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MAT1748-A

Mathématiques discrètes pour l'informatique


Hiver 2022

Fils Fotso
Université d'Ottawa

Cours 1
Survol

1 Introduction aux structures discrètes


Logique propositionnelle
Table de vérité
Opérateurs logiques ou connecteurs logiques
Calcul des valeurs logiques
Traduction de phrases du langage courant en logique mathématique

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Introduction

La logique servait surtout la philosophie et la théologie jusqu'au 19ème siècle. Elle est apparue
de manière brutale et cruciale au tournant du 20ème siècle en mathématiques, avec les
paradoxes et la question des fondements. Après le théorème de Gödel et la faillite du programme
de Hilbert, la logique mathématique est devenue une partie spécialisée des mathématiques
pures. Mais l'âge d'or de la logique arrive ensuite avec le développement de l'informatique.
La logique joue un rôle central dans la conception de circuits informatiques, dans la construction
et de vérication des programmes. Du fait d'un lien surprenant entre les preuves et les
programmes, la logique est aussi la base de la compréhension des calculs.
Il arrive parfois que notre raisonnement logique soit faux et que des erreurs en résultent. Il est
donc important de connaître les règles qui permettent de distinguer les raisonnements valides de
ceux qui ne le sont pas.
Plus concrètement, la logique a été à l'origine d'avancées technologiques comme les langages de
requêtes dans les bases de données. Beaucoup d'autres liens fondamentaux peuvent être
évoqués : avec les circuits, avec la complexité, avec les jeux, avec la linguistique, etc. La logique
est omniprésente en informatique.
Ce cours présentera les bases de la logique informatique. L'un des buts de ce paragraphe est de
montrer la manière de construire des raisonnements mathématiques. Il est donc normal de
commencer par l'outil de base des mathématiques discrètes qui est la logique propositionnelle.

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Dénition proposition
Une proposition est un énoncé (ou une déclaration) qui peut etre vrai ou
faux, mais non les deux à la fois.
Exemple 1 :
1  Ottawa est la capitale du Canada  est une proposition vraie.
2  Montréal est la capital du Québec  est une proposition fausse.
3  2+3=5  est une proposition vraie.
4  1+1+1=2  est une proposition fausse.

Attention! : Par exemple, les phrases suivantes ne sont pas des propositions.
1  Quelle heure est-il ?  n'est pas une proposition, car c'est une
interrogation ou une question qui n'a pas de valeur de vérité.
2  2+3  n'est pas une proposition, car n'a pas de valeur de vérité.

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Désignation propositionnelle ou variable propositionnelle

Bien qu'on utilise des lettres pour désigner des variables mathématiques, de
la même façon, on va utiliser des lettres pour désigner les propositions. Les
lettres habituellement utilisées sont p, q, r , s , etc. ( certains auteurs
utilisent des majuscules).
Les lettres p, q, r , etc., sont appelées des variables propositionnelles (ou
variables logiques).
Exemple 2 :
1) p la proposition :  Aujourd'hui, c'est jeudi. 
2) q la proposition :  Paris est la capitale du Cameroun. 

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Valeur de vérité d'une proposition
1 Si une proposition est vraie, alors sa valeur de vérité sera notée V ou 1
2 Si une proposition est fausse, alors sa valeur de vérité sera notée F ou 0

Proposition atomique-Proposition composée


1 Une proposition atomique est une proposition exclusivement en une
seule variable propositionnelle qui ne peut être subdivisée. C'est le cas
de toutes les propositions introduites jusqu'ici.
2 Une proposition composée est une proposition construite à l'aide des
connecteurs logiques.

Exemple 3 : Proposition composée.


Aujourd'hui, nous sommes jeudi et Paris est la capitale du Cameroun.

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Table de vérité

Dénition de la table de vérité


La table de vérité est un tableau dans lequel on inscrit les valeurs de vérités
possibles d'une ou de plusieurs propositions, ainsi que leurs combinées.
Généralemt des 0/Faux et 1/Vrai. Elle a un nombre de lignes et de
colonnes. Le nombre de lignes dépend du nombre de propositions simples.
Remarque 1 :
Pour n propositions simples, nous avons 2n lignes dans la table de vérité.
Les propositions composées sont construites à l'aide d'opérateurs logiques
appelés aussi connecteurs logiques, par exemple :
 ET ,  OU ,  Si · · · Alors ,  Si ET SEULEMENT SI ,  NON .

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Opérateurs logiques ou connecteurs logiques

La négation d'une proposition


Soit p la proposition
 Aujourd'hui, nous sommes jeudi .
La proposition
 Aujourd'hui, nous ne sommes pas jeudi  est une autre propo-
sition, appelée négation de p, qui est notée ¬p. Table de vérité.
La négation d'une proposition est une proposition unaire obtenue p ¬p
à l'aide de l'opérateur logique 1 0
 NON  noté  ¬ . La proposition ¬p se lit  non p. 0 1

Exemple 4 :
1 La négation de la proposition  2 ≤ 3  est  2 > 3.
2 La négation de la proposition  Paris est la capitale du Cameroun  est
 Paris n'est pas la capitale du Cameroun .
3 La négation de la proposition  2 + 3 = 5  est  2 + 3 ̸= 5.

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La conjonction de deux propositions
La conjonction de deux propositions p, q est la
proposition  p et q  notée p ∧ q , qui est vraie
lorsque p et q sont toutes vraies . Autrement elle Table de vérité.
est fausse. p q p∧q
La proposition p ∧ q se lit  p et q . 1 1 1
1 0 0
0 1 0
0 0 0

Exemple 5 :
Soient les propositions p :  2 ≤ 3 , q :  2 + 3 = 5  et r :  2 + 3 ̸= 5  . Alors,
p ∧ q est la proposition  2 ≤ 3 et 2 + 3 = 5 est vraie. Tandis que
p ∧ r est la proposition  2 ≤ 3 et 2 + 3 ̸= 5 est fausse.

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Attention! Dans le langage usuel, plusieurs phrases traduisent la
conjonction et sans que ce mot et ne soit mentionné.
Par exemple :
Soient les propositions p : la porte est noire  et
q : la porte est rectangle .
La porte n'est ni La porte n'est pas
noire, ni rectangle signie noire et la porte (¬p) ∧ (¬q)
n'est pas rectangle
La porte n'est pas La porte n'est pas
noire mais elle est signie noire et la porte est (¬p) ∧ q
rectangle rectangle

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La disjonction ( ou disjonction inclusive ) de deux propositions
La disjonction ( ou disjonction inclusive ) de deux
propositions p, q est la proposition  p ou q 
notée p ∨ q , qui est fausse lorsque p et q sont Table de vérité.
toutes fausses. Autrement, elle est vraie. p q p∨q
La proposition p ∨ q se lit  p ou q . 1 1 1
1 0 1
0 1 1
0 0 0

Exemple 6 :
Soient les propositions p :  2 ≤ 3 , q :  2 + 3 = 5  et r :  2 + 3 ̸= 5  . Alors,
p ∨ q est la proposition  2 ≤ 3 ou 2 + 3 = 5 est vraie.
p ∨ r est la proposition  2 ≤ 3 ou 2 + 3 ̸= 5 est vraie.

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La disjonction exclusive de deux propositions
La disjonction exclusive de deux propositions p, q
est la proposition  p ou exclusif q  notée p ⊕ q ,
qui est vraie lorsque p vraie et q fausse ou bien Table de vérité.
p fausse et q vraie . Autrement, elle est fausse. p q p⊕q
La proposition p ⊕ q se lit  p ou exclusif q . 1 1 0
1 0 1
0 1 1
0 0 0

Exemple 7 :
Soient les propositions p :  2 ≤ 3 , q :  2 + 3 = 5  et r :  2 + 3 ̸= 5  . Alors,
p ⊕ q est la proposition  2 ≤ 3 ou exclusif 2 + 3 = 5 est fausse.
p ⊕ r est la proposition  2 ≤ 3 ou exclusif 2 + 3 ̸= 5 est vraie.

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Attention! Plusieurs formes sont utilisées dans le langage courant
pour dire la même chose que ou exclusif dans une disjonction exclusive et
que nous pouvons lire de diérentes façons.
<< · · · à moins que · · · >>,
<< · · · à moins de · · · >>,
<< · · · sauf si · · · >>,
<< ou bien · · · ou bien · · · >>,
<< · · · ou · · · mais pas les deux >>,
<< Soit · · · , soit · · · >>.
Par exemple :
<< je ferai du ski demain à moins qu'il neige aujoud'hui >> ;
<< je ferai du ski demain à moins d'être malade >> ;
<< je vais à la plage sauf s'il fait froid >> ;
<< ou bien je ferai du ski demain, ou bien j'irai à la plage, mais pas les deux >> ;
<< Les étudiants qui connaissent Python ou Java mais pas les deux sont admis dans
cette classe>>,
<< Soit n est un entier pair, soit n est un entier impair >>.

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L'implication
L' implication est la proposition  p implique q ,
notée p ⇒ q , qui est fausse lorsque p vraie et q
fausse . Autrement, elle est vraie. Table de vérité.
Dans la proposition p ⇒ q , p est appelée l'hypo- p q p⇒q
thèse ou la prémisse et q est appelée la conclusion 1 1 1
ou la conséquence. 1 0 0
0 1 1
0 0 1

Exemple 8 :
Soient les propositions p :  2 ≤ 3 , q :  2 + 3 = 5  et r :  2 + 3 ̸= 5  . Alors,
p ⇒ q est la proposition  si 2 ≤ 3, alors 2 + 3 = 5 est vraie.
p ⇒ r est la proposition  si 2 ≤ 3, alors 2 + 3 ̸= 5 est fausse.
r ⇒ p est la proposition  si 2 + 3 ̸= 5, alors 2 ≤ 3 est vraie.

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Attention! Plusieurs formes sont utilisées dans le langage courant
pour dire la même chose que si... alors dans une implication et que nous
pouvons lire de diérentes façons.
Si p alors q,
q si p ,
Pour que q il sut p,
q est nécessaire pour p,
p est une condition susante pour q ,
q est une condition nécessaire de p ,
p seulement si q ,
q lorsque p ,
q dès que p ,
q chaque fois que p .
Par exemple :
je suis malade si je mange trop ;
il sut que je mange trop pour que je sois malade ;
je suis malade lorsque je mange trop.
je suis malade chaque fois que je mange trop.

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Remarque 2 : L'implication en programmation
Bien qu'en mathématique, le concept d'implication ne dépend pas toujours
d'une relation de cause à eet entre l'hypothèse et la conclusion, on peut
noter qu'en langage de programmation, la construction de si · · · alors est
diérente de celle utilisée en logique mathématique. La plupart des
langages de programmation contiennent des énoncés tels que si p alors
S, où p est une proposition et S est un segment de programme (un ou
plusieurs énoncés à exécuter ). Quand l'éxécution d'un programme
rencontre un tel énoncé, S s'exécute si p est vraie. Néanmoins, si p est
fausse, S ne s'exécute pas.

Exemple 9 : On xe x := 0
 Si 2 + 2 = 4, alors x :=x+1 
Puisque 2 + 2 = 4 est vraie, alors l'attribution de x := x + 1 sera éxecutée.
C-à-d. x := 0 + 1 = 1.

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L'équivalence
L' équivalence (ou biconditionnelle) est la propo-
sition  p équivaut à q , notée p ⇔ q , qui est
vraie lorsque p et q ont les mêmes valeurs de vé-
rité . Autrement, elle est fausse. Table de vérité.
La proposition p ⇔ q se lit  p équivaut à q  ou p q p⇔q
 p est équivalent à q  ou  p si et seulement si 1 1 1
q  ou  si p alors q et réciproquement  ou  p 1 0 0
est nécessaire et susante pour q  0 1 0
0 0 1

Exemple 10 :
Soient les propositions p :  2 ≤ 3 , q :  2 + 3 = 5  et r :  2 + 3 ̸= 5  . Alors,
p ⇔ q est la proposition  2 ≤ 3 si et seulement si 2 + 3 = 5 est vraie.
p ⇔ r est la proposition  2 ≤ 3 si et seulement si 2 + 3 ̸= 5 est fausse.
(¬p) ⇔ r est la proposition  2 > 3 si et seulement si 2 + 3 ̸= 5 est vraie.

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Calcul des valeurs logiques

La valeur logique d'une proposition composée peut être calculée à


partir des valeurs des propositions simples, à l'aide d'une table de
vérité.
Pour une proposition composée, si le nombre de propositions simples
est n, alors le nombre de lignes dans la table de vérité est 2n .
On utilise les parenthèses pour spécier l'ordre de traitement des
divers opérateurs logiques d'une proposition composée.
On calcule d'abord les valeurs des parties qui se trouvent dans les
parenthèses les plus à l'intérieur, comme dans le cas des expressions
algébriques.

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Règle de priorités des connecteurs logiques
On peut aussi tenir compte de la priorité des connecteurs pour évaluer la
valeur logique d'une proposition composée et l'ordre de priorité des
connecteurs logiques est le suivant :
1 ¬
2 ∧
3 ∨
4 ⇒
5 ⇔

Attention!

La conjonction de (non p) et q, c-à-d. (¬p) ∧ q , peut simplement s'écrire


¬p ∧ q et ne doit pas être confondue avec la négation de la conjonction de
p et q qui elle s'écrit ¬(p ∧ q).

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Exemple 11 :
Pour trouver la valeur logique de (p ∨ q) ∧ (¬r ), on commence dans l'ordre
suivant :
1 Trouver la valeur logique ¬r
2 Trouver la valeur logique de p ∨ q
3 Enn, trouver la valeur logique de (p ∨ q) ∧ (¬r ).

Traduction de phrases du langage courant en logique mathématique


Très souvent le langage naturel est ambigu. La traduction de phrases en
expressions logiques permet d'éliminer cette ambiguïté (à noter que l'on
doit alors faire un certain nombre de suppositions quant à la signication
de la phrase). Une fois ces phrases traduites en propositions logiques, on
peut alors analyser leurs valeurs de vérité, les manipuler et appliquer les
règles d'inférence qu'on abordéra ultérieurement dans ce cours.

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Exemple 12 : Traduisez la phrase suivante en une expression logique.
 Vous ne pouvez pas aller sur les montagnes russes à moins de mesurer
1.30 m et d'avoir au moins 16 ans 
Solution:
Désignons par :
p : Vous pouvez aller sur les montagnes russes 
q : Vous mesurer 1.30 m 
r : Vous avez au moins 16 ans  .
Si on traduit  à moins de  comme ou exclusif ,  et  par ∧,  ne · · ·
pas par ¬, alors cette traduction du langage courant en logique
mathématique nous donne :
(¬p) ⊕ (q ∧ r )
Il existe d'autres façons de représenter la phrase originale, mais l'expression
logique qu'on a choisie est satisfaisante.
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Exercices : pages 9 à 11 du manuel obligatoire
Exos : 1, 3, 5, 7, 9, 11, 12,15

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Récap

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