Vous êtes sur la page 1sur 3

Arnaud est actuellement doctorant en 4ème année.

Il s’intéresse tout particulièrement


au cancer du poumon, première cause de décès par le cancer chez l’homme. Ce
chercheur n’a pas souhaité voir apparaître son nom sur le blog mais nous a tout de
même autorisé à transmettre ses propos.

Comment en es-tu arrivé là ? Quel est ton parcours ?

Mon parcours scolaire est classique. J’ai préparé un Bac Scientifique et ensuite je suis
allé à la Fac. J’ai fait un DEUG Sciences et Vie de la Terre en 2 ans et ensuite j’ai fait
une licence spécialité biologie cellulaire et moléculaire avec une option en génétique
cellulaire. Ensuite, j’ai continué avec une maîtrise toujours en spécialité biologie
cellulaire et moléculaire […]. Tout cela, je l’ai fait à Poitiers. Ma seconde année de
Master, je l’ai faite à Grenoble parce que durant mon stage de Maîtrise, j’ai intégré un
très bon laboratoire et donc je suis allé poursuivre mes études à Grenoble dans cette
équipe.

Pourquoi as-tu choisi la voie de la biologie ? C’est quelque chose qui t’as toujours plu
ou tu as choisi à la Fac ?

Au départ, ce n’était pas franchement ce que je comptais faire. Et puis c’est vrai que
dans mon parcours scientifique, la matière qui me plaisait le plus c’était vraiment la
biologie : j’avais une grande curiosité pour tous ces phénomènes biologiques et aussi
l’envie d’apporter ma contribution à l’évolution de la science, notamment dans la
recherche sur le cancer.

Est-ce que tu peux nous parler un peu plus de ce que tu fais quand tu es au
laboratoire ?

Actuellement, je suis en train de réaliser une thèse. Il faut savoir qu’une partie du
travail se passe en « manipulation » où on réalise toute une série de tests. On émet des
hypothèses, on essaie de les valider.

Les essais c’est concret, avec des tubs comme on se l’imagine ?

Oui, c’est exactement ça, comme on voit à la télé.

Tu travailles spécialement sur le cancer du poumon. Ton but c’est de trouver des
solutions, des traitements ?
Dans un premier temps, mon but c’est d’essayer de comprendre comment fonctionne
la maladie, quelles sont les dérégulations … Pour trouver un traitement, il y a nécessité
de savoir comment, quels sont les dérèglements causés par cette maladie. Mon but
c’est de mettre en évidence toutes ces altérations, qui peuvent être génétiques, épi
génétiques, et vraiment les décrypter afin de pouvoir transmettre ce savoir derrière et
permettre l’élaboration de traitements.

Penses-tu que la science avance réellement dans ce domaine ou est-ce que ça piétine
un peu ?

Oui, oui, la science avance. Mais c’est vrai que le cancer est une maladie extrêmement
complexe et donc il faut faire un gros gros travail. Mais oui, bien sur, la science
avance.

Sais-tu pourquoi on en entend si peu parler ?

Pour moi, en France, la Recherche ou le statut de chercheur est relativement banalisé.


Contrairement à certains pays.

Tu penses que ce serait bien que ce soit plus médiatisé ?

Oui, je pense qu’il faudrait démocratiser la Recherche, ce que font les scientifiques.
Essayer de vulgariser tous nos travaux pour que le public puisse avoir une idée de ce
qu’on fait parce que finalement je suis persuadé qu’on n’en a aucune idée. Et puis leur
montrer que le travail de chercheur ce n’est pas chercher mais trouver.

Est-ce que vous avez des financements publics pour le matériel… ?

Oui on a des financements publics. Mais l’un des principaux problèmes en France
concernant la Recherche c’est le manque de moyens.

Penses-tu que la science avancerait plus vite avec plus de moyens ?

Il est certain que pour trouver, il faut l’argent. Il est très difficile de faire avancer la
science sans argent. C’est le nerf de la guerre finalement. Heureusement qu’il existe un
certain nombre d’associations en France. En ce qui me concerne, pour le cancer, je
pense à l’ARC, à la Ligue Contre le Cancer, qui sont de vrais partenaires.
La plupart de vos financements viennent des associations ?

Oui.

J’ai entendu dire que tu comptais partir travailler à l’étranger…

Oui, c’est exact. Je suis en fin de doctorat. Pour passer le concours de chercheur en
France, on a besoin de montrer notre mobilité internationale. Il est conseillé de faire un
séjour à l’étranger.

Qu’en est-il du salaire des chercheurs français par rapport aux chercheurs étrangers ?

C’est vrai que le salaire des chercheurs français est peu élevé. C’est pour moi l’un des
problèmes.

Tu peux nous donner un ordre d’idée de la différence ?

Je ne sais pas réellement. Un chercheur en début de carrière va toucher 2300 euros net.
Il faut quand même savoir que pour devenir chercheur il faut pas mal d’années
d’études : 10, 11, voir 13 ans après le BAC. Donc je trouve que c’est peu payé par
rapport au travail fourni. A l’étranger, le système est différent, les salaires sont
beaucoup plus élevés.

Un mot de la fin ?

Pensez aux chercheurs qui font un très gros travail. On parle beaucoup des médecins,
des industries pharmaceutiques mais il faut savoir que la base de tous les médicaments
sur le marché c’est quand même le travail du chercheur et il faut le reconnaître à sa
juste valeur.

Vous aimerez peut-être aussi