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Chapitre 1

Logique et raisonnements

Sommaire
I Éléments de logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1 Propositions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2 Connecteurs logiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
3 Quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
II Raisonnements mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1 Preuve directe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2 Preuve par contraposée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3 Preuve par la donnée d’un contre-exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
4 Raisonnement par l’absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
5 Raisonnement par disjonction de cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
6 Raisonnement par récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
I Éléments de logique
1 Propositions
Définition(s).
Une proposition (ou assertion) P est une affirmation qui ne peut être que Vraie ou Fausse (V ou F est la
valeur de vérité attribuée à P).

Exemple(s). p
« 13 est un nombre premier », resp. « 2 est un nombre rationnel », est une proposition vraie, resp. fausse.

2 Connecteurs logiques
À partir d’une ou deux propositions, on peut en construire d’autres dites composées à l’aide de ce que
l’on appelle les connecteurs logiques.

Définition(s).
La négation d’une proposition P est la proposition notée non(P) qui est vraie lorsque P est fausse et
fausse lorsque P est vraie.

Exemple(s).
La négation de la proposition « 26 est un nombre pair » est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La négation de la proposition « L’équation (E) a au moins une solution réelle » est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Définition(s).
La conjonction de deux propositions P et Q est la proposition notée P ∧ Q (lire « P et Q ») qui est vraie
lorsque P et Q sont toutes les deux vraies et fausse sinon.

Exemple(s).
Soit les propositions P : « 12 est un multiple de 2 », qui est vraie, Q : « 12 est un multiple de 3 », qui est
vraie, et R : « 12 est un multiple de 5 », qui est fausse.
Alors la proposition
• P ∧ Q est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . qui est vraie puisque P et Q sont toutes les deux vraies ;
• P ∧ R est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . qui est fausse puisque R est fausse.

Définition(s).
La disjonction de deux propositions P et Q est la proposition notée P ∨ Q (lire « P ou Q ») qui est vraie
lorsque au moins P ou Q est vraie (l’un n’excluant pas l’autre) et fausse sinon.

Exemple(s). p
3 ³π´
Soit les propositions P : « − 1 est un nombre positif », qui est fausse, Q : « sin est un nombre
2 3
312689
positif », qui est vraie, et R : « π = », qui est fausse.
99532
Alors la proposition
• P ∨ Q est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
qui est vraie puisque Q est vraie ;
• P ∨ R est .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
qui est fausse puisque P et R sont fausses.

1
À noter.
Les valeurs de vérité des propositions non(P), P ∧ Q et P ∨ Q en fonction de celles des propositions P et
Q s’appellent des tables de vérité qui sont des tableaux de la forme

P Q P∧Q P Q P∨Q
P non(P) V V V V V V
V F , V F F et V F V .
F V F V F F V V
F F F F F F

La multiplication par 2 des deux membres de l’inégalité 1 < 2 implique l’inégalité 2 < 4. La multiplication
par 0 des deux membres de l’égalité 1 = 2 implique l’égalité 0 = 0. L’ajout de 1 aux deux membres de cette
égalité 1 = 2 implique l’égalité 2 = 3. Par contre, en mathématiques, un résultat vrai n’implique jamais
un résultat faux. D’où la définition suivante.

Définition(s).
L’implication de la proposition P vers la proposition Q est la proposition notée P =⇒ Q qui est vraie sauf
lorsque P est vraie et Q est fausse.

P Q P =⇒ Q
V V V
V F F
F V V
F F V

À noter.
L’implication Q =⇒ P, resp. non(Q) =⇒ non(P), est alors appelée la réciproque, resp. la contraposée, de
l’implication (directe) P =⇒ Q.

Définition(s).
L’équivalence de deux propositions P et Q est la proposition notée P ⇐⇒ Q (lire « P est équivalente à
Q ») qui n’est vraie que lorsque P et Q sont simultanément vraies ou simultanément fausses.

P Q P ⇐⇒ Q
V V V
V F F
F V F
F F V

Exemple(s).
Soit les propositions P : « 12 est un multiple de 6 », qui est vraie, Q : « 12 est un multiple de 3 », qui est
vraie, et R : « 2 et 3 ne sont pas premiers entre eux », qui est fausse.
Alors l’implication P =⇒ Q est vraie puisque P et Q sont vraies et l’implication directe P =⇒ R est fausse
puisque P est vraie et R est fausse, tandis que sa réciproque R =⇒ P est vraie puisque R est fausse.
Soit les deux propositions P : « Le triangle ABC est rectangle en A » et Q : « Dans le triangle ABC, on a
BC2 = AB2 + AC2 ». Alors P ⇐⇒ Q et P =⇒ Q est l’implication directe du théorème de Pythagore, Q =⇒ P
la réciproque du théorème de Pythagore et non(Q) =⇒ non(P) la contraposée du théorème de Pythagore.

2
Soit P une proposition. La table de vérité

P non(P) non(non(P))
V F V
F V F

garantit que la proposition non(non(P)) ⇐⇒ P est vraie quelle que soit la valeur de vérité de P. Une
telle proposition est qualifiée de tautologie (proposition composée vraie quelles que soient les valeurs
de vérité des propositions qui la composent).
À titre d’exercice, on pourra compléter la démonstration du résultat suivant en construisant les tables
de vérité correspondantes.

Proposition I.1 (Tautologies)


Soit P et Q deux propositions. Alors

non(non(P)) ⇐⇒ P
non(P ∧ Q) ⇐⇒ non(P) ∨ non(Q) non(P ∨ Q) ⇐⇒ non(P) ∧ non(Q) (Lois de Morgan)
(P =⇒ Q) ⇐⇒ non(P) ∨ Q
(P =⇒ Q) ⇐⇒ (non(Q) =⇒ non(P))
(P ⇐⇒ Q) ⇐⇒ (P =⇒ Q) ∧ (Q =⇒ P).

À noter.
Pour démontrer que P =⇒ Q est vraie :
• puisque lorsque P est fausse, c’est immédiat, il suffit donc de vérifier que si P est vraie, alors Q est
vraie. On dit que P est une condition suffisante pour Q ;
• il revient au même de démontrer que non(Q) =⇒ non(P) est vraie. On dit que Q est une condition
nécessaire à P (dès que Q est fausse, P est fausse).
En général, pour démontrer que P ⇐⇒ Q est vraie, on démontre que P =⇒ Q est vraie et que Q =⇒ P est
vraie et lorsque P ⇐⇒ Q est vraie, on dit alors que P est une condition nécessaire et suffisante pour Q.

3 Quantificateurs
Une proposition peut dépendre d’une variable :
• la proposition « 2n Ê n 2 » dépend de l’entier naturel n. On la note P(n) ;
• la proposition « −2x 2 + 8x + 10 > 0 » dépend du réel x. On la note Q(x).

À noter.
La valeur de vérité de la proposition P(n) dépend de la valeur de l’entier naturel n : P(0), P(1) et P(2) sont
vraies, mais P(3) est fausse. On peut démontrer que si n Ê 4, alors P(n) est vraie.
On dit qu’il existe (au moins) un entier naturel n tel que P(n) est vraie, qu’il existe un unique entier
naturel n tel que non(P(n)) est vraie et que, pour tout entier naturel n Ê 4, P(n) est vraie.
La valeur de vérité
p de la proposition Q(x) dépend de la valeur du réel x : Q(0), Q(0, 5) et Q(π) sont vraies,
mais Q(−2) et Q( 37) sont fausses. On peut démontrer que si x ∈] − 1; 5[, alors Q(x) est vraie.
On dit qu’il existe (au moins) un réel x tel que Q(x) est vraie et que, pour tout x dans ] − 1; 5[, Q(x) est
vraie.

3
Définition(s).
Soit P(x) une proposition qui dépend d’un nombre réel x et I un intervalle de R.
Le quantificateur universel « Pour tout » permet de former la proposition « Pour tout x dans I, P(x) » qui
est vraie lorsque P(x) est vraie pour tous les nombres x de I et fausse lorsque P(x) est fausse pour au
moins un nombre x de I.
Le quantificateur existentiel « Il existe » permet de former la proposition « Il existe x dans I, P(x) » qui est
vraie lorsque P(x) est vraie pour au moins un nombre x de I et fausse lorsque P(x) est fausse pour tous
les nombres x de I.

Exemple(s).
Soit la proposition P(x) : x Ê 0 et I = R.
La proposition « Pour tout x dans I, P(x) » est fausse, alors que la proposition « Il existe x dans I, P(x) »
est vraie.

Proposition I.2 (Admise)


Soit P(x) une proposition qui dépend d’un nombre réel x et I un intervalle de R. Alors

non (« Pour tout x dans I, P(x) ») ⇐⇒ « Il existe x dans I, non(P(x)) »


non (« Il existe x dans I, P(x) ») ⇐⇒ « Pour tout x dans I, non(P(x)) ».

Exemple(s).
La proposition « Pour tout x dans R, x Ê 0 » est fausse et sa négation « Il existe x dans R, x < 0 » est vraie.

À noter.
La négation d’une proposition universelle est une proposition existentielle.
La négation d’une proposition existentielle est une proposition universelle.

II Raisonnements mathématiques
Ici, on liste les principaux raisonnements mathématiques nécessaires à la démonstration des résultats
présentés tout au long de l’année.

1 Preuve directe
La preuve directe de l’implication P =⇒ Q, où P et Q sont des propositions, consiste à vérifier que cette
implication est vraie en supposant que P est vraie et en démontrant par un raisonnement déductif que
Q est vraie.

Exemple(s).
Pour tout entier naturel n, démontrer l’implication « n est impair »=⇒« n 2 est impair ».
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4
2 Preuve par contraposée
Puisqu’une implication et sa contraposée sont équivalentes, la preuve par contraposée de l’implication
P =⇒ Q, où P et Q sont des propositions, consiste à démontrer par preuve directe que sa contraposée
non(Q) =⇒ non(P) est vraie.

Exemple(s).
Pour tout entier naturel n, démontrer l’implication « n 2 est pair »=⇒« n est pair ».
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3 Preuve par la donnée d’un contre-exemple


Pour rejeter une proposition universelle « Pour tout x dans I, P(x) », où P(x) est une proposition qui
dépend d’un nombre réel x et I un intervalle de R, il suffit de trouver un cas particulier x dans I, appelé
contre-exemple, pour lequel non(P(x)) est vraie.

Exemple(s).
Démontrer que la proposition universelle « Pour tout entier naturel n, n 2+n+41 est un nombre premier »
est fausse.
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4 Raisonnement par l’absurde


Démontrer par l’absurde qu’une proposition P est vraie consiste à supposer que non(P) est vraie et à
aboutir à une contradiction.

Exemple(s). p
Démontrer que 2 n’est pas un nombre rationnel.
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5
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À noter.
Démontrer par l’absurde que la proposition P =⇒ Q est vraie, où P et Q sont des propositions, consiste
donc à supposer que non(P =⇒ Q) est vraie et à aboutir à une contradiction. Or

non(P =⇒ Q) ⇐⇒ non (non(P) ∨ Q) et non (non(P) ∨ Q) ⇐⇒ P ∧ non(Q).

Par conséquent, démontrer par l’absurde que la proposition P =⇒ Q est vraie consiste à supposer P vraie
et non(Q) vraie et à aboutir à une contradiction.

5 Raisonnement par disjonction de cas


La démonstration par disjonction de cas de la proposition « Pour tout x dans I, P(x) », où P(x) est une
proposition qui dépend d’un nombre réel x et I un intervalle de R consiste à écrire I comme une réunion
de parties de I deux à deux disjointes (sans aucun nombre commun) et, pour chacune de ces parties, à
démontrer par preuve directe que « Pour tout x dans cette partie, P(x) ».

Exemple(s).
n(n + 1)
Démontrer que, pour tout entier naturel n, est un entier naturel.
2
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6 Raisonnement par récurrence


La démonstration par récurrence de la proposition « Pour tout entier naturel n Ê n 0 , P(n) », où P(n)
est une proposition qui dépend d’un entier naturel n et n 0 un entier naturel est basée sur le principe
suivant, dit principe de récurrence.

Principe de récurrence
S’il existe un entier naturel n 0 tel que P(n 0 ) est vraie et, pour tout entier naturel n Ê n 0 , P(n) =⇒ P(n + 1)
est vraie, alors, pour tout entier naturel n Ê n 0 , P(n) est vraie.

6
En pratique, on présente une démonstration par récurrence de la façon suivante.

Démontrer par récurrence qu’une proposition P(n) dépendant d’un entier naturel n est
vraie pour tous les entiers naturels n supérieurs ou égaux à un entier naturel n 0 :
1. Initialisation : (il existe un entier naturel n 0 tel que P(n 0 ) est vraie)
On vérifie que P(n 0 ) est vraie.
...
2. Hérédité : (pour tout entier naturel n Ê n 0 , P(n) =⇒ P(n + 1) est vraie)
Soit un entier naturel n Ê n 0 arbitraire.
On suppose que P(n) est vraie (hypothèse de récurrence).
Sous cette hypothèse, on démontre alors que P(n + 1) est vraie.
...
3. Conclusion : (alors, pour tout entier naturel n Ê n 0 , P(n) est vraie)
Puisque P(n) est vraie au rang n 0 et héréditaire à partir du rang n 0 , d’après le principe de
récurrence, pour tout entier naturel n Ê n 0 , P(n) est vraie.

Une façon de se représenter une démonstration par récurrence est d’imaginer le nombre infini de cas
comme une rangée infinie de dominos. La chute du premier, indexé au rang n 0 , (initialisation) et le
fait que, pour tout rang n Ê n 0 , la chute du domino de rang n entraîne celle du domino de rang n + 1
(hérédité) provoqueront la chute de tous les dominos (conclusion).

Exemple(s).
Démontrer par récurrence que, pour tout entier naturel n non nul,
n(n + 1)(2n + 1)
12 + 22 + · · · + n 2 = .
6
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