Vous êtes sur la page 1sur 3

Séquence 0: QUANTIFICATEURS ET RAISONNEMENT LOGIQUE

1. QUANTIFICATEURS
Dans ce paragraphe, 𝐸 est un ensemble et 𝑃(𝑥) une fonction propositionnelle définie sur 𝐸.

1.1 Quantificateur universel


On appelle quantificateur universel le symbole ∀ qui se lit « pour tout ou quelque soit » .
Il permet de former la proposition quantifiée: « ∀𝒙 ∈ 𝑬, 𝑷(𝒙) » qui est vraie si 𝑃(𝑥) est
vraie pour tous les éléments 𝑥 de 𝐸 et qui est fausse si 𝑃(𝑥) est fausse pour au moins un
élément 𝑥 de 𝐸.
Exemples

a) " ∀𝑥 ∈ ℝ, √𝑥 2 = 𝑥 ", est une proposition fausse car √(−3)2 = 3 (et non −3) ;
b) " ∀𝑥 ∈ ℝ, ∀𝑦 ∈ ℝ, |𝑥 + 𝑦| ≤ |𝑥| + |𝑦| " est une proposition vraie. (Ceci est connu
sur le nom d’INEGALITE TRIANGULAIRE)
1.2 Quantificateur existentiel
On appelle quantificateur existentiel le symbole ∃ qui se lit « il existe au moins » .
Il permet de former la proposition quantifiée: « ∃𝒙 ∈ 𝑬, 𝑷(𝒙) » qui est vraie si 𝑃(𝑥) est
vraie pour au moins un élément 𝑥 de 𝐸 et qui est fausse si 𝑃(𝑥) est fausse pour tous les
éléments 𝑥 de 𝐸.
Exemples
a)« ∃𝑥 ∈ ℝ, 𝑥 + 4 ≤ 3 » ; b) « ∃𝑎 ∈ ℝ, ∃𝑏 ∈ ℝ, 𝑎3 + 𝑏 3 = 𝑐 2 » (𝑎 = 1; 𝑏 = 2; 𝑐 = 3).
L’expression « il existe un unique (ou il existe un et un seul élément) 𝑥 de 𝐸 la proposition
𝑃(𝑥) est vraie » se note : « ∃! 𝒙 ∈ 𝑬, 𝑷(𝒙) ».
Exemple
∃! 𝑥 ∈ ℝ / 𝑥 + 8 = 3.
Remarques
Echanger l’ordre des quantificateurs ∀ 𝑒𝑡 ∃ change le sens de la fonction propositionnelle. En
effet, les expressions « ∀𝒏 ∈ ℕ, ∃𝒎 ∈ ℕ / 𝒎 > 𝒏 » et « ∃𝒎 ∈ ℕ / ∀𝒏 ∈ ℕ, 𝒎 > 𝒏 »
ne signifient pas la même chose.
1.3 NEGATION DES QUATIFICATEURS
La négation du quantificateur ∀ est le quantificateur ∃. Donc la négation de la proposition quantifiée:
« ∀𝒙 ∈ 𝑬, 𝑷(𝒙) » est la proposition quantifiée: « ∃𝒙 ∈ 𝑬 , ℸ𝑷(𝒙) ».
La négation du quantificateur ∃ est le quantificateur ∀. Donc la négation de la proposition quantifiée:
« ∃𝒙 ∈ 𝑬, 𝑷(𝒙) » est la proposition quantifiée: « ∀𝒙 ∈ 𝑬, ℸ𝑷(𝒙) ».

Exemples : a) La négation de 𝑃(𝑥) : « ∀𝒙 ∈ ℝ, 𝒙𝟐 ≥ 𝟎 » est ℸ𝑷(𝒙): ≪ ∃𝒙 ∈ ℝ / 𝒙𝟐 < 𝟎 ≫ ;

b) La négation de 𝑃(𝑛; 𝑚) : « ∀𝒏 ∈ ℕ, ∃𝒎 ∈ ℕ / 𝒎 > 𝒏 » est ℸ𝑷(𝒏; 𝒎): « ∃𝒎 ∈ ℕ / ∀𝒏 ∈


ℕ, 𝒎 ≤ 𝒏 » ; c) 𝑄(𝑥): ≪ ∃𝒙 ∈ ℝ /𝑥 + 2 = 5 ≫ , on a : ℸ𝑸(𝒙): ≪ ∀𝒙 ∈ ℝ, 𝒙 + 𝟐 ≠ 𝟓 ≫
.
2. Raisonnement logique
2.1 Raisonnement par contre-exemple
Pour prouver qu’une proposition du type : ≪ ∀𝒙 ∈ 𝑬, 𝑷(𝒙) ≫ est fausse, il suffit de
prouver que « ∃𝒙 ∈ 𝑬 , ℸ𝑷(𝒙) » est vraie (c’est-à-dire trouver un élément x de E qui ne
vérifie pas 𝑷(𝒙) : c’est ce qu’on appelle un contre-exemple). Ce mode de raisonnement
s’appelle raisonnement par contre-exemple.
Exemple1 : Est-ce que la somme de deux nombres irrationnels est un nombre
irrationnel ?

√2 𝑒𝑡 − √2 sont deux nombres irrationnels mais leur somme vaut 0 qui n’est pas
irrationnel. D’où la somme de deux nombres irrationnels n’est pas toujours un nombre
irrationnel.
Exemple2 : Montrer que la proposition P(x) : « ∀𝒙 ∈ [𝟎; 𝟏], 𝒙𝟐 ≥ 𝒙 » est fausse.
1
Résolution: Sa négation est : , ℸ𝑷(𝒙) « ∃𝒙 ∈ [𝟎; 𝟏] / 𝒙𝟐 < 𝒙 ». Si on pose 𝑥 = 2 alors on
1 2 1 1
a bien : (2) < 2. Donc 𝑃 (2) est vraie. D’où 𝑃(𝑥) : « ∀𝒙 ∈ [𝟎; 𝟏], 𝒙𝟐 ≥ 𝒙 » est fausse.

2.2 Raisonnement direct


On veut montrer que la proposition « 𝑃 ⟹ 𝑄 » est vraie. On suppose que P est vraie et on montre
alors que Q est vraie. Ce mode de raisonnement s’appelle raisonnement direct.
0<𝑥<2 1 1
Exemple : Soient 𝒙 ∈ ℝ; 𝒚 ∈ ℝ. Montrons que { ⟹ + > 1.
0<𝑦<2 𝑥 𝑦

1 1
0<𝑥<2 𝑥
>2 1 1 1 1 𝟎<𝒙<𝟐 𝟏 𝟏
On a : { ⟹ {1 1 ⟹ 𝑥 + 𝑦 > 2 + 2. D’où : { ⟹ 𝒙+𝒚 > 𝟏
0<𝑦<2 > 𝟎 < 𝒚 < 𝟐
𝑦 2

8.3 Raisonnement par absurde:


On veut montrer qu’une proposition P est vraie. On suppose que c’est sa négation ℸ𝑷 qui est vraie et
on montre que cela entraîne une proposition Q fausse. On en conclut que P est vraie ( puisque Q est
fausse, l’implication ℸ𝑷 ⟹ 𝑄 ne peut être vraie que si ℸ𝑷 est fausse ou encore si P est vraie) . on a
donc le schéma suivant: ℸ𝑷 ⟹ 𝑄 est une proposition vraie, et Q est une proposition fausse on peut
affirmer que P est une proposition vraie.

Exemple1: Montrons par l’absurde que √2 est un nombre irrationnel. On admet la propriété
suivante: (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚2 pair) ⟺ (𝑚 est pair).

Supposons par l’absurde que √2 ∈ ℚ. Alors ∃𝑎, 𝑏 ∈ ℤ (a et b étant de même signe, avec b≠ 0 ) /
𝑎 𝑎
√2 = avec la fraction irréductible. Ce qui donne : 𝑎2 = 2𝑏 2 . Ceci veut dire que 𝑎2 est pair
𝑏 𝑏
donc 𝑎 est pair, c’est-à-dire qu’il existe un entier naturel 𝑘 telque 𝑎 = 2𝑘 et donc 𝑎2 = 4𝑘 2. Par
𝑎
suite, 𝑏 2 = 2𝑘 2. Il en découle que b est aussi pair et que n’est pas irréductible. Ce qui est
𝑏
contradictoire. D’où √2 est un nombre irrationnel.
Remarque: Le raisonnement par absurde repose sur le principe suivant: pour montrer que 𝑷 ⟹
𝑄 est vraie on suppose à la fois que P est vraie et que Q est fausse puis, on cherche une
contradiction. Ainsi si P est vraie alors Q doit être vraie et donc 𝑷 ⟹ 𝑄 est vraie.

Exemple2 : Montrons que (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚2 pair) ⟺ (𝑚 est pair).


Nous avons une équivalence donc deux implications à démontrer.
1ère implication : (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚2 pair) ⟹ (𝑚 est pair)

Supposons que ∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚2 pair et que a est impair. On a : m impair ⟹ ∃𝑘 ∈ ℕ / 𝑚 = 2𝑘 + 1.


Ainsi, 𝑚2 = 4𝑘 2 + 4𝑘 + 1 = 2(2𝑘 2 + 2𝑘) + 1 = 2𝑛 + 1 où 𝑛 = 𝑘 2 + 2𝑘 qui est bien un entier
naturel. 𝑚2 = 2𝑛 + 1 où 𝑛 ∈ ℕ. Ce qui veut dire que 𝑚2 est impair. Ce qui est contradictoire.

D’où (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚2 pair) ⟹ (𝑚 est pair).

2ème implication (réciproque) : (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚 est pair) ⟹ (𝑚2 pair). Cette implication peut se faire
de manière dire. On a : ∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚 pair ⟹ ∃𝑘 ∈ ℕ / 𝑚 = 2𝑘. Ce qui donne:

𝑚2 = 4𝑘 2 = 2(2𝑘 2 ) = 2𝑛 𝑜ù 𝑛 = 2𝑘 2 qui est bien un entier naturel. Il s’ensuit: (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚 est


pair) ⟹ (𝑚2 pair). Conclusion: (∀𝒎 ∈ ℕ, 𝒎𝟐 pair) ⟺ (𝒎 est pair).
8.4. RAISONNEMENT PAR CONTRAPOSITION

Le raisonnement par contraposition est basé sur l’équivalence suivante : la proposition


𝑃 ⟹ 𝑄 est équivalente à la proposition 𝒏𝒐𝒏(𝑸) ⟹ 𝒏𝒐𝒏(𝑷) . Donc si l’on souhaite montrer
que la proposition 𝑃 ⟹ 𝑄 est vraie on montre en fait que la proposition 𝒏𝒐𝒏𝑸 ⟹ 𝒏𝒐𝒏𝑷 est
vraie.
Exemple1 : Montrons que (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚2 est pair) ⟹ (𝑚 est pair).
Utilisons le raisonnement par contraposition:
Montrons la contraposée: (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚 est impair) ⟹ (𝑚2 est impair).
On a: ∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚 impair ⟹ ∃𝑘 ∈ ℕ / 𝑚 = 2𝑘 + 1. Ce qui donne:
𝑚2 = 4𝑘 2 + 4𝑘 + 1 = 2(2𝑘 2 + 2𝑘) + 1 = 2𝑛 + 1 où 𝑛 = 𝑘 2 + 2𝑘 qui est bien un entier
naturel. 𝑚2 est donc impair.
On vient de montrer que : (∀𝑚 ∈ ℕ, 𝑚 est impair) ⟹ (𝑚2 est impair).
D’où, par contraposition, on a : (∀𝒎 ∈ ℕ, 𝒎𝟐 est pair) ⟹ (𝒎 est pair).
𝑥+2
Exemple2: Soit 𝑥 ∈ ℝ / 𝑥 ≠ −5. Montrer que : 𝑥 ≠ −8 ⟹ 𝑥+5 ≠ 2
𝑥+2
Montrons: = 2 ⟹ 𝑥 = −8.
𝑥+5
𝑥+2
On a: = 2 ⟹ 𝑥 + 2 = 2(𝑥 + 5) = 2𝑥 + 10 ⟹ 𝑥 = −8
𝑥+5
𝒙+𝟐
D’où, par contraposition, on a : 𝒙 ≠ −𝟖 ⟹ 𝒙+𝟓 ≠ 𝟐.

Vous aimerez peut-être aussi