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Rudiments de logique

Cours de É. Bouchet  PCSI

6 septembre 2022

Table des matières


1 Généralités et rappels 2
1.1 Propositions, négations et connecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Implication, équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Quanticateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

2 Les diérents modes de raisonnement 4


2.1 Raisonnement par disjonction des cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Raisonnement par récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2.1 Récurrence simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2.2 Récurrence double . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2.3 Récurrence forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3 Raisonnement par contraposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.4 Raisonnement par analyse-synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.5 Raisonnement par l'absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

1
1 Généralités et rappels
1.1 Propositions, négations et connecteurs
Dénition 1.1 (Proposition)
Une proposition (ou assertion) est une phrase mathématique qui est soit vraie (V) soit fausse (F).

Exemple 1. La proposition P1 :  3 > 10  est fausse.


La proposition P2 :  la fonction x 7→ x2 est positive sur R  est vraie.

Dénition 1.2 (Négation d'une proposition)


Soit P une proposition. On appelle négation de P , notée non(P ), la proposition dénie par :
 non(P ) est vraie si P est fausse,
 non(P ) est fausse si P est vraie.

P non(P )
Remarque. Cette dénition se résume par la table de vérité suivante : V F
F V
Exemple 2. non(P1 ) est  3 < 10 , ce qui est vrai.
non(P2 ) est  la fonction x 7→ x2 n'est pas positive sur R , ce qui est faux.

Dénition 1.3 (P et Q, P ou Q)
Soit P et Q deux propositions.
 la proposition (P et Q) est vraie si les phrases P et Q sont toutes les deux vraies ;
 la proposition (P ou Q) est vraie si au moins l'une des phrases P ou Q est vraie.

P Q P et Q P ou Q
V V V V
Remarque. Ces dénitions se résument par les tables de vérité suivantes : V F F V
F V F V
F F F F
Exemple 3. La proposition (P1 et P2 ) est fausse, alors que (P1 ou P2 ) est vraie.
Remarque. Attention : le  ou  mathématique dière du  ou  utilisé habituellement en français. Si un
restaurant propose  fromage ou dessert , on a rarement le droit de choisir les deux. . .

Proposition 1.4 (Négation de et/ou)


Si P et Q sont des propositions, alors :
 la négation de (P et Q) est (non(P ) ou non(Q)),
 la négation de (P ou Q) est (non(P ) et non(Q)).

Démonstration. On vérie que les tables de vérité sont les mêmes.


Exercice 4. Déterminer la négation de  on est lundi et c'est le matin .
Solution : C'est  on n'est pas lundi ou ce n'est pas le matin .

2
1.2 Implication, équivalence
Dénition 1.5 (Implication, réciproque)
Soit P et Q des propositions, on dénit la proposition (P ⇒ Q) par la table de vérité suivante :
P Q P ⇒Q
V V V
V F F
F V V
F F V
On appelle réciproque de l'implication P ⇒ Q l'implication Q ⇒ P .

Exercice 5. Soit x un réel, déterminer si les implications suivantes sont vraies ou fausses :
1. (x > 0 ⇒ x + 1 > 0),
2. (x + 1 > 0 ⇒ x > 0).
Solution :
1. Soit x un réel. On suppose que x > 0, alors x + 1 > 1 > 0. Donc (x > 0 ⇒ x + 1 > 0) est vraie.
2. Soit x = − 21 , on a x + 1 > 0, mais pas x > 0. Donc (x + 1 > 0 ⇒ x > 0) est fausse dans le cas général.
Remarque. La négation de (P ⇒ Q) est P et non(Q) .


Remarque. Attention à ne pas confondre (P ⇒ Q) et (P donc Q). Dans le premier cas, on dit que si P est vrai,
alors Q le sera aussi. Dans le second cas, on arme que P est vrai et on en déduit que Q l'est aussi.

Dénition 1.6 (Condition nécessaire ou susante)


Soit P et Q des propositions, si P ⇒ Q est vraie, on dit que :
 P est une condition susante pour avoir Q,
 Q est une condition nécessaire pour avoir P .

Dénition 1.7 (Équivalence)


Soit P et Q des propositions. On note P ⇔ Q la proposition ((P ⇒ Q) et (Q ⇒ P )).
Elle se lit  P si et seulement si Q , souvent abrégé  P ssi Q .

Remarque. Lorsque P ⇔ Q est vraie, P est une condition nécessaire et susante pour avoir Q (et inversement).
Remarque. Le raisonnement par équivalence est particulièrement utile quand on cherche à déterminer l'ensemble
des solutions d'un problème (alors qu'on raisonne par déductions quand on cherche juste à montrer quelque chose).
Exercice 6. Déterminer l'ensemble des solutions x réelles de l'équation x2 − x = 0.
Solution : Soit x un réel,
x2 − x = 0 ⇐⇒ x(x − 1) = 0 ⇐⇒ x = 0 ou x = 1.
L'ensemble des solutions de l'équation est donc {0, 1}.

1.3 Quanticateurs
Dénition 1.8 (∀,∃)
On écrit ∀x, P (x) quand la propriété P est vraie pour tout objet mathématique x.
On écrit ∃x, P (x) quand il existe au moins un x pour lequel la propriété P est vraie.
On écrit ∃!x, P (x) quand il existe exactement un x pour lequel la propriété P est vraie.

3
Remarque. Les symboles ∀ et ∃ ne sont en aucun cas des abréviations. Ils ne doivent jamais être utilisés dans
une phrase en français pour remplacer  pour tout  ou  il existe .
Exemple 7. ∀x ∈ R, x2 6= −1 car le carré d'un réel est toujours positif.
Par contre, ∃z ∈ C tel que z 2 = −1 car par exemple i2 = −1.
1
Exercice 8. Montrer que : ∃x ∈ R tel que x2 > 3 et 6 0, 1.
x
Solution : x = 10 convient, car 100 > 3 et 0, 1 6 0, 1.
Remarque. On peut permuter les quanticateurs ∀ entre eux et les quanticateurs ∃ entre eux. Dans le cas
général, il est cependant interdit de permuter un ∀ et un ∃.

Exemple 9. ∀y ∈ R+ , ∃x ∈ R tel que x2 = y est une assertion vraie : pour tout y ∈ R+ , x = y convient.
∃x ∈ R tel que ∀y ∈ R+ , x2 = y est une assertion fausse par contre : il faudrait que ce soit le même réel x qui, mis
au carré, vaille plusieurs valeurs de y diérentes, c'est impossible.

Proposition 1.9 (Négation des quanticateurs)


Soit E un ensemble, on a :
non(∀x ∈ E, P (x)) ⇐⇒ ∃x ∈ E, non(P (x)),
et
non(∃x ∈ E, P (x)) ⇐⇒ ∀x ∈ E, non(P (x)).

Démonstration. On vérie que les tables de vérité sont les mêmes.


Exercice 10. On considère la fonction f dénie de R dans R par : ∀x ∈ R, f (x) = x2 − 9x + 20. Montrer que f
n'est pas une fonction positive.
Solution :  la fonction f est une fonction positive  s'écrit : ∀x ∈ R, f (x) > 0. En passant à la négation,  la
fonction f n'est pas une fonction positive  s'écrit donc : ∃x ∈ R tel que f (x) < 0. Or, on trouve par calcul :
 
9 81 81 81 − 162 + 80 1
f (4, 5) = f = − + 20 = = − < 0.
2 4 2 4 4

Donc la fonction f n'est pas positive.

2 Les diérents modes de raisonnement


2.1 Raisonnement par disjonction des cas
Dénition 2.1 (Principe du raisonnement par disjonction de cas)
Raisonner par disjonction de cas pour démontrer une propriété P consiste en la décomposer en un nombre
ni de cas vériés séparément.

Exercice 11. Montrer que ∀n ∈ N, est un entier.


n(n+1)
2
Solution : Soit n ∈ N,
 Si n est pair, alors ∃k ∈ N tel que n = 2k. Donc n(n+1)
2 = k(2k + 1), qui est bien un entier.
 Si n est pair, alors ∃k ∈ N tel que n = 2k + 1. Donc 2 = (2k+1)(2k+2)
n(n+1)
2 = (2k + 1)(k + 1), qui est bien
un entier.
Donc ∀n ∈ N, n(n+1)
2 est un entier.
x + y + |x − y|
Exercice 12. Soit x et y deux réels xés. Montrer que max(x, y) = .
2
Solution :

4
x + y + |x − y| x+y+x−y
 Si x > y , alors max(x, y) = x et |x − y| = x − y . Donc = = x = max(x, y).
2 2
x + y + |x − y| x+y+y−x
 Si x < y , alors max(x, y) = y et |x − y| = y − x. Donc = = y = max(x, y).
2 2
x + y + |x − y|
Comme x > y et x < y couvrent toutes les valeurs possibles de x et y , ∀(x, y) ∈ R2 , max(x, y) = .
2

2.2 Raisonnement par récurrence


2.2.1 Récurrence simple
Proposition 2.2 (Principe de récurrence)
Soit n un entier, et P (n) une propriété dépendant de n. Si P (n0 ) est vraie (initialisation) et si ∀n > n0 ,
P (n) ⇒ P (n + 1) (hérédité) alors P (n) est vraie pour tout entier n > n0 .

Démonstration. Admis.
n(n + 1)
Exercice 13. Montrer que pour tout entier n ∈ N, on a 0 + 1 + 2 + . . . + n = .
2
n(n + 1)
Solution : Soit n ∈ N. On pose P (n) :  0 + 1 + 2 + . . . + n = .
2
0×1
 Initialisation : 0 = donc P (0) est vraie.
2
 Soit n ∈ N, on suppose que P (n) est vraie. Alors :
n(n + 1) n  (n + 1)(n + 2)
0 + 1 + 2 + ... + n + n + 1 = + n + 1 = (n + 1) +1 = .
2 2 2
Donc P (n + 1) est vraie.
n(n + 1)
Donc ∀n ∈ N, 0 + 1 + 2 + . . . + n = .
2

2.2.2 Récurrence double


Proposition 2.3 (Récurrence double)
Soit n un entier, et P (n) une propriété dépendant de n. Si P (n0 ) et P (n0 + 1) sont vraies (initialisation) et
si ∀n > n0 , (P (n) et P (n + 1)) ⇒ P (n + 2) (hérédité) alors P (n) est vraie pour tout entier n > n0 .

Démonstration. On se ramène à une preuve par récurrence simple.


Exercice 14. Déterminer le terme général de la suite (un )n∈N dénie par u0 = 1, u1 = 3 et pour tout n ∈ N,
un+2 = 2un+1 + 3un .
Solution : On remarque que u2 = 9, u3 = 27. On conjecture alors que pour tout n ∈ N, un = 3n .
Soit n ∈ N. On pose P (n) :  un = 3n .
 On a u0 = 30 donc P (0) est vraie, et u1 = 31 donc P (1) est vraie.
 Soit n ∈ N, on suppose que P (n) et P (n + 1) sont vraies. Alors :

un+2 = 2un+1 + 3un = 2 · 3n+1 + 3 · 3n = 3n (6 + 3) = 3n+2 .

Donc P (n + 2) est vraie.


On conclut que : ∀n ∈ N, un = 3n .

5
2.2.3 Récurrence forte
Proposition 2.4 (Récurrence forte)
Soit n un entier, et P (n) une propriété dépendant de n. Si P (n0 ) est vraie (initialisation) et si ∀n > n0 ,
(∀k ∈ [[n0 , n]], P (k)) ⇒ P (n + 1) (hérédité) alors P (n) est vraie pour tout entier n > n0 .

Démonstration. On se ramène à une preuve par récurrence simple.


Exercice 15. Déterminer le terme général de la suite (un )n∈N dénie par : u0 = 1 et pour tout entier n > 0,
1
un+1 = (u0 + u1 + · · · + un ).
n+1
Solution : On remarque que u1 = 1, puis que u2 = 1. On conjecture alors que pour tout n ∈ N, un = 1.
Soit n ∈ N. On pose P (n) :  un = 1 .
 On a u0 = 1 donc P (0) est vraie.
 Soit n ∈ N, on suppose que ∀k ∈ [[0, n]], P (k) est vraie. Alors :
1 1 n+1
un+1 = (u0 + u1 + · · · + un ) = (1 + 1 + · · · + 1) = = 1.
n+1 n+1 n+1
Donc P (n + 1) est vraie.
Donc ∀n ∈ N, un = 1.

2.3 Raisonnement par contraposition


Dénition 2.5 (Contraposée)
Soit P et Q deux propositions. La contraposée de l'implication P ⇒ Q est l'implication non(Q) ⇒ non(P ).

Exemple 16. La contraposée de  si on est en hiver, le professeur porte des chaussettes  est  si le professeur
ne porte pas de chaussettes, on n'est pas en hiver .

Proposition 2.6 (Principe du raisonnement par contraposition)


Soit P et Q deux propositions, on a alors :

(P ⇒ Q) ⇐⇒ (non(Q) ⇒ non(P )) .

Il sut de vérier que P ⇒ Q et non(Q) ⇒ non(P ) ont les mêmes tables de vérité.
 
Démonstration.

Exercice 17. Montrer que pour tout entier n ∈ Z, (n2 est pair) ⇒ (n est pair).
Solution : Soit n ∈ Z. On suppose qu'il est impair. Alors il existe k ∈ Z tel que n = 2k + 1. Ce qui donne :

n2 = (2k + 1)2 = 4k 2 + 4k + 1 = 2(2k 2 + 2k) + 1.

Comme k est entier, 2k2 + 2k ∈ Z, on en déduit que n2 est impair. D'où (n est impair) ⇒ (n2 est impair).
Par contraposition, on obtient (n2 est pair) ⇒ (n est pair).

6
2.4 Raisonnement par analyse-synthèse
Dénition 2.7 (Principe du raisonnement par analyse-synthèse)
Le raisonnement par analyse-synthèse sert à déterminer l'ensemble des solutions d'un problème. Il se rédige
en deux étapes :
 L'analyse : correspond au sens direct d'un raisonnement par équivalences. On étudie une solution,
en supposant son existence. Le but est d'obtenir un maximum d'informations à son sujet, pour se
ramener à un nombre limité de candidats.
 La synthèse : correspond à la réciproque d'un raisonnement par équivalences. On étudie séparément
chacun des candidats de l'analyse pour vérier s'ils sont solution ou non du problème.

Remarque. L'analyse permet de déterminer des conditions nécessaires à la résolution du problème, la synthèse
permet ensuite de vérier si ces conditions sont susantes.
Remarque. Le plus souvent, on raisonne par analyse-synthèse quand on cherche toutes les solutions d'un problème
mais qu'un raisonnement par équivalences est impossible (ou compliqué).

Exercice 18. Déterminer les solutions réelles x de l'équation (E) : 6 + x = x.
Solution : Première méthode : par analyse-synthèse. √
 Analyse : on suppose que (E) admet une solution x ∈ R. Alors 6 + x = x. En passant au carré, on trouve
6 + x = x2 , et donc x2 − x − 6 = 0, dont le discriminant vaut ∆ = 1 + 24 = 25 > 0. Donc x = 1+5
2 = 3 ou
x = 1−5
2 = −2 .
 Synthèse
√ : √
 √6 + 3 = √9 = 3, donc x = 3 est une solution de (E).
 6 − 2 = 4 = 2 6= −2, donc x = −2 n'est pas une solution de (E).
Ainsi, l'équation (E) admet x = 3 pour unique solution.

Deuxième méthode : par équivalences. Soit x ∈ R,


√ √
6 + x = x ⇐⇒ 6 + x = x et x > 0 ⇐⇒ 6 + x = x2 et x > 0 ⇐⇒ (x = −2 ou x = 3) et x > 0 ⇐⇒ x = 3.

En eet, une racine est toujours positive. Donc x = 3 est l'unique solution de l'équation.
Exercice 19. Déterminer l'ensemble des fonctions de R dans R telles que :
∀x ∈ R, ∀y ∈ R, f (x + y) − f (x − y) = 4xy.

Solution :
 Analyse : On suppose que f est une fonction de R dans R qui vérie la relation. Alors en particulier, pour
x ∈ R et y = x :
f (2x) − f (0) = 4x2 = (2x)2 .
Donc pour tout z ∈ R, (z = 2x, qui parcourt bien l'ensemble des réels), f (z) = f (0) + z 2 .
 Synthèse : Soit C ∈ R une constante xée et f la fonction dénie sur R par f (z) = C + z 2 .

∀x ∈ R, ∀y ∈ R, f (x + y) − f (x − y) = (x + y)2 + C − (x − y)2 − C = 4xy.

Donc f est bien solution du problème.


Les solutions du problème sont les fonctions f de R dans R pour lesquelles il existe C ∈ R tel que ∀z ∈ R,
f (z) = C + z 2 .

Variante : dans l'analyse, on pouvait aussi faire apparaître un taux d'accroissement pour montrer f 0 (x) = 2x et en
déduire f par calcul de primitive.

7
2.5 Raisonnement par l'absurde
Proposition 2.8 (Principe du raisonnement par l'absurde)
Soit P une proposition. Si en supposant que P est fausse, on déduit une contradiction, alors P est vraie.

Démonstration. C'est une variante du raisonnement par contraposition.


1
Exercice 20. On considère la suite (un )n∈N dénie par u0 = 1 et pour tout n > 0, un+1 = un + , dont on
un
admet qu'elle est bien dénie et à valeurs strictement positives. Montrer qu'elle diverge.
Solution : On suppose que la suite (un ) converge vers ` ∈ R. Alors la suite (un+1 ) converge aussi vers `. Or ∀n ∈ N,
1
un+1 = un + . En passant à la limite dans cette égalité, on trouve :
un
 Si ` 6= 0, alors ` = ` + 1` , donc 1` = 0 : absurde.
 Si ` = 0, comme la suite (un ) est positive, alors ( u1n ) diverge vers +∞. Le passage à la limite donne donc
` = +∞ : absurde.
Donc la suite (un ) diverge.

8
Ensembles
Cours de É. Bouchet  PCSI

13 septembre 2022

Table des matières


1 Généralités sur les ensembles 2
1.1 Dénitions et notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Inclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Ensemble des parties de E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Produit cartésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2 Opérations sur les ensembles 3
2.1 Complémentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Intersection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3 Réunion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.4 Propriétés de l'intersection et la réunion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.5 Partitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3 Ensembles usuels 7
3.1 Quelques rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.2 Applications à l'arithmétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.3 Ensemble des nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1
1 Généralités sur les ensembles
1.1 Dénitions et notations
Dénition 1.1 (Ensemble)
Un ensemble E est un groupement d'objets distincts, appelés éléments de l'ensemble.
Si x est un élément de E, on note x ∈ E.
Il existe un ensemble qui n'a pas d'éléments, il est unique, c'est l'ensemble vide, noté ∅.
Remarque. Deux familles d'ensembles sont d'intérêt particulier :
 Les ensembles nis, qui ont un nombre d'éléments ni. On appelle cardinal ce nombre.
 Les ensembles dénombrables, dont on peut numéroter les éléments.
Exemple 1. Parmi les ensembles usuels,
 [[0, n]] est l'ensemble des entiers compris entre 0 et n. C'est un ensemble ni de cardinal (n + 1).
 N, N , Z, N , Q sont des ensembles dénombrables.
∗ 2

 R n'est ni dénombrable, ni ni, car on ne peut pas numéroter ses éléments.


Remarque. Pour décrire ou lister les éléments d'un ensemble, on utilise souvent des notations du type :
{éléments considérés|condition à vérier}.

Exercice 2. Écrire avec des accolades les ensembles suivants :


1. L'ensemble A des réels x qui vérient x + e = 12.
2 x

2. L'ensemble B des entiers naturels du type 3m + n où (m, n) ∈ N .


2 3 2

3. Soit n ∈ N . L'ensemble C des fractions de numérateur entier compris entre 1 et n et de dénominateur n.


Solution : 
1. A = x ∈ R|x + e = 12 . 
2 x

2. B = 3m + n |(m,n) ∈ N = p ∈ N|∃(m, n) ∈ N tels que p = 3m + n .


2 3 2 2 2 3

3. C = nk k ∈ [[1, n]] .
1.2 Inclusion
Dénition 1.2 (Inclusion, égalité)
Soient A et B deux ensembles.
 On dit que A est inclus dans B si tout élément de A est aussi un élément de B. On note alors A ⊂ B.
On dit aussi que A est une partie (ou un sous-ensemble) de B.
 On dit que A et B sont égaux si A ⊂ B et B ⊂ A. On note alors A = B.
Exemple 3. Représentation graphique de A ⊂ B :
B A

Remarque. Cela donne en termes de quanticateurs :


 A ⊂ B ⇐⇒ ∀x ∈ A, x ∈ B.
 A 6⊂ B ⇐⇒ ∃x ∈ A tel que x 6∈ B.
Exercice 4. Montrer que R = {x ∈ R|∀y > 0, x 6 y}.
Solution :

 Soit x ∈ R . Alors ∀y > 0, x 6 0 < y, donc x ∈ {x ∈ R|∀y > 0, x 6 y}. Donc R


− − ⊂ {x ∈ R|∀y > 0, x 6 y} .
2
 Soit x ∈ {x ∈ R|∀y > 0, x 6 y}. Alors ∀y > 0, x 6 y. En faisant tendre y vers 0, l'inégalité devient x 6 0.
Donc x ∈ R . Donc {x ∈ R|∀y > 0, x 6 y} ⊂ R .
On en déduit par double inclusion que R = {x ∈ R|∀y > 0, x 6 y}.
− −

Proposition 1.3 (Transitivité de l'inclusion)


Soit A, B et D trois ensembles,
(A ⊂ B et B ⊂ D) =⇒ (A ⊂ D) .

Supposons que A ⊂ B et B ⊂ D. Soit x ∈ A. Comme A ⊂ B, alors x ∈ B. Et comme B ⊂ D, on


a aussi x ∈ D. Donc pour tout x ∈ A, on a aussi x ∈ D. Ce qui implique que A ⊂ D.
Démonstration.

1.3 Ensemble des parties de E


Dénition 1.4 (Ensemble des parties)
Soit E un ensemble. L'ensemble des sous-ensembles de E est appelé ensemble des parties de E, et est
noté P(E).
Remarque. Soit A un ensemble. La dénition donne directement l'équivalence A ∈ P(E) ⇔ A ⊂ E.
Remarque. Attention aux objets manipulés : On écrit 3 ∈ R, {3} ⊂ R et {3} ∈ P (R).
Exercice 5. Soit E = {1, 2, 3, 4}. Déterminer P (E).
Solution n: o
P(E) = ∅, {1}, {2}, {3}, {4}, {1, 2}, {1, 3}, {1, 4}, {2, 3}, {2, 4}, {3, 4}, {1, 2, 3}, {1, 2, 4}, {1, 3, 4}, {2, 3, 4}, {1, 2, 3, 4} .

1.4 Produit cartésien


Dénition 1.5 (Produit cartésien)
Soit E et F deux ensembles. On appelle produit cartésien de E par F , noté E × F , l'ensemble des couples
ordonnés (x, y) où x ∈ E et y ∈ F .
Remarque. On a donc :
 E × F = {(x, y)|x ∈ E et y ∈ F }.
 u ∈ E × F ⇐⇒ ∃x ∈ E, ∃y ∈ F tels que u = (x, y).
Exemple 6. R × R = R est l'ensemble des couples de réels.
2

Remarque. On peut généraliser le produit cartésien à plus de deux ensembles : soit (A ) une famille de
sous-ensembles de E,
i i∈N

n
Y
Ai = A1 × A2 × · · · × An = {(x1 , x2 , . . . , xn ) |∀i ∈ [[1, n]], xi ∈ Ai }.
i=1

2 Opérations sur les ensembles


2.1 Complémentaire
Dénition 2.1 (Complémentaire)
Soit E et A deux ensembles, tels que A ⊂ E. On appelle complémentaire de A dans E l'ensemble des
éléments de E qui ne sont pas dans A. On note
A = {x ∈ E|x 6∈ A}.

3
Remarque. Les notations E \ A ou Ac peuvent également être utilisées.
Exemple 7. Représentation graphique du complémentaire d'un ensemble A dans un ensemble E :
E
A
A

Remarque. En termes de quanticateurs, on a : soit x ∈ E,


 x ∈ A ⇐⇒ x 6∈ A.
 x 6∈ A ⇐⇒ x ∈ A.
Remarque. On a également les relations suivantes :
 E = ∅ et ∅ = E.
 A = A.
 A ⊂ B ⇐⇒ B ⊂ A.
2.2 Intersection
Dénition 2.2 (Intersection, diérence)
Soit A et B deux ensembles.
 On appelle intersection de A et B et on note A ∩ B l'ensemble des éléments qui sont à la fois dans
A et dans B .
 On appelle diérence de A et B et on note A \ B ou A ∩ B l'ensemble des éléments de A qui ne
sont pas dans B.
Exemple 8. Représentation graphique :
A A\B A∩B B

Exercice 9. On lance un dé trois fois de suite. Soit i ∈ [[1, 3]], on pose S = { au i-ème lancer, on tombe sur 6 }. À
l'aide des S , déterminer les ensembles A = { les trois lancers donnent 6 } et B = { aucun des lancers ne donne 6 }.
i

Solution : On a A = S ∩ S ∩ S et B = S ∩ S ∩ S .
i
1 2 3 1 2 3

Remarque. On peut généraliser l'intersection à plus de deux ensembles : soit (A ) une famille de sous-
ensembles de E,
i i∈N∗

A = {x ∈ E|∀i ∈ [[1, n]], x ∈ A } et


n\ +∞
\

i i A = {x ∈ E|∀i ∈ N , x ∈ A }.
i i
i=1 i=1

Proposition 2.3 (Propriétés de l'intersection)


Soit A, B et D trois ensembles,
 A ∩ B ⊂ A et A ∩ B ⊂ B,
 Si A ⊂ B, alors A ∩ B = A,
 A ∩ (B ∩ D) = (A ∩ B) ∩ D = A ∩ B ∩ D.

 ∀x ∈ A ∩ B, x ∈ A. Donc A ∩ B ⊂ A. De même, A ∩ B ⊂ B.
Démonstration.

 On suppose que A ⊂ B. On sait déjà que A ∩ B ⊂ A. Réciproquement, soit x ∈ A. Comme A ⊂ B, alors


x ∈ B , donc x ∈ A ∩ B , et A ⊂ A ∩ B . Par double inclusion, on obtient bien A ∩ B = A.
 Les ensembles du troisième résultat sont tous égaux à {x tel que x ∈ A, x ∈ B et x ∈ D}, et donc égaux.

4
2.3 Réunion
Dénition 2.4 (Réunion)
Soit A et B deux ensembles, on appelle réunion de A et B, notée A∪B, l'ensemble des éléments appartenant
à A ou à B.
Exemple 10. Représentation graphique :
A A∪B B

Exercice 11. On lance un dé trois fois de suite. Soit i ∈ [[1, 3]], on pose Si = { au i-ème lancer, on tombe sur 6 }. À
l'aide des S , déterminer les ensembles C = { au moins un lancer donne 6 } et D = { au plus deux lancers donnent 6 }.
Solution : On a C = S ∪ S ∪ S et D = S ∪ S ∪ S .
i
1 2 3 1 2 3

Remarque. On peut généraliser la réunion à plus de deux ensembles : soit (A ) une famille de sous-ensembles
de E,
i i∈N∗

A = {x ∈ E|∃i ∈ [[1, n]], x ∈ A } et


n[ [ +∞

i i A = {x ∈ E|∃i ∈ N , x ∈ A }.
i i
i=1 i=1

Proposition 2.5 (Propriétés de la réunion)


Soit A, B et D trois ensembles,
 A ⊂ A ∪ B et B ⊂ A ∪ B,
 Si A ⊂ B, alors A ∪ B = B,
 A ∪ (B ∪ D) = (A ∪ B) ∪ D = A ∪ B ∪ D.

 Soit x ∈ A, alors x ∈ A ∪ B, donc A ⊂ A ∪ B. De même, B ⊂ A ∪ B.


Démonstration.

 On suppose que A ⊂ B. On sait déjà que B ⊂ A ∪ B. Soit x ∈ A ∪ B. Alors x ∈ B ou x ∈ A. Si x ∈ A,


x ∈ B car A ⊂ B . Donc x ∈ B , et A ∪ B ⊂ B .
 Les ensembles du troisième résultat sont tous égaux à {x tel que x ∈ A ou x ∈ B ou x ∈ D}, et donc égaux.
2.4 Propriétés de l'intersection et la réunion
Proposition 2.6 (Distributivité)
Soit A, B, D des ensembles,
A ∪ (B ∩ D) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ D) et A ∩ (B ∪ D) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ D) .

On montre la première identité, la deuxième se montre de façon analogue.


 Soit x ∈ A ∪ (B ∩ D). Alors x ∈ A ou x ∈ B ∩ D.
Démonstration.

 Si x ∈ A, alors x ∈ (A ∪ B) ∩ (A ∪ D).
 Si x ∈ B ∩ D, alors x ∈ B et x ∈ D.
Donc x ∈ (A ∪ B) ∩ (A ∪ D).
Donc A ∪ (B ∩ D) ⊂ (A ∪ B) ∩ (A ∪ D).
 Réciproquement, soit x ∈ (A ∪ B) ∩ (A ∪ D).
Alors x ∈ A ∪ B et x ∈ A ∪ D.
 Si x ∈ A, alors x ∈ A ∪ (B ∩ D).
5
 Si x ∈/ A, alors x ∈ B et x ∈ D.
Donc x ∈ B ∩ D et x ∈ A ∪ (B ∩ D).
Donc (A ∪ B) ∩ (A ∪ D) ⊂ A ∪ (B ∩ D).
Par double inclusion, on obtient A ∪ (B ∩ D) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ D).
Exercice 12. Soit E un ensemble et X et Y deux sous-ensembles de E . Simplier l'expression (X ∩ Y ) ∪ (X ∩ Y ).
Solution :
(X ∩ Y ) ∪ (X ∩ Y ) = X ∪ (Y ∩ Y ) = X ∪ ∅ = X.

Proposition 2.7 (Passage au complémentaire)


Soit A, B des ensembles,
A∩B =A∪B et A ∪ B = A ∩ B.

On montre la première identité, la deuxième se montre de façon analogue. On commence par


remarquer que :
Démonstration.

x ∈ A ∩ B ⇐⇒ x ∈ / A ∩ B ⇐⇒ x ∈ / A ou x ∈/ B ⇐⇒ x ∈ A ∪ B.
Les implications de gauche à droite donnent A ∩ B ⊂ A ∪ B et les réciproques donnent A ∪ B ⊂ A ∩ B. Donc par
double inclusion, A ∩ B = A ∪ B.
2.5 Partitions
Dénition 2.8 (Ensembles disjoints)
Soit A et B deux ensembles. On dit que A et B sont disjoints lorsque A ∩ B = ∅.
Dénition 2.9 (Ensembles deux à deux disjoints)
Soit A , A , ..., A des ensembles. On dit qu'ils sont deux à deux disjoints lorsque ∀i 6= j, A ∩ A = ∅.
1 2 n i j

Dénition 2.10 (Partition)


Soit E un ensemble et A , A , ... A des sous-ensembles de E. On dit que les A forment une partition
1 2 n i

ou un recouvrement disjoint de E lorsqu'ils sont deux à deux disjoints et qu'on a E = [ A .


n
i
i=1

Remarque. Cette notion sera très utile pour les chapitres de dénombrement et de probabilités.
Exemple 13. Si A est un sous-ensemble de E , alors (A, A) est une partition de E .
Exemple 14. [0, 1[, [1, 2[ et {2} forment une partition de [0, 2].

6
3 Ensembles usuels
3.1 Quelques rappels
Dénition 3.1 (Ensembles usuels)
On appelle ensemble des entiers naturels, l'ensemble N = {0, 1, 2, . . . }.
On appelle ensemble des entiers relatifs l'ensemble Z constituédes entiers naturels et de leurs opposés.
On appelle ensemble des nombres décimaux l'ensemble D = p ∈ Z, n ∈ N , c'est-à-dire l'ensemble
p

des nombres ayant un nombre ni de chires après la virgule. n 10n

On appelle ensemble des nombres rationnels l'ensemble Q = p ∈ Z, q ∈ N et ensemble des nombres


o
p ∗

irrationnels l'ensemble R \ Q.
q

Remarque. On a N ⊂ Z ⊂ D ⊂ Q ⊂ R et ces inclusions sont strictes.


3.2 Applications à l'arithmétique
Dénition 3.2 (Multiple, diviseur)
Soient (a, b) ∈ Z . On dit que a divise b ou que a est un diviseur de b ou que b est un multiple de a s'il
2

existe un entier k ∈ Z pour lequel b = ak.


Remarque. Si a ∈ Z, les multiples de a sont l'ensemble aZ = {ak|k ∈ Z}.
Proposition 3.3 (Diviseur d'une combinaison linéaire)
Soient (a, b, d, λ, µ) ∈ Z . Si d divise a et b, alors d divise λa + µb.
5

On suppose que d divise a et b, donc il existe des entiers k et k tels que a = kd et b = k d. On en


0 0

déduit :
Démonstration.

λa + µb = d(λk + µk 0 ).
Or λk + µk est un entier. Donc d divise λa + µb.
0

Proposition 3.4 (Théorème de division euclidienne)


Soient a ∈ Z et b ∈ N . Il existe un unique couple (q, r) ∈ Z × N pour lequel a = bq + r et 0 6 r < b.

On appelle a le dividende de la division euclidienne, b son diviseur, q son quotient et r son reste.
Remarque. Il est important de remarquer que ce théorème donne à la fois l'existence et l'unicité.
On commence par la preuve de l'existence. Soit D = N ∩ {a − bk|k ∈ Z}. C'est une partie non vide
de N (si a > 0, a ∈ D, si a 6 0, comme b > 1, on trouve ab 6 a et donc a − ba ∈ D), D admet donc un plus petit
Démonstration.

élément que l'on note r. Par dénition de D, il existe donc un entier q ∈ Z tel que r = a − bq, et donc a = bq + r.
Reste à vérier les hypothèses sur r. On a r > 0 puisque r ∈ D. Supposons que r > b. Alors, r − b > 0, donc
r − b ∈ D, ce qui est impossible puisque r est le plus petit élément de D. Donc r < b.
Montrons maintenant l'unicité. Soit (q, r) ∈ Z × N et (q , r ) ∈ Z × N deux couples qui satisfont aux conditions.
0 0

Alors bq + r = a = bq + r , donc :
0 0

b(q − q 0 ) = r0 − r.
Par ailleurs, 0 6 r < b et 0 6 r < b, donc −b < r − r < b. On en déduit que |r − r| < b, et donc b |q − q | < b.
0 0 0 0

En divisant par b > 0, on obtient |q − q | < 1. Puisque q − q ∈ Z, on en déduit que q − q = 0. Donc q = q , d'où
0 0 0 0

r − r = 0 et r = r . Cela permet de conclure que la décomposition est unique.


0 0

7
Exemple 15. Pour déterminer la division euclidienne dans un cas concret, il sut de la poser :
264 5
14 52
4

Ici, on a donc 264 = 52 × 5 + 4, avec 0 6 4 < 5.


Dénition 3.5 (PCGD)
Soit (a, b) ∈ Z \ {(0, 0)}. Soit D l'ensemble des diviseurs qui sont communs à a et b. On appelle PGCD
2

(plus grand commun diviseur) de a et b le plus grand élément de D, pour l'ordre naturel de Z.
L'ensemble D est un ensemble d'entiers non vide (il contient 1) et majoré (par |a| ou |b|), il contient
donc bien un plus grand élément.
Démonstration.

Exemple 16. Les diviseurs communs à 12 et à 18 sont ±1, ±2, ±3, ±6, donc le PCGD de 12 et 18 vaut 6.
Proposition 3.6 (PGCD d'un entier et de 0)
Soit a ∈ Z , alors le PGCD de a et 0 vaut |a|.

|a| est le plus grand diviseur de a. Comme tous les diviseurs de a divisent aussi 0, on en déduit le
résultat annoncé.
Démonstration.

Proposition 3.7 (PGCD et division euclidienne)


Soit (a, b) ∈ Z × N , et soit r le reste de la division euclidienne de a par b. Alors le PGCD de a et b et le

PGCD de b et r sont égaux.


On pose D l'ensemble des diviseurs communs à a et b, D celui des diviseurs communs à b et r.
 Soit d ∈ D Alors, d divise b et divise a − bq = r. Donc d ∈ D . Donc D ⊂ D .
Démonstration. 1 2

 Soit d ∈ D . Alors d divise b et divise bq + r = a. Donc d ∈ D . Donc D ⊂ D .


1 2 1 2

Donc D = D . Donc ils ont les mêmes plus grands éléments. Donc le PGCD de a et b et le PGCD de b et r sont
2 1 2 1

égaux.
1 2

Remarque. Cette proposition est à la base de l'algorithme d'Euclide : on eectue des divisions euclidiennes
successives jusqu'à obtenir un reste nul. Le PGCD recherché correspondra donc au dernier reste non nul.
Exercice 17. En utilisant l'algorithme d'Euclide, déterminer le PGCD de 12 et 18.
Solution : On procède par divisions euclidiennes successives :
18 = 12 × 1 + 6
12 = 6 × 2 + 0

On retrouve donc bien que le PGCD vaut 6 (le dernier reste non nul), beaucoup plus vite qu'en listant tous les
diviseurs.
Dénition 3.8 (PPCM)
Soit (a, b) ∈ (Z ) . Soit D l'ensemble des multiples strictement positifs qui sont communs à a et b. On
∗ 2

appelle PPCM (plus petit commun multiple) de a et b le plus petit élément de D, pour l'ordre naturel de
Z.

8
L'ensemble D est un ensemble d'entiers non vide (il contient |ab|) et minoré (par 0), il contient
donc bien un plus petit élément.
Démonstration.

Exemple 18. On cherche les multiples strictement positifs communs à 12 et 18. Ceux de 12 sont 12, 24, 36, 48...
Ceux de 18 sont 18, 36, 54... Le PPCM de 12 et 18 est donc 36.
3.3 Ensemble des nombres premiers
Dénition 3.9 (Nombre premier)
Soit p ∈ N. On dit que p est un nombre premier si p 6= 1 et si ses seuls diviseurs positifs sont 1 et p.
Remarque. Le crible d'Ératosthène permet d'obtenir facilement les valeurs des petits nombres premiers : 2, 3, 5,
7, 11, 13, 17, 19...
Proposition 3.10 (Décomposition en produit de facteurs premiers)
Tout entier naturel non nul se décompose de manière unique (à l'ordre des facteurs près) comme produit de
nombre premiers.
Démonstration. Hors-programme (l'existence se ferait par récurrence forte).
Remarque. Cette décomposition en produit de facteurs premiers fournit aussi une autre méthode de calcul pour
le PGCD ou le PPCM de deux entiers a et b :
 la décomposition en facteurs premiers du PGCD de a et b est constituée des facteurs qui apparaissent à la
fois dans a et dans b, chacun aecté du plus petit exposant qui apparaît dans une des décompositions.
 la décomposition en facteurs premiers du PPCM de a et b est constituée des facteurs qui apparaissent dans
a ou dans b, chacun aecté du plus grand exposant qui apparaît dans une des décompositions.

Exercice 19. En utilisant une décomposition en facteurs premiers, déterminer le PGCD et le PPCM de 12 et 18.
Solution : On a 12 = 2 × 2 × 3 = 2 × 3 et 18 = 2 × 3 × 3 = 2 × 3 . Donc le PGCD vaut 2 × 3 = 6 et le PPCM
2 2

2 × 3 = 36.
2 2

Proposition 3.11 (Ensemble des nombres premiers)


L'ensemble des nombres premiers est inni.
Supposons que l'ensemble des nombres premiers est ni à n ∈ N éléments. On peut alors noter

p , p , ..., p la liste complète des nombres premiers classée par ordre croissant.
Démonstration.

On pose N = p × p × . . . × p + 1. N > p , donc N n'est pas un nombre premier. Donc ∃k ∈ [[1, n]] tel que p
1 2 n

divise N . Or p divise aussi p × p × . . . × p , donc p divise N − p × p × . . . × p = 1. Absurde, car 1 n'admet


1 2 n n k

pas de diviseur premier.


k 1 2 n k 1 2 n

L'ensemble des nombres premiers est donc inni.

9
Sommes et produits
Cours de É. Bouchet  PCSI

16 septembre 2021

Table des matières


1 Sommes 2
1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Premiers calculs de sommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Changements d'indices et regroupements de termes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Télescopages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.5 Sommes et puissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.6 Sommes doubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

2 Produits 8
2.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Factorielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

3 Coecient binomiaux 9
3.1 Premiers calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.2 Propriétés et formules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1
1 Sommes
1.1 Généralités

Dénition (Somme).
n
Soit (p, n) ∈ tels que p 6 n et u une suite de réels, on note up + up+1 + · · · + un = ui .
X
N2
i=p

n
Remarque. La somme ui contient n − p + 1 termes.
X

i=p

n
Remarque. Dans le cas où p > n, on pose ui = 0 par convention.
X

i=p

Dénition (Indice, bornes).


n
Dans la somme ui , i s'appelle l'indice, p et n sont les bornes de la somme.
X

i=p

n n
Remarque. L'indice d'une somme est dit muet, ce qui signie que l'on peut écrire : uj .
X X
ui =
i=p j=p

Remarque. On peut rencontrer d'autres notations, comme uk ou uk avec A un sous-ensemble ni de


X X

06k6n k∈A
N. On a par exemple :
n
X X X
uk = uk = uk .
k=0 06k6n k∈[[0,n]]

Exemple 1. Soit n ∈ N. On peut écrire :


n
X n
X n
X
1 + 1 + 1 + ... + 1 = 1, a + a + a + ... + a = a, 2 + 4 + 6 + . . . + 2n = 2i,
| {z } | {z }
n termes i=1 n termes i=1 i=1

n
X 1006
X
1 + 3 + 5 + . . . + (2n + 1) = (2i + 1), 1 + 3 + 5 + . . . + 2013 = (2i + 1).
i=0 i=0

1.2 Premiers calculs de sommes

Proposition (Somme des premiers entiers).


Soit n ∈ N,
n n
X n(n + 1) X n(n + 1)(2n + 1)
k= , k2 = .
2 6
k=0 k=0

n n
n(n + 1) n(n + 1)(2n + 1)
Soit n ∈ N. On pose P (n) :  et .
X X
Démonstration. k= k2 =
2 6
k=0 k=0

2
0 0
0×1 0×1×1
 et donc P (0) est vraie.
X X
k=0= k2 = 0 =
2 6
k=0 k=0
 Soit n ∈ N un entier naturel xé. Supposons que P (n) est vraie. Alors :
n+1 n
X X n(n + 1) n  (n + 1)(n + 2)
k= k+n+1= + n + 1 = (n + 1) +1 = .
2 2 2
k=0 k=0

De plus,
n+1 n  
X
2
X
2 n(n + 1)(2n + 1)
2 n(2n + 1)
k = k + (n + 1) = + (n + 1)2 = (n + 1) +n+1 .
6 6
k=0 k=0

Or
n(2n + 1) 2n2 + 7n + 6 (n + 2)(2(n + 1) + 1)
+n+1= = .
6 6 6
Donc P (n + 1) est vraie.
On a donc montré le résultat annoncé.
Remarque. Ces formules restent vraies en faisant partir les sommes de 1, puisque les termes en 0 sont nuls.
Proposition (Linéarité de la somme).
Soit (n, p) ∈ N2 et x, y des suites de réels. Alors
n
X n
X n
X
∀λ ∈ R, (xk + λyk ) = xk + λ yk .
k=p k=p k=p

Démonstration. Il sut de se ramener à l'écriture avec des points de suspension :


n
X n
X n
X
(xk +λyk ) = xp +λyp +xp+1 +λyp+1 +. . . +xn +λyn = xp +xp+1 +. . . +xn +λyp +λyp+1 +. . . +λyn = xk +λ yk .
k=p k=p k=0

Exemple 2. Soit n ∈ N∗ . On a :
n n n
X X
2
X n(n + 1)(2n + 1) n(n + 1) n(n + 1)(2n − 5)
k(k − 2) = k −2 k= −2 = .
6 2 6
k=0 k=0 k=0

Exemple 3. Soit n ∈ N∗ et m ∈ N∗ . On a :
m n m n m  m
! ! 
X X X X X n(n + 1) n(n + 1) X n(n + 1)m(m + 1)
ki = i k = i = i= .
2 2 4
i=1 k=1 i=1 k=1 i=1 i=1

3
1.3 Changements d'indices et regroupements de termes

Proposition.
Soit (n, p) ∈ N2 , u une suite de réels et k ∈ Z.
 En posant j = i + k, on eectue un changement d'indice par translation :
n
X n+k
X
ui+k = uj .
i=p j=p+k

 En posant j = k − i, on eectue un changement d'indice par retournement :


n
X k−p
X
uk−i = uj .
i=p j=k−n

Remarque. ATTENTION : il est interdit de  sauter  des indices, par exemple de ne prendre que les termes
pairs, ou de poser k = 2i. Pour faire un changement d'indices, il faut des entiers consécutifs et le même nombre de

termes dans les deux sommes.


n n+k
On a d'une part : uj , et d'autre part :
X X
Démonstration. ui+k = up+k + up+1+k + . . . + un+k =
i=p j=p+k

n
X k−p
X
uk−i = uk−p + uk−p−1 + . . . + uk−n = uk−n + . . . + uk−p−1 + uk−p = uj .
i=p j=k−n

Exemple 4. Soit n ∈ N∗ ,
n n−1
(n − 1)n(2n − 2 + 1) (n − 1)n(2n − 1)
, en posant j = k − 1.
X X
(k − 1)2 = j2 = =
6 6
k=1 j=0

Exemple 5. Soit n ∈ N∗ ,
n n−1
(n − 1)n(2n − 1)
, en posant j = n − i.
X X
(n − i)2 = j2 =
6
i=1 j=0

Proposition (Regroupements des indices pairs et impairs).


Soit (n, p) ∈ N2 , et u une suite de réels,
2n
X n
X n−1
X
up = u2p + u2p+1 .
p=0 p=0 p=0

Démonstration.

2n
X n
X n−1
X
up = u0 + u1 + u2 + u3 + . . . + u2n−1 + u2n = (u0 + u2 + . . . + u2n ) + (u1 + u3 + . . . + u2n−1 ) = u2p + u2p+1 .
p=0 p=0 p=0

4
2n
Exemple 6. Soit n ∈ N, Calculer Sn = k(−1)k .
X

k=0

n
X n−1
X n
X n−1
X n
X n−1
X n−1
X
Sn = 2k(−1)2k + (2k + 1)(−1)2k+1 = 2k − (2k + 1) = 2 k−2 k− 1,
k=0 k=0 k=0 k=0 k=0 k=0 k=0

d'où :
n(n + 1) n(n − 1)
Sn = 2 −2 − n = n ((n + 1) − (n − 1) − 1) = n.
2 2

1.4 Télescopages

Proposition (Somme télescopique).


Soit (uk )k∈N une suite de réels. Pour tous entiers (n, p) ∈ N2 avec p 6 n,
n
X
(uk+1 − uk ) = un+1 − up .
k=p

Démonstration. On développe par linéarité, puis simplie grâce à un changement d'indice :


n
X n
X n
X
(uk+1 − uk ) = uk+1 − uk
k=p k=p k=p
n+1 n
en posant i = k + 1
X X
= ui − uk
i=p+1 k=p
n
X n
X
= un+1 + ui − up − uk
i=p+1 k=p+1
n
X
(uk+1 − uk ) = un+1 − up
k=p

Exemple 7. Soit n ∈ N∗ ,
n n
X (k + 1) − k X n   n   
1 1 1 1 1 1 1
, en posant uk = − .
X X
= = − = − − − =1−
k(k + 1) k(k + 1) k k+1 k+1 k n+1 k
k=1 k=1 k=1 k=1
n   n   n
1 k+1
(ln(k + 1) − ln(k)) = ln(n + 1) − ln(1) = ln(n + 1), en posant uk = ln(k).
X X X
ln 1 + = ln =
k k
k=1 k=1 k=1

1.5 Sommes et puissances

Proposition (Somme des termes d'une suite géométrique).


Soit n ∈ N et q ∈ R,
n
1 − q n+1
 Si q 6= 1, ,
X
qk =
1−q
k=0
n
 Si q = 1, q k = n + 1.
X

k=0

5
n n
Soit q ∈ R, si q = 1, 1 = n + 1 car la somme contient n + 1 termes.
X X
Démonstration. qk =
k=0 k=0
Si q 6= 1, on trouve par télescopage :
n
X n
X
k
(1 − q) q = (q k − q k+1 ) = −q n+1 − (−1) = 1 − q n+1 .
k=0 k=0

n
1 − q n+1
En divisant par 1 − q 6= 0, on obtient .
X
qk =
1−q
k=0

Remarque. Soit p ∈ N et n ∈ N tels que p 6 n Soit q 6= 1. On peut montrer de même que :


n
X q p − q n+1 1 − q n+1−p
qk = = qp .
1−q 1−q
k=p

Ce résultat se retrouve également par changement d'indice en posant j = k − p :


n n−p n−p
X X X 1 − q n+1−p
qk = q j+p = q p qj = qp .
1−q
k=p j=0 j=0

Proposition.
Soit (a, b) ∈ R2 et n ∈ N∗ ,
n−1
X
n n
a − b = (a − b) an−1−k bk .
k=0

Démonstration. On trouve en développant et grâce au changement d'indice i = k + 1 :


n−1
X n−1
X n−1
X n−1
X Xn n−1
X n−1
X
(a−b) an−1−k bk = an−k bk − an−1−k bk+1 = an−k bk − an−i bi = an + an−k bk −bn − an−i bi = an −bn .
k=0 k=0 k=0 k=0 i=1 k=1 i=1

Rmq : on pouvait aussi procéder directement par télescopage.


Remarque. Contrairement aux précédentes, cette formule est davantage utilisée pour factoriser que pour déve-
lopper.
Exemple 8. Les cas n = 3 et n = 4 donnent :
a3 − b3 = (a − b)(a2 + ab + b2 ),

a4 − b4 = (a − b)(a3 + a2 b + ab2 + b3 ).

1.6 Sommes doubles

Lorsqu'on a une somme double où les indices des deux sommes ne dépendent pas l'un de l'autre, on peut intervertir
les sommes, et donc sommer dans l'ordre qu'on préfère (c'est le cas notamment de la somme de l'exemple 3). Ce
n'est pas le cas si les indices dépendent l'un de l'autre.
Exemple 9. Soit n ∈ N. Calculer i.
X

06i6j6n
n X
n j
n X
On commence par chercher l'expression la plus simple :
X X X
i= i= i
06i6j6n i=0 j=i j=0 i=0
(ces formules s'obtiennent par exemple en dessinant un triangle où i est en abscisse et j en ordonnée).

6
Ici, la deuxième expression permet de se ramener facilement aux formules de cours :
n j
!
X X X
i= i
06i6j6n j=0 i=0
n
X j(j + 1)
=
2
j=0
n n
1 X 1X
= j2 + j
2 2
j=0 j=0
1 n(n + 1)(2n + 1) 1 n(n + 1)
= +
2 6 2 2
1 2n + 1
= n(n + 1) +1
4 3
1
= n(n + 1)(2n + 4)
12
X 1
ij = n(n + 1)(n + 2).
6
06i6j6n

Les sommes doubles peuvent intervenir quand on développe des produits de sommes :

Proposition.
Soit (n, p) ∈ N2 a0 ,. . . ,an et b0 ,. . . ,bp des réels, alors :
 
n p
!
X X X
 aj  bi = aj bi .
j=0 i=0 06j6n
06i6p

Démonstration. Il sut de développer :


 
n p p p p
! ! ! !
X X X X X
 aj  bi = a0 bi + a1 bi + . . . + an bi
j=0 i=0 i=0 i=0 i=0

= a0 b0 + a0 b1 + . . . + a0 bp + a1 b0 + a1 b1 + . . . + a1 bp + . . . + an b0 + an b1 + . . . + an bp
X
= aj bi .
06j6n
06i6p

 2
n n
Remarque. En particulier,  aj  = aj ai . En eet,
X X X
a2j + 2
j=0 j=0 06j<i6n

 2
Xn X n
X X X n
X X
 aj  = aj ai = a2j + aj ai + aj ai = a2j + 2 aj ai .
j=0 06j6n j=0 06j<i6n 06i<j6n j=0 06j<i6n
06i6n

Exemple 10. Cette formule permet de développer facilement des expressions usuelles. Par exemple,
(a1 + a2 + a3 )2 = a21 + a22 + a23 + 2a1 a2 + 2a1 a3 + 2a2 a3 .

7
2 Produits
2.1 Généralités

Dénition (Produit).
n
Soit (p, n) ∈ tels que p 6 n et u une suite de réels, on note up × up+1 × . . . × un = ui .
Y
N2
i=p

n
Remarque. Dans le cas où p > n, on pose ui = 1 par convention.
Y

i=p

Remarque. Comme dans le cas des sommes, il est possible d'eectuer des changements d'indice sur des produits.
n
On retrouve également le nombre de termes : le produit ui contient n − p + 1 termes.
Y

i=p

Proposition (Produit télescopique).


Soit (uk )k∈N une suite de réels non nuls. Pour tous entiers (n, p) ∈ N2 avec p 6 n,
n
Y uk+1 un+1
= .
uk up
k=p

Démonstration. On développe puis simplie grâce au changement d'indice i = k + 1 :


n
Y n+1
Y n
Y
uk+1 ui un+1 × ui
n
Y uk+1 k=p i=p+1 i=p+1 un+1
= n = n = n = .
uk Y Y Y up
k=p uk uk up × uk
k=p k=p k=p+1

Remarque. Attention : il n'y a pas de linéarité du produit.


Proposition (Multiplication par un scalaire).
Soit (n, p) ∈ N2 avec p 6 n et up , . . . , un des réels,
n
Y n
Y
n−p+1
∀λ ∈ R, (λuk ) = λ uk .
k=p k=p

n
On trouve par calcul (λuk ) = λup × λup+1 × · · · × λun = λn−p+1 × up × up+1 × · · · × un .
Y
Démonstration.

k=p

8
2.2 Factorielle

Dénition (Factorielle).
n
Soit n ∈ N, on appelle factorielle n la quantité : n! = 1 × 2 × 3 × . . . × n = k.
Y

k=1

Exemple 11. 0! = 1, 1! = 1, 2! = 2, 3! = 6, 4! = 24, 5! = 120.


n!
Remarque. Si n ∈ N∗ , = (n − 1)!.
n
Toute autre formule pour simplier des notations factorielles est fausse, on ne peut notamment pas simplier (2n)!
p
2k − 1
Exemple 12. Soit p ∈ N∗ . Exprimer à l'aide de la notation factorielle.
Y
2k
k=1
p
Y 2k − 1 1 3 2p − 3 2p − 1
= × × ··· × ×
2k 2 4 2p − 2 2p
k=1
1 2 3 4 2p − 3 2p − 2 2p − 1 2p
= × × × × ··· × × × ×
2 2 4 4 2p − 2 2p − 2 2p 2p
(2p)!
= 2p
2 × 1 × 1 × 2 × 2 × · · · × (p − 1) × (p − 1) × p × p
p
Y 2k − 1 (2p)!
= 2p .
2k 2 (p!)2
k=1

3 Coecient binomiaux
3.1 Premiers calculs

Dénition (Coecient binomiaux).


Soit (n, p) ∈ Z2 .  
n n! n(n − 1). . . (n − p + 1)
 Si n ∈ N et p ∈ [[0, n]] on pose = = .
p  p! (n − p)! p!
n
 Si n < 0 ou p ∈
/ [[0, n]] on pose = 0.
p

Remarque. En particulier, si n ∈ N, n n!
= 1. Si de plus n 6= 0, n n
= n.
 
0 = n!0! 1 = 1

Exemple 13. 8 8×7×6×5



4 = 1×2×3×4 = 70.

Proposition (Formule de Pascal).


∀(n, p) ∈ Z2 \ {(0, 0)},      
n n−1 n−1
= + .
p p p−1

Démonstration. Si n ∈ N∗ et p ∈ [[1, n − 1]], on a aussi p − 1 ∈ [[0, n − 1]] et :


   
n−1 n−1 (n − 1)! (n − 1)!
+ = +
p p−1 p! (n − 1 − p)! (p − 1)! ((n − 1) − (p − 1))!

9
 
(n − 1)! p
= 1+
p! (n − 1 − p)! n−p
 
(n − 1)! n
=
p! (n − 1 − p)! n − p
     
n−1 n−1 n
+ =
p p−1 p

Si n ∈ N∗ et p = 0, n−1 + n−1 n−1


+ 0 = 1 = n0 . Si n ∈ N∗ et p = n, n−1 n−1 n
.
      
0 −1 = 0 n + n−1 = 0+1 = 1 = n
Dans tous les autres cas, les deux membres de la formule sont nuls dont égaux.
La formule est donc vraie pour tout couple d'entiers diérent de (0, 0).
Remarque. Le tableau suivant, appelé triangle de Pascal, permet de retrouver facilement les petits coecients
binomiaux :

n\p 0 1 2 3 4 5
0 1 0 0 0 0 0
1 1 1 0 0 0 0
2 1 2 1 0 0 0
3 1 3 3 1 0 0
4 1 4 6 4 1 0
5 1 5 10 10 5 1

3.2 Propriétés et formules

Proposition.
∀(n, p) ∈ Z2 ,    
n n
= .
p n−p

Exemple 14. 8 8 8
.
  
2 = 8−2 = 6
   
n n! n
Démonstration. Si n ∈ N et p ∈ [[0, n]], alors n − p ∈ [[0, n]], et la dénition donne : = = .
n−p (n − p)!p! p
Sinon, les deux termes sont nuls. Dans tous les cas, il y a donc égalité.

Proposition.
Soit n ∈ Z. ∀p ∈ Z∗ ,    
n n n−1
= .
p p p−1

Démonstration. Si n > 1 et p ∈ [[1, n]] (sinon, les termes sont nuls donc égaux), on a :
   
n n! n (n − 1)! n n−1
= = = ,
p p! (n − p)! p (p − 1)! ((n − 1) − (p − 1))! p p−1

où la dernière égalité est valide car on a bien p − 1 ∈ [[0, n − 1]].

10
Proposition (Formule du binôme de Newton).
∀(a, b) ∈ R2 , ∀n ∈ N,
n  
n
X n
(a + b) = ak bn−k
k
k=0

n  
n k n−k
Soit n ∈ N, on pose P (n) : (a + b)n = .
X
Démonstration. a b
k
k=0
0    
n k n−k 0 0 0
 (a + b) = 1, et a b = 1 donc P (0) est vraie.
0
X
a b =
k 0
k=0
 Soit n ∈ N, supposons que P (n) est vraie. Alors :
n  
n k n−k
par P (n)
n+1
X
(a + b) = (a + b) a b
k
k=0
n   n  
X n k+1 n−k X n k n−k+1
= a b + a b
k k
k=0 k=0
n+1
X n  n  
n k n−k+1
en posant i = k + 1
X
i n−i+1
= ab + a b
i−1 k
i=1 k=0
n    
n n
en séparant i = 0 et k = n + 1
X
n+1 n+1
=a +b + + ak bn−k+1
k−1 k
k=1
n  
n + 1 k n−k+1
par la formule de Pascal
X
(a + b)n+1 =a n+1
+b n+1
+ a b
k
k=1

Donc P (n + 1) est vraie.


Cela montre le résultat annoncé.
Exemple 15. Soit x ∈ R. Calculer (1 + x)4 .
La formule du binôme de Newton donne :
         
4 4
4 4 3 4 2 4 4 4
(1 + x) = x + x + x + x+ x = x4 + 4x3 + 6x2 + 4x + 1.
0 1 2 3 4
n  
n
Exemple 16. Soit n ∈ N. Calculer .
X
k
k=0
La formule du binôme de Newton donne :
n   n  
X n X n k n−k
= 1 1 = (1 + 1)n = 2n .
k k
k=0 k=0

n  
n
Exemple 17. Soit n ∈ N∗ .
Calculer .
X
k
k
k=0 
On sait que pour tout entier k non nul, nk = nk n−1
. Donc

k−1

n   n   Xn   n   n−1
X  n − 1
X n X n n n−1 X n−1
k =0+ k = k =n =n = n2n−1 ,
k k k k−1 k−1 i
k=0 k=1 k=1 k=1 i=0

où on a posé i = k − 1 puis utilisé la formule du binôme de Newton.

11
Petits systèmes et inégalités
Cours de É. Bouchet  PCSI

23 septembre 2021

Table des matières


1 Résolution de petits systèmes linéaires 2
1.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Méthode de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

2 Inégalités réelles 4
2.1 Premières propriétés et règles de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Ensembles et inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.3 Borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3 Valeur absolue 6
3.1 Dénition et premières manipulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2 Inégalité triangulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

4 Partie entière 7

1
1 Résolution de petits systèmes linéaires
1.1 Dénitions
Dénition (Système linéaire).
Soit p et n deux entiers naturels non nuls. On appelle système linéaire de n équations à p inconnues
x1 , x2 , . . ., xp tout système (S) pouvant s'écrire sous la forme :

 a11 x1 + a12 x2 + . . . + a1p xp = b1

 a21 x1 + a22 x2 + . . . + a2p xp = b2

.. .. .. .. ..


 . . . . .
an1 x1 + an2 x2 + . . . + anp xp = bn

où (aij )16i6n,16j6p et (bk )16k6n sont des réels xés.

Dénition (Solution d'un système linéaire).


Un p-uplet de réels (c1 , c2 , . . . , cp ) est solution du système (S) s'il est solution, pour tout i ∈ [[1, n]],
de l'équation Li du système (S).
 Résoudre le système (S) c'est déterminer l'ensemble des solutions de (S).
 Deux systèmes sont équivalents s'ils ont le même ensemble de solutions.

Remarque. Interprétation géométrique :


 Un système de n équations à trois inconnues correspond à une intersection de n plans dans R3 .
 Un système de n équations à deux inconnues correspond à une intersection de n droites dans R2 .

1.2 Méthode de résolution


Dénition (Opérations élémentaires).
On appelle opérations élémentaires sur les lignes d'un système linéaire (S) une opération de l'un des
trois types suivants :
1. échange de deux lignes Li et Lj avec i 6= j , codiée : Li ←→ Lj .
2. multiplication de la ligne Li par un réel non nul α, codiée : Li ←− αLi .
3. addition de la ligne Li et d'un multiple de Lj avec i 6= j , codiée : Li ←− Li + βLj .

Remarque. On obtient un système linéaire équivalent à (S) en eectuant des opérations élémentaires sur les
lignes de (S).
Remarque. On peut aussi résoudre un système par substitution, mais c'est en général plus calculatoire et moins
ecace.
(
x + 3y = 8
Exemple 1. En utilisant les opérations élémentaires, résoudre dans R2 le système .
2x − 4y = 6
( (
x + 3y = 8 x + 3y = 8
⇐⇒
2x − 4y = 6 2x − 2x − 4y − 6y = 6 − 16 (L2 ← L2 − 2L1 )
(
x + 3y = 8
⇐⇒
−10y = −10

2
(
x+3=8
⇐⇒
y=1
(
x=5
⇐⇒
y=1

Le système a donc une unique solution, le couple (5, 1).



x + 3y + 4z = 8

Exemple 2. En utilisant les opérations élémentaires, résoudre dans R le système 2x − 57y + z = 6 .
3

−x + 6y − 3z = −1

 

x + 3y + 4z = 8 x + 3y + 4z = 8

2x − 57y + z = 6 ⇐⇒ −63y − 7z = −10 (L2 ← L2 − 2L1 )
 
−x + 6y − 3z = −1 9y + z = 7 (L3 ← L3 + L1 )
 

x + 3y + 4z = 8

⇐⇒ 9y + z = 10
7 (L2 ← − 71 L2 )

9y + z = 7


x + 3y + 4z = 8

⇐⇒ 9y + z = 10
7

0 = 7 − 10 (L3 ← L3 − L2 )

7

Or 7 6= 7 ,
10
donc le système n'a pas de solution.

x + 3y + 4z = 8

Exemple 3. En utilisant les opérations élémentaires, résoudre dans R le système 2x − 57y + z = −33 .
3

−x + 6y − 3z = −1

 
x + 3y + 4z = 8
 x + 3y + 4z = 8

2x − 57y + z = −33 ⇐⇒ −63y − 7z = −49 (L2 ← L2 − 2L1 )
 
−x + 6y − 3z = −1 9y + z = 7 (L3 ← L3 + L1 )
 

x + 3y + 4z = 8

⇐⇒ 9y + z = 7 (L2 ← − 17 L2 )

9y + z = 7


x + 3y + 4z = 8

⇐⇒ 9y + z = 7

0 = 0 (L3 ← L3 − L2 )

7−t

x = 8 − 4t − 3

⇐⇒ y = 7−t
9

z=t∈R

Donc le système a une innité de solutions, les triplets de la forme ( 17−13t


3 9 , t) avec t ∈ R.
, 7−t

3
2 Inégalités réelles
2.1 Premières propriétés et règles de calcul
Dénition (Relation d'ordre).
On dit que la relation 6 est une relation d'ordre sur R puisqu'elle vérie les trois propriétés suivantes :
1. Réexivité : ∀x ∈ R, x 6 x,
(
x6y
2. Antisymétrie : ∀(x, y) ∈ R2 , =⇒ x = y ,
y6x
(
x6y
3. Transitivité : ∀(x, y, z) ∈ R3 , =⇒ x 6 z .
y6z

Proposition.
Soit (a, b, c, d) des réels.
a 6 b et c 6 d ⇒ a + c 6 b + d,
a 6 b et c > 0 ⇒ ac 6 bc,
a 6 b et c 6 0 ⇒ ac > bc,
0 6 ab ⇒ a et b sont de même signe,
0 6 a 6 b et 0 6 c 6 d ⇒ 0 6 ac 6 bd,
1 1
0<a6b⇒0< 6 .
b a

Remarque. Attention, il est interdit de soustraire des inégalités, ou de les diviser, quels que soient les signes
concernés.
Pour  soustraire , on multiplie la deuxième inégalité par −1 et on somme. Pour  diviser , on passe la deuxième
inégalité à l'inverse et on multiplie.
Exemple 4. Soit x ∈ [0, 5]. Déterminer un encadrement de par deux réels.
x+5
11−2x
Au numérateur, 0 6 x 6 5, donc 5 6 x + 5 6 10. Au dénominateur, 0 6 x 6 5, donc 0 > −2x > −10, donc
11 > 11 − 2x > 1. Comme tout est positif, un passage à l'inverse donne : 11
1 1
6 11−2x 6 1.
Le produit entre les deux inégalités positives et de même sens donne alors :
5 x+5
6 6 10.
11 11 − 2x
n
1 1
Exemple 5. Montrons que ∀n ∈ N, 1 > > .
X
n+k 2
k=1
Soit n ∈ N et k ∈ [[1, n]], on a 1 6 k 6 n, donc 0 < n + 1 6 k + n 6 2n. Donc par passage à l'inverse,
n+1 > n+k > 2n .
1 1 1
n n n
1 1 1
En sommant sur les diérentes valeurs de k, on trouve . Les calculs de somme
X X X
> >
n+1 n+k 2n
k=1 k=1 k=1
n n
n 1 n 1 1
donnent alors , et donc 1 > > .
X X
> >
n+1 n+k 2n n+k 2
k=1 k=1

Exemple 6. Résoudre l'inéquation e3x (e−2x − 5) 6 0, d'inconnue x ∈ R. Soit x ∈ R,

e3x (e−2x − 5) 6 0 ⇐⇒ e−2x − 5 6 0 puisque e3x > 0

4
⇐⇒ e−2x 6 5
⇐⇒ −2x 6 ln(5) puisque ln est strictement croissante sur R∗+
ln(5)
⇐⇒ x > − .
2
L'ensemble des solutions de l'inéquation est donc [− ln(5)
2 , +∞[.
Rmq : la stricte croissance est importante ici : la croissance justie que le sens de l'inégalité ne change pas et le
côté  strict  permet de revenir en arrière, ce qui est nécessaire pour raisonner par équivalences.
Remarque. On peut aussi manipuler des inégalités strictes, mais c'est souvent plus compliqué. Dans ce cas, il
faut étudier à la main les cas d'égalité pour vérier s'ils peuvent apparaître.
Exemple 7. Résoudre l'équation < 0 d'inconnue x ∈ R∗+ \ {2}.
ln(x)
2−x
Soit x ∈ \ {2}, la stricte croissance d'exponentielle sur R donne :
R∗+

ln(x) < 0 et 2 − x > 0 x < 1 et 2 > x


  
ln(x)

  x < 1

< 0 ⇐⇒ ou ⇐⇒ ou ⇐⇒ ou ⇐⇒ x ∈]0, 1[∪]2, +∞[.
2−x
ln(x) > 0 et 2 − x < 0 x > 1 et 2 < x
  
2<x
  

2.2 Ensembles et inégalités


Dénition (Intervalle).
Soit I un ensemble de réels. On dit que I est un intervalle de R quand pour tous (a, b) ∈ I 2 tels que
a 6 b, [a, b] ⊂ I .

Exemple 8. R, R+ , [0, 5[, ]3, 18[ sont des intervalles de R. R∗ n'en est pas un car il ne contient pas 0.
Dénition (Majorant, minorant).
Soit A un sous-ensemble de R. Un majorant (resp. minorant) de A est un élément M de R tel que

∀x ∈ A, x 6 M (resp. x > M ).

Dénition (Ensemble majoré, minoré, borné).


Soit A un sous-ensemble de R. On dit qu'il est majoré (resp. minoré) s'il admet un majorant (resp.
minorant). On dit qu'il est borné quand il est à la fois majoré et minoré.

Dénition (Maximum, minimum).


Soit A un sous-ensemble de R. On dit que M est le maximum (resp. minimum) de A si M ∈ A et

∀x ∈ A, x 6 M (resp. x > M ).

Remarque. Un ensemble A ne possède pas nécessairement de majorant ou minorant, et s'ils existent, il ne sont
pas uniques. De même, A n'admet pas nécessairement de maximum ou minimum. Par contre, s'ils existent, ils sont
uniques.
Exemple 9. R et [0, +∞[ ne possèdent pas de majorants, ni de maximum. Par contre, [0, 5] et [0, 5[ possèdent des
majorants : 5, 6, 10, ou plus généralement tout réel x > 5. L'ensemble [0, 5] possède également un maximum : 5,
alors que [0, 5[ ne possède pas de maximum.

5
2.3 Borne supérieure
Théorème (Théorème de la borne supérieure).
Tout sous-ensemble A de R non vide et majoré (resp. minoré) admet un plus petit majorant (resp. un
plus grand minorant). Il est appelé borne supérieure de A (resp. borne inférieure) et noté sup(A)
(resp. inf(A)).

Remarque. Si un intervalle non vide est borné, il contient alors tous les réels compris entre sa borne inférieure et
sa borne supérieure.
Remarque. Dans le cas où A est non vide et majoré,
 sup(A) n'est pas forcément un élément de A, à la diérence de max(A) qui, s'il existe, est nécessairement
un élément de A.
 si max(A) existe, alors max(A) = sup(A).
 sup(A) est unique, il y a par contre une innité de majorants.
Exemple 10. [0, 5] et [0, 5[ ont tous les deux 5 comme borne supérieure.

Exemple 11. Soit A = { n1 |n ∈ N∗ }. Déterminer (s'ils existent) : la borne supérieure de A, le maximum de A, la


borne inférieure de A, le minimum de A.
 A est non vide (il contient 1), est majoré par 1 et minoré par 0. Donc par le théorème de la borne supérieure,
il admet une borne supérieure et une borne inférieure, à déterminer ultérieurement.
 1 ∈ A (cas n = 1) et 1 majore A, donc 1 est à la fois le maximum et la borne supérieure de A.
 Supposons que A admet un minimum α. C'est un minorant de A, donc ∀n ∈ N∗ , α 6 n1 . Par passage à la
limite, on trouve α 6 0. De plus, α ∈ A, donc il existe un entier n0 tel que α = n10 > 0. Absurde. Donc A
n'admet pas de minimum.
 Soit β la borne inférieure de A (dont on a déjà montré l'existence). C'est un minorant de A, donc ∀n ∈ N∗ ,
β 6 n1 . Par passage à la limite, on trouve β 6 0. De plus 0 est minorant de A et β est le plus grand des
minorants : on en déduit 0 6 β . Donc β = 0 et 0 est la borne inférieure de A.

3 Valeur absolue
3.1 Dénition et premières manipulation
Dénition (Valeur absolue).
Pour tout réel x, le maximum de l'ensemble {x, −x} est la valeur absolue de x, notée |x|.

Remarque. Soit (a, b) ∈ R × R+ , ∀x ∈ R,


|x − a| 6 b ⇐⇒ −b 6 x − a 6 b ⇐⇒ a − b 6 x 6 a + b.

La condition |x − a| 6 b signie donc que sur la droite réelle, le point x se situe à une distance au plus b du point
a.

Remarque. Pour manipuler des valeurs absolues, on cherchera le plus souvent à raisonner par séparation des cas.
Z 1
Exemple 12. Calculer I = exp (− |x| + 1)dx.
−1

Z 0 Z 1
I= exp (x + 1)dx + exp (−x + 1)dx
−1 0

6
= [exp (x + 1)]0−1 + [− exp (−x + 1)]10
= e − 1 + (−1) − (−e)
= 2(e − 1)
Exemple 13. Résoudre l'équation |−3x + 6| = 7 d'inconnue x ∈ R.
Soit x ∈ R,
et − 3x + 6 > 0 et x 6 2
 
1
−3x + 6 = 7
 x = − 3

1 13
|−3x + 6| = 7 ⇐⇒ ou ⇐⇒ ou ⇐⇒ x = − ou x = .
3 3
et − 3x + 6 6 0 et x > 2
  13
3x − 6 = 7 x=
 
3

L'équation a donc deux solutions, − 13 et 3 .


13

Exemple 14. Résoudre l'équation (1 − 5x)2 = 2x − 5 d'inconnue x ∈ R.


p

Soit x ∈ R,
p
(1 − 5x)2 = 2x − 5 ⇐⇒ |1 − 5x| = 2x − 5
(
1 − 5x = 2x − 5 si 1 − 5x > 0
⇐⇒
5x − 1 = 2x − 5 sinon
(
x = 67 si x 6 51
⇐⇒
x = − 43 sinon

Or 6
7 > 1
5 et − 43 < 15 . L'équation n'a donc pas de solution.

3.2 Inégalité triangulaire


Proposition (Inégalité triangulaire).
Pour tout (x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ Rn , on a :
n
X n
X
xk 6 |xk | .
k=1 k=1

Démonstration.On montre le résultat dans le cas d'une somme de deux termes (le principe est le même pour une
somme de n termes). On commence par élever |x1 + x2 | et |x1 | + |x2 | au carré pour les comparer :
(|x1 + x2 |)2 − (|x1 | + |x2 |)2 = (x1 + x2 )2 − |x1 |2 − |x2 |2 − 2|x1 ||x2 |
= x21 + x22 + 2x1 x2 − x21 − x22 − 2|x1 ||x2 |
= 2 (x1 x2 − |x1 x2 |)
60

D'où (|x1 + x2 |)2 6 (|x1 | + |x2 |)2 . En composant par la fonction racine carrée, qui est croissante sur R+ , on trouve
||x1 + x2 || 6 ||x1 | + |x2 ||, ce qui donne l'inégalité désirée en retirant les valeurs absolues surnuméraires.

4 Partie entière
Dénition (Partie entière).
Pour tout réel x, il existe un unique entier n ∈ Z tel que n 6 x < n + 1. L'entier n est appelé la partie
entière de x, que l'on note bxc.

7
Démonstration. On admet l'existence (nécessite d'utiliser que R est archimédien, ce qui n'est pas au programme),
montrons l'unicité. Supposons que n et n0 sont deux entiers qui conviennent. On a n 6 x < n0 + 1, comme ce sont
des entiers on en déduit n 6 n0 . De même, n0 6 n, et donc n = n0 . D'où l'unicité.
Remarque. Soit x ∈ R. On a donc bxc 6 x < bxc + 1.
Exemple 15. On a : b2, 5c = 2, b2c = 2, b−2, 5c = −3, b0, 8c = 0.

Proposition (Partie entière de la somme d'un réel et un entier).


Soit n ∈ Z, et x ∈ R. On a :
bn + xc = n + bxc .

Démonstration. On cherche l'encadrement de n + x par deux entiers successifs qui pourra permettre d'utiliser la
dénition. Par dénition de bxc, bxc 6 x < bxc + 1. Donc en ajoutant n à tous les membres,

bxc + n 6 x + n < bxc + n + 1,

avec bxc + n ∈ Z. Donc par dénition de la partie entière de n + x, bn + xc = n + bxc.


Remarque. Attention : la plupart des autres opérations que l'on pourrait vouloir eectuer avec la partie entière
sont fausses. On ne peut notamment pas sommer dans le cas général, ni multiplier par un réel.
Exemple 16. Chercher un contre-exemple qui montre que bλxc =
6 λ bxc.
En eet, 2 21 = b1c = 1 alors que 2 1
= 2 × 0 = 0.
 
2

Exemple 17.
1. Soit y ∈ R. Déterminer un encadrement de byc en fonction de y .
On sait par dénition que byc 6 y et y < byc + 1. Donc byc 6 y et y − 1 < byc, ce qui donne y − 1 < byc 6 y .
 
bnxc
2. Soit x ∈ R. Déduire de la question précédente la limite de la suite .
n n∈N∗
nx − 1 bnxc nx 1 bnxc
Soit n ∈ N∗ , on applique la question 1 à y = nx : < 6 . On a donc x − < 6 x, et
n n n n n
la suite converge vers x par théorème d'encadrement.
Exemple 18. Déterminer les x ∈ R pour lesquels 2x3 = 4.
 

Soit x ∈ R,  
2x 2x 15
= 4 ⇐⇒ 4 6 < 5 ⇐⇒ 12 6 2x < 15 ⇐⇒ 6 6 x < .
3 3 2
L'ensemble des solutions est donc [6, 15
2 [.

8
Trigonométrie
Cours de É. Bouchet  PCSI

27 septembre 2021

Table des matières


1 Formules trigonométriques 2
1.1 Prérequis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Transformations anes et valeurs usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Quelques équations trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Formules d'addition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2 Fonctions circulaires 7
2.1 Cosinus, sinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.2 Tangente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1
1 Formules trigonométriques
1.1 Prérequis
Dénition (Congruence modulo 2π).
Soit (a, b) ∈ R . On dit que a est congru à b modulo 2π quand il existe k ∈ Z tel que a = b + 2kπ.
2

On le note a ≡ b[2π].

Exemple 1. 4π ≡ 0[2π] puisque 4π = 0 + 2 × 2π, ≡ [2π] puisque = + 2π.



2
π
2

2
π
2

Dénition (Cercle trigonométrique).


Le cercle trigonométrique est le cercle de rayon 1 et de centre l'origine O du repère, dans le plan
usuel muni d'un repère orthonormé.

Remarque. Puisque le rayon du cercle est de 1, la dénition géométrique de sinus et cosinus (côté opposé sur
hypoténuse, côté adjacent sur hypoténuse) permet d'observer que tout point du cercle trigonométrique a des
coordonnées du type (cos(t), sin(t)).
1
sin(t)

t
−1 0 cos(t) 1

−1

Remarque. Soit x ∈ R, le cercle trigonométrique permet de retrouver directement les relations classiques de
périodicité : cos(x + 2π) = cos(x) et sin(x + 2π) = sin(x).
On en déduit en particulier que si t ≡ x[2π], cos(t) = cos(x) et sin(t) = sin(x).
Dénition.
Soit x ∈ R tel que cos(x) 6= 0. On dénit alors la tangente de x par :
sin(x)
tan(x) = .
cos(x)

Remarque. Soit x ∈ R tel que cos(x) 6= 0, on a tan(x + 2π) = = = tan(x), on retrouve donc ici
sin(x+2π) sin(x)

aussi une périodicité de période 2π. cos(x+2π) cos(x)

Remarque. Le théorème de Thalès permet de représenter la tangente sur le cercle trigonométrique :

2
1
sin(t)
tan(t)

t
−1 0 cos(t) 1

−1

(les lignes en pointillés verticales sont parallèles, le théorème de Thalès vérie donc bien la relation cos(t)
1 = sin(t)
tan(t) ).
1.2 Transformations anes et valeurs usuelles
Proposition (Transformations anes de sinus et cosinus).
Soit x ∈ R,
sin(−x) = − sin(x),
cos(−x) = cos(x),
π  π 
sin(π + x) = − sin(x), sin(π − x) = sin(x), sin + x = cos(x), sin − x = cos(x),
2 2
π  π 
cos(π + x) = − cos(x), cos(π − x) = − cos(x), cos + x = − sin(x), cos − x = sin(x).
2 2

Les égalités pour sinus et cosinus se lisent directement sur le cercle trigonométrique (on pose
et β = sin(x) pour gagner en lisibilité sur la gure) :
Démonstration.

α = cos(x)

π
π
+x 2 −x
2
α
π−x β x

−α −β 0 β α

π+x −β −x

Proposition (Transformations anes de tangente).


Soit x ∈ R tel que cos(x) 6= 0,
tan(−x) = − tan(x), tan(π + x) = tan(x), tan(π − x) = − tan(x).

3
Démonstration. Ces relations se déduisent directement de celles sur sinus et cosinus :
sin(−x) − sin(x)
tan(−x) = = = − tan(x),
cos(−x) cos(x)
sin(π + x) − sin(x) sin(π − x) sin(x)
tan(π + x) = = = tan(x), tan(π − x) = = = − tan(x).
cos(π + x) − cos(x) cos(π − x) − cos(x)

Proposition (Valeurs usuelles à connaître).

π π π π
t 0 6 4 3 2

√ √
3 2 1
cos(t) 1 2 2 2 0

√ √
1 2 3
sin(t) 0 2 2 2 1

tan(t) 0 √1
3
1

3 ND

Remarque. Les autres valeurs usuelles se déduisent de celles-là grâce aux formules de transformation ane,
quitte à retracer le cercle trigonométrique. Par exemple, cos( ) = cos(π − ) = − cos( ) = − et sin( ) =

5π π π 3 5π

sin(π − ) = sin( ) = .
6 6 6 2 6
π π 1
6 6 2

1.3 Quelques équations trigonométriques


Proposition.
Soit (x, y) ∈ R ,
2

cos(x) = cos(y) ⇐⇒ x ≡ y[2π] ou x ≡ −y[2π],


sin(x) = sin(y) ⇐⇒ x ≡ y[2π] ou x ≡ π − y[2π].

Remarque. Attention à ne pas oublier le deuxième cas dans l'étude!


Démonstration. Ces résultats se lisent directement sur le cercle trigonométrique :

π−x x

0
−x

4
Exemple 2. On cherche à déterminer les solutions dans [−π, π] de l'équation 2 cos(4x) + 1 = 0.
Soit x ∈ [−π, π],
1
2 cos(4x) + 1 = 0 ⇐⇒ cos(4x) = −
2
⇐⇒ 4x ≡

3
ou 4x ≡ − 2π3 [2π]
[2π]

⇐⇒ ∃k tel que 4x = + 2kπ ou 4x = −


2π 2π
+ 2kπ
3 3
⇐⇒ ∃k tel que x = + k ou x = − + k
π π π π
6 2 6 2
ou x ∈ − 6 , − 6 , 6 , 6
 
5π 2π π 4π 4π π 2π 5π
⇐⇒ x ∈ − , − , ,
6 6 6 6
 
5π 2π π π π π 2π 5π
⇐⇒ x ∈ − ,− ,− ,− , , , ,
6 3 3 6 6 3 3 6
L'ensemble des solutions est donc − 5π 2π π π π π 2π 5π
6 ,− 3 ,−3,−6, 6, 3, 3 , 6 . Sur le cercle trigonométrique, cela correspond
aux points :
2π π
3 3
• •

6
• • π6

0
− 5π
6
• •− π6
• •
2π − π3
3

1.4 Formules d'addition


Proposition (Formules d'addition).
Pour tous réels a et b, on a :
cos(a + b) = cos a cos b − sin a sin b, cos(a − b) = cos a cos b + sin a sin b,

sin(a + b) = sin a cos b + cos a sin b, sin(a − b) = sin a cos b − cos a sin b.

Démonstration. On utilise les résultats de lycée sur le produit scalaire :

sin(a)
A

sin(b) B
a

O cos(a) cos(b)

5
−−→ −→ −−→ −→
OB · OA = kOBkkOAk cos(a − b) = 1 × 1 × cos(a − b) = cos(a − b).
Or −OB
−→
a pour coordonnées −→
(cos(b), sin(b)) OA et a pour coordonnées
(cos(a), sin(a)) , donc on a par ailleurs :
−−→ −→
OB · OA = cos(b) cos(a) + sin(b) sin(a).

D'où cos(a − b) = cos(b) cos(a) + sin(b) sin(a). Les autres formules se montrent par des raisonnements similaires.
Remarque. On en déduit directement les trois formules suivantes (non-exigibles, mais qu'il faut savoir retrouver
rapidement) :
cos(a + b) + cos(a − b) cos(a − b) − cos(a + b) sin(a + b) + sin(a − b)
cos a cos b = , sin a sin b = , sin a cos b = .
2 2 2

Proposition (Formules de duplication).


Pour tout a ∈ R,
cos(2a) = (cos a)2 − (sin a)2 = 2(cos a)2 − 1 = 1 − 2(sin a)2 ,
sin(2a) = 2(sin a)(cos a).

Démonstration. On applique les formules d'addition pour a = b, puis la formule (cos a) 2 + (sin a)2 = 1.
Proposition (Formules de linéarisation du carré).
Pour tout a ∈ R,
1 + cos(2a)
(cos a)2 = ,
2
1 − cos(2a)
(sin a)2 = .
2

Démonstration. Cela découle directement des formules cos(2a) = 2(cos a) − 1 et cos(2a) = 1 − 2(sin a) .
2 2

Proposition (Formules d'addition de tangente).


Pour tous réels a et b pour lesquels les termes suivants sont bien dénis, on a :
tan a + tan b tan a − tan b
tan(a + b) = , tan(a − b) = .
1 − tan a tan b 1 + tan a tan b

Remarque. Les conditions de bonne dénition sont les suivantes :


 a et b sont diérents de ou − modulo 2π (pour la bonne dénition de tan(a) et tan(b)),
π π

 a + b est diérent de ou − modulo 2π (pour la première égalité),


π
2
π
2

 a − b est diérent de ou − modulo 2π (pour la seconde égalité).


2
π
2
2
π
2

Démonstration. On utilise les formules d'addition de sinus et cosinus :


 
sin(a) sin(b)
sin(a + b) sin a cos b + cos a sin b cos a cos b cos(a) +cos(b) tan a + tan b
tan(a + b) = = = sin a sin b
=
cos a cos b − sin a sin b 1 − tan a tan b

cos(a + b) cos a cos b 1 − cos a cos b

Pour tan(a − b), il sut de remplacer b par −b dans le calcul précédent.


6
2 Fonctions circulaires
2.1 Cosinus, sinus
Proposition.
La fonction sinus est dénie sur R, périodique de période 2π et c'est une fonction impaire.
La fonction cosinus est dénie sur R, périodique de période 2π et c'est une fonction paire.

Ces résultats découlent directement des relations établies plus tôt dans le chapitre.
Démonstration.

Remarque. On en déduit les représentations graphiques :

1
y = cos(x)
• • • •
3π π 0 π 3π
− −
2 2 2 2
−1

• •
−π 0 π
y = sin(x)
−1

Proposition.

∀x ∈ R, |sin(x)| 6 |x| .

Soit x ∈ R. On raisonne par disjonction de cas :


 Si x > , on constate de manière immédiate que |sin(x)| 6 1 6 6 x 6 |x|.
Démonstration.
π π

 Si x ∈ [0, ], on raisonne sur le cercle trigonométrique. Notons d la taille du segment AB. On a alors
2
π
2
2

sin(x) 6 d 6 x,

puisque l'hypoténuse est le plus grand côté d'un triangle rectangle et que l'arc du cercle trigonométrique
qui relie A et B a pour longueur x. Donc sin(x) = |sin(x)| 6 |x| = x.

B
x
sin(x)

0 A

7
 Si x 6 0, des considérations de parité permettent de se ramener au cas précédent, ce qui donne :
|sin(x)| = |sin(−x)| 6 |−x| 6 |x| .

Remarque. Graphiquement, cela donne :

y = |x|
1

y = |sin(x)|
0

Remarque. On peut montrer d'autres inégalités du même type sur le cercle trigonométrique. Soit x ∈]0, [, le π

triangle OAB a pour aire . La portion de cercle délimitée par l'angle x a pour aire π = . Donc
2
tan(x)×1 tan(x) x x
=
x 6 tan(x).
2 2 2π 2

B
sin(x)
tan(x)

O cos(x) A

Proposition (Dérivée de sinus et cosinus).


Les fonctions sinus et cosinus sont dérivables sur R et :
∀x ∈ R, sin0 (x) = cos(x), cos0 (x) = − sin(x).

Démonstration. Soit x 0 ∈R et h ∈ R ,

   
sin(x0 + h) − sin(x0 ) sin(x0 ) cos(h) + sin(h) cos(x0 ) − sin(x0 ) cos(h) − 1 sin(h)
= = sin(x0 ) + cos(x0 ) .
h h h h

On cherche à modier cette expression de manière à pouvoir passer à la limite quand h → 0. On remarque tout
d'abord que grâce aux identités remarquables :
cos(h) − 1 cos2 (h) − 1 − sin2 (h) sin(h) − sin(h)
= = = × .
h h(cos(h) + 1) h(cos(h) + 1) h cos(h) + 1

Or lim − sin(h)
h→0 cos(h)+1 = 0
2 =0 . Il ne reste donc plus qu'à montrer que lim h→0
sin(h)
h =1 pour conclure.

8
Soit h ∈]0, [ (le cas négatif se déduit ensuite par parité), on sait (d'après les résultats et remarques précédents)
π

que 0 < sin(h) 6 h 6 tan(h). Donc par passage à l'inverse, > > . En multipliant par sin(h) > 0, on
2
1 1 cos(h)

obtient 1 > > cos(h). Or lim cos(h) = 1, donc par théorème d'encadrement, lim = 1.
sin(h) h sin(h)
1 sin(h)

Cela permet de conclure, comme on le souhaitait :


h h→0 h→0 h

sin(x0 + h) − sin(x0 )
lim = cos(x0 ).
h→0 h
Donc sin est dérivable en x et sin (x ) = cos(x ). On procède de même pour étudier la dérivabilité du cosinus.
0
0
0 0

2.2 Tangente
Dénition (Tangente).

La fonction tangente est la fonction dénie sur I = [ ]kπ − π2 , kπ + π2 [ par : ∀x ∈ I , tan(x) = cos(x)
sin(x)
.
k∈Z

Remarque. La fonction est périodique de période 2π et impaire, ce qui permet de déduire ses variations :
y = tan(x)

• • • • •
−π π 0 π π

2 2

Proposition (Dérivée de tangente).

La fonction tangente est dérivable sur I = [ ]kπ − π2 , kπ + π2 [, et :


k∈Z

1
∀x ∈ I, tan0 (x) = 1 + tan(x)2 = .
cos(x)2

Démonstration. La fonction est dérivable comme quotient de fonctions dérivables, et par quotient, ∀x ∈ I ,
cos(x) cos(x) − (− sin(x)) sin(x) cos(x)2 + sin(x)2
tan0 (x) = = ,
cos(x)2 cos(x)2

ce qui donne les deux formules annoncées.

9
Applications
Cours de É. Bouchet  PCSI

30 septembre 2021

Table des matières

1 Généralités 2
1.1 Dénition, représentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Image directe, image réciproque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Quelques cas particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

2 Opérations sur les applications 4


2.1 Restriction et prolongement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Composée de deux applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

3 Injection, surjection, bijection 5


3.1 Injection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.2 Surjection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.3 Bijection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

1
1 Généralités

1.1 Dénition, représentation


Dénition (Application, image, antécédent).
Soit E et F deux ensembles non vides. On dit que f est une application dénie de l'ensemble de
départ E dans l'ensemble d'arrivée F lorsqu'elle associe à tout élément x de E un et un seul élément
y de F .
Cet élément y unique, noté f (x), est l'image de x par f . L'élément x est un antécédent de y par f .
On note F(E, F ) ou F E l'ensemble des applications de E dans F .

Remarque. Écrit en quanticateurs, cela donne : ∀x ∈ E , ∃!y ∈ F tel que y = f (x).


Exemple 1. f : R 7−→ R, x 7−→ x2 est une application de l'ensemble de départ R dans l'ensemble d'arrivée R.
L'image de 2 par f est 4. Les antécédents de 4 par f sont 2 et −2.
Remarque. Le programme ne fait pas de diérence entre les termes  application  et  fonction .
Remarque. Attention à ne pas confondre F E et E F .
Remarque. On peut représenter une application f de deux manières diérentes, sous forme de  patates  avec
x d'un côté et f (x) de l'autre, ou sous forme de graphe en positionnant les points (x, f (x)) dans le plan :

E y
F




• x


• y = f (x)

1.2 Image directe, image réciproque


Dénition (Image directe).
Soit E et F deux ensembles et f une application de E dans F .
 On appelle image (directe) de f l'ensemble f (E) = {f (x)|x ∈ E}.
 Si I ⊂ E , on appelle image (directe) de I par f l'ensemble : f (I) = {f (x)|x ∈ I}.

Remarque. f (I) contient toutes les images par f des éléments de I .

Remarque. f (I) ne doit pas être confondu avec l'espace d'arrivée F : rien n'impose que les éléments de l'espace
d'arrivée soient atteints par l'application.
Remarque. Tracer le graphe de l'application peut aider à déterminer les images directes.
Exemple 2. Soit f la fonction dénie de Z dans Z par f (n) = 2n. Alors f (Z) = 2Z, f ([[3, 6]]) = {6, 8, 10, 12}.
Exemple 3. Soit g la fonction dénie de R dans R par g(x) = |x|. Alors g(R) = R+ , g([−3, −1[) =]1, 3].

2
Dénition (Image réciproque).
Soit E et F deux ensembles et f une application de E dans F . Soit A ⊂ F . On appelle image
réciproque de A par f l'ensemble f rec (A) = {x ∈ E|f (x) ∈ A}.

Remarque. La notation f rec est provisoire, on la remplacera par f −1 en n de chapitre, après avoir évacué toute
ambiguïté possible.
Remarque. f rec (A) contient les antécédents par f des éléments de A. En particulier, si a ∈ F , f rec ({a}) contient
les antécédents de a par f .
Remarque. Soit x ∈ E , x ∈ f rec (A) ⇐⇒ f (x) ∈ A.
Remarque. Tracer le graphe de l'application peut aider à déterminer les images directes.
Exemple 4. Soit f la fonction dénie de R dans R par f (x) = x2 . Alors f rec ([−2, −1]) = ∅, f rec (R− ) = {0},
f rec
([1, 4]) = [−2, −1] ∪ [1, 2].

1.3 Quelques cas particuliers


Dénition (Famille d'éléments d'un ensemble).
Soit E un ensemble et I un ensemble ni ou dénombrable. On appelle famille d'éléments de E
indexée par I toute application de I dans E .
On note E I l'ensemble des familles d'éléments de E indexées par I .

Remarque. Plutôt que d'utiliser une notation de fonction, on utilise une notation de type (xi )i∈I pour les familles
d'éléments indexées par I .
Exemple 5. Une suite à valeurs réelles est une famille d'éléments de R indexée par N, on note donc RN l'ensemble
des suites réelles.

Dénition (Application identité).


Soit E un ensemble, on appelle identité de E l'application IdE dénie de E dans E par :

∀x ∈ E, IdE (x) = x.

Dénition (Fonction indicatrice).


Soit E un ensemble et A une partie de E . On appelle fonction indicatrice de A la fonction 1A dénie
de E dans {0, 1} par :
1 si x ∈ A
(
∀x ∈ E, 1A (x) = .
0 sinon

(
ex si x > 0
Exemple 6. Soit f la fonction dénie sur R par f (x) = . On a alors : ∀x ∈ R, f (x) = ex 1R+ .
0 sinon

3
2 Opérations sur les applications

2.1 Restriction et prolongement


Dénition (Restriction, prolongement).
Soit E , E 0 et F des ensembles non vides tels que E ⊂ E 0 . Soit f une application de E dans F , et g une
application de E 0 dans F .
On dit que f est la restriction de g à E , et que g est un prolongement de f à E 0 , lorsque :

∀x ∈ E, f (x) = g(x).

Remarque. On note g|E la restriction de g à l'ensemble E .


Exemple 7. Représentation graphique des applications f et g :

E0
F

E







Exemple 8. Soit f : R 7−→ R, x 7−→ x2 , g : [0, +∞[7−→ R, x 7−→ x2 .


Alors, g est la restriction de f à [0, +∞[. f est un prolongement de g à R.
Un autre prolongement de g à R est : h : R 7−→ R telle que h(x) = x2 si x > 0, h(x) = 0 si x < 0.

2.2 Composée de deux applications


Dénition (Composée).
Soit Df , Af , Dg et Ag des ensembles non vides. Soit f une application dénie de Df dans Af et g
une application dénie de Dg dans Ag . Si Af ⊂ Dg , on appelle composée de f par g , notée g ◦ f ,
l'application dénie de Df dans Ag par :

∀x ∈ Df , g ◦ f (x) = g (f (x)) .

Remarque. Attention, g ◦ f peut être déni sans que f ◦ g le soit. En eet, les conditions de bonne dénition sont
diérentes : il faut Af ⊂ Dg pour dénir g ◦ f et Ag ⊂ Df pour dénir f ◦ g .
Exemple 9. Soit f : [0, +∞[7−→ R, x 7−→ x2 , g : R 7−→ R, x 7−→ x3 .
R ⊂ R, donc g ◦ f est bien dénie.
On a de plus g ◦ f : [0, +∞[→ R et pour tout x ∈ [0, +∞[, g ◦ f (x) = (x2 )3 = x6 .

4
3 Injection, surjection, bijection

3.1 Injection
Dénition (Injection).
Soit E et F deux ensembles, et f une application dénie de E dans F . On dit que f est une injection
de E dans F lorsque deux éléments de E distincts ont des images distinctes dans F :

∀(x, x0 ) ∈ E 2 , f (x) = f (x0 ) =⇒ x = x0 (contraposée).

Remarque. On peut aussi parler d'application injective.


Remarque. Pour montrer qu'une application n'est pas injective, il faut donc montrer :
∃(x, x0 ) ∈ E 2 tels que x 6= x0 et f (x) = f (x0 ),

c'est-à-dire qu'on peut trouver deux éléments distincts de E qui ont la même image par f .
Remarque. Une fonction f est injective quand les éléments de l'espace d'arrivée ont au plus un antécédent.
R →
7 R
Exemple 10. Soit f :
x →7 x2
.

y
y = x2

f est une injection de [0, +∞[ dans R. En eet, soit (x, y) ∈ [0, +∞[2 , on suppose que f (x) = f (y). Alors x2 = y 2 ,
donc par passage à la racine |x| = |y| et par positivité de x et y , x = y .
Z →7 Z
Exemple 11. g:
n → 7 2n + 2
est-elle injective ?
Soit (n1 , n2 ) ∈ Z2 . Supposons que g(n1 ) = g(n2 ). Alors 2n1 + 2 = 2n2 + 2, et donc n1 = n2 . Donc g est injective.
R3 7→ R2
Exemple 12. h:
(x, y, z) 7→ (x + 2y, x − z)
est-elle injective ?
h n'est pas injective car h((2, −1, 2)) = (0, 0) = h((0, 0, 0)).

Proposition (Composée de deux injections).


Soit E , F , G trois ensembles, f une injection de E dans F et g une injection de F dans G. Alors g ◦ f
est une injection de E dans G.

Démonstration. Soit (x, x0 ) ∈ E 2 , on suppose que g ◦ f (x) = g ◦ f (x0 ). Donc g (f (x)) = g (f (x0 )). Puisque g est
injective, on en déduit f (x) = f (x0 ). Et puisque f est injective, on en déduit x = x0 . Donc g ◦ f est injective de E
dans G.

5
Proposition (Injection et stricte monotonie).
Soit I une partie de R et f une application strictement monotone de I dans R. Alors f est une injection.

Démonstration. On montre le résultat dans le cas où f est strictement croissante, la preuve fonctionne de même
dans le cas strictement décroissant. Soit x et x0 deux éléments distincts de I .
 Si x < x0 , la stricte croissance de f donne f (x) < f (x0 ).
 Si x0 < x, la stricte croissance de f donne f (x0 ) < f (x).
Dans tous les cas, f (x) 6= f (x0 ). Deux éléments distincts ont des images par f distinctes, donc f est une injection.

Exemple 13. La fonction exponentielle est strictement croissante sur R, donc injective de R dans R.

3.2 Surjection
Dénition (Surjection).
Soit E et F deux ensembles, et f une application dénie de E dans F . On dit que f est une surjection
de E dans F lorsque tout élément de F admet au moins un antécédent dans E :

∀y ∈ F, ∃x ∈ E tel que f (x) = y.

Remarque. On peut aussi parler d'application surjective.


Remarque. La fonction f est une surjection si et seulement si f (E) = F . En particulier, toute application f
dénie sur un ensemble E est surjective de E dans f (E).
Remarque. Pour montrer qu'une application n'est pas surjective, il faut donc montrer :
∃y ∈ F tel que ∀x ∈ E, f (x) 6= y,

c'est-à-dire qu'on peut trouver un élément de F qui n'a pas d'antécédent par f .
R →
7 R
Exemple 14. Soit f :
x →7 x2
.

y
y = x2

√ √
f est une surjection de R dans [0, +∞[. En eet, si y ∈ [0, +∞[, y est bien déni. On a alors f ( y) = y , et donc

y est un antécédent de y .

Z →7 Z
Exemple 15. g:
n → 7 2n + 2
est-elle surjective ?
Montrons que g n'atteint pas les termes impairs, et 1 en particulier. Supposons qu'il existe n ∈ Z tel que g(n) = 1.
Alors 2n + 2 = 1, donc n = − 12 ∈
/ Z : absurde. Donc 1 n'a pas d'antécédent par g . Donc g n'est pas surjective.

6
R3 7→ R2
Exemple 16. h:
(x, y, z) 7→ (x + 2y, x − z)
est-elle surjective ?
Soit (α, β) ∈ R2 . Alors h((α, 0, α − β)) = (α + 2 × 0, α − (α − β)) = (α, β). Comme (α, 0, α − β) ∈ R3 , h est
surjective.
Proposition (Composée de deux surjections).
Soit E , F , G trois ensembles, f une surjection de E dans F et g une surjection de F dans G. Alors
g ◦ f est une surjection de E dans G.

Démonstration. Soit y ∈ G. Puisque g est surjective, il existe z ∈ F tel que g(z) = y . Puisque f est surjective, il
existe x ∈ E tel que f (x) = z . Donc g ◦ f (x) = g(f (x)) = g(z) = y .
Donc il existe x ∈ E tel que y = g ◦ f (x). Donc g ◦ f est surjective de E dans G.

3.3 Bijection
Dénition (Bijection).
Soit E et F deux ensembles, et f une application dénie de E dans F . On dit que f est une bijection
de E sur F lorsque f est une surjection et une injection :

∀y ∈ F, ∃!x ∈ E tel que f (x) = y.

Remarque. On peut aussi parler d'application bijective.


Remarque. Une fonction est donc bijective si tout élément de l'espace d'arrivée possède un et un seul antécédent.
R →
7 R
Exemple 17. Soit f :
x →7 x2
.

y
y = x2

f est une bijection de [0, +∞[ dans [0, +∞[.


Z →
7 Z
Exemple 18. g:
n →7 2n + 2
est-elle bijective ?
g n'est pas surjective, donc pas bijective.
R3 →7 R2
Exemple 19. h:
(x, y, z) →7 (x + 2y, x − z)
est-elle bijective ?
h n'est pas injective, donc pas bijective.

Dénition (Application réciproque).


Si f est une bijection de E sur F , on peut associer à tout y ∈ F son antécédent unique x ∈ E . On
dénit ainsi l'application réciproque f −1 de f .

7
Proposition.
Soit x ∈ E , y ∈ F , f une application bijective de E dans F et f −1 l'application réciproque de f . Alors

x = f −1 (y) ⇐⇒ y = f (x).

Démonstration. On montre séparément les deux implications.


 Si x = f −1 (y), alors x est un antécédent de y , donc f (x) = y .
 Réciproquement, si f (x) = y , donc x est un antécédent de y . Or f est bijective, donc y admet un unique
antécédent, qui est donc x. Donc x = f −1 (y).

Remarque. Cette constatation donne une nouvelle méthode pour montrer qu'une application est bijective, sans
avoir à montrer séparément qu'elle est injective et surjective.
Exemple 20. Soit f l'application dénie de R dans ]2, +∞[ par f (x) = ex−1 + 2. Montrer que f réalise une
bijection de son ensemble de départ vers son ensemble d'arrivée, et déterminer son application réciproque.
Soit x ∈ R et y ∈]2, +∞[,

y = f (x) ⇔ y = ex−1 + 2 ⇔ y − 2 = ex−1 ⇔ ln(y − 2) = x − 1 ⇐ ln(y − 2) + 1 = x,

où on pouvait bien composer par le logarithme puisque y − 2 > 0, sa stricte croissance sur R∗+ justiant la validité
de l'équivalence.
Donc tout élément de ]2, +∞[ admet un unique antécédent dans R, donc f est bijective de R dans ]2, +∞[, et
∀y > 2, f −1 (y) = ln(y − 2) + 1.

Proposition (Composée de deux bijections).


Soit E , F , G trois ensembles, f une bijection de E dans F et g une bijection de F dans G. Alors g ◦ f
est une bijection de E dans G. De plus,

(g ◦ f )−1 = f −1 ◦ g −1 .

Démonstration. g ◦ f est injective comme composée d'injections et surjective comme composée de surjections, donc
c'est bien une bijection de E dans G.
De plus, soit y ∈ G et x ∈ E , l'utilisation successive des réciproques de g et f donne :

y = g ◦ f (x) ⇔ y = g(f (x)) ⇔ g −1 (y) = f (x) ⇔ f −1 (g −1 (y)) = x ⇔ f −1 ◦ g −1 (y) = x.

Donc (g ◦ f )−1 = f −1 ◦ g −1 .

Proposition (Bijectivité et image réciproque).


Soit E et F deux ensembles, f une bijection de E dans F et A un sous-ensemble de F . Alors

f −1 (A) = f rec (A).

Remarque. Autrement dit, l'image directe de A par f −1 est égale à l'image réciproque de A par f . Cela justie
de renoncer à la notation f rec , qui avait seulement été introduite à titre temporaire et que l'on n'utilisera plus
jamais, pour utiliser f −1 à la place.

8
Démonstration. Soit x ∈ E ,

x ∈ f −1 (A) ⇔ ∃a ∈ A tel que x = f −1 (a) ⇔ ∃a ∈ A tel que f (x) = a ⇔ f (x) ∈ A ⇔ x ∈ f rec (A).

Donc si x ∈ f −1 (A), x ∈ f rec (A) et réciproquement. D'où l'égalité des ensembles.


Remarque. Face à la notation f −1 (A) dans un exercice, deux cas de gure possible :
 Soit f est bijective, et f −1 (A) représente à la fois l'image directe de A par f −1 et l'image réciproque de A
par f . Comme elles sont égales, il n'y a pas d'ambiguïté.
 Soit f n'est pas bijective, et f −1 (A) représente l'image réciproque de A par f . Dans ce cas, attention : f −1
n'est en aucun cas la marque d'une application réciproque (puisque f n'est pas bijective).

9
Généralités sur les fonctions réelles
Cours de É. Bouchet  PCSI

14 octobre 2021

Table des matières


1 Généralités 2
1.1 Règles de calcul, représentation graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Parité, périodicité et symétries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Bornes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Monotonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Dérivation 6
2.1 Dérivabilité en un point, fonction dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Opérations sur les fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 Formulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.4 Étude pratique d'une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.5 Cas des fonctions réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.6 Dérivées d'ordre supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

3 Fonctions usuelles 11
3.1 Exponentielle, logarithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.2 Puissances et croissances comparées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.3 Fonctions circulaires réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.4 Fonctions hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

1
De nombreux résultats seront admis dans ce chapitre pour être démontrés plus tard dans l'année. Les ensembles
considérés dans ce chapitre sont tous des ensembles de réels et les fonctions considérées sont à valeurs dans R.

1 Généralités
1.1 Règles de calcul, représentation graphique

Dénition (Somme, produit, quotient).


Soit f et g deux fonctions dénies sur un ensemble E .
 On note f + g la fonction qui à tout x ∈ E associe f (x) + g(x).
 On note f × g la fonction qui à tout x ∈ E associe f (x) × g(x).
 Si g ne s'annule pas sur E , on note fg la fonction qui à tout x ∈ E associe g(x) .
f (x)

Dénition (Composée, rappel).


Soit Df , Af , Dg et Ag des ensembles non vides. Soit f une application dénie de Df dans Af et g
une application dénie de Dg dans Ag . Si Af ⊂ Dg , on appelle composée de f par g , notée g ◦ f ,
l'application dénie de Df dans Ag par :

∀x ∈ Df , g ◦ f (x) = g (f (x)) .

Proposition.
Soit f une fonction dénie sur un ensemble E .
La fonction x 7→ f (−x) est dénie sur {−x|x ∈ E} et sa représentation graphique se déduit de celle de
f par symétrie par rapport à l'axe des ordonnées.
La fonction x 7→ −f (x) est dénie sur E et sa représentation graphique se déduit de celle de f par
symétrie par rapport à l'axe des abscisses.

Exemple 1.

1− y = −f (x)

|
1− 0 1 1−

| |
0 1 0 1
y = f (x) y = f (−x)

Proposition.
Soit f une fonction dénie sur un ensemble E et a ∈ R.
La fonction x 7→ f (x + a) est dénie sur {x − a|x ∈ E} et sa représentation graphique se déduit de celle
de f par translation de vecteur −a~i, où ~i dirige l'axe des abscisses.
La fonction x 7→ f (x) + a est dénie sur E et sa représentation graphique se déduit de celle de f par
translation de vecteur a~j , où ~j dirige l'axe des ordonnées.

2
Exemple 2.

1− 1− 1−

| | |
0 1 0 1 0 1
y = f (x) y = f (x + 1) y = f (x) + 1

Proposition.
Soit f une fonction dénie sur un ensemble E et a ∈ R∗+
La fonction x 7→ f (ax) est dénie sur { xa |x ∈ E} et sa représentation graphique se déduit de celle de f
par une dilatation/contraction horizontale de rapport multiplicatif a.
La fonction x 7→ af (x) est dénie sur E et sa représentation graphique se déduit de celle de f par une
dilatation/contraction verticale de rapport multiplicatif a.

Exemple 3.

1− 1− 1−

| | |
0 1 0 1 0 1
y = f (x) y= f (x)
2
y = f ( x2 )

1.2 Parité, périodicité et symétries

Dénition (Fonction paire, impaire).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E centré en 0.
 On dit que f est paire lorsque ∀x ∈ E , f (−x) = f (x).
 On dit que f est impaire lorsque ∀x ∈ E , f (−x) = −f (x).

Remarque. Un ensemble E centré en 0 assure que x ∈ E ⇐⇒ −x ∈ E , donc que tous les termes sont bien dénis.
Proposition.
Soit f une fonction dénie sur un ensemble E centré en 0.
 Si f est une fonction paire, alors sa courbe représentative est symétrique par rapport à l'axe des
ordonnées.
 Si f est une fonction impaire, alors sa courbe représentative est symétrique par rapport à l'origine
O du repère.

3
Exemple 4. La fonction dénie sur R par x 7→ x2 est paire, alors que x 7→ x3 est impaire.

Remarque. Si une fonction est paire ou impaire, on peut donc se contenter de l'étudier sur R+ , et déduire ensuite
le comportement général.

Dénition (Fonction périodique).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E . On dit que f est périodique quand il existe un réel T
non nul tel que :
x ∈ E ⇐⇒ x + T ∈ E,
et
∀x ∈ E, f (x + T ) = f (x).
On dit alors que f est T -périodique, et le réel T est appelé une période de f .

Remarque. Une fonction peut avoir plusieurs périodes diérentes.


Exemple 5. Les fonction sin et cos sont périodiques de période 2π, 4π, 6π. . .
Remarque. Si une fonction est périodique de période T , on peut donc se contenter de l'étudier sur un intervalle
de taille T , et déduire ensuite le comportement général.

1.3 Bornes

Dénition (Majorant, minorant).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E .
 f est majorée lorsqu'il existe un réel M (appelé majorant) tel que ∀x ∈ E , f (x) 6 M .
 f est minorée lorsqu'il existe un réel m (appelé minorant) tel que ∀x ∈ E , f (x) > m.
 f est bornée si elle est à la fois minorée et majorée.

Dénition.
Soit f une fonction dénie sur un ensemble E , et x0 ∈ E .
 f admet un maximum en x0 lorsque ∀x ∈ E , f (x) 6 f (x0 ). On note f (x0 ) = maxx∈E f (x).
 f admet un minimum en x0 lorsque ∀x ∈ E , f (x) > f (x0 ). On note f (x0 ) = minx∈E f (x).

Exemple 6.
maximum


minimum

4
Proposition.
Soit f une fonction dénie sur un ensemble E . La fonction f est bornée si et seulement si |f | est
majorée.

Démonstration. On procède en deux temps :


 Supposons que |f | est majorée. Alors ∃K ∈ R+ tel que ∀x ∈ E , |f (x)| 6 K . Donc ∀x ∈ E , −K 6 f (x) 6 K
et f est bornée.
 Supposons que f est bornée. Alors ∃(m, M ) ∈ R2 tels que ∀x ∈ E , m 6 f (x) 6 M .
On pose K = max(|m| , |M |). Donc ∀x ∈ E , −K 6 − |m| 6 m 6 f (x) 6 M 6 |M | 6 K . Donc ∀x ∈ E ,
|f (x)| 6 K , donc |f | est majorée.

1.4 Monotonie

Dénition (Fonction croissante).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E .
 On dit que f est une fonction croissante sur E lorsque pour tout (a, b) ∈ E 2 ,

a 6 b =⇒ f (a) 6 f (b).

 On dit que f est une fonction strictement croissante sur E lorsque pour tout (a, b) ∈ E 2 ,

a < b =⇒ f (a) < f (b).

Dénition (Fonction décroissante).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E .
 On dit que f est une fonction décroissante sur E lorsque pour tout (a, b) ∈ E 2 ,

a 6 b =⇒ f (a) > f (b).

 On dit que f est une fonction strictement décroissante sur E lorsque pour tout (a, b) ∈ E 2 ,

a < b =⇒ f (a) > f (b).

Dénition (Fonction monotone).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E . On dit que f est une fonction monotone sur E lorsque f
est croissante ou décroissante sur E , et que f est strictement monotone sur E si elle est strictement
croissante ou strictement décroissante sur E .

Proposition (Composée de fonctions monotones).


Soit f et g deux fonctions monotones sur E et f (E) respectivement. Alors g ◦ f est monotone sur E ,
et :
 Si f et g ont le même sens de variation, alors g ◦ f est croissante sur E .
 Si f et g ont des sens de variation opposés, alors g ◦ f est décroissante sur E .

5
Démonstration.  Si f et g sont croissantes sur E et f (E) :
Soit a et b des éléments de E tels que a 6 b. On a a 6 b, donc f (a) 6 f (b), puis g(f (a)) 6 g(f (b)).
Donc g ◦ f est croissante sur E .
 Si f est croissante sur E et g décroissante sur f (E) :
Soit a et b des éléments de E tels que a 6 b. On a a 6 b, donc f (a) 6 f (b), puis g(f (a)) > g(f (b)).
Donc g ◦ f est décroissante sur E .
 On traite les autres cas par la même méthode.

Remarque. On ne peut par contre absolument rien dire sur le produit de deux fonctions croissantes.
Exemple 7. Soit f et g les fonctions dénies sur R par ∀x ∈ R, f (x) = −1 et g(x) = −e−x .
Les fonctions f et g sont croissantes sur R (f est même constante). Par contre, ∀x ∈ R, (f g)(x) = e−x donc le
produit f g est décroissant sur R.

2 Dérivation
2.1 Dérivabilité en un point, fonction dérivée

Dénition (Fonction dérivable en un point, nombre dérivé).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E et x0 ∈ E . On dit que f est dérivable en x0 lorsque
f (x) − f (x0 )
lim existe et est nie.
x→x0 x − x0
Cette limite est notée f 0 (x0 ) ou dx
df
(x0 ) et appelée nombre dérivé de f en x0 .

Proposition (Tangente à la courbe).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E et x0 ∈ E . Si f est dérivable en x0 , alors la courbe
représentative de f admet au point de coordonnées (x0 , f (x0 )) une tangente d'équation :

y = f (x0 ) + f 0 (x0 )(x − x0 ).

f (x) − f (x0 )
Remarque. Si x→x
lim = ∞ alors f n'est pas dérivable en x0 et la courbe représentative de f admet
0 x − x0
une tangente parallèle à l'axe des ordonnées.

Exemple 8. Soit f la fonction dénie sur R+ par : x 7→ x. f est dérivable sur R∗+ , et on a donc les tangentes :

Dénition (Fonction dérivée).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E . On dit que la fonction f est dérivable sur E lorsque f
est dérivable en tout point de E .
On dénit alors la fonction dérivée de f notée f 0 ou dx
df
, dénie sur E par f 0 : x 7→ f 0 (x).

Remarque. On peut aussi utiliser la notation d


dx (f (x)) à la place de f 0 (x).

6
2.2 Opérations sur les fonctions dérivables

Ces résultats sont seulement rappelés ici, on les démontrera dans un chapitre ultérieur.

Proposition (Linéarité).
Soient u et v deux fonctions dérivables sur un ensemble E et α un réel. Alors la fonction αu + v est
dérivable sur E , et
(αu + v)0 = αu0 + v 0 .

Proposition (Dérivée d'un produit et d'un quotient).


Soient u et v deux fonctions dérivables sur un ensemble E . Alors la fonction uv est dérivable sur E , et

(uv)0 = u0 v + uv 0 .

Si de plus v ne s'annule pas, alors la fonction u


v est dérivable sur E , et
 u 0 u0 v − uv 0
= .
v v2

Proposition.
Soient f une fonction dérivable sur un ensemble E et g une fonction dérivable sur f (E). Alors la fonction
g ◦ f est dérivable sur E , et
(g ◦ f )0 = f 0 · (g 0 ◦ f ).

2.3 Formulaire

Les dérivées classiques suivantes sont à connaître, on y ajoutera ensuite celles des nouvelles fonctions présentées
dans ce chapitre.

∀x ∈ Ef , f (x) = Ef Ef 0 ∀x ∈ Ef 0 , f 0 (x) =

ex R R ex

1
ln x R∗+ R∗+
x

k (constante) R R 0

xn , n ∈ N∗ (n ∈ Z \ N) R (R∗ ) R (R∗ ) nxn−1

√ 1
x R+ R∗+ √
2 x

sin x R R cos x

cos x R R − sin x
π π
tan x R\ 2 + kπ, k ∈ Z R\ 2 + kπ, k ∈ Z 1 + (tan x)2

7
Si u est une fonction dérivable sur un intervalle I , on obtient par composition (en précisant les conditions de
validité) les formules suivantes, classiques également :
fonction du type dérivée

eu u0 eu

u0
ln u
u

uα αu0 uα−1

sin u u0 cos u

cos u −u0 sin u

Exemple 9. Trouver les ensembles de dérivabilité des fonctions suivantes et donner l'expression des dérivées :
1. f1 dénie sur R par : f1 (x) = cos(3x) + 2 sin(x).
Elle est dérivable sur R, et f10 (x) = −3 sin(3x) + 2 cos(x).

2. f2 dénie sur R∗+ par : f2 (x) = 2 x3 .
3x2
3x2 √
Elle est dérivable sur R∗+ , et f20 (x) = 2 √ = √ = 3 x car x > 0.
2 x3 x3
2
x +1
3. f3 dénie sur R \ {2} par : f3 (x) = .
x−2
2x(x − 2) − (x2 + 1) x2 − 4x − 1
Elle est dérivable sur R \ {2}, et f30 (x) = 2
= .
(x − 2) (x − 2)2

2.4 Étude pratique d'une fonction

Proposition (Variations de fonctions dérivables).


Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I de R. Alors :
 f est croissante sur I si et seulement si : ∀x ∈ I , f 0 (x) > 0.
 f est décroissante sur I si et seulement si : ∀x ∈ I , f 0 (x) 6 0.
 f est constante sur I si et seulement si : ∀x ∈ I , f 0 (x) = 0.

Démonstration. Ce résultat sera démontré dans un chapitre ultérieur


Remarque. Attention, ce résultat ne fonctionne que sur des intervalles, pas pour n'importe quel ensemble.
Exemple 10. Soit f la fonction dénie sur R∗ par ∀x ∈ R∗ , f (x) = x1 . f est dérivable sur R∗ et ∀x ∈ R∗ ,
f 0 (x) = − x12 6 0, pourtant f n'est pas décroissante sur R∗ . Elle est  seulement  décroissante sur R∗− et sur R∗+ .
Remarque. On peut adapter le résultat pour montrer la stricte monotonie : soit f une fonction dérivable sur un
intervalle I de R,
 Si pour tout x ∈ I , f 0 (x) > 0, alors f est strictement croissante sur I .
 Plus généralement, si pour tout x ∈ J , f 0 (x) > 0, où J est l'intervalle I auquel on a retiré un nombre ni de
points, alors f est strictement croissante sur I (Cette propriété peut même s'appliquer s'il existe un nombre
ni de points où f n'est pas dérivable).
Exemple 11. Montrer que ∀x ∈ R, exp(x) > 1 + x.
On pose g la fonction dénie sur R par ∀x ∈ R, g(x) = exp(x) − 1 − x. Elle est dérivable sur R, et
∀x ∈ R, g 0 (x) = exp(x) − 1.

8
Donc ∀x ∈ R− , g 0 (x) 6 0 et ∀x ∈ R+ , g 0 (x) > 0. De plus, g(0) = e0 − 1 = 0. On en déduit le tableau de variations
suivant :

x −∞ 0 +∞

g 0 (x) − 0 +

g(x)
0

Donc g admet un minimum en 0 qui vaut 0, donc g est à valeurs positives. Donc ∀x ∈ R, exp(x) > x + 1.
Exemple 12. Montrer que ∀x ∈] − 1, +∞[, ln(1 + x) 6 x.
On pose h la fonction dénie sur R par ∀x ∈ R, h(x) = ln(1 + x) − x. Elle est dérivable sur ] − 1, +∞[, et
1 −x
∀x ∈] − 1, +∞[, h0 (x) = −1= .
1+x 1+x
Donc ∀x ∈] − 1, 0], h0 (x) > 0 et ∀x ∈ R+ , h0 (x) 6 0. De plus, h(0) = ln(1) − 0 = 0. On en déduit le tableau de
variations suivant :

x −1 0 +∞

h0 (x) + 0 −

0
h(x)

Donc h admet un maximum en 0 qui vaut 0, donc h est à valeurs négatives. Donc ∀x ∈] − 1, +∞[, ln(1 + x) 6 x.

Variante (si on a déjà montré l'inégalité sur exponentielle). Soit x ∈] − 1, +∞[, la stricte croissance du ln sur R∗+
donne :
exp(x) > 1 + x ⇐⇒ ln(exp(x)) > ln(1 + x) ⇐⇒ x > ln(1 + x).

Exemple 13. Étudier les variations de la fonction f dénie sur R par x 7→ x+1
x2 +3
et tracer sa représentation
graphique. En déduire un majorant et un minorant sur R.
f est dérivable sur R et ∀x ∈ R,

1(x2 + 3) − 2x(x + 1) x2 + 3 − 2x2 − 2x x2 + 2x − 3 (x − 1)(x + 3)


f 0 (x) = 2 2
= 2 2
= − 2 2
=−
(x + 3) (x + 3) (x + 3) (x2 + 3)2

(la dernière factorisation s'est eectuée avec un calcul de discriminant ∆ = 4 + 12 = 16, d'où les deux racines
−2+4
2 = 1 et −2−4
2 = −3)
Or limx→−∞ x2 +3 = 0 = limx→+∞ xx+1
x+1
2 +3 , f (−3) = 9+3 = − 6 et f (1) = 1+3 = 2 . On en déduit le tableau de
−2 1 2 1

variations suivant :

x −∞ −3 1 +∞

f 0 (x) − 0 + 0 −
1
0 2
f (x)
− 16 0

9
Donc f est minorée par − 16 , majorée par 1
2 et on peut tracer sa courbe représentative :

y = f (x)
1−
−3
| |
0 1

Remarque. Étudier la courbe est souvent plus long que de majorer/minorer un quotient/produit, mais les majo-
rants et minorants obtenus sont plus précis, puisqu'il s'agit de maximums et minimums.

2.5 Cas des fonctions réciproques

Proposition.
Si f est une bijection d'un ensemble E dans f (E), les courbes représentatives de f et f −1 dans un
repère orthonormé sont symétriques par rapport à la droite d'équation y = x.

Proposition (Dérivée de la fonction réciproque).


Soit f une fonction dérivable et strictement monotone sur un intervalle I et à valeurs dans J = f (I).
Soit a ∈ I . La fonction réciproque f −1 est dérivable en b = f (a) si et seulement si f 0 (a) 6= 0. Lorsqu'elle
est dérivable :
0 1 1
f −1 (b) = = 0 .
f 0 (f −1 (b)) f (a)

Démonstration. Cette formule sera montrée dans un chapitre ultérieur, mais on peut remarquer que les hypothèses
garantissent la bijectivité : f est injective car strictement monotone sur I et surjective car à valeurs dans f (I).
Exemple 14. Ces propriétés s'observent bien dans le cas des fonctions exponentielle et logarithme :
y = exp(x)

y=x

y = ln(x)

On retrouve de plus la dérivabilité du logarithme en utilisant celle de l'exponentielle : exp est une fonction bijective
strictement croissante de R dans R∗+ , de réciproque ln. On sait que exp est dérivable sur R et que ∀x ∈ R,
exp0 (x) = exp(x) 6= 0. Sa réciproque ln est donc dérivable sur l'ensemble de son ensemble de dénition et :
1 1 1
∀x ∈ R∗+ , ln0 (x) = = = .
exp0 (ln(x)) exp(ln(x)) x

10
2.6 Dérivées d'ordre supérieur

Dénition (Fonction de classe C 1 ).


Soit f une fonction dénie sur un ensemble E . On dit que f est de classe C 1 sur E lorsque f est
dérivable sur E et que sa dérivée f 0 est continue sur E .

Exemple 15. Les fonctions polynômes, exponentielle, cosinus et sinus sont de classe C 1 sur R.
Dénition (Dérivées successives).
Soit f une fonction dénie sur un ensemble E .
 On dénit f (0) = f .
 Soit p ∈ N, si f (p) est bien dénie et dérivable sur E alors f est (p + 1) fois dérivable sur E , avec
0
pour tout x ∈ E , f (p+1) (x) = f (p) (x).

Exemple 16. Soit p ∈ N. Alors la fonction exponentielle est p fois dérivable et exp(p) = exp.
Remarque. Les règles de calcul sont les mêmes que pour la dérivée classique, il sut de les répéter p fois de suite.

3 Fonctions usuelles
3.1 Exponentielle, logarithme

Proposition (Variations de l'exponentielle, rappels).


La fonction exponentielle est strictement croissante sur R et son tableau de variations est le suivant :

x −∞ 0 +∞

exp0 (x) + 1 +

+∞
exp(x) 1
0

Démonstration. La fonction exponentielle est dérivable sur R, et ∀x ∈ R, exp0 (x) = exp(x) > 0. Elle est donc
strictement croissante sur R.
Remarque. Cela permet de tracer la représentation graphique associée :
y = exp(x)

1

|
0 1

11
Proposition (Variations du logarithme népérien, rappels).
La fonction logarithme népérien est strictement croissante sur R∗+ et son tableau de variations est le
suivant :

x 0 1 +∞

ln0 (x) + 1 +

+∞
ln(x) 0
−∞

Démonstration. La fonction logarithme est dérivable sur R∗+ , et ∀x ∈ R∗+ , ln0 (x) = 1
x > 0. Elle est donc strictement
croissante sur R∗+ .
Remarque. Cela permet de tracer la représentation graphique associée :
y = ln(x)
1

|
0 1

Dénition (Logarithme en base a).


Soit a ∈]0, 1[∪]1, +∞[. La fonction logarithme en base a, notée loga est dénie sur R∗+ par la relation :
ln(x)
∀x ∈ R∗+ , loga (x) = .
ln(a)

Remarque. Comme ln(e) = 1, la fonction ln est la fonction logarithme en base e.


Remarque. Pour tout x ∈ R∗+ et tout réel y, la stricte monotonie de l'exponentielle sur R donne :
y = loga (x) ⇐⇒ y ln(a) = ln(x) ⇐⇒ ey ln(a) = x.
Autrement dit, la fonction loga est bijective et sa fonction réciproque est y 7→ ey ln(a) . Par analogie avec les puissance
usuelles, on écrira ey ln(a) = eln(a ) = ay (cette notation sera justiée formellement dans la section suivante).
y

Exemple 17. La fonction logarithme en base 10 est dénie pour x > 0 par :
ln(x)
log10 (x) = .
ln(10)
Il s'agit de la fonction réciproque de y 7→ 10y , donc ∀y ∈ R, log10 (10y ) = y , et ∀x > 0, 10log10 (x) = x.
Ces relations seront notamment très utiles dans les autres matières scientiques.
Proposition (Inégalités classiques).

∀x ∈ R, exp(x) > 1 + x.
∀x ∈]1, +∞[, ln(1 + x) 6 x.

Démonstration. Ces formules ont déjà été montrées dans les exemples 11 et 12.

12
3.2 Puissances et croissances comparées

Dénition (Puissance non entière).


Soit α ∈ R. Pour tout x > 0, on peut dénir le nombre xα par la formule :
α)
xα = eln(x = eα. ln(x) .

Remarque. Si x 6 0, le logarithme n'est pas déni et donc xα non plus.


Remarque. Cette dénition prolonge la dénition habituelle des puissances : si n ∈ N et x > 0,
en ln(x) = eln(x)+ln(x)+. . . +ln(x) = eln(x) eln(x) . . . eln(x) = x · x · . . . · x = xn ,

puisque les sommes et produits contiennent à chaque fois n termes.



Remarque. Pour tout n ∈ N, x n
1
= n
x.

Proposition (Règles de calcul sur les puissances).


Soit (α, β) ∈ R2 , (x, y) ∈ (R∗+ )2 , alors :

(xy)α = xα y α , xα+β = xα xβ , (xα )β = xαβ .

Démonstration. Il sut de revenir à la dénition et d'utiliser les propriétés d'exponentielle et logarithme :

(xy)α = exp(α ln(xy)) = exp(α ln(x) + α ln(y)) = exp(α ln(x)) exp(α ln(y)) = xα y α .

xα+β = exp((α + β) ln(x)) = exp(α ln(x) + β ln(x)) = exp(α ln(x)) exp(β ln(x)) = xα xβ .
(xα )β = exp(β ln(xα )) = exp(βα ln(x)) = xαβ .

Proposition.
d α
Soit α ∈ R, la fonction x 7→ xα est dérivable sur R∗+ et (x ) = α.xα−1 .
dx

Démonstration. La fonction x 7→ exp(α ln(x)) est dérivable sur R∗+ comme composée de fonctions dérivables, et les
formules de dérivation de la composée donnent :
d α α
(x ) = α ln0 (x) · exp0 (α ln(x)) = exp(α ln(x)) = αx−1 xα = αxα−1 .
dx x

Remarque. Cette formule prolonge les formules de dérivation des puissances entières.

13
Proposition (Variations des fonctions puissances).
Si α ∈ R∗ , la fonction dénie sur R∗+ par x 7→ xα est strictement monotone sur R∗+ et son tableau de
variations est le suivant :
Cas α > 0 : Cas α < 0 :
x 0 1 +∞ x 0 1 +∞

αxα−1 + α + αxα−1 − α −

+∞ +∞
xα 1 xα 1
0 0

Remarque. Le cas α = 0 correspond à la fonction constante égale à 1.


Démonstration. Découle directement du signe de la dérivée, obtenue dans le résultat précédent.
Remarque. Cela permet de tracer les représentations graphiques y = xα :

α>1
α=1

α<1
1 1
α = −1
α<0
0 1 0 1

Remarque. Dans le cas α > 0, on peut prolonger la courbe en 0 avec la convention 0α = 0.


Proposition (Croissances comparées).
Soit (α, β) ∈ (R∗+ )2 ,

xα (ln x)β
lim = 0+ , lim = 0+ , lim xα (ln x)β = 0.
x→+∞ eβx x→+∞ xα x→0+

Remarque. Cette dernière limite découle directement de la précédente. En eet, poser y = x1 donne :
 β
α β1 1 (− ln(y))β
lim x (ln x) = lim α ln = lim = 0.
x→0 + y→+∞ y y y→+∞ yα

Exemple 18. Déterminer x→+∞


lim (ln(x) − x).
Les croissances comparées ne s'appliquent qu'aux produits, on force donc une factorisation :
 
ln(x) ln(x)
lim (ln(x) − x) = lim x − 1 = −∞ puisque les croissances comparées donnent lim = 0.
x→+∞ x→+∞ x x→+∞ x

14
3.3 Fonctions circulaires réciproques

Dénition (Arc tangente).


La restriction de la fonction tangente à l'intervalle ] − π2 , π2 [ est une bijection strictement croissante de
] − π2 , π2 [ sur R. Sa bijection réciproque est appelée arc tangente, et est notée arctan.

Démonstration. La fonction tangente est dérivable sur ] − π2 , π2 [, de dérivée tan0 (x) = 1 + tan(x)2 > 0, donc elle est
strictement croissante sur cet intervalle. Elle est donc injective sur ] − π2 , π2 [. Comme tan ] − π2 , π2 [ = R, la fonction
tangente est bijective de ] − π2 , π2 [ sur R. Donc la bijection réciproque existe bien, d'où la preuve de l'existence.
Remarque. Autrement dit, ∀x ∈ R, ∀θ ∈] − π2 , π2 [, tan(θ) = x ⇐⇒ θ = arctan(x).
Remarque. Les propriétés de la réciproque nous permettent de déduire le tableau de variations et la courbe de
arctan :
π
− y = arctan(x)
2
x −∞ 0 +∞
π 0
2
arctan(x) 0 π
− π2 −−
2

Proposition (Dérivée de arc tangente).


1
La fonction arc tangente est dérivable sur R et vérie : ∀x ∈ R, arctan0 (x) = .
1 + x2

Démonstration. On utilise la formule de la dérivée de la réciproque : tangente est dérivable et strictement croissante
sur ] − 2 , 2 [,
π π
à valeurs dans R, et sa dérivée ne s'annule jamais. Donc arc tangente est dérivable en tout point de
R, et : ∀x ∈ R,
1 1
arctan0 (x) = 2 = 1 + x2 .
1 + tan (arctan(x))

Dénition (Arc sinus).


La restriction de la fonction sinus à l'intervalle [− π2 , π2 ] est une bijection strictement croissante de
[− π2 , π2 ] sur [−1, 1]. Sa bijection réciproque est appelée arc sinus, et est notée arcsin.

Démonstration. La fonction sinus est dérivable sur [− π2 , π2 ], de dérivée sin0 (x) = cos(x) > 0 (sauf en − π2 et en π2
où la dérivée s'annule), donc elle est strictement croissante sur cet intervalle. Elle est donc injective sur [− π2 , π2 ].
Comme sin [− π2 , π2 ] = [−1, 1], la fonction sinus est bijective de [− π2 , π2 ] sur [−1, 1]. Donc la bijection réciproque


existe bien, d'où la preuve de l'existence.


Remarque. Autrement dit, ∀x ∈ [−1, 1], ∀θ ∈ [− π2 , π2 ], sin(θ) = x ⇐⇒ θ = arcsin(x).
De façon générale, si l'on se xe un x ∈ [−1, 1], alors pour tout θ ∈ R,

θ ≡ arcsin(x)[2π]

sin(θ) = x ⇐⇒ ou .

θ ≡ π − arcsin(x)[2π]

15
Remarque. Les propriétés de la réciproque nous permettent de déduire le tableau de variations et la courbe de
arcsin :

π y = arcsin(x)
2
x −1 0 1 −1
π 0 1
2
arcsin(x) 0 π
− π2 −
2

Proposition (Dérivée de arc sinus).


1
La fonction arc sinus est dérivable sur ] − 1, 1[ et vérie : ∀x ∈] − 1, 1[, arcsin0 (x) = √ .
1 − x2

Démonstration. On utilise la formule de la dérivée de la réciproque : sinus est dérivable et strictement croissante
sur [− π2 , π2 ]. Sa dérivée s'annule seulement en − π2 et en π2 . Donc arc sinus est dérivable sur sin ] − π2 , π2 [ =] − 1, 1[,
et : ∀x ∈] − 1, 1[,
1 1 1
arcsin0 (x) = =p 2
=√ ,
cos(arcsin(x)) 1 − sin (arcsin(x)) 1 − x2
où on pouvait utiliser la relation cos(y) = 1 − sin2 (y) puisque y = arcsin(x) ∈] − π2 , π2 [, donc cos(y) > 0.
p

Dénition (Arc cosinus).


La restriction de la fonction cosinus à l'intervalle [0, π] est une bijection strictement décroissante de
[0, π] sur [−1, 1]. Sa bijection réciproque est appelée arc cosinus, et est notée arccos.

Démonstration. La fonction cosinus est dérivable sur [0, π], de dérivée cos0 (x) = − sin(x) < 0 (sauf en 0 et en π
où la dérivée s'annule), donc elle est strictement décroissante sur cet intervalle. Elle est donc injective sur [0, π].
Comme cos ([0, π]) = [−1, 1], la fonction cosinus est bijective de [0, π] sur [−1, 1]. Donc la bijection réciproque
existe bien, d'où la preuve de l'existence.
Remarque. Autrement dit, ∀x ∈ [−1, 1], ∀θ ∈ [0, π], cos(θ) = x ⇐⇒ θ = arccos(x).
De façon générale, si l'on se xe un x ∈ [−1, 1], alors pour tout θ ∈ R,

θ ≡ arccos(x)[2π]

cos(θ) = x ⇐⇒ ou .

θ ≡ − arccos(x)[2π]

Remarque. Les propriétés de la réciproque nous permettent de déduire le tableau de variations et la courbe de
arccos :

y = arccos(x)
π

x −1 π
0 1 2

π
π
arccos(x) 2
0 −1 0 1

16
Proposition (Dérivée de arc cosinus).
1
La fonction arc cosinus est dérivable sur ] − 1, 1[ et vérie : ∀x ∈] − 1, 1[, arccos0 (x) = − √ .
1 − x2

Démonstration. On utilise la formule de la dérivée de la réciproque : cosinus est dérivable et strictement décroissante
sur [0, π]. Sa dérivée s'annule seulement en 0 et en π . Donc arc cosinus est dérivable sur cos (]0, π[) =] − 1, 1[, et :
∀x ∈] − 1, 1[,
1 1 1
arccos0 (x) = = −p = −√ ,
− sin(arccos(x)) 1 − cos2 (arcsin(x)) 1 − x2
où on pouvait utiliser la relation sin(y) = 1 − cos2 (y) puisque y = arccos(x) ∈]0, π[, donc sin(y) > 0.
p

3.4 Fonctions hyperboliques

Dénition (Cosinus hyperbolique, sinus hyperbolique).


Les fonctions cosinus hyperbolique et sinus hyperbolique, notée respectivement ch et sh, sont les
fonctions dénies sur R par :
ex + e−x ex − e−x
∀x ∈ R, ch(x) = et sh(x) = .
2 2

Proposition.
Les fonctions ch et sh dérivables sur R, et ∀x ∈ R :

ch0 (x) = sh(x) et sh0 (x) = ch(x).

Démonstration. Les fonctions ch et sh sont dérivables sur R par somme et composée de fonctions dérivables, et les
formules de dérivée donnent :
ex + (−1)e−x ex − e−x ex − (−1)e−x ex + e−x
∀x ∈ R, ch0 (x) = = = sh(x) et sh0 (x) = = = ch(x).
2 2 2 2

Proposition.
Les variations de ch et sh sont données par les tableaux suivants :

x −∞ 0 +∞ x −∞ 0 +∞

ch0 (x) − 0 + sh0 (x) + 1 +

+∞ +∞ +∞
ch(x) sh(x) 0
1 −∞

17
ex +e−x
∀x ∈ R, sh0 (x) = > 0, donc sh est strictement croissante sur R. De plus, sh(0) = e −e = 0.
0 0
Démonstration.
2 2
On complète le tableau de variations de sh avec sh (0) = ch(0) = 2 = 1 et avec les limites (qui s'obtiennent
0 e0 +e0

par calcul direct).


L'étude de sh permet d'en déduire son signe, et de montrer que ∀x ∈ R∗− , ch0 (x) < 0 et ∀x ∈ R∗+ , ch0 (x) > 0. Donc
ch est strictement décroissante sur R− et strictement croissante sur R+ . Les valeurs particulières de ch(0) et sh(0),
ainsi que les limites, permettent de compléter le tableau.
Remarque. Cela permet de tracer les représentations graphiques associées :

Proposition.
Soit x ∈ R,
ch2 (x) − sh2 (x) = 1.

Démonstration. Un calcul direct donne, grâce aux propriétés de l'exponentielle :


2 2
ex + e−x ex − e−x (e2x + e−2x + 2ex e−x ) − (e2x + e−2x − 2ex e−x )
 
2 2 4
ch (x) − sh (x) = − = = = 1.
2 2 4 4

Remarque. Cette relation est l'analogue hyperbolique de la relation cos2 (x) + sin2 (x) = 1.

18
Nombres complexes
Cours de É. Bouchet  PCSI

21 octobre 2021

Table des matières


1 Nombres complexes 2
1.1 Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Représentation graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Écriture algébrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2 Conjugaison et module 4
2.1 Conjugaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Module . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.3 Interprétation géométrique du module . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3 Nombres complexes de module 1 et trigonométrie 7
3.1 Nombres complexes de module 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.2 Formules d'Euler et technique de l'angle moitié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.3 Formule de Moivre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4 Forme trigonométrique 10
4.1 Forme trigonométrique et arguments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.2 Transformation de a cos(t) + b sin(t) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
5 Équations algébriques 11
5.1 Racines d'un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
5.2 Factorisations et résolution d'équations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
5.3 Racines n-ièmes de l'unité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
5.4 Cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
6 Exponentielle complexe 14
6.1 Dénitions et premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
6.2 Opérations sur les exponentielles complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
6.3 Dérivation d'une fonction complexe d'une variable réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
7 Interprétation géométrique des nombres complexes 17
7.1 Étude de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
c−a

7.2 Applications z 7→ az + b . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
b−a

1
1 Nombres complexes
1.1 Présentation
Dénition (Nombre complexe).
On appelle nombre complexe tout élément z pouvant s'écrire sous la forme
z = a + ib,

avec (a, b) un couple de réels et i une solution de l'équation i 2 = −1 .


L'ensemble des nombres complexes est noté C.

L'ensemble C des nombres complexes est muni de deux opérations internes, l'addition et la multiplication, dont les
règles de calculs sont identiques à celles de R, en tenant compte de l'égalité i = −1. Les formules usuelles sur les
2

sommes (somme de termes d'une suite géométrique, télescopage, binôme de Newton, identités remarquables...)
restent valides dans C.
Exemple 1. On cherche à simplier le produit (1 + 3i)(2 − 5i). Un calcul direct donne :
(1 + 3i)(2 − 5i) = 2 + 6i − 5i − 15i2 = 2 + 15 + i(6 − 5) = 17 + i.
Exemple 2. Si z = a + ib avec (a, b) un couple de réels diérent de (0, 0), alors z 6= 0 et on a :
1 1 a − ib a − ib a − ib a b
= = = 2 2 2
= 2 2
= 2 2
−i 2 .
z a + ib (a + ib)(a − ib) a −i b a +b a +b a + b2

1.2 Représentation graphique


Dénition (Axe).
On se place dans le plan muni d'un repère orthonormal (O; ~u, ~v), aussi appelé plan complexe. Soit
(a, b) ∈ R2, et M le point du plan de coordonnées (a, b). Le nombre complexe z = a + ib est appelé
l'axe du point M .
C'est aussi l'axe du vecteur −OM
−→
.
M
b

0 a

Proposition.

Soit A et B deux points du plan complexe, d'axes respectives z et z . Alors le vecteur −AB
−→
a pour
axe z − z .
A B
B A

Démonstration. Découle directement de la relation −AB = AO + OB = OB − OA.


−→ −→ −−→ −−→ −→

Proposition.
Soit A et B deux points du plan complexe, d'axes respectives z et z . Alors le milieu du segment
[AB] a pour axe .
A B
zA +zB
2

2
On note C le milieu du segment et z son axe. Alors −AC→ = −CB
−→
, donc z − zA = z B − zC , donc
et z = .
Démonstration. C C
zA +zB
2zC = zA + zB C 2

1.3 Écriture algébrique


Dénition (Partie réelle, partie imaginaire).
L'écriture du nombre complexe z sous la forme z = a + ib avec a et b des réels est appelée l'écriture
algébrique de z . Le réel a est appelé la partie réelle de z et b est sa partie imaginaire.
On note a = Re(z) et b = Im(z).

Remarque. Attention : contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, la partie imaginaire est un réel.
Proposition.
L'écriture algébrique d'un nombre complexe z est unique.

On suppose que z = a + ib = α + iβ avec (a, b, α, β) ∈ R . Alors (a − α) = −i(b − β), et donc


4

 Si b = β, alors a = α et les deux écritures sont identiques.


Démonstration.

 Si b 6= β, alors a−α
i=− ∈ R,
b−β
ce qui est impossible.
D'où l'unicité.
Variante : en mettant au carré l'égalité (a − α) = −i(b − β), on trouve (a − α) 2 = −(b − β)2 et les deux carrés sont
donc nuls. Donc a = α et b = β.
Proposition.
Soit (z , z ) ∈ C . Alors :
1 2
2

Re(z1 + z2 ) = Re(z1 ) + Re(z2 ), Im(z1 + z2 ) = Im(z1 ) + Im(z2 ),

Re(z1 z2 ) = Re(z1 ) Re(z2 ) − Im(z1 ) Im(z2 ), Im(z1 z2 ) = Re(z1 ) Im(z2 ) + Re(z2 ) Im(z1 ).

On pose a = Re(z ), a = Re(z ), b = Im(z ) et b = Im(z ). On a alors z = a1 + ib1 et


. Les opérations de calcul sur les nombres complexes donnent :
Démonstration. 1 1 2 2 1 1 2 2 1
z2 = a2 + ib2

z1 + z2 = a1 + a2 + i(b1 + b2 ),

et
z1 z2 = (a1 + ib1 )(a2 + ib2 ) = a1 a2 − b1 b2 + i(b1 a2 + b2 a1 ).
D'où le résultat.
Dénition (Nombre imaginaire pur).
Le complexe z est dit imaginaire pur si Re(z) = 0. On note iR l'ensemble des nombres imaginaires
purs.

Exemple 3. 3i est un imaginaire pur, 2 + 3i n'en est pas un.


3
2 Conjugaison et module
2.1 Conjugaison
Dénition (Conjugué).
Soit (a, b) un couple de réels. Le conjugué du nombre complexe z = a + ib est le nombre complexe
z = a − ib.

Remarque. On a donc Re(z) = Re(z) et Im(z) = − Im(z).


Proposition.
Dans le plan complexe, l'image M (z) du nombre complexe z est le symétrique par rapport à l'axe des
abscisses du point M (z).

M (z)
Im(z)

0 Re(z)
− Im(z)
M (z)

Proposition.
Pour tout complexe z, 1
Re(z) = (z + z)
2
et Im(z) =
1
2i
(z − z).

On pose z = a + ib avec (a, b) ∈ R . Alors z + z = 2a = 2 Re(z) et z − z = 2ib = 2i Im(z).


Démonstration.
2

Remarque. Cela donne en particulier :


z ∈ R ⇐⇒ z = z,
z ∈ iR ⇐⇒ z = −z.

Proposition (Opérations sur le conjugué).


Soit z et z deux nombres complexes quelconques. On a :
1 2

z 1 + z 2 = z 1 + z2 ,

z1 .z2 = z1 .z2 ,
et si z est non nul,
2
 
z1 z1
= .
z2 z2

4
Démonstration. On pose z 1 = a1 + ib1 et z 2 = a2 + ib2 , avec (a , b , a , b ) ∈ R . Alors :
1 1 2 2
4

z1 + z2 = a1 + a2 − i(b1 + b2 ) = a1 − ib1 + a2 − ib2 = z1 + z2 ,

z1 .z2 = a1 a2 − b1 b2 + i(a1 b2 + a2 b1 ) = a1 a2 − b1 b2 − ia1 b2 − ia2 b1 = (a1 − ib1 )(a2 − ib2 ) = z1 .z2 .


On obtient la dernière égalité par produit avec :
 
1 a2 b2 1
= +i 2 = .
z2 a22 2
+ b2 2
a2 + b2 z2

2.2 Module
Dénition (Module).
Soit z = a + ib où (a, b) est un couple de réels. Le module de z, noté |z|, est le réel
p √
|z| = a2 + b2 = zz.

Proposition.
Pour tout nombre complexe z,
|z| = |z| , |z| > 0 et |z| = 0 ⇐⇒ z = 0.

Proposition (Relations entre |Re(z)|, |Im(z)| et |z|).


Pour tout nombre complexe z,
|Re(z)| 6 |z| et Re(z) = |z| ⇐⇒ z ∈ R+ ,

|Im(z)| 6 |z| et Im(z) = |z| ⇐⇒ z ∈ iR+ .

On montre la première relation, la deuxième s'obtient de la même manière. Soit z ∈ C, par stricte
croissance de la fonction racine sur R , on a :
Démonstration.

+
p p
|Re(z)| = Re(z)2 6 Re(z)2 + Im(z)2 = |z| ,

de plus,
Re(z) = |z| ⇐⇒ (Re(z) > 0 et Re(z) 2
= Re(z)2 + Im(z)2 ) ⇐⇒ (Re(z) > 0 et Im(z) = 0) ⇐⇒ z ∈ R +.

Proposition (Module du produit).


Soit z et z deux nombres complexes quelconques. Alors
1 2

|z1 z2 | = |z1 | |z2 | .

5
Démonstration. Comme z z 1 1 = |z1 |2 > 0 , on√ peut écrire√: √
|z1 z2 | = z1 z 2 z1 z 2 = z1 z1 z2 z2 = |z1 | |z2 | .

Proposition (Inégalité triangulaire).


Soit z et z deux nombres complexes quelconques. Alors
1 2

|z1 + z2 | 6 |z1 | + |z2 |

et |z 1 + z2 | = |z1 | + |z2 | ⇐⇒ z1 z2 ∈ R+ .

Remarque. La condition z z ∈ R signie que les vecteurs d'axes z et z sont colinéaires et de même sens.
1 2 + 1 2

Démonstration. On procède d'abord comme dans le cas réel :


|z1 + z2 |2 − (|z1 | + |z2 |)2 = (z1 + z2 )(z1 + z2 ) − |z1 |2 − |z2 |2 − 2 |z1 | |z2 |
= (z1 + z2 )(z1 + z2 ) − |z1 |2 − |z2 |2 − 2 |z1 | |z2 |
= |z1 |2 + z1 z2 + z2 z1 + |z2 |2 − |z1 |2 − |z2 |2 − 2 |z1 z2 |
= 2 Re(z1 z2 ) − 2 |z1 z2 | 6 0.
D'où |z + z2 |2 6 (|z1 | + |z2 |)2 , et en passant à la racine (croissante sur R ), comme les modules sont tous positifs,
. De plus, on a égalité si et seulement si :
1 +
|z1 + z2 | 6 (|z1 | + |z2 |)
Re(z1 z2 ) = |z1 z2 | ⇐⇒ z1 z2 ∈ R+ .

2.3 Interprétation géométrique du module


Proposition.
Soit z ∈ C. Dans le plan complexe, |z| représente la distance de l'origine 0 au point M (z).
M (z)
Im(z)
|z|

0 Re(z)

Proposition.
Soit (a, b) ∈ C et A, B leurs images dans le plan complexe. La valeur |a − b| correspond à la distance
2

AB entre ces deux points.

Remarque. On déduit directement de ces propriétés que si A est un point d'axe a et r est un réel strictement
positif,
 Le cercle de centre A et de rayon r est l'ensemble {z ∈ C| |z − a| = r}.
 Le disque fermé de centre A et de rayon r est l'ensemble {z ∈ C| |z − a| 6 r}.
 Le disque ouvert de centre A et de rayon r est l'ensemble {z ∈ C| |z −√a| < r}.
Exemple 4. Le point 2 + i se trouve sur le cercle de centre 2i et de rayon 5.
En eet, √ √
|2 + i − 2i| = |2 − i| = 4+1= 5.

6
3 Nombres complexes de module 1 et trigonométrie
3.1 Nombres complexes de module 1
Dénition (Cercle trigonométrique).
On pose U = {z ∈ C| |z| = 1} l'ensemble des nombres complexes de module 1.
Dans le plan complexe, U s'identie au cercle trigonométrique, de centre 0 et de rayon 1.

Dénition (eit , t ∈ R).


Soit t ∈ R, on note e le nombre complexe cos(t) + i sin(t).
it

Remarque. Comme tout point du cercle trigonométrique a des coordonnées du type (cos(t), sin(t)) avec t ∈ R,
on a donc U = {e |t ∈ R}.
it

i
eit
sin t

−1 0 cos t 1

−i

Proposition.

Soit (a, b) ∈ R . Alors e


2 i(a+b) = eia eib .

Démonstration. Il sut de revenir à la dénition :


eia eib = (cos(a) + i sin(a))(cos(b) + i sin(b))
= cos(a) cos(b) + i cos(a) sin(b) + i sin(a) cos(b) + i2 sin(a) sin(b)
= (cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b)) + i (cos(a) sin(b) + sin(a) cos(b))
= cos(a + b) + i sin(a + b)
e e = ei(a+b)
ia ib

Proposition.

Pour tout (a, b) ∈ R , e 2 ia = e−ia =


1
eia
.

Démonstration. Un calcul et les parités de sinus et cosinus donnent :


eia = cos(a) + i sin(a) = cos(a) − i sin(a) = cos(−a) + i sin(−a) = e−ia .

7
Par ailleurs,
1 1 cos(a) − i sin(a) e−ia
ia
= = 2 = = e−ia .
e cos(a) + i sin(a) cos2 (a) + sin (a) 1

On déduit immédiatement des deux derniers résultats que ∀(a, b) ∈ R , ee .


ia
Remarque. 2
ib
= ei(a−b)

Proposition.
Pour tout a ∈ R, eia = 1 .

Démonstration. Il sut de faire le calcul :


q √
eia = |cos(a) + i sin(a)| = cos2 (a) + sin2 (a) = 1 = 1.

3.2 Formules d'Euler et technique de l'angle moitié


Proposition (Formules d'Euler).
Pour tout θ ∈ R,
eiθ + e−iθ
et sin θ = e − e−iθ

cos θ = .
2 2i

Démonstration. On applique les formules Re(z) = et Im(z) = à z = e = cos(θ) + i sin(θ).


z+z
2
z−z
2i

Exemple 5. Ces formules permettent d'utiliser des technique de l'angle moitié pour factoriser des expressions :
soit (t, θ) ∈ R , on a
2
 
 t+θ t−θ t−θ t−θ t+θ
eit + eiθ = ei 2 ei 2 + e−i 2 ei 2 .
= 2 cos
2
 
t+θ
 t−θ
−i t−θ
 t−θ t+θ
eit − eiθ = ei 2 ei 2 − e 2 = 2i sin ei 2 .
2
Le cas particulier t = 0 permet entre autres de traiter les formes 1 + e et 1 − e . iθ iθ

Ces relations permettent de retrouver des formules trigonométriques, en prenant les parties réelles ou imaginaires.
Par exemple :
     

it iθ
 t−θ 
i t+θ
 t−θ t+θ
cos(t) + cos(θ) = Re e + e = 2 cos Re e 2 = 2 cos cos .
2 2 2
et :
 
sin(t) − sin(θ) = Im eit − eiθ
 
t−θ  t+θ 
= 2 sin Im iei 2
2
      
t−θ t+θ t+θ
= 2 sin Im − sin + i cos
2 2 2
   
t−θ t+θ
sin(t) − sin(θ) = 2 sin cos .
2 2

8
Exemple 6. Soit θ ∈] − π, π[. Exprimer cos (θ) comme combinaison linéaire de cos(3θ) et cos(θ) (cette opération
3

de transformation d'un produit en combinaison linéaire s'appelle linéarisation).


On applique successivement les formules d'Euler, le binôme de Newton, et de nouveau les formules d'Euler :
(eiθ + e−iθ )3
cos(θ)3 =
8
1  3iθ 
= e + 3e2iθ e−iθ + 3eiθ e−2iθ + e−3iθ
8
1 e3iθ + e−3iθ eiθ + e−iθ
 
= +3
4 2 2
cos(3θ) + 3 cos(θ)
cos(θ)3 = .
4

Soit n ∈ N. Calculer la somme S = X cos(3k).


n
Exemple 7.
k=0

On remarque que S = Re(T ) avec T = e . On commence donc par calculer T . Par la formule de somme
n
X
i3k

géométrique (puisque e 6= 1) puis en appliquant la formule de l'angle moitié, on trouve :


k=0
i3

n 3i(n+1) 3i(n+1) 3i(n+1) 3i(n+1)


X
3i k 1 − e3i(n+1) e 2 (e− 2 −e 2 ) e 2 (−2i sin( 3(n+1)
2 )) sin( 3(n+1)
2 ) 3in
T = (e ) = 3i
= 3i 3i 3i = 3i = 3 e 2 .
1−e e 2 (e− 2 − e 2 ) e 2 (−2i sin( 32 )) sin( 2 )
k=0

D'où par passage à la partie réelle, S = 3(n+1)


sin( 2 )
sin( 32 )
cos 3n
2

.
3.3 Formule de Moivre
Proposition (Formule de Moivre).
Pour tout θ réel et tout entier n,
(cos θ + i sin θ)n = cos(nθ) + i sin(nθ).

Démonstration. Il sut de passer sous forme exponentielle :


 n
(cos θ + i sin θ)n = eiθ = einθ = cos(nθ) + i sin(nθ).

Exemple 8. Exprimer cos(3θ) et sin(3θ) en fonction de cos θ et sin θ.


On a :
cos(3θ) + i sin(3θ) = (cos θ + i sin θ)3 = (cos θ)3 + 3i(cos θ)2 sin θ − 3 cos θ(sin θ)2 − i(sin θ)3 .
En identiant les parties réelles et imaginaires, on trouve :
cos(3θ) = (cos θ)3 − 3 cos θ(sin θ)2 ,

sin(3θ) = 3(cos θ)2 sin θ − (sin θ)3 .

9
4 Forme trigonométrique
4.1 Forme trigonométrique et arguments
Dénition (Argument).
Soit z ∈ C . Tout réel θ tel que z = |z| (cos θ + i sin θ) est appelé un argument de z.

Remarque. Si θ est un argument de z, alors pour tout k ∈ Z, θ + 2kπ est encore un argument de z.
De plus, si θ et θ sont deux arguments de z, alors θ ≡ θ [2π].
0 0

Remarque. Soit (a, b) ∈ R \ {(0, 0)} et (ρ, θ) ∈ R × R. On suppose que z = a + ib = ρ(cos θ + i sin θ). Alors :
2 ∗
+

a = ρ(cos θ) et b = ρ(sin θ),


p
2
ρ = a + b , cos θ = √ 2
a
a +b
et sin θ = √
b
2
a +b
.
2 2 2

√ 9. Trouver
Exemple le module et un argument√ de z = 1 + i.
|z| = 1 + 1 = 2, donc le module de z vaut 2.

De plus, z = √2 + i . Or cos  = et sin  = . Donc est un argument de z.


√1
2
√1
2
π
4
√1
2
π
4
√1
2
π
4

Dénition (Forme trigonométrique).


Tout nombre complexe z non nul s'écrit sous la forme trigonométrique
z = reiθ ,

avec r > 0 et θ réel. On a alors r = |z| et θ est un argument de z.

Remarque. Attention, contrairement à la forme algébrique, cette écriture n'est pas unique (puisqu'on peut trouver
plusieurs arguments diérents).
Proposition.

Dans le plan complexe, θ correspond à une valeur de l'angle (~u, −OM


−→
) en radians.

M (z)
Im(z)

θ
0 Re(z)

4.2 Transformation de a cos(t) + b sin(t)


Proposition.
Soit (a, b) ∈ R 2 \ {(0, 0)} et t ∈ R. Alors il existe r ∈ R et ϕ ∈ R tels que :

+

a cos(t) + b sin(t) = r cos(t − ϕ).

10
Démonstration. On pose r = √a 2 + b2 > 0 . Alors  
a b
a cos(t) + b sin(t) = r cos(t) + sin(t) .
r r
Or a 2
r

+ b 2
r

= a2 +b2
r2
=1 . Donc il existe ϕ ∈ R tel que a
r = cos(ϕ) et b
r = sin(ϕ) . Donc :
a cos(t) + b sin(t) = r (cos(ϕ) cos(t) + sin(ϕ) sin(t)) = r cos(t − ϕ).

Exemple 10. Soit t ∈ R, on voudrait écrire cos(t) + √√3 sin(t) sous la forme r cos(t − ϕ).
En appliquant la méthode précédente, on calcule r = 1 + 3 = 2. D'où la factorisation :
! √
√ 1 3
cos(t) + 3 sin(t) = 2 cos(t) + sin(t) .
2 2

On reconnaît maintenant et , d'où :



1 3
= cos( π3 )
2
π
2 = sin( 3 )
√  π  π    π
cos(t) + 3 sin(t) = 2 cos cos(t) + sin sin(t) = 2 cos t − .
3 3 3

5 Équations algébriques
5.1 Racines d'un nombre complexe
Dénition (Racines d'un nombre complexe).
Soit z ∈ C , alors l'équation t
∗ 2 = z d'inconnue t ∈ C admet exactement deux solutions opposées,
appelées racines de z.
On pose z = |z| e , avec θ um argument de z, et t = |t| e , avec ϕ un argument de t. On a alors,
iθ iϕ

grâce à un passage au module : (


Démonstration.

( ( (
|t|2 e2iϕ = |z| eiθ e2iϕ = eiθ 2ϕ ≡ θ[2π] ϕ ≡ 2θ [π]
t2 = z ⇔ |t|2 e2iϕ = |z| eiθ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔
|t|2 = |z|
p p p
|t| = |z| |t| = |z| |t| = |z|

On trouve donc exactement deux solutions distinctes : et θ


z1 = |z|ei 2
p
. θ
z2 = |z|ei( 2 +π) = −z1
p

Exemple 11. Les racines complexes de −4 sont 2i et −2i.


Remarque. La notation z est absolument réservée aux nombres réels positifs, elle ne doit jamais être utilisée

dans le cas plus général d'un nombre complexe (notamment parce qu'on ne saurait pas laquelle des deux racines
choisir).
Remarque. La résolution se fait très bien sous forme exponentielle, c'est plus calculatoire avec la forme algébrique,
mais faire intervenir le module permet de simplier les calculs.
Exemple 12. Déterminer les racines complexes de 3 + 4i.
Soit (a, b) ∈ R . Faire intervenir le module, puis identier les parties réelle et imaginaire donne :
2

 2 2
a − b = 3
( (
(a + ib)2 = 3 + 4i 2 2
a − b + 2iab = 3 + 4i

(a + ib)2 = 3 + 4i ⇐⇒ ⇐⇒ √ ⇐⇒ ab = 2 .
|a + ib|2 = |3 + 4i| a2 + b2 = 9 + 16 
 2 √
a + b2 = 25
Il ne reste alors plus qu'à résoudre le système :
5+3
2
 2
a = 2 a = 4
car ab > 0
 
2 5−3
(a + ib) = 3 + 4i ⇐⇒ b = 2 ⇐⇒ b2 = 1 ⇐⇒ (a, b) = ±(2, 1)
2
 
ab = 2 ab = 2
 

Les deux racines complexes de 3 + 4i sont donc 2 + i et −2 − i.


11
5.2 Factorisations et résolution d'équations
Proposition.
Soit (a, b, c) ∈ C avec a 6= 0. L'équation az + bz + c = 0 a exactement deux solutions dans C, qui sont
3 2
−b+δ
2a et , où δ est une racine carrée complexe de b − 4ac.
−b−δ
2a
2

Démonstration. Comme dans le cas réel, on met l'expression sous forme canonique :
2 !
2 2 2 − 4ac
    
b c b b b c b b
az 2 + bz + c = a z 2 + z + = a z2 + 2 z + 2 − 2 + =a z+ − .
a a 2a 4a 4a a 2a (2a)2

D'où la résolution, en notant δ une racine carrée de b 2 − 4ac :


b 2 b2 − 4ac
 
2 b δ −b ± δ
az + bz + c = 0 ⇔ z + = 2
⇔z+ =± ⇔z= .
2a (2a) 2a 2a 2a
Ce qui donne le résultat annoncé.
Exemple 13. Déterminer les solutions complexes de l'équation z − z − i − = 0. 2 1

Le discriminant vaut 1 − 4(−i − ) = 1 + 4i + 2 = 3 + 4i, dont on a calculé les racines plus haut, donc on peut
1
2

utiliser δ = 2 + i. Les solutions de l'équation sont donc , c'est-à-dire et .


2
1±(2+i) 3+i −1−i
2 2 2

Proposition.
Soit (a, b, c) ∈ C avec a 6= 0 et z , z les deux solutions de l'équation az
3
1 2
2 + bz + c = 0 dans C. Alors :
z +z =1
−b
2
a
et z z = .
c
a
1 2

D'après le résultat précédent, on peut écrire z = −b+δ


et z = −b−δ
, où delta est une racine
carrée de b − 4ac. On en déduit directement :
Démonstration. 1 2
2a 2a
2

−b + δ − b − δ −2b −b
z1 + z 2 = = =
2a 2a a
et (−b + δ)(−b − δ) b2 − δ 2 4ac c
z1 z 2 = 2
= 2
= 2 = .
4a 4a 4a a

Pour le cas des équations de degré supérieur, on utilise la propriété suivante :


Proposition.
Soit P une fonction polynomiale à coecients complexes admettant a ∈ C comme racine. Alors on peut
factoriser P (z) par z − a.

Sera montré dans le chapitre sur les polynômes.


Démonstration.

Exemple 14. Les calculs des exemples précédents donnent la factorisation :


     
2 1 3+i −1 − i 3+i 1+i
z −z−i− =1 z− z− = z− z+ .
2 2 2 2 2

12
5.3 Racines n-ièmes de l'unité
Dénition (Racine n-ième de l'unité).
Soit n ∈ N . On appelle racine n-ième de l'unité toute solution de l'équation z
∗ n , pour z ∈ C.
=1
On note U l'ensemble des racines n-ièmes de l'unité.
n

Proposition.
Soit n ∈ N, il existe exactement n racines n-ièmes de l'unité distinctes, et :
n 2ikπ o
Un = e n |k ∈ [[0, n − 1]] .

On cherche à résoudre l'équation z = 1, d'inconnue z ∈ C.


n

Comme le but est de calculer z , la forme exponentielle semble la plus adaptée : on pose z = |z| e avec θ ∈ R.
Démonstration.
n iθ

z = 1 ⇐⇒ |z| e = 1 ⇐⇒ |z| = 1 et e = 1 (en prenant le module).


n n inθ n inθ

Comme |z| ∈ R ,+
n
|z| = 1 ⇐⇒ |z| = 1.
Par ailleurs,
e = 1 ⇐⇒ nθ ≡ 0[2π] ⇐⇒ ∃k ∈ Z tel que θ =
inθ 2kπ
.
n
L'ensemble des solutions de z = 1 dans C est donc : U = e |k ∈ Z .
n o 2ikπ
n n
n
Comme e = 1, cet ensemble contient des doublons. En les retirant, on obtient :
2iπ
n 2ikπ o
Un = e n |k ∈ [[0, n − 1]] ,

qui contient bien des complexes tous distincts (les sont distincts et à valeurs dans [0, 2π[, donc les e sont
2ikπ 2ikπ

également distincts).
n
n

Remarque. Sur le cercle trigonométrique, les points de U correspondent aux n sommets d'un polygone régulier.
n

π
π i i e2i 5
e2i 3
π
e4i 5

0 1 0 1
π
e6i 5
π
e4i 3 π
e8i 5

Proposition.

Soit un entier n > 2. Alors X e .


n−1
2ikπ
n =0
k=0

13
Démonstration. Par formule de somme géométrique, comme e 2iπ
n 6= 1 ,
n−1 n−1 2inπ
X 2ikπ X 2iπ
k 1−e n 1 − e2iπ 1−1
e n = e n = 2iπ = 2iπ = 2iπ = 0.
k=0 k=0 1−e n 1−e n 1−e n

5.4 Cas général


Dénition (Racine n-ième, cas général).
Soit n ∈ N et a ∈ C , on appelle racine n-ième de a toute solution de l'équation z
∗ ∗ n =a , pour z ∈ C.

Proposition.
Soit n ∈ N et a ∈ C . Donc il existe θ ∈ R tel que a = |a|nep.
∗ ∗ iθ

Les racines n-ièmes de a sont les éléments de l'ensemble |a|e ( .


θ+2kπ
o
n i n ) k ∈ [[0, n − 1]]

Démonstration. Soit z ∈ C , on pose z = |z| e avec t ∈ R. Alors :


∗ it

( n ( p ( p
|z| = |a| |z| = n |a| |z| = n |a|
z n = a ⇐⇒ |z|n eint = |a| eiθ ⇐⇒
eint = eiθ
⇐⇒
nt ≡ θ[2π]
⇐⇒
∃k ∈ Z tel que t = θ+2kπ
n

d'où le résultat annoncé en retirant les doublons.


Variante : on commence par constater que p|a|e , les équivalences deviennent alors :
 θ
n
n in
=a
!n
z n = a ⇐⇒ p
n
z
θ
|a|ei n
= 1 ⇐⇒ p
n
z
θ ∈ Un ⇐⇒ ∃k ∈ [[0, n − 1]]
|a|ei n
tel que z = p|a|e n
θ
in
ei 2kπ
n .

Exemple 15. Pour déterminer les racines 3-ièmes de 8e , on applique la formule précédente. Les racines sont

donc : π 5π
2ei 3 , 2eiπ , 2ei 3 .

6 Exponentielle complexe
6.1 Dénitions et premières propriétés
Dénition (Exponentielle complexe).

Soit z ∈ C, on dénit l'exponentielle complexe de z comme le nombre complexe e Re(z) ei Im(z) . Elle
est notée exp(z) ou e . z

Exemple 16. On a la relation :


e1+i = e1 ei = eei = e cos(1) + ie sin(1).

14
Proposition.

Soit z ∈ C, alors |e | = e z Re(z) et un argument est Im(z).

Démonstration. Par dénition de l'exponentielle complexe et propriétés du module,


|ez | = eRe(z) ei Im(z) = eRe(z) × 1 = eRe(z) .

La valeur d'un argument en est directement déduite.


6.2 Opérations sur les exponentielles complexes
Proposition.
Soit (z , z ) ∈ C , alors
1 2
2

ez1 +z2 = ez1 ez2 .

Démonstration. Il sut de revenir à la dénition, d'utiliser les propriétés de l'exponentielle réelle et de e : it

ez1 +z2 = eRe(z1 +z2 ) ei Im(z1 +z2 ) = eRe(z1 )+Re(z2 ) ei Im(z1 )+i Im(z2 ) = eRe(z1 ) eRe(z2 ) ei Im(z1 ) ei Im(z2 ) = ez1 ez2

Proposition.
Soit (z , z ) ∈ C , exp(z ) = exp(z ) si et seulement si z
1 2
2
1 2 1 − z2 ∈ 2iπZ .

Démonstration. Soit (z , z ) ∈ C , les propriétés du module et des arguments donnent :


1 2
2

( (
eRe(z1 ) = eRe(z2 ) Re(z1 ) = Re(z2 )
exp(z1 ) = exp(z2 ) ⇔ eRe(z1 ) ei Im(z1 ) = eRe(z2 ) ei Im(z2 ) ⇔ ⇔ .
Im(z1 ) ≡ Im(z2 )[2π] Im(z1 ) − Im(z2 ) ∈ 2πZ

On en déduit donc : (
Re(z1 − z2 ) = 0
exp(z1 ) = exp(z2 ) ⇔ ⇔ z1 − z2 ∈ 2iπZ.
Im(z1 − z2 ) ∈ 2πZ

Exemple 17. On cherche les solutions complexes à l'équation exp(z) = 1 + i. Soit z ∈ C, on commence par
montrer que 1 + i = √2e , puis la stricte croissance du logarithme sur R donne :
i π4 ∗
+
( √ (
ln(2)
√ i π4 eRe(z) = 2 Re(z) =
ez = 1 + i ⇐⇒ eRe(z) ei Im(z) = 2e ⇐⇒ ⇐⇒ 2 .
Im(z) ≡ π4 [2π] Im(z) ≡ π
4 [2π]

Les solutions sont donc les nombres complexes sous la forme ln(2)
2 + i( π4 + 2kπ) , avec k ∈ Z.

15
6.3 Dérivation d'une fonction complexe d'une variable réelle
Dénition (Dérivation d'une fonction à valeurs complexes).
Soit I un intervalle et soit f une fonction dénie de I dans C. Soit a ∈ I . On dit que f est dérivable en
a si Re(f ) et Im(f ) le sont. On appelle alors nombre dérivé en a la valeur :

f 0 (a) = Re(f )0 (a) + i Im(f )0 (a).

Remarque. Dériver une fonction à valeurs complexes revient donc à dériver ses parties réelle et imaginaire, ce
qui permet de conserver les formules habituelles de dérivée d'une somme, d'un produit, d'un quotient et d'une
composée.
Exemple 18. La dérivée de la fonction f qui à x ∈ R associe cos(x) + i sin(x) est la fonction f qui à x ∈ R associe
0

sin(x) + i cos(x).

Exemple 19. La dérivée de la fonction f qui à x ∈ R associe est la fonction f qui à x ∈ R associe −
1
3x+2i
0 . 3
(3x+2i)2

Proposition.
Soit I un intervalle de R et f une fonction dénie et dérivable de I dans C. Alors f est constante sur I
si et seulement si f est nulle sur I .
0

Remarque. Le reste des résultats de monotonie ne se généralise par contre pas, puisque les relations de compa-
raison et les notions de positivité-négativité ne fonctionnent pas dans C.
Proposition.
Soit I un intervalle de R et ϕ une fonction dérivable de I dans C. Alors f : x 7→ exp(ϕ(x)) est dérivable
sur I , et :
∀x ∈ I, f 0 (x) = ϕ0 (x) exp(ϕ(x)).

On pose a = Re(ϕ) et b = Im(ϕ), ces fonctions sont dérivables sur I par hypothèse.
Par dénition de l'exponentielle complexe, ∀x ∈ I ,
Démonstration.

exp(ϕ(x)) = exp(a(x)) exp(ib(x)) = exp(a(x)) cos(b(x)) + i exp(a(x)) sin(b(x)).

Donc f = exp(ϕ) est dérivable par composée de fonctions dérivables, et ∀x ∈ I ,


f 0 (x) = a0 (x) exp(a(x)) cos(b(x)) − b0 (x) exp(a(x)) sin(b(x)) + i a0 (x) exp(a(x)) sin(b(x)) + b0 (x) exp(a(x)) cos(b(x))


= exp(a(x)) a0 (x) cos(b(x)) − b0 (x) sin(b(x)) + i a0 (x) sin(b(x)) + b0 (x) cos(b(x)) .




Par ailleurs,
ϕ0 (x) exp(ϕ(x)) = (a0 (x) + ib0 (x)) exp(a(x)) exp(ib(x)) = exp(a(x)) (a0 (x) + ib0 (x))(cos(b(x)) + i sin(b(x)) .


En développant, on trouve donc bien l'égalité annoncée.

16
7 Interprétation géométrique des nombres complexes
7.1 Étude de c−a
b−a

Proposition.
Soit (a, b, c) ∈ C , avec a 6= b et a 6= c. On note A, B, C leurs images dans le plan complexe. Alors
3

c−a AC
= ,
b−a AB

où AC et AB−−→représentent les distances entre les points. De plus, tout argument de c−a
est une mesure
de l'angle (AB, AC) en radians.
b−a
−→

Démonstration. Pour le premiers résultat, il sut de réutiliser les propriétés des modules :
c−a |c − a| AC
= = .
b−a |b − a| AB

Par ailleurs, si θ est un argument


c de c − a et θ un−−→argument de b − a, un argument de est θ
b
c−a
c − θb . Comme
θ est une mesure de l'angle de AC et θ de l'angle AB , on en déduit le deuxième résultat.
b−a
−→
c b

Proposition.
Soit (a, b, c) ∈ C , avec a 6= b et a 6= c. On note A, B, C leurs images dans le plan complexe. Alors :
3

A, B, C sont alignés ⇐⇒
c−a
∈ R,
b−a
et
(AB) et (AC) sont orthogonales ⇐⇒
c−a
∈ iR.
b−a

Les points A, B et C sont alignés si et seulement si (−AB, AC) ≡ 0[π], donc si et seulement si les
−→ −→
arguments de sont multiples de π, donc si et seulement si ∈−−→R. −→
Démonstration.
c−a c−a

Les droites (AB) et (AC) sont orthogonales si et seulement si (AB, AC) ≡ [π], donc si et seulement si les
b−a b−a
π

arguments de sont de la forme + kπ avec k ∈ Z, donc si et seulement si ∈ iR.


c−a
b−a
π
2
2
c−a
b−a

Exemple 20. Soit (x, y) ∈ R et z = x + iy. Pour quelles valeurs de z le triangle de sommets A, B , C , d'axes
2

respectives a = 2 − 3i, b = 1 + 2i, c = z est-il rectangle en A ?


On calcule le quotient :
c−a x + iy − 2 + 3i x − 2 + i(y + 3) (x − 2 + i(y + 3))(−1 − 5i) −x + 2 + 5y + 15 + i(−y − 3 − 5x + 10)
= = = = .
b−a 1 + 2i − 2 + 3i −1 + 5i 1 + 25 26
Donc c−a −x + 5y + 17 + i(−y − 5x + 7)
= .
b−a 26

Donc . Donc l'ensemble des convenant est {17+5t+it|t ∈ R}.


(
c−a x = 17 + 5t
b−a ∈ iR ⇐⇒ −x+5y +17 = 0 ⇐⇒ z
y=t∈R

17
7.2 Applications z 7→ az + b
On a déjà vu plus tôt dans le chapitre que si z ∈ C,
 z est le symétrique de z par rapport à l'axe des abscisses.
 −z est le symétrique de z par rapport à 0.
 −z est le symétrique de z par rapport à l'axe des ordonnées.
−z z
• •

0
• •
−z z

D'autres cas particuliers présentent un intérêt notable et doivent être reconnues :


 Les translations de vecteur b ∈ C, qui s'écrivent sous la forme z 7→ z + b.
 Les rotations de centre 0 et d'angle θ ∈ R, qui s'écrivent sous la forme z 7→ e z. iθ

 Les rotations de centre a ∈ C et d'angle θ ∈ R, qui vérient z − a = e (z − a) où z est l'image de z.


0 iθ 0

L'application s'écrit donc sous la forme z 7→ a + e (z − a).


 Les homothéties de centre 0 et de rapport λ ∈ R , qui s'écrivent sous la forme z 7→ λz.


 Les homothéties de centre a ∈ C et de rapport λ ∈ R , qui vérient z − a = λ(z − a) où z est l'image


∗ 0 0

de z. L'application s'écrit donc sous la forme z 7→ a + λ(z − a).


Exemple 21. À quoi correspond l'application f : z 7→ iz + 3 − i ?
i 6= 1, donc f n'est pas une translation. Comme i = 1e , il nous reste juste à déterminer le point xe c ∈ C.
i π2

Soit z ∈ C,
3−i (3 − i)(1 + i) 4 + 2i
f (z) = z ⇐= iz+3−i = z ⇐⇒ z(1−i) = 3−i ⇐= z = ⇐⇒ z = ⇐⇒ z = ⇐⇒ z = 2+i.
1−i 2 2
Donc f est la rotation de centre 2 + i et d'angle .
π
2

18
Calcul de primitives
Cours de É. Bouchet  PCSI

16 novembre 2021

Table des matières

1 Primitive d'une fonction sur un intervalle 2


1.1 Dénition et premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Primitives usuelles à connaître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

2 Intégrale d'une fonction 3


2.1 Généralités sur les intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Quelques calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

3 Méthodes de calcul 5
3.1 Intégration par parties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.2 Changement de variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.3 Autres techniques classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.3.1 Linéariser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.3.2 Utiliser des exponentielles complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.3.3 Primitiver t → at2 +bt+c
1
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

1
1 Primitive d'une fonction sur un intervalle

1.1 Dénition et premières propriétés


Dénition (Primitive).
Soit f une fonction dénie sur un intervalle I de R, à valeurs dans R ou C. Une fonction F est une
primitive de f sur l'intervalle I lorsque F est dérivable sur I et que ∀x ∈ I , F 0 (x) = f (x).

Remarque. Il n'y a pas unicité, on doit donc dire  une primitive  et pas  la primitive .
Proposition (Ensemble des primitives d'une fonction sur un intervalle).
Soit f une fonction dénie sur un intervalle I de R, à valeurs dans R ou C. Soit F une primitive de f
sur l'intervalle I et G une fonction dénie sur I . Alors G est une primitive de f sur I si et seulement
si G − F est une fonction constante sur I .

Démonstration. On a :
 Si G est une primitive de f sur I , alors G est dérivable sur I et G − F est dérivable sur I par somme de
fonctions dérivables. Sa dérivée est f − f = 0. Et donc, par propriété de monotonie des fonctions dérivables
sur un intervalle, G − F est une fonction constante sur I .
 Réciproquement, on suppose qu'il existe a ∈ R ou C tel que ∀x ∈ I , (G − F )(x) = a. Alors ∀x ∈ I ,
G(x) = F (x) + a. G est donc dérivable sur I par somme de fonctions dérivables, et G0 = F 0 + 0 = f . Donc
G est une primitive de f sur I .

Proposition (Opérations).
Soit α ∈ C, f et g deux fonctions dénies sur un intervalle I de R, à valeurs dans R ou C. Soit F et G
des primitives de f et g sur cet intervalle I . Alors :
 αF + G est une primitive de αf + g sur I .
 G × F est une primitive de f G + gF sur I .
 F1 est une primitive de − Ff2 sur I (si ∀x ∈ I , F (x) 6= 0).

Remarque. Pour chaque résultat, il sut de dériver la primitive annoncée pour vérier qu'elle convient.
Remarque. Une primitive d'un produit N'EST PAS le produit de primitives.

1.2 Primitives usuelles à connaître


Ces formules sont valides pour tout intervalle de dérivabilité de la fonction F .
f (x) = F (x) = f (x) = F (x) = f (x) = F (x) =
ex ex ln(x) x ln(x) − x 1
tan(x)
cos(x)2
k (constante) kx ch(x) sh(x)
1 + tan(x)2 tan(x)
xα , α 6= −1 xα+1
α+1 sh(x) ch(x)
1
arctan(x)
1 1 + x2
x ln |x| sin(x) − cos(x)
√ 1
√1 2 x cos(x) sin(x) √ arcsin(x)
x 1 − x2

2
Si u est une fonction dérivable sur un intervalle I , on obtient par composition les formules suivantes, à connaître
également :
Fonction Primitive Fonction Primitive

u0 eu eu u0 cos u sin u

u0 uα (α 6= −1) uα+1
α+1
u0 sin u − cos u

u0 u0
u ln |u| 1+u2
arctan u

u0 √ 0
√ 2 u √u arcsin u
u 1−u2

Remarque. Soit F une primitive de f . Si a ∈ C∗ et b ∈ C, une primitive de x → f (ax + b) est x → 1


a F (ax + b).
Exemple 1. Une primitive de x → 3 cos(5x + 2) est x → 3
5 sin(5x + 2).
Exemple 2. Si λ ∈ C∗ , une primitive de x → eλx est x → λe .
1 λx

Cette primitive très classique nous resservira dans la suite du chapitre.


Exemple 3. Déterminer une primitive de x → tan(x) sur ] − π2 , π2 [.
0
∀x ∈] − π2 , π2 [, tan(x) = sin(x)
cos(x) cos(x) . Une primitive est donc x → − ln(|cos(x)|).
= − cos (x)

Exemple 4. Soit a ∈ R∗+ . Déterminer une primitive de x → 1


x2 +a2
sur R.
On remarque que :
1
1 1 1 1 a
∀x ∈ R, = 2 = .
2
x +a 2 a x 2 a x 2
 
a +1 a +1
Une primitive est donc x → a1 arctan x
.

a

2 Intégrale d'une fonction

2.1 Généralités sur les intégrales


Proposition (Théorème fondamental de l'analyse).
Soit f une fonction continue sur un intervalle I de R et à valeurs dans R ou dans C. Soit a ∈ I , on
dénit la fonction H par : ∀x ∈ I , Z x
H(x) = f (t)dt.
a
Alors H est la primitive de f sur I qui s'annule en a.

Démonstration. Admis.
Remarque. On utilise pour ce résultat la dénition d'intégrale vue en Terminale, comme aire algébrique sous la
courbe. Une dénition plus complète sera proposée au second semestre.
Remarque. Une fonction à valeurs complexes est continue lorsque ses parties réelle et imaginaire sont des fonctions
continues. Si f est à valeurs complexes, son intégrale est dénie par :
Z x Z x Z x
f (t)dt = Re(f (t))dt + i Im(f (t))dt.
a a a

Remarque. Soit f une fonction continue sur un intervalle I . Ses primitives sont donc les fonctions du type
+ C où a ∈ I et C est une constante.
R x
x→ a f (t)dt

3
Proposition.
Soit f une fonction continue sur un intervalle I de R, à valeurs dans R ou C. Soit a et b deux réels de
I et F une primitive de f sur I . Alors
Z b
f (t)dt = F (b) − F (a).
a

F et x → f (t)dt sont deux primitives de f , donc il existe K ∈ C tel que :


Rx
Démonstration.
a
Z x
∀x ∈ I, F (x) = f (t)dt + K.
a

En particulier, pour x = a, on trouve F (a) = aa f (t)dt + K = K , et pour x = b, F (b) = f (t)dt + K . Ces deux
R Rb
a
relations donnent bien ab f (t)dt = F (b) − F (a).
R

Remarque. Cette formule permet de mémoriser deux relations déjà connues :


Z a Z b Z a
f (t)dt = 0 et f (t)dt = − f (t)dt.
a a b

2.2 Quelques calculs


Exemple 5. Après avoir justié leur existence, calculer les réels suivants :
1. pour x > 0, J(x) = 1x (1 − 1t )(ln t − 2)dt.
R

La fonction t → (1 − 1t )(ln t − 2) est continue entre 1 et x, donc l'intégrale existe, et


Z x   x
ln(t) 2 1
J(x) = ln(t) − −2+ = t ln(t) − t − (ln(t))2 − 2t + 2 ln |t| ,
1 t t 2 1

1
J(x) = x ln(x) − (ln(x))2 − 3x + 2 ln(x) + 3.
2
R √
2. K = 01 1 − t dt.

La fonction t → 1 − t est continue sur [0, 1], donc l'intégrale existe, et
 1
2 3/2 2
K = − (1 − t) = .
3 0 3
R −π
3. L = 0 2 (cos u)2 du.
La fonction u → (cos u)2 est continue sur [− π2 , 0], donc l'intégrale existe, et
− π2  π
u sin(2u) − 2
Z 
1 + cos(2u) π sin (−π) π
L= du = + =− + −0=− .
0 2 2 4 0 4 4 4
R 2√2
4. M = √
3
√ tdt .
t2 +1
√ √
La fonction t → √ t
t2 +1
est continue sur [ 3, 2 2], donc l'intégrale existe, et
√ √
Z 2 2
2tdt hp i2 2 √ √
M= √ √ = t2 + 1 √ = 9 − 4 = 3 − 2 = 1.
3 2 t2 + 1 3

4
Proposition (Relation de Chasles).
Soit f une fonction continue sur un intervalle I de R, et a, b et c trois réels de I . Alors
Z b Z c Z c
f (t)dt + f (t)dt = f (t)dt.
a b a

Démonstration. Soit F une primitive de f sur I . On a :


Z b Z c Z c
f (t)dt + f (t)dt = F (b) − F (a) + F (c) − F (b) = F (c) − F (a) = f (t)dt.
a b a

Remarque. La formule est vraie sans contrainte d'ordre entre a, b et c.


Z 1
Exemple 6. Après avoir justié son existence, calculer N = inf(t, 0)dt.
−1
La fonction t → inf(t, 0) est continue sur [−1, 1], donc l'intégrale existe, et
0 1 0 1 0
t2
Z Z Z Z 
1
N= inf(t, 0)dt + inf(t, 0)dt = tdt + 0dt = =− .
−1 0 −1 0 2 −1 2

3 Méthodes de calcul

3.1 Intégration par parties


Théorème (Intégration par parties).
Soit (a, b) ∈ R2 et soit u et v deux fonctions de classe C 1 entre a et b. Alors
Z b h ib Z b
0
u (t)v(t)dt = u(t)v(t) − u(t)v 0 (t)dt.
a a a

Démonstration. u et v sont de classe C 1 entre a et b, donc t → u0 (t)v(t) et t → u(t)v 0 (t) sont continues sur
l'intervalle associé et les deux intégrales existent. On trouve alors par calcul de primitive :
Z b h ib
u0 (t)v(t) + u(t)v 0 (t) dt = u(t)v(t) .

a a

D'où le résultat par linéarité de l'intégrale.


Exemple 7. Calculer la valeur de : Z 1
I= x2 exp(x)dx.
0
On pose u : x → et v : x →
x2 ex .
Les fonctions u et v sont de classe C 1 sur [0, 1], avec u0 (x) = 2x et v 0 (x) = ex
on peut donc eectuer une intégration par parties :
1
Z 1 Z 1
2

I = x exp(x) 0
− 2x exp(x)dx = e − 0 − 2x exp(x)dx.
0 0

Les fonctions f : x → 2x et g : x → ex sont de classe C 1 sur [0, 1], avec f 0 (x) = 2 et g 0 (x) = ex on peut donc
eectuer une nouvelle intégration par parties :
Z 1
I =e− [2x exp(x)]10 + 2 exp(x)dx = e − 2e + 0 + [2 exp(x)]10 = −e + 2e − 2 = e − 2.
0

5
Exemple 8. Déterminer la primitive de ln sur R∗+ qui s'annule en R1.
ln est continue sur R∗+ , donc cette primitive existe, et vaut x → 1 ln(t)dt. Il ne reste plus qu'à calculer cette
x

intégrale. Soit x > 0, u : t → ln(t) et v : t → t sont de classe C 1 entre 1 et x, avec u0 (t) = 1t et v 0 (t) = 1, une
intégration par parties donne donc :
Z x Z x
1
ln(t)dt = [t ln(t)]x1 − t dt = x ln(x) − (x − 1) = x ln(x) − x + 1.
1 1 t
La primitive recherchée est donc x → x ln(x) − x + 1.

3.2 Changement de variable


Théorème (Changement de variable).
Soit f une fonction continue sur un intervalle I de R, à valeurs dans R ou C. Soit u : t −→ u(t) une
fonction de classe C 1 sur un intervalle [α, β] de R et à valeurs dans I . Alors
Z u(β) Z β
f (x)dx = f (u(t)) u0 (t)dt.
u(α) α

Démonstration. La fonction f est continue sur I , donc admet une primitive F sur cet intervalle. Soit h = F ◦ u.
La fonction h est de classe C 1 sur [α, β] (par composée de fonctions de classe C 1 ), et pour tout t ∈ [α, β],
h0 (t) = F 0 (u(t))u0 (t) = f (u(t))u0 (t).

Cette fonction étant continue sur [α, β], on peut passer à l'intégrale et on trouve :
Z β Z u(β)
0
f (u(t))u (t)dt = h(β) − h(α) = F (u(β)) − F (u(α)) = f (x)dx.
α u(α)

Remarque. Ce changement de variable se note x = u(t) et on s'autorise la notation dx = u0 (t)dt pour interpréter
la formule : Z u(β) Z β
f (x)dx = f (u(t) ) u0 (t)dt .
u(α) α |{z} | {z }
x dx

Exemple 9. En utilisant le changement de variable t = x − 4, calculer la valeur de :


Z 4
J= exp(x − 4)dx.
0

x → exp(x − 4) est continue sur [0, 4], donc J existe. x → x − 4 est de classe C 1 sur [0, 4], on peut donc poser le
changement de variables t = x − 4, avec dt = dx :
Z 0
J= exp(t)dt = [exp(t)]0−4 = 1 − exp(−4).
−4

Exemple 10. En utilisant le changement de variable t = cos(x), calculer la valeur de :


Z π
sin(x)
I= dx.
0 1 + cos(x)2

x→ sin(x)
est continue sur [0, π], donc I existe. x → cos(x) est de classe C 1 sur [0, π], on peut donc poser le
1+cos(x)2
changement de variables t = cos(x) avec dt = − sin(x)dx :
π cos(π) 1
−1 −1
Z Z Z
1 π  π π
I= (− sin(x))dx = dt = dt = arctan(1) − arctan(−1) = − − = .
0 1 + cos(x)2 cos(0) 1 + t2 −1 1 + t2 4 4 2

6
Remarque. Si u est strictement monotone sur l'intervalle [α, β], alors u réalise une bijection de [α, β] sur un
intervalle [a, b] et
Z b Z u−1 (b)
f (x)dx = f (u(t)) u0 (t)dt.
a u−1 (a)

Exemple 11. En utilisant le changement de variable x = cos(t), calculer la valeur de :


Z 1p
K= 1 − x2 dx.
0

x → 1 − x2 est continue sur [0, 1], donc K existe. t → cos(t) est de classe C 1 sur [0, π2 ] et bijective à valeurs dans
[0, 1]. On peut donc poser le changement de variables "à l'envers" x = cos(t) avec dx = − sin(t)dt, en utilisant
arccos pour les bornes :
π
Z 0p Z arccos(0) Z
2
K= 1 − cos(t)2 (− sin(t))dt = |sin(t)| sin(t)dt = (sin(t))2 dt.
π
2
arccos( π2 ) 0

Il ne reste plus qu'à linéariser l'expression pour déterminer une primitive :


π  π
1 − cos(2t)
Z
2 1 sin(2t) 2 1 π  π
K= dt = t− = −0−0+0 = .
0 2 2 2 0 2 2 4

(Dans le cas de cet exemple, on aurait aussi pu poser t = arccos(x), mais la relation dt = − √1−x
1
2
dx aurait été
beaucoup plus dicile à manipuler, d'où le choix du changement de variables "à l'envers".)

3.3 Autres techniques classiques


3.3.1 Linéariser
Exemple 12. Déterminer une primitive de f : t → (sin t)5 sur R.
On utilise les formules d'Euler et du binôme de Newton : ∀t ∈ R,
5
eit − e−it e5it − 5e3it + 10eit − 10e−it + 5e3it − e−5it

5 sin(5t) − 5 sin(3t) + 10 sin(t)
f (t) = (sin t) = = 5
= .
2i 2 i 16

Chacun de ces termes est facilement primitivable, ce qui permet de proposer comme primitive la fonction F dénie
par :
− cos(5t) − cos(3t) − cos(t) cos(5t) 5 cos(3t) 5 cos(t)
∀t ∈ R, F (t) = −5 + 10 =− + − .
5 × 16 3 × 16 16 80 48 8

3.3.2 Utiliser des exponentielles complexes


Exemple 13. Déterminer une primitive de g : t → e2t cos(5t) sur R.
On remarque que :

∀t ∈ R, g(t) = e2t cos(5t) = e2t Re(e5it ) = Re(e2t+5it ) = Re(et(2+5i) ).

Une primitive complexe de t → et(2+5i) est t → 1


2+5i e
t(2+5i) . Or,

1 2 − 5i 2t e2t
∀t ∈ R, et(2+5i) = e (cos(5t) + i sin(5t)) = (2 cos(5t) + 5 sin(5t) + 2i sin(5t) − 5i cos(5t)).
2 + 5i 4 + 25 29
Cela permet de proposer comme primitive pour g la fonction G dénie par :
e2t
 
1
∀t ∈ R, G(t) = Re et(2+5i) = (2 cos(5t) + 5 sin(5t)).
2 + 5i 29

7
3.3.3 Primitiver t→ 1
at2 +bt+c
1
Exemple 14. Déterminer une primitive de g : x → sur un intervalle I où g est bien dénie.
x2 + 2x + 1
Le discriminant du dénominateur vaut ∆ = 4 − 4 = 0, ce qui donne la factorisation :
1
∀x ∈ I, g(x) = .
(x + 1)2

Une primitive est donc x → − x+1


1
.
1
Exemple 15. Déterminer une primitive de f sur un intervalle I où f est bien dénie.
: t→
− 6t + 4 2t2
Le discriminant du dénominateur vaut ∆ = 36 − 32 = 4 > 0, ce qui fournit deux racines 6+2
4 = 2 et 4 = 1, et
6−2

permet donc de factoriser l'expression :


1 1
∀t ∈ I, f (x) = = .
2t2 − 6t + 4 2(t − 1)(t − 2)

Décomposons en éléments simples : on cherche (α, β) ∈ R2 tels que ∀t ∈ I ,


1 α β
= + .
2(t − 1)(t − 2) t−1 t−2

Multiplier par t − 2 puis faire tendre t vers 2 donne β = 12 . Multiplier par t − 1 puis faire tendre t vers 1 donne
α = − 12 . Donc :
1 1 1 1
∀t ∈ I, f (x) = − + .
2t−1 2t−2
Une primitive est donc t → − 12 ln(|t − 1|) + 12 ln(|t − 2|).
1
Exemple 16. Déterminer une primitive de h : u → sur un intervalle I où h est bien dénie.
u2 + 2u + 4
Ici, le discriminant du dénominateur vaut ∆ = 4 − 16 = −12 < 0. Un passage sous forme canonique donne :
√ 1
1 1 1 1 1 3
∀u ∈ I, h(u) = 2
= 2
=  2 =√  2 .
u + 2u + 4 (u + 1) + 3 3 u+1 3 u+1

3
+1 √
3
+1
 
Une primitive est donc u → √1
3
arctan u+1

3
.

8
Équations diérentielles
Cours de É. Bouchet  PCSI

22 novembre 2021

Table des matières


1 Équations diérentielles linéaires du premier ordre 2
1.1 Dénitions et structure linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Résolution de l'équation homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Recherche d'une solution particulière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Résolution de l'équation complète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2 Équations diérentielles linéaires du second ordre à coecients constants 6
2.1 Dénition et structure linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Résolution de l'équation homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 Recherche d'une solution particulière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.4 Résolution de l'équation complète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

1
Dans tout le chapitre, on note I un intervalle de R et K désigne l'ensemble R ou C.
1 Équations diérentielles linéaires du premier ordre
1.1 Dénitions et structure linéaire
Dénition (Solution d'une l'équation diérentielle d'ordre 1).
Soit a et b deux fonctions continues sur I et à valeurs dans K. Une fonction y dénie sur I et à valeurs
dans K est dite solution de l'équation diérentielle y + a(t)y = b(t) si elle est dérivable sur I et vérie :
0

∀t ∈ I, y 0 (t) + a(t)y(t) = b(t).

Exemple 1. La fonction exponentielle est solution de l'équation diérentielle y − y = 0. 0

Dénition (Équation diérentielle homogène associée).


Soit a et b deux fonctions continues sur I et à valeurs dans K. On appelle équation diérentielle homogène
associée à l'équation diérentielle y + a(t)y = b(t) l'équation dont le second membre est réduit à 0 :
0

y 0 + a(t)y = 0.

Proposition (Principe de superposition).


Soit a, b et b trois fonctions continues sur I et à valeurs dans K.
Si y est solution de l'équation y + a(t)y = b (t) et y est solution de l'équation y + a(t)y = b (t), alors
1 2
0 0

pour tout couple (λ, µ) ∈ K , la fonction (λy +µy ) est solution de l'équation y +a(t)y = λb (t)+µb (t).
1 1 2 2
2 0
1 2 1 2

Démonstration. y1 et y sont dérivables sur I , donc λy


2 1 + µy2 l'est aussi par combinaison linéaire. De plus, ∀t ∈ I ,
(λy1 + µy2 )0 (t) + a(t)(λy1 + µy2 )(t) = λy10 (t) + µy20 (t) + a(t)λy1 (t) + a(t)µy2 (t)
= λ(y10 (t) + a(t)y1 (t)) + µ(y20 (t) + a(t)y2 (t))
= λb1 (t) + µb2 (t),

d'où le résultat annoncé.


Remarque. Soit y une solution particulière de y + a(t)y = b(t). Pour toute autre solution y de y + a(t)y = b(t),
0 0

la fonction y − y est solution de l'équation diérentielle avec second membre b(t) − b(t), c'est-à-dire solution de
P

l'équation homogène y + a(t)y = 0. On a peut donc écrire toute solution y de y + a(t)y = b(t) sous la forme :
P
0 0

y = yH + yP ,

où y est une solution particulière xée et y


P H = y − yP est solution de l'équation homogène associée.

2
1.2 Résolution de l'équation homogène
Proposition.
Soit a une fonction continue sur I et à valeurs dans K et A une de ses primitives sur I .
Les solutions de l'équation diérentielle homogène y + a(t)y = 0 sont les fonctions de la forme :
0

yH : t 7→ Ce−A(t) ,

où C est une constante de K.


On montre que ces fonctions sont solution, et que ce sont les seules :
 Soit y dénie sur I par ∀t ∈ I , y (t) = Ce . Alors y est dérivable sur I comme composée de fonctions
Démonstration.
−A(t)

dérivables et un calcul de dérivée donne :


H H H

0
∀t ∈ I, yH (t) = −CA0 (t)e−A(t) = −A0 (t)yH (t) = −a(t)yH (t).
yH est donc bien solution de y + a(t)y = 0.
0

 Réciproquement, soit y une solution de y + a(t)y = 0, montrons que la fonction ye est constante sur
0 A

l'intervalle I . Cette fonction est dérivable comme produit de fonctions dérivables, et :


(yeA )0 (t) = y 0 (t)eA(t) + y(t)A0 (t)eA(t) = eA(t) y 0 (t) + a(t)y(t) = 0.

∀t ∈ I,
La fonction ye est donc bien constante sur l'intervalle I .
A

Exemple 2. On cherche à déterminer les fonctions à valeurs réelles solutions de l'équation y − ty = 0 sur R. 0

Une primitive de t 7→ −t sur R est t 7→ − , les solutions de l'équation diérentielle sont donc les fonctions de la
t2

forme y : t 7→ λe , avec λ ∈ R.
2
t2
2

1.3 Recherche d'une solution particulière


Proposition (Méthode de la variation de la constante).
Soit a et b deux fonctions continues sur I et à valeurs dans K et A une primitive de a sur I .
Une solution particulière de l'équation diérentielle y + a(t)y = b(t) est la fonction :
0

yP : t 7→ C(t)e−A(t) ,

où la fonction C est une primitive de be A

Soit y la fonction ainsi dénie, montrons qu'elle est bien solution de l'équation diérentielle. Elle
est dérivable sur I comme produit et composée de fonctions dérivables, et un calcul de dérivée donne :
Démonstration. P

∀t ∈ I, yP0 (t) = C 0 (t)e−A(t) + C(t)(−A0 (t)e−A(t) ) = b(t)eA(t) e−A(t) − C(t)a(t)e−A(t) = −a(t)yP (t) + b(t).
yP est donc bien solution de l'équation diérentielle, ce qu'il fallait démontrer.
Remarque. Ce résultat se mémorise facilement en remarquant qu'il faut chercher une solution particulière du
type y = Ce où C n'est pas une constante mais une fonction.
−A

En injectant cette forme dans y + a(t)y = b(t), on trouve :


0

∀t ∈ I, y 0 (t) + a(t)y(t) = b(t) ⇐⇒ ∀t ∈ I, C 0 (t)e−A(t) + C(t)(−A0 (t))e−A(t) + a(t)C(t)e−A(t) = b(t)


⇐⇒ ∀t ∈ I, C 0 (t)e−A(t) − C(t)a(t)e−A(t) + a(t)C(t)e−A(t) = b(t)
⇐⇒ ∀t ∈ I, C 0 (t) = b(t)eA(t)
Une telle fonction y est donc bien solution si et seulement si C 0 = beA .
3
Exemple 3. On cherche à déterminer une solution particulière de l'équation diérentielle y − ty = t sur R. 0

On a vu dans l'exemple précédent que les solutions de l'équation homogène sont les fonctions dénies sur R par
y : t 7→ λe , avec λ ∈ R.
t2
2

Pour appliquer la méthode de la variation de la constante, on cherche une primitive sur R de t 7→ te . La fonction − t2
2

t 7→ −e
2
− t2
convient.
Une solution particulière est donc la fonction dénie par ∀t ∈ R, y(t) = −e e = −1 (tout ça pour ça...)
2
− t2 t2

Bien entendu, si on avait eu l'intuition de cette valeur dès le début, on aurait pu se contenter de vérier qu'elle
2

convenait, sans devoir invoquer la variation de la constante.


Remarque. Lorsque y + ay = b(t) avec a ∈ K une constante, on peut éviter l'utilisation de la variation de la
0 ∗

constante (et les calculs de primitive qui vont avec) grâce à quelques astuces de calcul :
 Si b est aussi une constante, on cherche une solution particulière y constante.
 Si b est polynomiale, on cherche une solution particulière y polynomiale, de même degré.
P

 Si b(t) = e , on cherche une solution particulière y de la forme λe avec λ ∈ K (si α 6= −a) ou de la


P
αt αt

forme λte (si α = −a).


P
αt

 Si b(t) = sin(ωt) ou cos(ωt), on cherche une solution particulière y de la forme λ cos(ωt) + µ sin(ωt) avec
(λ, µ) ∈ R .
P
2

Exemple 4. On cherche à déterminer une solution particulière de l'équation diérentielle y + 3y = t + 1 sur R, 0 2

pour des fonctions à valeurs complexes.


Soit (a, b, c) ∈ C , on pose y(t) = at + bt + c. Elle est dérivable sur R, avec ∀t ∈ R, y (t) = 2at + b. On a alors :
3 2 0

∀t ∈ R, y 0 (t) + 3y(t) = t2 + 1 ⇐⇒ ∀t ∈ R, 2at + b + 3at2 + 3bt + 3c = t2 + 1


⇐⇒ ∀t ∈ R, 3at2 + (2a + 3b)t + b + 3c = t2 + 1

3a = 1

⇐= 2a + 3b = 0

b + 3c = 1


1
a = 3

⇐= b = − 29
 11
c = 27

Une solution particulière de y + 3y = t + 1 est donc la fonction dénie par ∀t ∈ R, y(t) = − + .


0 2 t2
3
2t
9
11
27

Exemple 5. On cherche à déterminer une solution particulière de l'équation diérentielle y − 6y = e sur R, pour 0 it

des fonctions à valeurs complexes.


Soit λ ∈ C , on pose y(t) = λe . Elle est dérivable sur R, avec ∀t ∈ R, y (t) = λie . On a alors :
3 it 0 it

∀t ∈ R, y 0 (t) − 6y(t) = eit ⇐⇒ ∀t ∈ R, λieit − 6λeit = eit


⇐⇒ λ(i − 6) = 1
6+i
⇐⇒ λ = −
37
Une solution particulière de y − 6y = e est donc la fonction dénie par ∀t ∈ R, y(t) = − e .
0 it 6+i it
37

Exemple 6. On cherche à déterminer une solution particulière de l'équation diérentielle y + y = sin(3t) sur R, 0

pour des fonctions à valeurs réelles.


Soit (λ, µ) ∈ R , on pose y(t) = λ cos(3t) + µ sin(3t). Elle est dérivable sur R et ∀t ∈ R, y (t) = −3λ sin(3t) +
2 0

3µ cos(3t). On a alors :

∀t ∈ R, y 0 (t) + y(t) = sin(3t) ⇐⇒ ∀t ∈ R, −3λ sin(3t) + 3µ cos(3t) + λ cos(3t) + µ sin(3t) = sin(3t)


⇐⇒ ∀t ∈ R, sin(3t)(−3λ + µ) + cos(3t)(3µ + λ) = sin(3t)
(
−3λ + µ = 1
⇐=
3µ + λ = 0

4
(
3
λ = − 10
⇐= 1
µ = 10

Une solution particulière de y + y = sin(3t) est donc la fonction dénie par ∀t ∈ R, y(t) = −
0 3
10
1
cos(3t) + 10 sin(3t) .
1.4 Résolution de l'équation complète
Proposition (Solution générale de y0 + a(t)y = b(t), rappel).
Soit a et b deux fonctions continues sur I et à valeurs dans K. Les solutions de l'équation diérentielle
y + a(t)y = b(t) sont les fonctions de la forme
0

y = yH + yP ,

où y est une solution de l'équation homogène y + a(t)y = 0 et y est une solution particulière de
0

y + a(t)y = b(t).
H P
0

On a montré en remarque plus tôt dans le chapitre que toute solution y de y + a(t)y = b(t) peut 0

s'écrire sous la forme y = y + y . Réciproquement, le principe de superposition nous donne que y + y est
Démonstration.

solution de y + a(t)y = b(t), d'où le résultat.


H P H P
0

Remarque. Si l'on combine tous les résultats obtenus jusqu'ici, on aboutit à une solution générale de y + a(t)y = 0

b(t) de la forme : Z  t
y : t 7→ Ce−A(t) + b(s)eA(s) ds e−A(t) ,

où C ∈ K et α ∈ I .
α

Si l'on n'impose aucune condition supplémentaire à y, il existe donc une innité de solutions, paramétrées par la
constante C .
Exemple 7. Déterminons les fonctions à valeurs dans R solutions de l'équation diérentielle y − = t sur R . 0 y 2 ∗

Une primitive sur R de t 7→ − est t 7→ − ln(t). Les solutions de l'équation diérentielle homogène associée sont t +
∗ 1

donc les fonctions dénies sur R par y 7→ λe = λt, avec λ ∈ R.


+ t
∗ + ln(t)

On cherche maintenant une solution particulière de y − = t en utilisant la méthode de la variation de la


+ H
0 y 2

constante. Cherchons une primitive de t 7→ t e = t = t. La fonction t → convient, donc une solution


t
2 − ln(t) 21 t2

particulière est la fonction dénie sur R par y : t 7→ t = .


t 2
∗ t2 t3

Les solutions à valeurs réelles de l'équation diérentielle y − = t sont donc les fonctions dénies sur R par
+ P 2 2
0 y 2 ∗

y : t 7→ λt + , avec λ ∈ R.
t +
t3

À noter que les résultats du cours portent sur un


2
I , on n'aurait donc pas pu étendre ce raisonnement à
R .
intervalle

Proposition (Solution du problème de Cauchy).


Soit a et b deux fonctions continues sur I et à valeurs dans K.
Si l'on xe t ∈ I et y ∈ K, il existe une unique fonction y dérivable sur I qui satisfait le problème de
Cauchy :
0 0
(
y 0 + a(t)y = f (t)
y(t0 ) = y0

L'existence de la fonction y découle directement des résultats précédents, en ajustant les constantes
pour coller à la condition initiale. On peut ainsi utiliser la fonction dénie par :
Démonstration.

Z t 
∀t ∈ I, y(t) = y0 eA(t0 )−A(t) + b(s)eA(s) ds e−A(t) .
t0

5
Montrons maintenant l'unicité. Soit y et y deux fonctions qui vérient les conditions. Alors, par principe de
superposition, y − y est solution de l'équation homogène y + a(t)y = 0, donc il existe C ∈ K tel que ∀t ∈ I ,
1 2
0

. En particulier pour t = t , on trouve y − y = Ce , or e 6= 0 donc C = 0. Donc


1 2
(y − y )(t) = Ce −A(t) −A(t0 ) −A(t0 )

y =y .
1 2 0 0 0
1 2

Exemple 8. Déterminons la fonction à valeurs dans R solution de l'équation y − = t sur R et telle que 0 y 2 ∗

y(1) = 0.
t +

Puisque y est solution de l'équation diérentielle y − = t , l'exemple précédent nous donne l'existence de λ ∈ R
0 y 2

tel que ∀t ∈ R , y(t) = λt + . Or y(1) = 0, donc 0 = λ + , donc λ = − .


t
∗ t3 1 1

Donc l'unique solution de ce problème de Cauchy est la fonction dénie par ∀t ∈ R , y(t) = − + .
+ 2 2 2
∗ t t3
+ 2 2

2 Équations diérentielles linéaires du second ordre à coecients constants


2.1 Dénition et structure linéaire
Dénition (Solution d'une l'équation diérentielle d'ordre 2).
Soit (a, b) ∈ K et f une fonction continue sur I et à valeurs dans K. Une fonction y dénie sur I et
2

à valeurs dans K est dite solution de l'équation diérentielle y + ay + by = f (t) si elle est deux fois 00 0

dérivable sur I et vérie :


∀t ∈ I, y 00 (t) + ay 0 (t) + by(t) = f (t).

Dénition (Équation diérentielle homogène associée).


Soit (a, b) ∈ K et f une fonction continue sur I et à valeurs dans K. On appelle équation diérentielle
2

homogène associée à l'équation diérentielle y + ay + by = f (t) l'équation dont le second membre est
00 0

réduit à 0 :
y 00 + ay 0 + by = 0.

Proposition (Principe de superposition).


Soit (a, b) ∈ K et f et f deux fonctions continues sur I et à valeurs dans K.
2

Si y est solution de l'équation y +ay +by = f (t) et y est solution de y +ay +by = f (t), alors pour
1 2
00 0 00 0

tout couple (λ, µ) ∈ K , la fonction (λy + µy ) est solution de l'équation y + ay + by = λf (t) + µf (t).
1 1 2 2
2 00 0
1 2 1 2

y1 et y sont deux fois dérivables sur I , donc λy + µy2 l'est aussi par combinaison linéaire. De
plus, ∀t ∈ I ,
Démonstration. 2 1

(λy1 + µy2 )00 (t) + a(λy1 + µy2 )0 (t) + b(λy1 + µy2 )(t) = λy100 (t) + µy200 (t) + aλy10 (t) + aµy20 (t) + bλy1 (t) + bµy2 (t)
= λ(y100 (t) + ay10 (t) + by1 (t)) + µ(y200 (t) + ay20 (t) + by2 (t))
= λf1 (t) + µf2 (t),

d'où le résultat annoncé.


Remarque. Soit y une solution particulière de y +ay +by = f (t). Pour toute autre solution y de y +ay +by =
00 0 00 0

f (t), la fonction y − y est solution de l'équation diérentielle avec second membre f (t) − f (t), c'est-à-dire solution
P

de l'équation homogène y + ay + by = 0. On a peut donc écrire toute solution y de y + ay + by = f (t) sous la


P
00 0 00 0

forme :
y = yH + yP ,
où y est une solution particulière xée et y
P H = y − yP est solution de l'équation homogène associée.
6
2.2 Résolution de l'équation homogène
Dénition (Équation caractéristique).
Soit (a, b) ∈ K . On appelle équation caractéristique associée à l'équation diérentielle y +ay +by =
2 00 0

0 l'équation polynomiale :
r2 + ar + b = 0.

Proposition (Solutions de y00 + ay0 + by = 0 à valeurs complexes).


Soit (a, b) ∈ C . On note ∆ le discriminant de l'équation caractéristique.
2

 Si ∆ 6= 0, on note r et r les deux racines complexes de l'équation caractéristique. Une fonction


y est solution de y + ay + by = 0 si et seulement si ∃(C , C ) ∈ C tels que :
1 2
00 0 2
1 2

∀t ∈ I, y(t) = C1 er1 t + C2 er2 t .

 Si ∆ = 0, on note r la racine double de l'équation caractéristique. Une fonction y est solution


de y + ay + by = 0 si et seulement si ∃(C , C ) ∈ C tels que :
0
00 0 2
1 2

∀t ∈ I, y(t) = (C1 + C2 t)er0 t .

Quitte à avoir r = r = r (si ∆ = 0), on peut factoriser l'équation caractéristique sous la forme
. Les relations coecients-racines donnent alors a = −(r + r ) et b = r r .
Démonstration. 1 2 0
r2 + ar + b = (r − r1 )(r − r2 )
Soit une fonction deux fois dérivable sur I , à valeurs dans C. On pose ∀t ∈ I , z(t) = y(t)e , de sorte que :
1 2 1 2
y −r1 t


r1 t
y(t) = z(t)e

∀t ∈ I, y 0 (t) = er1 t (z 0 (t) + r1 z(t))

 00
y (t) = er1 t z 00 (t) + 2r1 z 0 (t) + r12 z(t)


Une condition nécessaire et susante pour que y soit solution de y 00 + ay 0 + by = 0 est alors :
 

∀t ∈ I, er1 t z 00 (t) + (2r1 + a)z 0 (t) + (r12 + ar1 + b)z(t) = 0 ⇐⇒ ∀t ∈ I, z 00 (t) + (r1 − r2 )z 0 (t) = 0.
| {z } | {z }
r1 −r2 =0

On reconnaît alors une équation diérentielle linéaire d'ordre 1 sur z , qui s'étudie avec une disjonction de cas :
0

 Si r − r 6= 0 (le cas ∆ 6= 0), y est solution si et seulement si :


1 2

∃λ ∈ C tel que ∀t ∈ I, z (t) = λe , 0 −(r1 −r2 )t

ce qui équivaut en primitivant de nouveau à :


∃(λ, µ) ∈ C tels que ∀t ∈ I, z(t) =
2 −λ −(r1 −r2 )t
e + µ.
r −r 1 2

Comme y(t) = z(t)e , cette dernière forme donne ∀t ∈ I , y(t) = e + µe . En posant C = µ et


r1 t −λ r2 t r1 t

, on obtient le résultat annoncé.


r1 −r2 1
−λ
C =
 Si r − r = 0 (le cas ∆ = 0), y est solution si et seulement si :
2 r1 −r2
1 2

∃C ∈ C tel que ∀t ∈ I, z (t) = C ,


2
0
2

ce qui équivaut en primitivant de nouveau à :


∃(C , C ) ∈ C tels que ∀t ∈ I, z(t) = C + C t.
1 2
2
1 2

Comme y(t) = z(t)e , cette dernière forme donne ∀t ∈ I , y(t) = (C + C t)e , d'où le résultat annoncé.
r0 t
1 2
r0 t

7
Exemple 9. On veut déterminer les fonctions à valeurs complexes solutions de l'équation diérentielle y − 4y + 00 0

3y = 0.
Son équation caractéristique est r − 4r + 3 = 0, de discriminant ∆ = 16 − 12 = 4 > 0. Elle admet donc deux
2

solutions réelles, = 1 et = 3.
4−2 4+2

Les solutions de l'équation diérentielle sont donc les fonctions dénies sur R par y : t 7→ λe +µe , avec (λ, µ) ∈ C .
2 2
t 3t 2

Proposition (Solutions de y + ay + by = 0 à valeurs réelles).


00 0

Soit (a, b) ∈ R . On note ∆ le discriminant de l'équation caractéristique.


2

 Si ∆ > 0, on note r et r les deux racines réelles de l'équation caractéristique. Une fonction y
est solution de y + ay + by = 0 si et seulement si ∃(C , C ) ∈ R tels que :
1 2
00 0 2
1 2

∀t ∈ I, y(t) = C1 er1 t + C2 er2 t .

 Si ∆ = 0, on note r la racine réelle double de l'équation caractéristique. Une fonction y est


solution de y + ay + by = 0 si et seulement si ∃(C , C ) ∈ R tels que :
0
00 0 2
1 2

∀t ∈ I, y(t) = (C1 + C2 t)er0 t .

 Si ∆ < 0, on note r + iω et r − iω les racines complexes de l'équation caractéristique, avec


(r, ω) ∈ R . Une fonction y est solution de y + ay + by = 0 si et seulement si ∃(C , C ) ∈ R
2 00 0 2

tels que :
1 2

∀t ∈ I, y(t) = (C1 cos(ωt) + C2 sin(ωt)) ert .

Montrons tout d'abord que les solutions réelles de y + ay + by = 0 sont les parties réelles des 00 0

solutions complexes de y + ay + by = 0 :
Démonstration.
00 0

 Si y est une fonction complexe solution de y + ay + by = 0, alors sa partie réelle est dérivable sur I , et on
00 0

trouve en prenant la partie réelle dans l'égalité y + ay + by = 0 (puisque a et b sont réels) : 00 0

Re(y)00 + a Re(y)0 + b Re(y) = 0.


Cela signie que la fonction Re(y) est une solution (réelle, donc) de y + ay + by = 0. 00 0

 Réciproquement, toute fonction réelle solution de y + ay + by = 0 peut être vue comme la partie réelle 00 0

d'une solution complexe de y + ay + by = 0 (elle-même). 00 0

On en déduit :
 Si ∆ > 0 (r et r sont réelles), on cherche la partie réelle de y : t → C e + C e , avec (C , C ) ∈ C . r1 t r2 t 2

On trouve :
1 2 1 2 1 2

r1 t r2 t r1 t r2 t
∀t ∈ I, Re(y(t)) = Re(C e ) + Re(C e ) = Re(C )e + Re(C )e . 1 2 1 2

En posant R = Re(C ) et R = Re(C ), on obtient bien la forme annoncée par le théorème (à un change-
ment de notations près).
1 1 2 2

 Si ∆ = 0 (r est racine double réelle), on raisonne de même.


 Si ∆ < 0 (racines complexes conjuguées r±iω), on cherche la partie réelle de y : t → C e +C e ,
0
(r+iω)t (r−iω)t

avec (C , C ) ∈ C . On remarque que :


1 2
2
1 2

y(t) = ert C1 eiωt + C2 e−iωt



∀t ∈ I,
 
= ert C1 (cos(ωt) + i sin(ωt)) + C2 (cos(ωt) − i sin(ωt))
 
= ert (C1 + C2 ) cos(ωt) + i(C1 − C2 ) sin(ωt)

Donc :  
∀t ∈ I, Re(y(t)) = ert Re(C1 + C2 ) cos(ωt) + Re(i(C1 − C2 )) sin(ωt) .
En posant R = Re(C + C ) et R = Re(i(C − C2 )) , on obtient bien la forme annoncée par le théorème
(à un changement de notations près).
1 1 2 2 1

8
Exemple 10. On veut déterminer les fonctions à valeurs réelles solutions de l'équation diérentielle y + y = 0. 00

Son équation caractéristique est r + 1 = 0, de discriminant ∆ = 0 − 4 = −4 < 0. Elle admet deux solutions
2

complexes conjuguées, i et −i.


Les solutions de l'équation diérentielle sont donc les fonctions dénies sur R par y : t 7→ λ cos(t) + λ sin(t), avec
(λ, µ) ∈ R .
1 2
2

2.3 Recherche d'une solution particulière


Quelques astuces permettent de deviner la forme d'une solution particulière de y + ay + by = f (t) :00 0

 Si f est une constante, on cherche une solution particulière y constante.


 Si f est polynomiale, on cherche une solution particulière y polynomiale, de degré intelligemment choisi.
P

 Si f (t) = e avec α ∈ K, on regarde l'équation caractéristique :


P
αt

 si α n'est pas racine, on cherche une solution particulière y (t) = λe , avec λ ∈ K. αt

 si α est racine simple, on cherche une solution particulière y (t) = λte , avec λ ∈ K.
P
αt

 si α est racine double, on cherche une solution particulière y (t) = λt e , avec λ ∈ K.


P
2 αt

 Si les coecients a et b sont réels et f (t) = sin(ωt) ou cos(ωt), on cherche une solution particulière y de
P

la forme λ cos(ωt) + µ sin(ωt) avec (λ, µ) ∈ R .


P
2

Pour aller plus vite, on peut aussi trouver une solution particulière complexe de y + ay + by = e puis 00 0 iωt

en prendre la partie réelle (si c'est cos(ωt)) ou la partie imaginaire (si c'est sin(ωt)).
Exemple 11. Déterminons une solution particulière de l'équation diérentielle y − 3y + 2y = t + 5 sur R.
00 0 2

Soit (a, b, c) ∈ R , on pose y : t 7→ a + bt + ct . Elle est deux fois dérivable sur R et ∀t ∈ R, y (t) = b + 2ct,
3 2 0

y (t) = 2c. On a alors :


00

∀t ∈ R, y 00 (t) − 3y 0 (t) + 2y(t) = t2 + 5 ⇐⇒ ∀t ∈ R, 2c − 3(b + 2ct) + 2(a + bt + ct2 ) = t2 + 5


⇐⇒ ∀t ∈ R, 2ct2 + (2b − 6c)t + 2c − 3b + 2a = t2 + 5

2c = 1

⇐= 2b − 6c = 0

2c − 3b + 2a = 5


1
c = 2

⇐= b = 32

a = 17

4

Une solution particulière de y − 3y + 2y = t + 5 est donc la fonction dénie par ∀t ∈ R, y(t) = + t + t .


00 0 2 17
4
3
2
1 2
2

Exemple 12. Déterminons une solution particulière de l'équation diérentielle y − 4y + 3y = e sur R. 00 0 3t

Son équation caractéristique est r − 4r + 3 = 0, de discriminant ∆ = 16 − 12 = 4 > 0. Elle admet donc deux
2

solutions réelles, = 1 et = 3. On remarque que 3 est solution de l'équation caractéristique. Soit λ ∈ R,


4−2 4+2

on pose donc y : t 7→ λte . Elle est deux fois dérivable sur R et ∀t ∈ R, y (t) = λe + λt3e = λe (1 + 3t),
2
3t
2
0 3t 3t 3t

y (t) = λ3e (1 + 3t) + λe 3 = 3λe (3t + 2). On a alors :


00 3t 3t 3t

∀t ∈ R, y 00 (t) − 4y 0 (t) + 3y(t) = e3t ⇐⇒ ∀t ∈ R, 3λe3t (3t + 2) − 4λe3t (1 + 3t) + 3λte3t = e3t
⇐⇒ ∀t ∈ R, λe3t (9t + 6 − 4 − 12t + 3t) = e3t
⇐⇒ 2λ = 1
1
⇐⇒ λ =
2
Une solution particulière de y − 4y + 3y = e est donc la fonction dénie par ∀t ∈ R, y(t) = e .
00 0 3t t 3t
2

Exemple 13. Déterminons une solution particulière de l'équation diérentielle y − 4y + 3y = sin(2t) sur R.
00 0

9
Son équation caractéristique est toujours r −4r +3 = 0, dont 2 n'est pas solution. Soit λ ∈ C, on pose y : t 7→ λe .
2 2it

Elle est deux fois dérivable sur R et ∀t ∈ R, y (t) = 2iλe , y (t) = −4λe . On a alors :
0 2it 00 2it

∀t ∈ R, y 00 (t) − 4y 0 (t) + 3y(t) = e2it ⇐⇒ ∀t ∈ R, −4λe2it − 8iλe2it + 3λe2it = e2it


⇐⇒ −4λ − 8iλ + 3λ = 1
1
⇐⇒ λ = −
1 + 8i
−1 + 8i
⇐⇒ λ =
65
Une solution particulière de y 00 − 4y 0 + 3y = sin(2t) est donc la fonction dénie par ∀t ∈ R,
 
−1 + 8i 2it 8 cos(2t) − sin(2t)
y(t) = Im e = .
65 65

2.4 Résolution de l'équation complète


Proposition (Solution générale de y00 + ay0 + by = f (t)).
Soit (a, b) ∈ K et f une fonction continue sur I et à valeurs dans K. Les solutions de l'équation
2

diérentielle y + ay + by = f (t) sont les fonctions de la forme


00 0

y = yH + yP ,

où y est une solution de l'équation homogène y 00 + ay 0 + by = 0 et y est une solution particulière de


y + ay + by = f (t).
H P
00 0

On a montré en remarque plus tôt dans le chapitre que toute solution y de y + ay + by = f (t) 00 0

peut s'écrire sous la forme y = y + y . Réciproquement, le principe de superposition nous donne que y + y est
Démonstration.

solution de y + ay + by = f (t), d'où le résultat.


H P H P
00 0

Proposition (Solution du problème de Cauchy).


Soit (a, b) ∈ K et f une fonction continue sur I et à valeurs dans K. Soit t ∈ I .
2

Pour tout couple (y , y ) ∈ K , il existe une unique fonction y deux fois dérivable sur I qui satisfait le
0
0 2

problème de Cauchy :
0 0

00 0
y + ay + by = f (t)

y(t0 ) = y0

 0
y (t0 ) = y00

Démonstration. Admis.
Remarque. Interprétation physique : en mécanique du point, l'équation du mouvement ne sut pas à déterminer
la trajectoire de l'objet. Typiquement, on la détermine en utilisant la position initiale (y ) et la vitesse initiale (y ). 0
0
0

Exemple 14. On cherche à déterminer l'unique fonction à valeurs réelles solution sur R de l'équation diérentielle
y − 4y + 3y = sin(2t) qui vérie y(0) = 0 et y (0) = 0.
00 0 0

D'après l'exemple 9, les solutions de l'équation diérentielle homogène associée sont les fonctions dénies sur R par
y : t 7→ λe + µe , avec (λ, µ) ∈ R .
t 3t 2

D'après l'exemple 13, une solution particulière est la fonction dénie par ∀t ∈ R, y(t) = . 8 cos(2t)−sin(2t)

Soit y l'unique solution recherchée. Il existe donc (λ, µ) ∈ R tels que ∀t ∈ R, y (t) = λe + µe + .
65
2 t 3t 8 cos(2t)−sin(2t)

On a alors ∀t ∈ R, y (t) = λe + 3µe + .


0 0 65
0 t 3t −16 sin(2t)−2 cos(2t)
0 65

10
Puisque y (0) = 0, on obtient 0 = λ + µ + . Puisque y (0) = 0, on obtient 0 = λ + 3µ − .
8 0 2

On en déduit que µ = et λ = − , donc ∀t ∈ R, y (t) = − e + e + .


0 65 0 65
5 13 13 t 5 3t 8 cos(2t)−sin(2t)
65 65 0 65 65 65

11
Étude de suites
Cours de É. Bouchet  PCSI

2 décembre 2021

Table des matières

1 Généralités sur les suites réelles 2


1.1 Un peu de vocabulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Modes de dénition d'une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

2 Limite d'une suite 3


2.1 Convergence, divergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.3 Passage à la limite et relations d'ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

3 Cas des suites monotones 7


3.1 Théorème de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.2 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.3 Approximations décimales d'un réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

4 Suites extraites 9
5 Suites à valeurs complexes 10
6 Quelques suites particulières 11
6.1 Suites arithmético-géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
6.2 Suites récurrentes linéaires d'ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
6.3 Suites dénies par une relation un+1 = f (un ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

1
1 Généralités sur les suites réelles

1.1 Un peu de vocabulaire


Dénition (Suite réelle).
On appelle suite réelle toute fonction u dénie de N dans R, que l'on note aussi (un )n∈N ou (un )n>0 .
On note un le n-ième terme de la suite u et RN l'ensemble des suites à valeurs réelles.

Remarque. Ce chapitre étudie les suites dénies sur N, mais cette dénition et les propriétés qui suivront se
généralisent sans dicultés à N∗ , N \ {0, 1}, . . .

Dénition (Suite majorée, minorée, bornée).


Soit u une suite réelle. On dit que :
 u est majorée quand {un |n ∈ N} est majoré, c'est-à-dire : ∃M ∈ R tel que ∀n ∈ N, un 6 M .
 u est minorée quand {un |n ∈ N} est minoré, c'est-à-dire : ∃m ∈ R tel que ∀n ∈ N, un > m.
 u est bornée quand u est à la fois majorée et minorée.

Remarque. Une suite (un )n∈N est bornée si et seulement si (|un |)n∈N est majorée.
Dénition (Suite croissante, décroissante, monotone, stationnaire).
Soit u une suite réelle. On dit que :
 u est croissante quand ∀n ∈ N, un 6 un+1 .
 u est décroissante quand ∀n ∈ N, un > un+1 .
 u est monotone quand u est croissante ou décroissante.
 u est stationnaire quand ∃(n0 , a) ∈ N × R tels que ∀n > n0 , un = a.

Remarque. Quand les inégalités sont strictes, on dit que u est strictement croissante, strictement décroissante ou
strictement monotone.
Remarque. Une suite est stationnaire quand elle est constante à partir d'un certain rang.
Remarque. Pour étudier la monotonie d'une suite, on utilise souvent l'une des deux méthodes suivantes :
 Étudier le signe de un+1 − un .
 Si ∀n ∈ N, un > 0, comparer uun+1
n
et 1.
Exemple 1. Soit la suite u dénie par ∀n ∈ N, un = n!. Montrer de deux manières diérentes qu'elle est croissante.
 Méthode 1 : soit n ∈ N, un+1 − un = (n + 1)! − n! = n!(n + 1 − 1) = n × n! > 0. Donc u est une suite
croissante.
 Méthode 2 : on remarque que u est bien à valeurs strictement positives. Soit n ∈ N, uun+1
n
= (n+1)!
n! = n+1 > 1.
Donc u est une suite croissante.

1.2 Modes de dénition d'une suite


Dénition (Suite dénie de manière explicite).
Une suite u est dénie de manière explicite quand il existe une fonction f à valeurs réelles telle que
∀n ∈ N, un = f (n).

2
Remarque. C'est le cas le plus simple à étudier : les calculs des termes se font rapidement, et les propriétés de
la fonction f (monotonie, positivité, bornes. . . ) se répercutent directement sur la suite (puisque la suite est la
restriction de f à N).
Exemple 2. La suite dénie par ∀n ∈ N, un = n2 .
Dénition (Suite dénie par récurrence).
Une suite u est dénie par récurrence quand on donne son premier terme u0 et une relation de récurrence
de type ∀n ∈ N, un+1 = f (un ) (avec f une fonction réelle).

Remarque. Ce cas est plus compliqué : pour calculer un , on a besoin d'avoir calculé avant u0 , u1 , . . . , un−1 . De
plus, les propriétés de f ne se répercutent pas sur u.
Ces suites seront étudiées plus en détail dans la suite du chapitre.
Exemple 3. On dénit la suite u par u0 = 21 et ∀n ∈ N, un+1 = u2n .
n
1 2
La fonction x → x2 est croissante sur R+ , et pourtant ∀n ∈ N, un = 2 , donc la suite u est décroissante.

Dénition (Suite dénie de manière implicite).


Une suite u est dénie de manière implicite quand ses termes un sont dénis comme étant les solutions
d'une équation qui dépend de n.

Remarque. Une même suite peut être dénie de plusieurs manières diérentes suivant la façon dont l'exercice
veut la présenter. Par exemple, la suite u dénie de manière explicite par ∀n ∈ N, un = 2n est aussi dénie :
 Par récurrence, avec la valeur initiale u0 = 1 et la relation ∀n ∈ N, un+1 = 2un .
 De manière implicite, en remarquant que ∀n ∈ N, un est l'unique solution réelle de l'équation x − 2n = 0.
Remarque. Les suites implicites seront étudiées plus en détail dans le chapitre  Limites et continuité , on les
utilise souvent quand on sait que l'équation admet une unique solution, mais qu'on ne sait pas la calculer.

2 Limite d'une suite

2.1 Convergence, divergence


Dénition (Convergence d'une suite vers un réel).
Soit ` un nombre réel. On dit que la suite (un )n∈N converge vers ` lorsque :

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N tel que ∀n > n0 , |un − `| 6 ε.

Remarque. On utilise l'une des notations lim un = ` ou un −→ `. En cas d'ambiguïté, on peut préciser la variable
dont on prend la limite avec l'écriture lim un = `.
n→+∞

Remarque. Les premiers termes de la suite n'ont donc aucune inuence sur la valeur de son éventuelle limite.
Remarque. Plus on choisit ε petit, plus n0 devra être grand pour compenser.

3
Dénition (Divergence d'une suite vers l'inni).
La suite (un )n∈N diverge vers +∞ lorsque :

∀A > 0, ∃n0 ∈ N tel que ∀n > n0 , un > A.

La suite (un )n∈N diverge vers −∞ lorsque :

∀A < 0, ∃n0 ∈ N tel que ∀n > n0 , un 6 A.

Remarque. On note alors lim un = ±∞ ou un −→ ±∞.


Remarque. On peut rencontrer trois types de cas diérents en étudiant une limite :
1. La limite existe et est nie : la suite converge vers cette limite (il faut montrer l'existence ET trouver la
valeur de la limite).
2. La limite existe mais n'est pas nie (±∞) : la suite diverge vers cette limite.
3. La limite n'existe pas : la suite diverge (par absence de limite).

Proposition (Unicité de la limite).


Lorsque la limite de la suite u existe, elle est unique.

Démonstration. On raisonne par l'absurde : supposons que la suite u possède deux limites distinctes ` et `0 . Soit
|`−`0 |
ε= 3 > 0. Par dénition de la limite, on peut trouver des entiers n0 et n1 tels que, pour tout n ∈ N,

n > n0 =⇒ |un − `| 6 ε et n > n1 =⇒ un − `0 6 ε.

Soit n > max(n0 , n1 ). On obtient par inégalité triangulaire :


2
` − `0 = ` − un + un − `0 6 |` − un | + un − `0 < 2ε = ` − `0 .
3
Cette dernière inégalité est absurde. D'où l'unicité de la limite.

Proposition.
Toute suite convergente est bornée.

Démonstration. Soit u une suite qui converge vers un réel `. On xe ε = 1 > 0. Par dénition de la limite, il existe
un entier n0 tel que ∀n > n0 , |un − `| 6 1. Donc ∀n > n0 , ` − 1 6 un 6 ` + 1.
Soit un entier n ∈ N quelconque, on a donc :

min(u0 , u1 , . . . , un0 −1 , ` − 1) 6 un 6 max(u0 , u1 , . . . , un0 −1 , ` + 1).

Le maximum ou minimum d'un nombre ni de termes existant toujours, cela termine la preuve : la suite est
bornée.
Remarque. La réciproque est fausse : ((−1)n )n∈N est bornée (par −1 et 1) et diverge.

4
2.2 Opérations sur les limites
Limite de la somme de deux suites u et v dans le cas où u et v admettent des limites :
Somme lim vn = `
n→+∞ n→+∞
lim vn = +∞ lim vn = −∞
n→+∞
0
lim un = ` `+ `0 +∞ −∞
n→+∞
lim un = +∞ +∞ +∞ F.I.
n→+∞
lim un = −∞ −∞ F.I. −∞
n→+∞

Limite du produit de deux suites u et v dans le cas où u et v admettent des limites :


Produit lim vn = ` > 0
n→+∞ n→+∞
lim vn = ` < 0 lim vn = 0
n→+∞ n→+∞
lim vn = +∞ lim vn = −∞
n→+∞
lim un = `0 > 0 ``0 ``0 0 +∞ −∞
n→+∞
lim un = `0 < 0 ``0 ``0 0 −∞ +∞
n→+∞
lim un = 0 0 0 0 F.I. F.I.
n→+∞
lim un = +∞ +∞ −∞ F.I. +∞ −∞
n→+∞
lim un = −∞ −∞ +∞ F.I. −∞ +∞
n→+∞

Limite de l'inverse 1
u dans le cas où u ne s'annule pas et admet une limite :
Inverse n→+∞
lim un = ` 6= 0 lim un = 0+
n→+∞
lim un = 0−
n→+∞
lim un = +∞
n→+∞
lim un = −∞
n→+∞
1
` +∞ −∞ 0 0

Les limites de quotients se déduisent directement des règles de produit et de passage à l'inverse.

2.3 Passage à la limite et relations d'ordre


Proposition (Cas d'une limite strictement positive).
Soit u une suite qui converge vers un réel ` > 0. Alors un > 0 à partir d'un certain rang.

Démonstration. On pose ε = 2` > 0. Par dénition de la limite, il existe un rang n0 ∈ N tel que ∀n > n0 ,
|un − `| 6 ε et donc ` − ε 6 un 6 ` + ε. En particulier, ∀n > n0 , un > ` − 2` = 2` > 0, d'où le résultat annoncé.

Proposition (Passage à la limite dans une relation d'ordre).


Soient u et v deux suites convergentes, vériant à partir d'un certain rang l'inégalité un 6 vn . On a
alors :
lim un 6 lim vn .
n→+∞ n→+∞

Démonstration. On raisonne par l'absurde : supposons que lim un > lim vn .


n→+∞ n→+∞
La suite u−v converge alors vers lim un − lim vn > 0. D'après le résultat précédent, il existe donc n0 ∈ N tel que
n→+∞ n→+∞
pour tout n > n0 , un − vn > 0. C'est en contradiction avec l'hypothèse de l'énoncé. Donc lim un 6 lim vn .
n→+∞ n→+∞

Remarque. Attention, ces résultats ne s'appliquent que si on sait déjà que les limites existent.
Remarque. Attention, ce résultat ne se généralise pas aux inégalités strictes : un < vn 6⇒ n→+∞
lim un < lim vn .
n→+∞
Par exemple, ( n1 )n∈N∗ est à valeurs strictement positives, mais ça n'empêche pas sa limite d'être nulle.

5
Proposition (Théorème d'encadrement).
Soient u, v et w trois suites réelles telles que, à partir d'un certain rang, un 6 vn 6 wn . Si u et w
convergent vers une même limite ` réelle alors v converge et lim vn = `.
n→+∞

Remarque. Ce théorème donne à la fois l'existence et la valeur de la limite.


Démonstration. Soit ε > 0. D'après les hypothèses, il existe des entiers n0 , n1 et n2 tels que :
n > n0 =⇒ un 6 vn 6 wn
n > n1 =⇒ un ∈ [` − ε, ` + ε]
n > n2 =⇒ wn ∈ [` − ε, ` + ε]

On pose n3 = max(n0 , n1 , n2 ). Pour n > n3 , on obtient ` − ε < un 6 vn 6 wn < ` + ε. Donc


n > n3 =⇒ vn ∈ [` − ε, ` + ε].

Cela termine la preuve.


Exemple 4. Soient (un )n∈N∗ dénie pour tout entier n non nul par
n
X n
un = .
n2 +k
k=0

Montrer que (un )n∈N converge, et donner sa limite.


∀k ∈ [[0, n]], n2n+n 6 n2n+k 6 nn2 , et donc n+1
1
6 n2n+k 6 n1 . En sommant sur k ∈ [[0, n]], on obtient 1 6 un 6 n ,
n+1

donc par théorème d'encadrement, u converge vers 1.

Proposition.
Soient u et v deux suites réelles et ` ∈ R. Si v est de limite nulle et qu'à partir d'un certain rang,
|un − `| 6 vn , alors u converge vers `.

Démonstration. Par hypothèse, il existe n0 ∈ N tel que ∀n > n0 , |un − `| 6 vn . Donc ∀n > n0 , `−vn 6 un 6 `+vn .

Comme limn→+∞ (` − vn ) = ` = limn→+∞ (` + vn ), le théorème d'encadrement donne limn→+∞ un = `.

Proposition.
Soit u une suite bornée et v une suite de limite nulle, alors la suite uv est également de limite nulle.

Démonstration. La suite u est bornée, donc il existe K ∈ R tel que ∀n ∈ N, |un | 6 K . Par propriétés de la valeur

absolue, on en déduit que ∀n ∈ N, |un vn | = |un | |vn | 6 K |vn |.


Or lim K |vn | = 0. Donc lim un vn = 0.
n→+∞ n→+∞

Proposition (Théorème de comparaison).


Soient u et v deux suites réelles telles que, à partir d'un certain rang, un 6 vn .
 Si u diverge vers +∞ alors v diverge vers +∞.
 Si v diverge vers −∞ alors u diverge vers −∞.

6
Démonstration. On montre le premier résultat, le deuxième se montre de la même manière. Soit A > 0. D'après
les hypothèses, il existe des entiers n0 et n1 tels que :
n > n0 =⇒ un 6 vn
n > n1 =⇒ un 6 A
Pour n > max(n0 , n1 ), on a donc vn > un 6 A donc vn 6 A. Ce qui termine la preuve.

3 Cas des suites monotones

3.1 Théorème de convergence


Proposition (Théorème de la limite monotone).
 Toute suite croissante et majorée converge vers `, sa borne supérieure.
 Toute suite décroissante et minorée converge vers `, sa borne inférieure.
 Toute suite croissante non majorée diverge vers +∞.
 Toute suite décroissante non minorée diverge vers −∞.

Démonstration. On eectue la preuve dans le cas d'une suite u croissante, le cas décroissant se traite de même.
 On suppose que u est majorée. L'ensemble {un |n ∈ N} est un ensemble de réels non vide, qui admet un
majorant, donc (par théorème de la borne supérieure) une borne supérieure ` ∈ R.
Soit ε > 0. Par dénition de `, `−ε n'est pas un majorant de u. Donc il existe un entier n0 tel que un0 > `−ε.
Comme de plus u est croissante, ∀n > n0 , un > un0 > ` − ε. Par ailleurs, ` est un majorant de u, donc
∀n ∈ N, un 6 ` 6 ` + ε. On en déduit que ∀n > n0 , −ε 6 un − ` 6 ε, c'est-à-dire |un − `| 6 ε. Donc u
converge vers `.
 On suppose que u n'est pas majorée. Soit A > 0. Comme A n'est pas un majorant, il existe un entier n0 tel
que un0 > A. Comme de plus u est croissante, ∀n > n0 , un > un0 > A. Donc u diverge vers +∞.

Remarque. Attention, connaître un majorant quelconque ne signie pas qu'il s'agit de la limite de la suite.
xn
Exemple 5. Soit x ∈ R, on cherche à montrer que n→+∞
lim = 0.
n!n
Si x = 0, c'est immédiat. Sinon, soit n ∈ N, on pose un = x
n! . Cette suite est à valeurs strictement positives, et
un+1 |x|
∀n ∈ N, = < 1 à partir d'un certain rang.
un n+1
La suite est donc décroissante (à partir d'un certain rang) et minorée par 0, donc elle converge vers un réel `.
Or ∀n ∈ N, un+1 = un n+1 |x|
. Comme u converge, on peut passer à la limite dans cette égalité, ce qui donne
` = ` × 0 = 0. Donc u converge vers 0. Donc xn! converge vers 0.
n

Ce résultat s'ajoute aux résultats de croissances comparées déjà connus.

3.2 Suites adjacentes


Dénition (Suites adjacentes).
Soient u et v deux suites. On dit qu'elles sont adjacentes lorsque
1. u est croissante,
2. v est décroissante,
3. (un − vn )n∈N converge vers 0.

7
Proposition (Convergence des suites adjacentes).
Soit u et v deux suites adjacentes telles que u est croissante et v est décroissante. Alors u et v convergent
vers une même limite réelle ` avec pour tout n ∈ N :

un 6 ` 6 vn .

Démonstration. On procède par étapes successives :


 u − v converge (vers 0), et est donc majorée par un réel M .
 ∀n ∈ N, un = un − vn + vn 6 M + vn 6 M + v0 par décroissance de v . Donc u est majorée. Or u est
croissante : par théorème des suites monotones, elle converge vers un réel `u , et on a ∀n ∈ N, `u > un .
 ∀n ∈ N, vn = vn − un + un > −M + un > −M + u0 par croissance de u. Donc v est minorée. Or v est
décroissante : par théorème des suites monotones, elle converge vers un réel `v , et on a ∀n ∈ N, `v 6 vn .
 Par somme de limites, (un − vn )n∈N converge vers `u − `v . Or on a supposé que cette suite convergeait vers
0. Donc `u = `v . Donc u et v convergent vers une même limite réelle, et ∀n ∈ N, un 6 ` 6 vn .

n
1 1
Exemple 6. Soit, pour tout n > 1, un = et vn = un + . Démontrer que ces suites sont adjacentes.
X
p! n!
p=0
u est croissante car ∀n ∈ N∗ ,
1
un+1 − un = > 0.
(n + 1)!
v est décroissante car ∀n ∈ N∗ ,
1 1 1 2−n−1 1−n
vn+1 − vn = + − = = 6 0.
(n + 1)! (n + 1)! n! (n + 1)! (n + 1)!

v − u tend vers 0 car ∀n ∈ N∗ ,


1
vn − un = 7−→n→+∞ 0.
n!
Les deux suites sont donc adjacentes. On verra plus tard dans l'année qu'elles convergent vers e.

3.3 Approximations décimales d'un réel


Dénition (Approximations décimales de x).
n
Soit x ∈ R. Les suites (qn )n∈N et (pn )n∈N dénies par : ∀n ∈ N, qn = b10
10n et pn = qn + 10n sont deux
xc 1

suites de décimaux qui convergent vers x.


On appelle qn (resp. pn ) la valeur décimale approchée de x par défaut (resp. par excès) à 10−n
près.

Remarque. Tout réel est donc limite d'une suite de rationnels.


Démonstration.On commence par montrer que les suites p et q sont adjacentes :
1
 Soit n ∈ N, pn − qn = n qui converge vers 0.
10
10n+1 x − 10 b10n xc

 Soit n ∈ N, qn+1 − qn = .
10n+1
Par dénition de la partie entière, b10 xc 6 10 x, donc 10 b10n xc 6 10n+1 x. Or 10b10n xc ∈ Z et 10n+1 x
n n
 

est le plus grand entier inférieur à 10n+1 x. Donc 10 b10n xc 6 10n+1 x et 10n+1 x − 10 b10n xc > 0.
Donc qn+1 − qn > 0, et la suite q est croissante.

8
 n+1 
10 x − 10 b10n xc − 9
 Soit n ∈ N, pn+1 − pn = .
10n+1
Par dénition de la partie entière, 10 x < b10 xc + 1, donc 10n+1 x < 10 b10
n n n xc + 10, ce qui donne ensuite

10n+1 x < 10 b10n xc + 10. Les deux valeurs étant entières, on en déduit 10
n+1 x 6 10 b10n xc + 9 et donc
 n+1  n
 

10 x − 10 b10 xc − 9 6 0.
Donc pn+1 − pn 6 0, et la suite p est décroissante.
Par théorème de convergence des suites adjacentes, (pn ) et (qn ) convergent vers un même réel `.
Or ∀n ∈ N, b10n xc 6 10n x < b10n xc + 1, donc en divisant par 10n > 0, qn 6 x < pn . Un passage à la limite dans
cette inégalité donne ` 6 x 6 `. Donc ` = x, d'où le résultat annoncé.
Exemple 7. Les premiers développements décimaux de π donnent les valeurs suivantes :
q0 = 3 et p0 = 4, q1 = 3, 1 et p1 = 3, 2, q2 = 3, 14 et p2 = 3, 15, q3 = 3, 141 et p3 = 3, 142, . . .

4 Suites extraites

Dénition (Suite extraite).


Soit (un )n∈N une suite réelle. On appelle suite extraite de (un )n∈N toute suite de la forme (uϕ(n) )n∈N ,
où ϕ est une fonction de N dans N strictement croissante.

Exemple 8. Les sous-suites paire et impaire (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N sont deux suites extraites de (un )n∈N .
Proposition.
Si une suite (un )n∈N possède une limite, toutes ses suites extraites possèdent la même limite.

Démonstration. On eectue la preuve dans le cas d'une limite ` ∈ R, mais le raisonnement fonctionne de la même
façon dans le cas des limites innies.
Soit ε > 0. Par dénition de la limite, il existe n0 ∈ N tel que ∀n > n0 , |un − `| 6 ε. Si on montre que quand
n > n0 , ϕ(n) > n > n0 , on aura bien uϕ(n) − ` 6 ε, d'où le résultat demandé.
Soit n ∈ N, on pose donc P (n) la propriété  ϕ(n) > n . La montrer par récurrence terminera la preuve.
 ϕ(0) ∈ N, donc ϕ(0) > 0 et P (0) est vraie.
 Soit n ∈ N, on suppose que P (n) est vraie. La stricte croissante de ϕ donne alors :

ϕ(n + 1) > ϕ(n) > n.

Or ϕ est à valeurs entières. Donc ϕ(n + 1) > n + 1, donc P (n + 1) est vraie.


D'où le résultat annoncé.
Remarque. Ce résultat est très pratique pour montrer la divergence d'une suite : il sut de construire deux suites
extraites n'ayant pas la même limite.
Exemple 9. Montrer que la suite ((−1)n )n∈N diverge.
Les suites extraites ((−1)2n )n∈N et ((−1)2n+1 )n∈N convergent respectivement vers 1 et −1. Comme ces deux valeurs
sont diérentes, la suite ((−1)n )n∈N diverge.

Proposition.
Soit (un )n∈N une suite réelle et ` ∈ R. Si (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N tendent vers `, alors (un )n∈N tend
vers `.

9
Démonstration. Soit ε > 0. Par dénition de la convergence, il existe des entiers n0 et n1 tels que :

n > n0 ⇒ |u2n − `| 6 ε et n > n1 ⇒ |u2n+1 − `| 6 ε.

Alors ∀n > max(2n0 , 2n1 + 1), |un − `| 6 ε (immédiat par disjonction de cas sur la parité de n). La suite (un )n∈N
tend donc bien vers `.

5 Suites à valeurs complexes

Dénition (Suite complexe).


On appelle suite complexe toute fonction u dénie de N dans C et on note CN l'ensemble des suites
à valeurs complexes.

Remarque. Le symbole 6 n'a aucun sens entre deux nombres complexes. Les notions de suite croissante, décrois-
sante, majorée, minorée, divergente vers +∞ n'ont donc pas de sens dans le cadre complexe.
Par conséquent, on n'utilisera pas non plus de théorème d'encadrement, de convergence monotone ou de suites
adjacentes.

Dénition (Suite bornée).


Soit u une suite complexe. On dit que u est bornée quand ∃K ∈ R tel que ∀n ∈ N, |un | 6 K .

Remarque. Autrement dit, une suite complexe u est bornée s'il existe un disque de centre 0 qui contient tous les
un (K représente alors le rayon du disque).

Dénition (Convergence d'une suite vers un complexe).


Soit ` un nombre complexe. On dit que la suite (un )n∈N converge vers ` lorsque :

∀ε > 0, ∃n0 ∈ N tel que ∀n > n0 , |un − `| 6 ε.

Remarque. Autrement dit, une suite complexe u converge vers ` ∈ C si quel que soit ε > 0, à partir d'un certain
rang, tous les un sont dans le disque de centre ` et de rayon ε.
Remarque. Il est équivalent d'écrire lim un = ` (convergence dans C) et
n→+∞
lim |un − `| = 0 (convergence
n→+∞
dans R). Ce résultat peut aider à montrer des convergences de suites complexes.
in π
Exemple 10. Montrons que la suite complexe dénie par ∀n ∈ N, un = i + e n 3 converge vers i.
Soit n ∈ N,
π
ein 3 1
|un − i| = = −→ 0.
n n
D'où le résultat annoncé.
Remarque. Plusieurs résultats sur les convergences réelles restent valables dans C :
 l'unicité de la limite,
 une suite complexe qui converge est nécessairement bornée,
 les opérations usuelles sur les limites (à l'exception de l'utilisation des symboles ∞).

10
Proposition.
Soit u ∈ CN une suite à valeurs complexes et soit ` ∈ C. On a alors :

lim un = ` ⇐⇒ lim Re(un ) = Re(`) et lim Im(un ) = Im(`).


n→+∞ n→+∞ n→+∞

Démonstration.On montre successivement les deux implications.


 On suppose que lim un = `. Soit n ∈ N,
n→+∞

|Re(un ) − Re(`)| = |Re(un − `)| 6 |un − `| .

Or lim un = `, donc lim |un − `| = 0. Donc par théorème d'encadrement (appliqué à des suites à
n→+∞ n→+∞
valeurs réelles), lim Re(un ) = Re(`).
n→+∞
On montre de même la convergence des parties imaginaires.
 On suppose que limn→+∞ Re(un ) = Re(`) et limn→+∞ Im(un ) = Im(`). Soit n ∈ N,
p p
|un − `| = (Re(un − `))2 + (Im(un − `))2 = (Re(un ) − Re(`))2 + (Im(un ) − Im(`))2 .

Cette expression converge vers 02 + 02 = 0, donc lim un = `.
n→+∞

Exemple 11. La suite complexe dénie par ∀n ∈ N, un = 2 + ni converge vers 2.

6 Quelques suites particulières

6.1 Suites arithmético-géométriques


Dénition (Suite arithmético-géométrique).
On dit que la suite (un )n∈N est arithmético-géométrique lorsqu'il existe (a, b) ∈ C2 tels que :

∀n ∈ N, un+1 = aun + b.

Remarque. On connaît déjà quelques cas particuliers :


 Si a = 1, c'est une suite arithmétique et si p ∈ N, ∀n ∈ N, un = up + (n − p)b.
 Si b = 0, c'est une suite géométrique et si p ∈ N, ∀n ∈ N, un = up an−p .

Proposition (Terme général d'une suite arithmético-géométrique).


Soit (un )n∈N une suite arithmético-géométrique qui vérie pour tout n ∈ N, un+1 = aun + b, avec a 6= 1.
Alors, pour tous entiers n et p tels que p 6 n,
b
un = an−p (up − c) + c avec c = .
1−a

Remarque. La suite constante égale à c est l'unique suite constante qui vérie la relation de récurrence, c'est-à-dire
l'unique solution sur C de l'équation x = ax + b.

11
Démonstration. Soit p un entier xé et n > p, la relation vériée par c donne :

un+1 − c = (aun + b) − (ac + b) = aun − ac = a(un − c).

On reconnaît une suite géométrique, ce qui permet de conclure que pour tous entiers n et p tels que p 6 n,

un − c = an−p (up − c).

Exemple 12. u0 = 1 et ∀n ∈ N, un+1 = −2un + 3. Donner l'expression de un en fonction de n.


L'équation x = −2x + 3 a pour unique solution x = 1, on étudie donc la suite (un − 1)n∈N . Soit n ∈ N,

un+1 − 1 = −2un + 2 = −2(un − 1).

On reconnaît une suite géométrique, donc ∀n ∈ N, un − 1 = (−2)n (u0 − 1) = (−2)n (1 − 1) = 0, c'est-à-dire :

∀n ∈ N, un = 1 + 0 = 1.

6.2 Suites récurrentes linéaires d'ordre 2


Dénition (Suite récurrente linéaire d'ordre 2, équation caractéristique).
On dit que la suite (un )n∈N est récurrente linéaire d'ordre 2 à coecients constants lorsqu'il
existe (a, b) ∈ C2 \ {(0, 0)} tels que pour tout n ∈ N,

un+2 = aun+1 + bun .

On appelle équation caractéristique associée l'équation q 2 = aq + b, d'inconnue q .

Remarque. Soit q ∈ C∗ et u la suite dénie par : ∀n ∈ N, un = qn . Alors :


∀n ∈ N, un+2 = aun+1 + bun ⇐⇒ ∀n ∈ N, q n+2 = aq n+1 + bq n ⇐⇒ q 2 = aq + b,

où on a divisé par q n 6= 0. Ce qui permet de retrouver l'équation caractéristique dans un cas particulier.

Proposition (Étude d'une suite récurrente linéaire d'ordre 2, cas complexe).


On suppose que pour tout n ∈ N, un+2 = aun+1 + bun avec (a, b) ∈ C2 \ {(0, 0)}. Soit ∆ le discriminant
de l'équation caractéristique associée.
 Si ∆ 6= 0, l'équation caractéristique admet deux solutions distinctes complexes q1 et q2 et :

∃!(α, β) ∈ C2 tels que ∀n ∈ N, un = αq1n + βq2n .

 Si ∆ = 0, l'équation caractéristique admet une unique solution complexe q0 et :

∃!(α, β) ∈ C2 tels que ∀n ∈ N, un = (αn + β)q0n .

Démonstration. On se contente du cas ∆ 6= 0, le cas ∆ = 0 se traite sur le même modèle (en un peu plus
compliqué). Soit u une suite récurrente linéaire double d'équation caractéristique q 2 = aq + b admettant deux
solutions complexes distinctes q1 et q2 . Montrons l'existence et l'unicité de α et β .
 Analyse : on suppose qu'il existe des complexes α et β tels que ∀n ∈ N, un = αq1n + βq2n . Donc u0 = α + β
et u1 = αq1 + βq2 . On résout le système : α = u0 − β , et u1 = u0 q1 − βq1 + βq2 . Donc (comme q1 6= q2 )
−q1 et α = u0 − q2 −q1 .
β = u1q2−u0 q1 u1 −u0 q1

12
 Synthèse : on pose β = u1q2−u
−q1 et α = u0 − q2 −q1 . Soit v la suite dénie par ∀n ∈ N, vn = un − αq1 − βq2 .
0 q1 u1 −u0 q1 n n

On cherche à montrer que vest la suite nulle.



 v0 = u0 − u0 − u1q2−u 0 q1
−q1 − u1 −u0 q1
q2 −q1 = 0.
   
 v1 = u1 − u0 − u1q2−u0 q1
−q1 q1 − u1q2−u0 q1
−q1 q2 = u1 − u0 q1 + u1 −u0 q1
q2 −q1 (q1 − q2 ) = 0.
 v vérie la même relation de récurrence que u : ∀n ∈ N,

vn+2 = un+2 − αq1n+2 − βq2n+2


= aun+1 + bun − αq1n+2 − βq2n+2
= a un+1 − αq1n+1 − βq2n+1 + b (un − αq1n − βq2n ) + aαq1n+1 + aβq2n+1 + bαq1n + bβq2n − αq1n+2 − βq2n+2


= avn+1 + bvn + αq1n aq1 + b − q12 + βq2n aq2 + b − q22


 

= avn+1 + bvn + 0 + 0

puisque q1 et q2 sont solution de l'équation caractéristique.


On montre alors par récurrence double (à faire) que v est la suite nulle. Donc ∀n ∈ N, un = αq1n + βq2n .
Il existe donc bien un unique couple de complexes (α, β) qui convient.

Proposition (Étude d'une suite récurrente linéaire d'ordre 2, cas réel).


On suppose que pour tout n ∈ N, un+2 = aun+1 + bun avec (a, b) ∈ R2 \ {(0, 0)}. Soit ∆ le discriminant
de l'équation caractéristique associée.
 Si ∆ > 0, l'équation caractéristique admet deux solutions distinctes réelles q1 et q2 et :

∃!(α, β) ∈ R2 tels que ∀n ∈ N, un = αq1n + βq2n .

 Si ∆ = 0, l'équation caractéristique admet une unique solution réelle q0 et :

∃!(α, β) ∈ R2 tels que ∀n ∈ N, un = (αn + β)q0n .

 Si ∆ < 0, l'équation caractéristique admet deux solutions complexes conjuguées ρeiθ et ρe−iθ ,
et :
∃!(α, β) ∈ R2 tels que ∀n ∈ N, un = ρn (α cos(nθ) + β sin(nθ)).

Remarque. Dans le cas ∆ < 0, le choix de l'argument n'a pas d'importance : le résultat nal sera le même après
la prise en compte des conditions initiales.
Démonstration. Comme dans le chapitre sur les équations diérentielles, on montre que les suites réelles qui vérient
la relation de récurrence un+2 = aun+1 + bun sont les parties réelles des suites complexes qui vérient la même
relation. Les résultats annoncés s'en déduisent.
Exemple 13. Soit u la suite dénie par u0 = 0, u1 = 1 et ∀n ∈ N, un+2 = un+1 + un . Soit n ∈ N, déterminer
l'expression de un en fonction de n.
On identie une suite récurrente linéaire d'ordre 2 d'équation
√ caractéristique
√ q 2 − q − 1 = 0. On a alors ∆ = 1 + 4 =
5 > 0. L'équation a donc deux solutions réelles, q1 = 2 et q2 = 2 .
1+ 5 1− 5

Donc ∃(α, β) ∈ R2 tels que ∀n ∈ N,


un = αq1n + βq2n .
Comme
 √ u0 = 0√, u1 = 1, on doit nécessairement avoir α + β = 0 et αq1 + βq2 = 1. Donc en remplaçant, β = −α et
α 1+ 5
2 − 21− 5
= 1, ce qui donne α = √15 et β = − √15 .
Conclusion : ∀n ∈ N,

! n ! √ n
1 1+ 5 1 1− 5
un = √ −√ .
5 2 5 2

13
6.3 Suites dénies par une relation un+1 = f (un )
Dénition (Intervalle stable par une fonction).
Soit E un sous-ensemble de R et f une fonction réelle dénie sur E .
Soit I un intervalle de E . On dit que I est stable par f si f (I) ⊂ I , c'est-à-dire si ∀x ∈ I , f (x) ∈ I .


Exemple 14. R+ et [0, 1] sont stables par la fonction x → x.

Proposition.
Soit f une fonction dénie sur un intervalle I stable par f . Soit a ∈ I . On peut alors dénir une suite
récurrente (un )n∈N par les relations :

u0 = a et ∀n ∈ N, un+1 = f (un ).

Cette suite est de plus à valeurs dans I .

Démonstration. Soit n ∈ N, on pose P (n) la propriété  un est bien déni et un ∈ I .


 u0 = a ∈ I , donc P (0) est vraie.
 Soit n ∈ N, on suppose que P (n) est vraie. Alors un existe et est dans I , donc f (un ) existe, donc un+1 est
bien déni. De plus, un ∈ I est f est stable par I , donc un+1 = f (un ) ∈ I . Donc P (n + 1) est vraie.
D'où le résultat annoncé.
Remarque. Si l'intervalle n'est pas stable, la suite√peut ne pas être bien dénie.
√ Par exemple, on ne peut pas
dénir de suite u par u0 = 0 et ∀n ∈ N, un+1 = 3 + 4 − un : on aurait u1 = 3 + 4 = 5, mais la dénition de u2
poserait ensuite problème. . .
Exemple 15. L'intervalle R+ est stable par la fonction f : x 7→ 1+x .
1
On peut donc dénir une suite récurrente
par les conditions u0 ∈ R+ et ∀n ∈ N, un+1 = 1+un .
1

Proposition (Étude de la monotonie).


Soit f une fonction dénie sur un intervalle I stable par f et (un )n∈N une suite récurrente dénie par
u0 ∈ I et ∀n ∈ N, un+1 = f (un ).
 Si x 7→ f (x) − x est positive sur I , alors la suite (un )n∈N est croissante.
 Si x 7→ f (x) − x est négative sur I , alors la suite (un )n∈N est décroissante.
 Si f est croissante sur I , alors la suite (un )n∈N est monotone (elle est croissante si u0 6 u1 ,
décroissante sinon).

Démonstration. Le résultat précédent garantit que la suite est bien dénie et à valeurs dans I .
 On suppose que x 7→ f (x) − x est positive sur I . Alors ∀n ∈ N, un+1 − un = f (un ) − un > 0, donc la suite
(un )n∈N est croissante.
 On suppose que x 7→ f (x) − x est négative sur I . Alors ∀n ∈ N, un+1 − un = f (un ) − un 6 0, donc la suite
(un )n∈N est décroissante.
 On suppose que f est croissante sur I et que u0 6 u1 (le cas u0 > u1 se traite de la même manière). Soit
n ∈ N, on pose P (n) la propriété  un 6 un+1 .
 u0 6 u1 , donc P (0) est vraie.
 Soit n ∈ N, on suppose que P (n) est vraie, donc un 6 un+1 . En composant par f croissante sur I , on
obtient f (un ) 6 f (un+1 ), donc un+1 6 un+2 , donc P (n + 1) est vraie.
D'où le résultat et la croissance de la suite (un )n∈N .

14
Remarque. Si f est décroissante, f ◦ f sera croissante. Or ∀n ∈ N, f ◦ f (un ) = f (f (un )) = f (un+1 ) = un+2 . À
défaut de mener l'étude directement, on peut donc montrer la monotonie de (u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N .

Proposition (Théorème du point xe).


Soit f une fonction dénie et continue sur un intervalle I stable par f . Soit (un )n∈N une suite d'éléments
de I dénie par la relation de récurrence : ∀n ∈ N, un+1 = f (un ).
Si la suite u converge vers un réel ` ∈ I , alors ` = f (`) (on dit alors que ` est un point xe de f ).

Démonstration. Comme u converge vers ` et f est continue en ` ∈ I , une composition de limites donne que f (un )
converge vers f (`) (ce résultat sera formalisé dans le chapitre  Limites et continuité ). Il sut alors de passer à
la limite dans la relation ∀n ∈ N, un+1 = f (un ) pour obtenir ` = f (`).
Remarque. Attention, on ne peut appliquer ce théorème que si on sait déjà que la suite converge.

Exemple 16. Étudier la suite w dénie par w0 = 1 et pour tout entier naturel n, wn+1 = 12 + wn .
Un dessin permet de conjecturer le comportement : ici, la suite semble convergente.
y=x

y = f (x)

1

| |
0 1 4

On vérie maintenant√que la suite √ est√bien dénie. Soit x ∈ [0, 4], alors 12 + x ∈ [12, 16] et par croissance
√ de la
racine carrée sur R+ , 12 + x ∈ [ 12, 16] ⊂ [0, 4]. L'intervalle [0, 4] est donc stable par la fonction x 7→ 12 + x.
La suite w est donc bien dénie et à valeurs dans [0, 4]. √
Étudions maintenant les variations de la suite. La fonction √ x 7→ 12 + x est croissante sur R+ (donc sur [0, 4])
comme composée de fonctions croissantes, et on a w1 = 13 > 1 = w0 . Donc la suite w est croissante.
La suite w est donc croissante et majorée par 4√, elle converge par conséquent vers un réel `. Comme w est à valeurs
dans [0, 4]√, on obtient ` ∈ [0, 4]. De plus, x 7→ 12 + x est continue sur R+ (donc sur en `) : par théorème du point
xe, ` = 12 + `. Donc `2 − ` − 12 = 0, qui a pour racines 4 et −3. Donc ` = 4, et la suite w converge vers 4.
Exemple 17. On considère la suite dénie par u0 ∈ R et ∀n ∈ N, un+1 = 1 + u2n . Est-elle bien dénie ? Étudier
p

sa convergence.
Un dessin permet de conjecturer le comportement : ici, la suite semble divergente.
y = f (x)
y=x
1

0
| |
u0 1

15

L'intervalle R est stable par la fonction x 7→ 1 + x2 , donc la suite u est bien dénie. √
Pour l'étude de convergence, on suppose que la suite u converge vers un réel `. La fonction f : x →
√ 1 + x est
2

continue en tout point de R, donc en particulier en `, et le théorème du point xe donne : ` = 1 + ` , donc
2

`2 = 1 + `2 donc 0 = 1. C'est absurde, donc la suite diverge.

16
Matrices et systèmes linéaires
Cours de É. Bouchet  PCSI

9 décembre 2021

Table des matières


1 Ensemble de matrices Mn,p (K) 2
1.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Addition de matrices et multiplication par un scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Matrices Ei,j . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Produit matriciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.5 Transposée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Opérations élémentaires 6
2.1 Matrice identité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Opérations élémentaires et matrices associées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3 Système linéaire 8
3.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.2 Écriture matricielle d'un système linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.3 Résolution par pivot de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

4 Ensemble des matrices carrées 11


4.1 Cas particuliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.2 Calcul de puissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.3 Matrices inversibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
4.4 Calcul d'inverse par résolution de système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4.5 Calcul d'inverse par Pivot de Gauss sur les matrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

1
Dans tout le chapitre, n, p, q désignent des éléments de N∗ et K désigne l'un des ensembles R ou C.
On appelle scalaires les éléments de K, en prévision des chapitres du second semestre.

1 Ensemble de matrices Mn,p (K)


1.1 Dénitions
Dénition (Matrice).
Une matrice à n lignes et p colonnes (ou matrice de taille n × p) à coecients dans K est un tableau
à n lignes et p colonnes d'éléments de K. Si A est une telle matrice, on note aij le terme de la i-ième
ligne et j -ième colonne :
 
a11 a12 .. a1p

 .. .. .. .. 

A=
 ai1 ai2 .. aip 

 .. .. .. .. 
an1 an2 .. anp
L'ensemble des matrices à n lignes et p colonnes est noté Mn,p (K).

Remarque. On écrit A = (aij ) 16i6n , ou plus simplement A = (aij ) quand il n'y a pas d'ambiguïté.
16j6p

Remarque. Quelques cas particuliers importants :


 si p = n, A est appelée matrice carrée d'ordre n et on note A ∈ Mn (K).
 si n = 1, A est appelée matrice ligne ou vecteur ligne.
 si p = 1, A est appelée matrice colonne ou vecteur colonne.
 si n = 1 et p = 1, A est souvent confondue avec le nombre a11 ∈ K.

Dénition (Égalité de deux matrices).


Soit A = (aij ) 16i6n et B = (bkl ) 16k6n deux matrices de Mn,p (K). On dit que les deux matrices A et B
16j6p 16l6p
sont égales et on note A = B lorsque pour tout (i, j) ∈ [[1, n]] × [[1, p]], aij = bij .

1.2 Addition de matrices et multiplication par un scalaire


Dénition (Addition de matrices).
Soit A = (aij ) 16i6n et B = (bkl ) 16k6n deux matrices de Mn,p (K). La somme de A et B est la matrice
16j6p 16l6p
de Mn,p (K) dénie par A + B = (cij ) 16i6n avec pour tout (i, j) ∈ [[1, n]] × [[1, p]],
16j6p

cij = aij + bij .

Exemple 1. On a : ( 12 00 11 ) + ( 32 50 01 ) = ( 44 50 12 )
Remarque. Soit A, B et C des matrices de Mn,p (K). L'addition est une opération interne dans Mn,p (K) qui
vérie :
1. A + (B + C) = (A + B) + C ,
2. A + B = B + A,

2
3. A + 0 = 0 + A = A en notant 0 la matrice de Mn,p (K) dont tous les termes sont nuls.
4. A + (−A) = (−A) + A = 0 en notant −A la matrice de Mn,p (K) dont le terme de la i-ième ligne et j -ième
colonne est −aij .

Dénition (Multiplication d'une matrice par un scalaire).


Soit A = (aij ) 16i6n une matrice de Mn,p (K). La multiplication externe du scalaire α ∈ K par la matrice
16j6p
A, est la matrice de Mn,p (K) dénie par α.A = (cij ) 16i6n avec pour tout (i, j) ∈ [[1, n]] × [[1, p]],
16j6p

cij = α.aij .

Exemple 2. On a : 2 ·
1 3 2 6
02 = 04
10 20

Remarque. Soit α et β des éléments de K, et A et B des matrices de Mn,p (K). La multiplication d'un scalaire
par une matrice est dénie de K × Mn,p (K) dans Mn,p (K) et vérie :
1. α.(A + B) = α.A + α.B ,
2. (α + β).A = α.A + β.A,
3. α.(β.A) = (αβ).A,
4. 1.A = A.

1.3 Matrices Ei,j


Dénition (Matrice Ei,j ).
Soit (i, j) ∈ [[1, n]] × [[1, p]]. On appelle Ei,j la matrice de Mn,p (K) dont tous les coecients sont nuls,
sauf un 1 à la i-ème ligne et j -ème colonne.

Exemple 3. Dans M3,2 (R), on a :


           
1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0
E1,1 = 0 0  , E1,2 = 0 0  , E2,1 = 1 0 , E2,2 = 0 1 , E3,1 = 0 0  , E3,2 = 0 0  .
0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1

Remarque. La notation Ei,j ne précise pas la taille de la matrice, juste la position du coecient non nul. Dans
les exercices, on se repose donc sur le contexte pour déterminer le nombre de lignes et de colonnes.

Proposition.
Toute matrice de Mn,p (K) est combinaison linéaire de matrices Ei,j .

p
n X
Soit A = (aij ) 16i6n ∈ Mn,p (K). On a alors : A = aij Ei,j .
X
Démonstration.
16j6p
i=1 j=1

Exemple 4.
             
1 2 1 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0
3 4 = 0 0+0 0+3 0+0 4+0 0+0 0 = 1E1,1 +2E1,2 +3E2,1 +4E2,2 +5E3,1 +6E3,2 .
5 6 0 0 0 0 0 0 0 0 5 0 0 6

3
1.4 Produit matriciel
Dénition (Produit de matrices).
Soit A ∈ Mn,p (K) et B ∈ Mp,q (K) deux matrices. On appelle produit des matrices A et B et on note
AB la matrice C = (cij ) ∈ Mn,q (K) qui vérie : pour tout (i, j) ∈ [[1, n]] × [[1, q]],
p
X
cij = aik bkj .
k=1

3 2 6

1 2
Exemple 5. Posons A =
 
0 −1 4
1 −3 3 et B = 0 −5 . Alors AB ∈ M4,2 (R). Le calcul de AB se fait comme suit :
−3 3
4 4 0
 
1 2
 0 −5 
 
−3 3
  
3 2 6 ∗∗ ∗∗
 0 −1 4   ∗∗ ∗∗ 
  
 1 −3 3   ∗∗ ∗∗ 
4 4 0 ∗∗ ∗∗
 
−15 14
 −12 17 
On trouve : AB = 
 −8

26 
4 −12
Remarque. Pour tout A ∈ Mn,p (K), B ∈ Mp,q (K), le produit matriciel AB correspond à la succession des produit
de la matrice A par les vecteurs colonnes de la matrice B .
Remarque. Si X est une matrice colonne, AX est une combinaison linéaire des colonnes de A, et les coecients
de la combinaison linéaire sont les coecients de X .
       
a11 a12   x1 a11 + x2 a12 a11 a12
x
Exemple 6. On pose A = a21 a22  et X = 1 . On a : AX = x1 a21 + x2 a22  = x1 a21  + x2 a22 .
x2
a31 a32 x1 a31 + x2 a32 a31 a32

Proposition (Propriétés du produit matriciel).


Le produit de matrices vérie les propriétés suivantes :
1. Pour tout (A, B) ∈ (Mn,p (K))2 et C ∈ Mp,q (K), (A + B) C = AC + BC ,
2. Pour tout A ∈ Mn,p (K) et (B, C) ∈ (Mp,q (K))2 , A (B + C) = AB + AC ,
3. Pour tout A ∈ Mn,p (K), B ∈ Mp,q (K) et α ∈ K, A (α.B) = α. (AB) = (α.A) B ,
4. Pour tout A ∈ Mn,p (K), B ∈ Mp,q (K) et C ∈ Mq,r (K), (AB) C = A (BC),

Démonstration. On va montrer le premier résultat, les autres se montrent de la même façon. On note A = (aij ) 16i6n
16j6p
B = (bij ) 16i6n et C = (cij ) 16i6p . Alors le terme en i ∈ [[1, n]] et j ∈ [[1, q]] de (A + B) C est par dénition de la
16j6p 16j6q
somme et du produit matriciel :
p
X p
X p
X
(aik + bik )ckj = aik ckj + bik ckj .
k=1 k=1 k=1

Or, ce nouveau terme est le terme en i ∈ [[1, n]] et j ∈ [[1, q]] de AC + BC . D'où le résultat.

4
Remarque. Pour tout A, B ∈ Mn (K), les deux produits AB et BA sont possibles. ATTENTION : dans le cas
général,
AB 6= BA.
       
1 1 1 2 0 0 1 1
Exemple 7. Soit A = 0 0 et B = −1 −2 . Alors AB = 0 0 et BA = −1 −1 .
Notons au passage qu'on peut donc trouver A et B deux matrices non nulles de Mn (K) telles que AB = 0.
Dénition (Symbole de Kronecker).
(
1 si i = j
(i, j) ∈ N2 , on dénit la notation suivante : δi,j = .
0 sinon

Proposition (Produit de matrices Ei,j ).


Soit (i, j, k, l) ∈ [[1, n]] × [[1, p]] × [[1, p]] × [[1, q]], alors Ei,j × Ek,l = δj,k Ei,l .

Remarque. Dans ce produit matriciel, on a Ei,j ∈ Mn,p (K), Ek,l ∈ Mp,q (K) et Ei,l ∈ Mn,q (K).
Démonstration. On commence par remarquer que le coecient de la r-ième ligne et s-ième colonne de Ei,j est
δi,r δj,s .
On pose Ei,j × Ek,l = (ars ) 16r6n et δj,k Ei,l = (brs ) 16r6n . Par formule du produit matriciel, on obtient pour
16s6q 16s6q
(r, s) ∈ [[1, n]] × [[1, q]] :
p
X p
X
ars = (δi,r δj,t )(δk,t δl,s ) = δi,r δl,s δj,t δk,t = δi,r δl,s (0 + δj,k × 1 + 0) = brs .
t=1 t=1

D'où le résultat annoncé.


Exemple 8. Quand les produits matriciels sont compatibles, on trouve E1,1 × E1,2 = E1,2 , E1,1 × E2,1 = 0 (la
matrice nulle), E1,3 × E3,2 = E1,2 .

1.5 Transposée
Dénition (Transposée).
Soit A = (aij ) 16i6n une matrice de Mn,p (K). La matrice transposée de A est la matrice de Mp,n (K)
16j6p
notée A> qui vérie :

A> = (aji ) 16i6n


16j6p

 
 > 1 0  >  
1 2 1 1 2 1 0
Exemple 9. 0 3 5
=  2 3 ,
0 1
=
2 1
.
1 5

Proposition (Transposée de la somme).


Pour tout (A, B) ∈ Mn,p (K)2 , on a :

(A + B)> = A> + B > .

5
Démonstration. On note A = (aij ) 16i6n et B = (bij ) 16i6n . On a alors A + B = (aij + bij ) 16i6n par dénition de
16j6p 16j6p 16j6p
la somme de deux matrices. D'où
(A + B)> = (aji + bji ) 16i6n = (aji ) 16i6n + (bji ) 16i6n = A> + B > .
16j6p 16j6p 16j6p

Proposition (Transposée du produit).


Pour tout A ∈ Mn,p (K) et B ∈ Mp,q (K), on a :

(AB)> = B > A> .

Démonstration. On note A = (aij ) 16i6n A> = (a0ij ) 16i6p B = (bij ) 16i6p B > = (b0ij ) 16i6q AB = (cij ) 16i6n
16j6p 16j6n 16j6q 16j6p 16j6q

(AB)> = (c0ij ) 16i6q et B > A> = (dij ) 16i6q .


16j6n 16j6n
Par propriétés de la transposée, pour les valeurs de i et j pour lesquelles les coecients sont bien dénis, a0ij = aji ,
b0ij = bji et c0ij = cji . La formule du produit matriciel donne alors, pour tout i ∈ [[1, q]] et j ∈ [[1, n]],
p
X p
X
c0ij = cji = ajk bki = b0ik a0kj = dij .
k=1 k=1

Donc pour tout i ∈ [[1, q]] et j ∈ [[1, n]], c0ij = dij , c'est-à-dire (AB)> = B > A> .

2 Opérations élémentaires
2.1 Matrice identité
Dénition (Matrice identité).
On appelle matrice identité de taille n la matrice carrée In ∈ Mn (K) dénie par :

···

1 0 0
 .. .. .. 
0 . . .
In = (δi,j )16i,j6n =
.
.
 .. .. .. 
. . 0
0 ··· 0 1

Exemple 10. On a I2 = ( 10 01 ) et I3 =
1 0 0
010 .
001

Proposition.
Pour tout A ∈ Mn,p (K), In A = A = AIp .

Démonstration. On montre la première égalité, la deuxième se montre de la même façon. On pose A = (aij ) 16i6n
16j6p
et In A = (bij ) 16i6n . Soit (i, j) ∈ [[1, n]] × [[1, p]], on trouve par formule du produit matriciel :
16j6p

n
X
bij = δi,k akj = 0 + 1 × aij + 0 = aij .
k=1

6
2.2 Opérations élémentaires et matrices associées
Dénition (Opérations élémentaires).
On appelle opérations élémentaires sur les lignes d'une matrice les opérations suivantes :
1. échange de deux lignes Li et Lj avec i 6= j , codiée : Li ←→ Lj .
2. multiplication de la ligne Li par λ ∈ K∗ , codiée : Li ←− λLi .
3. addition de la ligne Li et d'un multiple de Lj avec i 6= j et α ∈ K, codiée : Li ←− Li + αLj .

Dénition (Matrice de permutation).


Soit (i, j) ∈ [[1, n]]2 . On appelle matrice de permutation la matrice Pi,j ∈ Mn (K) obtenue en
eectuant l'opération Li ←→ Lj sur la matrice identité In :

Pi,j = In − Ei,i − Ej,j + Ei,j + Ej,i .

Exemple 11. Dans le cas n = 3,


     
0 1 0 0 0 1 1 0 0
P1,2 = 1 0 0  , P1,3 = 0 1 0  , P2,3 =  0 0 1 .
0 0 1 1 0 0 0 1 0

Dénition (Matrice de dilatation).


Soit i ∈ [[1, n]] et λ ∈ K∗ . On appelle matrice de dilatation la matrice Di (λ) ∈ Mn (K) obtenue en
eectuant l'opération Li ←− λLi sur la matrice identité In :

Di (λ) = In + (λ − 1)Ei,i .

Exemple 12. Dans le cas n = 3,


     
2 0 0 1 0 0 √ 1 0 0
D1 (2) = 0 1 0 , D2 (3i) = 0 3i 0 , D3 ( 3) = 0 1 √0  .
0 0 1 0 0 1 0 0 3

Dénition (Matrice de transvection).


Soit (i, j) ∈ [[1, n]]2 et α ∈ K. On appelle matrice de transvection la matrice Ti,j (α) ∈ Mn (K)
obtenue en eectuant l'opération Li ←− Li + αLj sur la matrice identité In :

Ti,j (α) = In + αEi,j .

Exemple 13. Dans le cas n = 3,


       
1 2 0 1 0 5 1 0 0 1 0 0
T1,2 (2) = 0 1 0 , T1,3 (5) = 0 1 0 , T3,1 (5) = 0 1 0 , T2,3 (4i) = 0 1 4i .
0 0 1 0 0 1 5 0 1 0 0 1

7
Proposition.
Soit A ∈ Mn,p (K). Les produits matriciels Pi,j A, Di (λ)A et Ti,j (α)A reviennent à eectuer les opéra-
tions élémentaires Li ←→ Lj , Li ←− λLi et Li ←− Li + αLj sur la matrice A.

Exemple 14. On trouve par calcul :


      
0 1 0 6 0 1 0 0 1 0 6 2 0 9 0
P1,2 2 0 9 0 = 1 0 0 2 0 9 0 = 0 1 0 6 .
0 3 0 1 0 0 1 0 3 0 1 0 3 0 1

Remarque. En multipliant à droite plutôt qu'à gauche, les même opérations s'appliqueraient aux colonnes plutôt
qu'aux lignes. Traditionnellement, on a plus tendance à travailler sur les lignes.

3 Système linéaire
3.1 Dénitions
Dénition (Système linéaire).
On appelle système linéaire de n équations à p inconnues x1 , x2 , . . ., xp tout système (S) pouvant
s'écrire sous la forme :


 a11 x1 + a12 x2 + . . . + a1p xp = b1
 a21 x1 + a22 x2 + . . .

+ a2p xp = b2
.. .. .. .. ..


 . . . . .
an1 x1 + an2 x2 + . . . + anp xp = bn

où (aij ) 16i6n et (bk )16k6n sont des éléments de K.


16j6p

Dénition (Solution d'un système linéaire).


Un p-uplet de scalaires est solution du système (S) s'il est solution de toutes les équations du système.
 Résoudre le système (S) c'est déterminer l'ensemble des solutions de (S).
 Un système est dit compatible s'il existe au moins un p-uplet solution.
 Deux systèmes sont équivalents s'ils ont le même ensemble de solutions.

Dénition (Système homogène).


On appelle système homogène un système dont tous les seconds membres bi sont nuls.
On appelle système homogène associé à un système (S) le système homogène (S0 ) obtenu en
remplaçant tous les bi par 0.

 
2x1 + 3x2 = 5 2x1 + 3x2 = 0
Exemple 15. Le système homogène associé de 4x1 + 3x2 = 0
est
4x1 + 3x2 = 0
.

Remarque. Un système homogène a toujours au moins une solution : x1 = x2 = · · · = xp = 0.

8
3.2 Écriture matricielle d'un système linéaire
Dénition (Matrice associée).
La matrice A = (aij ) 16i6n ∈ Mn,p (K) est la matrice associée au système (S).
16j6p

 
b1 x1 !
x2
Remarque. Si l'on pose B =  b.2 ,
..
résoudre (S) équivaut à chercher l'ensemble des X = ..
.
tels que
bn xp
AX = B .
  
2x1 + 3x2 = 5 2 3
Exemple 16. On considère le système linéaire 4x1 + 3x2 = 0
. Sa matrice associée est
4 3
et résoudre
    
2 3 x1 5
le système revient à chercher les réels x1 , x2 tels que = .
4 3 x2 0

Proposition.
Soit (S) un système linéaire de forme matricielle AX = B . Si (S) est compatible, alors ses solutions
sont les éléments de la forme X0 +Y , où X0 est une solution particulière et où Y est solution du système
homogène associé.

Démonstration. Si (S) est compatible, alors il existe au moins une solution particulière X0 . On a alors :

AX = B ⇐⇒ AX = AX0 ⇐⇒ A(X − X0 ) = 0 ⇐⇒ X − X0 est solution du système homogène associé .

En posant Y = X − X0 , obtient bien des solutions sous la forme X = X0 + Y .


Remarque. On a vu plus tôt dans le chapitre que si X est une matrice colonne de coecients x1 , . . . , xn et si A
est une matrice dont on note A1 , . . . , An les colonnes, alors AX est une combinaison linéaire des colonnes de A,
avec : n X
AX = x i Ai .
i=1
n
!
b1
Si on trouve des scalaires b1 , . . . , bn tels que B = bi Ai , alors le vecteur est solution du système AX = B ,
X
..
.
i=1 bn
qui est donc compatible (et on a au passage obtenu une solution particulière).

3.3 Résolution par pivot de Gauss


Soit (S) est un système linéaire :
 si l'on exécute Li ←→ Lj , il sut de refaire Li ←→ Lj pour revenir au système initial ;
 idem si l'on exécute Li ←− λLi , avec λ 6= 0, il sut de faire Li ←− λ1 Li (d'où l'importance de λ 6= 0) ;
 et si l'on fait Li ←− Li + λLj , il sut de faire Li ←− Li − λLj pour revenir à (S).
Lorsqu'on résout un système linéaire en utilisant des opérations élémentaires (par multiplication à gauche des
matrices associées), on peut donc procéder par équivalences.
Méthode : en eectuant des opérations élémentaires sur les lignes d'un système linéaire (S), on transforme le
système linéaire (S) en un système linéaire (S 0 ) qui lui est équivalent et qui est échelonné, c'est-à-dire de la forme

9
(si r 6 n et r 6 p) :

 a11 x1 + a12 x2 + . . . + a1r xr + . . . + a1p xp = b1



 a22 x2 + . . . + a2r xr + . . . + a2p xp = b2
..



.



(S 0 ) arr xr + . . . + arp xp = br .
0 = br+1






 ..


 .

0 = bn

Pour que (S 0 ) soit compatible, il faut que les n − r dernières équations soient vériées. Les inconnues xr+1 , . . ., xp
peuvent alors prendre des valeurs arbitraires. Une fois xées elles déterminent de manière unique les valeurs de x1 ,
x2 , . . ., xr .


 x − 2y + z − t = 1
2x − 4y − z − 3t = 3
Exemple 17.

Résoudre le système (S1 )

 5x − 10y − z − 7t = 5
x − 2y + 4z = 0

On raisonne sous forme matricielle pour alléger les notations (mais ce n'était pas une obligation)
   
x 1 −2 1 −1 1
 y   2 −4 −1 −3
Soit X =  X =  3 
  
 z ,
 (S1 ) ⇐⇒ 
 5 −10 −1 −7   5 
t 1 −2 4 0 0
   
 1 −2 1 −1 1
 L2 ← L2 − 2L1  0 0 −3 −1   1 
⇐⇒ L3 ← L3 − 5L1 
 0 0 −6
X =  
−2   0 
L4 ← L4 − L1

0 0 3 1 −1
   
 1 −2 1 −1 1
L3 ← L3 − 2L2  0 0 −3 −1   1 
⇐⇒  X =  
L4 ← L4 + L3  0 0 0 0   −2 
0 0 0 0 0

La troisième ligne donne 0 = −2, ce qui est impossible. Le système (S1 ) n'a donc pas de solution.


 x − 2y + z − t = 1
2x − 4y − z − 3t = 3
Exemple 18.

Résoudre le système (S2 )
 5x
 − 10y − z − 7t = 7
x − 2y + 4z = 0

   
x 1 −2 1 −1 1
 y   2 −4 −1 −3
Soit X =  X =  3 
  
 z ,
 (S2 ) ⇐⇒ 
 5 −10 −1 −7   7 
t 1 −2 4 0 0
   
 1 −2 1 −1 1
 L2 ← L2 − 2L1  0 0 −3 −1   1 
⇐⇒ L3 ← L3 − 5L1 
 0 0 −6
X =  
−2   2 
L4 ← L4 − L1

0 0 3 1 −1
   
 1 −2 1 −1 1
L3 ← L3 − 2L2  0 0 −3 −1   1 
⇐⇒  X =  
L4 ← L4 + L3  0 0 0 0   0 
0 0 0 0 0

x − 2y + z − t = 1
⇐⇒
− 3z − t = −1

10
On pose t = λ, alors z = − 1+λ3 , on pose y = µ, alors x = 3 + 3 + 2µ. Le système (S2 ) admet donc une innité de
4 4λ

solutions : les quadruplets sous la forme ( 34 + 4λ


3 + 2µ, µ, 3 , λ) avec λ et µ deux réels.
1+λ


 2a − b + 5d = 0
Exemple 19. Résoudre le système (S3 ) −3a + b − c − 8d = 0
a + c + 3d = 0


a    
 b  2 −1 0 5 0
Soit X = 
 c ,
 (S3 ) ⇐⇒  −3 1 −1 −8  X =  0 
1 0 1 3 0
d
   
1 0 1 3 0
⇐⇒ L1 ↔ L3  −3 1 −1 −8  X =  0 
2 −1 0 5 0
   
 1 0 1 3 0
L2 ← L2 + 3L1
⇐⇒  0 1 2 1 X =  0 
L3 ← L3 − 2L1
0 −1 −2 −1 0
   
1 0 1 3 0
⇐⇒ L3 ← L3 + L2  0 1 2 1 X=   0 
0 0 0 0 0

a + c + 3d = 0
⇐⇒
b + 2c + d = 0

On pose d = λ, c = µ et on a b = −λ − 2µ et a = −3λ − µ. Le système (S3 ) admet donc une innité de solutions :


les quadruplets sous la forme (−3λ − µ, −λ − 2µ, µ, λ) avec λ et µ deux réels.

4 Ensemble des matrices carrées


4.1 Cas particuliers
Dénition (Matrices triangulaires).
Soit A ∈ Mn (K) une matrice carrée d'ordre n. On dit que :
 A est une matrice triangulaire supérieure lorsque pour tout (i, j) ∈ [[1, n]]2 , i > j =⇒ aij = 0.
 A est une matrice triangulaire inférieure lorsque pour tout (i, j) ∈ [[1, n]]2 , i < j =⇒ aij = 0.
 A est une matrice diagonale lorsque pour tout (i, j) ∈ [[1, n]]2 , i 6= j =⇒ aij = 0.

Remarque. Quand A est une matrice diagonale, on note parfois A = Diag (a11 , a22 , ..., ann ).
Remarque. Les matrices diagonales de type λIn avec λ ∈ K sont aussi appelées matrices scalaires.
Exemple 20.
1 2 1 1 0 0
005 est une matrice triangulaire supérieure. 000 = Diag(1, 0, 3) est une matrice diagonale.
003 003

Proposition (Produit de matrices triangulaires).


Dans Mn (K),
 Le produit de deux matrices triangulaires supérieures est une matrice triangulaire supérieure.
 Le produit de deux matrices triangulaires inférieures est une matrice triangulaire inférieure.
 Le produit de deux matrices A = Diag (a1 , a2 , . . . , an ) et B = Diag (b1 , b2 , . . . , bn ) est la matrice
diagonale AB = Diag (a1 b1 , a2 b2 , . . . , an bn ).

11
Démonstration. Soit A = (aij )16i,j6n et B = (bij )16i,j6n deux matrices triangulaires supérieures. Notons C = AB ,
avec C = (cij )16i,j6n . Par dénition du produit matriciel, pour tout (i, j) ∈ [[1, n]]2 ,
n
X
cij = aik bkj .
k=1

Soit i et j deux entiers tels que i > j . Alors si k < i, aik = 0, et si k > j , bkj = 0. Donc aik bkj = 0 pour tous les
termes de la somme. Donc cij = 0. Donc C est triangulaire supérieure.
On montre de même le résultat sur les matrices triangulaires inférieures.
Pour le résultat sur les matrices diagonales, par ce qui précède, il est direct que le produit de deux matrices
diagonales est une matrice diagonale. Il sut donc de calculer les termes diagonaux. Soit i un entier, aik bki = 0 si
k > i ou k < i. Donc cii = aii bii .

Dénition (Matrices symétriques, antisymétriques).


Soit A ∈ Mn (K) une matrice carrée d'ordre n. On dit que :
 A est une matrice symétrique lorsque A> = A, c'est-à-dire ∀(i, j) ∈ [[1, n]]2 , aij = aji .
 A est une matrice antisymétrique lorsque A> = −A, c'est-à-dire ∀(i, j) ∈ [[1, n]]2 , aij = −aji .
On note Sn (K) (resp. An (K)) l'ensemble des matrices symétriques (resp. antisymétriques) de taille n.

0 2 1
Exemple 21.
1 2 1  
205 est une matrice symétrique. −2 0 −5 est une matrice antisymétrique.
153 −1 5 0

Remarque. Une matrice antisymétrique a nécessairement des zéros sur sa diagonale.

4.2 Calcul de puissances


Proposition (Formule du binôme de Newton).

Pour tout (A, B) ∈ (Mp (K))2 tels que AB = BA et pour tout entier naturel m,
m  
m
X m
(A + B) = Ak B m−k ,
k
k=0

où Ak est la matrice AA . . . A} produit matriciel de A par elle-même k fois, avec la convention A0 = Ip .


| {z
k fois

Remarque. Attention à ne pas oublier la condition AB = BA, qui ne gurait pas dans la formule pour les réels !
Exemple 22. Si AB 6= BA, on trouve en développant (A + B)2 = (A + B)(A + B) = A2 + AB + BA + B 2 .
Soit m ∈ N. On pose P (m) =  (A + B)m = m m k m−k .
P 
Démonstration. k=0 k A B
 (A + B)0 = Ip et k=0 k Ak B −k = 1Ip Ip = Ip donc P (0) est vraie.
0 0
P 

 Soit m un entier naturel xé. On suppose que P (m) est vraie. Alors :
m  
m k m−k
par P (m)
m+1
X
(A + B) = (A + B) A B
k
k=0
m   m  
m k+1 m−k X m
en développant
X
= A B + BAk B m−k
k k
k=0 k=0
m   m  
m k+1 m−k m k m−k+1
car AB = BA
X X
= A B + A B
k k
k=0 k=0

12
m+1
X  m  
m m k m−k+1
en posant i = k + 1
X
i m−i+1
= AB + A B
i−1 k
i=1 k=0
m    
m m
en séparant k = 0, m + 1
X
m+1 m+1
=A +B + + Ak B m−k+1
k−1 k
k=1
m  
m + 1 k m−k+1
par la formule de Pascal
X
m+1 m+1
=A +B + A B
k
k=1
m+1
X m + 1 
= Ak B m−k+1
k
k=0

Donc P (m + 1) est vraie. D'où le résultat annoncé.


 
2 3
Exemple 23. Soit n ∈ et A = 0 2 . Calculer An .
N∗
On pourrait commencer par calculer A2 = ( 40 12
4 ) puis éventuellement A et A pour former une conjecture (qu'on
3 4

montrerait ensuite par récurrence) mais ce n'est pas concluant ici (le coecient en haut à droite est trop dicile
à conjecturer).
On remarque par contre que A = 2I2 + 3J , avec J = ( 00 10 ). On connaît les puissances de I2 et on trouve par calcul
que J 2 = 02 , donc ∀k > 2 J k = 02 . De plus 2I2 3J = 6J = 3J2I2 donc ces matrices commutent.
On peut donc appliquer la formule du binôme de Newton : ∀n > 1,
n   n    n
2 3n2n−1

X n X n
An = (3J)k (2I2 )n−k = 3k 2n−k J k = 1 × 30 2n I2 + n × 31 2n−1 J + 02 = .
k k 0 2n
k=0 k=0

4.3 Matrices inversibles


Dénition (Matrice inversible).
Soit A ∈ Mn (K). On dit que A est inversible quand il existe une matrice B ∈ Mn (K) telle que :

AB = BA = In .

Cette matrice est alors unique et notée B = A−1 .


L'ensemble des matrices inversibles de Mn (K) est appelé groupe linéaire et noté GLn (K).

Démonstration. Montrons l'unicité. Supposons que B et C sont deux matrices qui conviennent. Alors AB = In ,
donc par produit avec C , CAB = C . Or CA = In . Donc B = C , d'où l'unicité.

Proposition (Inverse de l'inverse).


Soit A une matrice de Mn (K) inversible. Alors A−1 est inversible et (A−1 )−1 = A.

Démonstration. On a A−1 A = In = AA−1 , donc A−1 est inversible et son inverse vaut A.

Proposition (Inverse du produit).

Soit A et B deux matrices de Mn (K) inversibles. Alors AB est inversible et (AB)−1 = B −1 A−1 .

Démonstration. On a (B −1 A−1 )(AB) = B −1 In B = B −1 B = In et (AB)(B −1 A−1 ) = AIn A−1 = AA−1 = In .


Donc AB est inversible d'inverse B −1 A−1 .

13
Remarque. On en déduit par récurrence que si A ∈ GLn (K) et k ∈ N, alors Ak ∈ GLn (K) et (Ak )−1 = (A−1 )k .
Proposition (Inverse de la transposée).
−1
Soit A une matrice de Mn (K) inversible. Alors A> est inversible et A> = (A−1 )> .

>
Démonstration. On a (A−1 )> A> = AA−1 = In> = In et A> (A−1 )> = (A−1 A)> = In> = In . Donc A> est
inversible, d'inverse (A−1 )> .

4.4 Calcul d'inverse par résolution de système


Proposition.
Soit (S) un système linéaire de forme matricielle AX = B . Si la matrice A est inversible, le système
(S) possède un unique n-uplet solution X = A−1 B .

Démonstration. Si A est inversible, on peut multiplier AX = B à gauche par A−1 , ce qui donne le résultat
annnoncé.
Remarque. Si le système linéaire n'a pas de solution ou admet plusieurs solutions, la matrice associée n'est donc
pas inversible.
Remarque. Cette constatation permet d'étudier l'inversibilité d'une matrice par résolution de système linéaire :
on xe un vecteur colonne B quelconque et on résout AX = B . Dans le cas inversible, l'expression de la solution
permet de déduire la valeur de A−1 .
 
1 0 3  
b1
Exemple 24.
x
On étudie l'inversibilité de la matrice A =  2 1 2 . On pose B = b2 et X = yz .

b3
−1 1 1

x + 3z = b1

AX = B ⇐⇒ 2x + y + 2z = b2

−x + y + z = b3


x + 3z = b1

L2 ←− L2 − 2L1
⇐⇒ y − 4z = −2b1 + b2
L3 ←− L3 + L1 
y + 4z = b1 + b3


x + 3z = b1

⇐⇒ L3 ←− L3 − L2 y − 4z = −2b1 + b2

8z = 3b1 − b2 + b3

Le système est échelonné, il ne reste plus qu'à le remonter :



−8x = b1 − 3b2 + 3b3

L1 ←− 3L3 − 8L1
AX = B ⇐⇒ 2y = −b1 + b2 + b3
L2 ←− L3 + 2L2 
8z = 3b1 − b2 + b3


L1 ←− −1 L x = − 81 b1 + 38 b2 − 83 b3
8 1 
⇐⇒ L2 ←− 21 L2 y = − 21 b1 + 12 b2 + 21 b3
1
L3 ←− 8 L3

z = 38 b1 − 81 b2 + 18 b3

 1 3 3
−8 8
−8
Donc A est inversible et A−1 =  − 21 1
2
1
2
.
3
8
− 18 1
8

14
Proposition (Inversibilité d'une matrice triangulaire).
Soit A une matrice de Mn (K) triangulaire. Alors A est inversible si et seulement si elle n'a pas de 0 sur
sa diagonale et si elle est inversible, son inverse est aussi triangulaire.

Démonstration. On eectue la démonstration dans le cas triangulaire supérieur, le cas triangulaire inférieur s'en
déduit ensuite par passage à la transposée.
!
b1  x1 
On pose A = (aij )16i,j6n , B = ..
. et X = ... . Puisque si i > j , aij = 0 (la matrice A étant triangulaire
bn xn
supérieure), une résolution de système donne :


a11 x1 + a12 x2 + . . . + a1n xn = b1
..






 .

a x + . . . + a x = b
kk k kn n k
AX = B ⇐⇒ .


 .
.


an−1,n−1 xn−1 + an−1,n xn = bn−1





ann xn = bn

Ce système étant déjà échelonné, il sut de remonter ses lignes pour le résoudre :
 Si ann = 0, la dernière ligne devient 0 = bn , donc le système n'aura pas une unique solution. Donc A n'est
pas inversible.
 Si ann 6= 0, 

a11 x1 + a12 x2 + . . . + a1,n−1 xn−1 = b1 − a1,n abnn
n

..






 .
 bn
k,n−1 xn−1 = bk − ak,n ann
a x + . . . + a
kk k
AX = B ⇐⇒ ..
.





an−1,n−1 xn−1 = bn−1 − an−1,n abnn n





xn = abnnn

 Si an−1,n−1 = 0, l'avant dernière ligne devient 0 = bn−1 − an−1,n abnn n


, donc A n'est pas inversible.
 Si an−1,n−1 6= 0, on recommence. . .
En remontant jusqu'au bout, on déduit que si l'un des akk est nul, la matrice A n'est pas inversible. Si les coecients
diagonaux sont tous non nuls, la résolution du système donne xn en fonction de bn , xn−1 en fonction de bn et bn−1 ,
. . . , xk en fonction de bn , bn−1 , . . . , bk , et x1 en fonction de tous les bi . On obtient donc une unique solution au
système.
Donc A est inversible et les dépendances en fonction des bi garantissent de plus que A−1 est triangulaire supérieure.

Remarque. En particulier, si D est une matrice diagonale et inversible, son inverse est aussi une matrice diagonale.
   
10 0 1 0 0
Exemple 25. La matrice D = 05 0
0 0 21
est inversible et D−1 = 0 15 0 .
0 0 2

4.5 Calcul d'inverse par Pivot de Gauss sur les matrices


Proposition.
Soit (i, j) ∈ [[1, n]]2 , λ ∈ K∗ et α ∈ K. Les matrices Pi,j , Di (λ) et Ti,j (α) sont inversibles.

15
Démonstration. Les opérations élémentaires associées permettent de conjecturer les valeurs des inverses :
 Pi,j Pi,j = In , donc Pi,j est inversible et Pi,j
−1
= Pi,j .
 Di (λ)Di ( λ ) = In et Di ( λ )Di (λ) = In , donc Di (λ) est inversible et Di (λ)−1 = Di ( λ1 ) (on comprend au
1 1

passage pourquoi on impose λ 6= 0).


 Ti,j (α)Ti,j (−α) = In et Ti,j (−α)Ti,j (α) = In donc Ti,j (α) est inversible et Ti,j (α)−1 = Ti,j (−α).

Proposition.
Les opérations élémentaires sur les matrices préservent l'inversibilité.

Démonstration. Si A est une matrice inversible, la matrice obtenue après avoir réalisé une opération élémentaire

sur les lignes est du type Pi,j A, Di (λ)A ou Ti,j (α)A, elle est donc toujours inversible comme produit de matrices
inversibles.
Remarque. En modiant l'égalité A = In A par produits à gauche, on peut eectuer des opérations élémentaires
sur les lignes de A et In . Si on parvient à se ramener à une égalité du type In = BA, on aura montré que A est
inversible avec A−1 = B .
Si au contraire les opérations élémentaires transforment A en une matrice (triangulaire) non inversible, on aura
montré que A n'est pas inversible.
Remarque. Les opérations eectuées sur les matrices sont les mêmes que dans le cas de la résolution par système
linéaire, seule la mise en forme change.
 
1 0 3
Exemple 26. On considère la matrice B =  2 1 6 .
−1 1 −3
   
1 0 3 1 0 0
B = I3 B ⇐⇒  2 1 6  =  0 1 0 B
−1 1 −3 0 0 1
   
1 0 3 1 0 0
L ←− L2 − 2L1 
⇐⇒ 2 0 1 0  =  −2 1 0  B
L3 ←− L3 + L1
0 1 0 1 0 1
   
1 0 3 1 0 0
⇐⇒ L3 ←− L3 − L2  0 1 0  =  −2 1 0  B
0 0 0 3 −1 1

La matrice triangulaire obtenue a l'un de ses termes diagonaux nul, elle n'est donc pas inversible. Donc B n'est
pas non plus une matrice inversible.
 
0 4 3
Exemple 27. On considère la matrice C =  1 2 1 .
3 0 3
   
0 4 3 1 0 0
C = I3 C ⇐⇒  1 2 1  =  0 1 0 C
3 0 3 0 0 1
   
1 2 1 0 1 0
⇐⇒ L1 ←→ L2  0 4 3  =  1 0 0 C
3 0 3 0 0 1
   
1 2 1 0 1 0
⇐⇒ L3 ←− L3 − 3L1  0 4 3  =  1 0 0  C
0 −6 0 0 −3 1

16
   
1 2 1 0 1 0
1
⇐⇒ L2 ←− L2  0 1 3/4  =  1/4 0 0 C
4
0 −6 0 0 −3 1
   
1 2 1 0 1 0
⇐⇒ L3 ←− L3 + 6L2  0 1 3/4  =  1/4 0 0 C
0 0 9/2 3/2 −3 1

La matrice triangulaire n'a aucun zéro sur la diagonale, donc C est inversible. On cherche maintenant C −1 .
   
2 1 2 0 −1/3 5/3 −2/9
L1 ←− L1 − 9 L3
C = I3 C ⇐⇒ 1
 0 1 0 = 0 1/2 −1/6  C
L2 ←− L2 − 6 L3 0 0 9/2 3/2 −3 1
 
−1/3 2/3 1/9
L1 ←− L1 − 2L2
⇐⇒ I3 = 0 1/2 −1/6  C
←− 29 L3

L3
1/3 −2/3 2/9

− 13 2 1
 
3 9

On en déduit que C −1 =  0 1
2
− 16 .
1
3
− 23 2
9

17
Limites et continuité
Cours de É. Bouchet  PCSI

15 décembre 2021

Table des matières

1 Notion de voisinage 2
2 Limite d'une fonction en un point 2
2.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.2 Caractérisation séquentielle de la limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.3 Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.4 Limites et relation d'ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.5 Théorème de la limite monotone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3 Continuité en un point 8
4 Fonctions continues sur un intervalle 9
4.1 Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.2 Théorème des valeurs intermédiaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.3 Théorème des bornes atteintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.4 Théorème de la bijection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

5 Fonctions à valeurs complexes 12

1
Dans tout le chapitre, les fonctions f considérées sont dénies sur un intervalle I ⊂ R non vide et non réduit à un
point. Elle sont toutes supposées à valeurs réelles (sauf dans la dernière section).

1 Notion de voisinage

Dénition (Voisinage d'un point).


Soit a un réel. Un voisinage de a est un intervalle ouvert centré en a.
On dit qu'une propriété portant sur une fonction f est vraie au voisinage de a lorsqu'elle est vraie
sur l'intersection de I avec un voisinage V de a.

Remarque. Un voisinage de a est donc un intervalle de type ]a − η, a + η[, avec η > 0.


Dénition (Voisinage de l'inni).
Un voisinage de +∞ (resp. −∞) est un intervalle du type ]B, +∞[ (resp. ] − ∞, B[), où B ∈ R.
On dit qu'une propriété portant sur une fonction f est vraie au voisinage de +∞ (resp. −∞)
lorsqu'elle est vraie sur l'intersection de I avec un voisinage V de +∞ (resp. −∞).

Exemple 1. La fonction logarithme est positive sur ]1, +∞[, donc elle est positive au voisinage de +∞. Elle est
négative sur ]0, 1[=] − 1, 1[∩R∗+ , donc elle est négative au voisinage de 0.

2 Limite d'une fonction en un point

2.1 Dénitions
Dénition (Limite nie/innie de f en a).
Soit a un réel appartenant à I ou une extrémité de I , et soit ` ∈ R. On dit que :
 f admet ` comme limite au point a si pour tout ε > 0, |f (x) − `| 6 ε au voisinage de a.
C'est-à-dire :
∀ε > 0, ∃η > 0 tel que ∀x ∈ [a − η, a + η] ∩ I, |f (x) − `| 6 ε.
 f admet +∞ comme limite au point a si pour tout M ∈ R, f (x) > M au voisinage de a.
C'est-à-dire :
∀M ∈ R, ∃η > 0 tel que ∀x ∈ [a − η, a + η] ∩ I, f (x) > M.

Remarque. Tant qu'on choisit ε > 0 et η > 0, le choix de [a − η, a + η] ou ]a − η, a + η[ n'a pas d'importance
pour la dénition, tout comme le choix d'inégalités strictes ou larges pour f .
Dénition (Limite nie/innie de f en +∞).
On suppose que I admet +∞ comme extrémité. Soit ` ∈ R. On dit que :
 f admet ` comme limite en +∞ si pour tout ε > 0, |f (x) − `| 6 ε au voisinage de +∞.
C'est-à-dire :
∀ε > 0, ∃A ∈ I tel que ∀x > A, |f (x) − `| 6 ε.
 f admet +∞ comme limite en +∞ si pour tout M ∈ R, f (x) > M au voisinage de +∞.
C'est-à-dire :
∀M ∈ R, ∃A ∈ I tel que ∀x > A, f (x) > M.

2
Remarque. Ces dénitions s'adaptent facilement au cas −∞ en remplaçant f (x) > M par f (x) 6 M , ou x > A
par x 6 A.
Remarque. En reformulant en terme de voisinage, si α et β sont des réel ou ±∞, f admet comme limite β en α
si pour tout voisinage Vβ de β , il existe un voisinage Vα de α tel que ∀x ∈ Vα ∩ I , f (x) ∈ Vβ .
Remarque. Si α et β sont des réels ou ±∞, on note f (x) x→α
−→ β ou lim f (x) = β pour indiquer que f admet β
x→α
comme limite en α.
Proposition (Unicité de la limite).
Soit α un réel, ou +∞ ou −∞. Si lim f (x) existe, alors cette limite est unique.
x→α

Démonstration. Le principe de la démonstration est le même que dans le cas des limites de suites, en adaptant le
raisonnement suivant la valeur de α.
Proposition.
Soit a un réel. Si f est dénie en a et possède une limite en a, alors lim f (x) = f (a).
x→a

Démonstration. On note ` la limite de f en a et on suppose que ` ∈ R \ {a} (le cas ` = ±∞ se traite de même).
Soit ε = |f (a)−`|
2 > 0. Alors il existe η > 0 tel que ∀x ∈ [a − η, a + η] ∩ I , |f (x) − `| 6 ε. En particulier, puisque
a ∈ I,
|f (a) − `|
|f (a) − `| 6 ε = .
2
En divisant par |f (a) − `| > 0, on trouve 1 6 12 , ce qui est absurde. D'où le résultat.

Proposition.
Soit α un réel, ou +∞, ou −∞, et f une fonction dénie au voisinage de α. Si la fonction f admet une
limite nie en α, alors f est bornée au voisinage de α.

Démonstration. On eectue la preuve dans le cas α ∈ R, les autres cas se traitent de la même façon.
Soit ` ∈ R la limite nie de f en α. On pose ε = 1 > 0. Alors ∃η > 0 tel que ∀x ∈ I ∩ [α − η, α + η], |f (x) − `| 6 1,
c'est-à-dire ` − 1 6 f (x) 6 ` + 1.
Donc f est bornée au voisinage de α (par ` − 1 et ` + 1).

Dénition (Limite à droite, limite à gauche).


Soit a un point de I ou une de ses extrémités, et soit ` ∈ R. On dit que
 f admet ` comme limite à droite au point a si :

∀ε > 0, ∃η > 0 tel que ∀x ∈]a, a + η] ∩ I, |f (x) − `| 6 ε.

 f admet ` comme limite à gauche au point a si :

∀ε > 0, ∃η > 0 tel que ∀x ∈ [a − η, a[∩I, |f (x) − `| 6 ε.

Remarque. On note x→a+


lim f (x) ou lim f (x) pour la limite à droite, lim f (x) ou lim f (x) pour la limite à gauche.
x→a x→a− x→a
x>a x<a

3
Remarque. Il n'est pas nécessaire que f soit dénie en a pour dénir x→a+
lim f (x) et lim f (x).
x→a−

Proposition.
Soit f une fonction dénie au voisinage d'un point a ∈ R. Soit ` ∈ R. La fonction f admet pour limite
` en a si et seulement si
lim f (x) = lim f (x) = `.
x→a− x→a+

Si a ∈ I , il faut de plus ajouter la condition ` = f (a).

Exemple 2. Soit f la fonction dénie par f (x) = 0 si x 6 0 et f (x) = 1 si x > 0. La fonction admet une limite à
droite en 0, qui vaut 1, et une limite à gauche en 0, qui vaut 0. Elle n'admet par contre pas de limite en 0.

2.2 Caractérisation séquentielle de la limite


Proposition (Caractérisation séquentielle de la limite d'une fonction).
Soit α et ` des réel, ou +∞ ou −∞. On a l'équivalence suivante :

lim f (x) = ` ⇐⇒ Pour toute suite réelle u telle que lim un = α, lim f (un ) = `.
x→α n→+∞ n→+∞

Démonstration.On montre successivement les deux implications.


 On suppose que lim f (x) = `. Soit u une suite réelle u telle que lim un = α.
x→α n→+∞
On xe V` un voisinage de `, c'est-à-dire un intervalle du type [` − ε, ` + ε] si ` ∈ R, un intervalle du type
[A, +∞[ si ` = +∞, ou un intervalle du type ] − ∞, A] si ` = −∞.
Comme lim f (x) = `, il existe un voisinage Vα de α tel que ∀x ∈ Vα ∩ I , f (x) ∈ V` . Or, comme lim un =
x→α n→+∞
α, les un appartiennent à Vα à partir d'un certain rang. Donc à partir de ce rang, f (un ) ∈ V` . Donc
lim f (un ) = `.
n→+∞
 Pour montrer la réciproque, on passe par la contraposée. Montrons donc que :

f ne tend pas vers ` en α =⇒ Il existe une suite u telle que lim un = α et f (un ) ne tend pas vers `.
n→+∞

On suppose que f ne tend pas vers ` en α. Donc il existe un voisinage V` de ` tel que pour tout voisinage
Vα de α, Vα contient un point x tel que f (x) ∈ / V` .
Considérons (Vn )n∈N une suite de voisinages de α de plus en plus resserrés autour de α. Plus précisément si
α ∈ R, on pose Vn = [α − n1 , α + n1 ] ; si α = +∞, on pose Vn = [n, +∞[ ; si α = −∞, on pose Vn =] − ∞, −n].
Par dénition de la non-convergence, chacun de ces voisinages contient un point x tel que f (x) ∈ / V` . Ce
point x dépend a priori de n, on le note donc un .
Cela dénit une suite (un )n∈N qui tend vers α (puisque par construction, un ∈ Vn pour tout n) et telle que
f (un ) ne tend pas vers ` (puisque par construction, f (un ) ∈/ V` ).

 
1 1
Exemple 3. Puisque lim
n→+∞ n
= 0 et lim sin(x) = 0, on en déduit que lim sin = 0.
x→0 n→+∞ n
Exemple 4. Cette caractérisation peut aussi être utilisée pour montrer une
 non-limite.
π π 
On sait que lim 2nπ = +∞ et lim sin(2nπ) = 0. Or lim + 2nπ = +∞ et lim sin + nπ = 1.
n→+∞ n→+∞ n→+∞ 2 n→+∞ 2
Puisque 0 6= 1, cela signie que sin n'admet pas de limite en +∞.

4
2.3 Opérations sur les limites
Soit f et g deux fonctions. Soit α un réel, ou +∞, ou −∞. Soit `1 et `2 deux réels. On suppose dans cette section
que lim f (x) existe et que lim g(x) existe.
x→α x→α

lim f `1 +∞ −∞ lim f `1 > 0 0 +∞


lim g lim(f + g) lim g lim |f g|

`2 `1 + `2 +∞ −∞ `2 > 0 `1 `2 0 +∞

+∞ +∞ +∞ F.I. 0 0 0 F.I.

−∞ −∞ F.I. −∞ +∞ +∞ F.I. +∞

Remarque. Dans le cas du produit, on applique ensuite les règles de signes pour trouver des limites négatives.
Proposition (Limite de l'inverse).
1 1
 Si lim f = ` 6= 0, alors lim = .
α α f `
1
 Si lim f = ±∞, alors lim = 0.
α α f
1
 Si lim f = 0 et f > 0 au voisinage de α, alors lim = +∞.
α f α
1
 Si lim f = 0 et f < 0 au voisinage de α, alors lim = −∞.
α α f

Remarque. Les limites pour le quotient s'obtiennent ensuite à partir de celles du produit et de l'inverse.
Proposition (Limite d'une fonction composée).
Soit α , `1 et `2 des réel, ou +∞, ou −∞. Alors :

lim f (x) = `1 et lim g(x) = `2 =⇒ lim g ◦ f (x) = `2 .


x→α x→`1 x→α

Démonstration. On raisonne en terme de voisinages de manière à traiter tous les cas simultanément.
Soit V2 un voisinage de `2 . Comme lim g(x) = `2 , il existe un voisinage V1 de `1 tel que ∀z ∈ V1 , g(z) ∈ V2 .
x→`1
Comme lim f (x) = `1 , il existe un voisinage V de α tel que ∀x ∈ V , f (x) ∈ V1 .
x→α
Donc ∀x ∈ V , g(f (x)) ∈ V2 , d'où lim g ◦ f (x) = `2 .
x→α

5
2.4 Limites et relation d'ordre
Proposition (Passage à la limite dans une inégalité).
Soit α un réel, ou +∞, ou −∞. Soit f et g deux fonctions dénies sur les intervalles Df et Dg et soit
`1 et `2 deux réels. On suppose que pour x au voisinage de α,

f (x) 6 g(x).

Si f admet pour limite `1 en α et g admet pour limite `2 en α alors `1 6 `2 .

Démonstration. On eectue la preuve dans le cas α ∈ R, les autres cas se traitent de la même manière.
Soit D = Df ∩ Dg . On raisonne par l'absurde en supposant `1 > `2 .
La fonction f − g a pour limite `1 − `2 en α. On pose ε = `1 −`
2 .
2

Notre supposition donne ε > 0, il existe donc η1 > 0 tel que ∀x ∈ D ∩ [α − η1 , α + η1 ],


|(f − g)(x) − (`1 − `2 )| 6 ε,

c'est-à-dire en particulier 0 < ε 6 f (x) − g(x). Donc


∀x ∈ D ∩ [α − η1 , α + η1 ], f (x) > g(x).

Par ailleurs, on a supposé f (x) 6 g(x) au voisinage de α. Il existe donc η2 > 0 tel que :
∀x ∈ D ∩ [α − η2 , α + η2 ], f (x) 6 g(x).

Soit η = min(η1 , η2 ). Alors ∀x ∈ D ∩ [α − η, α + η], on a à la fois f (x) > g(x) et f (x) 6 g(x), ce qui est impossible.
D'où le résultat.
Remarque. En particulier, si f (x) > 0 au voisinage de α et si f admet une limite ` en α alors ` > 0.
Remarque. Attention, ce résultat devient faux si on remplace les inégalités larges par des inégalités strictes.
Proposition (Théorème d'encadrement).
Soit α un réel, ou +∞, ou −∞ et soit ` un réel. On suppose qu'au voisinage de α,

f (x) 6 g(x) 6 h(x),

et que f et h admettent la même limite ` en α. Alors g admet également pour limite ` en α.

Démonstration. On fait la démonstration pour le cas α = +∞, les autres se traitent de la même façon. Soit
D = Df ∩ Dg ∩ Dh .
Par hypothèse, il existe un réel A > 0 tel que, pour tout x ∈ D,
x > A =⇒ f (x) 6 g(x) 6 h(x).

Les fonctions f et h ont pour limite ` en α. Soit ε > 0, il existe donc des réels B et B 0 > 0 tels que, pour tout
x ∈ D,
x > B =⇒ |f (x) − `| 6 ε et x > B 0 =⇒ |h(x) − `| 6 ε.
Pour x > max(A, B, B 0 ), on a donc ` − ε 6 f (x) 6 g(x) 6 h(x) 6 ` + ε. Ce qui s'écrit également : pour tout x ∈ D,
x > max(A, B, B 0 ) =⇒ |g(x) − `| 6 ε.

Donc g admet pour limite ` en α.

6
Remarque. Ce théorème fournit l'existence et la valeur de la limite.
Remarque. Comme dans le cas des suites, on en déduit le corollaire suivant : si f est une fonction bornée au
voisinage de α et si lim g(x) = 0, alors lim (f g)(x) = 0.
x→α x→α

cos(x)
Exemple 5. Déterminer la limite en +∞ de la fonction f dénie sur R∗ par x → .
x
1
On sait que x → cos(x) est bornée sur R (par −1 et 1), et que lim = 0. Donc par théorème d'encadrement,
x→+∞ x
lim f (x) = 0.
x→+∞

Remarque. Ce résultat s'étend au cas des limites innies avec les théorèmes de comparaison :
 Si au voisinage de α, f (x) 6 g(x) et si lim f (x) = +∞, alors lim g(x) = +∞.
x→α x→α
 Si au voisinage de α, f (x) 6 g(x) et si lim g(x) = −∞, alors lim f (x) = −∞.
x→α x→α

2.5 Théorème de la limite monotone


Proposition (Théorème de la limite monotone, cas croissant).
Soit a et b des réels tels que a < b, et f une fonction monotone sur l'intervalle ]a, b[. Alors pour tout
point x de ]a, b[, f admet une limite à gauche et à droite en x, et ces limites sont nies. De plus :
 Si f est croissante sur ]a, b[ alors lim− f (x) existe et est égale à
x→b
(
sup]a,b[ f si f est majorée sur ]a, b[,
+∞ sinon.

 Si f est croissante sur ]a, b[ alors lim+ f (x) existe et est égale à
x→a
(
inf ]a,b[ f si f est minorée sur ]a, b[,
−∞ sinon.

Remarque. Ce résultat reste vrai si a = −∞ ou b = +∞.


Démonstration. On va montrer le résultat en b− , les autres cas se montrent de la même façon. Soit l'ensemble

A = f (]a, b[).

 Si f est majorée, l'ensemble A est non vide et majoré, et donc (théorème de la borne supérieure) possède
une borne supérieure réelle M .
 Si f n'est pas majorée, on pose M = +∞.
Pour montrer que la limite de f en b est bien M , il sut (que b soit ni ou non) de démontrer que pour tout
m < M , il existe xm ∈]a, b[ tel que
∀x ∈ [xm , b[, f (x) ∈]m, M ].
Soit un réel m < M . Par dénition de M (le plus petit majorant de A dans R ou +∞), le réel m n'est pas un
majorant de A. On peut donc trouver un réel xm ∈]a, b[ tel que f (xm ) > m. La croissance de f sur ]a, b[ et la
dénition de M donnent alors :
∀x ∈ [xm , b[, m < f (xm ) 6 f (x) 6 M,
ce qui termine la preuve.
Remarque. On obtient de même le comportement
( quand f est décroissante sur ]a, b[ :
inf ]a,b[ f si f est minorée sur ]a, b[,
 lim− f (x) existe et est égale à
x→b −∞ sinon.

7
(
sup]a,b[ f si f est majorée sur ]a, b[,
 lim+ f (x) existe et est égale à
x→a +∞ sinon.
Exemple 6. La fonction x 7→ bxc est croissante sur R, elle admet donc des limites à droite et à gauche en tout
point réel.

3 Continuité en un point

Dénition (Continuité).
Soit a un point de l'intervalle I . Une fonction f dénie de I dans R est dite :
 continue à droite en a si x→a+ lim f (x) = f (a),
 continue à gauche en a si x→a− lim f (x) = f (a),
 continue en a si lim f (x) = f (a).
x→a

Remarque. Les propriétés des limites donnent directement que :


 lorsque a n'est pas une extrémité de I , la continuité simple équivaut à la continuité à droite et à gauche.
 si f et g sont deux fonctions continues en a ∈ I , les fonctions (f + g), λf (où λ ∈ R), f g , |f | et fg (si
g(a) 6= 0) sont continues en a.
 si f et h sont deux fonctions telles que leur composée h ◦ f soit correctement dénie au voisinage de a, alors
(
f continue en a
=⇒ h ◦ f continue en a.
h continue en f (a)

Proposition (Caractérisation séquentielle de la continuité).


Soit a ∈ I , alors :

f continue en a ⇐⇒ ∀(un )n∈N ∈ I N telle que lim un = a on a lim f (un ) = f (a).


n→+∞ n→+∞

Démonstration. Découle directement de la dénition de la continuité en a et de la caractérisation séquentielle de


la limite.
Remarque. On retrouve le résultat établi dans le chapitre sur les suites : si une suite u dénie par récurrence par
∀n ∈ N, un+1 = f (un ) converge vers un réel `, et si f est continue en `, alors f (`) = `.
Dénition (Prolongement par continuité).
/ I un réel. Si f admet une limite réelle ` en a, alors on dit que f est prolongeable par
Soit a ∈
continuité en a. La fonction g, dénie sur I ∪ {a} par :
(
g(x) = f (x) si x ∈ I
,
g(a) = `

est appelée prolongement par continuité de f en a.

sin(x)
Exemple 7. La fonction f : x → est dénie sur R∗ mais pas en 0. Comme lim
sin(x)
x = 1 ∈ R, f est
x→0 x
prolongeable par continuité en 0. Son prolongement par continuité est la fonction g dénie sur R par :
(
g(x) = sin(x)
x si x ∈ R∗
g(0) = 1

8
4 Fonctions continues sur un intervalle

4.1 Dénition
Dénition (Fonction continue sur un intervalle).
On dit que f est continue sur l'intervalle I lorsque f est continue en tout point de l'intervalle I .

Exemple 8. Parmi les fonctions classiques,


 Les fonctions polynômes sont continues sur R,
 La fonction ln est continue sur R∗+ .
 La fonction exp est continue sur R.
 Les fonctions sin et cos sont continues sur R.
x2 si x > 0

Exemple 9. Soit f la fonction dénie sur R par : f (x) = −x 3 sinon
. Montrer sa continuité sur R.
La fonction f est égale à une fonction polynôme sur R∗+ et sur R∗− , elle est donc continue sur ces intervalles. Reste
à étudier la continuité en 0 :
lim x2 = f (0) = 0 = lim −x3 .
x→0+ x→0−

La fonction est donc continue en 0, et donc sur R tout entier.


Attention : f est également une fonction polynôme sur R+ et sur R− , mais ça ne signie pas nécessairement qu'elle
est continue sur R+ et sur R− (R+ donne une limite en 0+ et R− en 0− , mais ces limites pourraient ne pas être
égales). Il est toujours nécessaire d'étudier le raccord en 0 .

4.2 Théorème des valeurs intermédiaires


Proposition (Théorème des valeurs intermédiaires).
Soit f une fonction continue sur un intervalle I et soit (a, b) ∈ I 2 tel que a < b. Pour toute valeur y
comprise entre f (a) et f (b), il existe x ∈ [a, b] tel que f (x) = y .

Démonstration. On suppose f (a) 6 f (b) (le cas f (b) 6 f (a) se traite de la même manière), on a donc y ∈
[f (a), f (b)].
On veut raisonner par dichotomie, on dénit donc deux suites u et v par récurrence comme suit :
 On pose u0 = a et v0 = b.
 Soit n ∈ N, on suppose que un et vn sont bien dénis. Soit cn = un +v
2
n
. Si f (cn ) > y , on pose un+1 = un et
vn+1 = cn . Sinon, on pose un+1 = cn et vn+1 = vn .

y


a c0 b
u0 u1 v0
v1

Cette construction dénit bien les deux suites u et v . On étudie maintenant leurs propriétés. Soit n ∈ N, on pose
P (n) :  vn − un = b−a
2n et f (un ) 6 y 6 f (vn ) .
 v0 − u0 = b − a = b−a
20
et f (u0 ) = f (a) 6 y 6 f (b) = f (v0 ) donc P (0) est vraie.

9
 Soit n ∈ N, on suppose que P (n) est vraie. Par construction, on a bien f (un+1 ) 6 y 6 f (vn+1 ). De plus, si
f (cn ) > y , vn+1 − un+1 = cn − un = vn −u
2
n
n+1 . Sinon, vn+1 − un+1 = vn − cn =
= 2b−a vn −un
2 n+1 . Donc
= 2b−a
P (n + 1) est vraie.
On a donc bien montré que ∀n ∈ N, vn − un = b−a 2n et f (un ) 6 y 6 f (vn ). En particulier, n→+∞
lim (vn − un ) = 0.
D'autre part, u est croissante. En eet, pour tout n ∈ N, un+1 = cn ou un+1 = un , et dans les deux cas, on a
un+1 > un . De façon symétrique, v est décroissante. Les suites u et v sont donc adjacentes. Par théorème, elles
convergent vers une limite commune ` ∈ R.
Montrons maintenant que f (`) = y . Tout d'abord, on sait par construction que ∀n ∈ N, a 6 un 6 b, donc
par passage à la limite ` ∈ [a, b]. La fonction f est donc continue en `, ce qui donne lim f (un ) = f (`) et
n→+∞
lim f (vn ) = f (`).
n→+∞
Comme on a montré que ∀n ∈ N, f (un ) 6 y 6 f (vn ), un nouveau passage à la limite donne f (`) 6 y 6 f (`), d'où
f (`) = y .

Exemple 10. Montrer que toute fonction polynôme de degré impair admet au moins une racine réelle.
On note f la fonction polynôme, et αxp son terme de plus haut degré, avec p impair. On va traiter le cas α > 0,
le cas α < 0 se traite similairement.
 lim f (x) = −∞. Donc il existe a ∈ R∗− tel que f (a) < 0.
x→−∞
 lim f (x) = +∞. Donc il existe b ∈ R∗+ tel que f (b) > 0.
x→+∞
Donc a < b et f (a)f (b) < 0. Or la fonction f est continue sur R donc sur [a, b] (car c'est une fonction polynôme).
Le théorème des valeurs intermédiaires nous donne donc l'existence de c ∈]a, b[ tel que f (c) = 0, c'est-à-dire tel
que c est racine de f . D'où le résultat.
Remarque. Ce théorème signie que si f est continue sur un intervalle I et si f prend deux valeurs distinctes,
elle atteint toutes les valeurs (intermédiaires. . . ) comprises entre ces deux réels.

•b

toutes ces valeurs


sont atteintes par f

a•

Proposition.
L'image d'un intervalle par une fonction continue est un intervalle.

Démonstration. Soit f une fonction continue sur un intervalle I , on note J = f (I). Soit (x, y) ∈ J 2 avec x 6 y ,
alors ∃(a, b) ∈ tels que x = f (a) et y = f (b). Montrons que que [x, y] = [f (a), f (b)] ⊂ J .
I2
Soit z ∈ [f (a), f (b)]. Le théorème des valeurs intermédiaires donne l'existence de c compris entre a et b et tel que
z = f (c). Donc z ∈ f (I) = J . Donc [x, y] = [f (a), f (b)] ⊂ J , ce qui correspond exactement à la dénition d'un
intervalle.

4.3 Théorème des bornes atteintes


Proposition (Théorème des bornes atteintes).
Soit a et b deux réels tels que a < b et soit f une fonction continue sur le segment [a, b]. Alors f est
bornée et atteint ses bornes.

Démonstration. Hors-programme

10
Remarque. Cela signie que f admet un maximum et un minimum sur [a, b]. Donc m = min f et M = max f
[a,b] [a,b]
existent et en couplant avec le théorème des valeurs intermédiaires, on obtient :
f ([a, b]) = [m, M ].
Autrement dit, l'image d'un segment par une fonction continue est un segment.

4.4 Théorème de la bijection


Proposition (Théorème de la bijection).
Soit f une fonction continue et strictement monotone sur un intervalle I de R. Alors f réalise une
bijection de I dans l'intervalle f (I).
Sa réciproque f −1 est continue et strictement monotone sur f (I), de même sens de variation que f .

Démonstration. (la démonstration des points 2 et 3 n'est pas exigible)


1.  f est continue sur I , donc d'après le théorème des valeurs intermédiaires f (I) est un intervalle.
 f est surjective de I dans f (I) par dénition de f (I).
 f est strictement monotone sur I , donc f est injective sur I .
Donc f est bijective de I dans l'intervalle f (I).
Pour la suite, on suppose que f est strictement croissante sur I (le cas décroissant se traite de la même
manière).
2. Soit a et b deux éléments de f (I). Supposons que f −1 (a) > f −1 (b), composer par f donne alors a > b. Par
passage à la contraposée, on vient de montrer que a < b =⇒ f −1 (a) < f −1 (b). Donc f −1 est strictement
croissante sur f (I).
3. Montrons maintenant que f −1 est continue sur f (I). Soit y0 ∈ f (I), qui s'écrit y0 = f (a) avec a ∈ I . On
suppose que a n'est pas une borne de I (sinon, il sut de modier les intervalles considérés dans la suite).
Soit ε > 0 tel que [a − ε, a + ε] ⊂ I . On pose y1 = f (a − ε) et y2 = f (a + ε) : y1 et y2 sont dans f (I) et
vérient y1 < y0 < y2 par croissance de f . On pose η = min( y0 −y
2 , 2 ). On a alors :
1 y2 −y0

|y − y0 | 6 η =⇒ y1 < y < y2 =⇒ a − ε 6 f −1 (y) 6 a + ε,


puisque f −1 est croissante sur f (I). Donc lim f −1 (y) = f −1 (y0 ). Donc f −1 est continue en y0 .
y→y0

Remarque. En particulier, si f est une fonction continue et strictement monotone sur un intervalle I , et si
b ∈ f (I), alors l'équation f (x) = b admet une unique solution sur I .
Énoncé sous cette forme, ce théorème s'appelle aussi  théorème des valeurs intermédiaires strictement monotone .
Exemple 11. Montrer que l'équation x3 − 3x2 + 1 = 0 possède une unique solution dans l'intervalle [2, +∞[.
Pour x ∈ [2, +∞[, on pose f (x) = x3 − 3x2 + 1.
C'est une fonction polynomiale donc dérivable sur [2, +∞[, avec ∀x ∈ [2, +∞[, f 0 (x) = 3x2 − 6x = 3x(x + 2) > 0
(sauf éventuellement en 2). Donc f est strictement croissante sur [2, +∞[.
f est continue (car polynomiale) et strictement croissante sur [2, +∞[, donc par le théorème de la bijection, elle
réalise une bijection de [2, +∞[ vers f ([2, +∞[). Or f (2) = −3 et lim f = +∞, donc f ([2, +∞[) = [−3, +∞[.
+∞
Comme 0 ∈ [−3, +∞[, il possède un unique antécédent par f , et donc l'équation x3 − 3x2 + 1 = 0 possède une
unique solution dans l'intervalle [2, +∞[.
Remarque. Le théorème de la bijection est un outil puissant pour dénir des suites de manière implicite.
n
Exemple 12. Soit N∗ , on considère la fonction fn dénie par ∀x ∈ [0, 1], fn (x) = xk . Montrons qu'il
X
n ∈
k=1
existe une unique suite à valeurs dans [0, 1] dénie par la relation ∀n ∈ N∗ , fn (un ) = 1 et étudions sa convergence
(sans chercher à déterminer la valeur de la limite).

11
 La fonction fn est dérivable sur [0, 1] et ∀x ∈ [0, 1],
n
X n
X
fn0 (x) = kx k−1
=1+ kxk−1 > 0.
k=1 k=2

La fonction fn est donc strictement croissante sur [0, 1]. Comme elle est également continue sur cet intervalle
et qu'on a f (0) = 0 et f (1) = n, d'après le théorème de la bijection, fn réalise une bijection de [0, 1] sur
[0, n].
Or 1 ∈ [0, n]. Donc fn (x) = 1 possède une unique solution un ∈ [0, 1], et la suite u est bien dénie.
 Soit n ∈ N∗ . Comme fn (un ) = 1 (par dénition de un ) et un > 0, on a :
n+1
X
fn+1 (un ) = ukn = fn (un ) + un+1
n = 1 + un+1
n > 1 = fn+1 (un+1 ).
k=1

La fonction fn+1 étant strictement croissante sur [0, 1], le théorème de la bijection de la question précédente
indique que la fonction fn+1
−1
est strictement croissante sur [0, n].
En composant l'inégalité par fn+1
−1
, on trouve alors un > un+1 . La suite (un )n∈N∗ est donc décroissante.
 La suite (un )n∈N est décroissante et minorée par 0. Elle est donc convergente.

5 Fonctions à valeurs complexes

Dans cette section, on considère une fonction f dénie sur un intervalle I de R et à valeurs dans C.
Remarque. Comme dans le cas des suites, le symbole 6 n'a pas de sens entre deux nombres complexes. Les notions
de fonction croissante/décroissante, fonction divergente vers ±∞, fonction majorée/minorée ne se généralisent donc
pas dans C. On n'a donc pas de théorème des gendarmes, pas de convergence monotone, pas de théorème de la
bijection.

Dénition (Fonction bornée).


Soit α ∈ I , ou une de ses extrémités. On dit que la fonction f est bornée au voisinage de α s'il existe
un voisinage Vα de α et une constante M > 0 tels que ∀x ∈ Vα ∩ I , |f (x)| 6 M .

Remarque. f est bornée au voisinage de α si et seulement si Re(f ) et Im(f ) sont bornées au voisinage de α.

Dénition (Limite).
Soit α ∈ I , ou une de ses extrémités et ` ∈ C. On dit que la fonction f admet ` comme limite en α si
pour tout ε > 0, il existe un voisinage Vα de α tel que pour tout x ∈ Vα ∩ I , on a |f (x) − `| 6 ε.

Remarque. lim f (x) = ` si et seulement si lim Re(f (x)) = Re(`) et lim Im(f (x)) = Im(`).
x→α x→α x→α

Remarque. Comme pour les fonctions à valeurs réelles, une fonction à valeurs complexes qui admet une limite
` ∈ C en α est nécessairement bornée au voisinage de α. On dispose également des opérations usuelles sur les
limites nies.

Dénition (Continuité).
Soit a ∈ I . On dit que f est continue en a ∈ I lorsque lim f (x) = f (a).
x→a

12
Remarque. f est continue en a si et seulement si Re(f ) est continue en a et Im(f ) est continue en a.

Remarque. Attention, le théorème des valeurs intermédiaires n'est plus valable dans le cas des fonctions à valeurs
complexes. Par exemple, la fonction f : t 7→ eit est continue sur [0, π] et vérie f (0) = 1 et f (π) = −1 sans jamais
s'annuler.

13
Dérivabilité
Cours de É. Bouchet  PCSI

17 janvier 2022

Table des matières


1 Dérivabilité 2
1.1 Dérivabilité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Dérivabilité et continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Dérivabilité sur un intervalle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Opérations sur les fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

2 Principaux théorèmes 6
2.1 Caractérisation d'un extremum local . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Théorème de Rolle et égalité des accroissements nis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.3 Inégalité des accroissements nis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.4 Caractérisation des fonctions constantes et monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.5 Théorème de la limite de la dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

3 Dérivées successives 12
3.1 Dénitions et rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.2 Formulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.3 Opérations sur les dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

4 Fonctions convexes 15
4.1 Dénition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.2 Convexité et dérivabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

5 Fonctions à valeurs complexes 17

1
Dans tout le chapitre, les fonctions f considérées sont dénies sur un intervalle I ⊂ R non vide et non réduit à un
point. Elle sont toutes supposées à valeurs réelles (sauf dans la dernière section).

1 Dérivabilité
1.1 Dérivabilité en un point
Dénition (Fonction dérivable en un point, nombre dérivé).
f (x) − f (a)
Soit a ∈ I . On dit que f est dérivable en a lorsque lim existe et est nie. Cette limite est
x→a x−a
alors notée f 0 (a) et appelée nombre dérivé de f en a.

f (a + h) − f (a)
Remarque. Cette dénition équivaut à dire que f est dérivable en a si et seulement si lim ∈ R.
h→0 h
Remarque. Dans le cas d'une fonction physique, la dérivée au point a correspond à la vitesse instantanée.
Exemple 1. Étudions la dérivabilité de f : x 7→ x1 en un point a ∈ R∗ . Pour tout réel h vériant h 6= −a et h 6= 0,
 
f (a + h) − f (a) 1 1 1 a − (a + h) −1
= − = = .
h h a+h a ha(a + h) (a + h)a

f (a + h) − f (a) −1
lim = 2 , donc f est dérivable en a et f 0 (a) = −1
a2
.
h→0 h a

Proposition.
Soit a ∈ I . La fonction f est dérivable en a si et seulement si il existe v ∈ R et une fonction ε tels que
lim ε(h) = 0 et qu'au voisinage de 0,
h→0

f (a + h) = f (a) + v.h + h.ε(h).

Le réel v est alors unique et vaut f 0 (a).

Démonstration.On montre les deux implications successivement.


 Supposons qu'il existe v et ε qui vérient ces conditions. Alors, au voisinage de 0,
f (a + h) − f (a)
= v + ε(h).
h
f (a + h) − f (a)
Donc lim = v + 0 = v , ce qui permet de conclure que f est dérivable en a avec f 0 (a) = v .
h→0 h
 Réciproquement, supposons que f est dérivable en a. Soit h au voisinage de 0, on pose :
f (a + h) − f (a)
ε(h) = − f 0 (a).
h
Par construction et dénition du nombre dérivé, on a bien lim ε(h) = 0. De plus, au voisinage de 0,
h→0
f (a + h) − f (a) = hf 0 (a) + hε(h), on obtient donc le résultat annoncé en posant v = f 0 (a).

2
Proposition (Tangente à la courbe, rappel).
Soit a ∈ I et f une fonction dénie au voisinage de a. Si f est dérivable en a, alors la courbe Cf admet
au point de coordonnées (a, f (a)) une tangente ∆ d'équation :

y = f (a) + f 0 (a)(x − a).

Remarque. Interprétation géométrique :


y = f (x)

y = f (a) + (x − a)f 0 (a)


f (a) •

Dénition (Dérivée à droite ou à gauche en un point).


Soit a ∈ I et f une fonction dénie au voisinage de a. On dit que f est dérivable à droite (respecti-
vement dérivable à gauche) en a lorsque
 
f (x) − f (a) f (x) − f (a)
lim resp. lim−
x→a + x−a x→a x−a

existe et est nie. On note alors cette limite fd0 (a) (resp. fg0 (a)).

Proposition (Demi-tangente à la courbe).


Soit a ∈ I et f une fonction dénie au voisinage de a. Si f est dérivable à droite (resp. à gauche) en a,
alors Cf admet une demi-tangente à droite (resp. à gauche) d'équation :

y = f (a) + fd0 (a)(x − a) resp. y = f (a) + fg0 (a)(x − a) ,




avec x > a (resp. x 6 a).

Exemple 2. Soit f la fonction dénie sur R par : x 7→ |x|.


x−0
 Elle est dérivable à droite en 0, et fd0 (0) = lim+ = 1.
x→0 x − 0
−x − 0
 Elle est dérivable à gauche en 0, et fg0 (0) = lim− = −1.
x→0 x−0
Si l'on trace la courbe :

3
Proposition.
Soit a ∈ I et f une fonction dénie au voisinage de a. Si f est dérivable à droite et à gauche en a et si
fd0 (a) = fg0 (a) = `, alors f est dérivable en a et f 0 (a) = `.

Démonstration. D'après le chapitre sur les limites de fonction, le taux d'accroissement de f en a admet une limite
` ∈ R en a si et seulement si il admet des limites à droite et à gauche égales à ` en a. D'où le résultat.

1.2 Dérivabilité et continuité


Proposition.
Toute fonction f dérivable en un point a est continue en a.

Démonstration. Soit f une fonction dérivable en a. Donc il existe une fonction ε telle que lim ε(h) = 0 et qu'au
h→0
voisinage de 0,
f (a + h) = f (a) + hf 0 (a) + hε(h) −→ f (a).
h→0
Or lim a+h = a, donc une composition de limites donne lim f (a+h) = lim f (x). On obtient donc lim f (x) = f (a),
h→0 h→0 x→a x→a
ce qui est la dénition de la continuité en a.
Remarque. Attention : La réciproque est FAUSSE, la continuité n'implique pas la dérivabilité.
Exemple 3. La fonction dénie sur R par x 7→ |x|, est continue, mais pas dérivable en 0.

1.3 Dérivabilité sur un intervalle


Dénition (Dérivée sur un intervalle, fonction dérivée).
On dit que la fonction f est dérivable sur I lorsque f est dérivable en tout point de I (sauf pour les
bornes de I , pour lesquelles on se restreint à la dérivabilité à droite ou à gauche).
On dénit alors la fonction dérivée de f notée f 0 , dénie sur I par f 0 : x 7→ f 0 (x).

Remarque. ATTENTION : Une fonction peut être dérivable sur [a, b] et sur [b, c] sans être dérivable sur [a, c].
L'étude locale de la dérivabilité en b est indispensable pour armer qu'elle est dérivable sur [a, c].
Exemple 4. Soit f la fonction dénie sur R par ∀x > 0, f (x) = x2 et ∀x < 0, f (x) = 0. Est-elle dérivable sur R ?
Il est immédiat que f est dérivable sur R∗+ et sur R∗− , car elle coïncide sur ces intervalles avec des fonctions
polynômes. Mais il faut étudier le raccord en 0 avant de conclure à la dérivabilité sur R.
f (x) − f (0) f (x) − f (0) x2
∀x < 0, = 0, ∀x > 0, = = x.
x−0 x−0 x
Donc f est dérivable à droite et à gauche en 0, et fd0 (0) = 0 = fg0 (0). Donc f est dérivable en 0 et f est bien
dérivable sur R tout entier.

1.4 Opérations sur les fonctions dérivables


Proposition (Linéarité).
Soient u et v deux fonctions dérivables sur un intervalle I et α un réel. Alors la fonction αu + v est
dérivable sur I , et
(αu + v)0 = αu0 + v 0 .

4
Démonstration. On se place au voisinage de a ∈ I . Pour tout x 6= a,
(αu + v)(x) − (αu + v)(a) (αu(x) + v(x)) − (αu(a) + v(a)) u(x) − u(a) v(x) − v(a)
= =α + .
x−a x−a x−a x−a
Or u et v sont dérivables en a, donc les deux termes de droite admettent une limite nie en a. Donc αu + v est
dérivable en a et on obtient par passage à la limite :
(αu + v)(x) − (αu + v)(a)
(αu + v)0 (a) = lim = αu0 (a) + v 0 (a).
x→a x−a

Proposition (Dérivée d'un produit et d'un quotient).


Soient u et v deux fonctions dérivables sur un intervalle I . Alors la fonction uv est dérivable sur I , et

(uv)0 = u0 v + uv 0 .

Si de plus, la fonction v ne s'annule sur I , alors la fonction u


v est dérivable sur I , et
 u 0 u0 v − uv 0
= .
v v2

Démonstration. On se place au voisinage de a ∈ I . Pour tout x 6= a,


(uv)(x) − (uv)(a) u(x)v(x) − u(a)v(a) v(x) − v(a) u(x) − u(a)
= = u(x) + v(a) ,
x−a x−a x−a x−a
or u et v sont dérivables en a et u est continue (car dérivable) en a, donc le membre de droite admet une limite
par produit et somme de limites. Donc uv est dérivable en a et par passage à la limite :
(uv)(x) − (uv)(a)
(uv)0 (a) = lim = u(a)v 0 (a) + v(a)u0 (a).
x→a x−a
De plus, pour tout x 6= a,
1
v (x) − v1 (a) 1 v(x) − v(a)
=− .
x−a v(x)v(a) x−a
Comme v est dérivable et continue en a, le membre de droite admet bien une limite. Donc 1
v est dérivable en a et
par passage à la limite :
0 1
− v1 (a)
 
1 v (x) 1
(a) = lim =− v 0 (a).
v x→a x−a v(a)2
Le résultat sur le quotient découle ensuite directement de ceux sur le produit et l'inverse.

Proposition.
Soient f une fonction dérivable sur un intervalle I et g une fonction dérivable sur f (I). Alors la fonction
g ◦ f est dérivable sur I , et
(g ◦ f )0 = f 0 · (g 0 ◦ f ).

Démonstration. On se place au voisinage de a ∈ I . Pour tout x 6= a, on aimerait écrire :


g ◦ f (x) − g ◦ f (a) g(f (x)) − g(f (a)) f (x) − f (a)
= × ,
x−a f (x) − f (a) x−a

5
pour faire apparaître les taux d'accroissement de f et g . Mais rien ne garantit la non-annulation de f (x) − f (a).
On va donc utiliser une fonction auxiliaire pour contourner ce problème. Soit ϕ la fonction dénie au voisinage de
f (a) par :
g(y) − g(f (a))
ϕ(y) = si y 6= f (a) et ϕ(f (a)) = g 0 (f (a)).
y − f (a)
Par dénition de g 0 (f (a)), ϕ est continue au point f (a). Et pour tout x 6= a,
g ◦ f (x) − g ◦ f (a) f (x) − f (a)
= ϕ(f (x)) .
x−a x−a
Comme f est dérivable en a, f est continue en a et ϕ est continue en f (a), le membre de droite admet bien une
limite en a. Donc g ◦ f est dérivable en a et par passage à la limite :
g ◦ f (x) − g ◦ f (a)
(g ◦ f )0 (a) = lim = ϕ(f (a))f 0 (a) = g 0 (f (a))f 0 (a).
x→a x−a

Proposition (Dérivée de la fonction réciproque).


Soit f une fonction dérivable et strictement monotone sur un intervalle I et à valeurs dans J = f (I).
Soit a ∈ I . La fonction réciproque f −1 est dérivable en b = f (a) si et seulement si f 0 (a) 6= 0 et lorsqu'elle
est dérivable :
0 1 1
f −1 (b) = = .
f 0 (f −1 (b)) f 0 (a)

Démonstration. La fonction f est continue sur I (car dérivable) et strictement croissante sur cet intervalle. D'après
le théorème de la bijection, elle réalise donc bien une bijection de I sur J = f (I) et f −1 existe et est continue (et
strictement monotone) sur J .
Soit b ∈ J et a son unique antécédent par f . On a b = f (a), donc a = f −1 (b). Pour tout y ∈ J \ {b},
f −1 (y) − f −1 (b) f −1 (y) − a
= .
y−b f (f −1 (y)) − f (a)
Or f −1 est continue sur J , donc en b. Donc limy7→b f −1 (y) = f −1 (b) = a. Par continuité de f sur I , composition
de limites et dérivabilité de f en a, on trouve alors :
f (f −1 (y)) − f (a) f (x) − f (a)
lim −1
= lim = f 0 (a).
y7→b f (y) − a x→a x−a
−1 −1
Si f 0 (a) = 0, par passage à l'inverse f (y)−fy−b
(b)
n'admet pas de limite nie en b, donc f −1 n'est pas dérivable en
b. Si par contre f 0 (a) 6= 0, la limite de l'inverse est nie donc f −1 est dérivable en b et on trouve :
f −1 (y) − f −1 (b) 1
(f −1 )0 (b) = lim = 0 .
y7→b y−b f (a)

2 Principaux théorèmes
2.1 Caractérisation d'un extremum local
Dénition (Maximum/minimum local).
 On dit que f admet un maximum local en a ∈ I lorsqu'au voisinage de a, f (x) 6 f (a).
 On dit que f admet un minimum local en a ∈ I lorsqu'au voisinage de a, f (x) > f (a).

6
Exemple 5. Représentation graphique :
maximum global

maximum local

maximum local


minimum local

minimum global

Dénition (Point critique).


Soit f une fonction dérivable sur I et a ∈ I . On dit que a est un point critique de f lorsque f 0 (a) = 0.

Proposition (Caractérisation d'un extremum par la dérivée).


Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I . Soit a ∈ I qui n'est pas une borne de I . Si f admet
un extremum local en a alors f 0 (a) = 0.

Démonstration. Supposons que f possède un maximum local en a. Il existe alors un réel α > 0 tel que [a−α, a+α] ⊂
I et ∀x ∈ [a − α, a + α], f (x) 6 f (a).
Donc, pour tout x ∈]a, a + α],
f (x) − f (a)
6 0.
x−a
Or f est dérivable en a par hypothèse. On peut donc passer à la limite dans cette inégalité et on trouve f 0 (a) 6 0.
De même, pour tout x ∈ [a − α, a[,
f (x) − f (a)
> 0,
x−a
ce qui donne f 0 (a) > 0. Donc f 0 (a) = 0.
Remarque. ATTENTION : la réciproque est fausse ! Il se peut que f 0 (a) = 0 sans que f n'admette d'extremum
en a. Par exemple, la fonction dénie sur R par x 7→ x3 a une dérivée nulle en 0, mais n'atteint ni un maximum ni
un minimum en ce point.
Exemple 6. Sans utiliser de tableau de variations, trouver les extremums locaux de la fonction f dénie sur R
par ∀x ∈ R, f (x) = x4 + x.
Comme l'intervalle R ne contient pas ses bornes et comme f est dérivable partout sur R, il sut d'étudier les points
critiques. La fonction est dérivable sur R, et ∀x ∈ R,
f 0 (x) = 4x3 + 1.
1 1
Cette dérivée s'annule si et seulement si x3 = − . Il y a une seule solution réelle, − √
3
, et la dérivée est négative
4 4
1
avant et positive après. Donc la fonction est décroissante avant − √
3
, et croissante ensuite. On en conclut que la
4
1
fonction admet un minimum local en − √
3
. Comme la dérivée ne s'annule pas ailleurs, et qu'il n'y a pas de borne
4
ou de point où la fonction n'est pas dérivable, cela signie que la fonction n'admet pas de maximum.

7
Remarque. Cette technique sera surtout utile dans les cas où le tableau de variations de la fonction est compliqué
à obtenir. On verra plus tard d'autres stratégies d'étude locale.

2.2 Théorème de Rolle et égalité des accroissements nis


Proposition (Théorème de Rolle).
Soit a < b. Si f est une fonction continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et qui vérie f (a) = f (b), alors
il existe c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.

Démonstration. La fonction f est continue sur le segment [a, b] donc par le théorème des bornes elle y est bornée
et atteint ses bornes. On note m le minimum global et M le maximum global.
 Si m = M , la fonction est constante sur [a, b], et donc f 0 est nulle sur ]a, b[. Dans ce cas, on peut choisir
n'importe quel c ∈]a, b[ qui conviendra.
 Si m 6= M , l'une de ces valeurs au moins n'est atteinte ni en a ni en b (puisque f (a) = f (b)). Supposons qu'il
s'agit de M (un raisonnement analogue se fait avec m). Il existe alors c ∈]a, b[ tel que f (c) = M . Comme la
fonction admet un maximum en c, sa dérivée s'annule par le théorème précédent. D'où le résultat.

Remarque. Le réel c n'est pas forcément unique.


Remarque. Interprétation graphique : il existe donc un point de la courbe admettant une tangente parallèle à
l'axe des abscisses.

f (a) • •f (b)

Proposition (Égalité des Accroissements Finis).


Soit a < b. Si f est une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ alors il existe c ∈]a, b[ tel que
f (b) − f (a)
f 0 (c) = .
b−a

Démonstration. On se ramène aux hypothèses du théorème de Rolle. Pour tout x ∈ [a, b], on pose :
f (b) − f (a)
g(x) = f (x) − (x − a).
b−a
La fonction g est continue sur [a, b] comme somme de fonctions continues, et elle est dérivable sur ]a, b[ comme
somme de fonctions dérivables. Et pour tout x ∈]a, b[,
f (b) − f (a)
g 0 (x) = f 0 (x) − .
b−a
On remarque que g(b) = g(a) = f (a). Donc g vérie les hypothèses du théorème de Rolle, et il existe c ∈]a, b[ tel
que g 0 (c) = 0. Et donc tel que
f (b) − f (a)
f 0 (c) = .
b−a

8
Remarque. est le coecient directeur du segment [AB], donc il existe un point de Cf admettant une
f (b)−f (a)
b−a
tangente parallèle à ce segment.

2.3 Inégalité des accroissements nis


Dénition (Fonction lipschitzienne).
Soit M > 0. On dit qu'une fonction f dénie sur un intervalle I est M -lipschitzienne si pour tous
(x, y) ∈ I 2 ,
|f (x) − f (y)| 6 M |x − y| .

Remarque. Cela signie que pour tout x, y ∈ I , la distance entre f (x) et f (y) (qui se lit sur l'axe des ordonnées)
peut être majorée proportionnellement à la distance |x − y| (qui se lit sur l'axe des abscisses).

Remarque. C'est équivalent à dire que pour tous x 6= y , f (x)−f (y)


x−y 6 M . Autrement dit, une fonction est
M -lipschitzienne si et seulement si ses accroissements sont bornés par M (illustrer cela par des dessins).

Exemple 7. La fonction f : x 7→ 1
x est 1-lipschitzienne sur [1, +∞[.
En eet, soit (x, y) ∈ [1, +∞[2 ,
1 1 x−y |y − x|
|f (y) − f (x)| = − = = 6 |y − x| .
y x xy xy

Rmq : f n'est par contre pas lipschitzienne sur R∗+ , car la majoration ne fonctionnerait plus.

Proposition.
Soit M > 0. Si f est M -lipschitzienne sur I , alors f est continue sur I .

Démonstration. Soit a ∈ I , ∀x ∈ I ,
|f (x) − f (a)| 6 M |x − a| −→ 0.
x→a

Donc par théorème d'encadrement, lim f (x) = f (a). Donc f est continue au point a. Donc f est continue sur
x→a
I.

Proposition (Inégalité des Accroissements Finis).


Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I de R et telle que |f 0 | est majorée par un réel K , alors
f est K -lipschitzienne.

9
Démonstration. Soit (x, y) ∈ I 2 . Si x = y , alors |f (x) − f (y)| = 0 6 0 = K |x − y|.
Si x < y (le cas y < x se traite de la même façon), on applique l'égalité des accroissements nis à la fonction f sur
[x, y]. Donc il existe c ∈]x, y[ tel que f (x)−f
x−y
(y)
= f 0 (c). Comme c ∈ I , on obtient |f 0 (c)| 6 K et donc :

f (x) − f (y)
6 K.
x−y
Il sut alors de multiplier par |x − y| > 0 pour conclure que f est K -lipschitzienne.
Exemple 8. Montrer que ∀x ∈ R, |cos(x) − 1| 6 |x|.
La fonction cosinus est dérivable sur R et ∀x ∈ R, |cos0 (x)| = |sin(x)| 6 1. Donc par inégalité des accroissements
nis, elle est 1-lipschitienne et :
∀x ∈ R, |cos(x) − cos(0)| 6 |x − 0| .
D'où le résultat annoncé.
Proposition (Application des accroissements nis aux suites récurrentes).
Soit u une suite d'éléments de I dénie par la relation de récurrence un+1 = f (un ). On suppose qu'il
existe un intervalle J tel que :
 J est stable par f et contient au moins un terme de la suite.
 sur J , f admet un unique point xe `.
 sur J , f est k-lipschitzienne pour k ∈ [0, 1[.
Alors u converge vers `.

Démonstration. Puisqu'il existe un rang n0 tel que un0 ∈ J et que J est stable par f , tous les termes de u à partir

de ce rang appartiennent à J . Soit n > n0 , nos hypothèses donnent :


|un+1 − `| = |f (un ) − f (`)| 6 k |un − `| .

Soit n > n0 , on pose P (n) la proposition |un − `| 6 kn−n0 |un0 − `|.


 |un0 − `| 6 k0 |un0 − `| donc P (n0 ) est vraie.
 Soit n > n0 , on suppose que P (n) est vraie. La relation de récurrence obtenue précédemment donne alors :
|un+1 − `| 6 k |un − `| 6 k n+1−n0 |un0 − `| .

Donc P (n + 1) est vraie.


Donc ∀n > n0 , |un − `| 6 kn−n0 |un0 − `|.
Comme k ∈ [0, 1[, on a kn −→ 0. Donc par théorème d'encadrement, |un −`| −→ 0, c'est-à-dire un −→ `.
n→+∞ n→+∞ n→+∞

Remarque. L'un des gros intérêts de cette méthode est qu'elle montre au passage ∀n > n0 , |un − `| 6 kn−n0 |un0 − `|.
Cela permet de déterminer la vitesse de convergence (au moins géométrique), ce qui donne des approximations
numériques de la valeur de la limite.
Exemple 9. Soit u ∈ RN la suite dénie par son premier terme u0 > −2 et la relation ∀n ∈ N, un+1 = 2+u 1
n
.
Après avoir démontré que cette suite était bien dénie, étudier son comportement en +∞.
On pose f : x 7→ 2+x
1
. On commence par tracer la courbe sur ] − 2, +∞[, la droite d'équation y = x et les premiers
termes de la suite pour conjecturer son comportement (à faire, on observe une sorte d'escargot).
Choisissons J . On constate que f est positive, et comme on aura besoin de montrer qu'elle est lipschitzienne sur
l'intervalle J , on choisit d'écarter le voisinage de −2 de l'étude (c'est là que les tangentes sont les plus pentues, et
il nous faut des tangentes de pentes inférieures à 1). On pose donc J = R+ .
Soit x ∈ R+ , 2 + x > 0, donc f (x) > 0. Donc R+ est stable par f , ce qui comme u1 = 2+u 1
0
> 0 garantit la bonne
dénition de la suite. La suite u est donc à valeurs dans R+ (sauf éventuellement u0 ).
Cherchons maintenant les points xes de f . Soit x ∈ R+ ,
1 √ √
f (x) = x ⇐⇒ = x ⇐⇒ 1 = 2x + x2 ⇐⇒ x2 + 2x − 1 = 0 ⇐⇒ x = −1 ± 2 ⇐⇒ x = −1 + 2,
2+x

10
√ √
où on a utilisé le calcul de discriminant ∆ = 4 + 4 = 8 > 0, puis éliminé la valeur −1 − 2 < 0. Donc −1 + 2 est
l'unique point xe de f sur R+ .
Montrons maintenant que f est lipschitzienne sur R+ . La fonction f est dérivable sur R+ comme quotient de
fonctions dérivables, et ∀x ∈ R+ ,
−1 1 1 1
f 0 (x) = 2
= 2
6 2
6 .
(2 + x) (2 + x) (2 + 0) 4

Donc par inégalité des accroissements nis, f est 41 -lipschitzienne sur


√ +
R .
Comme 0 6 4 < 1, on en déduit que la suite u converge vers −1 + 2.
1

2.4 Caractérisation des fonctions constantes et monotones


Proposition (Variations de fonctions dérivables).
Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I . Alors :
 f est croissante sur I si et seulement si : ∀x ∈ I , f 0 (x) > 0.
 f est décroissante sur I si et seulement si : ∀x ∈ I , f 0 (x) 6 0.
 f est constante sur I si et seulement si : ∀x ∈ I , f 0 (x) = 0.

Démonstration. On va montrer le premier point. Le deuxième point s'obtient en appliquant le premier point à −f ,
et le troisième point s'obtient avec la réunion des deux premiers points.
 Supposons que f est croissante sur I . Soit a ∈ I , pour tout x ∈ I \ {a}, on a :
f (x) − f (a)
> 0.
x−a
(C'est immédiat pour a 6 x et pour x 6 a)
Par passage à la limite (ce qui est possible puisque f est dérivable en a), on obtient f 0 (a) > 0. Ceci étant
vrai pour tout a ∈ I , cela donne la positivité de f 0 sur I .
 Supposons que ∀x ∈ I , f 0 (x) > 0. On revient à la dénition de la croissance : soit x et y dans I tels que
x 6 y . Si x = y , il est immédiat que f (x) = f (y). Si x < y , la fonction f étant dérivable sur I , donc sur
[x, y], l'égalité des accroissements nis donne : ∃c ∈]x, y[ tel que

f (y) − f (x)
f 0 (c) = .
y−x

Or f 0 (c) > 0 puisque f 0 est positive. D'où f (x) 6 f (y). Donc la fonction f est croissante sur I .

Proposition.
Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I de R, et soit J un ensemble obtenu en retirant un
nombre ni de points à I . Si ∀x ∈ J , f 0 (x) > 0 (resp. f 0 (x) < 0) et ∀x ∈ I \ J , f 0 (x) = 0, alors f est
strictement croissante (resp. strictement décroissante) sur I .

Remarque. L'annulation en un nombre ni de points n'empêche donc pas la stricte croissance de la fonction.
Démonstration. Quitte à considérer la fonction −f plutôt que f , on peut ne considérer que le cas où f 0 est
strictement positive sur J . Soit a < b deux points de I , on va chercher à montrer que f (a) < f (b).
On note x1 < . . . < xn les points de (I \ J)∩]a, b[ (c'est-à-dire les points de ]a, b[ où il n'y a pas stricte positivité
de la dérivée), et on pose x0 = a et xn+1 = b. On a alors :

a = x0 < x1 < . . . < xn < xn+1 = b.

11
Or f 0 est positive sur I (puisqu'elle est soit strictement positive, soit nulle), donc f est croissante sur I et on a :
f (a) = f (x0 ) 6 f (x1 ) 6 . . . 6 f (xn ) 6 f (xn+1 ) = f (b). (∗)
Soit i ∈ [[0, n]], f est dérivable sur [xi , xi+1 ], donc on peut y appliquer l'égalité des accroissements nis : il existe
ci ∈]xi , xi+1 [ tel que f (xxi+1 )−f (xi )
i+1 −xi
= f 0 (ci ).
Comme ci ne vaut aucun des xk , ci ∈ J et on a f 0 (ci ) > 0. Donc f (xxi+1 )−f (xi )
i+1 −xi
> 0, ce qui signie que f (xi ) < f (xi+1 ).
Les inégalités dans (∗) sont donc strictes, et donc f (a) < f (b). La fonction f est donc strictement croissante sur
I.

2.5 Théorème de la limite de la dérivée


Proposition (Limite de la dérivée).
Soit a ∈ I . Soit f une fonction continue sur I , dérivable sur I \ {a} et telle que lim f 0 (x) = ` ∈ R, alors
x→a
x6=a

f est dérivable en a et f 0 (a) = `.

Démonstration. Soit x ∈ I∩]a, +∞[. La fonction f est continue sur [a, x], dérivable sur ]a, x[, l'égalité des accrois-
sements nis donne donc qu'il existe cx ∈]a, x[ tel que f (x)−f
x−a
(a)
= f 0 (cx ). On procède de même si x ∈ I∩] − ∞, a[,
ce qui donne cx ∈]x, a[.
On construit ainsi une fonction c : x → cx , dénie de I \ {a} dans lui-même, et qui vérie par construction (comme
cx ∈]a, x[ ou cx ∈]x, a[),
∀x ∈ I \ {a}, |cx − a| < |x − a| .
Or lim |x − a| = 0, un théorème d'encadrement donne donc lim cx = a. On sait par ailleurs que lim f 0 (x) = `.
x→a x→a x→a
x6=a

f (x) − f (a)
Donc par composition, lim f 0 (cx ) = `. Or f (x)−f (a)
x−a = f 0 (cx ) par dénition de cx . Donc lim = `. Donc
x→a x→a x−a
f est dérivable en a, de dérivée f 0 (a) = `.

Remarque. On montre au passage que la fonction f 0 est continue en a.


Exemple 10. Reprenons l'exemple 4 pour proposer une nouvelle méthode de résolution : on étudie la fonction f
dénie sur R par ∀x > 0, f (x) = x2 et ∀x < 0, f (x) = 0. Est-elle dérivable sur R ?
Il est immédiat que f est dérivable sur R∗+ et sur R∗− , car elle coïncide sur ces intervalles avec des fonctions
polynômes. Mais il faut étudier le raccord en 0 avant de conclure à la dérivabilité sur R.
∀x < 0, f 0 (x) = 0 −→ 0, ∀x > 0, f 0 (x) = 2x −→ 0.
x→0 x→0

Donc lim f (x) = 0. Donc par le théorème de la limite de la dérivée f est dérivable en 0 (et f 0 (0) = 0).
0
x→0
x6=0

Remarque. Si x→a
lim f 0 (x) = +∞ ou −∞, on peut adapter ce raisonnement pour montrer que f n'est pas dérivable
x6=a
en a. Son graphe admet alors une tangente verticale en ce point.

3 Dérivées successives
3.1 Dénitions et rappels
Dénition (Classe C 1 ).
On dit que f est de classe C 1 sur I lorsque f est dérivable sur I et que f 0 est continue sur I . On note
alors f ∈ C 1 (I, R).

12
Dénition (Classe C 2 ).
On dit que f est deux fois dérivable sur I lorsque f est de classe C 1 sur I et que f 0 est dérivable sur
I . On note alors (f 0 )0 = f (2) .
On dit que f est de classe C 2 sur I lorsque f est deux fois dérivable sur I et que f (2) est continue sur
I . On note alors f ∈ C 2 (I, R).

Remarque. On peut ensuite dénir récursivement toutes les dérivées suivantes : soit p un entier naturelnon
0
nul,
si f (p) est dérivable sur I alors f est (p + 1) fois dérivable sur I , avec pour tout x ∈ I , f (p+1) (x) = f (p) (x). Si,
de plus, f (p+1) est continue sur I alors f est de classe C p+1 sur I .

Dénition (Classe C ∞ ).
On dit que f est de classe C ∞ sur I lorsque f est indéniment dérivable, c'est à dire dérivable à tout
ordre. On note alors f ∈ C ∞ (I, R).

Remarque. Si f est continue sur I , on notera par convention f ∈ C 0 (I, R) et f (0) = f .

3.2 Formulaire
La plupart des fonctions usuelles sont de classe C ∞ sur tout intervalle inclus dans leur domaine de dérivabilité. Les
formules suivantes sont à connaître et se montrent par récurrence (n'hésitez pas à écrire explicitement la récurrence
dans le cas où la formule ne vous paraît pas évidente) :

f (x) Df 0 f (n) (x)


f (x) Df 0 f (n) (x)
 π
ex R ex cos x R cos x + n
2

p!
 π
 xp−n si n 6 p sin x R sin x + n
2
xp (p ∈ N∗ ) R (p − n)!
0 si n > p

1 (−1)n n!
R \ {−a}
a+x (a + x)n+1
xα ( α ∈ R \ N) R∗+ α(α − 1) . . . (α − n!+ 1)xα−n
n−1
Y 1 n!
= (α − i) xα−n R \ {a}
a−x (a − x)n+1
i=0

3.3 Opérations sur les dérivées


Proposition (Linéarité des dérivées successives).
Soit p ∈ N, α ∈ R, et soient f et g des fonctions de classe C p sur l'intervalle I . Alors :
 f + g est de classe C p sur I et (f + g)(p) = f (p) + g (p) .
 αf est de classe C p sur I et (αf )(p) = αf (p) .

Démonstration. On montre le résultat par récurrence sur p ∈ N en utilisant pour l'hérédité la linéarité de la
dérivée.
Remarque. Ce résultat reste vrai si on remplace  de classe C p  par  p fois dérivable , ou par  de classe
C ∞ .

13
Proposition (Formule de Leibniz : dérivées successives du produit).
Soit n ∈ N et soient f et g des fonctions de classe C n sur l'intervalle I . Alors la fonction f g est de
classe C n sur I et n  
X n (k) (n−k)
(f g)(n) = f g .
k
k=0

Soit n ∈ N, on pose P (n) =  soient (f, g) ∈ C n (I)2 , alors f g ∈ C n (I) et (f g)(n) = nk=0 nk f (k) g (n−k) .
P 
Démonstration.

 Soit
P0 n = 0, le produit de deux fonctions continues sur I est une fonction continue sur I , et (f g) = f g =
(0)
0 (k) (0−k)
k=0 k f g . Donc P (0) est vraie.
 Soit n ∈ N, supposons que P (n) est vraie. Soient f et g des fonctions de classe C n+1 sur I . Alors f et g
sont aussi de classe C n , et l'hypothèse de récurrence nous donne : f g est de classe C n , et :
n  
(n)
X n (k) (n−k)
(f g) = f g .
k
k=0

Pour tout k ∈ [[0, n]], f (k) est de classe C n+1−k , et donc au moins de classe C 1 . De même, g (n−k) est de
classe C n+1−n+k , et donc au moins de classe C 1 . Donc par produit et somme de fonctions de classe C 1 ,
(f g)(n) est de classe C 1 . Ce qui signie que f g est de classe C n+1 . On obtient alors en dérivant la relation
précédente :
n  
(n+1)
X n 
(f g) = f (k+1) g (n−k) + f (k) g (n+1−k)
k
k=0
n   n  
X n (k+1) (n−k) X n (k) (n+1−k)
= f g + f g
k k
k=0 k=0
n+1
X n  n  
(k) (n+1−k)
X n (k) (n+1−k)
= f g + f g
k−1 k
k=1 k=0
  n      
n (n+1)
X n n (k) (n+1−k) n+1
= fg + + f g + gf (n+1)
0 k−1 k n+1
k=1
n+1 
X n+1 
= f (k) g (n+1−k) par la formule de Pascal
k
k=0

Donc P (n + 1) est vraie, ce qui termine la preuve.

Exemple 11. Étudier la dérivabilité de la fonction dénie sur R par : ∀x ∈ R, f (x) = x2 ex , et calculer ses dérivées.
On applique la formule de Leibniz à x → ex et g : x → x2 qui sont de classe C ∞ sur R. Donc f est de classe C ∞
sur R, et pour tout entier n ∈ N et pour tout réel x,
n  
(n)
X n
f (x) = ex g (k) (x).
k
k=0

Or on sait par propriété des polynômes que ∀x ∈ R, g 0 (x) = 2x, g 00 (x) = 2 et si k > 2, g (k) (x) = 0. On en déduit
que si n > 2 (condition nécessaire pour avoir le droit de sortir les premiers termes de la somme) :
     
(n) n x (0) n x (1) n x (2) n(n − 1) x
e g (x)+0 = ex x2 +nex 2x+ e 2 = ex x2 + 2nx + n(n − 1) .

f (x) = e g (x)+ e g (x)+
0 1 2 2

On vérie ensuite que la formule s'applique aussi pour n = 0 et n = 1, ce qui est bien le cas ici : elle est donc vraie
pour tout n ∈ N.

14
Proposition (Formule de composition).
Soit n ∈ N. Soit I et J deux intervalles de R non vides et non réduits à un point, f une application
dénie de I dans R et g une application dénie de J dans R avec f (I) ⊂ J . Alors :
 Si f est dérivable n fois sur I et g est dérivable n fois sur J , alors g ◦ f est dérivable n fois sur I .
 Si f et g sont de classe C n respectivement sur I et J alors g ◦ f est de classe C n sur I .
 Si f et g sont de classe C ∞ respectivement sur I et J alors g ◦ f est de classe C ∞ sur I .

Démonstration. On montre le premier point, les autres se montrent avec une démarche similaire. Soit n ∈ N, on
pose P (n) =  si f est dérivable n fois sur I et g est dérivable n fois sur J , alors g ◦ f est dérivable n fois sur I .
 Soit n = 0, et f et g deux fonctions dérivables 0 fois sur I et J respectivement. Alors g ◦ f est dérivable 0
fois sur I et P (0) est vraie.
 Soit n ∈ N, on suppose que P (n) est vraie. Soit f et g deux fonctions n + 1 fois dérivables sur I et J
respectivement. Elles sont en particulier dérivables, et par théorème de dérivation des fonctions composées,
g ◦ f est dérivable sur I , avec (g ◦ f )0 = (g 0 ◦ f ) × f 0 . Par hypothèse, les fonctions g 0 et f sont n fois dérivables
sur J et I respectivement, et donc par P (n) (g 0 ◦ f ) est n fois dérivable sur I . Comme de plus f 0 est n fois
dérivable sur I , par produit (g ◦ f )0 est n fois dérivable. Donc g ◦ f est n + 1 fois dérivable, et P (n + 1) est
vraie.
D'où le résultat.

Proposition (Formule de réciproque).


Soit n ∈ N∗ . Soit f une application bijective de I dans J = f (I). Alors :
 Si f est dérivable n fois sur I et f 0 ne s'annule pas sur I , alors f −1 est dérivable n fois sur J .
 Si f est de classe C n sur I et f 0 ne s'annule pas sur I , alors f −1 est de classe C n sur J .
 Si f est de classe C ∞ sur I et f 0 ne s'annule pas sur I , alors f −1 est de classe C ∞ sur J .

Remarque. Attention à ne pas oublier l'hypothèse de non-annulation de la dérivée !


Démonstration. Ce résultat se démontre par récurrence, en adaptant la démonstration du résultat précédent.

4 Fonctions convexes
4.1 Dénition
Dénition (Fonction convexe, concave).
Soit f une fonction dénie sur un intervalle I non vide et non réduit à un point.
 On dit que la fonction f est convexe sur I lorsque ∀(x1 , x2 ) ∈ I 2 , ∀t ∈ [0, 1],

f (tx1 + (1 − t)x2 ) 6 tf (x1 ) + (1 − t)f (x2 ).

 On dit que la fonction f est concave sur I lorsque ∀(x1 , x2 ) ∈ I 2 , ∀t ∈ [0, 1],

f (tx1 + (1 − t)x2 ) > tf (x1 ) + (1 − t)f (x2 ).

Remarque. Interprétation géométrique : pour t ∈ [0, 1], y = tf (x1 )+(1−t)f (x2 ) parcourt le segment d'extrémités
f (x1 ) et f (x2 ), tandis que y = f (tx1 + (1 − t)x2 ) parcourt l'arc de courbe de f situé entre ces mêmes points. Donc
la courbe représentative d'une fonction convexe (respectivement concave) est en dessous (respectivement au dessus)
de ses cordes.

15
Convexe

Concave

Exemple 12. On admet que le le logarithme est concave sur R∗+ . Montrer que ∀u ∈ [1, e], u − 1 6 (e − 1) ln(u).
On étudie la sécante d'extrémités 1 et e : ln(1) = 0 et ln(e) = 1, cette sécante a donc une équation du type
y = au + b avec 0 = a + b et 1 = ae + b. D'où y = u−1
e−1 . La concavité donne alors : pour tout u ∈ [1, e], e−1 6 ln(u)
u−1

et donc u − 1 6 (e − 1) ln(u).

Proposition (Lien entre convexité et concavité).


Une fonction f est concave sur un intervalle I si et seulement si −f est convexe sur I .

Démonstration. On montre que f concave ⇒ −f convexe, la réciproque se montre par la même méthode. Soit f
une fonction concave sur un intervalle I . Soit (x1 , x2 ) ∈ I 2 et t ∈ [0, 1], alors

f (tx1 + (1 − t)x2 ) > tf (x1 ) + (1 − t)f (x2 ),

d'où en multipliant par −1 :

(−f ) (tx1 + (1 − t)x2 ) 6 t(−f )(x1 ) + (1 − t)(−f )(x2 ).

Donc −f est convexe sur I .

4.2 Convexité et dérivabilité


Proposition (Convexité d'une fonction dérivable).
Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I . Les propriétés suivantes sont équivalentes :
 f est convexe sur I ,
 En tout point de I , la courbe de f est au dessus de ses tangentes,
 f 0 est croissante sur I .

Interprétation géométrique :

Convexe

Concave

16
Exemple 13. Montrer que pour tout x ∈ R, ex > x + 1.
La fonction exponentielle a une dérivée croissante sur R, donc est convexe sur R. Donc elle est au-dessus de sa
tangente en 0, d'équation y = e0 (x − 0) + e0 , c'est-à-dire y = x + 1. Donc ∀x ∈ R, ex > x + 1.
Exemple 14. Montrer que pour tout x ∈] − 1, +∞[, x > ln(x + 1).
La fonction x 7−→ ln(x + 1) a une dérivée x 7−→ x+1
1
décroissante sur ] − 1, +∞[, donc est concave sur cet intervalle.
Donc elle est en dessous de sa tangente en 0, d'équation y = 0+1 1
(x − 0) + ln(1 + 0), c'est-à-dire y = x. Donc
∀x ∈] − 1, +∞[, x > ln(x + 1).

Proposition (Convexité d'une fonction deux fois dérivable).


Soit f une fonction deux fois dérivable sur un intervalle I . Alors f est convexe sur I si et seulement si
pour tout x ∈ I , f 00 (x) > 0.

Démonstration. Découle directement de la caractérisation par la croissance : f 0 est croissante sur I si et seulement
si f 00 est positive sur cet intervalle.
Remarque. De même, f est concave sur I si et seulement si pour tout x ∈ I , f 00 (x) 6 0.

5 Fonctions à valeurs complexes


Dans cette section, on considère une fonction f dénie sur un intervalle I ⊂ R et à valeurs dans C.
Dénition.
f (x) − f (a)
Soit a ∈ I . On dit que f est dérivable en a si lim ∈ C. On note alors f 0 (a) la valeur de
x→a x−a
la limite.

Proposition.
Soit a ∈ I . f est dérivable en a si et seulement si Re(f ) et Im(f ) sont dérivables en a. On a alors :

f 0 (a) = (Re(f ))0 (a) + i(Im(f ))0 (a).

Démonstration. Découle du résultat analogue sur les limites de fonctions, appliqué à la fonction taux d'accroisse-
ment.
Remarque. Si k ∈ N∗ , on note C k (I, C) l'ensemble des fonctions I → C qui sont k fois dérivables et dont la
dérivée k-ième est continue. La fonction dérivée k-ième de f est notée f (k) , et par convention, f (0) = f .
Remarque. Les formules usuelles de dérivée (combinaison linéaire, produit, formule de Leibniz) se généralisent
sans diculté au cas complexe. Ce n'est pas contre pas le cas des résultats évoquant une monotonie, des résultats
de convexité, du théorème de Rolle ou de l'égalité des accroissements nis.
Exemple 15. La fonction t 7→ eit est continue et dérivable sur [0, 2π], vérie ei0 = 1 = ei2π , mais sa dérivée
t 7→ ieit ne s'annule pas sur [0, 2π].

Proposition (Inégalité des accroissements nis, cas complexe).


Soit f une fonction de classe C 1 sur I . On suppose qu'il existe un réel M tel que ∀t ∈ I, |f 0 (t)| 6 M .
Alors ∀(x, y) ∈ I 2 , |f (x) − f (y)| 6 M |x − y|.

17
Démonstration. Admis à ce stade de l'année, nécessite une majoration d'intégrale que l'on justiera dans le cours
d'intégration.

18
Polynômes
Cours de É. Bouchet  PCSI

24 janvier 2022

Table des matières


1 Généralités sur les polynômes 2
1.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Degré et coecient dominant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

2 Division de polynômes 4
3 Fonctions polynomiales et racines 6
3.1 Fonction polynomiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2 Racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.3 Multiplicité d'une racine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.4 Polynômes scindés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

4 Dérivation de polynômes 10
4.1 Dénition et calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4.2 Formule de Taylor et conséquences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

5 Polynômes irréductibles et factorisation 13


5.1 Factorisations dans C[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
5.2 Factorisations dans R[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

6 Fractions rationnelles 15

1
Dans tout ce chapitre, on notera n un entier naturel et K l'un des ensembles R ou C.

1 Généralités sur les polynômes


1.1 Dénitions
Dénition (Polynôme, coecients).
Un polynôme d'indéterminée X , à coecients dans K est une expression pouvant s'écrire sous la forme
n
X
P (X) = αk X k = α0 + α1 X + · · · + αn X n ,
k=0

(avec la convention X 0 = 1), où n ∈ N et ∀k ∈ [[0, n]], αk ∈ K.


Les αk s'appellent les coecients du polynôme P . On note K[X] l'ensemble des polynômes d'indéter-
minée X à coecients dans K.

Remarque. En particulier :
 Si tous les coecients de P sont nuls, P est le polynôme nul. On note P (X) = 0.
 Si pour tout k ∈ [[1, n]], αk = 0, P est un polynôme constant.
 Deux polynômes sont égaux si tous leurs coecients sont égaux.

Dénition (Somme de polynômes).


n m
Soit P (X) = αk X et Q(X) = βk X k deux polynômes de K[X], avec n > m. Alors :
X X
k

k=0 k=0

m
X n
X
k
(P + Q)(X) = (αk + βk )X + αk X k .
k=0 k=m+1

Remarque. Si m > n, il sut d'intervertir les rôles.


Dénition (Produit de polynômes).
n m
Soit P (X) = αk X et Q(X) = βk X k deux polynômes de K[X]. Alors :
X X
k

k=0 k=0

m+n m+n k
!
X X X
k
(P Q)(X) = (a0 bk + a1 bk−1 + . . . + ak b0 )X = ai bk−i Xk.
k=0 k=0 i=0

Remarque. Ce résultat permet aussi de multiplier un polynôme par un scalaire (cas particulier du polynôme
constant) : ∀λ ∈ K,
n
X
(λP )(X) = λαk X k .
k=0

Remarque. Ces règles de calcul permettent de conserver une bonne partie des formules valables sur K, et en
particulier la formule du binôme de Newton.

2
Exemple 1. On pose P (X) = 5X 2 + 3X + 2, Q(X) = X 2 + 1. Alors :
(P + Q)(X) = 6X 2 + 3X + 3 = 3(2X 2 + X + 1)
et
(P Q)(X) = 5X 4 + 3X 3 + 7X 2 + 3X + 2.

Exemple 2. Déterminons s'il existe un réel a tel que (X − 2)(X − 5) = X 2 + aX + 10.


On obtient en développant (X − 2)(X − 5) = X 2 − 2X − 5X + 10 = X 2 − 7X + 10. Donc par identication des
coecients, la relation est valable si et seulement si a = −7.

Dénition (Composition).
n n
Soit P (X) = αk X et Q(X) deux polynômes de K[X]. Alors : (P ◦ Q)(X) = αk (Q(X))k .
X X
k

k=0 k=0

Exemple 3. Si P (X) = 5X 2 + 3X + 2, alors P (X 2 ) = 5X 4 + 3X 2 + 2.

1.2 Degré et coecient dominant


Dénition (Degré, coecient dominant).
Soit P (X) = nk=0 αk X k un polynôme de K[X] tel que αn 6= 0. L'entier n est appelé degré du
P
polynôme P , et αn est appelé coecient dominant de P .
Un polynôme de coecient dominant 1 est dit unitaire.
On note deg(P ) = n, et Kn [X] désigne l'ensemble des polynômes de degré inférieur ou égal à n.

Remarque. Par convention le degré du polynôme nul est donné par : deg(0) = −∞. Cela signie notamment que
Kn [X] contient le polynôme nul, et que K0 [X] = K.

Exemple 4. Soit (a, b, c) ∈ R3 , quel est le degré de P (X) = aX 2 + bX + c ?


 Si a 6= 0, deg(P ) = 2.
 Si a = 0 et b 6= 0, deg(P ) = 1.
 Si a = b = 0 et c 6= 0, deg(P ) = 0.
 Si a = b = c = 0, deg(P ) = −∞.

Proposition (Degré de la somme et du produit).


Soit P et Q deux polynômes de K[X], et α ∈ K∗ . On a :

deg(P + Q) 6 max (deg(P ), deg(Q)) avec égalité en particulier si deg(P ) 6= deg(Q),

deg(P Q) = deg(P ) + deg(Q) et en particulier deg(αP ) = deg(P ).

Remarque. La formule de degré de la somme n'est pas une égalité dans le cas général. En eet, si P (X) = 2X 2
et Q(X) = −2X 2 + 3X , les termes en X 2 se simplient et deg(P + Q) = 1 < 2.
Démonstration. Si P (X) = 0 ou Q(X) = 0, les résultats sont immédiats. Sinon, il existe des coecients (αi ) ∈ Kn+1
n m
et (βi ) ∈ Km+1 , avec αn 6= 0 et βm 6= 0, tels que P (X) = αk X k et Q(X) = βk X k .
X X

k=0 k=0

3
 Cas de la somme : on peut supposer que n > m (l'autre cas se traite en intervertissant les polynômes). Alors
m n
αk X k . La plus grande puissance intervenant dans cette expression
X X
k
(P + Q)(X) = (αk + βk )X +
k=0 k=m+1
est n, donc deg(P + Q) 6 n = max(deg(P ), deg(Q)).
Pour le cas d'égalité, il faut de plus que le coecient du terme en X n soit non nul. Dans le cas où n 6= m,
ce coecient vaut αn 6= 0, donc il y a bien
! égalité. !
n m
 Cas du produit : P Q(X) = βk X k . Le terme de plus haut degré est αn βm X n+m . Or
X X
αk X k
k=0 k=0
αn βm 6= 0 par produit de réels non nuls, donc deg(P Q) = n + m = deg(P ) + deg(Q).

Remarque. Le degré est très pratique pour manipuler les polynômes dont il n'est pas simple de déterminer les
coecients (par exemple quand ils sont sous forme factorisée parce que ça demanderait beaucoup de calculs).

Proposition.
Soit P et Q deux éléments de K[X]. Alors

(P Q)(X) = 0 ⇐⇒ P (X) = 0 ou Q(X) = 0.

Démonstration. La réciproque est évidente, il sut donc de vérier le sens direct.


On suppose que que (P Q)(X) = 0. Par passage au degré, on obtient deg(P ) + deg(Q) = −∞. Si P (X) 6= 0
et Q(X) 6= 0, on aurait deg(P ) + deg(Q) ∈ N, ce qui est donc impossible. On en déduit que P (X) = 0 ou
Q(X) = 0.

Exemple 5. Soit (α, β) ∈ R2 . On suppose que (αX + β)(3X 2 + 6) = 0. Alors αX + β = 0 et donc α = β = 0 par
identication des coecients.

2 Division de polynômes
Dénition (Multiple, diviseur).
Soit A et B deux polynômes de K[X], avec B non nul. On dit que le polynôme B est un diviseur du
polynôme A, ou le polynôme A est un multiple du polynôme B , lorsqu'il existe un polynôme Q de
K[X] tel que
A(X) = B(X).Q(X).

Exemple 6. (X + 1) et (X − 1) sont des diviseurs de X 2 − 1.

Proposition (Division euclidienne).


Soit A et B deux polynômes de K[X], avec B non nul. Alors il existe un unique couple de polynômes
(Q, R) de K[X] qui vérient :
A(X) = B(X).Q(X) + R(X),
avec deg(R) < deg(B). On appelle Q le quotient et R le reste de la division euclidienne de A par B .

Remarque. Autrement dit, B est un diviseur de A lorsque le reste de la division de A par B est le polynôme nul.

4
Exemple 7. On peut écrire la division euclidienne de X 2 + X + 1 par X :
X 2 + X + 1 = X(X + 1) + 1,

le quotient est donc X + 1 et le reste 1 est de degré 0 < 1.


Démonstration. On fait la preuve en deux temps :
p n
 Preuve de l'existence. On pose B(X) = bk X k , et An (X) = ak X k . (On introduit l'indice n pour
X X

k=0 k=0
marquer la connaissance du degré, et on dénit A−∞ comme le polynôme nul). On va montrer par récurrence
forte sur n ∈ N la propriété suivante :
P (n) :  ∃(Qn , Rn ) ∈ K[X]2 tels que An = Qn B + Rn et deg(Rn ) < deg(B) .

Initialisation : pour tout n < deg(B), (il existe au moins un tel n car B est non nul), An = 0B + An et
Qn = 0 et Rn = An satisfont les conditions du théorème. Donc P (n) est vraie.
Soit n > deg(B) − 1 un entier naturel xé, on suppose que P (k) est vraie pour tout k 6 n. Soit An+1 un
polynôme de degré n + 1. On considère le polynôme
an+1
Sn (X) = An+1 (X) − B(X)X n+1−p .
bp

Ce polynôme est de degré inférieur ou égal à n par construction (le coecient an+1 bp a été choisi pour que
les termes en X n+1 s'annulent). Il existe donc, par hypothèse de récurrence, des polynômes Q et R tels que
Sn (X) = Q(X)B(X) + R(X) et deg(R) < deg(B). On a alors :
an+1
An+1 (X) = B(X)X n+1−p + Q(X)B(X) + R(X)
bp
 
an+1 n+1−p
= X + Q(X) B(X) + R(X).
bp

Choisir Qn+1 (X) = an+1


bp X
n+1−p + Q(X) et R
n+1 (X) = R(X) montre alors P (n + 1).
Cela termine la preuve de l'existence.
 Preuve de l'unicité. Supposons que (Q1 , R1 ) et (Q2 , R2 ) soient deux couples convenant : A = BQ1 + R1 et
A = BQ2 + R2 , avec deg(R1 ) < deg(B) et deg(R2 ) < deg(B). On trouve par soustraction :

B(Q1 − Q2 ) = R2 − R1 .

Par propriétés du degré, on obtient alors :


deg(B) + deg(Q1 − Q2 ) = deg(B(Q1 − Q2 )) = deg(R2 − R1 ) 6 max(deg(R1 ), deg(R2 )) < deg(B).

Donc deg(Q1 − Q2 ) < 0. Or le degré est à valeurs dans N ∪ {−∞}. Donc deg(Q1 − Q2 ) = −∞ et Q1 = Q2 .
Donc R1 = R2 , ce qui termine la preuve de l'unicité.

Exemple 8. De manière générale, pour eectuer une division de polynôme, on peut poser le calcul. Si on veut
par exemple diviser X 4 + 3X 3 + 3X + 2 par X 2 + 1, cela donne :
X 4 +3X 3 +3X +2 X 2 + 1
−X 4 −X 2 X 2 + 3X − 1
3 2
3X −X +3X +2
−3X 3 −3X
−X 2 +2
X2 +1
3
Le quotient est donc X 2 + 3X − 1, et le reste 3 vérie deg(3) = 0 < 2 = deg(X 2 + 1).

5
Proposition (Degré du quotient).
Dans la division euclidienne de A par B , si deg(A) > deg(B), alors

deg(Q) = deg(A) − deg(B).

Démonstration. Par théorème de division euclidienne, il existe un unique couple de polynômes (Q, R) tels que
A = BQ + R, avec deg(B) > deg(R).
Donc BQ = A − R et par propriétés du degré deg(B) + deg(Q) = deg(BQ) = deg(A − R) = deg(A), où la
dernière égalité découle de la condition deg(A) > deg(R) (puisque deg(A) > deg(B) > deg(R)). Ce qui termine la
preuve.

3 Fonctions polynomiales et racines


3.1 Fonction polynomiale
Dénition (Fonction polynomiale).
Soit P (X) = nk=0 αk X k un polynôme de K[X]. On appelle fonction polynomiale associée à P la
P
fonction p, dénie de K dans K par : ∀x ∈ K,
n
X
p(x) = αk xk .
k=0

Remarque. x est un nombre réel ou complexe, mais X n'en est pas un, c'est une indéterminée. On dit qu'on
évalue le polynôme P (X) en x.
Remarque. Les formules de combinaison linéaire et produit de fonctions polynomiales sont compatibles avec celles
sur les polynômes.
Remarque. Pour calculer la valeur en q ∈ K de P (X) = = α0 + α1 X + . . . + αn X n , on utilise
Pn k
k=0 αk X
habituellement l'algorithme de Horner, consistant à calculer :

P (q) = α0 + q(α1 + q(α2 + . . . + (αn−2 + q(αn−1 + qαn )))).

Cet algorithme nécessite beaucoup moins d'opérations que l'algorithme naïf qui calcule les puissances.
Exemple 9. Si P (X) = 3X 2 + 5X + 3, l'algorithme de Horner donne P (q) = 3 + q(5 + 3q).

3.2 Racines
Dénition (Racine d'un polynôme).
Soit P un polynôme de K[X] et r ∈ K. On dit que r est une racine (ou un zéro) du polynôme P si

P (r) = 0.

Remarque. Le polynôme nul a donc une innité de racines.

6
Proposition (Racines et divisibilité).
Soit P un polynôme de K[X] et r ∈ K. Le scalaire r est racine du polynôme P si et seulement si

X − r divise P.

Exemple 10. 1 est racine de X 2 − 1, et donc X − 1 divise X 2 − 1.


Démonstration. Soit r ∈ K xé, on eectue la division euclidienne de P (X) par X − r : il existe deux uniques
polynômes (Q, R) ∈ K[X]2 tels que P (X) = (X − r)Q(X) + R(X) et deg(R) < 1. R est un polynôme constant, il
existe donc λ ∈ K tel que R(X) = λ. En évaluant P en r, on trouve P (r) = 0 + λ. Donc :
P (X) = (X − r)Q(X) + P (r).

On peut alors raisonner par équivalences :


r est racine de P ⇐⇒ P (r) = 0
⇐⇒ le reste de la division euclidienne de P (X) par X − r est nul
⇐⇒ X − r divise P (X)

Remarque. Ce résultat se généralise aux fonctions polynomiales. On l'avait d'ailleurs déjà rencontré dans le
chapitre sur les nombres complexes : si P est une fonction polynomiale à coecients complexes admettant a ∈ C
comme racine, alors on peut factoriser P (z) par z − a.

Proposition.
Soit P (X) un polynôme de K[X] et r1 , r2 , . . ., rm des éléments deux à deux distincts de K. Le polynôme
(X − r1 )(X − r2 ) . . . (X − rm ) divise P (X) si et seulement si r1 , r2 , . . ., rm sont des racines de P .

Démonstration. L'implication directe est évidente, il sut donc de montrer la réciproque. On suppose que r1 , r2 ,
. . ., rm sont des racines de P , et on pose ∀k ∈ [[1, m]],
H(k) =  (X − r1 )(X − r2 ) . . . (X − rk ) divise P (X) 

L'initialisation de la récurrence est directe par la propriété précédente : H(1) est vraie.
Soit k ∈ [[1, m − 1]] un entier naturel xé, on suppose que H(k) est vraie : il existe A ∈ K[X] tel que
P (X) = (X − r1 )(X − r2 ) . . . (X − rk )A(X).

Comme k + 1 6 m, alors rk+1 est racine de P et P (rk+1 ) = 0. Mais comme les ri sont supposés distincts deux à
deux (rk+1 − r1 )(rk+1 − r2 ) . . . (rk+1 − rk ) 6= 0. Donc nécessairement A(rk+1 ) = 0 et rk+1 est racine de A. Par la
proposition précédente, il existe alors C ∈ K[X] tel que A(X) = (X − rk+1 )C(X). Donc
P (X) = (X − r1 )(X − r2 ) . . . (X − rk )(X − rk+1 )C(X).

Ce qui montre H(k + 1).


Donc ∀k ∈ [[1, m]], H(k) est vraie. En particulier H(m) est vraie, ce qui termine la preuve.

Proposition.
Un polynôme de degré inférieur ou égal à n et qui possède au moins n + 1 racines distinctes est le
polynôme nul.

7
Démonstration. Soit P un polynôme de degré inférieur ou égal à n. Si P admet r1 , r2 , . . ., rn+1 comme racines
distinctes, le résultat précédent donne l'existence d'un polynôme Q tel que :

P (X) = (X − r1 )(X − r2 ) . . . (X − rn+1 )Q(X).

Par propriétés du degré, cela donne deg(P ) = n + 1 + deg(Q). Comme par hypothèse, deg(P ) 6 n, cela implique
que deg(Q) 6 −1, donc Q = 0, et donc P = 0.
Remarque. Par contraposée, tout polynôme non nul de degré inférieur ou égal à n admet au plus n racines.
Remarque. En particulier, tout polynôme qui admet une innité de racines est le polynôme nul, résultat qui nous
sera très utile dans les exercices.
Remarque. On a vu plus tôt dans le chapitre qu'il était possible d'évaluer une égalité de polynômes en un point
x ∈ K pour obtenir une égalité dans K. Ce résultat permet au contraire de  désévaluer  des relations dans K pour
se ramener à des relations en X .
Exemple 11. On suppose que ∀x ∈ [−1, 1], ax2 + bx + c = 0. Montrer qu'alors, a = b = c = 0.
On pose P (X) = aX 2 + bX + c. Alors ∀x ∈ [−1, 1], P (x) = 0. Tous les réels de [−1, 1] sont donc racines du
polynôme P , ce polynôme possède donc une innité de racines distinctes. Donc P (X) = 0. Donc par identication
des coecients, a = b = c = 0.

Proposition.
n n
Si ∀x ∈ K, P (x) = αk x , alors P (X) = αk X k .
X X
k

k=0 k=0

n n
On pose Q(X) = P (X)− αk X k . Alors ∀x ∈ K, évaluer en x donne Q(x) = P (x)− αk xk = 0.
X X
Démonstration.

k=0 k=0
n
Q admet donc une innité de racines distinctes (tous les éléments de K), donc Q(X) = 0, donc P (X) = αk X k .
X

k=0

Remarque. Autrement dit, si on connaît une fonction polynomiale, on peut retrouver le polynôme associé.

3.3 Multiplicité d'une racine


Dénition (Ordre de multiplicité).
Soit P un polynôme de K[X], p un entier naturel non nul et r ∈ K un scalaire. On dit que r est une
racine d'ordre de multiplicité p du polynôme P lorsque

(X − r)p divise P (X) et (X − r)p+1 ne divise pas P (X).

Remarque. Autrement dit, r est une racine d'ordre de multiplicité p du polynôme P lorsqu'il existe un polynôme
Q de K[X] tel que
P (X) = (X − r)p Q(X) et Q(r) 6= 0.

Remarque. Attention ! Pour montrer que r est une racine d'ordre p de P , il faut penser à vérier la deuxième
condition : que (X − r)p+1 ne divise pas P .
Exemple 12. 1 est une racine double du polynôme (X − 1)2 (X − 2).

8
Proposition.
Soit P (X) ∈ K[X], (n1 , . . . , nm ) ∈ Nm et r1 , . . ., rm des éléments deux à deux distincts de K. Le
polynôme (X − r1 )n1 (X − r2 )n2 . . . (X − rm )nm divise P (X) si et seulement si r1 , . . ., rm sont des
racines de P de multiplicités respectives au moins n1 , . . . , nm .

Proposition.
Un polynôme P ∈ K[X] non nul et de degré n admet au plus n racines, comptées avec leurs ordres de
multiplicité.

Démonstration. Ces deux résultats se démontrent en adaptant directement les démonstrations eectuées dans le
cas des racines simples.

3.4 Polynômes scindés


Dénition (Polynôme scindé).
On dit qu'un polynôme P ∈ K[X] est scindé sur K s'il n'est pas constant et peut s'écrire comme un
produit de polynômes de degré 1, c'est-à-dire s'il existe λ ∈ K et (α1 , . . . , αn ) ∈ Kn tels que :
n
Y
P (X) = λ (X − αi ).
i=1

Proposition (Somme et produit des racines d'un polynôme scindé).


n
Soit n ∈ et soit P un polynôme de degré n, scindé et unitaire. Alors P (X) = (X − αi ) et :
Y
N∗
i=1
 le coecient en X n−1 de P (X) vaut −s, où s = α1 + . . . + αn ,
 le coecient constant de P (X) vaut (−1)n p, où p = α1 . . . αn .
Autrement dit,
P (X) = X n − sX n−1 + . . . + (−1)n p.

Démonstration. Il sut de développer l'expression factorisée et d'identier les coecients pour s'en convaincre.
Remarque. s correspond à la somme des racines de P (comptées avec multiplicité), p à leur produit.
n
Remarque. Dans le cas d'un polynôme non-unitaire, il sut d'écrire P (X) = λ (X − αi ), où λ 6= 0 désigne
Y

 i=1
son coecient dominant, et on trouve P (X) = λ X n − sX n−1 + . . . + (−1)n p .
Exemple 13. Dans le cas particulier d'un polynômes unitaire de degré 2, de racines α1 et α2 , on a donc :
P (X) = X 2 − (α1 + α2 )X + α1 α2 .

9
4 Dérivation de polynômes
4.1 Dénition et calculs
Dénition (Polynôme dérivé).
n n
Soit P (X) = αk X ∈ K[X]. On appelle polynôme dérivé de P le polynôme kαk X k−1 .
X X
k
P 0 (X) =
k=0 k=1

Exemple 14. Si P (X) = 4X 2 + 3X + 1, P 0 (X) = 8X + 3.


n−1
Remarque. Le changement d'indice j = k − 1 donne aussi : P 0 (X) = (j + 1)αj+1 X j .
X

j=0

Remarque. Cette dénition coïncide avec la fonction dérivée d'une fonction polynomiale dénie et à valeurs dans
R. Attention, on n'a par contre pas de notion de dérivation pour une fonction polynomiale dénie sur C.
Remarque. Il n'y a pas de condition d'existence du polynôme dérivé, au contraire d'une fonction dérivée.
Remarque. Comme dans le cas des fonctions, on peut dénir par récurrence des polynômes dérivés successifs :
pour tout j ∈ N∗ , si P (j) est un polynôme de K[X], alors P (j+1) est le polynôme dérivé de P (j) , avec la convention
P (0) = P .

Proposition (Opérations sur les polynômes dérivés).


Soit (P, Q) ∈ K[X]2 et λ ∈ K,

(λP + Q)0 = λP 0 + Q0 , (P Q)0 = P 0 Q + Q0 P.

n m
On pose P (X) = αk X et Q(X) = βk X k .
X X
k
Démonstration.

k=0 k=0
m n
 On suppose que n > m. Alors (λP + Q)(X) = λαk X k , donc :
X X
(λαk + βk )X k +
k=0 k=m+1

m
X n
X n
X Xm
(λP +Q)0 (X) = k(λαk +βk )X k−1 + kλαk X k−1 = λ kαk X k−1 + kβk X k−1 = λP 0 (X)+Q0 (X).
k=1 k=m+1 k=1 k=1

m+n k m+n−1 j+1


! !
 Pour le produit, (P Q)(X) = X k , donc (P Q)0 (X) = Xj.
X X X X
ai bk−i (j + 1) ai bj+1−i
k=0 i=0 j=0 i=0
Par ailleurs,
m+n−1 j j
!
X X X
0 0
P (X)Q(X) + Q (X)P (X) = (i + 1)ai+1 bj−i + ai (j − i + 1)bj−i+1 Xj.
j=0 i=0 i=0

Pour j ∈ [[0, m + n − 1]], montrons l'égalité des coecients en X j :


j j j+1 j
ai (j − i + 1)bj−i+1 en posant k = i + 1
X X X X
(i + 1)ai+1 bj−i + ai (j − i + 1)bj−i+1 = kak bj−k+1 +
i=0 i=0 k=1 i=0
j+1
X j+1
X
= kak bj−k+1 + ai (j − i + 1)bj−i+1
k=0 i=0

10
j+1
X
= ak bj−k+1 (k + (j − k + 1))
k=0
j+1
X
= (j + 1) ak bj−k+1
k=0
D'où l'égalité des polynômes.

Remarque. Ces formules permettent ensuite de montrer la formule de Leibniz, en procédant par récurrence comme
dans le cas des dérivées de fonctions :
n  
(n)
X n
(P Q) = P (k) Q(n−k) .
k
k=0

Proposition (Degré du polynôme dérivé).


Soit P (X) ∈ K[X]. Si deg(P ) > 1, alors deg(P 0 ) = deg(P ) − 1. Sinon, P 0 (X) = 0 donc deg(P 0 ) = −∞.

Démonstration. On pose n = deg(P ). Si n 6 0, P est un polynôme constant, donc P 0 (X) = 0 et deg(P 0 ) = −∞.
n n−1
Sinon, on peut écrire P (X) = αk X ∈ K[X] avec αn 6= 0. En dérivant, (j + 1)αj+1 X j , et le
X X
k
P 0 (X) =
k=0 j=0
coecient du terme en X n−1 vaut nαn 6= 0. Donc deg(P 0 ) = n − 1.
Proposition (Expression des polynômes dérivés successifs).
n
Soit P (X) = αk X k un polynôme de K[X] de degré n. Alors, ∀k ∈ [[0, n]], deg(P (k) ) = n − k , et
X

k=0

n
(k)
X i!
P (X) = αi X i−k .
(i − k)!
i=k

Par ailleurs, ∀k > n + 1, P (k) (X) = 0.

Démonstration. On montre la première partie par récurrence : soit k ∈ [[0, n]], on pose
n
i!
H(k) :  deg(P (k) ) = n − k et P (k) (X) = αi X i−k .
X
(i − k)!
i=k
n n
i!
P (0) = P , il est donc de degré n = n − 0. De plus, αi X i = P (X). Donc H(0) est vraie.
X X
αi X i−0 =
(i − 0)!
i=0 i=0
Soit k ∈ [[0, n − 1]], on suppose que H(k) est vraie. Alors, deg(P (k) ) = n − k > 1 donc deg(P (k+1) ) = n − k − 1 =
n
i!
n − (k + 1). De plus, αi X i−k , relation qu'on peut dériver (le terme constant se dérive en 0) :
X
P (k) (X) =
(i − k)!
i=k
n
(k+1)
X i!
P (X) = 0 + (i − k)αi X i−k−1
(i − k)!
i=k+1
n
X i!
= αi X i−(k+1) .
(i − (k + 1))!
i=k+1

Donc H(k + 1) est vraie. On a donc montré que ∀k ∈ [[0, n]], H(k) est vraie.
On en déduit en particulier que P (n) (X) = n!αn est un polynôme constant. Donc ∀k > n + 1, P (k) (X) = 0.

11
4.2 Formule de Taylor et conséquences
Proposition (Formule de Taylor).
n
P (k) (a)
Si P est un polynôme de degré n, alors on a : ∀a ∈ K, P (X) = (X − a)k .
X
k!
k=0

Démonstration. On commence par le cas a = 0, pour lequel on déduit de la formule de dérivation que : ∀k ∈ [[0, n]],
n
P (k) (0)
= k!αk . On a donc bien P (X) = Xk.
X
k!
P (k) (0) = (0)! αk 0
k−k
k!
k=0
Pour le cas général d'un a quelconque, on applique ce résultat au polynôme Q(Y ) = P (Y + a), d'indéterminée
Y =X −a :
n
X Q(k) (0)
Q(Y ) = Y k.
k!
k=0

Dériver k fois la relation Q(Y ) = P (Y +a) donne ensuite Q(k) (Y ) = P (k) (Y +a) et en particulier Q(k) (0) = P (k) (a).
On obtient donc : n n
X Q(k) (0) X P (k) (a)
P (X) = Q(Y ) = Yk = (X − a)k .
k! k!
k=0 k=0

Exemple 15. Soit P (X) = X 2 + 3X + 5. Alors P 0 (X) = 2X + 3, P 00 (X) = 2 et pour a = 1, on obtient :


5 2
P (X) = 9 + (X − 1) + (X − 1)2 = 9 + 5(X − 1) + (X − 1)2 .
1 2

Proposition (Multiplicité et dérivées successives).


Soit P un polynôme de K[X], r ∈ K et p un entier naturel non nul. Le scalaire r est une racine d'ordre
p du polynôme P si et seulement si :

∀k ∈ [[0, p − 1]], P (k) (r) = 0 et P (p) (r) 6= 0.

Démonstration. Soit P un polynôme de degré n. On applique la formule de Taylor en r :


P 00 (r) P (n) (r)
P (X) = P (r) + P 0 (r)(X − r) + (X − r)2 + · · · + (X − r)n .
2! n!
 On suppose que ∀k ∈ [[0, p − 1]], P (k) (r) = 0 et P (p) (r) 6= 0. Alors
!
P (p) (r) P (p+1) (r) P (n) (r)
P (X) = (X − r)p + (X − r) + · · · + (X − r)n−p ,
p! (p + 1)! n!
| {z }
Q(X)

(p)
donc (X − r)p divise P (X). De plus, Q(r) = P p!(r) 6= 0, donc X − r ne divise pas Q(X). Donc (X − r)p+1
ne divise pas P (X). Donc r est une racine d'ordre p de P (X).
 On suppose maintenant que r est une racine d'ordre p de P (X). Alors (X − r)p divise P (X). Donc le reste
R(X) de la division euclidienne de P (X) par (X − r)p est nul. Il faut donc déterminer ce reste. Par la
formule de Taylor et l'unicité de la division euclidienne,
P 00 (r) P (p−1) (r)
R(X) = P (r) + P 0 (r)(X − r) + (X − r)2 + · · · + (X − r)p−1 ,
2! (p − 1)!

12
(qui est bien de degré strictement inférieur à p = deg((X − r)p )). Donc

P 00 (r) P (p−1) (r)


P (r) + P 0 (r)(X − r) + (X − r)2 + · · · + (X − r)p−1 = 0,
2! (p − 1)!

ce qui donne en composant à droite par X + r :


P 00 (r) 2 P (p−1) (r) p−1
P (r) + P 0 (r)X + X + ··· + X = 0,
2! (p − 1)!

et donc par identication des coecients, ∀k ∈ [[0, p − 1]], P (k) (r) = 0.


Il ne reste plus qu'à montrer que P (p) (r) 6= 0. On le montre par l'absurde : supposons P (p) (r) = 0. Les
calculs précédents nous donnent qu'alors (X − r)p+1 divise P , et donc r est une racine d'ordre au moins
p + 1 : absurde. Donc P (p) (r) 6= 0.
D'où le résultat.
Exemple 16. On considère P (X) = X 4 − 2X 3 + 3X 2 − 4X + 2. Est-ce que 1 est racine, et si oui avec quelle
multiplicité ?

P (1) = 1 − 2 + 3 − 4 + 2 = 0, donc 1 est racine. On calcule la dérivée :

P 0 (X) = 4X 3 − 6X 2 + 6X − 4.

P 0 (1) = 4 − 6 + 6 − 4 = 0, donc 1 est racine d'ordre au moins 2. On calcule la dérivée seconde :

P 00 (X) = 12X 2 − 12X + 6.

P 00 (1) = 12 − 12 + 6 = 6 6= 0. Donc 1 est racine d'ordre 2 de P . Si on avait continué le calcul,

P (3) (X) = 24X − 12, P (4) (X) = 24 et P (5) (X) = 0.

Donc P (5) (1) = 0, mais ce n'est pas pour autant que 1 est d'ordre de multiplicité 5.

Proposition.
Si r est une racine d'ordre p > 1 du polynôme P , alors
 r est une racine d'ordre p − 1 de P 0 ,
 pour tout j ∈ [[0, p − 1]], r est une racine d'ordre p − j de P (j) .

Démonstration. C'est une conséquence directe du résultat précédent.

5 Polynômes irréductibles et factorisation


5.1 Factorisations dans C[X]
Proposition (Théorème de d'Alembert-Gauss).
Tout polynôme de C[X] non constant (donc de degré supérieur ou égal à un) admet au moins une racine
dans C.

Démonstration. Admis.
Remarque. Les seuls polynômes irréductibles (polynômes P non constants et dont les seuls diviseurs sont les λ
et les λP pour λ ∈ K∗ ) de C[X] sont donc les polynômes de degré 1.

13
Proposition (Décomposition en facteurs irréductibles dans C).
Tout polynôme P ∈ C[X] de degré n et de coecient dominant αn peut être écrit sous la forme
m
Y
P (X) = αn (X − rk )pk
k=1

m
avec rk ∈ C des racines distinctes de P , pk ∈ leurs ordres de multiplicité, et p k = n.
X
N∗
k=1

Démonstration. Soit n ∈ N, on pose


m m
H(n) :  Si deg(P ) = n, (X − rk )pk avec pk = n .
Y X
P (X) = αn
k=1 k=1

Initialisation : soit P (X) un polynôme de degré 0. Alors P (X) = a ∈ C et H(0) est vraie.
Soit n ∈ N xé, on suppose que H(n) est vrai. Soit P un polynôme de C[X] de degré n + 1. Par le théorème de
d'Alembert-Gauss, P admet une racine r, et est donc divisible par (X − r) : on peut écrire P (X) = (X − r)Q(X),
avec deg(Q) = n. Il sut d'appliquer H(n) à Q et d'observer que P et Q ont le même coecient dominant pour
conclure que H(n + 1) est vrai.
Cela termine la preuve.
Remarque. Autrement dit, tout polynôme non constant de C[X] est scindé.
Exemple 17. Factoriser dans C le polynôme P (X) = X 3 + X .
On a par factorisation directe :
P (X) = X(X 2 + 1) = X(X − i)(X + i).
Exemple 18. Factorisons X n − 1 dans C[X]. Puisque c'est un polynôme unitaire et qu'on connaît ses racines (les
racines n-ièmes de l'unité), on trouve :
n−1
Y 2ikπ
n
X −1= (X − e n ).
k=0

5.2 Factorisations dans R[X]


Proposition (Racines conjuguées).
Soit z un nombre complexe, et P un polynôme de R[X]. Si z est racine du polynôme P , alors z est
également racine de P , avec le même ordre de multiplicité.

Soit P (X) = avec ∀k ∈ [[0, n]], αk ∈ R. Par hypothèse z est racine de P , donc
Pn k
Démonstration. k=0 αk X
n
X
0= αk z k .
k=0

Par passage au conjugué, comme αk = αk (puisque P est à coecients réels) on obtient :


n
X n
X
0= αk · z k = αk z k = P (z).
k=0 k=0

Donc z est également racine de P . Pour conclure en ce qui concerne l'ordre de multiplicité, il sut de refaire la
même opération sur les dérivées de P , qui sont également des polynômes à coecients réels.

14
Proposition (Décomposition en facteurs irréductibles dans R).
Tout polynôme de R[X] peut s'écrire comme produit d'un réel, de polynômes à coecients réels de
degré 1 et de polynômes à coecients réels de degré 2 n'ayant pas de racine réelle.

Démonstration. On utilise la décomposition de P dans C[X] :


n
Y
P (X) = αn (X − rk ),
k=1

où les rk sont des racines réelles ou complexes de P . Comme P ∈ R[X], on a αn ∈ R. Si les rk sont tous réels, la
décomposition est encore valable dans R[X]. Il reste donc à traiter le cas où l'on rencontre rk0 ∈ C \ R. Dans ce cas,
par la proposition précédente, rk0 est également racine de P , avec le même ordre de multiplicité j . On simplie
alors tous les termes contenant ces deux racines :

(X − rk0 )j (X − rk0 )j = ((X − rk0 )(X − rk0 ))j


j
= X 2 − X(rk0 + rk0 ) + rk0 rk0
 j
= X 2 − 2 Re(rk0 )X + |rk0 |2

qui est bien dans R[X] et sans racine réelle. On procède de même pour toutes les racines complexes, ce qui permet
de conclure.
Remarque. Les polynômes irréductibles de R[X] sont donc :
 les polynômes de degré 1 ;
 les polynômes de degré 2 et de discriminant strictement négatif.
Exemple 19. Factoriser dans R le polynôme P (X) = X 3 + X .
On a par factorisation immédiate :
P (X) = X(X 2 + 1).
X 2 + 1 a pour discriminant ∆ = −4 < 0, X 2 + 1 n'a donc pas de racine réelle et la factorisation est terminée.

6 Fractions rationnelles
Dénition (Fraction rationnelle).
On appelle fraction rationnelle tout quotient de type P
Q où (P, Q) ∈ K[X]2 avec Q 6= 0.

Proposition.
Soit R = Q P
une fraction rationnelle sur K. Si Q est scindé de racines simples distinctes λ1 , . . . , λr , alors
il existe une unique décomposition de type :
r
X ai
R(X) = E(X) + ,
X − λi
i=1

où E(X) ∈ K[X] et ∀i ∈ [[1, r]], ai ∈ K.

Démonstration. Admis

15
Remarque. Dans le cas où le polynôme au dénominateur aurait des racines multiples ou ne serait pas scindé, la
forme cherchée pour la décomposition est plus complexe et sera fournie par l'exercice.
X 3 + 3X + 1
Exemple 20. Décomposons en éléments simples la fraction R(X) = . Comme X 2 − 1 = (X − 1)(X +
X2 − 1
1), on est bien dans le cas d'un dénominateur scindé à racines simples.
Comme deg(X 3 + 3X + 1) > deg(X 2 − 1), on commence par poser la division euclidienne associée :

X 3 + 3X + 1 = X(X 2 − 1) + 4X + 1, avec deg(4X + 1) = 1 < 2 = deg(X 2 − 1).

Donc R(X) = X + (X−1)(X+1) .


4X+1
Par décomposition des fractions rationnelles, il existe a et b deux réels tels que :

4X + 1 a b
= + .
(X − 1)(X + 1) X −1 X +1

Il reste donc à déterminer les valeurs de a et b. Si on multiplie les deux membres par X − 1, on trouve :
4X + 1 b(X − 1)
=a+ .
X +1 X +1

Évaluer cette relation en 1 donne alors 5


2 = a + 0, donc a = 52 . De même, multiplier l'expression initiale par X + 1
donne :
4X + 1 a(X + 1)
= + b.
X −1 X −1
Ce qui, évalué en −1, donne −3
−2 = 0 + b donc b = 32 . La décomposition cherchée est donc :

5 3
R(X) = X + + .
2(X − 1) 2(X + 1)

Remarque. Dans le cas de décompositions plus complexes, on peut aussi utiliser des limites en ±∞ ou l'évaluation
en d'autres valeurs particulières pour déterminer les valeurs des constantes.
x3 + 3x + 1
Exemple 21. Soit k ∈ N∗ , déterminer la dérivée k-ième sur ]1, +∞[ de f : x 7→ .
x2 − 1
On a montré que ∀x ∈]1, +∞[, f (x) = x + 2(x−1)
5 3
+ 2(x+1) = x + 52 x−1
1
+ 32 x+1
1
, la fonction f est donc de classe C ∞
sur ]1, +∞[ et les formules de dérivées usuelles donnent :
5 1 3 1
∀x ∈]1, +∞[, f 0 (x) = 1 − 2
− ,
2 (x − 1) 2 (x + 1)2

5 (−1)k k! 3 (−1)k k!
∀k > 2, ∀x ∈]1, +∞[, f (k) (x) = + .
2 (x − 1)k+1 2 (x + 1)k+1
x3 + 3x + 1
Exemple 22. Déterminer une primitive de f : x 7→ sur ]1, +∞[.
x2 − 1
On a montré que ∀x ∈]1, +∞[, f (x) = x + 2(x−1)5 3 5 1
+ 2(x+1) = x + 2 x−1 + 32 x+1
1
, une primitive sur ]1, +∞[ est donc
F : x 7→ x2 + 52 ln(|x − 1|) + 23 ln(|x + 1|).
2

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