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Faculté des Sciences Dhar El Mehrez

Département de Mathématiques et Informatique

Chapitre 3
Espaces topologiques connexes
Abdelaziz Kheldouni

0.0.1 § III.1.Espaces topologiques connexes

Définitions et exemples

Définition 1 : Un espace topologique X est dit connexe s’il n’existe pas de partition de X formée de deux
ouverts non vides.

Un sous-ensemble A d’un espace topologique X est une partie connexe si le sous espace topologique (A, τA )
est connexe.. Notons que les parties connexes du sous-espace topologique A sont celles de X contenues dans A.
Un domaine de X est une partie ouverte et connexe de X.
Exemples : 1) ∅ , {x} sont des connexes - X muni de la topologie grossière est un espace connexe - 2) Si
card(X) ≥ 2 , l’espace X muni de la topologie discrète n’est pas connexe.

Proposition 2 : Les assertions suivantes sont équivalentes :


a) X connexe
b) Il n’existe pas de partitions de X formée de fermés non vides
c) les seuls ouverts fermés de X sont l’ensemble vide et X.
d) Toute application continue f : X → {0, 1} est constante ”ici {0, 1} est muni de la topologie discrète”.

Démonstration : a)⇒b) : Si X = F1 ∪ F2 où F1 et F2 sont deux fermés disjoints de X alors on peut écrire
X = {F1 ∪ {F2 avec {F1 et {F2 deux ouverts disjoints , mais ceci est impossible car X est connexe
b)⇒c) : Soit A un ouvert fermé de X, son complémentaire {A est aussi un ouvert fermé de X, et on a
X = A ∪ {A ce qui nous a permis d’écrire X comme union disjointe de deux fermés disjoints ; mais ceci n’est
possible que si A = ∅ sinon {A = ∅. D’où A = X ou A = ∅.
c)⇒d) : Soit f : X → {0, 1} continue. Puisque {0, 1} est muni de la topologie discrète, {0} est alors un
ouvert fermé de {0, 1}; comme f est continue, f −1 ({0}) est un ouvert fermé de X qui vérifie c) donc ou bien
f −1 ({0}) = ∅ et dans ce cas f (x) = 1 pour tout x, sinon f −1 ({0}) 6= ∅ et on aura nécessairement f −1 ({0}) = X
c’est à dire f (x) = 0 pour tout x.

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d)⇒a) : Supposons que X = O1 ∪ O2 avec O1 et O2 deux ouverts disjoints de X. Supposons O1 6= ∅ et
considérons son application caractéristique χO1 : X → {0, 1} , elle est continue car sur O1 c’est 1 et sur O2 c’est
0. χO1 est donc constante, et comme O1 6= ∅ , alors O2 = ∅.

Proposition 3 : Les parties connexes de R sont les intervalles.

Démonstration : Soit A une partie connexe de R; le problème est de montrer que ∀ a, b ∈ A , a ≤ b , on a


[a, b] ⊂ A. Supposons alors le contraire, il va donc exister a et b dans A tels que [a, b] n’est pad inclus dans A;
c’est à dire qu’il y a un c ∈ [a, b] qui n’est pas dans A. Mais dans ce cas, {] − ∞, c[∩A , ]c, +∞[∩A} serait une
partition ouverte de A ce qui est absurde avec A connexe.
Inversement, soit I =| a, b | un intervalle de R. On peut supposer a < b car si on a l’égalité alors I serait ∅
ou {a} et donc connexe.
Soit f : I → {0, 1} une application continue, il s’agit de montrer qu’elle est constante. Considèrons pour cela
l’ensemble E = {x ∈ [a, b] / f (x) = f (a)} c’est évidement une partie non vide et fermée de [a, b] c’est aussi un
ouvert de [a, b] car E = [a, b] ∩ f −1 (f (a)) . Soit c = sup E ∈ E = E ; alors c = b sinon, comme E est un ouvert
de [a, b], il serait un voisinage de c et donc ∃ ε > 0 tel que ]c − ε, c + ε[⊂ E mais ceci contredit le fait que c
soit une borne supérieure.

Propriétés des espaces connexes

Proposition 4 : L’image d’un espace connexe par une application continue φ : X → Y est un sous-espace
connexe de Y ;

Démonstration : Soit f : φ(X) → {0, 1} une application continue; f ◦ φ est alors continue et comme X est
connexe, on déduit que f ◦ φ est constante et donc f est constante. 

Comme conséquences immédiates de ce qui précède on a :


- Tout espace topologique homéomorphe à un espace connexe est connexe. La connexité est une propriété
topologique
- L’image d’un espace connexe X par une application continue X → R est un intervalle.

Proposition 5 : La réunion X d’une famille d’espaces connexes (Xi )i∈I est un espace connexe dans les deux
cas suivants :
1- Les espaces Xi sont deux à deux non disjoints.
2- I = N et pour tout i ∈ I, Xi ∩ Xi+1 6= ∅

Démonstration : (1) Soit f : X → {0, 1} une application continue. Pour tout i ∈ I , f |Xi Xi → {0, 1} est
continue, donc constante sur Xi . Soit αi la valeur de f sur Xi . Comme pour tout i 6= j , Xi ∩ Xj 6= ∅ , il existe
un x ∈ Xi ∩ Xj tel que f (x) = αi = αj donc f est constante sur X.
(2) se démontre de façon analogue.
Exemple :
p
Toute ligne polygonale L = ∪ [ai , ai+1 ] de Rn est connexe.
i=1
Attention : l’intersection de deux parties connexes n’est pas toujours connexe.

Proposition 6 : 1) Si A est une partie connexe de X alors son adhérence A est connexe.
2) Si X contient une partie connexe partout dense alors X est connexe
3) Si A ⊂ B ⊂ A avec A connexe, alors B est connexe.

Démonstration : (1) Supposons que A = F1 ∪ F2 où Fet F2 sont deux fermés disjoints de A ; alors nous avons:
A = (A ∩ F1 ) ∪ (F2 ∩ A) mais comme A est connexe, on aura (A ∩ F1 ) = ∅ ou bien (F2 ∩ A) = ∅ et donc
(F2 ∩ A) = A ou bien (A ∩ F1 ) = A. Nous aurons alors A ⊂ Fi (i = 1 ou 2), et donc A = Fi ce qui entraine que
l’autre fermé est vide.
(2) C’est immédiat

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(3) Dans le sous-espace topologique (B, τB ), A est une partie connexe donc l’adhérence de A dans B notée
B
A est connexe, mais alors A B = A ∩ B = B.

Remarque 7 : 1) L’intérieur d’une partie connexe n’est pas toujours connexe, en effet, dans R2 l’union de
deux disques fermés et tangents est connexe mais son intérieur est la réunion disjointe de deux boules ouvertes.
2) La frontière d’une partie connexe n’est pas toujours connexe, pour s’en convaincre il suffit de prendre un
intervalle de R.

Proposition 8 : Soit ( Xi )i∈I une famille d’espaces topologiques et X = Π Xi l’espace topologique produit. X
i∈I
est connexe si et seulement si pour tout i ∈ I , Xi est connexe.

Démonstration : Si X est connexe alors pour tout i ∈ I , Xi est connexe car c’est l’image de X par la ième
projection pri qui est continue. Réciproquement, soit f : X → {0, 1}−(discret) une application continue. Soit
a = (ai ) un point fixé dans X le problème est de montrer que pour tout x = (xi ) ∈ X , nous avons f (x) = f (a).
Considérons pour cela l’ensemble A = {x = (xi ) ∈ X / xi = ai sauf pour un nombre fini d’indices i} on a :
A = X (voir proposition 5, § II.2). Maintenant, il suffit pour conclure de montrer que A est connexe.
Soit x = (xi ) ∈ A tel que xi = ai pour tout i 6= j , l’application partielle fj = f ◦ sj étant constante sur
Xj (car connexe), on déduit que fj (xj ) = fj (aj ) , c’est à dire f (x) = f (a) ; par conséquent en échangeant une
coordonnée de a on ne modifie pas f (a). Il en résulte que si on modifie un nombre fini de composantes de a,
f (a) reste constante; donc f est constante sur A.

0.0.2 § III.2.Composantes connexes

Définitions et propriétés.

Définition 1 : Deux points de X sont connectés s’il existe une partie connexe de X qui les contient.

Par exemple si X est connexe, tous ses points sont connectés.

Proposition 2 : Dans X la relationeux ”x ∼ y ⇔ x et y xont connectés ” est une relation d’équivalence. La


classe de x est notée C(x). C’est la plus grande partie connexe de X contenant x.

Démonstration : Montrons que pour tout x ∈ X , C(X) est la plus grande partie connexe contenant x.
Considérons E = {A ⊂ X / A connexe et x ∈ A} ; c’est un ensemble non vide car il contient déja {x}.
Soit E = ∪ A ; E est connexe car x ∈ ∩ A , de plus tous les points de E sont connectés à x ; donc E ⊂ C(X).
A⊂E A∈E
Par ailleurs, pour tout y ∈ C(X), il existe A ∈ E tel que x et y ∈ A et donc y ∈ E et donc C(X) ⊂ E.
C(x) est appelée la composante connexe de x; c’est donc la plus grande partie connexe de X contenant x.
Les composantes connexes d’un esapce topologique X sont celles de ses points.
L’espace X est dit totalement discontinue si pour tout x ∈ X , C(x) = {x}.
Notons que les composantes connexes de X forment une partition de X , ce sont en effet les classes
d’équivalences. Dire que X est connexe revient à dire que X n’a qu’une seule composante connexe.

Exemples :
1) Si X est muni de la topologie discrète, alors il est totalement discontinu car toute partie de X dont le cardinal
dépasse 1 n’est pas connexe
2) Le sous-espace Q de R est totalement discontinu car toute partie A non vide connexe de Q reste connexe
dans R , A est alors un intervalle contenu dans Q c’est donc un singleton.

Proposition 3 : a) Les composantes connexes de (X, τX ) sont fermées. En général elles ne sont pas ouvertes
b) Si f : X → X 0 est une application continue, alors pour tout x ∈ X, f (C(x)) ⊂ C(f (x)). Si f est un
homéomorphisme, alors f (C(x)) = C(f (x)).
c) Soit x = (x)ii∈I ∈ X = ΠXi on a : C(x) = ΠC(xi )

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Démonstration : (a) : Pour tout x ∈ X, C(x) est connexe, et d’aprés §III.1 Proposition 6, son adhérence C(x)
est aussi connexe. Comme elle contient x alors C(x) ⊂ C(x). D’où l’égalité. C(x) n’est pas en générale ouverte;
par exemple, si X = Q muni de la topologie induite par celle de R, on a C(x) = {x} qui n’est pas un ouvert de
Q.
(b) : C’est immédiat car f (C(x)) est un connexe qui contient f (x). Si en plus f est un homéomorphisme,
f −1 est continue donc f −1 (C(f (x))) ⊂ C(x) d’ou f ( f −1 (C(f (x)))) ⊂ f (C(x)), i.e : C(f (x)) ⊂ f (C(x)).
(c) : Comme les projections pri sont continues, alors pour tout x = (xi ), pri (C(x)) ⊂ C(xi ), donc
C(x) ⊂ ΠC(xi ). Inversement, pour tout i ∈ I, C(xi ) est connexe, donc ΠC(xi ).est un connexe qui contient x,
donc.ΠC(xi ).⊂ C(x).

Remarque : 1) D’aprés (b) de la proposition ci-dessus, le nombre de composantes connexes est un invariant
topologique. Il mesure ”le degré” de non connexité de l’espace.
2) Le produit d’espaces totalement discontinus est un espace totalement discontinu.

Espaces localement connexes

Définition 4 : Un espace topologique (X, τX ) est localement connexe, si tout point x de X admet un système
fondamental sf (x) de voisinages connexes.

Ceci revient à dire que ∀ x ∈ X , et ∀ V ∈ v(x) , ∃ ω un voisinage connexe de x tel que ω ⊂ V


Exemples :
- X muni de la topologie grosière est localement connexe sf (x) = X
- X muni de la topologie discrète sf (x) = {x}
- Tout ouvert de Rn .

Proposition 5 : 1) L’intérieur d’une partie localement connexe est localement connexe.


2) La connexité locale est une propriété topologique
◦ ◦
Démonstration : (1) Soit A une partie localement connexe, et x ∈ A, tout voisinage V de x dans A est un
◦ ◦
voisinage de x dans A , il va donc exster un voisinage connexe ω de x contenu dans V , mais V ⊂ A, donc A est
localement connexe.
(2) Soit f : X → X 0 un homéomorphisme d’un espace localement connexe X sur X 0 . ∀ y ∈ X 0 , et ∀ V ∈
v(y), f −1 (V ) ∈ v(x) ”x = f −1 (y)” mais X est localement connexe, donc il existe un voisinage connexe ω de
x tel que, ω ⊂ f −1 (V ) , mais ceci entraine que f ( ω) ⊂ V , et comme f est un homéomorphisme f ( ω) est
voisinage connexe de y.
Remarque :
- Ni l’adhérence, ni la frontière d’une partie localement connexe ne sont généralement localement connexes. Par
exemple :
A = {1, 21 , · · ·, n1 , · · ·} est un sous-espace discret de R , il est donc localement connexe. Son adhérence
A = A ∪ {0} n’est pas localement connexe; en effet, aucun  voisinage V de 0 dans A n’est connexe, puisqu’il
existe un indice n suffisament grand pour que n1 ∈ V ; et n1 est un ouvert fermé non vide et différent de V .
- Un espace localement connexe n’est pas nécessairement connexe
- L’image par une application continue d’un espace localement connexe n’est pas toujours localement connexe.
prendre par exemple X = N , et A = {0, 1, 12 , · · ·, n1 , · · ·} muni de la topologie induite par celle de R et f : X → A
qui à n 6= 0 associe f (n) = n1 et f (0) = 0. L’espace discret X est localement connexe, f est continue, mais A
n’est pas localement connexe.

Proposition 6 :mathbf Un espace topologhique (X, τX ) est localement connexe si et seulement si les
composantes connexes de tout ouvert de X sont ouvertes.

Démonstration : Supposons X localement connexe, et soit U ∈ τX .Notons CU (x)la composante connexe de


U contenant x ∈ U . Soit y ∈ CU (x)on a bien sur, U ∈ v(y), et comme Xest localement connexe, il va exister un
voisinage connexe V 0 ∈ v(y)tel que V 0 ⊂ U , et alors on a V 0 ⊂ CU (y) = CU (x); donc CU (x) ∈ v(y).

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Réciproquement, Soit x ∈ X, V ∈ v(x), et A = C ◦ (x). Aest un ouvert, donc Aest un voisinage de x, de
V
plus Aest un connexe contenu dans V donc Xest localement connexe.

0.0.3 § III.3. Espaces connexes par arcs

Définition 1 :mathbf Soient (X, τX ) un espace topologique, et x, y ∈ X . Un chemin d’extrémités x, y dans


X est une application continue γ : [0, 1] → X telle que γ(0) = x et γ(1) = y.

Un espace X est dit localement connexe par arcs si tout point de X possède un système fondamental de
voisinages cinnexes par arcs.
Exemples :
1) Tout ensemble X muni de la topologie grossière est connexe par arcs.
2) Tout sous-espace convexe de Rn est connexe par arcs.
3) Tout ensemble X muni de la topologie discrète est localement connexe par arcs, en effet on prend pour
système fondamental de voisinages de x ∈ X : s(x) = {{x}}.

Proposition 2 : L’image d’un espace connexe par arcs par une application continue est connexe par arcs.

Démonstration : C’est immédiat

Proposition 3 : Tout espace topologique (X, τX ) connexe par arcs.est connexe

Démonstration : Soit x0 ∈ X , pour tout x ∈ X il existe un chemin continue γx de x0 à x. Posons Γx = γx ([0, 1])
. C’est une partie connexe de X qui contient x0 et x, donc x et x0 sont connectés. Ainsi tout point x de X est
connécté à x0 , ce qui revient à dire que C(x0 ) = X . Donc X est connexe.
La réciproque de cette proposition n’est pas vraie. Il existe des espaces qui sont connexes sans être connexes
par arcs. Exemple A = {(x, sin x1 )  0 ≤ x ≤ 1} est un espace connexe qui n’est pas connexe par arcs.
Une composante connexe par arcs d’un espace X est un sous-espace connexe par arcs maximal de X.

Définition 4 : Un espace topologique (X, τX ) est localement connexe par arcs, si tout point x de X admet un
système fondamental sf (x) de voisinages connexes par arcs.

Exemples :
- X muni de la topologie discrète sf (x) = {x}
- Le produit de deux espaces localement connexes par arcs est connexe par arcs.
- Tout ouvert de Rn .

Proposition 5 : Dans un espace localement connexe par arcs, chaque composante connexe par arcs est ouverte.

Démonstration : Supposons X localement connexe par arcs, et C(x) la composante connexe par arcs de X
contenant x ∈ X. Soit y ∈ C(x) , comme X est localement connexe par arcs, il va exister un voisinage connexe
par arcs V 0 ∈ v(y) tel que V 0 ⊂ X, et alors on a V 0 ⊂ C(y) = C(x); donc C(x) ∈ v(y).

Proposition 6 : Un espace connexe et localement connexe par arcs est connexe par arcs.

Démonstration : En effet chaque composante connexe par arcs est ouverte , donc aussi fermée 

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