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Un monde de croyances et de superstitions

Dossier Croyances mystérieuses, superstitions

affirmèrent que les croyances chrétiennes


Aux origines étaient aussi des superstitions. Suite aux
progrès et aux changements de mentalités
des termes issus de la Révolution, le mot s’appliqua
alors surtout aux croyances populaires
« magiques », bénéfiques ou funestes,

C hez les Grecs antiques, le supersti-


tieux était un peureux, qui cherchait
à corrompre les dieux par des pratiques
et jugées non rationnelles : renverser la
salière annonçait par exemple du malheur
mais du verre brisé signifiait du bonheur.
étranges telles que prier toute la journée. Selon la tradition, les campagnes ont été
Les Romains antiques assimilèrent le su- perçues plus superstitieuses que les villes,
perstitieux à celui qui pratiquait les rites mais rien ne prouve cette idée.
de cultes non autorisés et étrangers à la
religion romaine. Une sorte d’hérétique
avant l’heure ! Le christianisme reprit ce Prédictions et oracles
sens. Au début du Moyen Âge, toutes les
pratiques païennes qui portaient atteinte
à cette nouvelle religion devinrent des
Le désir de l’Homme de maîtriser son
superstitions : le terme « superstitiocité » avenir est commun à toutes les socié-
s’appliqua « au culte des faux dieux », par tés.
opposition à la Trinité légitime (le Père, le
Fils et le Saint Esprit).
Au 16e siècle, le terme « superstition »
C onnaître l’avenir est un rêve ancien,
cause de la croyance aux présages
et à leur observation. Pour contrer sa
Bouc, observation du derrière de
l’animal : de nombreux signes
caractérisa essentiellement les présages peur du malheur ou obtenir des réponses,
« diaboliques » sont rassemblés dans ce tirés des choses fortuites. Ainsi, voir un l’Homme a eu recours à des profession-
« sabbat de sorciers », miniature tirée chat noir était signe de malheur. Mais le nels de la divination, des prédictions
du Sermo contra Secta Vaudesium superstitieux chrétien n’était ni athée, ni ou « pronostications. » Dès le 6e siècle,
(1490). La « superstition » désigna hérétique. À l’époque des Lumières, la rai- l’Église vit une ruse du démon dans la divi-
pendant longtemps la pratique de son et la pensée scientifique s’opposèrent nation pour connaître l’avenir. Les astro-
cultes non autorisés. aux superstitions. Certains érudits éclairés logues pensaient au contraire que Dieu
annonçait de funestes évènements. Reste
qu’à la Renaissance, l’avenir était pensé
comme une réalité déjà écrite, d’où la
croyance accordée aux signes annoncia-
teurs d’un fait.
Au 15e siècle, Sébastien Brandt précisait
déjà dans sa Nef des fous que ces supers-
titions prédictives foisonnaient à son
époque et que les hommes cherchaient à
savoir « ce que Dieu a mis dans son plan ».
À cette époque et jusqu’au 18e siècle, on
pensait que le destin de chacun était géré
par Dieu. Des hommes et des femmes se
livrèrent à la lecture de l’avenir, de diffé-
rentes manières. Certains pratiquaient la
divination naturelle à partir de l’observa-
tion de signes qui apparaissent spontané-
ment : visions, vols des oiseaux, dessins
des lignes de la main, phases de la lune,
mouvement des astres. Ils étaient inter-
prétés comme bénéfiques ou malheureux.
D’autres préféraient la divination expé-
rimentale qui s’effectuait par une action
© Archives Daniel Boucard

délibérée telle celle de lancer les dés,


jeter « un niquet dans une escuelle pleine
d’eau » ou interroger un miroir. Ces pro-
fessionnels affirmaient donc possible la
maîtrise du destin du demandeur. Selon
l’abbé Thiers au 18e siècle « les devins ou

54 Nos ancêtres • Vie & métiers - N° 78 - mars-avril 2016

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