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Une autre belle découverte que le lecteur fait dans ce XVIIIe siècle
est le personnage de Condorcet, ce bienfaiteur de l’humanité dont
les Francs-Maçons ont toujours prétendu qu’il était des leurs sans
qu’ait jamais été prouvée son appartenance à une loge
maçonnique. Le principe de liberté est présent dans tous les écrits
de ce grand humaniste. Attaché à la laïcité de l’état civil et de
l’instruction publique, il témoigne de sa tolérance religieuse et de
son ouverture d’esprit. Président de la Société des Amis des
Noirs, Condorcet considère que l’esclavage est un crime où le
plus fort écrase toujours le plus faible. Dans le même esprit, très
d’avant-garde pour son époque, il combat l’injustice partout où il la
trouve, notamment dans la discrimination faite aux Juifs, la
pratique des corvées et l’injustice de la condition féminine. De
même, la conscience de l’idéal de fraternité est toujours présente
dans son œuvre. Cet ami des membres de la loge des Neuf
Sœurs fut l’exemple même du Maçon sans tablier.
Irène Mainguy
Présidente de SFERE
(Société française d’études et de recherches sur l’écossisme)
Introduction
Sources :
– Pierre BOUTIN – Jean-Théophile Desaguliers, un Huguenot,
philosophe et juriste, en politique – Paris, H. Champion, 1999.
– Le Monde maçonnique des Lumières (Europe-Amériques &
Colonies). Dictionnaire prosopographique, Volume II, Éditions
Champion, Paris 2013. Entrée Désaguliers, p. 985-989.
Philosophie naturelle
Le mot « physique » a pris son sens moderne, qui est plus restreint
que le sens originel, à partir du XVIIe siècle (Galilée, Descartes),
principalement de la physique classique, qui est née avec Newton. Le
mot « physique » est employé dans son sens actuel depuis 1690.
Ce qui marqua un tournant dans les mentalités, ce fut le procès de
Galilée (1633) et la réaction philosophique de Descartes. Celui-ci écrivit,
dans son Discours de la méthode (1637), que l’homme devait
« se rendre comme maître et possesseur de la nature ». Au tournant du
XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, on commença à considérer que le traité
scientifique d’Isaac Newton (1687) formait les principes mathématiques
de la « philosophie naturelle ».
La révolution que constitua la prise de conscience que la Terre
tournait autour du Soleil avait entraîné des changements de mentalités :
on a compris qu’il était possible d’expliquer ce phénomène par des
équations exprimables en langage mathématique, grâce à des théories
de calcul différentiel et intégral.
La « philosophie naturelle » a été le terme habituel précédant notre
terme actuel de « science » quand le thème abordé par l’étude était
l’« œuvre de la nature ». La « science moderne » (scientia en latin, qui
signifie « connaissance ») put acquérir le statut porté par la
« philosophie naturelle » lorsque la pure déduction, alliée aux méthodes
inductives d’acquisition de la connaissance, parvint à un résultat établi
sur les phénomènes naturels, sans l’appui de la Révélation.
Rappelons qu’en logique générale, qui repose sur les fondements
philosophiques d’Aristote, l’induction est l’un des trois types d’inférence,
avec la déduction et l’abduction. La méthode expérimentale, empirique
par nature, s’appuie en grande partie sur l’induction. Des formes de
« science » se sont développées historiquement à partir de la
philosophie, ou de ce que l’on considérait comme étant « la philosophie
naturelle » dans le contexte historique de constitution de la
« philosophie ».
Les notions que nous avons habituellement de la science et des
scientifiques datent seulement du XIXe siècle.
Source : WIKIPÉDIA, entrée Philosophie naturelle.
Isaac Newton peint par William Blake (1757-1827)
Choderlos de Laclos et la Franc-Maçonnerie
« Toute sa vie, Laclos demeurera Maçon, sans que l’on puisse dire si cela
a représenté pour lui aide et enrichissement. En l’absence de documents,
on ne peut que ramener notre homme au cas général, en constatant qu’en
cette seconde moitié du siècle, la franc-maçonnerie envahit l’armée comme
les autres milieux intellectuels, et que le caractère général de ce
mouvement en réduit singulièrement la portée et l’influence3. »
Cette crise de 1766 est si forte que la Grande Loge ne peut s’en
remettre, conduisant à la fondation du Grand Orient entre 1771
et 1773. Seul un petit nombre de loges se maintient dans un
organisme dissident, sous le nom de Grande Loge de Clermont.
Assez rapidement, toutes les loges militaires intègrent le Grand
Orient. Ce n’est pas surprenant quand on sait que le Grand Maître
de la nouvelle structure est un Prince du sang : le duc de
Chartres, futur duc d’Orléans, futur Philippe Égalité,
successivement colonel du régiment de Chartres-Infanterie
(1752), du régiment de Chartres-Cavalerie (1764), chef d’escadre
(1776), colonel général des hussards et des troupes légères
(1778) et enfin lieutenant-général des armées de terre et de mer. Il
est bien difficile à des militaires Maçons de ne pas reconnaître un
tel Grand Maître !
Tableau de loge
d’adoption (vers
1800)
« Si nous avons des secrets pour vous, c’est une attention dont peut-être
vous devez nous tenir compte ; ce que nous vous cachons ne pourrait que
vous ennuyer ; peu analogue à vos goûts, à vos affections, vous n’y
trouveriez nul intérêt, il exciterait peut-être des sensations fâcheuses ou
trop fortes sur vos nerfs délicats que la nature n’a formés que pour les
sensations douces et agréables. Venez souvent, très chères Sœurs, faire
disparaître par vos charmes ce que nos mystères peuvent avoir de trop
austère. Faites l’ornement de nos banquets : nous implorons aujourd’hui
votre secours pour le rendre agréable à des Frères qui nous sont infiniment
chers, et que nous désirons engager à nous faire souvent la faveur de nous
visiter11. »
« Mes Frères,
Par les vertus maçonniques qui vous distinguent et vous placent au
premier rang des bons Maçons, vous avez su donner à vos travaux la forme
la plus désirable et la régularité la plus grande ; par vos vertus civiles, vous
avez rendu ces travaux utiles et fructueux, vous leur avez acquis la
considération même des profanes ; par vos vertus sociales, vous avez su
mêler l’agréable à l’utile, et les douceurs d’une société pure et choisie ont
été les premiers fruits que vous avez recueillis de vos travaux.
Mais pourquoi craindrions-nous de le dire : en vain, les hommes les plus
faits pour se plaire ensemble espèreraient se suffire à eux-mêmes, en vain
les charmes de l’esprit viennent au secours des qualités du cœur ; un
sentiment impérieux leur fait sentir à chaque instant qu’ils ne jouissent pas
de la plénitude du bonheur ; une vague inquiétude les distrait et les isole au
sein de la société ; et même au milieu de leurs amis, ils forment encore des
souhaits, ils cherchent autour d’eux un charme qu’ils désirent, et ne peuvent
créer. Alors, ils appellent à grands cris ce sexe enchanteur, la plus belle
moitié d’eux-mêmes ; ils lui demandent de répandre sur leurs travaux cet
agrément dont lui seul est la source, et qui seul peut y donner du prix.
Ce sentiment, mes Frères, n’est point une illusion, et quand le Grand
Architecte lui-même eut formé l’univers, il créa l’homme pour l’admirer, et la
femme pour l’embellir. Mais pourquoi faut-il que l’idée de la première femme
traîne à la suite l’idée de la première faute commise ? Aurait-on voulu nous
apprendre dès lors que des êtres si charmants peuvent devenir
redoutables, et que semblables à ces sentiers fleuris qui trop souvent
bordent les précipices, si l’homme fort et prudent peut suivre sans danger
l’attrait qui le conduit vers elles, mille autres y deviennent la victime de leur
imprudente sécurité ? Serait-ce donc qu’également aimables et
dangereuses, elles se plaisent à égarer quelquefois ceux mêmes qu’elles
aiment à conduire, et que les fleurs qu’elles répandent sur le sentier de
notre vie leur servissent moins à embellir notre route qu’à nous cacher les
pièges qu’elles y tendent ? Je suis loin de le croire, mais plusieurs l’ont dit ;
quelques-uns mêmes ont prétendu le prouver et par une fatalité étrange,
ceux-là ont été honorés du nom de sages. Si l’on en croit leurs discours
captieux, plus vaines que sensibles, plus faibles que douces, plus
indiscrètes que confiantes, plus jalouses que tendres, les femmes, ces
êtres si charmants, ne sont plus qu’une illusion séduisante. Ils osent les
comparer à ces feux follets trompeurs qui, dans une nuit obscure, égarent
le voyageur crédule, et semblent l’appeler sans cesse vers le but qu’il
désire, et dont ils s’amusent à l’éloigner.
À l’appui de ces discours que je désapprouve, ils osent invoquer le
témoignage des faits, et fouillant les fastes de l’Histoire avec une sagacité
malicieuse, ils ont l’art d’attribuer aux femmes avec assez de vraisemblance
toutes les fautes, tous les malheurs de l’humanité. Oh ! Si j’osais combattre
ces prétendus sages, au défaut de raisons, les exemples au moins ne me
manqueraient pas. Je les conduirais dans ce Temple, je leur dirais : voyez
les femmes que la Maçonnerie a formées ; étudiez vos cœurs ; elles vous
réconcilieront avec un sexe que vous calomniez. Ce que vous prétendez
impossible, vous l’allez voir à chaque pas et marchant de prodige en
prodige, vous verrez des femmes qui savent écouter, obéir, travailler et se
taire.
En effet, c’est parmi nous et parmi nous seulement que les femmes
savent écouter même autre chose que des fleurettes, qu’elles savent obéir
même aux lois qu’elles ne se sont pas faites, qu’elles travaillent sans exiger
que leurs occupations soient futiles. Et pour se taire enfin, nous savons
assez que si pendant longtemps elles n’ont su garder que leur secret, la
Maçonnerie leur a appris à garder celui des autres.
Félicitons-nous donc, mes Frères, de les avoir associées à nos travaux,
d’en avoir fait nos compagnes, nos Sœurs ; rendons-leur le tribut
d’hommages qu’elles ont droit d’attendre de nous ; que si par une erreur
condamnable nous avons osé en médire quelques moments, implorons leur
indulgence fraternelle sur un tort où le cœur n’a point de part ; et ramenés à
la vérité par le sentiment, ne craignons pas de leur dire que sans le bonheur
qu’elles nous procurent, les tourments qu’elles nous causent seraient
encore le bien le plus précieux à l’humanité12. »
Nous voyons émerger ici une idée que Laclos développe les
années suivantes. En 1782, il publie Les Liaisons dangereuses.
Pour nous, ce roman célèbre est un brûlot politique dirigé contre la
noblesse, dont il flétrit les mœurs dissolues autant que l’oisiveté,
et non une critique de la femme en général. Si la marquise de
Merteuil a la conduite que l’on sait, c’est parce que son éducation
et son milieu ne lui ont pas laissé d’autre issue pour échapper à la
tutelle masculine, à cette arrogante supériorité dont est pétri le
vicomte de Valmont.
Livret d’instruction
des loges
d’adoption (1775)
En 1785, Laclos poursuit cette analyse lucide de la société de
son temps. Un concours littéraire de l’Académie de Châlons-sur-
Marne propose le sujet suivant : « Quels seraient les moyens de
perfectionner l’éducation des femmes ? » Laclos prépare un
discours sur ce thème. Il ne l’acheva pas, mais son ébauche peut
se résumer ainsi : « Il n’est aucun moyen, écrit-il, de perfectionner
l’éducation des femmes. » Qu’est-ce en effet que l’éducation sinon
le développement des facultés de l’individu, dirigé vers l’utilité
sociale ? Or, dans toute société, les femmes sont esclaves.
Partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir d’éducation. « Le mal
est sans remède, a dit Sénèque, quand les vices sont changés en
mœurs. » Peut-être cependant les femmes voudront-elles un jour
entrer dans la plénitude de leur être et de leur liberté. En ce cas,
« apprenez qu’on ne sort de l’esclavage que par une grande
révolution13. » Laclos a-t-il compris que la Maçonnerie n’est pas
encore prête à être le lieu de cette grande révolution ? Peut-être.
En tout cas, celle qui se produit quatre ans plus tard dans la
société civile n’y contribue pas vraiment : les révolutionnaires de
1789, en proclamant les droits de l’homme et du citoyen, pensent
bien peu à la femme et à la citoyenne. Laclos le croit pourtant. En
1791, il écrit au sujet de son œuvre Les Liaisons dangereuses :
« On y découvrira aussi l’intérêt qu’avaient tant d’honnêtes gens à crier
au scandale contre de pareils hommes. On y reconnaîtra enfin que la
Révolution n’était pas moins nécessaire pour le rétablissement des mœurs
que pour celui de la liberté14… »
Louis-Philippe II
d’Orléans
Chronologie
1781 – Il termine à Paris (en permission pour six mois) Les Liaisons
dangereuses, ouvrage qu’il a commencé à écrire dès son séjour à
Besançon.
La vie de Condorcet
« Mon enfant, si mes caresses, si mes soins ont pu, dans ta première
enfance, te consoler quelquefois, si ton cœur en a gardé le souvenir,
puissent ces conseils, dictés par ma tendresse, être reçus de toi avec
une douce confiance, et contribuer à ton bonheur !
[…] Prends l’habitude du travail, non seulement pour te suffire à toi-
même sans un secours étranger, mais pour que le travail puisse
pourvoir à tes besoins et que tu puisses être réduite à la pauvreté sans
l’être à la dépendance. […] Tu sentiras que tu peux absolument te
passer de richesses. Tu les estimeras moins : tu seras plus à l’abri des
malheurs auxquels on s’expose, pour en acquérir ou par la crainte de
les perdre.
[…] Prends de bonne heure l’habitude de la bienfaisance, mais d’une
bienfaisance éclairée par la raison, dirigée par la justice. Ne donne point
pour te délivrer du spectacle de la misère ou de la douleur, mais pour te
consoler par le plaisir de les avoir soulagées. Ne te borne pas à donner
de l’argent. Sache aussi donner tes soins, ton temps, tes lumières et tes
affections consolatrices, souvent plus précieuses que des secours ;
alors, ta bienfaisance ne sera plus bornée par ta fortune : elle en
deviendra indépendante, elle sera pour toi une occupation, comme une
jouissance. Apprends surtout à l’exercer avec cette délicatesse, avec ce
respect pour le malheur qui double le bonheur et ennoblit le bienfaiteur à
ses propres yeux. N’oublie jamais que celui qui reçoit est, par nature,
l’égal de celui qui donne ; que tout secours qui entraîne de la
dépendance n’est plus un don, mais un marché, et que, s’il humilie, il
devient une offense.
[…] Crains le faux enthousiasme des passions. Celui-là ne
dédommage jamais ni de leurs dangers ni de leurs malheurs. On peut
n’être pas maître de ne pas écouter son cœur, mais on l’est toujours de
ne pas l’exciter. Et c’est le seul conseil utile et praticable que la raison
puisse donner à la sensibilité.
Mon enfant, un des plus sûrs moyens de bonheur est d’avoir su
conserver l’estime de soi-même, de pouvoir regarder sa vie entière sans
honte et sans remords, sans y voir une action vile, ni un tort ou un mal
fait à autrui et qu’on n’ait pas réparé. […] Qu’alors, au milieu de tes
peines, tu les sentes s’adoucir par la mémoire d’une action généreuse,
par l’image des malheureux dont tu auras essuyé les larmes. Mais ne
laisse point souiller ce sentiment par l’orgueil. Jouis de ta vie sans la
comparer à celle d’autrui : sache que tu es bonne, sans examiner si les
autres le sont autant que toi. Tu achèterais trop cher ces tristes plaisirs
de la vanité : ils flétriraient ces plaisirs plus purs dont la nature a fait la
récompense des bonnes actions.
[…] Si tu veux que la société répande sur ton âme plus de plaisirs ou
de consolations que de chagrins ou d’amertumes, sois indulgente ! Et
préserve-toi de la “personnalité”, comme d’un poison qui en corrompt
toutes les douceurs. L’indulgence n’est pas cette facilité qui, née de
l’indifférence ou de l’étourderie, ne pardonne tout que parce qu’elle
n’aperçoit ou ne sent rien. J’entends cette indulgence fondée sur la
justice, sur la raison, sur la connaissance de sa propre faiblesse, sur
cette disposition heureuse qui porte à plaindre les hommes plutôt qu’à
les condamner.
[…] fais que le sentiment de l’égalité et de la justice deviennent une
habitude de ton âme. N’attends, n’exige jamais des autres qu’un peu au-
dessous de ce que tu ferais pour eux. Si tu leur fais des sacrifices,
apprécie-les d’après ce qu’ils te coûtent réellement et non d’après l’idée
que ce sont des sacrifices. Cherches-en le dédommagement dans ta
raison, qui t’en assure la réciprocité, dans ton cœur, qui te dira que
même tu n’en aurais pas besoin. Tu trouveras alors que, dans ces
détails de la société, il est plus doux, plus commode, si j’ose le dire, de
vivre pour autrui, et que c’est alors seulement que l’on vit véritablement
pour soi-même6. »
« Parmi les savants illustres qui se dévouèrent aux travaux et aux risques
d’une réformation générale des mœurs et des lois, aucun ne se présente
plus pur de tout intérêt, plus libre de tout préjugé, plus étranger à toutes les
intrigues, plus inaccessible à toute pression, que le modeste Condorcet. Il
apportait à sa patrie qu’il adorait, à l’humanité, qu’il aimait davantage
encore, le caractère le plus ingénu, la raison la plus perfectionnée et un
désintéressement si naturel et si peu réfléchi qu’il était moins en lui une
vertu qu’une idée simple8. »
Cet éloge reflète bien ce que disent de lui tous ses biographes,
et il n’est pas nécessaire d’y ajouter quelque commentaire.
Penchons-nous plutôt sur sa pensée et son œuvre. Leur richesse
et leur étendue universelle ne peut se résumer en quelques mots,
si ce ne sont ceux de la devise républicaine « Liberté, Égalité,
Fraternité ».
A. Liberté
Liberté
Le principe de liberté est présent dans tous les écrits de
Condorcet : non seulement la liberté de pensée, mais aussi la
liberté politique et sociale. Alors que, révolté par les conditions de
son éducation chez les jésuites, il est dès sa jeunesse totalement
athée et vigoureusement anticlérical, il revendique pour tous une
véritable liberté religieuse, où la tolérance est affirmée comme un
principe obligé. Condorcet n’a foi qu’en la raison. De tous les
philosophes des Lumières, il est le représentant le plus radical du
rationalisme. Pour lui, les seuls obstacles au bonheur de l’homme
s’appellent préjugés, intolérance, superstition. Dans cette optique,
toute idée de Dieu devient inutile, toute notion d’Église
dangereuse, parce qu’elle crée ou perpétue des préjugés dont la
persistance nuit à la rapidité du progrès. Au demeurant, la
tolérance étant à ses yeux une valeur aussi sacrée que la raison, il
s’engagera personnellement aux côtés des protestants pour que
l’on cesse de les persécuter. Selon lui, c’est le droit absolu de
chacun de penser selon ses convictions. Et tant que les cultes –
quels qu’ils soient – compteront des fidèles, ils seront légitimes.
Nul ne saurait en interdire la célébration : « L’erreur, tout comme la
vérité, a droit à la liberté9. » Ainsi, Condorcet plaint les croyants,
mais n’a pour eux ni mépris ni haine. Les pratiques religieuses
n’ont, en soi, rien qui l’indigne ; ce n’est pas la religion, c’est le
clergé qu’il déteste. « La conscience de l’homme devant être libre,
chacun est le maître de choisir son Dieu comme ses prêtres10. »
B. Égalité
Égalité
Bien sûr, Condorcet n’a jamais dissocié le principe de liberté de
celui d’égalité, fondement indispensable à toute société
démocratique, et donc à tout État véritablement républicain.
Toujours, le principe de liberté côtoie celui d’égalité. Le problème
de l’esclavage en est une illustration majeure.
Constamment, Condorcet s’est élevé contre cette infamie, la
plus criante de son siècle. Il écrit abondamment sur l’esclavage
des Noirs, sans hésiter à s’en prendre directement aux colons, à
leurs pourvoyeurs et à leurs défenseurs qui prétendent que
« vingt-deux millions de Blancs ne peuvent être heureux à moins
que trois ou quatre cent mille Noirs n’expirent sous les coups de
fouet17. » Pour Condorcet, l’esclavage est un crime parce que
c’est toujours le plus fort qui écrase le plus faible. Bien entendu, il
est un des membres les plus actifs de la Société des Amis des
Noirs, dont il sera l’un des présidents.
Toute forme d’inégalité, toute injustice lui est odieuse ; toute
oppression lui est insupportable. Cette passion de la justice lui
donne une ardeur si fougueuse dans ses écrits que ses amis, qui
connaissent par ailleurs son caractère doux et pacifique, le
qualifient alors de « mouton enragé » ! Ainsi, il va participer très
activement à la défense de trois hommes injustement condamnés
au supplice de la roue pour un crime qu’ils n’avaient pas commis.
Cette affaire fait grand bruit, car elle met en cause l’intégrité des
Parlements alors tout puissants dans ce domaine de la justice.
Les accusés sont défendus par Dupaty, avocat célèbre, membre
de la loge des Neuf Sœurs à Paris. Condorcet le soutient de façon
très active par la publication de pamphlets mordants, la rédaction
d’un projet de réforme de la justice et une intervention efficace qui
conduit à la cassation de la condamnation et à l’acquittement
définitif des trois innocents. Pour la petite histoire, précisons que
cette affaire fut l’occasion de la rencontre de Condorcet avec sa
future femme, Sophie de Grouchy, car elle était la nièce de
Dupaty.
« Je crois que la loi ne devrait exclure les femmes d’aucune place. […]
Songez qu’il s’agit des droits de la moitié du genre humain, droits oubliés
par tous les législateurs ; qu’il n’est pas inutile même pour la liberté des
hommes d’indiquer le moyen de détruire la seule objection qu’on puisse
faire aux républiques, et de marquer entre elles et les États non libres une
différence réelle21. »
C. Fraternité
Fraternité
Condorcet ne pouvait négliger le troisième point de la trilogie de
cette République naissante à laquelle il se dévouera jusqu’à la
mort. L’idée de Fraternité est toujours présente dans son œuvre,
au moins de façon implicite. Nous ne savons pas s’il a été Franc-
Maçon : aucun document ne l’atteste de façon formelle, mais il
fréquente régulièrement le milieu maçonnique, en particulier celui
de la prestigieuse loge des Neuf Sœurs, fondée en 1776 par
l’astronome Lalande avec l’aide de la veuve d’Helvétius qui avait
eu l’idée, peu avant sa mort, de réunir savants, philosophes et
artistes en une sorte d’atelier encyclopédique. Voltaire y est reçu
triomphalement et une grande partie des proches de Condorcet –
comme Dupaty – en font partie, sans oublier Benjamin Franklin
qui en devient Vénérable en 1779. Tous ceux qui ont pour objectif
la diffusion des Lumières s’intéressent à cette loge, dont les
idéaux correspondent exactement à ceux de Condorcet. Pourtant,
il ne figure sur aucun des tableaux de la loge des Neuf Sœurs ou
d’une autre loge, et on ne trouve dans ses écrits aucune trace
d’une appartenance maçonnique. Élisabeth et Robert Badinter
écrivent :
« L’athéisme et le rationalisme militant de Condorcet ne s’accordent
guère avec certains rites de la Maçonnerie. On l’imagine mal dans une
société secrète, faisant certains gestes d’initiation, même si ses plus
proches amis les avaient accomplis avant lui. Surtout, ni Turgot, pourtant
intime des principaux Maçons, ni D’Alembert n’avaient jamais adhéré à une
loge. Quelque chose les en détourna qui relevait peut-être d’un rejet
viscéral de tout ce qui pouvait rappeler le mysticisme. Le culte de la Raison
était, pour les trois hommes, une religion sans rites qui ne pouvait se
pratiquer qu’en pleine lumière. En l’absence de preuves tangibles de son
engagement maçonnique, il y a tout lieu de penser que Condorcet fut
seulement un compagnon de route des Neuf Sœurs, pas davantage24. »
Plus d’une fois, il exprime dans ses écrits son attachement aux
valeurs maçonniques, que ce soit en évoquant la perfectibilité de
l’homme ou le sentiment de fraternité ainsi que sa mise en œuvre.
« Je crois l’espèce humaine indéfiniment perfectible, et qu’ainsi elle doit
faire vers la paix, la liberté et l’égalité, c’est-à-dire vers le bonheur et la
vertu, des progrès dont il est impossible de fixer le terme. Je crois aussi que
ces progrès doivent être l’ouvrage de la raison, fortifiée par la méditation,
appuyée par l’expérience25. »
« On sait enfin que tous les hommes ne forment qu’une seule famille, et
n’ont qu’un seul intérêt. Le nom de l’humanité, de ce sentiment qui
embrasse les hommes de tous les pays et de tous les âges, est dans la
bouche des souverains comme dans celle des philosophes, et semble
réunir dans les mêmes vues ceux dont l’ambition est d’éclairer les hommes,
et ceux dont le devoir est de veiller à leur bonheur et de défendre leurs
droits30. »
« Le Condor est le plus grand et le plus fort des oiseaux […], il est destiné
à jouer le rôle le plus distingué dans les sciences et dans les lettres […]. Ce
qui m’enchante, c’est qu’on a cru lui faire grâce en le choisissant pour
secrétaire de l’Académie des sciences, qui est plus heureuse qu’elle ne
mérite d’avoir un tel secrétaire31. »
Adam
Weishau
pt
Ce mouvement éphémère de libres penseurs républicains est sans
doute le plus radical du siècle des Lumières. Ses membres lui donnaient
le nom d’Illuminati et ils s’appelaient eux-mêmes les Perfectibilistes. Ce
groupe a été fondé le 1er mai 1776 par un ancien jésuite, Jean Adam
Weishaupt (1748-1830), professeur de droit canonique, et par le baron
Adolph von Knigge, à Ingolstadt dans le royaume de Bavière.
L’État conservateur de Bavière – où l’Électeur progressiste et éclairé
Maximilien III Joseph fut remplacé en 1777 par son héritier conservateur
Charles Théodore – était dominé par l’Église catholique et l’aristocratie.
Aussi, l’Ordre des Illuminés ne tarda pas à être supprimé par le pouvoir
en place. En 1784, le gouvernement bavarois bannit toutes les sociétés
secrètes qui incluaient les Illuminés et la Franc-Maçonnerie. La structure
des Illuminés s’écroula rapidement, mais pendant son existence, de
nombreux intellectuels influents et des personnalités politiques
progressistes en firent partie.
• Structures
Ses membres, issus tout d’abord de la Franc-Maçonnerie, devaient
obéissance à leurs supérieurs. L’Ordre était structuré et organisé en
trois classes et treize grades :
– Apprenti
– Compagnon
– Maître
– Illuminé majeur ou Novice écossais
– Chevalier écossais
• Effets culturels
Malgré le caractère éphémère de l’organisation, les Illuminés de
Bavière ont toujours eu une image ténébreuse dans l’histoire populaire,
à cause des écrits de leurs opposants. Ceux-ci ont donné lieu à des
récupérations souvent satiriques, humoristiques, voire de pure fiction,
comme le roman bien connu Anges et démons du célèbre (trop ?)
Dan Brown. Ces allégations de conspiration ont donné une vision
mensongère de la Franc-Maçonnerie qui, dans sa quasi-totalité, était
distincte de l’Ordre des Illuminés. En 1798, l’abbé Augustin Barruel
publia les Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme qui
développaient la théorie d’une grande conspiration regroupant les
Templiers, les Rosicruciens, les Jacobins et les Illuminés.
Simultanément et de manière indépendante, un Maçon écossais et
professeur d’histoire naturelle, John Robison, publia en 1798 Preuves
d’une conspiration contre l’ensemble des religions et des
gouvernements d’Europe. Quand il lut le livre de Barruel sur le même
sujet, il ajouta de très nombreuses notes pour compléter son ouvrage.
Robison prétendait apporter la preuve d’une conspiration des Illuminés
œuvrant au remplacement de toutes les religions par l’humanisme et de
toutes les nations par un gouvernement mondial unique.
Thomas Jefferson (1743-1826) affirmait que les Illuminés avaient
l’intention de propager l’information et les principes de la vraie morale. Il
attribuait la discrétion des Illuminés à ce qu’il appelait « la tyrannie du
pouvoir et des clercs ».
Plus récemment, Antony C. Sutton (1925-2002) suggéra que la
société secrète Skull and Bones (littéralement : Crâne et Os) avait été
fondée par une branche américaine des Illuminés. Plusieurs auteurs
contemporains – sans doute disciples de Barruel – ont émis l’hypothèse
que ces Illuminés modernes auraient finalement l’intention d’établir un
gouvernement mondial par des procédés criminels tels que l’assassinat,
la corruption, le chantage, le contrôle des banques et des pouvoirs
financiers, l’infiltration des gouvernements, mais également en
soutenant des guerres et des révolutions pour placer leurs propres
membres dans les hautes sphères de la hiérarchie politique.
Curieusement, Sutton et Jefferson semblaient d’accord pour dire que
les monarques d’Europe et l’Église étaient les ennemis des Illuminés.
Il est vrai que Barruel affirmait même que la Révolution française avait
été fomentée et contrôlée par les Illuminés par l’intermédiaire des
Jacobins. Et plus tard les théoriciens de la conspiration ont aussi vu la
responsabilité des Illuminés dans la Révolution russe de 1917, bien que
l’Ordre ait été officiellement dissous en 1790.
« Frères et amis je ne vous dirai point : discutez ma vie tout entière, c’est
un peu trop vague : voici quelques titres et ce sont des actions : si mon nom
est obscur, mes œuvres au moins, qui ne dépendent point de la jalousie, ni
de l’injustice de mes rivaux, ne le sont pas.
On allait manquer de pain. Les entrepreneurs des vivres étaient en fuite,
il fallait retrouver des fils brisés : ce que j’exécutai dans un premier voyage,
si pénible et si dangereux, me fit renvoyer sur-le-champ en qualité de
commissaire général pour l’escorte des convois, sur la route de Rouen et
du Havre.
L’élite de la jeunesse de Rouen se trouva réunie, je lui donnai un chef,
des drapeaux, une place forte, dont tous les chefs et les gardes furent
expulsés, sans que personne n’y ait perdu la vie. Je fis avancer un petit
nombre de nos gardes nationales, vers tous les postes importants, et
jusqu’à Pont-de-l’Arche, dont j’avais su peu à peu m’emparer. J’avais une
poignée d’hommes sur les chemins : on m’y croyait une armée puissante et
seul à Rouen avec un brave grenadier de mon district, tout fléchissait
devant mes desseins. Le peuple qui m’appelait “le petit père des gardes
nationales” me donna un grade de colonel et une épée15. »
Une seule gravure orne cet ouvrage, mais elle est importante,
car elle constitue un argument à l’appui de la thèse de Bonneville.
Il en développe le commentaire au long de sept pages de la
seconde partie (pages 105 à 111). Il a découvert, écrit-il, cette
« planche » en tête d’un acte du Collège & Grand Chapitre de
l’Ordre royal de H. R. D. M.32 de Kilwining en Écosse. Cela est tout
à fait exact, et cette belle gravure – que nous reproduisons ici –
est due au talent d’un Franc-Maçon français, Pierre Lambert de
Lintot, qui exerça ses activités maçonniques en Angleterre33 où il
joua un rôle majeur en introduisant des hauts grades français, en
particulier en relation avec le célèbre Maçon anglais Thomas
Dunckerley34.
Bibliographie
Sans commentaire…
Pike est sans doute l’auteur le plus souvent cité par Rosen dans
ses notes de bas de page particulièrement abondantes, car ses
nombreuses références aux cultes anciens, aux pratiques
occultistes et ésotériques variées que nous avons déjà
mentionnées constituent un matériau de choix pour extrapoler en
interprétations négatives contre la Maçonnerie.
Pike reçoit successivement les deux volumes de Rosen. Leur
contenu lui est insupportable : le Maçon est révolté par le
caractère immoral que l’auteur prête à l’Ordre maçonnique et à
l’écossisme en particulier ; le juriste est indigné du procédé de
falsification des textes, du mensonge flagrant, de l’usage de
citations inventées de toutes pièces ; et l’homme est blessé par
l’attaque personnelle dont il est ainsi l’objet, atteint dans ses
convictions morales et spirituelles de croyant sincère. D’autres
attaques du même style se produiront plus tard, même longtemps
après sa mort, dont l’exemple le plus significatif est certainement
le livre d’Arthur Preuss A Study of Freemasonry publié aux États-
Unis en 1908, peu après traduit en français sous le titre Étude sur
la Franc-Maçonnerie américaine17.
Pipe en écume
de Pike
Photo reproduite avec
l’aimable autorisation
des Archives du
Suprême Conseil,
33°, S.J., États-Unis
La personnalité de Pike est si riche, sa vie si extraordinaire, que
nous ne pouvons en donner ici qu’un aperçu. Malheureusement,
peu de ses écrits et de ceux de ses biographes ont été traduits en
français et publiés : cela fait défaut pour connaître ce Maçon
exceptionnel, et pour mieux comprendre les Francs-Maçons
américains, nos voisins de l’autre côté de l’océan.
John Yarker
en décors
de Chevalier
Templier
La dispersion de la bibliothèque :
dévolution de la première partie du fonds
10. Un cahier (15 x 10 cm) contenant les instructions des trois premiers
degrés (sans date).
Conclusion
Leadbeater et Annie
Besant
En 1900, Leadbeater revint à Ceylan avec Jinarajadasa, celui-ci
ayant obtenu sa licence de sanskrit et de philologie à Cambridge.
Les compétences de Leadbeater étaient de plus en plus
reconnues dans la S.T. Il entreprit alors plusieurs tournées de
conférences en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.
En 1906, une bombe éclata : des théosophes américains
accusèrent Leadbeater de comportement sexuel immoral, voire
de pédophilie. L’accusation était grave et s’appuyait sur plusieurs
témoignages. Cependant, les dissensions importantes et parfois
violentes dans la section américaine de la S.T. et la rigueur des
mœurs de l’époque5 obligent à une appréciation prudente des
griefs soulevés. Une commission d’enquête de la S.T., présidée
par le colonel Olcott lui-même, auditionna immédiatement
l’accusé, qui se défendit énergiquement. Il dut cependant
démissionner de la Société. Un an plus tard, Olcott décéda et fut
remplacé par Annie Besant comme présidente mondiale de la S.T.
En 1908, Leadbeater fut réhabilité. Il revint à Adyar peu après et
reprit ses activités au sein de la S.T. En 1909, il « découvrit » un
jeune homme, Krishnamurti, en qui il voyait, comme Sri Krishna ou
Jésus, une incarnation divine. Annie Besant adhéra à cette thèse
et confia Krishnamurti à Leadbeater pour son éducation. Le jeune
garçon fut admis dans la section ésotérique de la S.T., cercle très
fermé, interne à la société. Peu après fut créé l’Ordre de l’Étoile
d’Orient, entièrement dévoué au nouveau « dieu vivant » et placé
sous sa direction. Annie Besant, dont l’autorité morale et le
prestige étaient considérables, fut sa mère adoptive jusqu’à ce
qu’elle décède6. Cependant, l’activité de Leadbeater était toujours
aussi étendue : les membres de la S.T. le considéraient comme le
plus grand voyant du monde. Il développa en particulier un
système extraordinaire d’arbre généalogique des réincarnations
des membres les plus connus de la S.T., s’étendant sur des
milliers d’années.
Aristide Briand
et Gustav
Stresemann
L’action constante d’Aristide Briand et de Gustav Stresemann
en faveur de la paix est reconnue de façon solennelle en 1926 :
cette année-là, ils reçoivent tous les deux le prix Nobel de la Paix.
De 1926 à 1932, Aristide Briand appuie l’entrée de l’Allemagne
à la Société des Nations où elle obtient un siège au Conseil
permanent. Grâce à ses contacts personnels et amicaux avec
Gustav Stresemann qu’il rencontre secrètement à Thoiry, des
concessions importantes (dont le principe de l’évacuation
complète de la Rhénanie) sont accordées à l’Allemagne en
échange d’avantages financiers pour la France. Malgré des
oppositions très vives et une opinion publique réticente, Aristide
Briand poursuit sa lutte pour la paix. Le pacte de renonciation
générale à la guerre, dit pacte Briand-Kellogg, est signé en
août 1928 par soixante pays. En 1929, il développe à Genève
l’idée d’une Union européenne avec un lien fédéral, au moment où
la mort lui enlève un ami et un allié précieux, Gustav Stresemann.
Une partie de l’opinion française lui est toujours défavorable et lui
reproche de méconnaître les intérêts de la France au profit de
l’Allemagne, y compris parmi les Francs-Maçons ; il suffit pour
s’en rendre compte de lire, par exemple, les critiques virulentes du
Frère Yves Marsaudon :
« [Au début du XXe siècle,] la revue [...] des personnalités comme des
effectifs des Loges et des Maçons permet d’admettre, en gros, l’affirmation
de Colfavru4 lors du congrès maçonnique international en l’honneur du
centenaire de 1789 : “C’est de nos rangs, s’écria-t-il, que sont sortis les
hommes les plus considérables du gouvernement de la République et du
parti républicain.” Un esprit quelque peu ironique pourrait soutenir que les
hommes les plus considérables du gouvernement de la République et du
parti républicain sont entrés dans les rangs de la Maçonnerie. Cependant,
parmi les hommes les plus considérables du parti républicain se trouve [...]
Georges Clemenceau, qui n’a pas eu à sortir des rangs de la Maçonnerie
parce qu’il n’y est jamais entré, pas plus qu’Aristide Briand ou Raymond
Poincaré5 [..]. »
Bibliographie
« Le roi Salomon fut roi sur tout Israël. Voici quels étaient ses chefs :
Azaryahou, fils de Sadoq, le prêtre ; Élihoreph et Ahiyya, fils de Chicha,
secrétaires ; Yehochaphat, fils d’Ahiloud, l’archiviste ; […] Adoniram, fils de
Abda, préposé à la corvée. »
Remarquons qu’il n’est pas dit quel est le nom de son père.
Dans le premier livre des Chroniques, chapitre 2 :
« Houram, roi de Tyr, répondit par une lettre qu’il envoya à Salomon : […]
Maintenant donc, j’envoie un homme habile, doué d’intelligence, Houram-
Abi ; il est fils d’une femme d’entre les filles de Dan, mais son père est
tyrien. »
Nous pouvons sans doute comprendre que Hiram est ici nommé
Houram-Abi ce qui se traduit par « Houram est mon père. » Mais
un peu plus loin, au chapitre 4, il est appelé Houram-Abiw, ce qui
se traduit par « Houram est son père » Mais ce Abi ou Abiw est
une sorte de surnom et pas le nom du père.
Par ailleurs, Hiram/Houram est le fils d’une veuve de la tribu de
Nephtali, ou de la tribu de Dan – à moins qu’il s’agisse de la ville
de Dan qui se trouve près de Tyr, ou encore que, étant de la tribu
de Dan, elle soit la veuve d’un homme de la tribu de Nephtali et ait
épousé en secondes noces un citoyen de Tyr !
Une synthèse provisoire permet de définir Hiram, dont le nom,
qui se prononce aussi Houram, signifie « Mon frère est élevé » ; il
est le fils, en secondes noces, d’un Tyrien dont le nom est inconnu
et d’une Israélite venant de la ville de Dan et veuve d’un Israélite
de la tribu de Nephtali. Un registre d’état civil avec ses mentions
marginales nous fait vraiment défaut !
Les « HIRAM »
Adoniram (mon Dieu, mon seigneur, Khuram, Huram, Houram (il est haut,
est élevé, exalté) (1 Rois 5, 14), élevé ou exalté) (2 Chroniques 4, 11)
Adonhiram, Adoram, Hadoram, Hiram (orthographe défectueuse).
Adon Khurum (dans la Franc-
Maçonnerie américaine). Khiram (Dieu est haut, élevé ou
Fils d’Abda, ou Obadya (Abda – exalté) (1 Rois 7, 13), Akhiram (mon
Néhémie 11, 17 ; Obadya – frère est haut, élevé ou exalté),
1 Chroniques 9, 16, compté parmi les Khurum.
lévites).
Mentionné dans 1 Rois 4, 6 et 1 Rois Nom de l’artisan du Temple de
5, 28 Jérusalem.
Haut fonctionnaire royal, c’était le chef Flavius Josèphe, dans l’Histoire
désigné par Salomon pour organiser la ancienne des Juifs, livre huitième,
levée et la rotation des 30 000 ouvriers chapitre II, le nomme Chiram :
envoyés par tiers au Liban tous les « Salomon se servit pour tout ce que je
mois pour préparer le bois nécessaire viens de dire d’un ouvrier admirable,
à la construction du temple. Cela lui mais principalement aux ouvrages d’or,
valut la haine de la population. d’argent, et de cuivre, nommé Chiram,
Après la mort du roi Salomon, des qu’il avait fait venir de Tyr, dont le père,
émeutes se produisirent contre son nommé Ur, quoique habitué à Tyr, était
successeur et fils, le roi Roboam. descendu des Israélites, et sa mère
Adoniram y périt, lapidé à mort, victime était de la tribu de Nephtali. » Qui est
de cette haine. (1 Rois 12, 18 et ce Ur que Flavius Josèphe donne pour
2 Chroniques 10, 18). Tout cela est le père de Chiram ? Ce nom,
rapporté par Flavius Josèphe dans orthographié aussi Our, Hur ou des
l’Histoire ancienne chapitre II : Juifs, livre huitième, Hour, est
« L’intendance de cet ouvrage fut mentionné au moins neuf fois dans la
donnée à Adoram » et au chapitre III : Bible. Nous retenons trois citations.
« Et leur colère fut si opiniâtre Dans 1 Chroniques 11, 35, il est le
qu’Adoram, qui avait l’intendance des père d’un des « Braves valeureux qui
tributs, leur ayant été envoyé pour leur ont combattu avec le roi David » :
faire des excuses de ces paroles trop « Achiam, fils de Sacar, d’Harar.
rudes et leur représenter qu’ils Eliphal, fils d’Our ». Dans 1 Rois 4, 7-
devaient plutôt les attribuer au peu 8 : « Salomon avait douze préfets sur
d’expérience de ce prince qu’à sa tout Israël. Ils pourvoyaient à la
mauvaise volonté, ils le tuèrent à subsistance du roi et de sa maison,
coups de pierres sans vouloir chacun devant y pourvoir un mois par
seulement l’entendre. » an. Voici leurs noms : Ben-Hour [c’est-
à-dire “Fils de Hour”], dans la
montagne d’Éphraïm […]. »
Adoniram est mentionné dans les 4e,
Chronologiquement, ce Our peut être
7e, 8e, 14e et 22e degrés du Rite
le Ur cité par Josèphe comme père
écossais ancien et accepté.
d’Hiram, ou un ascendant proche. La
troisième citation se trouve dans
Adoram, (1 Rois 12, 18 - 2 Samuel 20, Exode 31, 2-5 : « Vois, j’ai appelé
24) nommément Betsaleel, fils d’Ouri, fils
Hadoram (2 Chroniques 10, 18) de Hour, de la tribu de Juda. Je l’ai
rempli de l’esprit de Dieu : habileté,
Il est mentionné dans les rituels du adresse et savoir-faire pour tout travail,
Marquis de Gages (1767-68) au pour concevoir des œuvres d’art, pour
12e grade [tome II, page 67] comme travailler l’or, l’argent et le bronze, pour
l’un des deux plus grands architectes tailler la pierre à sertir et pour tailler le
de Salomon. bois, pour exécuter tout travail. »
Hiram, nommé dans 2 Chroniques 2,
12. Houram-Abi, c’est-à-dire Houram
est mon père et décrit dans le verset
suivant dans des termes identiques,
constructeur du temple, n’est-il pas la
réplique exacte de Betsaleel,
constructeur du Tabernacle ? N’est-il
pas remarquable que leurs pères
respectifs portent le même nom :
« Hour/Houram » ?
Hiram de Naphtali/Nephthali
(orthographe défectueuse de Khiram)
(1 Rois 7, 14) [« C’était le fils d’une
veuve de la tribu de Nephtali »]
formule utilisée dans de nombreux
grades maçonniques.
D’une façon générale, il ne faut pas Khiram (Dieu est haut, élevé ou
confondre ce personnage dont le nom exalté) (1 Rois 5, 15), Akhiram (mon
s’écrit en un seul mot, avec Adon frère est haut, élevé ou exalté).
Hiram/Adon Khiram écrit en deux Nom du deuxième roi de Tyr, Hiram
mots séparés et qui se rattache à la 1er (orthographe défectueuse), fils
famille des Hiram. d’Abi-Baal, entreprenant bâtisseur et
commerçant hardi.
Il s’assure l’amitié des rois d’Israël ses
voisins.
Il fournit à David, puis à Salomon du
bois de cèdre ou de cyprès, et leur
prête des ouvriers qualifiés, dont le
plus brillant est son homonyme,
Khiram/Hiram.
Flavius Josèphe lui consacre de
nombreux passages dans son Histoire
ancienne des Juifs où il le cite onze
fois, invariablement par son nom
Hiram.
Autres familles
Ur, Hur ou Hour, est bien un nom hébreu que nous avons trouvé
plusieurs fois dans la Bible. Sa mère est aussi israélite, originaire
d’une des tribus du Nord, Dan ou Nephtali, et veuve. Il est intrigant
que cette dernière précision soit donnée dans la Bible, sauf si cela
fait référence à la loi du lévirat. Le lévirat est une disposition
importante codifiée par le Deutéronome (25, 5-10), protectrice de
l’unité du clan familial, tant pour les personnes que pour la
conservation du patrimoine à travers les successions. C’est un
devoir imposé au beau-frère d’une veuve : si un homme meurt
sans descendance, son frère est tenu d’épouser sa veuve afin de
lui en assurer une. Le premier enfant né de cette union sera tenu
pour fils ou fille du frère décédé, donc aussi pour son héritier de
plein droit. L’histoire de Tamar, telle que la conte le chapitre 38 de
la Genèse, illustre parfaitement cette pratique. Si c’est le cas ici,
Hiram serait issu de l’union légale d’Ur, frère du défunt
contemporain de David mentionné dans les Chroniques, et de sa
veuve.
La lapidation
d’Adoniram
(1 Rois
12, 18 et2 Chronique
s 10, 18)
En tenant compte des remarques préalables concernant
l’organisation des familles hébraïques en véritables clans
regroupés dans des tribus, d’une part, et les caractéristiques
orthographiques et phonétiques des noms en hébreu et en
araméen, d’autre part, le tableau que nous avons dressé des
différents noms réunis dans la famille des « Hiram » permet de
comprendre que cette famille se réduit à deux grands groupes : le
groupe Hiram et, plus restreint, le groupe Adoniram. Nous
pouvons ici considérer comme secondaire, et peut-être même
hors sujet, les autres familles.
« […] il y avait, à Tyr, un roi nommé Hiram qui aimait beaucoup Salomon.
Il donna, à Salomon, du bois de charpente pour ses travaux. Il lui envoya
aussi un architecte en qui résidait l’esprit de sagesse. La mère de celui-ci
était de la tribu de Nephtali et son père était un homme de Tyr, du nom de
Hiram. »
« […] il fut employé non moins de 3 600 princes ou maîtres Maçons pour
conduire le travail d’après les instructions de Salomon, avec 80 000 tailleurs
de pierres ou Compagnons du Métier dans la montagne ; et
70 000 manœuvres : en tout 153 600, en plus de la levée, sous Adoniram,
pour travailler dans les montagnes du Liban […] »
Plus loin :
« […] lisez les 6e et 7e chapitres du premier livre des Rois. Vous y
trouverez les merveilleux travaux d’Hiram, lors de la construction de la
Maison du Seigneur. »
Tableau de loge
de la Marque
Dans la Maçonnerie anglo-saxonne, qui connaît bien les hauts
grades du Rite écossais ancien et accepté, mais ne les pratique
généralement qu’à partir du 18e degré de Rose-Croix, Adoniram
est très présent dans d’autres grades, complémentaires des
grades du « métier ».
Le grade de la Marque, sans doute le plus pratiqué avec celui
de l’Arc royal par les Maçons anglais, fait référence à Adoniram de
la façon la plus explicite. Pour ouvrir les travaux de la loge comme
pour les fermer, le Vénérable Maître dit : « Au nom d’Adoniram, je
déclare la loge régulièrement ouverte (ou fermée)… »
La présence d’Adoniram est clairement affirmée dans la
cérémonie d’installation du Vénérable Maître de la Marque. Dans
le « psychodrame » support de cette cérémonie, il est dit :
« Après la mort de notre Maître Hiram Abif, dont les circonstances vous
sont bien connues, il fut nécessaire d’élire un nouveau Maître pour le
remplacer […]. Il fut aussitôt reconnu comme le successeur légitime d’Hiram
Abif […] et enfin le nouveau Vénérable Maître est installé dans la chaire
d’Adoniram. »
« Tous les six jours de travail, les Maîtres de la Marque avaient coutume
de se rendre chez le Grand Maître en exercice, Hiram Abif, afin de recevoir
les tracés d’exécution et les instructions pour la poursuite de l’ouvrage. […]
Le travail était interrompu. Hiram Abif en demanda la raison […]. Hiram Abif
envoya chercher le Compagnon du Métier qui avait taillé la pierre et, après
ses réponses, comprit que ce devait en effet être la pierre dont il avait
besoin. Il ordonna qu’une recherche approfondie fût faite aussitôt à la
carrière, et on la retrouva enfin intacte. […] Afin de montrer combien il était
satisfait de l’habileté et de la capacité déployée par l’ingénieux Compagnon
du Métier, Hiram Abif ordonna qu’il fût sans tarder avancé au grade
distingué de Maître de la Marque. »
« […] les différents troubles que la Maçonnerie essuya (note bas de page
= par exemple : à Paris, depuis 1728 jusque vers l’an 1750, le
gouvernement et la police poursuivirent les Maçons, et défendirent les
Loges) obligèrent souvent ses membres à se désunir, et même à se
cacher ; alors les Loges devinrent moins fréquentes, les instructions moins
étendues, et bientôt les symboles qui démontraient ce que la Maçonnerie
était dans son origine, devinrent inintelligibles pour les nouveaux initiés ;
enfin, la négligence de s’instruire fut poussée si loin qu’il s’éleva, il y a
environ quarante ans [c’est-à-dire vers 1745], un schisme parmi les
Maçons. Beaucoup, sans trop savoir pourquoi, fondaient la Maîtrise sur
Hiram, savant Artiste dans la métallurgie, que la Bible nous dit avoir été fils
de Hur, tyrien, et d’une veuve de la tribu de Nephtali. Plusieurs autres,
encore moins instruits, voulaient y substituer Hiram, roi de Tyr, lorsqu’il
parut un catéchisme imprimé (note de bas de page = Il a pour titre :
Catéchisme des Francs-Maçons ou Le Secret des Maçons. Il n’y en avait
pas encore eu d’imprimé en France. La première édition est de 1744, et la
seconde est de 1747 ; l’auteur, que l’on croit abbé, a signé cet ouvrage du
nom de Léonard Gabanon. Il en parut beaucoup d’autres depuis sous
différents noms ; mais ils n’ont été que les échos du premier…) dans lequel
on rétablissait le nom emblématique (Adonhiram), sur lequel la Maîtrise doit
être fondée.
[…] Malgré les erreurs et les sottises que cet ouvrage renfermait, malgré
les vices qu’il imputait aux Maçons, la plus grande partie des Maîtres
l’adopta. […] Alors, se contentant de faire toutes les cérémonies de la
Maîtrise, en mémoire de celui qui avait été grand Architecte de ce fameux
édifice [le Temple], et croyant n’avoir plus rien à approfondir, ils se
disputèrent pour le nom. Une partie prétendait que ce devait avoir été
Hiram, et l’autre voulait que ce fût Adonhiram. Les partisans du premier
supposaient que le mot Adon, était un surnom qui avait été donné à Hiram
lorsqu’il eut fini les travaux d’airain, ou après sa mort ; et se croyant bien
instruits pour les hauts grades, ils osaient conclure que la Bible et tous les
auteurs sacrés s’étaient trompés, et qu’il fallait lire Hiram, grand Architecte
du Temple. Ceux qui respectaient l’Écriture sainte réfutaient ces assertions,
et traitaient leurs auteurs de novateurs ; alors les deux partis se disaient
des injures, s’accusaient réciproquement d’ignorance. Et à quoi cela
avançait-il ? À aggraver l’erreur, et à désunir des hommes chez lesquels
des lois invariables devraient assurer le bonheur et la paix. C’était donc de
la morale qu’il fallait s’occuper, et non de tel ou de tel homme qui vivait il y a
près de quatre mille ans, et qui ne pouvait servir en rien aux Maçons,
quelque intention qu’ils pussent avoir. Comme mon but est d’expliquer la
morale des emblèmes, et de rétablir, s’il m’est possible, chez les Maçons,
l’union, l’estime et l’amitié, je les prie de prêter attention aux vérités que j’ai
rapportées dans tout le cours de cette instruction, et de vouloir bien se
ressouvenir qu’ils s’accordent tous sur ce que la Maîtrise est fondée sur le
grand Architecte du Temple. Or, l’Écriture dit très positivement, au
quatorzième verset du cinquième chapitre du troisième livre des Rois [nous
voyons ici que l’auteur se réfère à la traduction biblique de Lemaître de
Sacy, qui suit la Vulgate et divise les Rois en quatre livres3], que c’était
Adonhiram. Josephe, et tous les auteurs sacrés, en disent autant et le
distinguent, à ne laisser aucun doute, d’Hiram, tyrien, ouvrier en métaux ;
ainsi c’est donc Adonhiram qu’il faut honorer. »
5 1744 La Franc-Maçonne
Et enfin :
« […] ils rendirent compte de cette aventure à Salomon, qui en fut fort
touché, et pour donner des marques de l’estime qu’il avait pour la mémoire
d’Adoniram, il le fit enterrer en grande cérémonie dans son Temple. »
Vérifions ce que l’abbé Pérau a écrit en 1744 dans Le Secret
des Francs-Maçons. Nous lisons (pages 59 à 61) :
« Voilà cet Hiram que l’on regrette aujourd’hui. Je crois qu’il y aura
quelques Maîtres qui m’auront obligation de cet éclaircissement ; on est
toujours bien aise de savoir pour qui l’on pleure. Au reste, je pense qu’il ne
faudrait pas tant s’affliger de la mort de Hiram : si les Francs-Maçons n’ont
besoin que d’ouvriers habiles, ils trouveront, parmi nos modernes, de quoi
se consoler de la perte des anciens. »
« Il n’est donc pas douteux que celui dont les Francs-Maçons honorent la
mémoire s’appelait Adoniram ou Adoram, et que c’est à lui à qui ils
prétendent qu’est arrivée l’aventure tragique, dont je vais faire le récit. »
Ce récit se déroule alors, commençant par une ambiguïté
patente :
Salomon et Hiram
(1742)
Ainsi, nous constatons que ces divulgations des années 1740
font état de la présence, parmi les Francs-Maçons, de deux
thèses qui s’opposent quant au héros légendaire du grade de
Maître, les uns l’appelant Hiram, les autres Adoniram et, malgré
quelques hésitations et confusions, elles donnent nettement la
préférence à Adoniram. Nous pouvons comprendre que
Guillemain de Saint-Victor ait fait, lui aussi, ce choix dans les
années 1780.
D’ailleurs paraît en 1783 un plagiat (un de plus !) du Nouveau
catéchisme des Francs-Maçons de Travenol qui, dans une langue
plus moderne, reprend la même thèse dans le Discours de Maître
pour la réception, qui débute ainsi :
Tableau de loge
du Parfait Maçon.
7 = A[doram].
8 = H[iram
En 1744, paraît une divulgation atypique, Le Parfait Maçon.
C’est un texte riche d’informations sur une forme de Franc-
Maçonnerie différente de celle que nous rencontrons
habituellement, y compris dans les divulgations que nous venons
de citer. Nous y relevons les passages suivants :
« […] Tous ces ouvriers furent joints à ceux qu’Hiram Roi de Tyr lui
envoyait, parmi lesquels se trouvait Hyram Abif, aussi célèbre ouvrier en
métaux, or, argent, bronze, et généralement en toutes sortes de métaux
qu’Adoniram lui-même était célèbre architecte, ce fut lui qui fit les colonnes
J. et B. ainsi que toutes les pièces de fonte qui furent placées dans le
Temple7. »
C’est trop peu pour être sûr que le seul personnage légendaire
du grade de Maître, et en particulier de sa légende, est Hiram.
Mais nous ne devons pas cependant négliger cette possibilité.
Essayons, pour conclure, de tirer parti de toutes ses
informations, dans leur diversité et souvent même dans leurs
contradictions.
Architecte ou ouvrier ? Architecte et ouvrier ? Hiram ou
Adoniram ? Hiram puis Adoniram ? Hiram et Adoniram ? Nous
nous garderons bien d’effectuer des choix aussi difficiles, ayant
collationné des données aussi diverses que partagées et même
opposées.
Hiram, Adoniram, sont-ils les architectes du Temple ? Oui,
disent les légendes maçonniques. Non, dit la Bible. Car enfin,
n’est-ce pas Dieu l’architecte de son temple – à l’image de
l’univers –, comme il a été celui du tabernacle ? N’est-ce pas Dieu
qui a donné toutes les directives et même les plans des
ouvrages ?
Exode, 25, 8-9 : « Ils me feront un sanctuaire, et je demeurerai au milieu
d’eux. Selon tout ce que je te montre, comme le modèle de la Demeure et
comme le modèle de tout son mobilier, ainsi ferez-vous. »
1 Chroniques 28, 11-19 : « David donna à son fils Salomon le plan du
vestibule, et de ses bâtiments, des magasins, des chambres hautes, des
salles intérieures et de la pièce du propitiatoire, ainsi que le plan de tout ce
qu’il avait dans l’esprit concernant les parvis de la maison de Yahvé, toutes
les chambres du pourtour, les Trésors de la maison de Dieu […] et tout le
mobilier pour le service de la maison de Yahvé. » Et David achève cette
longue description du Temple en disant : « Tout cela dans un écrit de la
main de Yahvé, qui m’a fait comprendre tous les travaux de ce plan. »
Bibliographie
PLASKOW, Michael Lionel Not Hiram Abif but Hiram, King of Tyre, in
A.Q.C., vol. 107, 1994, p. 188-191.
WARD, John Sebastian Who Was Hiram Abiff?, Lewis Masonic, 1986.
Marlowe
Crédits iconographiques
Domaine public
Images de couverture, p. 17, 20, 41, 43, 53, 62, 65, 69, 72, 78,
92, 97, 120, 125, 133, 137, 140, 148, 151, 153, 154, 155, 156,
158, 163, 164, 182, 189, 195, 207, 208
Wikimedia Commons
p. 22, 28, 29, 83, 172
Musée de la Franc-maçonnerie
p. 38
Émile DARD, Le Général Choderlos de Laclos auteur des Liaisons dangereuses (1741-1803), Paris,
Perrin, 1905.
6. Cependant, nous devons exprimer une réserve, n’ayant pas pu examiner le certificat et nous assurer
qu’il s’agit bien de la signature de Pierre Ambroise, car il pourrait y avoir confusion avec son oncle Philippe
Jean-Baptiste, alors lieutenant au bataillon de Bréante du Royal-Artillerie, en garnison à Grenoble vers
1743 : nous ignorons s’il était Franc-Maçon, mais cela est possible.
7. Archives municipales de Grenoble, EE 38. Cité par Georges Poisson, op. cit., p. 40.
8. Voir Alain LE BIHAN, Loges et Chapitres de la Grande Loge et du Grand Orient de France, Paris,
Bibliothèque nationale, 1967.
10. Voir Gilles GUDIN DE VALLERIN, « Installation par Choderlos de Laclos d’une loge d’adoption à
Salins (Jura) en 1777 », Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens
pays bourguignons, comtois et romands, 48e fascicule, Éditions Universitaires de Dijon, 1991.
11. Installation de la loge d’adoption de L’Union parfaite à L’O. de Salins. Bibliothèque municipale de
Besançon, A. 58.431.
12. Installation de la loge d’adoption de l’Union parfaite à L’O. de Salins. Bibliothèque municipale de
Besançon, A.58.431.
13. Fragment du discours de Laclos daté du 1er mars 1785, cité par Émile Dard, op. cit., p. 92-93.
14. Journal des débats de la Société des Amis de la Constitution. Cité par Emile Dard, op. cit., p. 278-
279.
15. RIVAROL, Petit dictionnaire des grands hommes de la Révolution, Paris, 1790, cité par Émile Dard,
op. cit., p. 198-199, note 2.
16. Augustin BARRUEL, Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (1818), tome 2, Vouillé,
Diffusion de la Pensée française, 1973, p. 426.
17. Gérard SERBANESCO, Histoire de la Franc-Maçonnerie universelle, tome 2, Paris, Éditions
« Intercontinentale », 1964, p. 463, note 88.
18. Alain LE BIHAN, Francs-Maçons parisiens du Grand Orient de France, Paris, Bibliothèque
nationale, 1966.
21. Nicolas de Bonneville, La Maçonnerie écossoise comparée avec les trois professions et le secret
des Templiers du XIVe siècle – Première partie. Les jésuites chassés de la Maçonnerie, et leur poignard
brisé par les Maçons. Mêmeté des quatre vœux de la Compagnie de S. Ignace, et des quatre grades de la
Maçonnerie de S. Jean – Seconde partie. Orient de Londres 1788. Réimpression en fac-similé, Ventabren,
Les Rouyat, 1979.
26. Voir Alain GUÉDÉ, Monsieur de Saint-George, le Nègre des Lumières, Arles, Actes Sud, 2001.
2. Les restes de Condorcet n’ayant pas été retrouvés, une plaque a été apposée à sa mémoire dans la
crypte du Panthéon.
4. « Discours prononcé dans l’Académie française » – Œuvres, Firmin Didot, Paris 1847-1849, tome I,
p. 392.
5. « Adresse aux citoyens français sur le projet d’une nouvelle Constitution » – Œuvres, tome XII, p.
651-675.
7. Élisabeth et Robert BADINTER, Condorcet. Un intellectuel en politique, Fayard, Paris, 1988, p. 617-
618.
8. Pierre PAGANEL, Essai historique et critique de la Révolution, tome II, 1806, p. 279.
9. Cité par Antoine GUILLOIS, La Marquise de Condorcet, sa famille, son salon, ses amis, 1764-1822,
éditions Paul Ollendorff, Paris 1897, p. 87.
10. « La République française aux hommes libres, 1792 » – Œuvres, tome XII, p. 117.
14. CONDORCET, Cinq mémoires sur l’instruction publique, GF-Flammarion, Paris 2008, p. 87.
15. « Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique » – Œuvres,
tome VII, p. 523.
16. 1789 Recueil de textes et documents du XVIIIe siècle à nos jours, Centre national de
Documentation pédagogique, 1989, p. 222.
17. « Réflexions sur l’esclavage des nègres » – Œuvres, tome VII, p. 66.
18. « Réflexions sur les corvées à Milord *** » – Œuvres, tome XI, p. 66-67.
19. « Lettres d’un bourgeois de New-Haven à un citoyen de Virginie. Lettre deuxième » – Œuvres,
tome IX, p. 15.
20. « Sur l’admission des femmes au droit de cité » – Œuvres, tome X, p. 122.
21. « Lettres d’un bourgeois de New-Haven à un citoyen de Virginie. Lettre deuxième » – Œuvres,
tome IX, p. 16 et 20.
22. « Lettres d’un gentilhomme à messieurs du Tiers État. Lettre première » – Œuvres, tome IX, p. 227.
24. Élisabeth et Robert BADINTER, Condorcet. Un intellectuel en politique, Fayard, Paris, 1988, p. 160-
161.
25. « Lettre aux amis de la liberté » – La Bouche de fer, Bulletin du Centre Social, 1791.
26. « Correspondance générale. 18 – Au roi de Prusse, 19 septembre 1785 » – Œuvres, tome I, p. 315.
27. « Opinion sur le jugement de Louis XVI » – Œuvres, tome XII, p. 300.
30. « Discours lu à l’Académie des Sciences, lorsque la Comtesse et le Comte du Nord (depuis
Paul Ier) y vinrent prendre séance le 6 juin 1782 » – Œuvres, tome I, p. 424-425.
32. « Rapport fait à la Convention nationale par P. C. F. Daunou » – Œuvres, tome VI, p. 4-5.
Notes
1. Les notes de bas de page concernant des auteurs sont simplifiées par un renvoi systématique à la
bibliographie établie par ordre alphabétique et année d’édition, en fin de chapitre.
2. BARRUEL (1797).
3. Cette biographie doit beaucoup au livre de Philippe LE HARIVEL (1923), au prix de nombreuses
rectifications.
9. Die Jesuiten vertrieben aus der Frey Maurerey und ihr Dolch zerbrochen durch die Freymaurer,
Leipzig, Goeschen, 1788.
14. La notice Bonneville publiée par GAUDART DE SOULAGES et LAMANT dans leur Dictionnaire des
Francs-Maçons (éditions J.-C. Lattès, 1995) relève de la plus haute fantaisie.
15. Nicolas de Bonneville, électeur du département de Paris, aux véritables amis de la liberté, Paris,
imprimerie du Cercle Social, s.d.
17. Signalons que le Club des Cordeliers faisait usage d’un jeton de présence et que ce dernier était
orné d’un écu entouré d’un cordon formant plusieurs lacs d’amour et terminé par deux houppes.
23. D’après un document aux archives d’Évreux, Nicolas de Bonneville et Marguerite Brasier (de
Bonneville) ne seraient pas légalement mariés ; ils auraient contracté une union libre (voir Registre des
décès de la commune d’Évreux de 1807).
24. Mort en Amérique le 8 juin 1809 chez Mme Bonneville à Greenwich, faubourg de New York.
26. Washington IRVING – Adventures of Captain Bonneville or Scenes beyond the Rocky Mountains of
the Far West – Londres 1837, Introductory Notice, p. 7-8. N.B. : Ce capitaine était Benjamin Bonneville, fils
de Nicolas, qui devint général dans l’armée des États-Unis.
27. Dans un autre texte, Nodier situe cette boutique rue des Grès.
28. Walter Scott, a créé le personnage de Meg Merrilies la bohémienne dans son roman Guy
Mannering, qu’il a écrit en 1814.
29. Charles NODIER, cité par TECHENER, Bulletin du bibliophile, Paris, 11 novembre 1847.
31. Seules les deux premières parties ont été rééditées : une première fois en 1979 par Les Rouyat, à
Ventabren ; une seconde fois en 1993 par les éditions du Prieuré, à Rouvray. Nous utilisons la réédition
des Rouyat, qui est de meilleure qualité, bien que la gravure soit manquante. Nous avons pu consulter la
troisième partie sur l’exemplaire original de la BNF.
32. Ce document date sans doute de 1786. Les initiales H. R. D. M. représentent le mot HEREDOM, lui-
même dérivé – surtout à partir de 1768 – du mot HARODIM pour qualifier certains grades. À ce sujet, voir
l’article du révérend N. BARKER CRYER, A Fresh Look at the Harodim, dans A.Q.C. vol. 91, Londres,
1979, p. 116-155.
34. Voir l’article de W. WONNACOTT, The Rite of Seven Degrees in London, dans A.Q.C. vol. XXXIX,
Londres, 1928, p. 63-98.
37. Il aurait eu en effet de la peine à démêler l’histoire authentique de la Franc-Maçonnerie, car le seul
problème de ses origines, même si la recherche actuelle a beaucoup progressé, n’est toujours pas résolu.
On a trop souvent pris, comme il le fait lui-même, les rites et les symboles maçonniques comme base
d’étude pour les rapprocher des anciens mystères.
46. SMITH (1783). Voir au sujet de ce livre et de son auteur : Dr John STOKES, Masonic Teachers of
the Eighteenth Century, dans The Collected Prestonian Lectures 1925-1960, Lewis Masonic, Londres
1984, p. 78-83.
52. BONNEVILLE (1788), tome 2, p. 6. Il nous semble que l’enthousiasme de Bonneville lui a fait
nettement exagérer cette estimation numérique !
64. Son principal ouvrage a été traduit en français dès 1783 : NICOLAÏ (1783).
65. Gabriel Honoré Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791). Il fut affilié le 22 décembre 1783 à la
célèbre loge des Neuf Sœurs. Cette affiliation indique qu’il avait auparavant été reçu Apprenti dans une
autre loge, mais on ignore laquelle.
66. Dans l’Ordre des Illuminés, les membres recevaient un surnom : Weishaupt / Spartacus ; Knigge /
Philo ; Nicolaï / Lucian ; Bode / Amelius ; et donc Mirabeau : Arcesilas.
67. Le comte de MIRABEAU – De la Monarchie prussienne sous Frédéric le Grand – Londres 1788.
68. ROBISON (1798).
Notes
1. Voir : Freemasonry on Both Sides of the Atlantic, par R. William WEISBERGER, Wallace
MCLEOD et S. Brent MORRIS, Columbia University Press, New York, 2002.
2. Cette biographie est essentiellement extraite de la Coil’s Masonic Encyclopedia, Henry WILSON
COIL, Macoy Publishing & Masonic Supply Company, New York, 1961.
5. Cité par Stephen S. JONES dans Transactions, Supreme Council 33e, Southern Juridiction,
Washington, octobre 1957, p. 344.
6. Voir : The United Daughters of the Confederacy Memorial at Albert Pike Statue, dans Transactions,
Supreme Council 33e, Southern Juridiction, Washington, octobre 1957, p. 60-61.
et : Jim TRESNER, Albert Pike, The Man Beyond the Monument, Scottish Rite Research Society,
M. Evans and Company, New York, 1995.
7. Arthur Edward WAITE, A New Encyclopæaedia of Freemasonry, Rider & Co, Londres, 1921, p. 278-
279.
8. René DÉSAGULIERS, « Étude en forme de dossier du 20e grade du R.E.A.A. : Grand Maître de
toutes les loges symboliques, 4e partie : Le 20e grade d’Albert Pike aux États-Unis », dans Renaissance
traditionnelle, no 67, juillet 1986, p. 200-201.
11. La Chaîne d’union de Paris, janvier 1887, p. 44 (la première page de cette revue porte par erreur la
date de janvier 1886).
12. A Reply of Freemasonry in behalf of Humanity to the Encyclical Letter « Humanum Genus » of The
Pope Leo XIII, dans : Alphonse CERZA, Anti-Masonry – Transactions of the Missouri Lodge of Research,
volume no 19, 1962 – W. R. Denslow, éditeur, The Ovid Bell Press, Fulton, Missouri, p. 265 à 295.
14. Maçonnerie pratique, Rituel du 33e et dernier degré de la Franc-Maçonnerie, Rite écossais ancien
et accepté, par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur d’un des Suprêmes Conseils confédérés à
Lausanne en 1875, tome second, Édouard Baltenweck éditeur, Paris, 1886.
15. Pike mentionne ces « Pamelies » (Pamylia) dans son commentaire du grade de Chevalier du
Serpent d’airain : « Isis recueille les fragments dispersés du corps d’Osiris, les enterre, et consacre le
phallus, porté avec faste pendant les Pamelies, ou fêtes de l’Équinoxe vernal, au moment où est célébrée
la réunion d’Osiris et de la Lune. » (Morals and Dogma, p. 482). « La source de Pike pour ces fêtes est
dans Plutarque, qui raconte dans son Histoire d’Isis et d’Osiris que les dieux annoncèrent la naissance
prochaine d’Osiris à un certain Pamyles. Il devint le précepteur du jeune Osiris. Pour cette raison, les
Pamelies furent instituées comme une fête que Plutarque décrit comme ressemblant au culte de Priape
chez les Grecs. » (Rex R. HUTCHENS, A Glossary to Morals and Dogma, 1993, p. 335).
17. Arthur PREUSS, Étude sur la Franc-Maçonnerie américaine, Bureaux de la Revue internationale
des Sociétés secrètes, Paris, s.d.
20. La Chaîne d’union de Paris, mars 1886, p. 95-97 ; avril 1886, p. 142-144 ; mai 1886, p. 185-189 ;
juin 1886, p. 230-232.
21. Le 25 mai 1812, Joseph Cerneau a fondé un Suprême Conseil à New York. Albert Pike s’est efforcé
de démontrer son irrégularité, sans qu’il soit possible d’affirmer qu’il avait raison. Sur ce point, lire la notice
CERNEAU, Joseph, rédigée par Alain BERNHEIM dans l’Encyclopédie de la Franc-Maçonnerie, La
Pochothèque, Le Livre de Poche, Librairie générale française, Paris 2000, ainsi que ses quatre articles
publiés dans Heredom, The Transactions of the Scottish Rite Research Society, Washington D.C., vol. 18,
2010 ; vol. 20, 2012 ; vol. 21, 2013 ; vol. 22, 2014.
2. J. M. HAMILL, « John Yarker: Masonic Charlatan? », A.Q.C., vol. 109 de l’année 1996, p. 191-214.
3. « Knights Templar ».
4. Ce Cercle des Correspondants fut créé en janvier 1887. John Yarker y fut régulièrement admis au
mois de mai de la même année sous le N° 77.
5. « Craft ».
6. Cf. Ellic HOWE, « Fringe Masonry in England 1870-85 », A.Q.C., vol. 85 de l’année 1972, p. 242-295.
7. Grand Maître.
8. « Co-sponsor ».
9. « The Worshipful Society of Free Masons, Rough Masons, Wallers, Slaters, Paviors, Plaisterers, and
Bricklayers ».
11. From the Master’s Chair; In Memoriam, The Co-Mason, vol. V, avril 1913, p. 65-70.
12. Puis, chaque année jusqu’au décès de Mme Yarker le 16 janvier 1922, la collecte se poursuivit, lui
assurant jusqu’à la fin de sa vie une modeste rente hebdomadaire de 5 shillings à laquelle s’ajoutait 1 livre
pour Noël. Le compte-rendu financier du Yarker Fund a été publié chaque année de 1913 à 1922 dans le
Co-Mason. Les 10 livres de la dernière collecte furent remises aux enfants de Mme Yarker pour contribuer
aux frais d’obsèques. Le 8 mars 1922, une des filles Yarker écrivit : « J’ai reçu les 10 livres et je vous
remercie beaucoup. Je profite de cette opportunité pour exprimer la gratitude de mes sœurs et de moi-
même à l’Ordre maçonnique mixte pour la bonté conséquente manifestée à notre regrettée mère. Puis-je
adresser nos remerciements à la loge Golden Rule N°21 et à la loge Emulation N°24 pour la preuve toute
récente de leur attentive bonté. Il y a près de neuf ans que mon père est mort. » (The Co-Mason, vol. XIV,
avril 1922, p. 91).
13. Dans une lettre de remerciements adressée aux donateurs, le curateur de Mme Yarker dit : « … Je
ne sais comment vous remercier pour votre chèque. Le résultat [de la collecte] est vraiment splendide.
L’état d’esprit de votre groupe est très différent de celui manifesté par ceux qui se nomment eux-mêmes
les Maçons réguliers. » (The Co-Mason, vol. V, juillet 1913, p. 167).
18. Cette loge de Maîtres Installés, composée uniquement des Vénérables Maîtres de la Juridiction
britannique sous la présidence de la Très Illustre Sœur Annie Besant, déléguée du Suprême Conseil
International du Droit humain, était en fait l’organisme représentant toutes les loges de la Juridiction.
20. Le premier numéro parut en juin 1925 et fut largement diffusé dans toutes les Fédérations et
Juridictions du Droit humain.
21. C’est là que nous avons pu la voir il y a trente-six ans, obligeamment guidé par Miss M.C.
Debenham.
22. Ward K. ST. CLAIR, « The Notebooks of John Yarker », Transactions of the Manchester Association
for Masonic Research, vol. XXXVII, 1947, p. 77.
Cet article est suivi de précisions données par Norman Rogers, auteur du remarquable article « The
Grand Lodge in Wingan ». Op. cit., note 27.
23. John YARKER, Notes on the Scientific and Religious Mysteries of Antiquity, – The Gnosis and
Secret Schools of the Middle Ages–Modern Rosicrucianism–and the various Rites and Degrees of F. &
A. Masonry, 1872.
24. Cf. Anonyme, A Sketch of the History of the Antient and Primitive Rite of Masonry…, Londres, s.d.
(vers 1875).
26. Norman ROGERS, « The Grand Lodge in Wigan », A.Q.C., vol. LXI de l’année 1948, p. 170-210.
30. Cf. John YARKER, The Arcane Schools, Belfast, 1909, p. 493-494.
32. Cf. les déclarations de R.A. Gilbert et de J. Hamill in A.Q.C., vol.109, p. 209 et p. 214.
33. Ward K. ST. CLAIR, The Notebooks of John Yarker, p. 75-90. Op. cit., note 22.
34. The Co-Mason, vol. V, octobre, 1913, p. 218-219.
Notes
1. Gregory TILLETT, The Elder Brother, éd. Routledge et Kegan Paul, Londres, 1982.
2. Leadbeater a donné de son vivant à ses biographes (en particulier Jinarajadasa) une version
imaginaire et très romanesque de sa vie jusqu’en 1878, y compris en donnant une fausse date de
naissance, reprise dans toutes les notices biographiques françaises : le 17 février 1847. Pourquoi cette
falsification ? Nous l’ignorons.
3. Disciple, élève.
4. Ce jeune frère fait partie de la jeunesse imaginaire de Leadbeater. Il n’a jamais existé, et cependant
Leadbeater raconta souvent sa vie et sa mort dans des circonstances dramatiques en Amérique du Sud.
5. Rappelons qu’en Angleterre, en 1895, Oscar Wilde avait été condamné à deux ans de travaux forcés
après la dénonciation publique de ses mœurs homosexuelles par le marquis de Queensberry.
6. En 1933. Mais dès 1927, Krishnamurti refusa d’assumer son rôle de « Messie ». L’Ordre de l’Étoile
d’Orient devint simplement l’Ordre de l’Étoile, et Annie Besant réforma la section ésotérique.
7. Jiddu Narayaniah avait une très grande animosité contre Leadbeater, qu’il accusait d’avoir détourné
de leur famille et de leur éducation hindoue ses deux fils : Krishnamurti et son jeune frère Nityananda.
8. À cette époque, les loges d’Australie relevaient de la juridiction britannique du Droit humain.
9. Nommé aussi, selon ses différentes réincarnations, Comte de Saint-Germain, Prince Rakoczy,
Francis Bacon, Christian Rosenkreutz, Proclus, Roger Bacon ou saint Alban.
10. « Précis of the Leadbeater Police Enquiry » (Minister for Justice), cité par G. TILLETT, op. cit.,
p. 200.
4. Jean-Claude Colfavru (1820-1891) fut président du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France de
1885 à 1887.
8. A. SUAREZ, Briand. Cité par Maurice Dommanget, La Chevalerie du Travail française, p. 114.
9. Voir à ce sujet l’étude de Daniel LIGOU dans son ouvrage Frédéric Desmons et la Franc-Maçonnerie
sous la IIIe République.
11. Rappelons que la position de Briand va très vite se radicaliser puisqu’il va quitter le parti ouvrier
français (guesdiste) pour le parti ouvrier socialiste révolutionnaire (allemaniste).
Notes
1. Adolf Dimitri GRAD, Le meurtre fondamental, Abel – Hiram – Jésus, éditions Alain Lefeuvre, 1981.
2. Alexander HORNE, King Solomon’s Temple in the Masonic Tradition, The Aquarian Press, 1972.
Traduction française : Le Temple de Salomon dans la tradition maçonnique, éditions du Rocher, 1990.
3. Marc-Alain OUAKNIN et Dory ROTNEMER, Le Grand Livre des prénoms bibliques et hébraïques,
Albin Michel, 1993, p. 16.
4. Claude-André VUILLAUME, Manuel maçonnique ou Tuileur des divers rites de Maçonnerie pratiqués
en France, Paris, 1830. Réédition Dervy, Paris, 1975, p. 76.
5. Ibidem, p. 115.
6. Ibidem, p. 163-164.
7. Bible Osty, 2 Chroniques 2, 12. Note « un homme habile, doué d’intelligence » = « rempli d’habileté,
d’adresse et de savoir-faire » (1 Rois 7, 14). – « Houram-Abi », c’est-à-dire : « Houram est mon père » ; en
4, 16, le même artiste sera appelé « Houram-Abiw », c’est-à-dire : « Houram est son père ».
8. 1 Rois 5, 27.
9. « Aucun outil de fer ne fut entendu dans la Maison quand on la bâtissait. » (1 Rois 6, 7).
10. The Revised Ritual of Craft Freemasonry…, by an old Past Master, 7e édition, A. Lewis, Masonic
Publishers, s.d.
Notes
1. Philippe Langlet, Les sources chrétiennes de la légende d’Hiram, Dervy, 2009, annexe A1.2.
2. The Revised Ritual of Craft Freemasonry…, by an old Past Master, 7e édition, A. Lewis, Masonic
Publishers, s.d.
3. « Il [Salomon] les [les ouvriers] envoyait au Liban tour à tour, dix mille chaque mois, de sorte qu’ils
demeuraient deux mois dans leurs maisons ; et Adoniram avait l’intendance sur tous ces gens-là. » (et
Adoniram erat super hujuscemodi indictione)
5. Dans le texte biblique, il est nommé Adoniram, Adoram ou Hadoram, et la fonction de « chef de
corvée » lui est attribuée (cf. 1 Rois 4, 6 - 1 Rois 5,27 - 2 Chroniques 10,18).