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proverbe à Figuig n’est pas seulement quelque chose qui se dit mais
quelque chose qui se vit. Et c’est cette dimension du vécu qui
m’intéresse ici plus particulièrement et que j’aimerais mettre en
exergue.
Travail et persévérance
Solidarité
Dans la vie, il y a des choses que l’on ne peut pas faire tout seul ; on a
besoin de l’aide d’autrui.
Cf. fr. « L’union fait la force. »
Cf. marocain : yedd waħda ma tsaffaq.
Parole et action
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Il faut être poli et aimable avec tout le monde, surtout lorsqu’on est
pauvre.
Se dit d’une personne qui n’est pas discrète et qui se hâte toujours de
divulguer les secrets et les nouvelles des autres. On l’utilise aussi pour
dire d’une personne qu’il est mouchard.
Se dit pour signifier que c’est plus facile à dire qu’à faire.
Se dit aussi à propos de quelqu’un qui injurie son adversaire, mais
sans avoir le courage de se bagarrer avec lui.
Cf. marocain : « Allssan ma εndu εdam »
Cf. anglais : « Les belles paroles ne beurrent pas les épinards. »
Cf. chinois : « Le bavardage est l'écume de l'eau, l'action est une
goutte d'or. »
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Bouchta EL ATTAR. 1992. Les proverbes marocains. Casablanca : Najah Eljadida.
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Louis BRUNOT. 1928. « Proverbes et dictons arabes de Rabat. » Hespéris, Tome
VIII, 1er trim., pp. 59-121.
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Le mot sud est fréquemment utilisé pour dire souffler sur le feu. Il
symbolise un geste à haut risque.
Se dit à propos de quelqu’un qui dit aux autres de faire quelque chose
de dangereux à sa place au lieu de le faire lui-même. Il vaut mieux
prêcher d’exemple que de donner des ordres sans agir.
Honnêteté
Seuls les mauvais et les malhonnêtes essayent de séparer les gens qui
s’aiment.
En dialecte marocain : ma yadxel bin llħem wa ttfer ʁir lexnez. (El
ATTAR, p. 111).
Illusion
Cf. grec : « Le renard qui attend que la poule tombe reste affamé. »
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Collectif. 1993. Proverbes berbères. Paris : L’Harmattan-Awal. Sous la direction
de Fernand BENTOLILA.
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Fernand BENTOLILA. Ibid.
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Cf. chinois : « Il est difficile d'attraper un chat noir dans une pièce
sombre, surtout lorsqu'il n'y est pas. »
Cf. fr. « Les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit. »
Cf. allemand. « Les grands arbres donnent plus d'ombre que de fruit. »
Apparences et réalité
12. ʁillex ttazart tεlem ibakuren saεa day ttazkkart tεlem iʁatiren
« J’ai cru que c’est un figuier plein de figues, alors que ce n’est qu’un
jujubier plein d’épines. »
Cf. marocain : kaysħab li karma ufik alkarmus saεa sabtak xarba u fik
annamus. (EL ATTAR, p. 221)
Orgueil
Il ne faut pas se lancer dans des entreprises que l’on ne peut pas
réaliser.
Disparités sociales
Se dit à propos d’une personne qui malgré ses richesses n’hésite pas à
demander aux pauvres de partager avec lui le peu de choses qu’ils ont.
Ingratitude
18. aεla zzix šemm wala ukk udi d tamemt ad itt tinid yeɛɛ.
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Faiblesses et défauts
Cf. marocain : qalu lferran : mnin daxlatek annar ? qal : men fami
« Ils ont demandé au four : comment le feu est-il entré en toi? Il a
répondu : par ma bouche. »
Amour
Mariage
Hospitalité
Hypocrisie
Egalité et inégalité
C’est pour dire, il faut savoir partager ce qu’on possède avec les
proches.
C’est pour signifier qu’on ne porte jamais ses biens avec lui dans la
tombe, et que les hommes sont ainsi égaux devant la mort.
Ce proverbe se dit à propos des disparités entre des gens très fortunés
qui gaspillent leurs richesses et des misérables qui ne peuvent même
pas manger à leur faim.
C’est pour dire que l’on préfère avoir des garçons et non des filles, et
que la mère qui a des garçons a un statut privilégié au sein de la
famille.
Déviances
Proverbes locaux
Relations familiales
36. maykk teyyu tsleyt εna maykk teyyu temʁart issiktabi reppi.
« Ce qu’a fait la belle-fille est volontaire, ce qu’a fait la belle-mère est
voulu par Dieu. »
Ce dit à propos du premier né qui est toujours gâté par rapport à ses
frères et sœur nés après lui.
« Qui reste assis sèche, qui va lèche. »
Relations tribales
Le mot jeber veut dire le fils de Beni Jaber qui sont arrivés au XIIIème
siècle à Figuig. Ils se sont établis sur le plateau pour dominer la source
de Tzadert et se sont ainsi enrichis au détriment des Zenaga. On
raconte que lorsqu’une famille de Beni jaber veut couper les cheveux
de leur premier fils, il exigeait des gens de Zenaga de sacrifier un de
leurs nouveaux nés. Un jour, une femme a refusé que son fils, son
unique, de subir ce sort et a réussi à mobiliser les guerriers de Zenaga
pour mettre fin à cet horrible rituel. Ainsi, en 1782, Zenaga et
Loudaghir se coalisèrent et remportèrent une victoire sur les Beni
Jaber.
Discrétion et indiscrétion
Se dit à propos d’une personne qui crie sur le toit les nouvelles de sa
propre famille, au lieu de les garder.
Le mot heppat (les grains de blé) représente ici les secrets de la
famille, quelque chose que l’on doit cacher et conserver, tout comme
on conserve le blé dans les silos à l’intérieur de la maison.
Il faut souligner ici que les maisons des qsour à Figuig ne sont
égayées d’aucune fenêtre donnant sur l’extérieur. C’est par une porte
massive en bois de palmier que la maison communique avec
l’extérieur. Elle donne ordinairement sur un vestibule en chicane, que
l’on appelle imi n-tittart, (lit. la bouche de la maison), et qui, de par sa
disposition coudée, empêche toute personne de violer de son regard
indiscret l’intimité familiale, la horma de la maison dirait G.
TILLION (1966, 139-140). En fait, beaucoup plus que la porte, c’est
le vestibule qui révèle la présence de réalités inviolables.
Outre ces aspects physiques qui concourent à assurer l’hermétisme
de la maison, il importe de noter que même entre parents adultes assez
proches, il est d’usage d’annoncer toujours son arrivée au seuil de la
maison en prononçant à haute voix la formule wida, « y a
quelqu’un? ». Ce sont ici des cérémonials qui rendent plus forte
encore l’inviolabilité de la maison ; une inviolabilité qui, dans l’esprit
des Figuiguiens, se confond toujours avec la dignité et l’honneur.
regard des étrangers, et c’est le chef de la famille qui détient les clés
de cette chambre.
Déception
45. uħlex may šemm tellmex dleħrir, saεa šemm day dlefdam.
« Je t’ai tant filé comme la soie, mais tu n’es que fibres mortes du
palmier. »
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GREMOND, Roger. 1936. « Le particularisme de Figuig », BCAF., n° 4. Avril,
1939. pp. 89-160.
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