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Programme du festival
L’encre est ma demeure
La troisième édition d’Étonnants Voyageurs en Haïti
rend hommage au poète Georges Castera
Georges Castera
© Francesco Gattoni
Lyonel Trouillot
Directeur du festival
U ne vie d’encre. C’est le poète Georges Castera qui m’a rap-
pelé la puissance de l’encre. Et je me suis tout de suite vu,
seul, sur une petite île entourée d’encre. Quelques arbres
fruitiers çà et là. C’est la même encre qui coule des livres que j’ai lus et
de ceux que j’ai écrits. J’aurai donc passé une bonne partie de ma vie
à barboter dans cette encre qui me fait penser au café. Son odeur me
chatouille le nez jusqu’à cet éternuement qui oxygène mon esprit. Sa
couleur se confond avec la nuit. Je sais bien que pendant ce temps-là
d’autres nagent dans leur propre sang. Je n’y peux rien si je n’arrive
pas à changer l’encre en sang, ou le contraire. Une vie à lire et à écrire.
Cela a-t-il un sens ? Je ne le sais. C’est dans ce puits de liquide sombre
que j’ai plongé la tête la première, il y a si longtemps déjà. Les premiè-
res lectures sous les draps, à Petit-Goâve. Les rencontres brûlantes,
à Port-au-Prince, avec ces poètes qui ont illuminé mon adolescence.
Les nuits passées à chercher ma musique en frottant vivement les
phrases les unes contre les autres – la vieille technique qui permet
de faire du feu en forêt. Et le premier maigre récit qu’on trouve sous
l’oreiller, au matin, comme la rose de Coleridge. Puis l’exil et le long
tunnel de l’écriture à Montréal. Ce fleuve d’encre et d’angoisses. Mon
cas n’est pas unique car, pour tout écrivain, il y a une mer d’encre
à traverser et cette petite musique à trouver. Ce n’est qu’après cela
qu’on peut commencer à discuter.
Dany Laferrière,
Co-directeur du festival
N
ous nous l’étions juré, avec Dany Laferrière
et Lyonel Trouillot, dans Port-au-Prince en
ruines, avant de nous séparer : ce festival Éton-
nants Voyageurs que le tremblement de terre
du 12 janvier 2010 venait d’empêcher, nous le remonterions
aussitôt que possible. Nous l’avons fait, d’abord, à Saint-
Malo dès le mois de mai suivant, avec tous ceux qui auraient
du se retrouver à Port-au-Prince. Les troubles politiques,
le choléra, nous ont obligés à différer notre retour en Haïti
– et c’est à Saint-Malo encore, au printemps dernier, que
nous sommes de nouveau retrouvés. Mais nous étions-nous
quittés, tout ce temps ? Nous serons donc, enfin, de nouveau
ensemble à Port-au-Prince du 1er au 4 février 2012. Grâce
à la solidarité de tous nos partenaires : qu’ils en soient ici
remerciés. Et avec, comme on l’imagine, une énorme émo-
tion. Il est en l’homme une dimension poétique qui le fonde
en son humanité, donne sens à son existence, une dimen-
sion sans laquelle il n’est pas de construction, ou de recons-
truction, possible — dont témoignent magnifiquement
les créateurs en Haïti. Quatre jours, donc, de rencontres,
projections, spectacles, pour en témoigner.
Michel Le Bris,
Co-directeur du festival
Province
Le festival dans les régions d’Haïti : ensemble, durant une journée, par groupe de 2 ou
3, les invités haïtiens et non haïtiens, se rendent dans les Alliances françaises et dans
les lycées de Cayes, Jérémie, Jacmel, Port-de-Paix, Cap Haïtien, Limbé, Les Gonaïves...
dans le CLAC de Verrettes, à la bibliothèque Georges Castera du Limbé, et à Hinche
chez les frères de Pandiassou.
• 11h00 am • 10h30 am
Carte blanche à Frankétienne Du poétique en temps de crise
Animé par Maette Chantrel. Avec Emmelie Prophète, Jean-Marie Blas de Roblès,
Anthony Phelps, Marc-Endy Simon.
Animé par Bonel Auguste.
• 11h15 am • 12h15 pm
Printemps arabes Habiter un lieu
Avec Jean-Marie Blas de Roblès, Yahia Belaskri, Avec Yanick Lahens, Emmelie Prophète, Josaphat-
Régis Debray, Kebir Ammi., Lyonel Trouillot. Robert Large, Yvon Le Men.
Animé par Maette Chantrel. Animé par Nadève Ménard.
Quel regard les écrivains portent-ils sur les On entend « reconstruction », « premières ur-
événements qui ont secoué le monde arabe gences », mais qu’est-ce que c’est, « habiter un
au printemps 2011 ? L’écrivain, l’intellectuel lieu » — et comment se reconstruit-on ? On
a-t-il un rôle à jouer ? Comment dire le mon- habite d’abord poétiquement le monde, nous
de qui vient ? Témoigner, combattre sans se disent tour à tour les écrivains haïtiens. Com-
faire le porte-voix d’une idéologie ? Faire du ment parler de reconstruction, si ce ne sont
chaos du monde la matière de son œuvre, et pas les Haïtiens eux-mêmes qui réinvestissent
le mettant en forme, de le rendre habitable, leur espace ?
et lui donner une voix ? Trouver la « bonne
distance » ?
• 2h00 pm • 2h30 pm
Littérature sans Frontières Culture Vive
Une émission RFI de Sophie Ekoué, Une émission RFI de Sophie Ekoué, enregis-
enregistrée en public trée en public
Avec Gary Victor, Georges Castera Avec Michel Le Bris, Lyonel Trouillot,
et Louis-Philippe Dalembert Dany Laferrière, Arthur H
• 5h00 pm • 4h00 pm
Noirs sanglots Nouvelles Voix
Avec Alain Mabanckou, Léonora Miano, Avec Makenzy Orcel, Coutechève-Lavoie Aupont,
Sami Tchak, Jean-Euphèle Milcé, Louis-Philippe Inema Jeudi, Marc-Endy Simon, Henry Kenol.
Dalembert. Animé par Maette Chantrel. Animé par Roody Edmé.
Dans son dernier livre intitulé «Le sanglot de
l’homme noir», Alain Mabanckou s’interroge : • 5h15 pm
«Qu’ont en commun un Antillais, un Sénéga- Du créole à la créolité
lais, et un Noir né dans le Xè arrondissement, Dominique Batraville, Ernest Pépin, Claude Pierre,
sinon la couleur à laquelle ils se plaignent d’être Rodney Saint-Eloi. Animé par Bonel Auguste.
constamment réduits ? [...] Qui suis-je ?».
• 6h30 pm
Rythme, sons, images, silence :
la force magique des mots
Arthur H, Alain Mabanckou,
Dany Laferrière, Michel Le Bris.
Animé par Michel Le Bris
• 11h00 am
Pourquoi se raconte-t-on des histoires ?
Avec Jean-Marie Blas de Roblès, Jocelyne Saucier,
Ernest Pépin, Hubert Haddad. Animé par Maette
Chantrel.
• 12h00 pm • 3h00 pm
«La montée au ciel» «Parcours : Ernest Pignon-Ernest»
(Stéphane Breton, Films d’Ici - Serge Lalou / (Patrick Chaput & Laurence Drummond, Plaisir
ARTE France / musée du quai Branly, 2008, 52’) d’images, 2009, 51’)
Au creux d’une vallée du Népal, au bout d’un A l’appui des images, dessins, photos, extraits
chemin usé par tant de siècles et tant de pieds, de films, réalisés depuis ses premières inter-
se trouve un village de brahmanes : merde ventions dans les années 1970 jusqu’aux plus
à tous les coins de rue, pureté des coeurs, récentes à Soweto, Alger, Brest, et à Ramal-
éblouissement. Deux vieux bergers mélanco- lah en 2009, Ernest Pignon-Ernest raconte et
liques et grognons, accompagnés parfois d’un éclaire le « Parcours » singulier qu’il mène dans
garçon à la belle innocence, vivent là et vont l’art contemporain. Ernest Pignon-Ernest in-
pousser leurs bêtes en chantant sur les pentes tervient, depuis des années, sur les murs des
les plus désolées. villes avec des images : dessins originaux au
crayon et à l’encre, ou sérigraphies multipliées
• 1h00 pm à des centaines d’exemplaires, qu’il colle, de
Le lyrisme de l’ordinaire nuit, en des lieux très précisément choisis.
Avec l’ethnologue cinéaste Stéphane Breton.
Animé par Michel Le Bris. • 4h00 pm
Ethnologue et réalisateur de films documen- Rencontre avec Ernest Pignon Ernest
taires, Stéphane Breton est spécialiste des so- Avec Ernest Pignon-Ernest et Michel Le Bris.
ciétés de Nouvelle-Guinée et maître de confé- Début 1970, Ernest Pignon Ernest commen-
rence à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences ce à apposer des images peintes, dessinées,
Sociales, où il enseigne l’anthropologie et le sérigraphiées, sur les murs de lieux symbo-
cinéma documentaire. Ses films proposent liques pour provoquer des « anachronismes
un voyage intérieur, loin de l’exotisme facile signifiants », en quête d’interactions, de ren-
et des images standardisées. Le réalisateur ob- contres, avec le lieu comme avec les passants,
serve le monde dans ce qu’il a de plus familier dont la photographie gardera la mémoire. Un
en « regardant lentement les petites choses », immense artiste, qui avait enthousiasmé le pu-
au Nouveau Mexique, à Paris au Kirghistan blic, lors du dernier festival Étonnants Voya-
comme dans la forêt de Nouvelle-Guinée. geurs à Saint-Malo. Sa venue à Port-au-Prince,
où tant d’artistes ont fait, eux aussi, de la rue
leur palette, sera un événement.
F o k a l
Jeudi 2 février
• 12h30 pm • 4h00 pm
Rencontre «Pourquoi je viens en Haïti» Une question de Regard
Avec François Marthouret, Ernest Pignon Ernest, Avec Stéphane Breton, Michel Le Bris, Lyonel
Arthur H. Animé par Roody Edmé. Trouillot, Ernest Pignon-Ernest et Regis Debray.
Comment dire l’autre ? Comment s’approcher
• 3h00 pm de lui, dialoguer avec lui, sans le chosifier en
«Nuages apportant la nuit» «objet d’étude», ni le réduire à soi ? «Le sauva-
(Stéphane Breton, Les Films d’ici, 2007, 30’) ge, ça n’existe pas» déclare tout net Stéphane
Breton, ethnologue singulier et grand cinéas-
te, qui de film en film développe une œuvre à
part. Une question de regard. En quête de ce
point de réversibilité entre le Même et l’Autre,
le Dehors et le Dedans, si difficile à penser,
mais éprouvé si violemment, qui toujours
nous appelle et nous précipite indifférem-
ment par les chemins et par les livres…
• 7h00 pm
Soirée lecture de François Marthouret et
«Un homme marche, ou alors, au contraire, Magali Comeau Denis
c’est moi qui marche. Bon, d’accord. Est-ce
le jour ou bien la nuit ? Aucune idée. On di-
rait une forêt obscure et froide. Une forêt,
vraiment ? Et où se trouve-t-elle ? Ou plutôt,
moi, où suis-je ? Et eux, qu’est-ce qu’ils foutent
là ? Ça ressemble comme deux gouttes d’eau
à un pays lointain. Lequel ? Celui qui ressem-
ble comme deux gouttes d’eau à un rêve que
je suis en train de faire. Ah bon. Quelqu’un
marche, et c’est moi, et la route est longue, et
la nuit tombe.» Montage de photos en noir et
blanc d’une tribu et de la forêt brumeuse de
Nouvelle-Guinée, le film compose un conte
mystérieux et féérique où la voix de l’ethno- © Gael Le Ny
logue se laisse aller au souvenir d’impressions Magali Comeau-Denis et François Marthouret
rêveuses ou drolatiques. On y suit un voyageur ont conçu une soirée de lectures des œuvres
traversant la jungle, dont on ne sait rien, si ce des auteurs invités du festival. Sur invitation
n’est qu’il transporte une chaise car il a prévu à retirer à la Fokal.
de s’asseoir de temps en temps…
Salué par Tahar Bekri et par AUPONT
BLAS DE ROBLÈS
Jean-Marie
© Francesco Gattoni
La Mémoire de riz (Zulma,
2011)
critique empreint d’un pro-
fond humanisme sur l’histoire
de l’Algérie et de ses rapports
avec la France. Son dernier ro-
man évoque trois destins tra- Grande figure de la littérature
de ce pays, il est l’un des initia-
© M. Diedisheim
© C.-Hélie-Gallimard
former d’autres artistes dans troupe de théâtre Hervé De-
le quartier de la Grand Rue. nis, elle est aussi comédien-
ne. Elle a incarné le rôle de
CHARLES Christophe Claire, dans l’adaptation de
Poèmes d’amour fou (Choucoune, Amour de Marie Vieux Chau-
2011) vet, celui de Thérèse dans
Ce normalien né en 1951 celle de Thérèse en mille mor- Né en 1940, il est his-
est une figure incontour- ceaux de Lyonel Trouillot, ou torien, écrivain, créateur
nable des lettres haïtiennes. encore celui de la Nina (per- de la médiologie, connu
Écrivain prolifique, critique, sonnage de Jacques Stephen aussi pour son engagement
poète et publiciste, il compte Alexis) dans le spectacle Nuit politique en Amérique latine.
près d’une centaine de livres vorace. À l’occasion du festi- En 2003, le Président Chirac
à son actif. En 1978, il fonde val, elle proposera la lecture lui confie le soin de rédiger
les éditions Choucoune qui de textes d’auteurs étrangers un rapport sur les relations
publient de jeunes talents et invités. franco-haïtitennes. Haïti, ce
rééditent les œuvres de pion- pays «où l’on parle, écrit une
niers de la littérature haïtien- DALEMBERT langue, peint des tableaux, fait
ne. Il est aussi à l’origine des Louis-Philippe de la musique, et raconte des
collections « Les classiques Noires Blessures (Mercure de histoires comme on aimerait
expliqués » et « Les classiques France, 2011) en entendre, en lire, en voir
d’Haïti » destinées à la jeunes- plus à Paris. » Régis Debray
se scolaire et universitaire. est président de l’Institut
européen en sciences des re-
CAVE Syto ligions et membre de l’Acadé-
Une rose rouge entre les doigts mie française.
(Zellige, 2011)
© Gael Le Ny
DELMAIRE Julien
Xylographies (L’agitée, 2009)
Ses poèmes font voyager
l’auditoire dans un univers
Une des voix majeures de la captivant que vient éclai-
littérature caribéenne. Ses ro- rer une langue riche qui se
mans se font l’écho d’une vie nourrit autant d’argot que de
vagabonde qui l’a tour à tour classicisme. Auteur de deux
mené à Paris, Rome, Jérusa- recueils de poésie, il a égale-
lem, Kinshasa... Prix Casa de ment écrit plusieurs pièces
Las Americas (2008) pour de théâtre. Il est actuellement
Syto Cavé est l’auteur de Les dieux voyagent la nuit, il est en résidence d’artistes «Les
plus d’une douzaine de piè- fait Chevalier de l’Ordre des Passagers des Vents» à Port-
ces de théâtre, en créole et Arts et des Lettres en 2010. Salut.
EUGENE André vres est ancrée dans l’histoire
Sculpteur contemporaine de l’île. Une
étrange cathédrale dans la graisse
des ténèbres, publiée cette an-
© E.Alimi/Opale
née, est une pièce de théâtre
parlant de façon quasi prémo-
© Gael Le Ny
© M. Pelletier-Corbis
litiques et économiques qui,
depuis des décennies, minent
© Gael Le Ny
son île.
LARGE
Josaphat-Robert
L’incontournable plume haï- Echos en fuite (Le chasseur abs- Né en Bretagne en 1944,
tienne, signataire du Manifeste trait, 2010) romancier, essayiste, édi-
«Pour une littérature monde teur, il fonde en 1990 le fes-
en français». Il est né à Port- tival Etonnants Voyageurs
au-Prince en 1953. De son en- de Saint-Malo, soucieux de
fance à Petit-Goâve, il tire son défendre une littérature ouver-
roman, L’odeur du café, (1999). te sur le monde, soucieuse de
Il quitte Haïti pour Montréal le dire et dans le droit fil, en
en 1976, suite à l’assassinat 2007, il initie le Manifeste
de son ami Gasner Raymond pour une Littérature-Monde.
par les «tontons macoutes». Il Il signe chez Grasset La beauté
publie dès lors de nombreux du Monde (2008), finaliste du
romans, régulièrement primés Goncourt. Après l’autobio-
et dont certains ont fait l’objet graphie Nous ne sommes pas
d’adaptations cinématogra- Étudiant, militant anti-duva- d’ici, son Dictionnaire amoureux
phiques. Tout bouge autour de liériste, il est emprisonné puis des explorateurs, il vient d’écrire
moi est son récit du séisme du contraint à l’exil. Fin 1963, la fin d’un inédit de Stevenson
12 janvier. il s’installe à New York où il La Malle en cuir.
participe à la fondation de la
LAHENS Yanick troupe de théâtre Kouidor. Il LE MEN Yvon
Failles (Sabine Wespieser 2010) publie en 1975 son premier re- A Louer Chambre Vide pour
cueil puis au début des années Personne Seule (Rougerie, 2011)
1990, se lance dans l’écriture ; Le point J (Chant Manuel et
romanesque. Écrite en fran- Aedam Musicae, 2011)
çais, en créole ou en anglais,
son œuvre occupe une place
© J. Leenhardt
© Gael Le Ny
où s’éteignent les songes et
commencent les rêves et ces
inconnus que l’on croise et
“dont les pas laissent traîner
des mots sous leurs semelles Poète, nouvelliste et romancière,
de plomb et de vent dans elle est née en 1958 sous le régime
A Louer Chambre Vide pour dictatorial de Duvalier. Elle s’est
Personne Seule. lancée dans l’écriture au début
des années 1990. Son 4è roman,
MABANCKOU Alain Saisons sauvages revient sur une L’une des figures de proue de
Le sanglot de l’homme noir période charnière et douloureuse la nouvelle littérature came-
(Fayard, 2012) mêlant histoire intime et histoire rounaise. Installée à Paris, elle
Signataire du Manifeste pour politique. Écrit à quatre mains connaît le succès critique avec
une littérature monde, au car- avec Léslie Péan, Le prince noir de L’Intérieur de la nuit (2005),
refour de 3 continents, c’est Lillian Russell évoque cette actrice, premier opus d’un tryptique
l’écrivain-monde par excel- coqueluche du New-York fin-de- sur le destin du continent afri-
lence. Né en 1966, il entre siècle et amante d’Henri de Delva, cain, qu’elle clôt en 2009 avec
en littérature par la poésie et son mystérieux prince noir... Les aubes écarlates. Après
devient l’un des chefs de file Blues pour Elise en 2010,
de la jeune génération des MARTHOURET Léonora Miano poursuit avec
écrivains africains. Il enseigne François Ces âmes chagrines l’explo-
aujourd’hui la littérature fran- Le grand Georges (2011, Kuiv ration intimiste du vécu des
cophone à UCLA. Verre cassé Productions) «afropéens» de France.
a reçu le prix Ouest France-
Étonnants Voyageurs (2005) MILCE
et Mémoire de Porc-Épic, le Jean-Euphèle
prix Renaudot (2006). Les jardins naissent (Les 400
coups, 2011) ; «Eloge de l’un-
© Gael Le Ny
derground» 2012
Bicentenaire. À l’occasion du
festival, il proposera la lecture
« Exîlé » selon ses propres de radio. En 1964, il s’exile à
mots, cet haïtien né au Go- Montréal, où il œuvre tou-
naïves a fait ses études entre jours dans le théâtre, la poésie,
Haïti et la Suisse. Ancien la radio, le cinéma et le journa-
directeur du principal fonds lisme. Son œuvre compte une
patrimonial de Port-au-Prin- vingtaine de titres.
ce, il a également enseigné
la littérature créole. Son 1er PEPIN Ernest
roman L’Alphabet des nuits a Le soleil pleurait (Vent d’Ailleurs,
reçu en 2004 le Prix suisse 2011)
Georges-Nicole. Il a consacré Makenzy Orcel est l’un des
son dernier roman à son île grands espoirs de la relève
en deuil et en reconstruction. littéraire en Haïti. Il a publié
Il présente auojpurd’hui en deux recueils de poèmes.
avant-première au festival son Comme de nombreux écri-
documentaire «Eloge de l’un- vains qui ont vécu le séisme
derground» sur les artistes de de 2010, il a voulu témoigner,
la Grand Rue. et mettre sa plume au service
de la force et de la dignité de xGrande voix de la littérature
NOEL James son peuple. C’est aux prosti- guadeloupéenne, il puise son
Des Poings chauffés à blanc (Bruno tuées de Port-au-Prince, ces inspiration dans les tradi-
Doucey, 2010) ; Kana Sutra (Vent «immortelles» qu’il a d’abord tions orales et musicales de
d’Ailleurs, 2011) rendu hommage, dans langue son île pour donner à voir la
simple et épurée. Avec Les la- réalité antillaise. Récompensé
trines, il poursuit son explora- par de nombreux prix, il est
tion des bas-fonds, offrant au aujourd’hui directeur des af-
lecteur médusé une véritable faires culturelles au Conseil
fête du langage dans le dédale général de Guadeloupe. Son
des ruines de Port-au-Prince. dernier livre nous fait enten-
PHELPS Anthony dre la voix d’un “raconteur”
Une plage intemporelle (Noroît, qui consigne le malheur hu-
2011) main pour pénétrer davantage
Une des voix montantes de la le mystère de la survie...
poésie haïtienne contemporai-
ne, sensuelle et tendre, violen- PIGNON-ERNEST Ernest
te et douce, âpre et sensible. Il Face aux murs (Delpire, 2010)
nous donne à voir et à aimer
le monde, qu’il transfigure par
la magie de son verbe. Il vient
de créer une résidence artisti-
que et littéraire dans le Sud du
pays, à Port-Salut. Première
résidence du genre en Haïti, Après des études aux États-
Port-Salut - la bien nommée Unis et au Canada, il se consa-
- pourrait devenir un pôle de cre en Haïti à la littérature et
décentralisation culturelle. participe à la fondation en
1960 du groupe Haïti-litté-
ORCEL Makenzy raire et de la revue Semences, Considéré comme un précur-
Les latrines (Mémoires d’Encrier, anime la troupe de comédiens seur du street art en France
2011) Prisme et réalise des émissions avec Daniel Buren et Gerard
Zlotykamien. Travaillant la Depuis 1986, il est de retour ermites cacochymes ont élu
ville comme un matériau en Haïti qu’il avait fuit en domicile. Par la voix de ces
plastique, il réalise des instal- 1970, au plus fort de la dicta- vieillards marginaux, elle re-
lations éphémères en collant ture, pour le Canada. D’abord monte le fil du temps et re-
ses images de papier dessinées professeur de littérature à mue le souvenir des Grand
au fusain, sur des murs choisis Gatineau (Québec), il ensei- Feux qui ravagèrent l’Ontario
pour leur potentiel symboli- gne aujourd’hui à l’Univer- à l’aube du XXè siècle.
que. Des figures troublantes sité d’Etat d’Haïti et poursuit
qui nous interrogent sur des l’écriture de romans. SIMON Marc-Endy
questions modernes, comme Je ne pardonne pas au malheur
celles du rapport à espace, SAINT ELOI Rodney (Atelier Jeudi Soir, 2011)
mais surtout de notre place Récitatif au pays des ombres Marc-Endy Simon a perdu son
face à leur mémoire. (Mémoire d’encrier, 2011) enfant dans le tremblement
Fondateur haïtien de Mémoi- de terre du 12 janvier 2012.
PROPHETE Emmelie re d’encrier, la maison d’édi- Sous le titre Je ne pardonne pas
Le Reste du temps (Mémoires tion de la diversité culturelle au malheur, il livre un recueil
au Canada, il conçoit l’écri- de trente-quatre textes, com-
ture comme un engagement me une énième réplique du
primordial envers le social, séisme, bouleversant cette fois
© Francesco Gattoni
AVEC LE SOUTIEN DE
ET LE SUPPORT DE