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// MPSI1 Charlemagne

Logique et théorie des ensembles


1 Introduction
1.1 Généralités
En mathématiques, on étudie les propriétés d’objets abstraits (nombres, polynômes, fonctions, matrices) en proposant
des énoncés les concernant.
Les mathématiques forment un édifice dont les fondations sont la logique et la théorie des ensembles.
La théorie des ensembles sert à définir les objets mathématiques et la logique permet d’étudier leurs propriétés.

1.2 Énoncés
Un énoncé mathématique est vrai s’il est admis ou démontré.
Il y a plusieurs mots pour les énoncés mathématiques démontrés : propositions, théorèmes, lemmes, corollaires.
L’énoncé d’un résultat qu’on se propose de démontrer prend le nom de proposition.
Si c’est un résultat important, on dit que c’est un théorème.
On emploie le mot lemme pour les résultats préliminaires, et le mot corollaire pour les conséquences d’autres résultats.
Au départ de notre construction, on admet un certain nombre d’assertions qui constituent les axiomes de la théorie.
On essaie ensuite d’étendre le nombre d’assertions vraies au moyen de démonstrations logiques s’appuyant sur les
axiomes admis au départ et sur des règles de logique.

2 Raisonnement
2.1 Connecteurs logiques
Si A et B sont des énoncés, on peut construire de nouveaux énoncés en utilisant les connecteurs, qui sont l’implication
(symbolisé par =⇒ ou ⇐=), l’équivalence ( ⇐⇒ ), le ”et” logique, le ”ou” et le ”non”.
On définit ces quantificateurs par les règles suivantes :
Définition 1 : L’assertion (non A) est vraie si et seulement si l’assertion A est fausse.
Définition 2 : La disjonction de A et B se note (A ou B).
L’assertion (A ou B) est vraie si et seulement si l’une au moins des deux assertions A, B est vraie.
En mathématiques, le ou n’est donc pas exclusif : si A et B sont simultanément vraies, alors (A ou B) est vrai.
Définition 3 : La conjonction de A et B se note (A et B).
L’assertion (A et B) est vraie si et seulement si A et B sont simultanément vrais.
Définition 4 : L’assertion A =⇒ B est l’abréviation de l’énoncé : (non A) ou B.
L’assertion A =⇒ B est donc vraie si et seulement si A est faux ou B est vraie.
Autrement dit, elle est vraie si et seulement si, lorsque A est vraie, B l’est aussi.
Lorsque A =⇒ B est vraie, on dit que A implique B.
Définition 5 : L’assertion A ⇐⇒ B est vraie si A =⇒ B et B =⇒ A sont simultanément vraies.
On dit donc que A est équivalent à B si A implique B et B implique A.
L’assertion A ⇐⇒ B est donc vraie dans les deux seuls cas où A et B sont simultanément vraies ou simultanément
fausses.
En résumé :
A B non A A et B A ou B A =⇒ B A ⇐⇒ B
V V F V V V V
V F F F V F F
F V V F V V F
F F V F F V V

Remarque 1 :
• non (A et B) est équivalent à ((non A) ou (non B))
• non (A ou B) est équivalent à ((non A) et (non B))
• On rappelle que l’assertion A =⇒ B est par définition équivalente à [(non A) ou B].
La négation de A =⇒ B est donc équivalente à [A et (non B)].
L’assertion A =⇒ B est donc fausse ssi A est vraie et B est fausse.
• il ne faut pas confondre la valeur de vérité de A =⇒ B avec celle de B
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• Si A est faux, A =⇒ B est vraie pour tout B.


• Si B est vrai, A =⇒ B l’est aussi pour tout A.
• Pour exprimer que A implique B, on peut aussi dire, de façon équivalente, que A est une condition suffisante à
B ou que B est une condition nécessaire à A.
• Un énoncé s’énonce généralement sous la forme A =⇒ B.
On dit que A est l’hypothèse et que B est la conclusion.
Si A =⇒ B est un théorème, on appelle théorème réciproque l’énoncé B =⇒ A qui n’est pas toujours vrai.
• Posons :
A : La somme des angles d’un triangle est égale à 400 degrés.
B : Tous les triangles sont isocèles.
C : 1+1=2
Puisque A est faux, alors A implique B.
Puisque C est vrai, alors A implique C et B implique également C.

2.2 Règles logiques


Quelques lois logiques évidentes :
• A =⇒ A
• (non (non A)) ⇐⇒ A
• (A ou B) ⇐⇒ (B ou A)
• (A et B) ⇐⇒ (B et A)
• ((A ou B) ou C) ⇐⇒ (A ou (B ou C))
• ((A et B) et C) ⇐⇒ (A et (B et C))
• (non (A =⇒ B)) ⇐⇒ (A et non B)
règle 1 : (modus ponens) Si l’on a A et A =⇒ B, alors on a B.
règle 2 : (transitivité de l’implication) Si A implique B et B implique C, alors A implique C.
Cette règle peut s’écrire ((A =⇒ B) et (B =⇒ C)) =⇒ (A =⇒ C)
Corollaire 3 : Pour montrer l’équivalence de n assertions : A1 ⇐⇒ A2 , A2 ⇐⇒ A3 , . . . , An−1 ⇐⇒ An , il suffit
de montrer les n implications : A1 =⇒ A2 , A2 =⇒ A3 , . . . , An−1 =⇒ An , An =⇒ A1 .
règle 4 : (contraposition) (A =⇒ B) ⇐⇒ (non B =⇒ non A)
On dit que (non B =⇒ non A) est la contraposée de A =⇒ B.
Pour démontrer l’une de ces deux assertions équivalentes, on choisit celle qui est la plus aisée à établir.
règle 5 : (disjonction des cas) Soit A, B, C des assertions.
Si l’on a (A ou B) et (A =⇒ C) et (B =⇒ C), alors on a C.

Exercice 1 : On rappelle que 2 est irrationnel. Soit les trois assertions :
√ √2
A : 2 est rationnel
√ √2
B : 2 est irrationnel

2
C : il existe un réel u irrationnel tel que u soit rationnel.
Montrer que A =⇒ C et que B =⇒ C. En déduire C.
b
Indication : Soit x ∈ R∗+ et a, b ∈ R, on rappelle que (xa ) = xab .
règle 6 : (principe du raisonnement par  l’absurde) Soit A une assertion.
(non A) =⇒ B
Supposons trouvée une assertion B telle que , alors A est vraie.
(non A) =⇒ non B
Démonstration : D’après le principe du tiers exclu, toute proposition mathématique est vraie ou fausse.
Soit une assertion B, on a donc que l’assertion (B ou non B) est vraie.
Si (non B) =⇒ A et B =⇒ A, alors par disjonction des cas, A est vraie.
Remarque 2 : Bien souvent, un raisonnement par l’absurde se présente sous la forme d’une simple contraposition.
Ce n’est pas toujours le cas. Une démonstration par l’absurde d’une assertion A peut être de la forme suivante :
On suppose que A est faux et on en déduit, par un raisonnement, que A est vrai. C’est absurde, donc A est vrai.
a
Définition 6 : On rappelle qu’un réel r est un rationnel s’il existe (a, b) ∈ Z × N∗ tel que r = .
b

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Exercice 2 :

1. Montrer que 2 6∈ Q.

2. Montrer que 3 6∈ Q.

2.3 Quantificateurs
2.3.1 Quantificateur existentiel
Soit A(x) une assertion dépendant de la variable x.
L’assertion ∃x A(x) signifie qu’il existe au moins un objet x pour lequel A(x) est vrai.
On peut écrire indifféremment ∃x t.q. A(x) ou ∃x | A(x) ou ∃x A(x).
Soit un ensemble E, l’assertion (∃x | [(x ∈ E) et A(x)]) peut s’abréger en : ∃x ∈ E | A(x)

2.3.2 Quantificateur universel


Soit A(x) une assertion dépendant de x.
L’assertion ∀x A(x) signifie que A(x) est vrai quel que soit l’objet x ou pour tout objet x.
Soit un ensemble E, l’assertion (∀x [x ∈ E =⇒ A(x)]) peut s’abréger en : ∀x ∈ E A(x)
propriétés et exemples
• [non (∀x A(x))] est équivalent à [∃x non A(x)]
• [non (∃x A(x))] est équivalent à [∀x non A(x)]
• (∀x ∈ R x > 1 =⇒ x2 > 1) est vrai et s’écrit en abrégé : ∀x > 1 x2 > 1.
• (∀x ∈ R ∀y ∈ R x 6 y =⇒ x2 6 y 2 ) s’écrit en abrégé (∀x, y ∈ R x 6 y =⇒ x2 6 y 2 )
Cette assertion est fausse puisque −1 6 0 et (−1)2 = 1 > 02 = 0.
Remarque 3 : L’ordre et le parenthésage des quantificateurs influe sur le sens de l’assertion logique.
Lorsque des ∀ se succèdent, on peut les permuter sans changer le sens de l’assertion.
Lorsque des ∃ se succèdent, on peut les permuter sans changer le sens de l’assertion.
En revanche, l’interversion d’un ∀ et d’un ∃ change le sens de la proposition.
Exercice 3 : déterminer si les assertions suivantes sont vraies ou fausses.
A : (∀n ∈ N ∃m ∈ N m > n)
B : (∃m ∈ N ∀n ∈ N m > n)
C : (∀ x ∈ R) (∃ y ∈ R) (x + y = 0)
D : (∃ y ∈ R) (∀ x ∈ R) (x + y = 0)
Exercice 4 : Soit un réel x > 0, exprimer en fonction de x un réel y tel que 0 < y < x.
Soit deux réels t1 et t2 tels que t1 < t2 , exprimer en fontion de t1 et t2 un réel t tel que t1 < t < t2 .
Exercice 5 : Soit un réel x, montrer que les énoncés suivants sont équivalents.
1. x = 0
2. ∀ε > 0 |x| < ε
3. ∀ε > 0 |x| 6 ε
Indication : Montrer 1 =⇒ 2 puis 2 =⇒ 1 par contraposée, puis 1 =⇒ 3, puis 3 =⇒ 1.
Exercice 6 : Soit P (x) et Q(x) deux assertions qui dépendent de l’élément x ∈ E.
a) Laquelle des deux propositions :
A : (∀ x ∈ E) (P (x) ou Q(x))
B : (∀ x ∈ E P (x)) ou (∀ x ∈ E Q(x))
entraı̂ne l’autre ?
Pour justifier que l’implication n’est pas toujours vraie, on donnera un contre-exemple explicite en précisant
l’ensemble E et les assertions P (x) et Q(x).
b) Même question avec les propositions :

A : (∃ x ∈ E, P (x) et Q(x))

B : ((∃ x ∈ E, P (x)) et (∃ x ∈ E, Q(x))


Négation : Déterminons la négation de l’assertion ci-dessous, exprimée en notation quantifiée abrégée :

∀ε > 0 ∃η > 0 ∀x, y |x − y| < η =⇒ |f (x) − f (y)| < ε

La première étape consiste à écrire l’assertion de manière rigoureuse :

∀ε (ε > 0) =⇒ (∃η (η > 0) et (∀x, y |x − y| < η =⇒ |f (x) − f (y)| < ε))


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On en déduit aussitôt la négation :

∃ε (ε > 0) et (∀η (η 6 0) ou (∃x, y |x − y| < η et |f (x) − f (y)| > ε))

qu’on peut abréger en :


∃ε > 0 ∀η > 0 ∃x, y |x − y| < η et |f (x) − f (y)| > ε
Il faut savoir écrire directement la négation d’une proposition.
Variables muettes : Dans l’assertion logique ∀x A(x) ou ∃x A(x), le x est une variable muette.
Il peut être remplacé par n’importe quel autre symbole.
Exercice 7 : Ecrire la négation des propositions suivantes :
1. ∀x ∈ E ∃y ∈ E P (x, y)
2. ∃x ∈ E ∀y ∈ E P (x, y)
3. ∃r ∈ R ∃s ∈ R 3 6 r et s 6 r
4. ∀ε > 0 ∃N ∈ N, ∀n > N, |un − 3| < ε
5. ∀ε > 0 ∃η > 0 ∀(x, y) ∈ R2 (|x − y| < η =⇒ |f (x) − f (y)| < ε)
2
6. ∀ε > 0 ∃N ∈ N ∀(n, p) ∈ N ((n ≥ N ) et (p ≥ N )) =⇒ |xn − xp | < ε

2.3.3 Existence et unicité


L’existence d’un objet x tel que A(x) peut donc s’écrire ainsi : ∃x A(x)
Cette assertion signifie qu’il existe au moins un objet x tel que A(x).
L’unicité d’un objet x tel que A(x) peut s’écrire avec des quantificateurs de la façon suivante :

∀x, y (A(x) et A(y)) =⇒ x = y

dont la contraposée équivalente est

∀x, y (x 6= y) =⇒ (non A(x)) ou (non A(y))

Cette assertion signifie qu’il existe au plus un objet x tel que A(x).
En logique mathématique, l’unicité n’implique donc pas l’existence, alors que c’est le cas dans le langage courant.
L’existence n’implique pas l’unicité non plus.
L’unicité et l’existence doivent donc être considérées comme deux propriétés logiques indépendantes.
L’existence et l’unicité d’un objet x tel que A(x) se traduit par

∃x A(x) et ∀x, y (A(x) et A(y)) =⇒ x = y

qu’on abrège en
∃!x A(x)

2.3.4 Utilisation des quantificateurs dans une démonstration


Le début de la démonstration d’une assertion est imposée par le premier quantificateur de l’assertion à prouver.
• Pour démontrer une assertion de la forme : ∀x ∈ E A(x), on commence la démonstration en choisissant un
élément x quelconque de E qu’on se fixe.
Dès lors, l’objet x est défini et la variable x n’est plus muette. Elle ne peut plus être utilisée pour désigner
un nouvel objet au cours de la démonstration. On démontre ensuite l’assertion A(x). Puisque le raisonnement
s’applique à n’importe quel objet x de E, on a bien établi que A(x) est vrai quel que soit x appartenant à E.
• Pour démontrer une assertion de la forme : ∃x ∈ E | A(x), il y a deux possibilités.
1. On peut trouver un élément x ∈ E qui vérifie la propriété désirée.
2. On peut aussi raisonner par l’absurde en supposant que ∀x ∈ E non A(x) et en cherchant une contradiction.
1
Exercice 8 : Montrer que ∀x ∈ R ex + x2 >
.
4
Indication : Raisonner par disjonction de cas en traitant séparément les cas |x| > 1 et |x| 6 1.
Exercice 9 : Montrer que ∃x ∈ R | x2 > 12

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2.4 Résolution d’équations


Soit A(x) une proposition portant sur un objet x.
Résoudre l’équation A(x) sur E, c’est déterminer l’ensemble des x ∈ E tels que A(x) est vrai.
Exemples d’équations :
• Déterminer les réels x tels que x2 + x + 3 = 0.
• Déterminer les réels x tels que cos x = e−x .
• Déterminer les fonctions f : R → R dérivables telles que ∀x ∈ R f ′ (x) = 2f (x) et f (0) = 1.
Méthode de résolution : On peut raisonner par analyse et synthèse.
Dans la partie ”analyse”, on cherche des conditions nécessaires pour qu’un objet quelconque soit solution de l’équation.
Dans la partie ”synthèse”, on utilise l’analyse précédente pour déterminer l’ensemble des solutions de l’équation.
En pratique, on peut rédiger de la façon suivante :
Analyse : Soit x ∈ E, on suppose que x est solution de l’équation et on montre que x appartient à un ensemble Ω.
synthèse : On cherche dans Ω les valeurs pour lesquelles l’équation est vérifiée.
Cet ensemble est l’ensemble S des solutions. C’est un sous-ensemble de Ω.
Exercice 10 : Résoudre par analyse et synthèse les équations suivantes :
1. |x − 1| = 2x − 3

2. x = 2 − x

3. x = −3x − 2
√ 
4. 2 = x 3 − x

2.5 Exercices supplémentaires


1. Les propositions A, B, C et D sont susceptibles d’être vraies ou fausses.
Parmi les propositions qui suivent, lesquelles sont toujours vraies ou toujours fausses ?
(a) [(A et B) ou (non A)] =⇒ B
(b) non B =⇒ [A =⇒ (B ou (non A))]
(c) [non (A =⇒ B) ∧ A] =⇒ non B
(d) [(A =⇒ B) ou C] =⇒ [(A et B) ou (C =⇒ B)]
(e) [(A =⇒ B) =⇒ C] ⇐⇒ [C =⇒ (A =⇒ B)]
(f) [A et (B ou C)] =⇒ [(B et C) ou A]
(g) [non (A =⇒ (B =⇒ C))] =⇒ [B et (C =⇒ D)]
(h) [A et (non D)] =⇒ [A et (C =⇒ (B ou D))]
2. Soit D une partie de R et soit f : D → R.
On dit que f est croissante si ∀x, y ∈ D x 6 y =⇒ f (x) 6 f (y).
On dit que f est strictement croissante si ∀x, y ∈ D x < y =⇒ f (x) < f (y).
Montrer que f est strictement croissante ssi ∀x, y ∈ D x 6 y ⇐⇒ f (x) 6 f (y)
3. Soit f : D → R, on dit que f est continue en a ∈ D si ∀ε > 0 ∃η > 0 ∀x ∈ D |x − a| 6 η =⇒ |f (x) − f (a)| 6 ε.
On dit que f est uniformément continue sur D si ∀ε > 0 ∃η > 0 ∀x, y ∈ D |x − y| 6 η =⇒ |f (x) − f (y)| 6
ε.
Écrire à l’aide de quantificateurs : f n’est pas continue en a et f n’est pas uniformément continue sur D.
Supposons D = N et n0 ∈ N, que peut-on dire de la continuité de f en n0 ? de l’uniforme continuité de f sur
D?
4. (a) Montrer que pour toute fonction f : R → R, on a :

∀x, y ∈ R ∀ε > 0 ∃η > 0 (|x − y| < η =⇒ |f (x) − f (y)| < ε)

(b) Si A et B sont deux parties quelconques de R, que dire de l’assertion

(∀ε > 0 ∀x ∈ A ∃y ∈ B y > x + ε) ⇐⇒ (∀ε > 0 ∃y ∈ B ∀x ∈ A y > x + ε) ?


√ √
5. Résoudre l’équation x + 1 − x − 1 = 1 dans R.
p
6. Résoudre l’équation 4x2 + 1 = 2x − 1 dans R.

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3 Ensemble
3.1 Notions premières
La notion d’ensemble est une notion première. Autrement dit, on n’en donne pas de définition mathématique.
Nous considérerons donc comme acquise une notion intuitive d’ensemble : collection d’objets bien définis et identifiables.
La notion fondamentale d’appartenance est aussi une notion première.
Soit un ensemble E.
On écrit que x ∈ E si l’objet x appartient à E. On dit aussi dans ce cas que x est élément de E.
Sa négation s’écrit x 6∈ E. On dit alors que x n’appartient pas à E.
Les objets x tels que x ∈ E s’appellent les éléments de E.
On dit aussi que l’ensemble E est constitué des objets x pour lesquels x ∈ E.

3.2 Ensemble formé avec des éléments donnés


Considérons n objets distincts ou non de la théorie des ensembles, notés x1 , x2 , . . . , xn .
Il existe un unique ensemble E dont les éléments sont exactement x1 , x2 , . . . , xn .
Cet ensemble sera noté {x1 , x2 , . . . , xn } et on peut supprimer les répétitions dans cette liste.
Cet ensemble est défini en extension : ses éléments sont énumérés.
En particulier, si x est un ensemble, {x} est un ensemble, d’unique élément x, appelé le singleton d’élément x.
On a x ∈ {x} mais x 6= {x} car l’un des axiomes de la théorie des ensembles, l’axiome de fondement ou de régularité,
implique que ∀x non (x ∈ x).

3.3 Inclusion et égalité


Définition 7 : On dit que l’ensemble A est inclus dans l’ensemble B et l’on note A ⊆ B ou A ⊂ B si

∀x x ∈ A =⇒ x ∈ B

On dit alors que A est une partie de B. Sinon, on écrit A 6⊆ B.


On écrit A B lorsque A ⊆ B et A 6= B. On parle alors d’inclusion stricte.
Pour montrer que A ⊆ B, on se fixe x dans A et on montre que x ∈ B.
La transitivité de l’implication implique celle de l’inclusion : si A, B, C sont des ensembles, alors A ⊆ B et B ⊆ C
entraı̂nent A ⊆ C.
Définition 8 : (égalité) Deux ensembles A et B sont dit égaux si A ⊆ B et B ⊆ A. On écrit alors A = B.
Les ensembles A et B sont donc égaux ssi ∀x x ∈ A ⇐⇒ x ∈ B
Intuitivement, cela signifie que A et B sont formés exactement des mêmes éléments.
Pour prouver que A = B, on montre que A ⊆ B et que B ⊆ A.
Plus rarement, on pourra raisonner directement par équivalence.

3.4 Partie d’un ensemble définie par une propriété


Soit E un ensemble et A(x) une assertion dépendant de la variable x ∈ E.
Sous ces hypothèses, il existe un et un seul sous-ensemble F de E tel que ∀x ∈ E x ∈ F ⇐⇒ A(x).
La partie F de E ainsi définie est l’ensemble des x ∈ E qui possèdent la propriété A(x), et nous écrirons :

F = {x | x ∈ E et A(x)} ou F = {x ∈ E | A(x)} ou F = {x ∈ E, A(x)}

Un tel ensemble est dit défini en compréhension.


Il est nécessaire d’utiliser un ensemble de référence E sous peine d’aboutir à des paradoxes.
Exemple 1 : P={p ∈ N∗ | p 6= 1 et ∀d ∈ N∗ d|p =⇒ (d = 1 ou d = p)} est une partie de N∗ appelée ensemble des
nombres premiers.

3.5 Opérations usuelles sur les ensembles


3.5.1 Ensemble vide
Il existe un et un seul ensemble V tel que ∀x non (x ∈ V ), appelé ensemble vide et noté ∅ . Cet ensemble qu’on
pourrait noter {} ne contient aucun élément ; c’est le seul ensemble qui soit inclus dans tous les autres.

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3.5.2 Réunion
Soit A et B deux ensembles, il existe un et un seul ensemble C tel que
(∀x) x ∈ C ⇐⇒ (x ∈ A) ou (x ∈ B)
L’ensemble C est appelé réunion ou union des ensembles A et B. On le note A ∪ B. On a donc
A ∪ B = {x, x ∈ A ou x ∈ B}
Pour tous A, B, C, on a :
A∪B =B∪A ; ∅ ∪A=A ; (A ∪ B) ∪ C = A ∪ (B ∪ C)
L’associativité de ∪ permet de noter (A ∪ B) ∪ C sans parenthèse : A ∪ B ∪ C.

Remarque 4 :
1. A ⊆ B ⇐⇒ A ∪ B = B
2. (A ⊆ C et B ⊆ C) ⇐⇒ A ∪ B ⊆ C
Entiers naturels : On admet qu’on peut construire l’ensemble des entiers naturels par le procédé suivant
0 = ∅ , 1 = 0 ∪ {0} = {∅ }, 2 = 1 ∪ {1} = {∅ , {∅ }}, 3 = 2 ∪ {2}, ... , n + 1 = n ∪ {n}
On pose N = {0, 1, 2, . . .}.
Ainsi, on a toujours n ⊆ n + 1 et n ∈ n + 1.

3.5.3 Intersection
Soit A et B deux ensembles, il existe un unique ensemble C tel que C = {x, x ∈ A et x ∈ B}, noté A ∩ B et appelé
intersection de A et de B. Il est immédiat que
∀A, B, C A∩B = B ∩A ; ∅ ∩A=∅ ; (A ∩ B) ∩ C = A ∩ (B ∩ C) noté A ∩ B ∩ C.
On dit que A et B sont disjoints si A ∩ B = ∅ . Sinon, on dit que A et B se rencontrent.
Proposition 1 : Soit trois ensembles A, B, C, on a
1. A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C) ;
2. A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C).
Remarque 5 :
1. A ⊆ B ⇐⇒ A ∩ B = A
2. (C ⊆ A et C ⊆ B) ⇐⇒ C ⊆ A ∩ B
Exercice 11 : Soit trois ensembles A, B, C.
1. Montrer que A ∪ B = A ∩ C ⇐⇒ B ⊆ A ⊆ C.
2. Montrer que (A ∪ B ⊆ A ∪ C et A ∩ B ⊆ A ∩ C) =⇒ (B ⊆ C).

3.5.4 différence
Soit A, B ⊆ E.
différence : On appelle différence de A et B la partie A \ B = {x, x ∈ A et x 6∈ B}
Complémentaire : On appelle complémentaire de A (dans E) la partie E \ A de E, notée A,c A, Ac , ∁A
E.
Remarque 6 :
∁A
• ∁EE = A
• A ⊆ B ⇐⇒ B ⊆ A
• A ∪ B = A ∩ B et A ∩ B = A ∪ B
Exemple 2 : {entiers naturels impairs} = ∁2N
N
Différence symétrique :
A △ B = (A \ B) ∪ (B \ A) = {x, (x ∈ A et x 6∈ B) ou (x ∈ B et x 6∈ A)} = A ∪ B \ (A ∩ B)
Il vient :
A△B =B △A ; (A △ B) △ C = A △ (B △ C) = A △ B △ C et A△∅ = A
et si A ⊆ E, A △ E = ∁A
E
Remarque 7 : Soit P (x) et Q(x) deux formules dépendant de x ∈ E.
On définit les ensembles A = {x ∈ E, P (x)} et B = {x ∈ E, Q(x)}.
Les formules P (x) et Q(x), P (x) ou Q(x) et non P (x) sont alors associés respectivement aux ensembles A ∩ B, A ∪ B
et ∁A
E.
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3.6 Ensemble des parties.


On admet que pour tout ensemble E, il existe un et un seul ensemble F tel que

∀X X ∈ F ⇐⇒ X ⊆ E

Définition 9 : L’ensemble F s’appelle ensemble des parties de E et se note P (E).


On a toujours ∅ ∈ P (E) : c’est la partie vide de E.
On a toujours E ∈ P (E) : c’est la partie pleine de E.
Remarque 8 : Pour tout x et pour tout E, on a :

x ∈ E ⇐⇒ {x} ⊆ E ⇐⇒ {x} ∈ P (E)

Exemple 3 : Si E = {a, b, c}, P (E) = {∅ , {a} , {b} , {c} , {a, b} , {a, c} , {b, c} , {a, b, c}}
Exercice 12 : Écrire l’ensemble P (P (E)) lorsque E = {a, b}.
Exercice 13 : Soit l’ensemble E = {∅ , 1, N, {0, 1, 2}}. On rappelle que 1 = {∅ }.
Mettre le signe ∈ ou 6∈ et ⊆ ou 6⊆ correct entre les objets suivants :
• ∅ ...E ;
• {∅ } . . . E ;
• N...E ;
• {∅ , N} . . . E.

3.7 Produit cartésien.


Si x, y sont des ensembles, on appelle couple (x, y) l’ensemble {{x} , {x, y}}.
Le couple (x, y) possède par construction la propriété fondamentale suivante

(x, y) = (x′ , y ′ ) ⇐⇒ (x = x′ et y = y ′ )

Si A, B sont des ensembles, l’ensemble des couples (x, y) pour x ∈ A, y ∈ B est un ensemble noté

A × B = {(x, y) | x ∈ A, y ∈ B}

C’est le produit cartésien de A et B.

Remarque 9 : Ne pas confondre le couple (x, y) et la paire {x, y}.


On admet que si E1 , E2 , . . . , En sont n ensembles avec n entier > 2, alors on peut construire :

E1 × E2 × · · · × En = {(x1 , x2 , . . . , xn ) | xi ∈ Ei pour 1 6 i 6 n}

de sorte que
(x1 , . . . , xn ) = (y1 , . . . , yn ) ⇐⇒ ∀1 6 i 6 n xi = yi
n
Notation : Lorsque n est un entier au moins égal à 2, on note E = E × · · · × E .
| {z }
n facteurs

3.8 Correspondances
Définition 10 : Soit E et F deux ensembles.
Une correspondance C entre E et F est un triplet C = (E, F, G) où G est une partie de E × F .
On dit que G est le graphe, E est l’ensemble de départ et F est l’ensemble d’arrivée de la correspondance C.
Les deux types principaux de correspondances sont :
1. Les relations binaires dans un ensemble E lorsque E = F .
2. Les fonctions ou applications lorsque le graphe G ∈ P (E × F ) est fonctionnel, c’est-à-dire vérifie :

∀x ∈ E ∃!y ∈ F tel que (x, y) ∈ G

Autrement dit, une fonction f est une correspondance qui associe à tout élément x de l’ensemble de départ
E une seule et unique image y notée f (x) dans l’ensemble d’arrivée F . On la note symboliquement :

E → F f
f: ou plus simplement f : E → F ou E → F
x 7→ f (x)

8
// MPSI1 Charlemagne

3.9 Exercices

1. Soit A, B et C trois ensembles. Montrer que :

(A ∪ B ∪ C) = (A\B) ∪ (B\C) ∪ (C\A) ∪ (A ∩ B ∩ C)

Indication : Faire un dessin.


2. Soit A, B deux parties de l’ensemble non vide E, établir les équivalences :

A = B ⇐⇒ A ∪ B = A ∩ B ⇐⇒ A△B = ∅


3. Soit A et B deux parties de E. Discuter et résoudre l’équation (A ∩ X) ∪ (B ∩ X) = ∅ d’inconnue X ∈ P(E).
Même question avec l’équation (A ∩ X) ∪ (B ∩ X̄) = ∅.
4. On suppose que A, B, C et D sont des parties de l’ensemble non vide E vérifiant : A ⊆ C, B ⊆ D, A∪B = C ∪D
et enfin C ∩ D = ∅ , démontrer que A = C et B = D.
5. Soit E un ensemble non vide dont A et B sont des parties. Soit X une partie de E.
Établir l’équivalence (A ∪ B) ∩ X = (A ∩ B) ∪ X ⇐⇒ A ∩ B ⊆ X ⊆ A ∪ B
6. (a) Montrer que P(A) ∩ P(B) = P(A ∩ B)
(b) Montrer que P(A) ∪ P(B) ⊆ P(A ∪ B). Donner un exemple d’inclusion stricte.

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