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BER WOTGEFïERWgCHÆFT
DER DEUTSCHEW WïâSENgCHAfT
ÏN B-EREHM
i
MANUEL
D ART BYZANTIN
PAR
GIIARLES DIEIIL
MHMHHEDEL!XSTITUT
['HOFESSEUn A LA FACULTE DES I.ETTHES UE L'UMVEHSITÉ KE TAHIS
3°)';D]T[ONHE\L'EETAU(;MEMHB
TOME PREMIER
PARIS
AUGUSTE PICARD, l'MtTBUR
Ti'/ira/re Jes /)re/n'ues e/ t/e /a Soe/e/e </e /'X'eo/e des C/iar/es
82, RUEBoNAPAHTE, 82
i92n
/
1
b.
MANUEL D'ART BYZANTÏN
MANUEL
D'ART BYZANTIN
PAH
CHARLES DIEHL
TOME PREMIER
PARIS
HBRAIRIE AUGUSTE PICARD
I.tT)ra:'re des /!rc/tt'res e( de /a Soct'eM de /\Eco/e des C/tatdes
82, RUEBONAPARTE, 82
1925
PRÉFACE
Quinze ans ont passé depuis que furent écrites les lignes
qui précëdent : et pendant ces quinze années, comrne ii était
aisé de le prévoir, des travaux importants ont été publiés sur
Thistoire de l art byzantin. Des ouvrages d ensemble excel-
lents ont paru, ceiui de Dalton en Angleterre, celui de Wuitf
en AHemagne, où i'on a, comme dans ie présent iivre,
quoique parfois avec une méthode diiférente, cherché à déhnir
les traits caractéristiques et à classer les monuments de l'art
byzantin. Paraiileurs ie difiicileproidèmedesorigines del'art
chrëtien orientai a continué à donner naissance à des théo-
ries aussi intéressantes qu'audacieuses et à des débats par-
fois orageux : etencore que, de l'aveu même du pius iilustre
auteur de ces théories, « on ne puisse ni ne doive rien appor-
ter encore de définitif et de certain a, bien que, selon un mot
du même savant, <( les abimes ne soient point franchis, et
que ies lacunes soient peut-être pius grandes que l'étendue du
terrain soiide ' o, if va de soi qu'on ne saurait faisser passer sans
mention et sans examen ces nouveautés retentissantes, et que,
s'iin'est point possibfe ici de lesdiscuterà fond, ii estnéces-
saire cependant d'en exposer les conclusions essentielles. C'est
une grosse question de savoir quelle a été, dans 1a formation
del'art chrétien d'Orient, 1a part de 1a Mésopotamie, de l'Iran,
de l'Arménie : et quelques réserves que l'on puisse faire sur
I importance relative de ces diverses influences, ce serait trai-
ter trop injustement 1e grand savant qu'est Strzygowski de
Juin 1925.
LIVRE PREMIER
ORIGINES ET FORMATION DE L'ART BYZANTIN
CHAPITRE PREMIER
i
CONSÉQUENCES DU TRtOMPHE DE L'ÉGHSE AU n'" SIÈCLE
y.svit) et qui excitaient dans la rue tes moqueries des entants. Mal-
gré de tets btâmes, l'art chrétien restait tidèle à la tradition alexan-
drine, et, par un vieux scrupute, it prodiguait, même après te
triomphe de t'Egtise, dans les sanctuaires les plus vénérés, les orne-
ments et les sujets de genre que lui avait transmis l'art hellénis-
tique
A'oinia/tou f/n AM/or:yue ef monutnetifa/. — Pourtant,
vers 1a tin du iv" siècle, une évolution se marquait vers des idées
nouvelles. Certains pères de l'Eglise voyaient dans 1a peinture
non pas seulement une vaine décoration, mais un moyen de con-
tribuer à l'instruction et à i'édilication des Hdèles. K Ce que 1a
parole présente à l'oreille, écrivait saint Basile, la peinture muette
1e montre de même par l'imitation x. << Le peintre, disait Grégoire
de Nysse, travaille avec des couleurs comme dans un livre parlant.
La peinture muette parle sur 1e mur et fait beaucoup de bien x. De
ces préoccupations, on trouve un intéressant témoignage dans 1a
lettre que Saint Ni), vers 1a lin du iv° siècle, écrivait au préfet
Olympiodore. Ce personnage, voutant faire décorer une église qu'il
venait de fonder, avait demandé conseil au saint : il voulait savoir
s'il convenait d'y faire peindre, conformément à l'usage courant,
des scènes de chasse et de pêche, et de se préoccuper surtout,
comme ii 1e disait, dans cette décoration, « du seui plaisir des yeux v.
A cettequestion, Nil répondit que ce projet était purement « enfan-
tin et puéril H. Ce qu'il fallait, c'était peindre dans 1e sanctuaire
l'iniage de 1a croix, sur les murailles, des scènes empruntées à l'An-
cien Testament et aux Ëvangiles, « afin, ajoutait-il, que ceux qui ne
savent pas les lettres et ne peuvent lire les Saintes Ëcritures se
souviennent, en regardant les peintures, des belles actions de ceux
qui ont fidèlement servi 1e vrai Dieu et soient excités à imiter leur
conduite x
II ne s'agit plus ici de compositions pittoresques cachant une
vague intention symbolique ; c'est une décoration de caractère
nettementhistorique que propose etrecommandel'écrivain. Ce qu'il
conseiüe, et ce qui, conformément à ses conseils, apparaît dès 1e
II
des modètes pout' gtoriHer ies hauis i'aits des empereurs ; el des
murs des paiais impériaux cet art réagit peut-être sur i'art reiigieux
iui-même, K en ie pénétrant à ia fois de sa puissance exprcssive et
de sa rigidité soienneiie * r.
lii
1. Miflct, Artùt/=.,180.
2. tîartel et Wickhofl', Dte Wieaer Geaest's, Vienne, 1895.
3. Riegi, Dte sp;ïtro'mt.seàe /ûiustt'ndHstrt'e, Vienne, 1901. Cf. du mëmc
auteur, Sttt/'rityen, Beriin, 1893.
4. Kraus, Gese/tt'càfe der c/trtstù'c/tett Kunst, t. t, Fribourg, 1896. Cf.
Rivoira, De ortgtttt detta arc/tftettitra /ottt/tart/a, t. I.
16 ÉVOLUTfON t)E L ART CHRÉTIEX — ORIGINES DE L'ART NOUVEAU
1. Courajod, Or/<//ae.s c/e /'ar/ roman e/ yo/à/i/He, Paris, 1899. Cf. de Dar-
tein, Æ/ude snr /'arc/u'/ec/nre /om/jarde e/sor /es or/t//aes de /'arc/n'/ec/ure
romano-ài/nan/iiie, Paris, 1882.
2. Ghoisy, ô'.lr/ de àâ//r c/ie: /es Bi/san/Zits, p. 6.
LES THÉORtES UE STRXYGOWSKt 17
t. Gf. en particutier sur ces questions le mémoire déjà cité, /feffas ;*it des
Or/enfs t/marmHity.
2. t/rspr;uty der c/trisfftcften K;rc/;e;tàRnsf, p. 18.
3. D/eBauA'HMs/ c/e;*7tr;;teH:'er, p. 877.
LES THÉORIES DE STRXYGOWSK! 19
1. t7rsprmiy, p. v.
2. /àt<L, p. 1-2.
3. Dt'e BatiàHTtst der ^trtnHttt'er, p. 668-618.
4. t/rspruHy, 119, 138, 143.
5. /àtd., 40.
6. /àtd., p. 25, 30-39.
RÔLE DE CONSTANTiNOPLE
1. Gf. Bertaux, La parf <te Bysaaee daas t'arf àyzanfùt (Journat des Savants,
1911, p. 164 et 304).
22 BVOLUTtON DE t.'ART CURÉTtEN - ORIGIXES DE L'ART NOUVEAU
tions séculaires, eiie était toute prête à accüeiiiir tout,ce que iui
apportaient ies civiiisations ies pius diverses. Capitàie dë ia monar-
chie, centre de i'orthodoxie et de i'heiiénisme, elie attirait^naturei-
iement à eiie toutes ies forçes du monde chrétien. i^ûi terrain
n'était donc pius propice. pour combiner ies traditions diverses des
civiiisations de ia Grèce et de i'Orient ; nui milieu ne se prètait
mieux à accepter ies méthodes et ies procédés qui iui venaient du
monde persan ou du monde heiiénistique: nuiie citén'étaitenfin
plus capabie de coordonner ces formuies diverses, de façon à ies
fondre en un styie nouveau. C'est sous « ia.tripie consteiiation '),
comrne dit Strzygowski, d'Aiexandrie, d'Antioche et d'Hphèse, que
Constantinopie naquit et grandit. Afais si, comme i'écrit ie même
savant, « i'art byzantin s'est préparé en Asie Mineure, en Syrie et
en Ëgypte, s'ii a grandi dans ies centres heiiénistiques, à Autioche
en particuiier, c'est pourtant seuiement à Constantinopie, au v^ et
au vi" siècie, qu ii a atteint sa pieine croissance et trouvé son unité,
et c'est de ià seuiement qu'ii a réussi à exercer sa suprématie sur
i'ensembie du monde civiiisé'. o ii estcertain que, dans ia nou-
veiie résidence itnpériaie, ia profusion des constructions nouveiies,
ie iuxe de ia cour, ie contact permanent avec ies chefs-d'œuvre de
i'heiiénisme devaient produire debonne heure un grand et puissant
mouvement d'art. Accueiiiant de toutes parts ies formes et ies pro-
cédés, adoptant ies méthodes que iui fournissait i'Orient heiiénis-
tique, sémitique ou iranien, les coordonnant, ies appliquant avec
une ingéniosité et une hardiesse jusqu'aiors inconnues, Constanti-
nopie ies consacra et ies tit en queique manière propres de i art
byzantin. « Les systèmes d architecture, écrit encore Strzygowski,
particuiiers aux trois régions ies pius importantes de i'Orient heiié-
nistique (Êgypte, Syrie, Asie Mineure) se combinent pour former
ia nouveiie forme d'art heiiénistico-orientaie, ia byzantine, et Sainte-
Sophie doit être considérée comme i'incomparabie monument de
cette réciproque pénétration -. n ii se peut que Constantinopie ait
été, moins que ies autres régions du monde orienta), vraiment créa-
trice : ce n'en est pas moins ià qu'au vC siècie a pris naissance un
« art d'empire )) (TfefcA.sAmnsf)
C'est, pour cela que ]e nouve] art chrétien mérite bien ]e nom
d'art byzantin. C'est Byzance, en effet, qui i'a orienté dans les voies
jusqu'ators inconnues qui ]ui furent propres ; c'est eHe qui l'a mar-
qué de son empreinte. C'est à Gonstantinopte, au vi^ siècle, que, par
la volonté de Justinien, l'art byzantin a trouvé sa pleine expression
et sa formule définitive ; et c'est de là que son influence, durant ce
premier âge d'or où il brilla d'un éclat incomparable, a rayonné sur
1e monde entier.
CHAPITRE II
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ver des voies nouveties, et qui a produit des édiüces tout à fait
remarquabies par la beauté du styie, i'éiégance des proportions,
i'habiie distribution de i'espace et de ia iumière, et ia richesse de
ia décoration.
Ii est aisé de suivre ies progrès de cet art depuis ies monuments
ies pius anciens en date ', teis que i'une des basiiiques de Roueiha
(tv" siècie) (tig. 4) où pour ia première i'oisi'arcade se substitue à ia
1. Guyer, toc.cù.,2R,32.
2. Guyer, p. 3132, pensetoutefoisqueicsdeuxédifieesn'ctaientpasà
coupote. Cf. Strzygowsiki, Amtda, 219-223.
3. Strzygowski, THeittast'ett, 96 et suiv.
4. Vogüé, /oc. ctù, 141-153 et pi. 139-50.
36 LES OR[G]\ES SYRIEXXES
i. Choisy, p. 88.
40 LBS ORIGINES SYRIEMNES
t. Choisy, p. 90.
42 LES ORtGIl'iES SYRtENNES
I]
LA DÉCORATtON SCULPTEE
C'est déjà une idée tout orientaie que ceile de décorer une
muraiiie d'une haute frise scuiptée. Jadis, dans ies palais babylo-
iii
LA DÉCORATMN POLYCHROME DANS LES ÉDIFtCES SYRtENS
Farnésine (i^ siècle), on dans les beaux marbres encadrant des bas-
reliei's pittoresques et les incrustations qui paraient 1a basilique
construite en 317 par Junius Bassus sur rEsquilin. LesByzantins,
à leur tour, empruntèrentcette mode fastueuse : leurs palais, leurs
églises furent décorés de marbres, parés de mosaïques, ornés par-
fois, conformémentàla pure tradition alexandrine, derevêtements
métalliques (Antioche) ou de ces légers bas-reliefs en stucqu'on ren-
contre par exemple au baptistère des Orthodoxes à Ravenne,
L'idée du revêtement polychrome, trait caractéristiqueet principe
fondamental de l'art byzantin, lui est venu sans doute de I art
aiexandrin.
Le xyxfème AeffènMffyue. — Byzance a eu toutefois
Lant de rapports directs avec i'Orient perse qu'elle a pu lui emprun-
ter sans l'intermédiaire de l'Égypte qui l'avait mis à 1a mode, 1e
goût tout oriental de 1a polychromie. Mais voici autre chose qui
luivientincontestabiementde 1a grandeviile helIénistiqued'Egypte.
L'artalexandrin fut essentiellementunart décoratif. Danslesélé-
ments, bas-reliefs et peintures, au moyen desquels il a constitué
ses décorations, ii a recherché deux choses principalement, 1e détail
pittoresque et 1e trait de vérité réaliste. Ce n'était là qu'une consé-
quence de 1a grave évolution sociale qui s'était accomplie dès 1e
tv" siècle dans 1a cité d'AIexandre. Alexandrie était 1a vilie de 1a
joie, des plaisirs, de l'amour: elie devait se plaire àretrouverdans
l'art ies motifs coquets et précieux qui reflétaient ses goûts, les
Amours jouant, vendangeant, moissonnant, les scènes élégantes,
un peu mièvres, dont 1a femme et l'amour fournissaient 1e thème.
Ville peu croyante, familière avec les dieux, elle devait aimer les
épisodes qui traduisaient les côtés piquants de 1a mythoiogie clas-
sique, s'amuser des figures un peu caricaturales, Silènes, Satyres,
etc., qui humanisaient 1a majesté de l'OIympe antique, transposer
volontiers dans ie mode romanesque les belles légendes tragiques
d'autrefois. Enfin, comme toutes les sociétés très raffinées, lemonde
alexandrin se sentait des goûts très idyliiques. II aimait 1a nature.
Alexandrie était 1a ville des fleurs, et 1a « guirlandomanie x de ses
habitants était célèbre. On y aimait donc natureliement, dans l'art,
les paysages, les scènes champêtres, ies natures mortes. Et pareil-
lement ces élégants ge plaisaientaux représentationsde 1a vie fami-
lière, fussent-ellesmême un peuterre à terre, grossières ou ridicules.
De toutes ces raisons diverses devait naître un art très particu-
lier, une peinture surtout pittoresque, éprisedes sujets degenre, et
68 LES ORIGtKES ÉGYPTIEXNES
les traitant d'aiileurs avec une technique très savante et une sufR-
sante connaissance des iois de ia perspective.
Cet art alexandrin fut bien vite à ia mode dans tout le monde
antique.
On sait queüe grande induence i'Hgypte exerça sur Rome en
particuiier : en même temps que sa iittérature et ses reiigions,
son art aussi, tei que i'avait fait i'heilénisme, passa en Occi-
pire tout cet ensembie, révéiant un art qui, depius en plus, s'éioigne
de i'esprit grec.
Le même méiange d'intluences contraires se rencontre dans ies
peintures qui décoraient ie couvent de Saint-Jérémie à Saqqara, et
dont ies pius anciennes datent du v" et du vU siècie. Dans ies petites
niches creusées aux muraiiies des ceiiuies, ia Madone trônant entre
des angeset des saints, ie Christ trônant ou ia Vierge debout entre
des anges, ont toute ia gravité des figures représentées dans ies
mosaïques ; et certaines effigies, comme ceiie de i ajoa Jérémie, qui
remonte peut-être au v" siècie, ont un accent de vérité et de vie
qui en fait de véritabies portraits. Aiiieurs, une grande fresque,
représentant ie sacrifïce d'Abraham, rappeiie ies miniatures du
75
LBSMINfATUHES
1. Strzygowski, Ort'eiti octer Rom, 65 suiv. Cf. Æoptt'xeàe Jvttrtsf, n°* 8775, et
suiv. (bois sculpté deBaouit, v° siècle).
2. Strzygowski, Ortetti oder Rom, 75 suiv. ; Dt'e PorpAyryrnppen rott
S. Mttrco ttt Vettedtt/ (Beitrage zur aiten Geschichte, 1902) ; Dte chrt'sDtcàett
Dett/ttttaierzieyt/ptettx (RQ, t. 12. 1898).
3. Strzygowski, Tfeiiertt'stt'scTte ttttti Æopft'scàe Rttttsf ttt yfieæartdrt'a, Vienne,
1902 ; Der Dottt 2tt Aac/tett, Leipzig, 1904 ; Koptt'scàe Kttttsf, n°* 7075 et suiv.
(piaqucttes d'os incisées et n°* 7117, piaque en ivoire d'Antinoé).
LA SCUH'TURE 81
d'os incisées et coioriées, conservées au Caire età Beriin, où, par une
technique tout orientaie, i'ornement polychronie rempiace t'orne-
IV
i.ES É'iorrns
1. Choisy, p. 158.
2. Ilfautmentionnei'égatement tes exptoralions de Guyci-en Ciücieeten
Lycaonie(/tn.s f/emc/trt'sftie/teti IHetttasteit, Voi'lai'ifiger Rericht.Zi'irich, 1906),
de tlasluck en Bithynie (Bt't/tytti'ea, dans British Schootat Athens. Annual
report, xtn (1906-1907), de Ramsay et miss Bell en Lycaonie (1907), les
fouilles que legouvernement allemand a faitcs àMilctetau Latmos(Wiegand,
Der La/tttos, Bertin, 1913, t. Itl de 1a publication des fouilles de Milet) el celles
du gouvernemcntgrecàEphèse (Sotiriou, ' Ovcto; 'hnâvvoj Ttrj OsokoYOJ 'ev
'EtpÉaoi, Athènes, 1922).
LES BAStHQUES 89
1. Cf. sur ce point W. Ramsay et rniss G. L. Reii, ï'àe I/totisatici ant/ otte
e/tttrcàes. Londres, 1909, p. 14-15, 24-25, 309, 432.
2. Strzygowski, Æietnastett; Hoitzmann, Rt'tt-àtr-Xt/tsse', Hambourg, 1905 ;
G. Lowtbian Belt, Æotes ott a y'ottrttey 1/trotty/t Ct'/t'cta ttttt/ Lycaottt'a fRA,
1906, t et ii ; W. Ramsay, .S7ttt/tes t'tt //te /tt's/ort/ anc/ ar/ o/'//te /Sas/erit pro-
ot'ttces o/* //te rottntt etttptre, Londres, 1906 ; A e/trt's/tatt ct'/y t'tt //te /tyzan-
/ttte aye (The Expositor, IV), et surtout ie iivre, cité plus haut, de Ramsay
et miss Beti. Gf. Miilet, L'Aste tlft'rtefire ttottceatt c/otttat'tte c/e Z'/tt's/otre de /'ar/
(RA, 1905, I) ; Diehi, Les ortyt'ttes ast'a/ù/ttes c/e /'ar/ /tyzatt/t'tt (Etudes
byzantines, 337); Rott, /y/e/ttast'.'t/t'sc/te Dett/cttta/er, Leipzig, 1908; Sotiriou,
u.vY]ULEtot *ryj; p.tzpct; 'Aot'cc^, Athènes.1920.
90 LHS OMGIKES AKATOLtEKNES — FORMATION DE L ART BYZAKTIN
1. Ghoisy, p. 4.
2. Sur cet édifice (n° 32), cf. Ramsay et Bet), foc. c:f., 209 sqq., 320-324.
Gf. surtabasiiiqueàcoupote Strzygosvski, t'r.s'piimçJercèrf.s/. f\<rc/icoA;iu.sf,
p. 61.
LES BASILIQUES A COL'POLE 97
iivresurl'égiisedeNicée^, Wuiffafaitdérivertoutesieséglisesdecette
sorte de Sainte-Sophie deConstantinople, dont ia parenté esteneffet
évidenteavec iesbasiiiques à coupoie de Cassaba, de Myra et d'An-
cyre. Hsembie pourtant qu'ii faiiie, avec Strzygowski, renverserce
de l'Iran, créé un art national, sans nul rapport avec l'art syrien
et i'art hellénique, et qui a pris dès ie iv° siècle son caractère
particulier ' ; etc'estd'Arménie que ia coupoie et iesformes arehi-
tecturales auxqueiles eHe a donné naissance se sont répandues à
travers le monde oriental, à Gonstantinopie et à Salonique aussi
bien qu'en Egypte ou en Asie Mineure : si bien que Sainte-Sophie
aussi bien que Saint-Vital sont des édihces spéciliquement armé-
niens (l'ein arme/niscA)
H y a dans ces théories une grande part d'hypothèse. Et d'abord
il faut remarquer que de ce iv" siècle, où le courant nationai aurait
donné son caractère propre à i'art arménien, ii ne reste pas un seui
monument : Strxygowski iui-même reconnaît que « ies pius anciennes
égiises arméniennes qui subsistent datent du v° siècie )) Assu-
rément on doit reconnaître qu'un mouvement d'art aussi puissant
que ceiui qu'on rencontre en Arménie du v" au vn" siècie suppose
une période antérieure de préparation, mais ceci ne suffit point
à déterminer avec certitude ies infiuences qui ont agi sur cette
période. Et par aiHeurs, iorsqu'on considère ies plus anciens
monuments chrétiens subsistants, ii se trouve que ce sont des
basiiiques, comme ceiies d'Ererouk (Hg. 41) ou de Tekor, dont
Strxygowski iui-même admetiaparenté étroite avec i'art syrien, et
où n'apparait pas ia coupoie. Et aussi bien i'auteurne conteste-t-ii
pas qu'ii y a eu une période d'un siècie et demi (428-571), où ii y
a eu en Arménie une invasion de i'éiément syrien et grec i! ne
sembie pas du reste que, dans ies édilices décrits par Strzygowski,
ia coupoie, qui est d'empioi générai au vn° siècie, se rencontre avant
ie iniiieu du vi^ siècie ", et ceci laisse fort incertaine ia date où ia
ia coupoie iranionne apparut d abord en Arménie et un peu hypo-
thétique i'assertion que c'est de ià qu'eiie passa dans i'art chrétien
d'Orient.
S'ii est vrai, comme ie déciare Strzygowski, qu'entre428 et 571,
ies égiises d'Arménie ont été hâties « d après des modèies syriens
et anatoiiens " n, H importe reiativement peu, pour i'iniluence
exercée sur i'art byzantin, que ie courant nationai du iv^ siècie se
soit réveiilé à ia fin du vG et ait produit ie grand mouvement du
1. Strzygowski, 604-605.
2. t/rspraay, 39, 47-49.
3. tàùt., 120.
4. ùauknnst, 668-697.
5. A i'ëglise d'Awan, bâtie entre 557 et 574 (t'ùt'd., 89 et 91).
6. Satiknnst, 679.
DURÔLEDELAHMHNIE !05
une, d'une haute vateur artistique et d'un grand intérêt pour i'his-
totre : c'est ie bas-reiief découvert à Constantinopie, et aujourd'hui
conservéà Beriin, qui représenteieChristentre deux apôtres* (fig.42).
Ce qui frappe tout d'abord dans ce monument, c'est tout ce qui y
arlistes pour décorer son église. D'autres saus doute Rrent comme
lui, et ies princes laïques de même s'adressèrent sans doute volon-
tiers, comme iit Justinien plus tard quand ii voulut bâtir Sainte-
Sophie, à un pays où un art plus savant de la construction leur
donnaitiieu d'espérer deptus magnifiques réussitesarchitecturaies.
Ainsi, d'un bout à l'autredumondeméditerranéen, sepropagèrent
les intluences orientales.
11
mmn;
leurs, au fond des tunettes, des cerfs attérés viennent, parmi dès
rameaux d'or, se désattérer à !a source de vie ; ptus haut, deux
cotombes boivent au bord d'une targe coupe. Tout ceta est d'une
richesse élégante et sobre, d'un cotoris savant et harmonieux. L habi-
teté du maître n'est pas moindre, quand il s'agit de poser les
Hgures, soit ces images d'apôtres affrontés deux à deux et qui, les
yeux levés vers 1a coupole, adorent 1a croixsymbole duChrist, soit
les personnages des deux grandescompositionsquisecorrespondent
au-dessus de 1a porte d'entrée et au fond dela chapel!e.lci,c'estle
Bon Pasteur au milieu de son troupeau (fig. 48), jeune, imberbeet
grave, pareil à quelque Apollon antique, mais vêtu de pourpre et
nimbéd'or, commeun roi majestueux et bienveillant. Là, c'est un
LE MAUSOLEE DE GALLA PLACÏDIA A RAVENNE !2t
9
130 LA DIFFUStOK DES INFLUENCES ORIENTALES
1. Cf. sur cet èditice et sa retation avec t'arc de Gatère, Hébrard, Les tra-
Panædusert't'ce arc/tèotoytqne de l'artne'e d'Ortentàt'arcde frtomp/tede Gatére
ct à /'e'yttse .Sat'nt-Geortjres de 5a/ont'qite (B. C. H., 1920, p. 5-40).
2. Strygowski, Æietnast'ett, p. 110 suiv.; Wulff, Dt'e Æottttest's/tt'rc/te t'tt
A't'caa, p. 36 suiv.
3. Cecin'exciut nuiiement i'hypothèse qu'eiiepuisse apparteniraucommen-
cement du règne de Justinien, dont ies monogrammes se rencontrent sur ies
briques de Sainte-Sophie.
132 t.A DIFFUStON DES INFLUENCES OHIENTALES
1. Bayet, ttech., S5-86 ; Aïnatof, Oriy., 147 suiv. Dtehi, Le Tourneau et Sala-
din, op. ct'L, 23-31 (S. Georges) ; 52-59 (Eski-Djoutna). D'exceitents reievés des
mosaïques de Saint-Georges ont été exécutés par le peintre Lambert, sous ia
direction de M. Hébrard.
134 t.A DtFFUSfHX XES INFLUENCES ORIENTALES
1. Gf. Vincent. t,e pfan fre'/te' Jans t'arctu'fecfHre ôycaHÙne (Rev. Arcti.,
t920, t), qui pense que ie ptan triconquc procède d'une église de ee type b&tie
a Gonstantinopie vers ia Rn du tv" siècle (p. 104 sqq.) et que le mausoiëe de
Gaila Pia'cidia à Ravenne imite i'église des Saints-Apôtres bâtie par Constan-
tin (p. 108-109).
2. Miiiet, Arf ày:., 129.
!36 LA DIFFHSION DES INFLUENCES ORIENTALES
iil
RÔLE DE CONSTANTINOPLE DANS LA FORMATION DE I.'ART BYZANTIN
1. Strzygowski, t/rspruny unù .Sicf/ r/rr aÙti/u. A'iiits'I (Byz. Denkm. III).
CI. Dt'e iMi'iM'aùiren des .sertn'scAeit Psatlers iit üfHaeàeii (DAWW, t. 52).
ViennIS?*1906, p. 87 suiv., où ta thèse presque contraire est soutenue.
2. ^Cette égtise, on le verra, est de date postérieure. Mais tes textes signatent
te ptan triconque à Constantinople dès !a Sn du iv° siècle (Ps. CodiniOrt'qrtnes,
éd. Preger, p. 260), Cf. pour !e v° sièc!c Thëophane, a. 6005 (p. 245) et 6064.
CE QUE COKSTAXTtXOPLE DUT A L OMEXT 137
pfus grandes que ies rései'voirs syriens '. G'est au milieu du tv^ siècle,
en 369, qu'apparaissent ]es premiers éditices de cette sorte (citerne
de Modestus, au j. Sarradjchané, et citerne d'Aétius), et on continua
à en construire jusqu'au vt^ siècie, où t'empereur Anastase fit édi-
6er en pierre de tai]]e, à t'imiiation exacte du type syrien, )e réser-
voir de Saint-Mocius (aujourd'hui Tchoukour-bostan à Exi Atar-
mara), ]e ptus vaste de tous, et dont ]a superticie était de près de
25.000 mètres carrés. Alais bientôt, quand au commencement du
1 '-g.;-. W
têtes d'animaux, aigtes, béliers, etc. (Hg. 63), ce qui sembie bien
encore ètre uneinspiration persane. Etde même, iadécoration dont
furent revêtus i'imposte et le chapiteau-imposte fut d'inspiration et
de technique tout orientaies. L'ornement, perdant [tout caractère
piastique, s'appiiquasur ies faces du chapiteaucomme unedenteüe,
tantôt découpée à jour, tantôt minutieusement ciseiée, couvrant
réduire son rôie \ ette lira i'art byzantin. Mais eile ne se borna
point à adopter serviiement cesméthodes et cesleçons : i'artbyzati-
tin, tel que 1e créa 1a capitaie, différa toujours des arts orientaux.
Non seulement l'emploi exclusif de 1a brique, entraînantla néces-
sité du revêtemenl, lui imposa
des partis nouveaux, que 1e
voisinag-e de la cour et 1a faci-
lité à se procurer des maté-
riaux précieux l'amenèrent à
réaliser avec une prodigieuse
splendeur. Mais surtout, en
combinant ces éléments étran-
gers, Constantinople resta tou-
joùrs fidèie à l'esprit grec.
Tandis qu'en Egypte, en Syrie,
en Arménie, l'hellénisme recu-
lait devant 1e vieil Orient, dans
lacapitale, pieinedesmerveilles
de l'art antique, 1a tradition
classique subsista. C'est ce qui
empècha l'art byzantin d'être
une simple copie de l'art orien-
tal, c'est ce qui lui donna son Fi}-;. 63. — Chapiteau à figures d'aigtes à
originalité propre. Et ce fut 1e Saint-Démétrius de Saionique (Phot.
grand mérite de Gonstantinople Laurent).
de faire vraiment œuvre créa-
trice, en appliquant les formules reçues avec une ingéniosité et
une hardiesse jusqu'alors inconnues, et, au sortir d'une longue
période de préparation et de tâtonnements, de les consacrer défini-
tivement par des chefs-d'œuvre.
IV
LES MONUMENTS DE CONSTANTINOPLE AVANT SAtNTE-SOPHIE
d'un coup d'œit tout )e progrès réatisé. Ce n'est ptus aux angies
extérieurs du carré que sont piacés ies exèdres destinés à contre-
buter tes poussées de ia coupoie ; par un art tout autrementsavant,
ils s'ouvrent sur i'octogone centrai, et ies piiiers entre iesqueis iis
sont ménagés sont reiiés aux murs extérieurs par tout un système
d'arcs et de voûtes concourant à ia
butée deiacoupoie. Parcetteinnovation
capitaie, en même temps que i'équiiibre
est fortifié, i'éditiceestentièrementmo-
difié dansson dessin et dans son aspect.
Sans doute, comme au Stoudion, ia
bande subsiste au-dessus des co-
ionnes ; mais ies tributies régnant au
pourtour de t'édifice et surtout i'ingé-
nieuse construction de ia coupoie
attestent, avec i'habiie répartition des
poussées, ie progrès accontpii dans )a
réaiisation du type. Bâtie en matériaux
iégers, cette coupoie se raccorde à i'oc-
togone de base par un tracé à seize côtés,
aiternativement droits ou courbes, qui
donnent naissance à autant de fuseaux, Eig. 66. — Hgiise de Sainte-
aiternativement plats ou côteiés, se Iréne. Plan (d'après Holt-
réunissanL au sommet de ia coupoie. xinger).
Chacun des fuseaux côteiés correspond
aux huit grands piiiers de base et est contrebuté à i'extérieur de
ia coupoie par d'ingénieux contreforts : système de construction
aussi savant que simpie et qui marque ciairement ies progrès
accompiis '.
<Satnfe-/rëne'. — Ii en va de même à Sainte-trène, construite en
532 par Justinien, et où apparaît ie type de ia basiiique à coupoie,
mais modiiié parune ingénieuse soiution des probièmes d'équiiibre
(hg. 66 et 67). Les berceaux qui, à Sainte-Sophie de Saionique,
contrebutaient ia coupoie, furent proiongés ici jusqu au mur d'en-
ceinte extérieur, ies petites arcades qui séparent ia grande nef des
1. G'est à tort que Choisy, pt. XX, 1, représente ta coupote comme consti-
tuée par seize côtes creuses. Leparti exact a été déterminé par tes intéressants
retevés de MM. Ebersott et Thiers.
2. Betjajev, L'e'yù'se de &t'nte-7rène (Viz. Vrem, t (J894), et It (en russe).
Watter George, 77te càurc/t o/' Sat'tti-Æ'trettettt Cott.sIattitttopie, Oxford, 1912.
150 LA ÎHFFUSÏON DES [NFLUENCES omENTALES
CHAPITRE PREMIER
SAtNTE-SOPtHE
EA CONSTRUCTIOX DE SAIXTH-SOPIIIE
II
t.ARCHITECTURE
s appuie par des pendenlil's sur qualre grands arcs, qui eux-mêmes
reposent sur quatre pitiers coiossaux. Deux de ces arcs, au nord et
au sud, sont des formerets qui enveloppent un mur ptein, percé
de .deux rangées de fenêtres, et soutenu par deux étages de colonnes ;
à i'est et à t'ouest, ies grands
arcs s'appuient, au contraire,
sur deux vastes demi-coupoles
contrebutant et soutenant la
coupole centrale, et épauiées,
à leur tour, chacune par deux
niches pius petites. Une abside
en saiiiie, poiygonaie à, i'exté-
rieur, circuiaire à l'intérieur,
s'ouvreau miiieude i'hémi-
cycie que recouvre ia demi-
coupoie de i'est ; ies exèdres.
iatéraux mettent, de même que
les arcades de droite et de
gauche, ia nef principaie en
communication avec ies bas-
côtés. Ceux-ci, voûtés en arète,
sont surnLontés de tribunescou-
vertesde voûtes sphériques. et
tttt*
qui font ie tour de i'égiise en
passant au-dessus du narthex.
Ges gaieries supérieures étaient
réservées aux femmes : c'est
ià qu'avec ies dames de sa cour,
i'impératrice assistait aux of-
hces et donnait partotsses au- -;o.— Gonstantinopte. Sainte-Sophte.
diences en certains iours de Ptan (d'après Hottzinger).
fêtessoienneiles.
Ii est aisé d'apercevoit' ies rapports qu'offre ce pian avec ceux
des édiltces que nous connaissons déjà. Par ia iongueur de 1a nef,
i'isoiement des formerets, ies deux étages d'arcades iatéraies,
Sainte-Sophie'se rattache au lype des basiiiques à coupoies. Mais,
à l'est et à l'ouest, au iieu des berceaux qui, dans ce type, épauient
ia coupoie centraie, on trouve ici un autre parti empioyé, qui se
rattache semblabiement à des édiflces antérieurs. Coupez par le
miiieu, suivant une iigne nord-sud, ie plan des Saints Serge et
158 S.UXTE-SOPHIE
1. Choisy, p. 135.
LES COMBtNAISOKS u'ÉQUILIBRE 159
1. Choisy, p. 135.
2. On en trouvera i'anaiyse dans Choisy, 136-138, que j'ai suivi de très près
dans tout cet exposé.
3. Choisy, p. ]38.
i. Cf. Millet, La coapoie prtmiiire de Sainte-Sop/n'e, Revue beige de phiio-
logie et d'histoire, n° i, 1923.
L OHKEMENT SCULP'i'E 16)
1H
LA DÉCORATION
église pour prier, on senL lout aussitôt qu'eiie n'est point l ouvrage
de )a puissance et de l'industrie humaines, mais bien l'œuvre même
de 1a divinité ; et l'esprit, s'élevant vers 1e ciel, comprend qu'ici
Dieu est tout proche, et qu'il se plaît dans cette demeure que lui-
mêmes est choisie
Durantles sièclessuivants, l'entreprisegigantesque de Justinien
continua à frapper puissamment les imaginations populaires, et
tout un cycle de légendes s'accrocha autour de 1a coupole de Sainte-
Sophie. On sait quel rôle considérable 1a superstition du moyen âge
a prêté au diable dans 1a construction des cathédrales gothiques
d'Occident. L Orienta voulu de même expliquerd'une façon surna-
turelle 1a construction de Sainte-Sophie : mais,^plus dévot, il en a
reporté l'honneur à Dieu lui-même, intervenant pnr ses anges pour
suggérer 1e plan et surveiller les travaux de 1a Grande Église.
L'imagination populaire n'a pas été moins vivement frappée de
l'énormité des sommes dépensées pour cette grande œuvre, et ici
encore elle a fait intervenir 1e surnaturel pour expliquer comment
Justinien put trouver l'argent nécessaire. Lcs conteurs naïfs qui
inventèrent ces légendes avaient raison. Ils sentaient qu'il y avait
là une réussite incomparable, un monument merveilleux, où l'art
byzantin avait trouvé sa formule définitive et réalisë ses caractères
constitutifs.
C'est ce qu'ont parfaitement exprimé, dès 1e vi" siècle, les con-
temporains de Justinien. Aux yeux de Procope, Anthénnus de
Trailes apparaît comme t< 1e plus savant homme dans I art de 1a
mécanique, non seulement entre tous les gens de son temps, mais
entre tous ceux des siècles antérieurs x. Isidore de Milet est délini
comme un homme « d'une intelligence remarquable o. Et l'histo-
rien ajoute que c'est une preuve évidente de 1a protection que Dieu
étendait sur l'empereur, « d'avoir ainsi préparé les hommes les plus
capables de servir ses projets o, et que c'est une preuve aussi de
i'esprit supérieur de Justinien, « d'avoir, entre tous les hommes, su
choisir ceux qui étaient 1e plus aptes à réaliser ses grands des-
seins o. Par 1e génie de ces architectes éminents, 1e grand courant
novateur et hardi qui traversait alors l'art byzantin avait en effet,
dans un monument unique, manifesté sa puissance créatrice, et, au
sortir de 1a longue période de préparation et de tâtonnements, con-
sacré par un chef-d'œuvre les méthodes qu'il avait adoptées. Désor-
mais, durant 1e vi^ siècle, ce style nouveau allait rayonner sur 1e
monde et Constantinople allait prendre 1a direction unique de l art
byzantin.
GHAPITHE 11
1. Choisy, p. 164.
LES MATÉRIAUX 169
1. Càoisy, p. 13.
LESYOri'ES 17)
1. Voit', sur toute cette question, Choisy, p. 31-47, et tes pt. II, Itl, IV,
comnie exempte de ta sotution mixtc indiquée dans le texte.
172 L ART Dï BAT)R CHEZ LES BYZANTI?;S
1. Choisy, p. 90.
174 L ART DE BATIR CIIEZ LES BYZANTINS
Ii
1. Choisy, p. 128.
2. Cf. sur tes différents types, Strzygowski, 1/rsprmty der eAri$C Jft'reAeit-
àiiitsf, 50-64, et Dte Bàti/tiinsf der Arinenier, 460-512.
LA BASIUQUE ET SES PARTtES 175
IH
IV
LA DÉCORATtOX SCULt'TÉE
V
L'ARCIIITECTUHE CIVILE ET MILITAIRE
nous ont été conservés en bien moindre nombre que ies monuments
de i'architecture sacrée. Nous avons mentionné déjà ies citernes de
Constantinopie, ies aqueducs, ie pont du Sangarios. Ii faut, pour
compiéter ces indications, résumer ici !e peu que nous savons de
ia maison byzantine et dire un mot des ouvrages, ceux-ià beaucoup
pius nombreux, que nous a iaissés i'architecture miiitaire.
Le.s manons '. — De i'habitation byzantineaü vi^ siècie noussavons
peu de chose. On a vu précédemment ies indications quei'on peut,
reiativement aux maisons de Constantinopie, tirer de documents teis
que i'ivoire de Trèves ou ia mosaïque de Saint-Apoiiinaire-Neuf. Mais
c est en Syrie seuiement que se sont conservées des ruines de viilas
ruraies et de maisons urbaines, permettant d'entrevoir ce que furent,
dans cette région du moins, ies ouvrages de i'architecture civiie.
La piupart de ces habitations, au iv^ et au v" siècie, comprenaient
piusieurs corps de bâtiments, à deux ou trois étages et à portiques
décorant ia façade, disposés sur ies trois côtés d'une cour assez
f. De Beytié, L'Aahifaft'oa ht/sanh'Me, Paris, 1902. Cf. Vogüé, St/rt'ecen(raie ;
H. C. Butler, Arcltt'fecfare artd of/terarls; et Mordtmann, Æsgut'sse /opogra-
p/tt'qtte de Cotts/au/t'uop/e, Litte, 1892.
tt/attue/ t/'Ar/ /ty:au/t'tt. 13
194 L ART HE BA'ftH CHEZ LES BYZANTtNS
urbaines, teiies que celies de Serdjiiia (v^ siècie) (fig. 56), de Refadi
(datée de 5i6), de Dëir-Sambii, i'une des pius beiies et des mieux
conservées (vt" siècie), on retrouve ies mêmes arrangements, à ceia
près que ies constructions s'aiignent souvent sur un seui côté au
fond de ia cour. Mais ce sont ies mêmes dispositions des apparte-
ments et aussi ies mêmes coionnades, décoratit ies façades et formant
des gaieries extérieures et des loggias donnant sur ia cour. Sur ia
rue, au contraire, i'habitation n'a que queiques rares fenêtres, et
parfois un baicon.
Le même pian s'appiiquait aux hôteiieries(joanffoc^et'a) très nom-
breuses dans ies viiies de ia Syrie centraie. Ce sont de vastes con-
structions, à deux ou trois étages, avec gaieries extérieures sur
tùutes leurs faces (Tourmanin, Déir-Seman). Chaque étage com-
prenait une seuie grande saiie. A Tourmanin, un paviiion centrai
et deux paviiions d'angie se détachaient en saiiiie.
LES MAISONS 195
LA TECHNIQUE DE LA MOSAÏQUE ^
11
cade, deux anges soutiennent une croix dans un cercie; pius haut,
aux côtés d'une fenêtre, deux sujets sont empruntés à ia vie de
Moïse et ie montrettt devant ie buisson ardent et recevant ies tables
de ia ioi. Ces deux scènes ont été refaites pius tard. On notera
dans cette mosaïque i'empioi des fonds argentés.
SAtvr-DHMETRlUS DE SALOMQUH 207
vers ie Christ èt ia Vierge, assis sur des trônes parmi des anges.
Au-dessus, en tre ies fenêtres, s'aiignent sur des fonds d'or des figures
desaints, de prophètes et d'apôtres; pius haut, une suite de petits
tabieaux représententies miracies et ia Passion du Christ. Onnesau-
raitassez dire i'impression profonde que produit cette décoration, i un
des ensembies ies pius grandioses que nous ait iaissés i'art byzantin.
" invoiontairement, comme on i'a écrit, on se prend à songer à
t'antiquité ciassique, et à certaines œuvres d'une incomparable per-
fection, mais oùdominaitce même esprit d'ordre etd'harmonie qui
se retrouve ici C x Sans doute, ii y a des défauts dans ces œuvres, et
d n'en faut point anaiyser ie détaii de trop près. Pourtant, dans
111
IV
1. MiUet,
2. Itondakof, /U'sU de t'arf, 63.
234 LES MOXUMEKTS DE LA ['EINTURE
II
1. Richter et Taylor, TAe yoMea aye o/' ciassic càrisù'aa art, Londres, 1904 ;
Van Bcrchem et Ctouzot, .Vosaiqties chrètt'eanes, Gcnève,1934, p. il-58.
346 LES MONUMENTS DE LA PEMTUHE
boré â cette iHustration, dont iis sembient avoir puisé les éié-
ments à une doubie source. Aïnalof distingue ingénieusement
deux groupes parmi !es miniatures de ia Genèse. Les unes, à
fond coioré, avec des ciels ciairs ou chargés de nuages, forment
de vrais petits tableaux rectanguiaires et sembient copiés sur
queique manuscrit iiiustré dans ie styië de l'Iiiade ou du Vir-
giie. I.es autres, où l'on a conservé ie fond pourpre du parchemin,
Fig. 121. — Josué recèvant les rois vaincus. Miniature du manuscrit de Josdé
(Ribîiothéque Vaticanei, d'aprés /i roîuio d; Giosae'.
d'une grâce tout antique (fig. 122) : c'est un fleuve couché à demi-
nu auprès de son urne renversée ; c'est une viife assise près de ses
remparts, ia tête couronnée de tours ; c'est un dieu des montagnes
étendu au sommet de l^) coiiine. Toutefois, entre ies compositions
et i'exécution, ii y a un assez curieux contraste, et par ia facture
ces peintures sont bien inférieures à ceiles de ia Genèse. C'estévi-
demment que i'on. se trou ve ici en présence d'une copie d'un originai
250 LES MONUMBXTS DE LA PEIATURE
1H
orientale, encore que, pius d'une t'ois, ces divers centres de pro-
duction o!Trent dans teurs ouvrages des caractères communs assez
accusés. Mais ie fait particuiièrement remarquabie c'est qu'une
activité puissante se constate dans toutes ies régions de l'empire
au vi^ siècie, et on conçoit aisément. que ce grand mouvement
d'art n'ait pu manquer d'être créateur. Dans les compositions,
dans ies types, ies miniaturistes ont souvent inventé. On a vu tout
ce que i'iconographie byzantine doit au Cosmas, à l'évangiie de
Rabuia, au Rossanensis, tout ce que pour !a première fois, etpour
toujours, iis ont introduit dans !e trésor de l'artbyzantin.
Ainsi !es miniatures confirment ce que nous ont appris !es autres
monuments de !'époque. Les mêmes centres de production artis-
tique donnent naissance à des œuvres de semb!ab!e inspiration.
C'est dans !'ensemb!e !e même caractère de pompeuse et gran-
diose cérémonie, !a même_ façon de traiter les figures dans un
styie essentieüement p!astique, !a méme manière de p!acer !es
scènes dans un monde idéa!,où !es personnages s en!èvent puissam-
ment sur !es fonds unis de pourpre et d'or. Le Christ de !'évangi!e
syriaque et du Rossanensis rappeüe à s'y méprendre !e Christ
barbu, te! qu'i! est figuré dans !es épisodes de !a Passion à Saint-
Apoüinaire ; dans !es deux jugements de Pilate du manusciit de
Rossanô, de nombreuses anaiogies apparaiss.entavec !es mosaïques
de Saint-Vita! représentant Justinien et Théodora. Le sty!e histo-
rique et monumenta!, ici comme dans !a <!écoi;ation des égüses,
tend à prévaioir de p!us en p!us sur !a tradition pittoresque.
CHAPITRE V
LI5S TISSUS
LES MOXUMEXTS
copte, Paris, 1902 ; Baittet, ùe.s t.iptssert'es ti'/t7ttt''toe att ntttse'e d'Orieaits,
Ortéans, 1907; Dieht, Sttr qiteit/ttes e'io/f'es eoptes dtt tttttse'e titt /.ottttre (Mon.
Piot,t. XXV, 1921-1922).
1. Cf. Cahier et Martin, Mëiattyes d'arc/tèoiot/f'e, 1" série, t. tt et tii, Paris,
1853; Chartraire, /ttttett/at're Jtt /rèsor de Setts, Sens, 1897 ; Chartraireet Prou,
iVo/esttrtttt tt'sstt itt/Mn/t'ttà persotttt.tyes ei t'ttscrtp/t'otts titt tre'sor de Setts
(Mém. de ta Société des Antiquaires de France, t. LVIil, 1899) ; Lauer, /.e
/re'sor du Sattc/a Sattc/orttttt (Mon. Piot. t. XV), Paris, 1906 ; Chartraire, Les
itsstts attct'etts du /rèsor de ia cat/te'dra/e de Setts (Rev. de i'Art chrétien,
t. LXi, 1911), et surtout Lessing, /oc. ct'/.
SL.IETS ANTIQUBS 267
II
LESSL'JETSI
ou inscrits Jans des médailions^ (Rg. 131). Les mêmes motifs, des-
sinsgéométriques,roses mystiques, lions stylisés, iièvres et gazelies
brodés sur les linceuis, se retrouvent dans ies tissus d'Antinoé
autres que les soieries.
7'eftyieH.E.— Une troisième série d'étotïes enfin est décorée
de sujets reiigieux. On a déjà cité précédemment quetques-uns des
monuments, deprovenanceégyptienne, appartenantà cettecatégorie,
repoussant deux lions dressés con tre lui et en foulant aux pieds deux
autres (flg. 132) (même sujet dans un tissu qui fut jadis à Eichstaedt).
Enfln 1e trésor du Sancta Sanctorum contient un morceau de soie
où, dans des médaillons de fond rouge pourpre, se détache Ia scène de
l'Annonciation (Hg. 133). Un autre fragment de mème styte montre,
dans un médaiIIondefondécru,Ia scène dela Nativité.Lesdeuxtis-
sus, fort remarquables, peuvent être datés du vi" au vin" siècle
Ce qui frappe surtout lorsqu'on examine ces trois séries de
ili
L INFLUENCE OHIENTALE
Fig. 134. —- Tissu de soie, imitation d'un modèie sassanide (Cologne), d'après
Lessing.
1. Lessing, iiv. 8.
MOTIFS D'ORIGINE PERSANE 273
LA PIERRE ET LE BO]S
vill$s syriennes que nous avons anaiysées déjà, ces iinteaux sur-
chargés de sculptures que l'on trouveà Béhio, à Baqouza, et doni
le iinteau de Dana (hg'. 13), avec ses paons ail'rontés, ofîre un si
remarquabie exemple. C'est ie même style qui àppàraît dans cette
curieuse décoration scutptée, signalée par Texier à Aiadja en
Lycie, et où, dans une église du temps de Justinien, tes symboies
reiigieux et ies embièmes des évangéiistes se mêient aux anges à
six aiies et aux hgures des saints. C'est cette même richesse qui se
montre à Ravenne dans ces baiustrades de Saint-Apoiiinaire-Neuf
(fig. 142), où des animaux s'affrontent parmi des pampres, dans ces
chapiteaux et ces parapets travaiüés à jour, dans ces ambons cou-
verts d'entreiacs ou d'animaux, etdont ia décoration rappeiie ies
motifs des portes du gynécée de Sainte-Sophie. C'est ie même
caraclère q^i apparait enfin dans ies descriptions qui nous restent
de Sainte-Sophie. Pour décorer ia fontaine sacrée, on scuipte des
iéopards, des biches, des iions qui vomissent i'eau ; sur i'ambon, il
n'y a d'autres motifs que des arbres et des lleurs. Ainsi ia repré-
sentation de ia iigure humaine est de pius en ptus négiigée, ou,
quand on s'y essaie encore, de pius ert pius médiocre. Et ainsi ces
ouvrages, d'ordinaire de dimensions assez restreintes, montrent
combien ia grande scuipture esl étrangement compromise et com-
bien ses jours déjà .sont comptés.
].'lV0[RE
7lfanueid'Ariby:an%tn. 19
290 LA SCULPTURE
1. Lauer, Le tre.sor dii Sancta Sanctoriiiit à /tome (Mon. Piot, XV, 1906).
296 LA SCULPTURE
1. Cf. sur tes objets mentionnës et sur i'activité des ateliers de Constanti-
nople aux v° et vi* siécles, Ebersoit, Les arts somptuatres de Hpzance, 18-48.
ATF.HERS DE CONSTANTtNOPLE 309
LA FORMATION DE L'ICONOGRAPHIE
ii
III
CARACTÈRE DE L'iCONOGRAPIIIE
1. Freshhetd, tVotes oa tàe eàHreà noto catted the itfosque o/' the Ftatenders
at CP. (Archaeotogia, t. 55, 1 (1897); Wulfï, D;'e Æo:'mesM/fireàe iVicâa; et
tes travaux de Gurlitt et d'Ebcrsottet Thiers, cités p. 134.
332 L ART BYZANTM DE JUSTÏNtEN AUX ICONOCLASTES
II
III
1. Itusht'orc!, t'/ie e/mrcà o/*S. Ænriit ytnti'ca (Papers of the British schooi at
ltome, I, i902); Wiipert, Appmtit xiiitepittiire de/ia chtesa dt' S. iMtirta Ait/t'ca
(BZ, XIV, 1905); Hiiisen, Dt'e Aiisgrtthiiityeit .tii/'fteiiiFoi'init roittaitniit(Mitt.
des D. arch. Instituts, Itôm, Abt. XX, 1905); de Grüneisen, Sfndj t'eonoyra-
/tct' ttt S. tMart'a Antt'ca (Archivio deila R. Società rontana di storia patria,
XXIX, 1906) ; Venturi, Stoi't'a dett'arte t'ta/t'ana, II, 250- 258 et 377-382 et sur-
tout de Grüneisen, Satitie-Afarte aait^iie, Rome, 1911. Cf. Diehl, Sat'a/e-
tMarte-Aitft'qiie (Dans i'Orient byzantin, Paris, 1917).
SANTA MARIA ANTICA 353
1. Cf. tes ouvrages citésp. 118 de ttichter, Bayet, Ctausse, ltjedin, Kurth et
Dieht.
RAVENNE. - MOSAÏQUES DU VII^ SIÈCLË 359
LE MOUVEMEXT IGONOGLASTE
II
IV
Mais ce'n'est point sous cette forme somptueuse que t'époque des
iconociastes comprit i'iHustration de ce iivre fameux. II la vouiut
toute popuiaire, tout appropriée à i'instruction de ia fouie igno-
rante. Depuis iongtemps ie Psautierétait pour ies masses une iec-
ture édiiiante particuiièrementchère; ii répondaitbienaugoûtqu'a-
vaient ies Byzantins pour ies spéculations reiigieuses et théoio-
giques : saint Basiie n'avait-ii point dit que les Psaumes contenaient
K ia théoiogie tout entière « ? Les moines encouragèrent ce goût, et
dans Tiiiustration qu'iis créèrent pourie Psautier, iis résumèrent
« sous une forme vivante et popuiaire, combinée pour i'édiiication
GHAPITRE PREMIER
LA RHNAISSANCE MACÉDONIENNH
CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE L'ART NOUVEAU
L'ART PROFANE A BYZANCE
H
LA HHNAISSANCE AHTISTtQUE
Iii
au miiieu des généraux qui avaient partagé ies fatigues de ses cam-
pagnes ; iis lui présentaient comme oiïrandes les vides qu'ii avait
L ART PROFANE 403
qué uue vive admiration : <( Dans ies édiRces qu'ii bâtit au paiais,
écrit'Constantin Porphyrogénète, qui Dasiie n'a-t-ii point surpassé,
entre ies pius fameux bâtisseurs d'autrefois, par ia spiendeur,
ta beauté, ia nonfeauté de ses constructions (notez ce mot qui
revient encore), par ia grâce répandue sur tous ces admirabies
ouvrages — et cela non seulement dans ses églises, si beHes, si
riches, si charmantes, mais dans l'aménagement magnifique et vrai-
ment royal des appartements, où it mêta l'étégance à la richesse,
et ajouta à l'étégance tout ce qui peut créer la commodité ou exci-
ter t'admiration ' ? n
Constantin Porphyrogénète continua au x^ siècie t'œuvre de son
aïeut. Le trictinium des Dix-neuf tits fut décoré par ses soins d'un
ptafond à caissons, orné de branches de vigne et de feuittages dorés,
dont t'empereur lui-même avait donné les dessins. H exécuta pareit-
tement des portes d'argent pour te Chrysotrictinium, dont te pavé
fut aussi renouveté sur ses indications : ce fut une mosaïque de
marbres et de porphyres formant des entretacements du meiiteur
goût et encadrée dans une bordure d'argent. Entin, au Pentacou-
boucton, te même souverain, fortépris des arts du métat et orfèvre
habite tui-même, ttt décorer t'un des appartements de figures et
d'ornements en or.
Le pafafs cfu Roucoféon. — Nicéphore Phocas à son tour tra-
vaitta àembettir ia résidence impériate. Au bord de 1a mer de Mar-
mara, s'élevaitlepalais du Boucoiéon, ainsi nommé d'un groupe de
marbre représentant un lion terrassant un taureau. C'était une
habitation assez modeste, datant du v^ siècle, et que les empereurs
avaient depuis longtempsabandonnée. Nicéphore Phocas l'agrandit
et 1a transforma en un soiide château-fort, dont !e donjon devint
sa demeure habifuelle. Mais cetaspect de forteresse n'excluait point
1a magniflcence. Guillaume de Tyr, à 1a fin du xu° siècle, par!e du
« superbe et admirable quai H, qui précédait 1e pa!ais, et dont les
escaüers de marbre descendaien! jusqu'àla mer, du <( faste royat «
avec lequel ce quai était décoré de figures d'animaux en marbre,
enfln « des galeries et des salles d'une admirable variété y, que l'on
traversait pour monter du Boucoiéon au Palais-Sacré. Jusqu'en
1871 il subsisfait une trace de ces splendeurs : c'était, au bord de
1a mer de Marmara, une loggia à trois arcades, avec deux statues
de lions assis placées sur 1a terrasse. II ne reste rien de cette con-
.^. V'.
i,
II
LE PALAtS-SACRÉ '
Hi
L IIAHITATION BYZANTINE - LA VILLE
LA NOUVELLE-ÉGLISE DE BASILE I
1. Wuiit', Dt'eAotme.st's/ft'reàei'itAi'caa.
2. Wultt', tht'd. ; Strzygowski.K/et'ttast'ett, 132; et, d'une façon généraie,
poui' toutes les égiises de Constantinopie mentionnées au cours de ce cha-
dfantie/ d'Arf hyzan/tn. 28
434 LES MONUMENTS DE L'ARCHtTECTURE REHGtEUSE
]. Heisenberg, Dt'e Apostet/ctrcàe ; cf. Wuttï, Dt'e steàe/t Wmtder ro/t Byza/tz
Httd dt'e AposielAircàe tBZ., Vtl, 1898, p. 316); Sotiriou, 'O vct&çTMcL'/ou'tou
OêoAdyou Tv 'EçiÉtyoi.
2. Gf. tesédifices citésptus haut, p. 102.
3. Un àutre exempte assez remarquabte de cette disposition se rencontre â
Peristera, près de Salonique, dans une égiise que t'on date du ix" siècle.
Autour deia coupote centrale, quatre coupotes sur tambour octogonal cou-
ronnentles quatre branches de !a croix ; mais. par un parti fortintéressant,
ces branches se terminent chacune par trois absides disposées en triconque :
ainsite ptancruciforme se combine curieusement avec te ptan tréilè (Kinch,
Dn &i/san!/nsA KirAe dans FestsAt i/'t /or Pro/\ Dssiny, Gopenhague, 1900,
p. 144-155).
4. Miitet, D'/tsie TfineHre(RA., 1905, I), p. 106. Gf. Ramsay et Bett, ioc.cii.,
340 suiy.
436 LES MOKUMENTS DE L'ARCtHTECTURE HBHGIEUSE
1. Strzygowsti, /aedtta det' Arc/ttteA'tur aus Jer Zet't Æast'/t'o.s t (BZ., Ht.
1894).
SKRtPOU 439
— EnHn, te typepteinemenLconsLituéserencontre
àConstaniinopie, àiaKiHssé-djami ' (fig. 201, 204). On la date en
gënératde lapremière moitiédu x^siècte, en y reconnaissant, je ne
sais trop pourquoi, t'ég*tise fondée par te patrice Constantin Lips
en t'honneur de ta Vierge. t) me sembte qu'on devrait avec ptus
de raison t'attribuer à ta seconde moitié du siècte, tant on v sent
reux qui donne pius de piaceetunpius iarge circuit pour ies staiies
des moines.
Une autre innovation, dont on pariera pius ioin, est ia décora-
tion extéi'ieure des mura.iiies. Mais ce qui vient d ètre dit suilit à
montrercombien ies ëcrivains du x"siècie voyaient juste, quand iis
pariaient de « ia nouveauté des dispositions H qui apparaissait dans
ies édifices de ieur temps.
On peut se demander toutefois si ces rafîinements et ces éié-
gances ne nuisaient point à ia-soiidité de ia construction. Ii sembie
tout au contraire que piusieurs de ces innovations vinrent du désir
même de donner aux édifices pius de résistance.
448 LES MONUMEKTS DE L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE
1. Choisy, p. 128.
LHS COMBINAtSONS D EQLILIBRB 449
IV
LA DÉCORATtON
1. Ctioisy, 125.
2. Cf. Mittet, L'e'coie yrecçne Jaas i'archt'tecfiire hi/zaititiie, p. 214-289.
3. Choisy, 13.
4. Lampakis, Ifëmot're stir ies aititqntiesciireit'ettites de ia Gréce, Athènes,
1902.
452 LES MONUMENTS DE L'.\RCHITECTURE REHGIEUSE
tion scuiptée n'est pas moins soignèe. Eiie est représenlée d'abord
par ces parapets sculpté.s qui garnissent ies fenêtres ou forment des
ciôtures, et que i'on trouve encore en piace à ia Kilissé-djami
(fig. 2tt), à Saint-Luc, àTorceiio, à Kiei), à Saint-Marc, ou réem-
pioyés dans ia phiaie de Lavra à i'Athos et sur ies muraiiies de ia
Petite Métropoie d'Athènes (tig. 2t2). D'assez nombreux motifs
sontempruntés à cette décoration zoomorphique et végétaie, fort
inspirée de i'Orient, queies iconociastes avaient miseen honneur.
Ge sont tantôt, comme à Skripou, des animaux fantastiques, cou-
rant dans des cercies au miiieu de feuiiiages,'tantôtdeslions, des
1. Gattaneo, t.'arcàt'teeture en /l.itte diiF/° ,111 .Y/.= stècte, Venise, 189] : H.
von der Gabelentz, Mt'Ilet.'iMertteàe Piaslt'/t ttt Venedtg, Leipxig, 1903 ;
Brockhaus, Dte /siins/ tit den/tt/to.s /tM.slern. Lcipzig, 1891 ; Satzenberg, Pul-
gher, /ne. et'/.; Bréhier, É/tides snr /'àt's/otre t/e /a sctt/p/ttre hyzait/tue,
Paris, 1911;/Voiitie//e.s rec/terc/tes sitr /'/tt's/otre i/e /a scu/p/nre hysait/tite,
Paris, 1913.
LA UECORATtON SCULPTEE 457
gritîons ou des paons att'rontés (Torcetto, fig. 213), des fauves déchi-
rant des cerfs (Sainl-Luc),desaigles héraldiques, ou encore des
oiseauxparmi des bordures de feuiltes d'acanthe. Mais, à partir de
la 'hn du x" siècle, cette décoration tend à disparaître. l.es motifs
géométriques, entrelacs de cercles etde losanges, qui, au tx" et au
Fig. 21S. — Nauplie. Ëgiise de Hagliia Moni (Coii. Hautes Études, B. 287).
tique, beaucoup de ces égiises de Grèce, par ies pians, ies formes,
ia technique, paraissent serattacherà i'Orient; ii a même sembié
qu'en face de i'écoie de ia capitaie, on pût distinguer une écoie
grecque dans i'architecture byzantine, qui, sans copier ies égiises
d'Arménie, en rappeiie cependant parfois ies sévères façades, ies
iignes fermes, ies berceaux de pierre, les trompes d'angie et ies
coupoies octogonaies. Ces caractères apparaissent-iis assez con-
stamment dans ies égiises de Grèce pour qu'on ait droit de conciure
468 LES MONUMEKTS DE L'ARCHtTECTURE REHGtEUSE
1. Rott, toc. ct't., 125, 208; Jerphanion (11A, 1908, It, 21).
2. Bertaux, toc. ct't., 119-121.
3. Kntart, Jfanuet d'arc/téotoyt'e, t, 210.
VOGUE DU t'LAX A CROIX GRECQUE 469
VI
LES ÉGLISES D'.VRMÉXIE ET DE GÉORGIE
— li faut mention-
ner dabord, pour
son caractère excep-
tionnei, un curieux
édifice : c'est, sur ia
côte de ia mer Noire,
i'égiise de Pitzounda
(iig. 221). On i'a
iongtemps attribuée
à i'époque de Justi-
nien : en fait eiie
date du x° ou même
Fig. 221. — Hgiise de Pitzounda (d'après Kondakof, du ^i^ siècie. Eiie a
Bouss/ft'ta Drettttostt).
ia coupoie à pen-
dentifs, portée sur
un haut tambour percé de fenêtres, ies trois absides saiiiantes, ia
forme de ia croix dessinée à i'extérieur par ies toitures des qua'tre
berceaux, ies murs construits en briques et moeiions aiternés, bref
tout ce qui caractérise ies égiises àcroix grecquedece temps. C'est
une œuvre purement byzantine, d'un art visibiement importé.
D'autres éciifices au contraire, surtout dans i'intérieur du pays
arménien, sont d'un styie pius originai. Teiies sont, parmi ies pius
anciennes,i'égiise d'Üsuniar (bâtie en 735), donf ie pian rappeiie ia
basiiique à coupoie et ceiie de Scliirakavan (fin ix" siècie), avec sa
iarge nef unique couronnéed une coupoie (ÆuppefAaffei. Teiieest,
dans une iie du iac de Van, l'égiise d'Akthamar (entre 9)5 et 921),
construction à pian centrai dont ia coupole repose sur huit niches
demi-circuiaires et dont ia disposition rappeiie i'ort ceiie de
Sainte-Ripsimé (fig. 222). Puis c'est, à i'époque des Uagratides,
eut sur l'Asie à partir de ia iin du x" siècie, et ie fait que, seion
i'expression de Strxygowski, l'Arménie fut, de t004 à 1064, « une
marche byzantine du côté de i'Est. B Ces importations se sont
combinées avec de vieilies traditions indig-ènes soigneusement con-
servées. Ainsi est né un art original, qui, entre le'x" et le xit^ siècie,
s'est manifesté en de nombreuses constructions et qui, par ses
iarges masses, ses lignes
sévères, ses intérieurs ob-
scurs, s'étoigne de plus en
ptus des formuies byzan-
tines.
Rysaiice —
Ici se pose ia question essen-
tielle. Cet art arménien, te)
qu'il nous apparait, est-i)
tributaire de Byzance, ou
bien au contraire a-t-il
fourni quelques-unes de ses
méthodes à i'art byzantin ?
I) y a quelques années
encore, personne ne doutait
de )'intluence exercée par
Byzance sur )'Arméniè.
Strzvgowski a cbangé tout
ce)a. Pour )ui, I'avènement
d'une dynastie arménienne,
Fig. 227. — Ani. Égtise de Saint-Gi'égoire
(d'après Lynch, Armeiu'a). dans )a personne de Basi)e
I, sur )e trône de Constan-
tinople, aurait eu pour l'histoire de l'art des conséquences particu-
)ières, et )e grand monunient du nouveau règne, )a Nea, procéde-
rait directement de l'art arménien.Elle serait en conséquence « )a
création qui ouvrit des voies nouvetles sur )e sol de Constantinople
" (Jie Aa/ni/nec/ienf/e NcAô/j/'unq aii/' i/cw Boi/en i.'on CoiM/an/Z-
no/ie/) ', et )e p)an de l'église en croix grecque serait, par el)e, origi-
naire d'Arménie
)) y a assurément dans ces théories beaucoup de choses ingé-
UVRP PREMIHR
ORtGINES ET I'ORStATION DE L ART BYZANTIN
UVRE II
LE PREMtER AGE D OR DE L ART BYZANTIN
UVRHIH
LE SECOKD AGE D OR DE L AHT BYZAKTm
ÉPOQUE DES MACÉDOmENS ET DES COMNÈNES (]X°-XII^ SIÈCLES)
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v 01411262 80
478 LES MOXUMENTS DE L ARCHtTECTURE REHGtEUSE