtres depuis ceux que vous avez connus jusqu’aux plus
lointains.
Chacun d’entre eux a respiré ce même air que vous.
Connectez-vous au fait que même si chacune de ces personnes a eu des
parts d’ombre et commis des erreurs, elle a aussi déployé des talents et des
facultés qui sont arrivés jusqu’à vous. Laissez-vous sentir ce que c’est que de
réaliser que des talents de centaines, de milliers d’ancêtres vous ayant
précédé ont déployé des qualités dont vous avez gardé la trace et le
potentiel.
Observez votre ressenti corporel. Les émotions que cette pensée vous
procure.
Si vous le souhaitez, vous pouvez vous adresser intérieurement ou à voix
haute à vos ancêtres pour leur demander de vous donner et d’activer en vous
tous leurs dons et talents dont vous pouvez avoir besoin dans votre vie.
Prenez le temps de sentir ce qui se passe en vous une fois cette requête
formulée.
Remerciez-les pour leur aide.
Puis continuez à suivre votre souffle et souvenez-vous…
Avant d’être des humains, nous avons été des animaux. De toutes sortes.
Chacun avec ses facultés, ses capacités d’adaptation, ses qualités
relationnelles, de coopération, de camouflage, de défense, de fuite,
d’organisation, de maternage ou de parentage, de séduction, de persuasion,
de dissuasion. Bref, autant de qualités que nous pouvons imaginer !
Si vous avez des images d’animaux spécifiques qui vous viennent en tête,
n’hésitez pas à saluer ces animaux et à leur demander d’activer en vous leurs
facultés, s’ils le veulent bien.
Si vous n’avez aucune image à l’esprit, vous pouvez tout simplement
demander à voix haute ou dans votre cœur à l’ensemble de la Vie sur terre de
réveiller et d’actualiser les différents dons et aptitudes dont vous avez besoin
dans votre vie.
Et remerciez-vous, remerciez la Vie. Même si vous avez l’impression que rien
ne se passe, il se passe toujours quelque chose.
Laissez-vous sentir ce que ça vous fait de demander l’activation de ces
facultés. Comment vous sentez-vous ? Avez-vous des ressentis spécifiques ?
Ressentez-vous une qualité plus fortement qu’une autre ? À quel endroit la
sentez-vous corporellement ? Comment est la sensation sur l’endroit
spécifique où vous sentez cette qualité ? Et comment est votre ressenti
global, aussi bien corporel qu’émotionnel et mental ?
Réfléchissez à une situation de votre vie où le ressenti que vous avez en ce
moment précis pourrait vous être précieux. Une fois que vous avez trouvé la
situation, imaginez comment la scène se déroule maintenant que vous êtes
en contact avec cette faculté.
Vous pouvez graver cette faculté en vous, pour la rendre plus facilement
disponible, en faisant un geste ou en donnant un nom ou une image à ce que
vous vivez. Plus tard, lorsque vous ferez ce geste ou que vous évoquerez ce
mot, vous serez facilement connecté à la sensation et au talent afférents.
Prenez le temps de vous laisser être et sentir tous ces talents. Ils sont en
vous désormais, disponibles.
Terminez l’exercice en vous remerciant de l’avoir effectué. Vous pouvez
remercier le feu qui a brillé pour vous et ensuite éteindre la bougie, en ayant
conscience que vous clôturez cet espace-temps sacré.
Pratique
Une fois installé confortablement, fermez les yeux.
Portez votre regard vers l’intérieur. Vers la poitrine.
Laissez-vous respirer dans cette zone, autour de votre cœur.
Et prenez le temps de ressentir ce qui s’y passe.
Percevez-vous des sensations ? Des petites vibrations ou des
fourmillements ?
De la chaleur ?
Voyez si l’amplitude de votre respiration se modifie.
Vous pouvez sentir aussi des sensations ailleurs dans votre corps.
Revenez dans la région du cœur.
Peut-être que des images ou des pensées vous traversent. Ou une émotion.
Vous pouvez accueillir tout cela, tout en continuant à respirer.
Maintenant, posez une main au centre de votre poitrine.
Et observez ce que cela produit.
Une amplification de ce qui était présent auparavant ? De nouvelles
sensations ?
Prenez tout votre temps.
Et à présent, réalisez que c’est vous qui êtes là, sous votre main. Vous êtes
là, dedans.
Vous pouvez prononcer, pour vous-même, à l’intérieur : « Je. »
Vous pouvez respirer calmement, tout est bien.
Vous pouvez goûter votre propre Présence. Tout simplement.
Et tout en restant en présence des sensations subtiles dans la poitrine, très
délicatement, jouez avec l’inclinaison de votre nuque. En redressant tout
doucement votre menton, ou en le rentrant. Et sentez ce que cela produit en
vous. Est-ce que ça change votre perception de vous-même ?
Imaginez le monde, là, devant vous. Et ajustez la position de votre tête,
toujours les yeux fermés, comme pour regarder vers l’horizon.
De nouveau, portez votre attention dans votre poitrine et respirez.
Vous êtes là, installé en vous-même, et devant vous : le champ des
possibles.
Et au cœur de vous : la Ressource. La Source à partir de laquelle tout
devient possible.
Que désirez-vous ?
À quoi aimeriez-vous que votre vie ressemble ?
Quel est votre potentiel ?
À quoi ressemblerait la meilleure version de vous-même ?
Prenez le temps de goûter qui vous devenez.
Voyez que vous agissez en étant simplement Qui Vous Êtes.
Ancrez cet état dans vos cellules en sentant dans votre corps les sensations
présentes. Dans vos membres, dans votre ventre, dans votre poitrine avec
votre main sur le cœur. Dans votre visage.
Sachez que vous pourrez vous relier à cet état ressource chaque fois que
vous le voudrez, en replaçant votre main sur votre cœur et en sentant votre
propre Présence, ou en refaisant cette méditation complète.
Vous pouvez maintenant revenir là où vous êtes et prendre quelques notes,
ce qui vous est apparu comme désir ou intentions pour l’avenir, par exemple.
Puis poursuivez votre journée.
La boîte divine1
Lorsque nous sommes en détresse, nous nous sentons perdus, seuls et
désemparés.
Dans ces moments-là, même si nous retournons dans tous les sens les
questions qui nous taraudent, nous nous enlisons sans arriver à être créatifs
et à trouver des réponses profondément satisfaisantes.
L’exercice suivant nous invite à lâcher prise et à nous relier à plus grand que
nous pour obtenir des réponses d’un autre endroit que notre nous submergé.
Pour faire cet exercice, vous pouvez soit vous procurer une jolie boîte, soit
vous la confectionner ou bien en recycler une et la customiser à votre goût.
Le tout est de la rendre belle et à votre image. Accordez-lui une belle place
dans votre maison car elle est importante, cette boîte divine.
Lorsque vous avez une question à laquelle vous ne parvenez pas à trouver
de réponse, ou que vous trouvez des réponses si contradictoires entre elles
que vous ne pouvez pas trancher, alors écrivez la question sur un papier que
vous déposez dans votre boîte divine.
En la notant sur un papier, vous permettez à la question de sortir de vous :
elle prendra moins de place que si elle reste à tourner en rond dans votre
tête.
En la plaçant dans la boîte divine, vous vous remettez à plus grand que
vous : la Vie, l’Amour, le Divin, la Source, le Moi Supérieur, le Vide
Créateur… Peu importe comment vous appelez ce « plus-grand-que-nous » !
En déposant le papier dans la boîte, sachez que votre question sera
entendue et qu’elle recevra une réponse.
Quand ? Comment ? Par qui ?
Nous n’avons pas les réponses à ces questions.
Ce que nous savons, c’est que les réponses arrivent par le biais le moins
attendu et qu’elles dépassent toujours de beaucoup le prisme, plutôt limité,
par lequel nous tournions en bourrique avant de lâcher prise.
Alors, vous vous laissez tenter ?
Lettre à votre âme
Chère âme,
REMERCIEMENTS PERSONNELS
De Carol
Merci à Florence Dewulf, Milaya Lodron, Gwenola Gicquel, le
docteur Guillaume Poupard et le docteur Laura Calderón de la
Barca, pour m’avoir mise sur la piste du traumatisme et m’avoir
accompagnée dans ces eaux troubles mais tellement porteuses
d’espoir dans les différents stades de mon cheminement.
Merci à Peter Levine, Stephen Porges, Laurence Heller, Thomas
Hübl, Deb Dana, Otto Scharmer, Gabor Maté et les innombrables
chercheurs qui travaillent sur la question du traumatisme individuel
et collectif avec une vision pleine d’espoir et une approche
psychocorporelle et spirituelle intégrant tous les aspects de l’être. Je
veux leur rendre hommage pour leur œuvre d’utilité publique, faisant
le vœu que leurs travaux soient connus et reconnus,
particulièrement en France où ce sujet reste encore peu traité.
Merci à mes « activateurs personnels », messagers de mon
histoire, qui, m’offrant d’innombrables occasions de déclencher mon
système nerveux, me fournissent généreusement la possibilité de
guérir de mes traumatismes.
Et merci à toi, mon amour, d’avoir coécrit ce livre avec moi. Ce fut
un honneur et un plaisir infini de collaborer avec toi. Puissions-nous,
à notre niveau, permettre que ce message soit relayé afin que
chacune et chacun qui le désire puisse s’engager dans la voie pour
restaurer leur capacité à être heureux.
De Nicolas
Merci à toi, Carol, de m’avoir patiemment attendu depuis la
galaxie 571, afin que, le jour venu, nous unissions nos cœurs et nos
voix. Merci de m’avoir propulsé, par l’intermédiaire de Saverio, dans
l’écriture de mon premier livre et, ce faisant, permis de realiser ce
déjà vieux rêve. Merci pour ta patience, ta delicatesse et ton
engagement sans cesse renouvelés dans cette aventure. Puissions-
nous continuer d’œuvrer, à travers nos mots et nos accompagne-
ments, pour le Bien commun.
Merci à vous, mes chers parents, tout d’abord, et c’est l’essentiel
de m’avoir transmis la vie, c’est-à-dire l’opportunité de goûter au
miracle d’être. Merci, au travers des blessures et vides que vous
n’avez pu empêcher, de me permettre de laisser filtrer en ce monde
quelques rayons de Lumière de « chez moi ». Merci, même si ce fut
parfois au prix de douloureuses heures, de m’avoir transmis le sens
de l’exigence, du travail bien fait et de la persévérance, au service
du Bien, du Vrai et du Bon. Merci pour les valeurs que vous
défendez et la liberté que vous incarnez, chacun à votre manière, et
qui me portent aujourd’hui plus que jamais.
Merci, Jérémy, mon frère, toi qui vas devenir papa, et à qui j’ai
sans doute fait subir quelques traumatismes lorsque nous étions
petits. Puisses-tu trouver dans ce livre quelques compensations !
Merci d’avoir été mon compagnon de route pendant nos années
d’enfance, pas si simples. Et merci à toi d’avoir toujours gardé le
lien.
Merci à mes enfants, Maël et Adèle, mes précieux trésors,
sources privilégiées d’émerveillement et d’activation, mes maîtres
spirituels du quotidien. Vous m’inspirez autant que vous me donnez
du fil à retordre. Merci, par l’amour sans cesse renouvelé que vous
me portez et que je vous porte, de me permettre d’ouvrir toujours
plus mon cœur, même – et surtout – lorsque c’est trop fort ! Ce livre
est aussi le fruit de ce processus alchimique que je vis à vos côtés.
Merci, Caroline, d’avoir partagé ce bout de chemin avec moi, de
m’avoir permis d’être père et d’avoir construit ensemble une famille.
Et, avec l’audace un peu réactive mais très inspirée qui te
caractérise, merci d’avoir eu le courage de me quitter, mettant fin à
la répétition incessante de nos scénarios souffrants hérités du
transgénérationnel. Je sais aujourd’hui que, sans avoir les clés
transmises dans ce livre, nous ne pouvions pas. Merci et bravo à
nous pour nous être séparés dans le lien et dans l’amour, nous
ouvrant tous deux à de nouveaux horizons, dans le lien et l’amour.
Merci à tous mes enseignants, mes guides et mentors, et bien sûr
mes amis – parfois c’est un précieux mélange de tout cela – qui, de
près ou de loin, m’ont inspiré et soutenu dans l’écriture de ce livre
car ils sont ou ont été d’inestimables ressources pour moi : Marie-
Hélène Doré, Martin Aylward, Daniel Odier, Dominique Bourdin,
Bertil et Mimmi Weyde, Philippe Dargère, Dominique Vincent, Jean-
Marie Delacroix, Brigitte Chavas, Monique Fradot, Bernadette Blin,
Éric Amieux, Christophe Boyer, Nathalie Bentolila, Milaya Lodron,
Pan Erhardt, Loïc Kérisel, Hugues Iwanowski, Aurélie Sers, et tant
d’autres auxquels je pense sans les nommer ici.
Sans oublier mon maître, Jeshua, et la figure de Marie qui
m’inspirent encore et encore.
Bibliographie
Bonnie Badenoch, The Heart of Trauma: Healing the Embodied
Brain in the Context of Relationships, W. W. Norton & Company,
New York, 2017.
John Bowlby, A Secure Base, Routledge Classics, Abingdon-on-
Thames, 2012.
Deb Dana, The Polyvagal Theory in Therapy. Engaging the
Rhythm of Regulation, Norton Professional Books, New York, 2018.
Steve Haines et Sophie Standing, Le Trauma, quelle chose
étrange, éditions çà et là, Bussy-Saint-Georges, 2019.
Laurence Heller et Aline LaPierre, Guérir les traumatismes du
développement. Restaurer l’autorégulation, l’image de soi et
restaurer l’image de soi et la relation à l’autre, InterÉditions, Paris,
2020.
Thierry Janssen, La Solution intérieure. Vers une nouvelle
médecine du corps et de l’esprit, éditions Fayard, Paris, 2006.
Marie Lise Labonté, Le Déclic. Transformer la douleur qui détruit
en douleur qui guérit, Les Éditions de l’Homme, Montréal, 2004.
Peter A. Levine, Trauma et Mémoire. Un guide pratique pour
comprendre et travailler sur le souvenir traumatique, InterÉditions,
Paris, 2016.
Peter A. Levine, Réveiller le tigre. Guérir le traumatisme,
InterÉditions, Paris, 2019.
Peter A. Levine, Guérir par-delà les mots. Comment le corps
dissipe le traumatisme et restaure le bien-être, InterÉditions, Paris,
2020.
Denis Marquet, Osez désirer tout. La Véritable Philosophie du
Christ, éditions Flammarion, Paris, 2018.
Denis Marquet, Aimez à l’infini. La Véritable Philosophie du Christ,
éditions Flammarion, Paris, 2019.