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Sommabilite Et Convergence Commutative
Sommabilite Et Convergence Commutative
Convergence Commutative
Les familles et séries considérées sont constituées de nombres réels ou complexes.
1) Sommabilité
(les ensembles 𝐼, 𝐽, 𝐾, 𝐿 sont tous des sous-ensembles finis d’indices, inclus dans ℐ )
∀𝜀 > 0 ∃ 𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑡𝑞 ∀ 𝐽 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊇ 𝐼 |∑𝑖∈𝐽 𝑥𝑖 − 𝑆| < 𝜀 et ∃ 𝐼′ 𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑡𝑞 ∀ 𝐽′ 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊇ 𝐼′ |∑𝑖∈𝐽′ 𝑥𝑖 − 𝑆′| < 𝜀 alors, en
prenant 𝐽 = 𝐽′ = 𝐼 ∪ 𝐼′ on aura |𝑆 − 𝑆′| ≤ |∑𝑖∈𝐽 𝑥𝑖 − 𝑆| + |∑𝑖∈𝐽 𝑥𝑖 − 𝑆′| < 2𝜀 , et ceci ∀𝜀 > 0 , d’où on
conclut 𝑆 = 𝑆′ , cqfd.
Propriété : Si (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est sommable de somme 𝑆, alors elle satisfait au critère de Cauchy au sens de la
sommabilité.
2) Convergence Commutative
Définition : La série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est dite commutativement convergente si et seulement si, pour toute bijection 𝜎 de ℕ
dans ℕ (« permutation des indices ») , la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) est convergente
Proposition 1 : Si la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est sommable de somme 𝑆, alors elle commutativement convergente, de même
∞
somme ∑𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) = 𝑆 indépendamment de la permutation 𝜎
démonstration : on écrit la définition (1) de la sommabilité de la famille {𝑢𝑛 } , à l’ensemble fini d’indices 𝐼 on
associe 𝑁(𝜎, 𝜀) tel que {𝜎(0), … , 𝜎(𝑁)} contienne 𝐼 (prendre = max(𝜎 −1 (𝐼) ) ; pour tout 𝑛 ≥ 𝑁 on
considère 𝐽 = {𝜎(0), … , 𝜎(𝑛)} ; on a alors |∑𝑛𝑘=0 𝑢𝜎(𝑛) − 𝑆 | = |∑𝑖=𝜎(𝑛)∈𝐽 𝑥𝑖 − 𝑆| < 𝜀 , ce qui prouve bien
∑∞
𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) = 𝑆 .
1
Lemme 1 : Si la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est commutativement convergente, alors elle vérifie le Critère de Cauchy au sens de la
sommabilité.
démonstration : on procède par l’absurde ; si la série ne vérifiait pas le Critère de Cauchy au sens de la
sommabilité, alors on pourrait construire pour un certain 𝜀 > 0 une suite 𝐿1 , 𝐿2 , … , 𝐿𝑘 , … de sous-ensembles
finis d’indices dans ℕ tels que 𝐿𝑘 soit disjoint de 𝐿1 ∪ 𝐿2 ∪ … ∪ 𝐿𝑘−1 avec ∀𝑘 |∑𝑖∈𝐿𝑘 𝑢𝑖 | > 𝜀 ; soit
𝐿0 = ℕ\ ⋃∞ 𝑘=1 𝐿𝑘 = {𝑖1 , 𝑖2 , … } (fini ou infini) ; à la partition de ℕ suivante :
ℕ = 𝐿1 ∪ {𝑖1 } ∪ 𝐿2 ∪ {𝑖2 } ∪ … (en intercalant les indices pris dans 𝐿0 jusqu’à épuisement éventuel)
on peut associer, moyennant un ordre sur les indices de chaque 𝐿𝑘 , une certaine bijection 𝜎 de ℕ dans ℕ (en
numérotant les indices dans l’ordre d’apparition dans la partition) qui ne vérifie pas le critère de Cauchy au sens
des séries (aussi loin que l’on veut, on trouve une quantité de Cauchy |∑𝑖∈𝐿𝑘 𝑢𝑖 | qui le contredit), et qui n’est
donc pas convergente, contradiction.
Proposition 2 : Si la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est commutativement convergente, alors la famille {𝑢𝑛 } est sommable.
Le critère de Cauchy au sens de la sommabilité, vérifié par la famille {𝑢𝑛 } d’après le Lemme 1, nous donne :
Soit 𝐼 = {0, … , 𝑁} , tout ensemble fini d’indices 𝐽 contenant 𝐼 peut s’écrire 𝐽 = 𝐼 ∪ 𝐿 , avec 𝐿 disjoint de 𝐾.
Il en résulte : |∑𝑛∈𝐽 𝑢𝑛 − 𝑆| ≤ |∑𝑛∈𝐼 𝑢𝑛 − 𝑆| + |∑𝑛∈𝐿 𝑢𝑛 | < 𝜀 , et ceci pour tout 𝐽 fini contenant 𝐼 , cqfd.
Corollaire 2a : Si la série ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est commutativement convergente, alors la somme 𝑆(𝜎) = ∑𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) est en fait
indépendante de la permutation 𝜎 ; autrement dit toutes les séries permutées ∑∞
𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) sont convergentes de même
somme.
démonstration : D’après la Proposition 2, la famille {𝑢𝑛 } est sommable ; d’après la Proposition 1, la somme 𝑆(𝜎) au
sens de la convergence commutative est égale à la somme S au sens de la sommabilité, indépendamment de la
permutation 𝜎 .
Corollaire 2b : Si la famille {𝑢𝑛 } vérifie le critère de Cauchy au sens de la sommabilité, alors la famille {𝑢𝑛 } est
sommable.
démonstration : dès lors que {𝑢𝑛 } vérifie le critère de Cauchy au sens de la sommabilité, chaque série permutée vérifie
le critère de Cauchy pour les séries (vérification immédiate), donc la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est commutativement convergente,
d’après la Proposition 2 la famille {𝑢𝑛 } est donc sommable.
On verra au &4 qu’une famille ne peut être sommable que si l’ensemble des indices pour lesquels ses valeurs sont non-
nulles est dénombrable ; le critère de Cauchy vaut donc en définitive comme condition nécessaire et suffisante de
sommabilité pour un ensemble d’indices quelconque.
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3) ConvergenceAbsolue
Définition : La série ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est dite absolument convergente si et seulement si la série ∑𝑛=0|𝑢𝑛 | est convergente ; la
famille (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est dite absolument sommable si et seulement si la famille (|𝑥𝑖 |)𝑖∈ℐ est sommable.
Proposition 3 : Si la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est absolument convergente, alors elle est commutativement convergente
∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est absolument convergente ⟺ 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ ∑𝑛∈𝐼|𝑢𝑛 | < ∞ (ce sup vaut exactement ∑𝑛=0|𝑢𝑛 |)
Comme cette quantité 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ ∑𝑛∈𝐼|𝑢𝑛 | est évidemment la même pour (𝑢𝑛 ) et pour (𝑢𝜎(𝑛) ), la
convergence de ∑∞
𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) est ainsi assurée, cqfd.
Un Exercice classique consiste à montrer, a contrario, qu’une série semi-convergente possède la propriété de
pouvoir converger, après permutation, vers une limite arbitrairement fixée, finie ou infinie. Mais l’énoncé suivant
montre que la notion de semi-convergence, qui concerne les séries numériques, n’a plus cours au sens de la
sommabilité.
Lemme 2 : Si (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est une famille dont l’ensemble d’indices ℐ est partagé en une partition ℐ = ℐ1 ∪ ℐ2, alors
(𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est sommable si et seulement si les sous-familles (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ1 et (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ2 sont sommables, et dans ce cas, si on
appelle 𝑆1 et 𝑆2 leurs sommes respectives, on a : 𝑆 = 𝑆1 + 𝑆2
Démonstration du Lemme :
Supposons d’abord que (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est sommable ; alors son critère de Cauchy s’écrit :
Montrons que la sous-famille (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ1 vérifie elle aussi le critère de Cauchy :
ce qui démontre le Critère de Cauchy pour la sous-famille (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ1 , qui est donc sommable ;
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Réciproquement, si (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ1 et (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ2 sont sommables, de sommes respectives 𝑆1 et 𝑆2 , alors :
Si on pose = 𝐼1 ∪ 𝐼2 , alors on aura pour tout 𝐽 ⊂ ℐ , 𝐽 𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑒𝑛𝑎𝑛𝑡 𝐼 ; si on nomme 𝐽1 , 𝐽2 les traces
de 𝐽 sur la partition : 𝐽1 = 𝐽 ∩ ℐ1 , 𝐽2 = 𝐽 ∩ ℐ2 , bien entendu 𝐽1 contient 𝐼1 , 𝐽2 contient 𝐼2 , d’où
|∑𝑖∈𝐽 𝑥𝑖 − (𝑆1 + 𝑆2 )|=|∑𝑖∈𝐽1 𝑥𝑖 + ∑𝑖∈𝐽2 𝑥𝑖 − (𝑆1 + 𝑆2 )| ≤ |∑𝑖∈𝐽1 𝑥𝑖 − 𝑆1 | + |∑𝑖∈𝐽2 𝑥𝑖 − 𝑆2 | < 2𝜀 ; ce
qui montre que (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est sommable, de somme 𝑆1 + 𝑆2 , cqfd.
Démonstration de la Proposition :
On commence par le cas d’une famille sommable (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ de nombres réels. Soient respectivement (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ1 et
(𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ2 la sous-famille des nombres positifs ou nuls et celle des nombres strictement négatifs ; si on suppose
(𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ sommable, alors d’après le Lemme les sous-familles (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ1 et (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ2 le sont aussi ; avec
|𝑥𝑖 | = 𝑥𝑖 𝑠𝑖 𝑖 ∈ ℐ1 et |𝑥𝑖 | = −𝑥𝑖 𝑠𝑖 𝑖 ∈ ℐ2 ; d’après la réciproque du Lemme, les sous-familles
(𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ1 𝑒𝑡 (−𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ2 de la famille (|𝑥𝑖 |)𝑖∈ℐ étant sommables, il en va de même de celle-ci, cqfd.
Dans le cas d’une famille sommable de nombres complexes, on se ramène à étudier la famille des parties réelles et
celle des parties imaginaires ; d’après la définition il est immédiat que chacune d’elles est sommable ; donc
absolument sommable ; il en va de même de la famille initiale en vertu de la majoration
|𝑧| ≤ |ℛ𝑒(𝑧)| + | ℐ𝑚(𝑧)| , ce qui termine la démonstration.
Notons que le Lemme ci-dessus admet une généralisation, que nous ne démontrerons que dans une
formulation particulière, celle des séries doubles, et qui s’énonce comme suit :
Lemme 2bis : Si (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est une famille dont l’ensemble d’indices ℐ est partagé en une partition ℐ = ⋃𝑘∈ℕ ℐ𝑘
alors (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est sommable si et seulement si les sous-familles (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ𝑘 , 𝑘 ∈ ℕ sont sommables, et dans ce cas si on
appelle leurs sommes respectives 𝑆𝑘 , on a : 𝑆 = ∑∞ 𝑘=0 𝑆𝑘
4
4) Retour sur la Sommabilité
La Proposition 4 nous amène au théorème suivant, qui résume les conditions pratiques de sommabilité :
Théorème : (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ sommable ⟺ (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ absolument sommable ⟺ 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℐ ∑𝑖∈𝐼|𝑥𝑖 | < ∞
démonstration : le fait que la sommabilité absolue implique la sommabilité se démontre très facilement,
comme pour les séries, avec le critère de Cauchy, par la majoration |∑𝑖∈𝐿 𝑥𝑖 | ≤ ∑𝑖∈𝐿|𝑥𝑖 | , d’où la
première équivalence, puisque l’implication directe est vérifiée d’après la Proposition 4.
d’où on conclut : 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℐ ∑𝑖∈𝐼|𝑥𝑖 | ≤ 𝑆 < ∞ (ce qui s’avère un peu plus loin être une égalité)
( la somme 𝑆2 = ∑𝑖∈𝒥\𝐼|𝑥𝑖 | est une somme de réels positifs, elle est donc positive ; cela peut
paraître une évidence, démontrons-le néanmoins ; d’après la définition on a :
Réciproquement, si on suppose 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℐ ∑𝑖∈𝐼|𝑥𝑖 | < ∞ , alors en désignant ce sup par 𝑆 on aura :
∀𝜀 > 0 ∃𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑡𝑞 𝑆 − 𝜀 < ∑𝑖∈𝐼|𝑥𝑖 | ≤ 𝑆 et par conséquent , pour tout 𝐽 fini contenant 𝐼 :
ce qui nous redonne par définition que (|𝑥𝑖 |)𝑖∈ℐ est sommable de somme ∑𝑖∈ℐ|𝑥𝑖 | = 𝑆, cqfd.
Notons que dans le cas d’une famille de nombres réels positifs, on a plus précisément (ainsi qu’il résulte de la
démonstration du théorème) :
(𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ sommable ⟺ 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℐ ∑𝑖∈𝐼 𝑥𝑖 < ∞ , avec dans le cas favorable : ∑𝑖∈𝐽 𝑥𝑖 = 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℐ ∑𝑖∈𝐼 𝑥𝑖
Corollaire : toute famille sommable n’admet qu’un ensemble au plus dénombrable de valeurs non nulles
1
démonstration : soit 𝐼𝑛 l’ensemble des indices des valeurs |𝑥𝑖 | supérieures ou égales à 𝑛
; si 𝐼𝑛 est infini,
alors 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℐ ∑𝑖∈𝐼|𝑥𝑖 | ≥ ∑𝑖∈𝐼𝑛 |𝑥𝑖 | = ∞ , donc (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ ne saurait être sommable. On en déduit
que si (𝑥𝑖 )𝑖∈ℐ est sommable, alors chaque 𝐼𝑛 est fini, ce qui implique que l’ensemble 𝐼 des indices des
valeurs non nulles, qui s’écrit 𝐼 = ⋃∞
𝑛=1 𝐼𝑛 , est au plus dénombrable.
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Une Présentation Simplifiée de l’Ensemble des Résultats Précédents
∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛 CC ⟺(1) ∑𝑛=0 𝑢𝑛 AC ⟺(2) {𝑢𝑛 } AS ⟺(3) {𝑢𝑛 } SB ⟺(4) {𝑢𝑛 } Sommable
démonstration : dans tout le raisonnement, on n’utilise que la Propriété caractérisant la sommabilité énoncée
ci-dessus, et le Lemme 2 sur la sommabilité par sous-familles. L’étude fine de la convergence commutative est
ici mise de côté, pour viser l’efficacité des arguments. Ce nouvel éclairage permet de rassembler en quelques
lignes la justification de l’ensemble des résultats.
⟸(1) ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛 AC ⟺ ∑𝑛=0|𝑢𝑛 | = 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ {∑𝑛∈𝐼|𝑢𝑖 | , } < ∞ ; toute série permutée est alors AC
⟺(2) ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛 AC ⟺ ∑𝑛=0|𝑢𝑛 | = 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ {∑𝑛∈𝐼|𝑢𝑖 | , } < ∞ ⟺ {𝑢𝑛 } AS
⟸(3) , ⟹(4) Supposons 𝑀 = 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ {|∑𝑛∈𝐼 𝑢𝑖 | } < ∞ , alors {∑𝑛∈𝐼 𝑢𝑖 , 𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ ℕ } ⊂ [−𝑀, +𝑀]
Considérons la sous-famille {𝑢𝑛 }𝑛∈𝒩1 des valeurs positives, et la sous-famille {𝑢𝑛 }𝑛∈𝒩2 des valeurs strictement
négatives : {∑𝑛∈𝐼 𝑢𝑖 , 𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ 𝒩1 } ⊂ [0, 𝑀] et {∑𝑛∈𝐼 𝑢𝑖 , 𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ 𝒩2 } ⊂ [−𝑀, 0], on en déduit que
chacune de ces sous-familles est sommable, de sommes respectives 𝑆1 et 𝑆2 ; il en résulte que {𝑢𝑛 }𝑛∈ℕ est
sommable, de somme 𝑆1 + 𝑆2 , et aussi que {|𝑢𝑛 |}𝑛∈ℕ est sommable, de somme 𝑆1 − 𝑆2
⟸(4) On revient ici au critère de Cauchy de la sommabilité (comme condition nécessaire) :
𝑝𝑜𝑢𝑟 𝜀 = 1, ∃ 𝐾1 𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑡𝑞 ∀ 𝐿 𝑓𝑖𝑛𝑖 𝑑𝑖𝑠𝑗𝑜𝑖𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝐾1 |∑𝑖∈𝐿 𝑢𝑖 | < 1
Soit I un ensemble fini d’indices quelconque, on pose 𝐾 = 𝐼 ∩ 𝐾1 et 𝐿 = 𝐼\𝐾 ; on a :
∑𝑖∈𝐼 𝑢𝑖 = ∑𝑖∈𝐿 𝑢𝑖 + ∑𝑖∈𝐾 𝑢𝑖 , d’où |∑𝑖∈𝐼 𝑢𝑖 | ≤ |∑𝑖∈𝐿 𝑢𝑖 | + ∑𝑖∈𝐾|𝑢𝑖 | ≤ (1 + ∑𝑖∈𝐾1 |𝑢𝑖 |) = 𝑀
On en conclut bien 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ {|∑𝑛∈𝐼 𝑢𝑖 | } ≤ 𝑀 < ∞ , cqfd.
Donnons plus en détail la construction proposée pour ⟹(1) ; on considère la sous-famille {𝑢𝑛 }𝑛∈𝒩1 des valeurs
positives, et la sous-famille {𝑢𝑛 }𝑛∈𝒩2 des valeurs strictement négatives ; comme ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est convergente, son
terme général tend vers zéro, donc {𝑢𝑛 }𝑛∈ℕ est bornée, ainsi que {𝑢𝑛 }𝑛∈𝒩2 : ∀𝑛 ∈ 𝒩2 , |𝑢𝑛 | < 𝛼 ; d’autre part
la somme ∑𝑛∈𝒩1 𝑢𝑛 diverge vers +∞ , donc on peut trouver une partition de 𝒩1 : 𝒩1 = ⋃∞ 𝑘=1 𝐼𝑘 telle que
∀𝑘 ≥ 1 ∑𝑛∈𝐼𝑘 𝑢𝑛 ≥ 2𝑘𝛼 ; si 𝒩2 = {𝑚1 , 𝑚2 , … , 𝑚𝑘 , … } on considère alors la partition de ℕ suivante :
ℕ = 𝐼1 ∪ {𝑚1 } ∪ 𝐼2 ∪ {𝑚2 } ∪ … ∪ 𝐼𝑘 ∪ {𝑚𝑘 } ∪ … ; on lui associe une permutation 𝜎 respectant l’ordre des
tranches de cette partition, la série permutée ∑∞
𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) possède des sommes partielles de plus en plus grandes :
𝑛𝑘
∑𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) = ∑𝐽𝑘 𝑢𝑛 ≥ 2𝑘𝛼 − 𝑘𝛼 = 𝑘𝛼 , 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐽𝑘 = 𝐼1 ∪ {𝑚1 } ∪ 𝐼2 ∪ {𝑚2 } ∪ … ∪ 𝐼𝑘 ∪ {𝑚𝑘 } ; cette
série permutée est donc divergente, cqfd.
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5) Séries Doubles
Proposition 5 : Soit (𝑢𝑛,𝑚 ) une suite double de réels positifs ; on suppose que l’on peut sommer cette
𝑛∈ℕ,𝑚∈ℕ
suite ligne par ligne, c’est-à-dire :
pour tout 𝑛 ∈ ℕ, 𝑆𝑛 = ∑∞ ∞
𝑚=0 𝑢𝑛,𝑚 < ∞ et 𝑆 = ∑𝑛=0 𝑆𝑛 < ∞ ;
alors on peut aussi sommer colonne par colonne, avec le même résultat, c’est-à-dire :
pour tout 𝑚 ∈ ℕ, 𝜎𝑚 = ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛,𝑚 < ∞ et ∑𝑚=0 𝜎𝑚 = 𝑆
démonstration : on va montrer que 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ2 ∑(𝑛,𝑚)∈𝐼 𝑢𝑛,𝑚 est égal à S , ce qui prouvera
que la famille (𝑢𝑛,𝑚 )𝑛∈ℕ,𝑚∈ℕ est sommable de somme S ; le résultat d’interversion des deux types
de sommation en découlera.
Il est facile de montrer que 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ2 ∑(𝑛,𝑚)∈𝐼 𝑢𝑛,𝑚 ≤ 𝑆 ; (il suffit de « scanner » l’ensemble fini
d’indices 𝐼 ligne par ligne) ; vérifions qu’il y a en fait égalité :
𝑛0
La convergence de la série ∑∞
𝑛=0 𝑆𝑛 implique : ∀𝜀 > 0 ∃𝑛0 𝑡𝑞 𝑆 − 𝜀 < ∑𝑛=0 𝑆𝑛 ≤ 𝑆
𝜀
Ensuite, pour 𝑛 fixé entre 0 et 𝑛0 , ∃𝑘𝑛 𝑡𝑞 ∀𝑚 ≥ 𝑘𝑛 , 𝑆𝑛 − < ∑∞
𝑚=0 𝑢𝑛,𝑚 ≤ 𝑆𝑛 ;
𝑛0 +1
pour tout 𝑚 ∈ ℕ, 𝜎𝑚 = ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛,𝑚 ≤ 𝑆 < ∞ et ∑𝑚=0 𝜎𝑚 ≤ 𝑆 < ∞
Mais alors, le raisonnement précédent transposé pour les sommes en colonne nous donne :
∑∞
𝑚=0 𝜎𝑚 = 𝑠𝑢𝑝𝐼 𝑓𝑖𝑛𝑖 ⊂ℕ2 ∑(𝑛,𝑚)∈𝐼 𝑢𝑛,𝑚 = 𝑆 ; cqfd.
Proposition 6 : Soit (𝑢𝑛,𝑚 ) une suite double de nombres réels ou complexes; on suppose que l’on peut
𝑛∈ℕ,𝑚∈ℕ
sommer cette suite en module ligne par ligne, c’est-à-dire :
pour tout 𝑛 ∈ ℕ ∑∞ ∞
𝑚=0 𝑢𝑛,𝑚 𝑐𝑜𝑛𝑣𝑒𝑟𝑔𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑆𝑛 , et ∑𝑛=0 𝑆𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑣𝑒𝑟𝑔𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑆
De plus on peut aussi sommer colonne par colonne, avec le même résultat, c’est-à-dire :
pour tout 𝑚 ∈ ℕ, ∑∞ ∞
7 ∑𝑚=0 𝜎𝑚 𝑐𝑜𝑛𝑣𝑒𝑟𝑔𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑆
𝑛=0 𝑢𝑛,𝑚 𝑐𝑜𝑛𝑣𝑒𝑟𝑔𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝜎𝑚 et
démonstration :
d’après la Proposition 5, on sait que (𝑢𝑛,𝑚 )𝑛∈ℕ,𝑚∈ℕ est absolument sommable, donc elle est sommable;
de plus ∑∞ ∞ ̃
𝑚=0 𝑢𝑛,𝑚 est absolument convergente, ainsi que ∑𝑛=0 𝑆𝑛 , puisque |𝑆𝑛 | ≤ 𝑆𝑛 ∀𝑛 ∈ ℕ (c’est
évident pour les sommes partielles, puis par passage à la limite) ;
d’après la démonstration de la Proposition 5, on sait plus précisément :
∞
En exprimant d’après la définition que (𝑢𝑛,𝑚 )𝑛∈ℕ,𝑚∈ℕ est sommable, de somme 𝜃 ; on montre facilement
que ∀𝜀 < 0 ∃ 𝑁 ∈ ℕ 𝑡𝑞 ∀𝑛, 𝑚 ≥ 𝑁 |∑(𝑖,𝑗)∈[0,𝑛]×[0,𝑚] 𝑢𝑖,𝑗 − 𝜃| < 𝜀 ;
Nous obtenons |∑(𝑖,𝑗)∈[0,𝑛]×[0,𝑚] 𝑢𝑖,𝑗 − 𝑆| < 2𝜀 , de sorte que |𝑆 − 𝜃| < 3𝜀 , et ceci ∀𝜀 > 0 ; on en
conclut : 𝑆 = 𝜃
Un raisonnement analogue transposé à la sommation en colonne nous donnerait pour somme 𝜎 = 𝜃 ; les
deux procédés de sommation donnent donc bien le même résultat, cqfd.
Janvier 2009
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Exercice : Donner une démonstration par l’absurde de la Proposition 2, sur le principe de celle du Lemme 1,
en supposant connus le résultat du Corollaire 1, et la Proposition 1.
Proposition 1 : Si la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est sommable de somme 𝑆, alors elle commutativement convergente, de même
∞
somme ∑𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) = 𝑆 indépendamment de la permutation 𝜎
Corollaire 1 : Si la série ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est commutativement convergente, alors toutes les séries permutées ∑𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛)
sont convergentes de même somme.
Proposition 2 : Si la série ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 est commutativement convergente, alors la famille {𝑢𝑛 } est sommable.
Corrigé de l’Exercice :
Soit ∑∞
𝑛=0 𝑢𝑛 une série commutativement convergente ; d’après la Proposition 1, on sait que toutes les séries
permutées ∑∞ 𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) ont même somme S ; d’après la Proposition 1, et l’unicité de la limite au sens de la
sommabilité, on sait que si la famille {𝑢𝑛 } est sommable, sa somme sera égale à S.
on procède par l’absurde ; si la famille {𝑢𝑛 } n’était pas sommable de somme S, alors on pourrait construire
pour un certain 𝜀 > 0 une suite de sous-ensembles finis d’indices dans ℕ de la manière suivante :
etc…
A cette partition de ℕ on peut associer une permutation 𝜎 de ℕ (en choisissant un ordre sur chacun des 𝐿𝑘 )
avec 𝜎([0, 𝑛1 ]) = 𝐿1 , …, 𝜎([𝑛𝑘−1 + 1, 𝑛𝑘 ]) = 𝐿𝑘 , …
𝑛𝑘
∀𝑘 ∈ ℕ |∑ 𝑢𝜎(𝑛) − 𝑆| = | ∑ 𝑢𝑖 − 𝑆| > 𝜀
𝑛=0 𝑖∈ 𝐽𝑘
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Exercice : Proposer une démonstration du résultat du Corollaire 1, sans se référer à la notion de sommabilité,
mais seulement à la convergence commutative
Corrigé de l’Exercice :
On va supposer qu’il existe deux permutations 𝜎, 𝜎′ qui donnent des sommes différentes :
𝑆 = ∑∞ ∞
𝑛=0 𝑢𝜎(𝑛) et 𝑆′ = ∑𝑛=0 𝑢𝜎 ′ (𝑛) , 𝑆 ≠ 𝑆′
Et on va construire une permutation 𝜎′′ telle que la suite des sommes partielles de la série permutée admette
S et S’ comme valeurs d’adhérence, de sorte que la série ∑∞𝑛=0 𝑢𝜎 ′′ (𝑛) ne saurait converger.
1
Pour 𝜀 = 2 ; étant donné {𝜎′′(0), … , 𝜎′′(𝑚1 )},
1
En continuant le procédé, au stade 𝜀 = 𝑘 , on aura construit :
Une suite d’indices 𝑛1 < 𝑚1 < ⋯ < 𝑛𝑘 < 𝑚𝑘 et une application 𝜎 ′′ de [0, 𝑚𝑘 ] dans ℕ telle que
∀𝑗 = 1, … , 𝑘 {𝜎 ′′(0) , … , 𝜎 ′′ (𝑛𝑗 )} = {𝜎(0), … , 𝜎(𝑛𝑗 )} 𝑒𝑡 {𝜎′′(0), … , 𝜎′′(𝑚𝑗 )} = {𝜎′(0), … , 𝜎′(𝑚𝑗 )} (*)
𝑗 𝑛 1 𝑗 𝑚 1
Avec ∀𝑗 = 1, … , 𝑘 |∑𝑛=0 𝑢𝜎′′ (𝑛) − 𝑆| < 𝑗 et |∑𝑛=0 𝑢𝜎′′ (𝑛) − 𝑆′| < 𝑗 ;
On construit ainsi par prolongements successifs une permutation 𝜎 ′′ de ℕ (elle est injective par construction,
et surjective grâce aux égalités (*)) qui fournit le contre-exemple souhaité, en contradiction avec l’hypothèse
de convergence commutative ; on a ainsi montré par l’absurde que toutes les sommes des séries permutées
sont nécessairement les mêmes.
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