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COURS DE MATHEMATIQUES-ANALYSE1

CHAPITRE 1: LOGIQUE ET RAISONNEMENT

1.1 Les règles de logique

La logique explique comment un fait ou une affirmation peut découler d’autres faits déjà
admis. Un enchaînement de faits qui sont énoncés pour découler les uns des autres s’appelle
une démonstration.

Avant d’énoncer les règles de raisonnement en logique il est important de présenter quelques
termes emprunter à d’autres alphabets (notamment grec) et des symboles utilisés en
mathématiques.

1.1.1 Quelques symboles et lettres grecques utilisés en mathématiques

Tableau : quelques lettres grecques utilisées en mathématiques

α (alpha) η (eta) μ (mu) σ (sigma) ψ (psi)


β (beta) θ (theta) ν (nu) τ (tau) Γ (Gamma)
γ (gamma) ι (iota) ο (omicron) υ (upsilon) Δ (Delta)
δ (delta) κ (kappa) π (pi) φ (phi) Λ (Lambda)
ε (epsilon) λ (lambda) ρ (rho) χ (chi) Σ (Sigma)
Le mot entre parenthèses représente l’appellation du terme hors des parenthèses.
Γ ; Δ ; Λ et Σ sont respectivement les termes majuscules de gamma ; delta ; lambda et sigma.

Tableau : quelques symboles mathématiques

 (pour tout ou ⋂ (intersection) ∉ (n’appartient pas) (Fonction


quelque soit) décroissante)
 (il existe) ⋃ (union) ⊂ (est inclus) ≠ (est différent)
 (implique) ∅ (ensemble vide) ⊄ (n’est pas inclus) Σ (somme)
⇔ (équivaut à) ∈ (appartient à) (Fonction Π (produit)
croissante)

1.1.2 Spécification de quelques règles de logique


1.1.2.1 Implications (A⇒ )

Dans ce paragraphe, les symboles A et B désignent des propriétés logiques, c’est-à-dire des
objets mathématiques exprimés à l’aide d’assemblages de signes : quantificateurs, égalité,
fonctions etc. La proposition A ⇒ B veut dire : si la propriété A est vraie, alors la propriété B
l’est aussi. En revanche, si la propriété A n’est pas vraie, on ne peut rien dire de la propriété B.

Exemple : si X=1 alors X2-2X+1=0 ceci peut se réécrire ; X=1 ⇒ X2-2X+1=0

1.1.2.2 Equivalences/double implication ( ⇔ )

La proposition A ⇔ B veut dire que les propriétés A et B sont vraies en même temps et donc
aussi fausses en même temps, c’est-à-dire : si la propriété A est vraie, alors la propriété B l’est

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aussi, c’est-à-dire [A⇒B] et si la propriété B est vraie, alors la propriété A l’est aussi, c’est-à-
dire [B⇒A]. Cette proposition s’exprime en disant que la propriété A est équivalente à la
propriété B. Comme précédemment, un énoncé logiquement équivalent à la proposition
A ⇔ B est ‘‘non A ⇔ non B’’. Lorsque l’on veut démontrer [A ⇔ B], on peut procéder par
contraposée et démontrer ‘‘non A ⇔ non B’’.

Exemple : X2+2X-3=0 équivaut à X=1 ou X= -3

on peut aussi écrire

* X=1 ou X=-3 équivaut à X2+2X-3=0

* X2+2X-3=0 si et seulement si X=1 ou X= -3

* X=1 ou X= -3 est une condition suffisante et nécessaire pour que X2+2X-3=0

NB : Pour démontrer que A ⇔ B, on peut démontrer au choix :

- ou bien A⇒B et B⇒A


- ou bien A⇒B et non A⇒non B
- ou bien B⇒A et non B⇒non A
- ou bien non B⇒non A et non A⇒non B.

1.1.2.3 La disjonction

L’opération logique qui combine deux affirmations par un ’‘ou’’ s’appelle une disjonction.
On notera qu’il y a moins de variations de langage sur la disjonction que sur l’implication.
Dire que X2+2X-3=0 si X=1 n’est pas exact. En effet X2+2X-3=0 pour X=-3 également. Pour
pouvoir dire quelque chose avec les affirmations X=1 et X=-3 il faut les combiner pour
former un seul fait. Ce fait est une nouvelle affirmation : X=1 ou X=-3. Et la théorie
des équations du second degré montre que nous pouvons écrire :

X2+2X-3=0 équivaut à X=1 ou X= -3

1.1.2.4 Intersection et réunion

Dans ce paragraphe, P et Q désignent des ensembles ou des sous-ensembles d’un ensemble


plus grand. La proposition x ∈ P∩Q veut dire que x appartient à la fois à P et à Q,
c’est-à-dire : x ∈P et x ∈Q. P∩Q s’appelle l’intersection de P et Q.
La proposition x ∈ P∪Q veut dire que x appartient à P ou à Q, c’est-à-dire x ∈ P ou x ∈ Q.
P∪Q s’appelle la réunion de P et Q. On notera que le ‘‘ou’’ ici n’est pas exclusif : si P et Q
ont une partie commune, x peut être dans cette partie-là.

1.1.2.5 Le contre-exemple

En mathématiques, un contre-exemple est un exemple, un cas particulier ou un résultat


général, qui contredit les premières impressions. Un contre-exemple peut aussi être donné
pour rejeter une conjecture, c’est-à-dire un énoncé que les gens pensaient vrai.
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On peut aussi préciser la notion de contre-exemple : si on veut montrer qu’une propriété
P :∀ x, R(x), comprenant le quantificateur ∀, est fausse, il faut montrer que la proposition
contraire P’ :∃ x, non R(x), est vraie c’est-à-dire qu’il existe un élément x qui ne vérifie pas
R(x). Cet élément est appelé un contre-exemple.

1.1.2.6 Les quantificateurs

Les quantificateurs servent à exprimer des propositions. Le quantificateur ∀ se lit pour tout
(ou quelque soit) et le quantificateur ∃ se lit il existe.

Exemple. ∃ x ∈ ℝ tel que x2 = 1 se lit il existe x appartenant à ℝ tel que x au carré égal 1.
Cette proposition est vraie : le nombre réel x = 1 convient.

1.2 Le raisonnement en mathématiques


1.2.1 Le raisonnement par implication et le raisonnement par équivalence

Par implication, pour prouver que P⟹Q, on suppose que P est vraie et on utilise différentes
propriétés déjà connues pour établir que Q est vraie.

Par double implication / par équivalence : Pour démontrer que P⟺Q, il y a deux méthodes
standard :
- On raisonne par double implication : on suppose d’abord que P est vraie, et on démontre
que Q est vraie. Ensuite, on suppose que Q est vraie, et on démontre que P est vraie.
- On passe de P à Q en utilisant uniquement des équivalences. C’est une méthode souvent
déconseillée, car il faut faire très attention à ce que chaque enchaînement logique de la
démonstration est bien une équivalence.

1.2.2 Le raisonnement par analyse/synthèse

Le raisonnement par analyse/synthèse, qu’on pourrait aussi appeler raisonnement par


condition nécessaire/condition suffisante, est un raisonnement que l’on emploie souvent
lorsqu’on cherche toutes les solutions d’un problème donné. Il comporte deux phases :

 L’analyse. On suppose que x est solution du problème, et on trouve un certain nombre


de conditions nécessaires satisfaites par x.
 La synthèse. On vérifie que les conditions obtenues à l’issue de la phase d’analyse sont
en fait également suffisantes pour que x soit solution du problème.

Exemple : une fonction f(x)=1/(x-2) est définie sur ]−∞; 2[ ∪ ]2; +∞[. Montrer que cette
fonction à une image pour x=8 et déterminer cette image.

Solution : pour que x=8 ait une solution par f, il faut que x appartienne au domaine de
définition de f. or, x=8 ∈ ]−∞; 2[ ∪ ]2; +∞[. Donc x=8 à une image par f. Pour déterminer
l’image par f de x=8 on va calculer f(8). f(8)=1/(8-2)=1/6 donc f(8)=1/6.
Synthèse : x=8 à une image par f car 8 ∈ au domaine de dé inion de f ]−∞; 2[ ∪ ]2; +∞[ et
f(8)=1/6

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1.2.3 Le raisonnement par contraposée

 par contraposée : pour démontrer que P⟹Q, il suffit de démontrer la contraposée de


cette proposition, c’est-à-dire ‘’non Q⟹non P’’.

Exemple : Soit n un entier. Énoncer et démontrer la contraposée de la proposition suivante :


Si n2 est impair, alors n est impair.

Solution : la contraposée de cette proposition est : si n est pair, alors n2 est pair. Démontrons
cela. Si n est pair, alors il s’écrit 2k où k est un autre entier. Mais alors n2
s’écrit (2k)2=4k2=2(2k2) et est donc pair. Par le principe de contraposition, on a démontré la
proposition de l’énoncé.

1.2.4 Le raisonnement par l’absurde


 par l’absurde : pour démontrer que P⟹Q, on peut supposer que P et ’‘non Q’’ sont
toutes les deux vraies, et obtenir une contradiction.
 En d’autres termes pour démontrer qu’une proposition p est fausse en utilisant le
raisonnement par l’absurde, il faut démontrer que "non P" est vraie. On admet que P
est vraie, et on arrive ensuite à une contradiction.


Exemple : soient a ; b≥ 0 = =
Démonstration : Nous raisonnons par l’absurde en supposant que = ≠ .
Comme = alors a(1+a)=b(1+b) donc a + a2 = b + b2 d’où a2 − b2 = b − a.
Cela conduit à (a − b)(a + b) = −(a − b). comme ≠ alors − ≠ 0.
( )
On peut donc écrire + = ( ) ⟹ a+b=-1. La somme des deux nombres positifs a et b
ne peut être négative (car l’indication de départ dit que a ; b≥ 0). Nous obtenons une
contradiction. : = =

1.2.5 Le raisonnement par récurrence

Quand on cherche à démontrer par récurrence qu’une propriété P(n) dépendant d’un entier n,
est vraie quelque soit n ∈ ℕ; on démontre que la première propriété est vraie, en général P(0)
ou P(1). Puis, on prouve que pour un n quelconque, si les propriétés P(0), P(1), . . .,P(n) sont
vraies, la propriété P(n+1) l’est aussi. Alors, de proche en proche à partir de la première
propriété, on peut montrer que toutes les propriétés P(n) sont vraies. Le schéma de
démonstration est donc le suivant :
P(0) vraie
⇒∀n ∈ℕ, P(n) vraie.
(P(0), P(1), . . .,P(n))⇒P(n+1)

Très souvent, la propriété P(n) suffit à entraîner la propriété P(n+1). Le schéma suivant,
moins général mais plus fréquent, est aussi une démonstration par récurrence :

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P(0) vraie
⇒∀n ∈ℕ, P(n) vraie.
P(n)⇒P(n+1)

Exemple : Démontrer par récurrence que la proposition P(n) : 1 + 3 + ⋯ + (2 − 1) =

Solution : 1+3+···+(2n−1) = n2

Démontrons que la première propriété est vraie (P(1)).

La propriété P(1) est vraie : en effet, en faisant n = 1 ci-dessus, on trouve 1 = 1.


Supposons donc que la propriété P(n) soit vraie. A partir de
P(n) : 1+3+···+(2n−1) = n2,
on calcule
P(n+1) : 1+3+···+(2n−1)+[2(n+1)-1] = [1+3+···+(2n−1)]+(2n+1)= n2+(2n+1) = (n+1)2.
Donc P(n)⇒P(n+1).
On peut donc passer de l’ordre n à l’ordre n+1.
On en déduit que P(n) est vraie pour tout n ∈ℕ.

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