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Éditions UNESCO

Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation, 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France • www.unesco.org/publishing
la science et la culture
Courriel : publishing.promotion@unesco.org

Patrimoine mondial :
Bénéfices au-delà des frontières
n Publié à l’occasion du 40e anniversaire
Éditions

Organisation
des Nations Unies
UNESCO
de la Convention du patrimoine mondial,
pour l’éducation,

ce recueil thématique d’études de cas


la science et la culture

Patrimoine mondial offre une analyse approfondie des sites


Bénéfices au-delà des frontières du patrimoine mondial et de leur valeur
universelle exceptionnelle dans le contexte
du développement durable.

n Les études de cas décrivent vingt-six sites


du patrimoine mondial représentant une
variété de thèmes, de typologies et de régions ;
elles expliquent leurs apports positifs aux
communautés locales et aux écosystèmes,
et partagent les enseignements tirés avec
toutes les parties prenantes impliquées.
32,00 €
380 pages, broché,
217 illustrations en couleurs
19 x 24,5 cm
2013, 978-92-3-204242-2

Diffusion La Documentation Française


29-31, quai Voltaire, 75344 Paris Cedex 07
Tél. : 01 40 15 70 00 - Fax : 01 40 15 68 00
www.ladocumentationfrancaise.fr
ou www.unesco.org/publishing (Paiement sécurisé)
WH 74
PATRIMOINE MONDIAL Nº74

éditorial
i les catastrophes dues aux inondations, tempêtes tropicales, raz de marée,
tremblements de terre et autres risques naturels ou causés par l’être humain ne
constituent pas des faits exceptionnels en soi, force est toutefois de constater que leur
nombre et leur impact ont récemment augmenté à travers le monde, menaçant désormais
davantage de personnes et de biens. Les inondations et les tempêtes, en particulier,
semblent s’intensifier sous l’action du réchauffement climatique. Malheureusement, cette
inquiétante tendance concerne également les sites du patrimoine mondial, comme on a pu
le voir au cours des dernières années.
Face à cette menace grandissante, la communauté du patrimoine mondial a lancé une
initiative mondiale visant à anticiper ces événements à travers des mesures préventives, et
à intervenir rapidement en cas de situation d’urgence. Une série de politiques, d’outils et
Couverture : Bouddha couché dans la
d’activités de renforcement des capacités, a été développée à la lumière de la stratégie de
Ville historique d’Ayutthaya, Thaïlande, réduction des risques sur les biens du patrimoine mondial adoptée en 2007 par le Comité
lors des inondations en 2011.
du patrimoine mondial. Son but consiste à soutenir les efforts déployés par les États parties
à la Convention du patrimoine mondial pour protéger leur patrimoine des risques de
catastrophe, et à exploiter le potentiel souvent négligé du patrimoine en tant que source de
résilience pour les communautés concernées.
À travers quelques exemples particulièrement saisissants, ce numéro de Patrimoine
Mondial nous montre comment il est possible de réduire les risques pour le patrimoine,
et comment ce dernier peut jouer un rôle clé pour rebâtir la cohésion sociale et restaurer
la confiance des communautés frappées par une catastrophe, en créant des possibilités
d’emploi et de développement économique à long terme. Les contributions de Yasmeen
Lari sur le Pakistan et de Zhou Jian sur la Chine sont particulièrement pertinentes à cet
égard. Rohit Jigyasu dresse, quant à lui, un bilan très utile des risques de catastrophe
actuels, tandis que Margareta Wahlström examine lors de son entretien les corrélations qui
existent entre les catastrophes et la culture. Enfin, l’article de Colleen Crawford Cousins,
Andrew Zaloumis et Bronwyn James sur le Parc de la zone humide d’iSimangaliso inscrit au
patrimoine mondial en Afrique du Sud souligne pourquoi il est si important d’investir dans
la résilience sociale et environnementale, en négociant avec toutes les parties prenantes et
en restaurant les habitats dégradés, afin de renforcer les capacités des communautés et des
sites pour faire face aux dangers soudains et aux pressions liées au changement climatique.
Ce numéro couvre également les efforts actuellement déployés pour intégrer la question
du patrimoine dans les politiques post-2015 (Cadre d’action de Hyogo 2) qui seront adoptées
en mars 2015 à Sendai (Japon) lors de la 3e Conférence mondiale sur la réduction des risques
de catastrophe.

Kishore Rao
Directeur du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
S o mmaire
Magazine trimestriel publié en français, anglais
et espagnol conjointement par l’Organisation des
Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO), Paris, France, et par Publishing
for Development Ltd., Londres, Royaume-Uni.
Directeur éditorial
Kishore Rao
Directeur du Centre du patrimoine
mondial de l’UNESCO

Éditeur
Publishing for Development
Dossier
Chef de rédaction
Vesna Vujicic-Lugassy

Rédacteurs
Encourager la résilience 8
Helen Aprile, Gina Doubleday, Michael Gibson

Coordinateur de production Dossier 4


Richard Forster
Encourager la résilience pour réduire les risques
Éditeur de production de catastrophe du patrimoine mondial 4
Caroline Fort Séismes, cyclones ou incendies, les sites du
Correction de copie
patrimoine mondial sont exposés à une multitude
Caroline Lawrence (anglais), Brigitte Strauss de menaces naturelles et créées par l’homme dont

9
(français), Luisa Futoransky (espagnol) l’impact sur leur valeur et sur la vie et les biens des
communautés concernées peut être dévastateur.
Conseil éditorial
ICCROM : Joseph King, ICOMOS: Regina Durighello,
UICN : Tim Badman, UNESCO World Heritage Reconstruction du quartier historique
Centre: Nada Al Hassan, Feng Jing, Edmond de Xijie à Dujiangyan, province du Sichuan,
Moukala, Mauro Rosi, Mechtild Rössler, suite à une catastrophe 16
Petya Totcharova,Isabelle Anatole Gabriel Le projet de reconstruction visait à répondre
Vinson, UNESCO Publishing : Ian Denison
aux objectifs de conservation du patrimoine, de
Assistante de rédaction reconstruction post-catastrophe et d’équité sociale
Barbara Blanchard à travers une vaste participation communautaire et
Publicité
Fernando Ortiz, Fadela Seddini, Peter Warren 19 la collaboration des organismes gouvernementaux
pertinents, d’entreprises publiques, des habitants
et des universités.
Couverture
Photo : Atsushi Hariu Développer la résilience dans le Parc
Design : Recto Verso
de la zone humide d’iSimangaliso 22
Rédaction iSimangaliso a développé la résilience écologique
Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO et sociale ainsi que la maîtrise des risques sur le
7, place de Fontenoy, 75007 Paris site. Le parc met en œuvre une stratégie globale
Tél. (33.1) 45 68 16 60 – Fax. (33.1) 45 68 55 70

25
E-mail : g.doubleday@unesco.org qui permet d’atténuer les facteurs de stress
INTERNET : http://whc.unesco.org sociaux et écologiques liés aux changements
environnementaux prévisibles.
Publicité, production
Publishing for Development
5 St. John’s Lane - Londres EC1V 4PY - RU Initiative post-catastrophe au Pakistan 28
Tél : +44 2032 866610 - Fax :+44 2075 262173 Les programmes de développement post-
E-mail : info@pfdmedia.com catastrophe mis en place par la Fondation
Abonnements du patrimoine du Pakistan sont conçus pour
Jean De Lannoy, DL Services sprl encourager le développement des compétences
Avenue du Roi 202 - B 1190 Bruxelles - Belgique traditionnelles et créatives, notamment chez les

34
Tél : +32 2 538 43 08 - Fax :+32 2 538 0841 femmes issues des secteurs marginalisés de la
E-mail : subscriptions@dl-servi.com
société.
Les idées et opinions exprimées dans les articles sont celles des auteurs et
ne reflètent pas nécessairement les vues de l’UNESCO. Les appellations
employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant à
leurs frontières ou limites.
Publié par Publishing for Development Ltd., Londres, Royaume-Uni.
ISSN : 1020-4520. © UNESCO – Publishing for Development Ltd. (2014)
PATRIMOINE MONDIAL Nº74
Focus 38

Troisième Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophe


La 3e Conférence mondiale sur la réduction des risques de catastrophe
(WCRRC), qui se tiendra du 14 au 18 mars 2015 à Sendai (Japon), sera le
rassemblement intergouvernemental le plus important des dix dernières
années en matière de risques de catastrophe. Cette conférence devrait
adopter la politique internationale de RRC post-2015.

Forum 43 40
Entretien 44
Margareta Wahlström, Représentante spéciale du Secrétariat général des
Nations Unies pour la prévention des catastrophes et Responsable du Bureau
des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR).

Organisations consultatives 47
Gérer les risques de catastrophes pour le patrimoine mondial : un outil pour
identifier, évaluer et réduire les risques pour le patrimoine.

45 52
Conventions 50
Sept projets dans le secteur de la créativité reçoivent un soutien financier ;
ICORP ; Trente-quatre nouveaux éléments du patrimoine immatériel ; Une
coopération multilatérale sur la biodiversité.

Nouvelles 53

Préservation 54-55

55 57
De chasseur-cueilleur à producteur ; Le Centre du patrimoine mondial et les
PEID à Samoa ; Un plan de développement pour les entrepreneurs locaux.

Sites en péril 57-59


Une protection efficace pour les forêts humides de Madagascar ; Sauvegarde
du patrimoine culturel iraquien; Réduire la pression du pâturage en
Éthiopie ; Disparition du braconnage à Selous.

Promotion 60-63
Les volontaires du patrimoine mondial à pied d’œuvre dans les rizières en
terrasses ; Renforcement de la collaboration pour la Réserve de faune du
Dja ; Le Réseau du patrimoine mondial des pays nordiques-baltes se penche
sur le tourisme durable ; De jeunes leaders filment les sites du patrimoine
mondial lors d’un atelier de formation en médias/communication à
Gyeongju ; Le cas du patrimoine disparu, 13e épisode.

Télécharger l’application Patrimoine Mondial


59
Disponible pour iPad, Android et tablettes
Édition et multimédia 64 Kindle Fire.
Grâce à l’application, vous pouvez non
Calendrier 65 seulement lire des articles exclusifs écrits par
des experts sur le terrain, mais voir des vidéos de sites les
Bulletin d’abonnement 67 plus spectaculaires du monde.
Télécharger l’application du magazine Patrimoine Mondial de
Prochain numéro 69 iTunes, Amazon et Google Play.

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Panasonic, partenaire de longue date du Centre


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du patrimoine mondial de l’UNESCO, contribue à


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l’impression du magazine Patrimoine Mondial.


Organisation Convention
des Nations Unies du patrimoine
pour l’éducation, mondial
Éditions UNESCO la science et la culture
Dossier Réduire les risques de catastrophe du patrimoine mondial

Encourager la
résilience
Pour réduire les risques
de catastrophe du
patrimoine mondial
Rohit Jigyasu
Titulaire de la Chaire UNESCO, Centre de recherches pour l’atténuation
des catastrophes sur le patrimoine culturel urbain, Université de
Ritsumeikan, Kyoto, JAPON
Président, ICORP (Comité scientifique international de l’ICOMOS pour
l’anticipation des risques et mesures d’urgence)
Président, ICOMOS - Inde

La Vieille ville de Hoi An (Viet Nam) est menacée par les inondations annuelles.
© Anh Dinh

4 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier

Patrimoine Mondial Nº74 5


A
Dossier Réduire les risques de catastrophe du patrimoine mondial

u cours de ces dernières glaciers provoquée par la hausse des tem- forte activité sismique, on constate que
années, les catastrophes pératures pourrait entraîner le débordement beaucoup de ces sites présentent un risque
naturelles et les des lacs glaciaires et l’inondation des villes et particulièrement élevé en raison de la
catastrophes causées par des villages situés en aval. proximité des lignes de faille.
l’être humain ont entraîné Dans certaines régions, l’augmentation Il importe également de noter que ces
d’énormes pertes sur les sites du patrimoine de la fréquence de fortes précipitations catastrophes menacent non seulement les
mondial. Les exemples les plus notables provoquera des inondations et des caractéristiques physiques des valeurs patri-
comprennent le site de Bam et son paysage glissements de terrain, qui pourraient moniales, mais aussi la viabilité des usages
culturel (République islamique d’Iran) susciter d’importantes pertes tant humaines traditionnels et des systèmes de gestion qui
dévasté en 2003 par un violent tremblement que matérielles. Le changement climatique ont justifié l’inscription de nombreux sites sur
de terre, les Vieille ville et Nouvelle ville pourrait également intensifier le nombre et la la Liste du patrimoine mondial. Le risque hu-
d’Édimbourg (Royaume-Uni) gravement violence des cyclones (typhons et ouragans). main, en termes de visiteurs, de personnel et
endommagées par un incendie en 2002 Tous ces dangers ont également un des communautés locales implantées sur ces
et les Bouddhas de Bamiyan (Afghanistan) impact déplorable sur le patrimoine culturel, sites et sur leur périphérie, doit également
en 2001, détruits par des actes de être pris en compte, tout comme le
vandalisme commis dans le cadre doivent les précieuses collections de
des conflits armés. Le 31 juillet 2003, documents et de données conser-
la foudre a déclenché cinq départs vées sur place. Enfin, toute évaluation
d’incendies au sein du parc national des risques doit aussi tenir compte de
de Kootenay, un bien qui fait partie l’impact des catastrophes sur le déve-
des Parcs des montagnes Rocheuses loppement économique et social des
canadiennes inscrits au patrimoine populations concernées, notamment
mondial. Le feu s’est propagé de en termes d’emplois et de revenus
manière imprévue à travers le site et découlant de ressources patrimo-
a ravagé un total de 17 000 ha. Plus niales, et sur l’identité, la cohésion
récemment, les fortes inondations sociale et la capacité à accéder à cer-
qui ont touché la Thaïlande en 2011 tains usages culturels et à les honorer.
ont entraîné des pertes considérables L’urbanisation compte parmi les
sur le site du patrimoine mondial La vieille ville de Lijiang (Chine) et sa région sont soumises à des principaux facteurs qui augmentent
d’Ayutthaya tandis que les troubles tremblements de terre. La ville en a souffert à plusieurs reprises. la vulnérabilité et les risques des po-
© F.Starr
civils et le terrorisme qui frappent le pulations, des biens, de l’économie
Mali et la République arabe syrienne et du patrimoine. On constate en
ont causé d’immenses dégâts au patrimoine comme l’ont démontré les feux de forêt effet aujourd’hui une rapide expansion du
culturel de ces deux pays, à tel point d’Europe de l’Est qui ont menacé le Site tissu urbain à travers le monde. En 2007, le
d’ailleurs que les six biens syriens inscrits au archéologique d’Olympie (Grèce) en 2008. nombre de personnes vivant en ville égalait
patrimoine mondial figurent désormais sur la Les crues subites provoquées en 2013 par le nombre en milieu rural, et depuis cette
Liste du patrimoine mondial en péril. des précipitations sans précédent dans date celui-là ne cesse d’augmenter. On es-
Aujourd’hui, le changement climatique l’État indien d’Uttarakhand ont détruit time qu’entre 2007 et 2025, 1,29 milliard de
amplifie encore les catastrophes et leurs ef- de nombreuses structures du patrimoine, personnes quitteront la campagne pour aller
fets dévastateurs. De 1988 à 2007, 76 % de tandis que les tempêtes qui ont frappé s’installer en ville et que quarante-huit villes
toutes les catastrophes recensées étaient en l’Europe occidentale en 2010 ont inondé de présentent déjà une densité démographique
effet d’ordre hydrologique, météorologique nombreux centres-ville historiques. Les villes supérieure à 15 000 habitants par km2.
ou climatologique. Celles-ci représentaient du patrimoine mondial situées le long des Suite à cette urbanisation galopante, de
45 % des décès et 79 % des pertes éco- côtes et des rivières feront face désormais à nombreux biens du patrimoine mondial se
nomiques dus aux catastrophes naturelles. des risques accrus d’inondation (voir la carte trouvent désormais englobés dans des zones
La probabilité d’une amplification des phé- de la Banque mondiale p. 8)1. urbaines densément peuplées marquées
nomènes météorologiques extrêmes nous Par ailleurs, beaucoup de phénomènes par d’énormes concentrations de personnes
donne à penser que le nombre et l’ampleur liés au changement climatique, dont la et une accessibilité réduite, deux facteurs
des catastrophes liées au climat seront éga- hausse des températures, les variations de qui ne font qu’augmenter leur vulnérabilité
lement beaucoup plus importants désor- température extrêmes et l’humidité relative, aux catastrophes. Le cas des sites du patri-
mais. Une sécheresse extrême, par exemple, aggravent bien souvent des facteurs de moine mondial situés à Kyoto (Japon) et à
pourrait se traduire par une augmentation risque sous-jacents, augmentant ainsi la Katmandou (Népal) illustrent fort bien ce
des feux de forêt, tandis que l’élévation du vulnérabilité des biens du patrimoine et la point.
niveau de la mer, associée aux tempêtes cô- probabilité de catastrophes. Ces processus de transformation aug-
tières, augmentera l’impact des raz de marée Si l’on compare la carte des biens du mentent également la vulnérabilité des
et des inondations fluviales. Et la fonte des patrimoine mondial à celle des zones à peuplements historiques situés au sein de

6 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
SITES DU PATRIMOINE MONDIAL (JUIN 2008)
SITUÉS DANS DES ZONES D’ACTIVITÉ SISMIQUE
Seisme
Patrimoine mondial culturel
Patrimoine mondial naturel

En 2003 la foudre a provoqué le départ de cinq feux dans le parc national Kootenay qui ont dégénéré en
l’un des plus grands feux de forêt dans les Rocheuses canadiennes (Canada).
© Adam Kahtava

Patrimoine Mondial Nº74 7


Dossier Réduire les risques de catastrophe du patrimoine mondial

L’Ancienne ville d’Alep (République arabe syrienne) est l’un des six sites du patrimoine mondial syriens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
© Silvan Rehfeld

Risque d’inondation dans les villes du patrimoine mondial. Risque de glissements de terrain dans les villes du patrimoine mondial.
© World Bank © World Bank

8 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
nombreuses villes du patrimoine mondial. En cartes. Au fil des siècles, certaines commu- Enfin, le symbolisme inhérent au patri-
effet, les changements d’occupation, de po- nautés côtières ont non seulement appris à moine constitue un mode de communication
pulations et des économies effacent les fron- anticiper les catastrophes naturelles, mais particulièrement puissant pour alerter les po-
tières urbaines traditionnelles, perturbent aussi à mieux les gérer en mettant en place pulations aux risques de catastrophe et pour
les délicates relations écologiques en place diverses mesures appropriées, notamment aider les victimes à surmonter l’impact psy-
et exposent ces peuplements à des risques la construction d’habitations sur pilotis ou chologique de ces phénomènes. Les réseaux
externes de plus en plus importants. Par l’érection de structures résistant au vent. sociaux traditionnels assurant un soutien mu-
ailleurs, les communautés locales perdent le Après une catastrophe, les compétences tra- tuel et l’accès aux biens collectifs constituent
contrôle de leurs propres ressources dans la ditionnelles peuvent également favoriser la également des mécanismes d’adaptation très
mesure où leurs systèmes de gestion tradi- reconstruction de communautés résilientes, efficaces pour aider les communautés.
tionnels sont peu à peu remplacés par des à condition bien sûr que de telles compé-
systèmes étrangers, qui, dans bien des cas, tences aient été perpétuées. Les artisans et Niveau actuel de préparation
s’avèrent incapables de réduire les risques qui les maçons locaux peuvent mettre à profit ce Malgré les nombreux efforts déployés
pèsent sur les communautés locales instal- précieux savoir-faire pour bâtir des abris en pour réduire la vulnérabilité du patrimoine
lées dans ces zones. La disparition progres- utilisant les ressources locales, des matériaux aux catastrophes, un rapport préparé en
sive des savoir-faire traditionnels, de 2006 par le Centre du patrimoine
l’artisanat et des pratiques culturelles mondial à la demande du Comité du
est une autre conséquence de ce patrimoine mondial a constaté que
phénomène qui menace les facettes « la plupart des biens du patrimoine
vivantes du patrimoine. mondial, et notamment ceux situés
D’autres facteurs, tels que le dans les régions du monde en
manque de ressources ou l’absence développement, ne possèdent ni
d’entretien et de surveillance, politiques, ni plans, ni procédures
augmentent aussi la vulnérabilité des définis pour gérer les risques liés
biens du patrimoine mondial face aux catastrophes potentielles2 ».
aux risques de catastrophe. Une étude récemment réalisée
par le Centre du patrimoine mondial
La contribution du touchant aux risques géologiques,
patrimoine à la résilience étude fondée sur des données en
Et pourtant, il ne faut pas croire libre accès, a révélé que 76 % de
que le patrimoine matériel et im- Cathédrale du Saint-Sacrement, Christchurch l’ensemble des biens du patrimoine
matériel ne représente qu’une res- (Nouvelle-Zélande) après le tremblement de terre de 2011. mondial seraient potentiellement
© UNESCO
source passive, susceptible d’être exposés à au moins un des cinq
frappée et endommagée par des principaux risques naturels géolo-
catastrophes. Comme le démontrent de de récupération ou en recyclant des parties giques (tremblement de terre, tsunami, glis-
très nombreux exemples, le patrimoine joue de structures effondrées, rendant ainsi leurs sement de terrain, éruption volcanique ou
un rôle déterminant dès lors qu’il s’agit de communautés moins dépendantes d’une érosion extrême). Cette étude a également
renforcer la résilience des communautés et aide extérieure et fournissant des moyens examiné les données de deux systèmes de
de sauver des vies et des biens. Le patri- de subsistance cruciaux à un redressement comptes rendus de la Convention du patri-
moine culturel renferme notamment des durable. Dans cette optique, le patrimoine moine mondial afin d’évaluer le niveau de
systèmes de savoirs traditionnels, affinés au culturel permet d’optimiser les ressources connaissance et d’anticipation des risques
fil des siècles, qui pourraient jouer un rôle locales et les besoins socioculturels des com- géologiques affectant les biens du patri-
clé dans la prévention et l’atténuation des munautés. moine mondial. Selon ces rapports, 51 %
risques de catastrophe, et contribuer ainsi Les sites du patrimoine culturel offrent des gestionnaires de site auraient signalé
à un développement plus durable. Ces sa- également un refuge sécurisé aux victimes que leurs sites étaient effectivement expo-
voirs locaux permettent bien souvent aux de catastrophes. C’est ainsi que, suite à la sés à au moins un risque géologique.
communautés de gérer plus efficacement les catastrophe qui frappa la partie orientale Un autre projet de recherche a examiné
risques naturels en fonction de leurs modes du Japon en 2011, les temples situés soixante biens du patrimoine mondial et
de vie, leurs coutumes ou de leurs moyens en hauteur accueillirent les populations conclu que quarante et un biens répartis
de subsistance traditionnels. Lors des trem- sinistrées. En l’absence d’électricité, des sur dix-huit pays étaient particulièrement
blements de terre meurtriers qui ont frappé systèmes traditionnels d’acheminement de menacés par des risques, soit naturels, soit
le Gujerat, le Cachemire et Haïti, force est l’eau, s’ils sont bien entretenus, peuvent causés par l’être humain, selon l’Indice de
de constater que plusieurs constructions également offrir une ressource précieuse en risque mondial3. Les données des archives
traditionnelles ont su résister aux secousses cas de crise, comme l’ont montré les hitis de l’UNESCO sur les systèmes de gestion
alors que de nombreuses constructions mo- (réservoirs d’eau) de la vallée de Katmandou mis en place sur les biens en question furent
dernes s’écroulaient comme des châteaux de au Népal. ensuite examinées en vue d’établir en quelle

Patrimoine Mondial Nº74 9


Dossier Réduire les risques de catastrophe du patrimoine mondial

mesure les risques pertinents avaient été des Nations Unies pour la réduction des notamment en termes de réponse et de
identifiés et pris en compte. risques de catastrophe (ONU-SIPC). redressement suite à une catastrophe. On
Malgré la vulnérabilité grandissante du En 2007, une stratégie de réduction des sait aussi que la culture au sens large, et le
patrimoine culturel face aux dangers, les risques pour les biens du patrimoine mondial patrimoine en particulier, jouent tous deux
risques de catastrophe ne sont pas un do- a notamment été présentée et approuvée un rôle important dans le redressement et
maine prioritaire dans la gestion des biens par le Comité du patrimoine mondial lors la réhabilitation durables des communautés
du patrimoine mondial. Seuls six biens sur de sa 31e session. Cette stratégie identifie à la suite d’une catastrophe.
les soixante étudiés semblent se conformer, cinq objectifs et actions connexes axés sur Tirant son inspiration de ces exemples
du moins par écrit, à la demande du Comité cinq priorités d’action identifiées dans le le manuel de référence du patrimoine
du patrimoine mondial qui stipule que « des cadre d’action de Hyogo 2005-2015, qui mondial intitulé Gérer les risques de catas-
éléments de gestion des risques » doivent constitue la principale politique de l’ONU trophes pour le patrimoine mondial, publié
être intégrés à leurs systèmes de gestion. en termes de réduction des risques. conjointement par l’UNESCO, l’ICCROM,
Bien que les données sur lesquelles l’ICOMOS et l’UICN en 2010, consti-
reposent ces études soient incom- tue une réalisation historique 4. Pour
plètes et leurs conclusions prélimi- la première fois, les gestionnaires de
naires, cette analyse montre néan- site disposent de conseils pratiques
moins que l’on constate un écart pour élaborer des plans de gestion
sensible entre l’étendue réelle des des risques en cas de catastrophe, et
risques pesant sur certains biens du ce dans le cadre d’un système global
patrimoine mondial et le degré de de gestion de site.
conscience qu’en ont des autorités Une autre initiative importante
compétentes. L’absence de stratégies pour la résilience et le patrimoine fut
et de plans de gestion des risques lancée par le Comité international
de catastrophe sur de nombreux de l’ICOMOS pour l’anticipation
biens du patrimoine mondial qui sont des risques (ICOMOS-ICORP) et
pourtant exposés à des risques mul- fut élaborée en collaboration avec
tiples suggère qu’il est urgent d’en- l’UNESCO, l’ICCROM et l’UNISDR
treprendre des évaluations sur le ter- Un projet visant à élaborer un plan d’atténuation des durant la Plateforme mondiale sur
rain et, le cas échéant, d’élaborer les risques d’inondation de la Ville historique d’Ayutthaya (Thaïlande) la réduction des risques, tenue en
stratégies d’atténuation appropriées. a été lancé en 2013. mai 2013 à Genève. Une publication
© UNESCO
Face à la vulnérabilité croissante du spéciale renfermant diverses études
patrimoine culturel et en vue de l’ab- de cas soulignant le rôle qu’est
sence quasi totale de plans de réduction 1. Le renforcement du soutien pour les susceptible de jouer le patrimoine culturel
des risques en cas de catastrophe, et du initiatives mondiales, nationales et locales dans le renforcement de la résilience des
faible niveau de sensibilisation aussi bien pertinentes visant à réduire les risques communautés face aux catastrophes fut
des parties prenantes que de l’opinion pu- qui menacent les biens du patrimoine également présentée à cette occasion5.
blique et compte tenu, enfin, du manque mondial. En matière de renforcement des capacités,
de ressources nécessaires pour renforcer les 2. L’utilisation des connaissances, de une initiative novatrice a été mise en route
capacités, il paraît indispensable de prendre l’innovation et de l’éducation pour par la Chaire de l’UNESCO établie au sein
des mesures concrètes visant à faire pro- établir une culture de prévention des du Centre de recherches pour l’atténuation
gresser la question du patrimoine dans le catastrophes sur l’ensemble des biens du des catastrophes sur le patrimoine
programme de la réduction des risques et patrimoine mondial. culturel urbain, Université de Ritsumeikan
à sensibiliser surtout les professionnels et 3. L’identification, l’accès et la surveillance (Kyoto, Japon), en collaboration avec
les gestionnaires de patrimoine. Dans cette des risques de catastrophe sur l’ensemble l’ICCROM, l’ICOMOS-ICORP et le Centre
optique, il serait utile de s’appuyer sur les des biens du patrimoine mondial. du patrimoine mondial. La Chaire organise
préoccupations et réalisations passées. 4. La réduction des facteurs de risque depuis 2006 un programme de formation
sous-jacents sur l’ensemble des biens du international en matière de gestion des
Initiatives mondiales patrimoine mondial. risques qui menacent le patrimoine culturel.
Afin de relever ces défis à l’échelle mon- 5. Le renforcement de la préparation aux Ce programme s’adresse à différents
diale, plusieurs initiatives ont récemment catastrophes sur l’ensemble des biens du groupes et notamment à des institutions
été lancées par diverses organisations inter- patrimoine mondial de manière à fournir gouvernementales, des ministères, des
nationales telles que l’UNESCO, le Centre une réponse efficace à tous les niveaux. universités, des ONG et des conseillers privés
international d’études pour la conserva- On dispose aujourd’hui de nombreux en patrimoine culturel, ainsi que d’autres
tion et la restauration des biens culturels exemples indiquant que le patrimoine secteurs concernés par la gestion des
(ICCROM), le Conseil international des mo- culturel peut assurément contribuer à dé- catastrophes. L’expérience acquise au cours
numents et des sites (ICOMOS) et le Bureau velopper la résistance des communautés, de ce programme a récemment abouti à la

10 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
La Vallée de Kathmandu (Népal) fait face à un développement urbain important.
© Dietmar Temps

publication d’un guide de formation visant Thang Long à Hanoï (Viet Nam) et la Ville en 1949. L’Inde a récemment organisé son
à aider les organismes qui souhaitent mettre historique d’Ayutthaya (Thaïlande), ont premier exercice de simulation sur le site
en place des programmes de formation également élaboré des plans de gestion des d’observation astronomique Jantar Mantar
similaires de par le monde6. L’UNESCO et risques en cas de catastrophe et procèdent de Jaipur, inscrit au patrimoine mondial.
l’ICCROM, agissant en collaboration avec actuellement à leur mise en œuvre. L’expérience nous a aussi appris que
divers organismes, ont mené plusieurs Un autre aspect clé concerne la destruction du patrimoine culturel est
autres activités de renforcement des l’organisation de simulations ou d’exercices souvent due aux actions mal avisées des
capacités dans ce domaine aux niveaux d’intervention d’urgence pour veiller à ce organismes de secours d’urgence nationaux
international, national et régional. Ces que le personnel des sites et des organismes et internationaux qui ne disposent d’aucune
dernières comprennent des programmes d’intervention extérieurs soient en mesure méthodologie appropriée qui leur permette
de formation en Italie, Albanie, Roumanie, de tester et d’améliorer régulièrement leurs d’évaluer les dégâts en tenant compte tout
Mexique, Inde, Indonésie, Viet Nam, procédures opérationnelles. Le Japon a pris à la fois de la sécurité et des valeurs du
Myanmar et Égypte ainsi qu’un programme l’initiative dans ce domaine, en organisant patrimoine. Bien souvent, on évalue l’état
prévu en Bulgarie à la fin 2014. Plusieurs une Journée nationale de réduction des de bâtiments historiques et traditionnels,
sites du patrimoine mondial, comme catastrophes tous les 26 janvier, une construits de manière artisanale, en leur
l’Ensemble de monuments de Hué, la date choisie en souvenir de l’incendie qui appliquant des normes conçues pour des
Vieille ville de Hoi An, la Cité impériale de détruisit le temple historique de Horyu-ji bâtiments modernes. Au final, beaucoup

Patrimoine Mondial Nº74 11


Dossier Réduire les risques de catastrophe du patrimoine mondial

Le Paysage culturel et vestiges archéologiques de la vallée de Bamiyan (Afghanistan) est le témoignage


de la tragique destruction des deux bouddhas debout par les talibans en 2001.
© Tracy Hunter

Notes
1
Bigio, A.G., Ochoa, M.C., Amirtahmasebi, R., McWilliams, K. 2011. “Climate-resilient, Climate-friendly World Heritage Cities’”, Banque mondiale,
rapport présenté lors du 11e Congrès de l’Organisation des villes du patrimoine mondial, Portugal, 22-25 novembre 2011.
2
UNESCO (2006). « Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, Comité du patrimoine mondial : Stratégie de
réduction des risques de catastrophe sur les sites du patrimoine mondial » adoptée par l’Assemblée générale lors de sa 30 e session tenue à Vilnius en
Lituanie. WHC-06/30.COM/7.2, p.1
3
http://www.worldriskreport.com/Bericht.435.0.html?&L=3
4
http://whc.unesco.org/uploads/activities/documents/activity-630-1.pdf
5
http://icorp.icomos.org/index.php/news/44-new-icorp-publication-heritage-and-resilience
6
Jigyasu, R., et Arora V. 2013. Disaster Risk Management of Cultural Heritage in Urban Areas: A Training Guide, Centre de recherches pour l’atténuation
des catastrophes sur le patrimoine culturel urbain, Université de Ritsumeikan, Kyoto.
7
http://www.recoveryplatform.org/pdna/
8
Mercer, J., Kelman, I., Alfthan, B., et Kurvits, T. 2012. “Ecosystem-Based Adaptation to Climate Change in Caribbean Small Island Developing
States: Integrating Local and External Knowledge”, extrait de Sustainability, vol. 4, n° 8, pp. 1908-1932. Disponible sur http://www.mdpi.com/2071-
1050/4/8/1908/pdf

12 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
de ces anciennes structures sont démolies, ration, d’intervention et de redressement dination, deux aspects indispensables à une
jugées « dangereuses ». Pour relever qu’ils mettent en place. Simultanément, gestion efficace des risques de catastrophe.
ce défi, la culture et le patrimoine ont tandis que les organismes chargés de la Le patrimoine doit aussi avoir sa juste
récemment été admis en tant que « secteur conservation et de la gestion du patrimoine place dans la chaîne de commandement
autonome » dans le Rapport d’évaluation doivent intégrer la gestion des risques dans et il faut veiller à ce que les compétences
des besoins post-catastrophe (PDNA)7. leurs procédures et leurs pratiques de ges- en patrimoine soient adéquatement
Cet exercice mené par les gouvernements, tion des sites dans l’espoir de réduire effi- représentées parmi les équipes d’urgence,
avec le soutien de l’Organisation des cacement les risques de catastrophe qui avec une autorité suffisante accordée aux
Nations Unies, la Commission européenne, affectent le patrimoine culturel. experts en patrimoine et des protocoles
la Banque mondiale et d’autres acteurs En travaillant de manière plus concertée, écrits définissant clairement l’engagement
nationaux et internationaux, est mis en il sera possible d’exploiter pleinement l’en- pris en faveur du patrimoine.
œuvre à la suite de catastrophes majeures. gagement croissant en faveur de la protec- De plus, l’intégration et le renforcement
Il permet d’intégrer la question du des connaissances et des perspec-
patrimoine dans l’identification tives traditionnelles et locales doi-
des besoins de redressement, les vent être encouragés dans le cadre
demandes de financement, et dans de l’évaluation des risques, et ce
les stratégies de redressement et de en parallèle avec les perspectives
reconstruction des autres secteurs. scientifiques relatives à l’adaptation
L’ICORP œuvre activement et à la vulnérabilité face au change-
pour promouvoir la protection du ment climatique, et à la réduction
patrimoine culturel contre l’impact des risques. Une fois tout cela mis
des catastrophes et des conflits en place, il faudra néanmoins éviter
armés, en participant à la préparation d’idéaliser ces connaissances, et pro-
de colloques, de lignes directrices, céder à une évaluation objective des
d’expositions et de programmes savoir-faire locaux et étrangers avant
de renforcement des capacités. En d’intégrer ces connaissances locales
2013, cet organisme a organisé Le tremblement de terre de 2003 a causé d’énormes dégâts à Bam et ou étrangères. Une telle approche
deux programmes de formation son paysage culturel (République islamique d’Iran). serait la meilleure façon de renforcer
© UNESCO/Francesco Bandarin
e-learning en Syrie en collaboration la résilience des communautés et de
avec l’ICCROM et la Direction l’écosystème (Mercer et al., 2012)8.
générale des antiquités et des monuments tion du patrimoine et la volonté de dévelop- On peut donc raisonnablement en conclure
(DGAM) afin de former les professionnels per la résilience, engagement qu’affichent que la réduction des risques de catastrophe
du patrimoine syrien en sauvetage du les gouvernements locaux et nationaux et et la protection du patrimoine culturel né-
patrimoine en période de conflit. les communautés locales. Dans cette op- cessitent un examen rigoureux de toutes les
tique, la formation de partenariats doit interactions qui existent entre la résilience,
Domaines d’action prioritaires être vivement encouragée pour protéger et la vulnérabilité et l’adaptation.
Ces récentes initiatives nous montrent qu’il utiliser le patrimoine et garantir une réduc- Alors que les intervenants du monde en-
est possible de faire des progrès importants tion des risques de catastrophe au niveau tier se penchent actuellement sur les élé-
en réponse au gigantesque défi que pose local. Elle doit aussi consolider les conseils ments qui définiront le cadre post-2015 pour
l’augmentation des risques de catastrophe et les données disponibles en matière de la réduction des risques, il est essentiel de
qui pèse sur le patrimoine culturel. vulnérabilité et de risques du patrimoine, en saisir cette occasion et de promouvoir la ré-
Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire encourageant la recherche et, surtout, en silience par le biais du patrimoine en appor-
pour protéger efficacement les ressources harmonisant les besoins du patrimoine avec tant plus de profondeur et de portée à cette
du patrimoine au bénéfice des générations les politiques et les plans de réduction des question. Le patrimoine constitue en effet
présentes et futures. risques de catastrophe aux niveaux national un domaine intersectoriel qui entretient des
Il est particulièrement important d’inté- et local. liens solides avec divers secteurs de déve-
grer le patrimoine culturel à une perspec- Tout cela implique le renforcement des loppement dont, notamment, le logement,
tive de gestion des catastrophes plus large, capacités à différents niveaux et entre dif- les moyens de subsistance, la santé, l’éduca-
en s’appuyant sur les réseaux et les pro- férents organismes. Plus important encore, tion, les infrastructures et l’environnement.
grammes mondiaux et régionaux comme une telle approche requiert de meilleurs Ces liens pourraient être renforcés dans la
la campagne actuelle de l’UNISDR intitulée échanges entre les décideurs, les profes- foulée du cadre d’action de Hyogo (CAH2)
« Pour des villes résilientes : ma ville se pré- sionnels et les gestionnaires des secteurs du et du programme mondial pour le déve-
pare ». Les organismes responsables de la patrimoine, de la gestion des catastrophes loppement durable post-2015 au cours de
gestion des catastrophes doivent faire une et du développement, afin de bien com- la 3e Conférence mondiale sur la réduction
place aux préoccupations du patrimoine au prendre la terminologie employée, et assurer des risques de catastrophe (WCDRR), qui se
sein des stratégies d’atténuation, de prépa- un meilleur dialogue et une meilleure coor- tiendra en mars 2015 à Sendai (Japon).

Patrimoine Mondial Nº74 13


ZONE DE CONSERVATION TRANSFRONTALIERE
Publireportage

KAVANGO-ZAMBEZE (KAZA ATFC)

La KAZA ATFC est une initiative de conservation et de développement lancée par les gouvernements d’Angola, du
Botswana, de Namibie, de Zambie et du Zimbabwe, approuvée par la communauté de développement d’Afrique australe et
financée par les pays partenaires de KAZA, en partenariat avec la banque allemande de développement, für Wiederaufbau
(KfW). L’ATFC fut créée en 2003 suite à la décision des ministres du Tourisme de ces cinq pays d’établir une zone protégée
dans l’Okavango et les bassins du Zambèze supérieur, afin d’assurer la conservation des ressources naturelles et
d’encourager le développement du tourisme à travers leurs frontières. L’objectif de l’ATFC était d’ouvrir les barrières créées
par l’homme pour faciliter le mouvement naturel de la faune et de la flore dans des zones de dispersion de nature sauvage.
L’ATFC fut ratifiée en 2011 par un traité signé par les chefs
d’État de ces cinq pays.

La vision de la KAZA ATFC est « d’établir une zone de


conservation et de tourisme transfrontalière exemplaire dans
l’Okavango et les bassins du fleuve Zambèze afin d’assurer le
développement durable de cette région d’ici l’année 2030. »

S’étendant sur une superficie de plus de 444 000 km2,


l’ATFC renferme deux sites inscrits sur la Liste du patrimoine
mondial, le Delta de l’Okavango (Botswana) et les Chutes
Victoria (Zimbabwe), ainsi qu’un total de 36 aires protégées
se présentant sous forme de parcs nationaux, de zones de
gestion de la faune/du gibier, de réserves forestières et de
Éléphants le long du fleuve Chobe. Photo : Pietro Sutera

Carte de la Zone de conservation transfrontalière Kavango-Zambeze


LA PLUS GRANDE AIRE DE CONSERVATION
INTERNATIONALE AU MONDE

Chutes Victoria, Zimbabwe. Photo : Pietro Sutera

zones de conservation. La zone se situe dans les bassins organismes tels que l’African Wildlife Foundation, Deutsche
fluviaux d’un réseau de fleuves emblématiques comme Investitions- Und Entwicklungsgesellschaft mbh, le ministère
l’Okavango, le Chobe et le Zambèze et abrite une flore et une des Affaires étrangères des Pays-Bas, FUTOURIS, la
faune très diversifiées ainsi que les dernières populations Fondation des parcs de la paix, WWF, la Banque mondiale et
contiguës d’éléphants africains, estimées à 250 000, et près la Wildlife Conservation Society dans le cadre de plusieurs
d’un quart de la population de lycaons du continent africain. projets de développement se déroulant dans la KAZA. Ces
La KAZA ATFC fut créée en raison de son importance partenaires ont offert un soutien financier et technique à
stratégique sur le plan socio-économique, environnemental l’élaboration et à l’établissement de l’ATFC. L’appui continu
et touristique. L’ATFC présente en effet de nombreuses de ces partenaires et collaborateurs contribuera fortement
opportunités de conservation et économiques susceptibles à la réalisation de la vision de cette noble initiative de
de contribuer au développement socio-économique des conservation et profitera au monde entier.
communautés qui vivent au sein de son territoire et dans
sa périphérie. Les pays partenaires reconnaissent que les CONTACT :
Kavango Zambezi Transfrontier Conservation Areas-Secretariat :
habitants de l’ATFC constituent des intervenants majeurs et P. O. Box 821,
des acteurs clés dans l’atteinte des objectifs de l’ATFC. Le Kasane, Botswana
Tel : +267 625 1269. Fax : + 267 625 1400. Email : info@kazatfca.org.bw
développement rural durable et l’amélioration des moyens
www.kavangozambezi.org
de subsistances grâce aux avantages que procurent les
ressources naturelles et les ressources culturelles sont l’un
des objectifs de cette initiative.
En raison de sa vaste taille, la réussite de l’ATFC en
termes de conservation exige la collaboration de nombreux
intervenants partageant la même vision que les pays
partenaires de KAZA. Au fil des ans, KAZA ATFC a, par
mis en œuvre par
conséquent, formé des alliances et œuvré avec des
Dossier Quartier historique de Xijie à Dujiangyan

Reconstruction
suite à une
catastrophe
Quartier historique
de Xijie à Dujiangyan,
province du Sichuan
Zhou Jian
Professeur à l’université de Tongji, Shanghai (Chine)
Secrétaire général, Institut de formation et de recherche sur le
patrimoine mondial pour la région Asie-Pacifique (WHITRAP)

Le site Mont Qingcheng et système d’irrigation de Dujiangyan (Chine) a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 2000.
© Our Place – The World Heritage Collection

16 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier

Patrimoine Mondial Nº74 17


L
Dossier Quartier historique de Xijie à Dujiangyan

e 12 mai 2008, la province


chinoise du Sichuan fut
frappée par l’un des
tremblements de terre les
plus dévastateurs de son
histoire, enregistrant 8,0 Ms sur l’échelle
sismologique de magnitude d’ondes de
surface. Durant ce séisme, le quartier
historique de Xijie, situé dans la zone
tampon du Mont Qingcheng et système
d’irrigation de Dujiangyan, un site inscrit au
patrimoine mondial en 2000, fut gravement
endommagé, et 80 % de ses bâtiments
subirent d’importants dégâts.

Participation communautaire
et partenariats
Le projet de reconstruction, lancé en 2009
et terminé en 2013, visait à répondre aux
objectifs de conservation du patrimoine, de
reconstruction post-catastrophe et d’équité
sociale à travers une vaste participation
communautaire et la collaboration des or- Photo 1 : Étendue géographique du quartier historique de Xijie.
© Zhou Jian
ganismes gouvernementaux pertinents,
d’entreprises publiques, des habitants et des
universités. Les agences gouvernementales Les urbanistes et les responsables gouvernementaux
devaient à la fois fournir des subventions et s’entretinrent également avec les résidents, qui
des fonds pour la reconstruction, et orga- participèrent à leur tour à l’élaboration du plan de
niser des activités pertinentes pour encou- reconstruction et à l’évaluation du patrimoine local.
rager la participation communautaire. Elles
engagèrent à cette fin des urbanistes et des
architectes qualifiés pour élaborer des sché-
mas urbanistiques en concertation avec les et le tissu physique de leurs quartiers. Les essentiellement fondée sur le fait que les
habitants et assurèrent l’approvisionnement propriétaires des maisons eurent ainsi la nouveaux logements offraient trois à six fois
adéquat des infrastructures publiques et des possibilité d’exercer leurs droits et de pro- plus d’espace.
installations environnementales. Les habi- téger leurs intérêts. Ce processus favorisa Les foyers qui choisirent de rester à Xijie dans
tants participèrent à la reconstruction de par ailleurs la reconnaissance de la valeur leurs demeures originelles eurent la possibilité
leurs propres logements, et notamment à la patrimoniale de chaque bien, et garantit la d’accepter ou de refuser les subventions
conception des plans. Ils eurent également conservation de l’échelle et du tracé originel gouvernementales à condition de s’engager
la possibilité de choisir leurs entreprises de des rues, et de leur tissu traditionnel (avec à réparer leurs biens conformément aux
construction et de surveiller le bon déroule- l’ajout d’un espace public), afin de préser- exigences de conservation proposées. Ceux
ment des travaux. Les universités fournirent ver les caractéristiques historiques et diver- qui signèrent cet accord formèrent un comité
l’expertise nécessaire pour soutenir la plani- sifiées du quartier de Xijie (photos 3 et 4). de propriétaires afin de défendre leurs intérêts
fication et la conception des logements, et Non seulement le projet de reconstruction dans le cadre des négociations menées
des experts universitaires se chargèrent de la permit-il aux résidents de participer et de avec les organismes gouvernementaux, les
consultation publique, des conseils d’ordre déterminer le mode de reconstruction de urbanistes, les architectes et les constructeurs.
politique et de la défense communautaire. leurs maisons, mais il leur donna également Durant ce processus, les propriétaires eurent
Les urbanistes et les responsables gou- le choix d’échanger gratuitement leurs l’obligation de construire ou de moderniser
vernementaux s’entretinrent également anciens logements contre de nouvelles leur cuisine et leurs installations sanitaires afin
avec les résidents, qui participèrent à leur résidences construites par le gouvernement, d’améliorer leurs conditions de vie. Une fois le
tour à l’élaboration du plan de reconstruc- ou de rester et réparer leurs anciennes projet de reconstruction terminé, les prix de
tion et à l’évaluation du patrimoine local. demeures en bénéficiant d’une subvention vente et de location des demeures du quartier
Les résidents jouèrent un rôle clé dans le fixe du gouvernement. Ce sont 89 foyers historique de Xijie augmentèrent de 4 à 5
processus décisionnel et donnèrent leur sur 391 qui décidèrent de quitter leurs fois. Cette hausse permit aux propriétaires
avis sur la conservation des bâtiments histo- anciens logements pour aller s’installer de bénéficier d’avantages financiers à long
riques, la hauteur et la forme des logements dans ces nouvelles résidences, une décision terme (photo 5).

18 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
Photo 2 : Image comparative d’une rue avant (ci-dessus) et après (ci-dessous) le projet de reconstruction du quartier historique de Xijie.
© Zhou Jian

Photo 3 : Vues aériennes avant et après les travaux de reconstruction.


© Zhou Jian

Photo 4 : Travail de terrain de la communauté, pendant que les


urbanistes s’entretiennent avec les propriétaires locaux sur les Photo 5 : Discussion entre les résidents locaux et des représentants
valeurs patrimoniales et les exigences de conservation. du gouvernement durant le projet de reconstruction.
© Zhou Jian © Zhou Jian

Patrimoine Mondial Nº74 19


Dossier Quartier historique de Xijie à Dujiangyan

Transition de « projet témoin »


à « conception sur mesure »
Au début du projet de reconstruction, les
connaissances des propriétaires en matière
de qualité et de coût des réparations et de
leur propre impact sur la conservation du
patrimoine étaient relativement floues, et la
plupart présentaient une attitude sceptique.
Pour répondre à cette défaillance, le gouver-
nement organisa un projet témoin dans un
bâtiment public. Ce dernier comprenait une
structure en bois construite avec des maté-
riaux et des techniques traditionnels, l’imper-
méabilisation et l’isolation des matériaux et
l’ajout d’une cuisine et de toilettes pour assu-
rer le confort et la qualité de vie des habitants.
Ce logement témoin permit aux habitants de
mieux comprendre les exigences de conser-
vation et les améliorations proposées. Tous Photo 6 : Projet témoin : avant et après.
© Zhou Jian
les coûts de reconstruction et de réparation
de ce bâtiment furent rendus publics, pour
fournir une référence pratique aux résidents
qui envisageaient de passer un accord avec le
gouvernement. Les seuls coûts à leur charge
concernaient les rénovations intérieures et
les installations n’entrant pas dans le plan ou
dépassant le montant des subventions accor-
dées par le gouvernement.
À l’issue de ce projet témoin, les dépôts de
candidature commencèrent à affluer dès le
mois de juin 2010 et, en l’espace de huit mois,
tous les ménages, à l’exception de 3, s’étaient
inscrits pour bénéficier de ce programme. Le
projet de reconstruction fut lancé conformé-
ment à chaque accord individuel signé et mis Photo 7 : Scène de vie de communauté après la reconstruction.
© Zhou Jian
en œuvre à tour de rôle (photo 6).
Afin de tenir compte des exigences et
des valeurs de chaque foyer, les architectes gements pour emménager immédiatement patrimoine et l’amélioration des conditions
fournirent à tous les ménages un plan dans les nouvelles résidences construites par de vie locales, pour aider les propriétaires à
personnalisé. Trente architectes employés le gouvernement ou bien en restant chez combler leurs lacunes financières. Plus im-
par six sociétés différentes travaillèrent sur eux pour attendre les travaux de recons- portant encore, tous ces accords furent si-
la personnalisation de chaque logement. truction. Comme dans toute situation post- gnés à titre volontaire dans le cadre d’une
Sur la base de leurs discussions avec les catastrophe, il était toutefois irréaliste de relation de compréhension mutuelle, afin
propriétaires, ils mirent au point des solutions demander à chaque propriétaire d’accorder d’encourager chaque propriétaire à appré-
individuelles et présentèrent des propositions une priorité à la conservation du patrimoine cier et à participer à la conservation du patri-
tenant compte de chaque cas de figure afin et de convaincre tout le monde de réparer ou moine et éviter tout sentiment d’obligation.
de satisfaire aux exigences de conservation et de reconstruire volontairement leurs biens Non seulement cette participation offrit-
aux exigences pratiques de chaque ménage. conformément aux normes proposées dans elle aux propriétaires une plus grande auto-
le cadre de la phase de reconstruction de nomie vis-à-vis de leur propriété, elle permit
Biens du patrimoine et trois ans. Le gouvernement dut ainsi se char- également de donner une nouvelle vie aux
besoins individuels ger de la conservation et de la restauration biens du patrimoine en tenant compte des
En participant à la reconstruction du quar- de tous les biens du patrimoine abandonnés. besoins individuels de chaque propriétaire
tier historique de Xijie, les résidents eurent Conformément aux accords passés entre durant la phase de restauration et de re-
la possibilité de choisir le cadre de vie dans les propriétaires privés et le gouvernement, construction. Au final, ces biens acquirent
lequel ils préféraient vivre suite au tremble- des fonds publics furent investis dans la ré- de nouvelles fonctions et les communautés
ment de terre, en quittant leurs anciens lo- paration des biens privés, la conservation du locales furent revitalisées (photo 7).

20 Patrimoine Mondial Nº74


Portée et coût du projet de reconstruction de Xijie

Dossier
Le projet de reconstruction du quartier historique de Xijie comprenait des travaux de reconstruction sur une superficie de 20 384 m2
et représentait un investissement de 45 639 000 dollars américains. 75 % de ce montant provenait d’un fonds de reconstruction du
gouvernement central alors que 18 % fut pris en charge par les propriétaires et le reste fut financé par le gouvernement municipal local.

Catégorie Projet/superficie Mode de financement Montant (Unité : 10,000 US$)

Reconstruction des Routes, canalisations, Fonds de reconstruction post- 2812.5


installations municipales câbles électriques, toilettes séisme du gouvernement central
publiques, murs de la ville
et signalétique publique Gouvernement municipal de Dujiangyan 134.6

Chengtou Co. 96.8


Restauration et réparation 3 430 m2 Finances personnelles du 63.5
de la mosquée propriétaire (mosquée)
43.6
Fonds de reconstruction post-
séisme du gouvernement central

Fonds d’État consacré aux 16.6


affaires religieuses

Réhabilitation du temple 2 815,15 m2 Finances personnelles du propriétaire 274.3


de Maogong (Xingyan Co.)

Construction de nouveaux 3 200 m2 Fonds de reconstruction post- 417.2


logements pour les résidents séisme du gouvernement central
qui souhaitent déménager
Réhabilitation/reconstruction 3 500 m2 Finances personnelles du propriétaire 174.7
des biens publics (Xingyan Co.)

12 173,57 m2 Finances personnelles du propriétaire 294.6


Réparation/réhabilitation/
(résidents)
reconstruction des biens privés

Fonds de reconstruction post- 167.3


séisme du gouvernement central

Gouvernement municipal de Dujiangyan 68.2

Total 20 384 m2 4563.9

Partenariats et responsabilités
Partenaires principaux Responsabilités principales
Résidents communautaires (Association Concertation dans le cadre du plan de conservation et de la politique de reconstruction,
des propriétaires de Xijie) validation des plans conceptuels individuels et choix des sociétés de construction
Gouvernement municipal de Financement de la reconstruction des logements et organisation des
Dujiangyan (gouvernement local) activités communautaires, élaboration des politiques destinées à la
reconstruction post-catastrophe et à la conservation du patrimoine
Université de Tongji & TJUPDI Conseils techniques en matière de planification et de conception des logements, organisation de la
concertation publique et de la sensibilisation des communautés à la question de la reconstruction
Chengtou Co. Ltd (société publique) Mise à disposition de logements publics pour les résidents devant être relogés,
construction d’installations publiques et environnementales
Xingyan Co. Ltd (société publique) Conservation, reconstruction et gestion opérationnelle des logements publics

Mosquée Restauration du lieu de culte, réhabilitation et gestion opérationnelle d’autres sites religieux

Patrimoine Mondial Nº74 21


Dossier Parc de la zone humide d’iSimangaliso

Développer la
résilience
Dans le Parc de la zone
humide d’iSimangaliso
Colleen Crawford Cousins
Consultante indépendante

Andrew Zaloumis
Directeur général, Parc de la zone humide d’iSimangaliso

Bronwyn James
Responsable principale, Parc de la zone humide d’iSimangaliso

Le Parc de la zone humide d’iSimangaliso est le premier site d’Afrique du Sud à avoir été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en décembre 1999.
© Our Place – The World Heritage Collection

22 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier

Patrimoine Mondial Nº74 23


E
Dossier Parc de la zone humide d’iSimangaliso

n 1999, la richesse biologique d’iSimangaliso signalait que l’intégrité du des communautés locales sont assurément
et la beauté du Parc de la zone site présentait des risques importants. De complexes, mais un dialogue et une concer-
humide d’iSimangaliso béné- ce fait la réhabilitation, la restauration et tation sont néanmoins entretenus.
ficièrent d’une reconnaissance la restitution ont été parmi les principaux Une autre préoccupation, tout aussi grave
mondiale grâce à l’inscription soucis des gestionnaires dès le départ. en 1999, était celle que représentait la né-
du site sur la Liste du patrimoine mondial. Le cessité de restaurer les habitats dégradés
nouveau statut de ce bien qui compte parmi La restitution et la du site, comportant notamment la suppres-
les tout premiers sites d’Afrique du Sud fut protection des terres sion des plantations de bois exotiques et la
promulgué en novembre 2000 en vertu de la Plusieurs revendications territoriales non restauration du système estuarien du lac
législation sud-africaine, grâce à la création résolues présentaient un risque important Sainte-Lucie. Il était également impératif de
d’une zone protégée baptisée le « Grand pour le parc. En 2000, quatorze revendica- protéger les bassins-versants du lac afin de
parc de la zone humide de Sainte-Lucie » tions territoriales (dont treize non résolues) préserver la santé et renforcer la résilience
qui regroupait seize zones protégées, planta- concernaient l’ensemble du parc. Dès 2014, de Sainte-Lucie.
tions commerciales et anciens sites militaires. neuf de ces quatorze revendications avaient Les autres motifs d’inquiétude touchaient
Le parc s’étend depuis la baie de Kosi, dans été réglées par le processus de restitution à la gestion de la récolte des ressources
le Nord, et suit la frontière du Mozambique des terres d’Afrique du Sud. Celui-ci im- durables par les nombreux habitants
pour atteindre Maphelane, au sud de Sainte- plique le transfert du titre au requérant tout dépendant directement d’iSimangaliso pour
Lucie. Ce parc de 358 534 ha est le troisième en maintenant le statut de zone protégée du leur survie, la mise au point de sa structure
d’Afrique du Sud par la grandeur (après site et sa gestion par l’État. Ce système per- de gestion, la modification des limites du
Kruger et Kgalagadi). En novembre 2007, le met aux administrateurs des communautés parc et la mise en place et le renforcement
site fut rebaptisé « Parc de la zone humide qui revendiquent des terres de conclure un des liens dans le contexte du développement
d’iSimangaliso ». En 2000, l’autorité d’iSiman- accord de cogestion avec l’autorité d’iSiman- régional. iSimangaliso se situe dans le
galiso fut mise en place en tant qu’organisme galiso, qui définit les avantages découlant Kwazulu-Natal. Cette région constitue l’une
parapublic et chargée d’assurer sa gestion. des requérants territoriaux et définit égale- des provinces les plus pauvres d’Afrique du
Son fonctionnement est assuré par un direc- ment le cadre régissant les relations entre les Sud. Selon le dernier recensement, près de
teur général et une petite équipe agissant requérants et l’autorité d’iSimangaliso. Les 566 800 personnes vivent actuellement
sous la direction d’un comité consultatif. relations avec la communauté sont assurées dans la zone municipale qui entoure le parc.
Au moment de son inscription en vertu par un personnel qualifié en matière de mé- Plus de 80 % de ces foyers vivent sous le
de trois des dix critères d’inscription du diation et de facilitation du développement. seuil de pauvreté et gagnent moins de
patrimoine mondial, le comité d’évaluation Les relations entre le parc et les membres 5 000 rands par an (environ 360 euros). La

Le parc de la baie de False est situé le long de la rive ouest de la baie de False qui fait partie du Parc de la zone humide d’iSimangaliso.
© iSimangaliso Wetland Park Authority

24 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
province du Kwazulu-Natal présente par nir ainsi un accès et des avantages concrets mides et des dunes, ainsi que l’éradication des
ailleurs la plus forte prévalence de VIH/sida aux populations de la région, dont beaucoup plantes exotiques dans l’ensemble du site. Un
en Afrique du Sud. Beaucoup de ménages avaient été expulsées par la force pour lais- programme de contrôle des plantes envahis-
dépendent des ressources naturelles pour ser place à des plantations commerciales, santes, dont notamment Chromolaena odo-
leur survie, ce qui crée inévitablement des des sites militaires ou des zones de conser- rata, Lantana et, plus récemment, Parthenium
conflits entre les objectifs de conservation à vation. La stratégie de conservation devait (« herbe de famine »), a été mis en place et
long terme et les activités à court terme qui aborder la question du développement du bénéficie de budgets annuels substantiels.
conduisent à la surexploitation. Dans cette tourisme et de la conservation tout en te- Aujourd’hui, l’invasion du site par des espèces
optique, les stratégies de réduction de la nant compte des moyens de subsistance exotiques est sous contrôle.
pauvreté visant à réduire la vulnérabilité des des communautés locales et des personnes La base militaire de la péninsule de Nhlozi
populations et à promouvoir leur résilience qui revendiquaient les terres. Le parc résolut a été fermée, des palissades de 300 km de
sociale et économique constituent un donc de « développer pour conserver ». Le long ont été érigées et des routes touristiques
élément essentiel de la gestion des risques. projet est toujours en cours, dans la mesure ont été construites sur 290 km. Entre 2001 et
où le renforcement de la résilience de l’envi- 2014, la construction et l’entretien des clô-
La conservation au service ronnement naturel du site et des populations tures, des routes, des camps de rangers, des
du développement durable qui vivent dans sa périphérie exige un renou- aires de pique-nique, du mobilier du parc,
Le mandat de l’autorité initialement créée vellement permanent de stratégies pour faire des cabanes d’observation de la faune, des
visait essentiellement à assurer la conserva- face à chaque nouveau défi qui émerge. toilettes publiques, des points de vue et des
tion de la valeur naturelle universelle excep- L’autorité d’iSimangaliso a accompli de passerelles tendues à travers la canopée,
tionnelle du site classé, tout en favorisant le nombreux progrès au cours des quatorze ont sensiblement contribué à l’amélioration
développement et la redistribution écono- dernières années dans le cadre de la restau- des moyens de subsistance des populations
miques d’une des régions les plus pauvres ration des habitats dégradés, de la restitu- locales. Le parc a également réussi à attirer
d’Afrique du Sud ; et ce en faisant de ce parc tion des terres et du développement associé. de nouveaux investisseurs au moyen d’un en-
un moteur macroéconomique majeur dans Elle a notamment négocié la suppression de semble de lodges et d’hôtels dans la région.
le cadre du plan de développement régional plantations de bois exotiques couvrant plus Dans le secteur hôtelier, le nombre de lits
du gouvernement. Le plus grand défi que de 24 000 ha sur les rives est et ouest du a enregistré une forte hausse et le nombre
l’autorité d’iSimangaliso eut à relever concer- lac Sainte-Lucie et mis en place un impor- d’établissements spécialisés en restauration,
nait la réunification des nombreuses zones tant programme communautaire d’entretien logements et services touristiques a enregis-
du parc pour aboutir à une consolidation et à des terres qui comprend la réhabilitation des tré une croissance de 89 %. Des concessions
une réhabilitation physique du site, et à four- anciennes zones de plantation, des zones hu- sont octroyées aux prestataires de services

Pièges à poissons à Kosi.


© iSimangaliso Wetland Park Authority

Patrimoine Mondial Nº74 25


Dossier Parc de la zone humide d’iSimangaliso

qui souhaitent proposer diverses activités Le programme de produits artisanaux aide Dans le cadre de la restauration
touristiques – promenades en bateau, safaris, vingt-cinq groupes d’artisans, composés es- écologique et du développement du
randonnées à cheval ou excursions pour ob- sentiellement de femmes, à concevoir, pro- tourisme, l’autorité a réintroduit de
server les tortues et les oiseaux sauvages. Les duire et commercialiser leurs produits dans nombreuses espèces animales endémiques
nouveaux projets touristiques du site visent les marchés urbains où leur valeur est plus dans le parc. Entre 2001 et 2014, un total de
à créer des emplois, stimuler la croissance élevée. vingt espèces de mammifères endémiques
économique et générer des revenus, afin de L’autorité organise par ailleurs un pro- disparues fut réintroduit, dont l’éléphant, la
réduire la dépendance des efforts de conser- gramme artistique qui a déjà formé un girafe, le lion, le buffle, le rhinocéros blanc
vation à l’égard des fonds gouvernementaux, groupe de sculpteurs désormais prospères, et le rhinocéros noir, le lycaon et le guépard.
tout en respectant les directives environne- et œuvre avec de nombreuses écoles dans L’éland sera également réintroduit en 2015.
mentales strictes grâce à un plan de gestion le cadre de programmes annuels d’éduca- Des progrès ont aussi été réalisés dans
intégrée qui empêche la surexploitation de la tion environnementale et des trophées pour la restauration du système estuarien du
région et contribue au renforcement des va- les écoles, en offrant aux écoliers un accès lac Sainte-Lucie, qui représente l’un des
leurs universelles d’iSimangaliso. gratuit au parc. Pour faire en sorte que les plus importants estuaires d’Afrique du
futurs gestionnaires d’iSimangaliso provien- Sud et le plus grand des trois systèmes
Responsabilisation et nent des communautés qui revendiquent estuariens côtiers du pays, avec une surface
transformation par ailleurs des terres et qui vivent sur les d’eau de 300 km² et un littoral de plus de
La stratégie de conservation de l’auto- pourtours du parc, le programme d’accès à 400 km. Couvrant plus de 80 % de la zone
rité d’iSimangaliso repose sur des objectifs l’enseignement supérieur d’iSimangaliso a estuarienne d’Afrique australe subtropicale

Plongée dans le Parc de la zone humide d’iSimangaliso.


© iSimangaliso Wetland Park Authority

d’autonomisation et de transformation très aidé soixante-sept jeunes à poursuivre des et 60 %de la zone estuarienne du pays, ce
précis. Les communautés, et notamment les études supérieures dans des universités et système constitue un important vivier pour
groupes de requérants territoriaux qui rési- des établissements d’enseignement tech- les jeunes poissons de mer et les crevettes
dent dans la périphérie d’iSimangaliso, sont nique. Ce programme fut récompensé en de la côte est. Si les modifications des
les premiers bénéficiaires de la création de 2014 par le Greening the Future Award du bassins-versants de ces rivières ont affecté la
partenariats équitables, d’emplois, sources Mail & Guardian’s. quantité et la qualité de l’eau qui parvient au
de revenus, des programmes de formation, iSimangaliso offre également aux lac Sainte-Lucie, l’impact le plus important
de renforcement des capacités et de mento- communautés l’accès à un éventail de est dû à l’intervention humaine dans le plus
rat liés à l’entretien des terres et de dévelop- ressources naturelles grâce à un programme grand bassin hydrographique de la région :
pement touristique. Plusieurs programmes communautaire de gestion des ressources le bassin-versant d’uMfolozi. Les effets de
de développement des compétences, spé- naturelles. L’incema annuel (un nom zoulou la canalisation de la rivière uMfolozi et de
cialisés dans le tourisme, l’hôtellerie et les qui désigne un tapis artisanal tressé très la séparation de la rivière du lac Sainte-
visites guidées, ont créé des emplois pour populaire) permet d’organiser des récoltes Lucie sont aussi considérables. En 1952, la
les populations locales. L’autorité propose dans les sites d’iSimangaliso cogérés par rivière fut volontairement séparée de Sainte-
également des formations en matière de l’autorité d’iSimangaliso pour permettre Lucie, réduisant pendant plus de soixante
santé et de sécurité, et en développement aux populations locales de bénéficier ans l’arrivée d’eau douce dans le système
d’entreprise pour les entrepreneurs locaux. directement des efforts de conservation. lacustre. Suite à la sécheresse qui débuta en

26 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
Des programmes agricoles ont été mis en place. Groupe d’étudiants dans le parc.
© iSimangaliso Wetland Park Authority © iSimangaliso Wetland Park Authority

2002, le lac Sainte-Lucie fut séparé de la mer subvention importante pour identifier menaces déjà identifiés au moment de
pendant une bonne partie de la dernière et financer une solution à long terme l’inscription du site, et ce en harmonisant
décennie, un phénomène qui l’a empêché à ces problèmes hydrologiques, et, en les enjeux du site avec la politique
de fonctionner comme un estuaire. s’appuyant sur les travaux scientifiques les macroéconomique et avec les priorités du
Au cours des cinquante dernières années, plus récents, la rivière uMfolozi se trouve Gouvernement sud-africain. Dans le cadre
de nombreux projets ont été mis en œuvre de nouveau reliée au système de Sainte- de la volonté de l’État de créer des emplois
pour tenter de résoudre les problèmes Lucie. Un programme de surveillance a et de lutter contre la pauvreté, iSimangaliso
provoqués par ces changements, au moyen également été mis en place. Des scénarios a bénéficié d’un soutien politique fort
notamment d’une vaste opération de dragage de changement climatique potentiel ont pour conserver sa valeur universelle
et d’une déviation des eaux de la rivière également été étudiés, notamment du point exceptionnelle, renforcer la résilience
uMfolozi au moyen d’un canal de jonction. de vue de l’impact qui pourrait résulter de écologique et sociale et gérer les risques
Malheureusement, aucun n’est parvenu à l’intensification des sécheresses et des du site. iSimangaliso poursuit actuellement
rétablir le fonctionnement hydrologique et inondations sur l’hydrologie du système. une stratégie globale visant à atténuer
écologique du lac Sainte-Lucie. Le statut de « patrimoine mondial » les facteurs de stress social et écologique
L’autorité a demandé au Fonds pour d’iSimangaliso a favorisé la tâche de liés aux changements environnementaux
l’environnement mondial (GEF) une l’autorité pour répondre aux risques et aux prévisibles.  

Lac Sainte-Lucie. Vue aérienne de pièges à poissons à Kosi.


© iSimangaliso Wetland Park Authority © iSimangaliso Wetland Park Authority

Patrimoine Mondial Nº74 27


Dossier Initiative post-catastrophe au Pakistan

Initiative
post-catastrophe
au Pakistan
Yasmeen Lari
Directrice
Fondation du patrimoine du Pakistan

L’écovillage Moak Sharif, Tando Allahyar: premier écovillage du Pakistan. C’est un village de démonstration où les communautés se rassemblent
pour des formations et des démonstrations sur le modèle holistique pour les stratégies de préparation aux catastrophes.

© Heritage Foundation Archives

28 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier

Patrimoine Mondial Nº74 29


Dossier Initiative post-catastrophe au Pakistan

L
Vue sur les monuments historiques à Makli, Thatta.
© Heritage Foundation Archives

e patrimoine matériel et im- le dessus sur les méthodes et la sagesse inondation sont, certes, très préoccupants,
matériel du Pakistan présente collective qui avaient pourtant fait leurs c’est surtout le processus de reconstruc-
une immense richesse. Ses preuves au fil des siècles. tion qui pose aujourd’hui le principal pro-
origines remontent à l’âge du blème dans la mesure où durant les phases
bronze, comme l’atteste le site Les catastrophes d’urgence et de rénovation, l’utilisation de
de Mohenjo Daro, et ses racines culturelles naturelles et les sites du techniques de construction inappropriées
sont ancrées dans les traditions, le folk- patrimoine mondial et non durables finit de détruire ce qui a
lore et la sagesse populaire des soufis. Les La perte de notre patrimoine survécu à la catastrophe.
Monuments historiques à Makli, Thatta, vernaculaire est directement attribuable Si la perte du patrimoine vernaculaire due
et les Ruines archéologiques de Mohenjo aux catastrophes naturelles qui s’abattent à la gravité de la catastrophe est à déplorer,
Daro du Sind font partie des six sites pa- régulièrement sur le pays depuis le il est affligeant de constater que l’on
kistanais inscrits au patrimoine mondial de tremblement de terre de 2005. Ce séisme reconstruit en privilégiant des techniques
l’UNESCO. Ces biens se caractérisent par d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de étrangères et des produits industrialisés,
leurs structures et leurs vestiges exception- Richter fit 80 000 victimes et détruisit aux méthodes traditionnelles. Sous
nels, ornés d’anciennes arabesques. Depuis 400 000 foyers. Depuis, le Pakistan a l’influence de travailleurs humanitaires
de nombreuses générations, les femmes de connu une série d’inondations annuelles, bien intentionnés mais ignorants des riches
la région perpétuent de mère en fille les tra- en 2010, en 2011, en 2012, en 2013 et traditions du pays, on bâtit des centaines
ditions de leurs aïeux. en 2014, qui ont créé des centaines de de milliers de logements non durables,
Au Pakistan, les traditions vernaculaires milliers de sans-abri. En 2013, le pays a sans tenir compte des dommages causés
sont tout aussi importantes que les vestiges également été frappé par une énorme à l’environnement ou à la culture des
classiques et antiques. Or, malgré leur valeur, secousse tellurique de 7,7. communautés concernées. En travaillant
les mœurs ethniques qui ont inspiré les mo- Les conditions météorologiques de plus ainsi dans l’urgence ou dans le cadre de
dèles d’architecture et de créativité du pays en plus dévastatrices dues au changement stratégies de développement, les agences
sont aujourd’hui directement menacées. Non climatique accélèrent la détérioration de de l’ONU, les OING et les ONG réduisent
seulement ces anciennes traditions sont clai- nos précieux sites du patrimoine mondial, à néant la possibilité de perpétuer les
rement ignorées, mais on les qualifie désor- et, désormais, les catastrophes naturelles traditions qui permettaient de soutenir
mais d’« arriérées » et d’« inappropriées ». sévissent à grande échelle. Mais si les dé- différents groupes de villages, de
La soif de modernité et l’engouement gâts causés au patrimoine et à ses tradi- respecter l’environnement et de prévenir
pour les solutions industrialisées ont pris tions par un tremblement de terre ou une l’épuisement de nos ressources naturelles.

30 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier

Construire de manière plus sûre à l’aide de méthodes vernaculaires de la Fondation du patrimoine : le toit de Safe Karavan peut supporter le poids de 12 personnes.
© Heritage Foundation Archives

Patrimoine Mondial Nº74 31


Dossier Initiative post-catastrophe au Pakistan

Une reconstruction l’autonomie et le développement personnel. Ces structures, qui s’inspirent de formes
vernaculaire améliorée Au cours des dernières années, la Fondation architecturales vernaculaires et utilisent
La récurrence des catastrophes qui du patrimoine du Pakistan a clairement des matériaux durables abondamment
frappent actuellement le Pakistan nous démontré la valeur des techniques fondées disponibles, résistent aux inondations et
oblige à repenser et à réécrire nos stratégies sur les traditions du point de vue du aux secousses telluriques. Les foyers, et
officielles en matière de développement développement de la confiance en soi et notamment les femmes, ont développé
et d’opération d’urgence suite à une de la fierté qui découle de la continuité des une affinité envers ces matériaux et
catastrophe. Des techniques vernaculaires expressions traditionnelles. ces caractéristiques architecturales
améliorées, en phase avec le mode de Dans cette optique, j’ai élaboré un ensemble reconnaissables et les embellissent avec
vie, les traditions et les techniques des d’approches peu coûteuses, compatibles des créations artistiques afin d’exprimer
populations locales doivent être privilégiées avec la réduction des risques de catastrophe, leur sentiment d’identité, de fierté et
aux solutions urbanisées et industrialisées. intitulé Construire de manière plus sûre d’appartenance.
Face à l’ampleur inédite des catastrophes et à l’aide de méthodes vernaculaires. Ces Les principes directeurs Lari, énoncés
à la lassitude des donateurs, le gouvernement approches, adoptées par les communautés ci-dessous, sont la pierre angulaire du
et les agences d’aide n’ont plus les moyens de à grande échelle, garantissent une empreinte travail de la Fondation du patrimoine du
porter secours au nombre croissant de per- carbone nulle ou minime, en utilisant de Pakistan depuis le tremblement de terre de
sonnes déplacées et de sans-abri. La solution l’argile non cuite, disponible en abondance 2005, notamment dans les zones du Sind
que je préconise vigoureusement consiste dans la région, que l’on stabilise avec de la dévastées par les inondations depuis 2011 :

Chuara traditionnel avec toit conique, village de Goth Manipur, Sind.


© Heritage Foundation Archives

par conséquent à tirer les enseignements de chaux à faible consommation énergétique • Utiliser le patrimoine et les traditions
notre patrimoine culturel afin de développer pour ériger les fondations et les murs ainsi que pour encourager la participation des
notre résilience communautaire. Cette straté- du bambou pour les toits et les charpentes, communautés et favoriser la fierté et le
gie implique une reconstruction vernaculaire suite à une catastrophe. Les programmes de respect de soi.
améliorée, à l’aide de matériaux locaux du- formation destinés aux ONG et aux OING, • Utiliser des matériaux durables pour pré-
rables, comme la chaux qui a fait ses preuves comme l’Organisation internationale pour venir la dégradation de l’environnement.
dans la majorité des sites du patrimoine mon- les migrations, ont permis de former les • Utiliser des techniques et des compétences
dial, ainsi que la formation écologique et l’au- communautés à l’utilisation de techniques locales pour accélérer la livraison des
tonomisation économique des populations, vernaculaires améliorées pour construire plus projets.
et plus particulièrement des femmes. de 40 000 abris, dont un grand nombre a • Incorporer des techniques visant à la
Une approche axée sur le patrimoine survécu à l’assaut des inondations de 2011, réduction des risques de catastrophe (RRC)
présente également l’avantage d’être moins 2012 et 2013. Durant ce processus de pour résister aux prochaines catastrophes.
onéreuse en termes de mise en œuvre. réhabilitation, aucun arbre n’a été abattu et • Profiter de la provision d’abris pour
En outre, ce type d’approche constitue les émissions de carbone ont été réduites au prendre contact avec les communautés,
un stratagème participatif qui encourage minimum. offrir des avantages plus séduisants et

32 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
Maisons endommagées par les inondations en 2010 et 2011.
© Heritage Foundation Archives

encourager des stratégies visant à rendre développer leurs forces et leur résilience. Sind ont déjà permis de sauver un grand
les femmes plus autonomes. En l’absence d’une bonne gouvernance, nombre de vies et de biens.
• Mettre au point des modèles holistiques des dispositifs participatifs doivent être Pour résister aux inondations, des
permettant d’atteindre les OMD en matière mis en place de toute urgence pour lutter dispositifs spéciaux doivent être mis en place
d’hygiène, de sécurité alimentaire, de efficacement contre la pauvreté primaire à titre préventif : abris sécurisés dotés de
nutrition, d’alphabétisation, et ce dans le dominante, et ce en fournissant aux com- toits en bambou résistant, plates-formes de
cadre du programme WASH. munautés, et notamment aux femmes, des taille variable, en terre stabilisée à la chaux
• Élaborer des modules de formation pour outils, des connaissances, un savoir-faire et pour protéger les céréales alimentaires, des
les partenaires, les bénévoles, les artisans et des compétences appropriés, et en mettant récipients pour conserver l’eau potable,
les communautés. en valeur leurs propres traditions. des plates-formes destinées au fourrage du
La stratégie intégrée que je promeus bétail mais servant aussi de liens culturels,
La résilience communautaire implique le développement de la résilience et de grandes plates-formes pour assurer
Mes années d’expérience dans le do- communautaire en plusieurs étapes la sécurité des animaux d’élevage mais qui
maine de l’humanitaire m’ont enseigné que selon des modèles tirés des traditions peuvent également faire office de terrains
la préparation aux catastrophes constitue et du patrimoine. Dans le cadre de de football.
l’un des aspects les plus importants de toute cette stratégie, les plates-formes en Par ailleurs, les niveaux de résilience Lari
stratégie de RRC. En effet, seul un modèle terre stabilisée recommandées par les (L-LoR) stipulent que chaque communauté
holistique tenant compte des vulnérabilités conventions adoptées à Mohenjo Daro doit anticiper les dangers prévisibles. Cette
permet aux communautés marginalisées de et inspirées des stupas bouddhistes du stratégie comprend notamment la mise en

Le Centre de réduction des risques de catastrophe géré par le comité des


femmes de la région aide les communautés à se préparer aux catastrophes et
est utilisé comme un centre de formation pour diverses compétences durables. Les femmes appliquent un plâtre traditionnel avec des motifs et des modèles locaux.
© Heritage Foundation Archives © Heritage Foundation Archives

Patrimoine Mondial Nº74 33


Dossier Initiative post-catastrophe au Pakistan

Tradition vernaculaire: femme


travaillant sur un métier à tisser. Courtepointes en patchwork traditionnel du Sind.
© Heritage Foundation Archives © Heritage Foundation Archives

Favoriser la fierté et le sentiment d’appartenance – chaque unité est décorée par son propriétaire.
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34 Patrimoine Mondial Nº74


Dossier
Le réchaud double en terre appelé Karavan Pakoswiss Chulah a amélioré la vie de centaines de femmes dans le Sind.
© Heritage Foundation Archives

place de méthodes de subsistance alterna- par l’Organisation internationale du formations en compétences écologiques et
tives. En cas de perte des récoltes agricoles, travail fut dispensée. Baptisé Karavan la création des BVE permettent également
la fabrication d’objets artisanaux offre, par Pakoswiss Chulah, il s’agit d’un réchaud de générer des revenus au sein même des
exemple, un filet de sécurité essentiel, surtout double en terre avec cheminée, que l’on communautés marginalisées. Les moyens
pour les femmes, en procurant une source de peut construire soi-même sans frais. Ces de subsistance jusqu’alors inexplorés et
revenu supplémentaire ou alternative. dispositifs à faible consommation, et enseignés aux foyers des communautés
De plus, l’enseignement de techniques conformes à la RRC, comportent une plate- les plus démunies par la Fondation du
écologiques, dans le cadre, par exemple, forme en terre surélevée qui fournit à la fois patrimoine, notamment par le biais des
du programme des Barefoot Village un environnement de cuisson hygiénique et entreprises vertes attachées aux traditions
Entrepreneurs (BVE), permet aux foyers un coin-cuisine propre pour toute la famille. vernaculaires, ont également permis de
d’utiliser leur ingéniosité pour générer des Habituellement construit par la mère de régénérer l’économie locale, suscitant ainsi
revenus et monter des entreprises. Les pro- famille dans la mesure où c’est elle qui une situation gagnant-gagnant.
duits mis au point par la Fondation du patri- s’occupe de la cuisine, ce réchaud est une Par ailleurs, les traditions et les racines
moine pour la préparation aux catastrophes source de grande fierté que les femmes se culturelles deviennent d’autant plus
sont principalement fabriqués en argile non plaisent à décorer de motifs traditionnels précieuses dès lors que les populations
cuite. Ils comprennent des abris en terre et d’images créatives inspirées par leur possèdent des compétences techniques et
et en bambou, des toilettes écologiques enfance, motifs que l’on retrouve dans leurs peuvent fabriquer et s’appuyer sur leurs
avec toitures agricoles, ainsi que les plates- tissus brodés, tissés ou imprimés à la main. propres ressources pour créer des produits
formes en terre surélevées citées plus haut. L’utilisation de matériaux locaux durables culturels leur permettant d’assurer la
Les structures en terre sont des produits et de techniques familières intégrant des sécurité de leurs familles.
culturels particulièrement intéressants interventions techniques permet ainsi à Les programmes de développement post-
dans la mesure où elles permettent aux ces foyers de perpétuer de nombreuses catastrophe mis en place par la Fondation
communautés d’exprimer leurs traditions activités d’inspiration traditionnelle. On du patrimoine du Pakistan sont conçus
artistiques sur leurs parois. Le résultat constate aussi que le très faible coût de pour encourager le développement des
obtenu témoigne de la fierté et du sentiment production des méthodes participatives compétences traditionnelles et créatives,
d’appartenance des communautés, même les encourage à investir dans leurs propres notamment chez les femmes issues des
dépossédées et défavorisées. produits conformes à la RRC. secteurs marginalisés de la société. Les
Grâce à la formation et aux conseils produits culturels que constituent la plate-
Les réchauds à construire des Barefoot Village Entrepreneurs et au forme avec réchaud et l’abri en terre
Ce produit, mis au point par la Fondation mécanisme participatif, les foyers des prouvent qu’associées à des interventions
du patrimoine, a suscité un grand intérêt villages de la Fondation du patrimoine techniques, les méthodes traditionnelles
auprès des femmes d’un grand nombre bâtissent divers produits à base d’argile favorisent l’autonomie, la force et la
de villages où une formation parrainée grâce à leurs seules ressources. Les résilience de milliers de foyers.

Patrimoine Mondial Nº74 35


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Mines royales de sel de Wieliczka et Bochnia – Pologne


Focus Conférence mondiale sur la réduction des risques

La 3 Conférence e

mondiale sur
la réduction
des risques de
catastrophe
Giovanni Boccardi
Chef de l’Unité de la préparation et des réponses
aux situations d’urgence, secteur de la Culture
UNESCO

La Zone archéologique de Chan Chan (Perou) est menacée par les orages d’El Niño qui causent de fortes pluies et des innondations sur la côte péruvienne.
© RS

38 Patrimoine Mondial Nº74


Focus

Patrimoine Mondial Nº74 39


L
Focus Conférence mondiale sur la réduction des risques

a 3e Conférence mondiale sur la réduction des


risques de catastrophe (WCRRC), qui se tiendra
du 14 au 18 mars 2015 à Sendai (Japon), sera
le rassemblement intergouvernemental le plus
important des dix dernières années en matière
de risques de catastrophe. Cette conférence devrait adopter la
politique internationale de RRC post-2015, également connue sous
le nom de « Cadre d’action de Hyogo 2 (CAH2) », visant à orienter
les stratégies et actions nationales et internationales de la prochaine
décennie en termes de réduction des risques de catastrophe (RRC).

Catastrophes et culture
Au cours des dernières années, l’UNESCO a œuvré pour
promouvoir l’intégration de la culture et du patrimoine au sein
des politiques et des programmes internationaux de RRC. Lors de
la 2e Conférence mondiale sur les risques de catastrophe tenue en
2005 à Kobe (Japon), le Centre du patrimoine mondial, agissant
en coopération avec l’Agence japonaise des affaires culturelles,
l’Université Ritsumeikan de Kyoto, l’ICCROM et l’ICOMOS, avait
déjà organisé un atelier technique ainsi qu’une session thématique
sur le thème de la gestion des risques du patrimoine culturel. Cette
initiative conduisit à l’ajout d’une référence au patrimoine dans le
Cadre d’action de Hyogo de 2005. Depuis lors, l’on constate des
progrès considérables dans la promotion de la RRC dans le secteur
de la culture – des progrès qui encouragent la sensibilisation à la
culture et au patrimoine au sein du secteur de la RRC, notamment
grâce à la session sur « Le patrimoine et la résilience » tenue lors de
la Plateforme mondiale de 2013 sur la RRC (Genève, 2013) qui a été
suivie d’une publication1.
Mais, malgré ces avancées, les politiques et les plans de RRC
actuels ne tiennent généralement pas suffisamment compte de
l’importance d’une approche culturellement sensible, ni du rôle
positif que joue la culture dans la résilience, sous ses formes
multiples, et notamment au moyen du patrimoine culturel et
naturel. C’est pourquoi l’UNESCO et ses partenaires japonais et
internationaux tiendront en mars 2015 une session de travail sur
le thème du « Patrimoine résilient » à l’occasion de la Conférence
de Sendai. Parallèlement à cet événement, l’UNESCO préconise Dessin réalisé par un enfant de primaire à Sri Lanka après le tsunami de 2004.
vivement une intégration appropriée de la culture et du patrimoine
au sein du CAH2 qui est actuellement en cours de négociation
(septembre 2014) et qui sera probablement adoptée avant la Le programme de la RRC
réunion de Sendai. L’on constate désormais, en matière des enjeux qui détermineront
L’objectif principal de cette session sera de sensibiliser les le programme de la RRC, une reconnaissance croissante du fait que
participants à l’importance que revêt le patrimoine au regard de la réduction des risques de catastrophe n’est qu’une facette d’une
la résilience, dans le cadre notamment de la RRC. Il présente en problématique beaucoup plus vaste qui touche au changement
effet un choix de pratiques exemplaires. Il se propose donc d’obtenir climatique et au développement durable. Aujourd’hui, en effet, il
des engagements spécifiques de la part des gouvernements, des paraît impossible d’assurer un développement durable sans mettre
organisations internationales et du secteur privé. en place une gestion des risques, et on sait aussi que les stratégies
À cette fin, il conviendra de souligner tout à la fois l’importance d’adaptation au changement climatique contribuent à réduire les
intrinsèque que revêtent le patrimoine et la nécessité de protéger risques de catastrophe. La nouvelle stratégie qui orientera la RRC
ce dernier des risques de catastrophe. Il faudra également définir la des dix prochaines années visera donc à intégrer ces trois questions.
relation qui existe entre le patrimoine et les risques de catastrophe En outre, l’examen continu du CAH 2005 nous indique combien
sur la base du cadre conceptuel et des priorités du secteur de la il reste encore à accomplir, notamment en ce qui concerne la
RRC, en établissant des liens clairs avec les visées et les indicateurs réduction des facteurs de risque sous-jacents et des causes de
appropriés, et ce en vue de parvenir à une solution pertinente. création de risque. Dans la mesure où l’exposition au risque se
développe plus rapidement que la réduction de la vulnérabilité,

40 Patrimoine Mondial Nº74


Focus
les objectifs cités plus haut, mais aussi sa pertinence dans le cadre
du développement durable et de l’adaptation au changement
climatique.
Pour prévenir l’apparition de nouveaux risques, il faudra par
ailleurs montrer comment les modèles de développement fondés
sur les connaissances, les pratiques et les utilisations des terres
traditionnelles et sur la gestion de l’environnement historique
tiennent intrinsèquement compte des risques et appliquent les
enseignements accumulés au fil des siècles.
En termes de réduction des risques existants, il sera important
de définir la façon dont la sécurisation des biens et des services
qu’offrent les écosystèmes naturels et les paysages culturels peut
contribuer de manière significative à la réduction des risques en
général. En outre, comme le patrimoine culturel constitue en lui-
même un bien précieux qu’il faut protéger contre les catastrophes,
une réduction des risques affectant le patrimoine grâce à des
mesures appropriées d’atténuation paraît indispensable.
Il importe également de mettre en avant le rôle crucial d’une
approche culturellement sensible à la RRC, tenant compte des
perceptions et des comportements liés aux risques et se fondant,
notamment, sur les savoirs traditionnels et les pratiques culturelles
associées à la conservation dans le renforcement de la résilience
grâce à des mesures socio-économiques, ce qui permettrait aux
pays et aux populations d’absorber leurs pertes, de minimiser
l’impact des catastrophes et de se redresser. Par ailleurs, le rôle de
la culture dans le renforcement de la résilience est particulièrement
important du point de vue des biens symboliques du patrimoine,
afin de renforcer la cohésion sociale, soutenir le sentiment
identitaire et offrir une impression de continuité en période de crise.
L’adoption d’une perspective qui saura tenir compte de la culture
dans le cadre de la RRC est également la seule façon de garantir le
plein engagement et l’autonomisation des communautés locales,
des dirigeants et des administrateurs, et d’assurer le respect des
connaissances autochtones et locales.
Il faut espérer que la session de travail relative au patrimoine et la
résilience qui se tiendra lors de la conférence sera en mesure d’attirer
l’attention collective sur les risques qui affectent le patrimoine et
sur le rôle clé que peut jouer le patrimoine dans la RRC. De même
peut-on espérer que ces questions seront bien prises en compte
par le CAH2. Suite à la réunion de Sendai, il apparaît indispensable
les risques ont tendance à augmenter et à s’intensifier. Beaucoup de mettre en œuvre ces actions, conformément aux indicateurs
de ces nouveaux risques sont liés à une mauvaise gestion sur lesquels on se sera mis d’accord et aux engagements pris. Dans
du développement urbain et régional, au déclin des services cette optique, les Stratégies de réduction des risques sur les biens
écosystémiques réguliers, à une gouvernance inadaptée et au du patrimoine mondial2 de la Convention du patrimoine mondial
changement climatique. Enfin, le secteur de la RRC a reconnu que devraient offrir un exemple d’une remarquable pertinence.
le secteur privé jouait désormais un rôle de plus en plus important
en matière d’investissement. Selon que ces investissements soient
ou non sensibles au risque aura une influence capitale sur les
prochains niveaux de risque de catastrophe. Le cadre post-2015 Notes
devrait par conséquent comporter explicitement des politiques 1
Les conclusions de cette session et la publication Patrimoine et
publiques présentant des mesures incitatives et des possibilités résilience : Défis et opportunités pour la réduction des risques
d’investissements privés sensibles au risque, notamment du point de catastrophes sont disponibles sur http://whc.unesco.org/en/
de vue des entreprises, des foyers et des communautés. events/1048/.
Ainsi, pour être pertinent en termes de RRC, le secteur du 2
La stratégie, adoptée en 2007 par le Comité du patrimoine
patrimoine devra illustrer la manière dont l’investissement dans la mondial, est disponible sur http://whc.unesco.org/en/disaster-
conservation du patrimoine est en mesure de nous aider à atteindre risk-reduction/#strategy.

Patrimoine Mondial Nº74 41


Avec plus de
500 festivals
célébrés chaque année,
la ville de George Town
Publireportage

(Malaisie) présente

La ville des festivals un multiculturalisme


exceptionnel.

Selon le récent inventaire de la George Town de Mariamman Sri Maha, et se poursuit le DES CÉLÉBRATIONS PERMANENTES
World Heritage Incorporated (GTWHI), la ville long de la «rue de l’harmonie» (Jalan Masjid Le thème de l’année 2015, promue par la
historique de George Town organise plus de 500 Kapitan Keling). Plusieurs dévots, au corps Malaisie comme «l’année malaisienne des
festivals annuels, comme notamment Hari Raya transpercé de pointes métalliques, suivent le Festivals», porte le nom de «Des célébrations
Aidilfitri, le Nouvel An chinois, Deepavali et Noël. char argenté du seigneur Murugan à travers la à l’infini». Penang organisera également une
Les festivals et les croyances populaires font ville, paralysant temporairement la circulation. célébration des festivals au niveau étatique,
partie intrinsèque du quotidien des habitants L’anniversaire du Prophète Mohammed est sur le thème «Là où les festivités n’ont pas de
de la capitale de Penang. Chaque jour, de une date importante du calendrier islamique fin». Réputés pour leur esprit d’inclusion et
nombreux rituels et festivités sont célébrés à appelée «Maulidur Rasul» que l’on célèbre leur multiculturalisme, les festivals de George
grande et modeste échelle dans les rues de la à George Town par des prières spécifiques Town feront le bonheur d’une nouvelle
ville et le long de ses anciens passages couverts. dans les mosquées. Un défilé est également génération de visiteurs et de résidents,
Ces célébrations permettent de perpétuer organisé à travers les rues historiques de la tout en perpétuant les anciennes coutumes
les légendes, symbolismes et philosophies ville au son de chants et louanges religieux. vivantes de la ville.
d’anciennes civilisations asiatiques issues de
l’archipel malais, du sous-continent indien LES FESTIVALS CULTURELS
et de la Chine, et de transmettre ce précieux George Town possède un certain nombre
patrimoine aux générations futures. de festivals culturels plus récents comme
LES FESTIVALS : UN ÉLÉMENT CLÉ DE LA
le George Town Festival du GTWHI. Cette VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONNELLE
LES FESTIVALS TRADITIONNELS fête d’un mois consacrée aux arts et au DE GEORGE TOWN
La Fête des fantômes est un festival d’un mois patrimoine commémore l’inscription de la Les villes historiques de Melaka et George
célébré par la communauté taoïste chinoise de ville au Patrimoine mondial de l’UNESCO en Town du détroit de Malacca furent inscrites
George Town. Cet événement marque l’ouverture proposant des performances de très grande sur la Liste du Patrimoine mondial en 2008
car elles constituent des «témoignages
de la porte des enfers et le retour sur terre des qualité. La Fête du patrimoine, tenue quant vivants du patrimoine et des traditions
esprits errants. Afin d’apaiser ces derniers, les à elle tous les 7 juillet, date d’inscription du multiculturelles d’Asie, auxquels s’ajoutent
résidents organisent de somptueuses offrandes, site, présente un vaste éventail de patrimoine les infl uences coloniales européennes. Ce
des spectacles d’opéra chinois (très appréciés matériel et immatériel. Parmi les autres patrimoine matériel et immatériel s’exprime
en particulier dans un grand nombre
par les vivants) et l’incinération d’effigies. festivals culturels les plus notables, on citera
de bâtiments religieux de différentes
L’anniversaire de la divinité hindoue, le seigneur le Festival littéraire de George Town, le confessions, les quartiers ethniques, les
Murugan, est célébré par la procession de Festival de Jazz de l’île de Penang, le World nombreuses langues, les fêtes religieuses, les
Thaipusam. Cet immense défilé part du plus Music Festival et le Festival du court métrage danses, les coutumes, l’art et la musique, la
ancien temple hindou de la ville, le Temple de Tropfest. cuisine et la vie quotidienne.»

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Organisation Convention
Melaka et George Town, villes historiques du
des Nations Unies du patrimoine
détroit de Malacca
pour l’éducation, mondial
Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial
la science et la culture en 2008
Forum

Forum
La 9e session du Comité intergouvernemental pour
la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
s’est tenue du 24 au 28 novembre 2014 au siège de
l’UNESCO, Paris. La fête de la Vierge de la Candelaria
de Puno (Pérou) est l’un des trente-quatre éléments
ajoutés à la Liste représentative du patrimoine culturel
immatériel de l’humanité.

Voir page 51

Entretien Page 44
Organisations consultatives Page 47
Conventions Page 50

La fête de la Virgen de la Candelaria de Puno (Pérou).

© Ministry of Culture, Peru

Patrimoine Mondial Nº74 43


In Focus Entretien
Forum Section content

Margareta Wahlström
Représentante spéciale du Secrétariat général des Nations Unies pour la prévention des
catastrophes et Responsable du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de
catastrophe (UNISDR), chargée de favoriser la mise en œuvre mondiale du Cadre d’action
de Hyogo pour 2005-2015 : « Pour des nations et des communautés résilientes face aux
catastrophes ».
Margareta Wahlström
© UNISDR

Patrimoine Mondial : de risque à long terme et à la mise en place de mesures spécifiques


Chaque année, les catastrophes entraînent la perte de pour empêcher la création de nouveaux risques, pour réduire le niveau
nombreuses vies humaines et ont un impact considérable sur actuel de risque et pour renforcer la résilience économique et sociale.
l’économie des communautés, notamment dans les régions
du monde en développement. En mars 2015, la communauté PM : La réduction des risques de catastrophe, le changement
internationale se réunira à Sendai (Japon), dans le cadre de climatique et le développement durable sont étroitement liés
la 3e Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction à leurs causes et aux stratégies d’action susceptibles d’être
des risques de catastrophe, afin de convenir de politiques et prises. L’UNISDR reconnaît ces interactions et préconise
de plans indiquant la marche à suivre pour les dix prochaines une approche qui intégrerait ces trois facteurs. Quel rôle,
années. En tant que responsable de l’UNISDR, quels sont, à à votre avis, le patrimoine et le savoir et les pratiques
votre avis, les principaux défis et les principales priorités à traditionnelles (élaborées au cours de plusieurs millénaires
traiter ? grâce à l’adaptation de l’être humain à son environnement)
ont-ils à jouer dans cette équation ?
Margareta Wahlström : Alors que la première décennie du Cadre
d’action de Hyogo (CAH) touche à sa fin, et en prévision des mesures MW : Les sites du patrimoine nous offrent de précieuses informa-
à prendre pour réduire les risques de catastrophe, il est important tions relatives à notre passé et constituent un important symbole
de faire le bilan des progrès accomplis à ce jour. Premièrement, on identitaire pour les communautés. Dans le cadre d’une catastro-
constate que de nombreux pays ont progressé dans tous les domaines phe, leur destruction présente des effets négatifs tant sur le plan
prioritaires du CAH. La croissance économique, l’amélioration des socio-économique, en termes, par exemple, de perte de revenus
conditions de développement de nombreux pays à revenus faibles et touristiques, que sur le plan culturel. En effet, ces symboles per-
moyens, le renforcement des capacités d’alerte rapide, la préparation mettent de tisser des liens sociaux au sein des communautés et de
et la réponse aux catastrophes ont notamment entraîné une renforcer la cohésion sociale, un aspect essentiel pour favoriser la
réduction des risques de mortalité, du moins dans le cas de dangers résilience des communautés locales lorsqu’elles sont confrontées
météorologiques là où une alerte pouvait survenir. aux catastrophes. Par ailleurs, les connaissances traditionnelles et
Cela étant, on constate aussi que les pertes et les dommages autochtones liées au patrimoine culturel ont un rôle important à
économiques causés par les catastrophes ne cessent de croître. Si la jouer dans la gestion des risques. Les approches traditionnelles en
mondialisation de l’économie a certes stimulé la croissance, elle a aussi matière de construction de bâtiments et les capacités d’alerte rapide
considérablement augmenté l’exposition des nations à des dangers et locale constituent également des aspects qui touchent au patri-
divers, dans la mesure où les nouveaux investissements publics et moine culturel et qui sont d’une grande pertinence dès lors qu’il
privés se sont attachés à certaines zones à risques, et notamment aux s’agit de renforcer la résilience.
côtes vulnérables aux cyclones et aux tsunamis, aux bassins fluviaux
à risque d’inondation et aux villes situées dans des zones d’activité PM : Le Cadre d’action de Hyogo 2005-2015 ne comportait
sismique. Aujourd’hui, les risques les plus intenses s’accumulent qu’une simple allusion au patrimoine, dans le cadre du
dans ces territoires particulièrement exposés et se répercutent à traitement des informations visant à la réduction des risques
travers la planète par les chaînes d’approvisionnement mondiales, de catastrophe. La troisième Conférence mondiale de 2015
présentant ainsi un risque économique systémique aux entreprises, devrait adopter un cadre post-2015 pour la réduction de
aux gouvernements et à la société dans son ensemble. ces risques. Diriez-vous que ce nouveau cadre intégrera
Cette situation a un impact dévastateur tant sur les foyers à faibles davantage le patrimoine et plus particulièrement le
revenus qui sont vulnérables et exposés aux risques, que sur les petites patrimoine mondial ? Et, dans ce cas, dans le cadre de quels
entreprises informelles qui fournissent la plupart des emplois dans de principaux objectifs de la stratégie post-2015 le patrimoine
nombreux pays ainsi que les infrastructures et services publics dont pourrait-il jouer un rôle, et pourquoi ceux-là précisément ?
dépendent ces foyers et ces entreprises.
L’élan suscité par le CAH doit donc être renforcé dans le cadre de MW : À l’heure actuelle, le projet pré-zéro du Cadre post-2015
la réduction des risques post-2015 grâce à l’élaboration de scénarios relatif à la réduction des risques de catastrophe élaboré par les

44 Patrimoine Mondial Nº74


Entretien
coprésidents fait référence aux questions patrimoniales dans la partie
concernant l’investissement dans la résilience sociale, économique
et environnementale. Il le fait en ces termes :
« Des investissements sociaux, économiques et environnementaux
sont essentiels pour renforcer la résilience des personnes, des
communautés, des pays et de leurs biens. Une focalisation soutenue
dans les domaines clés du développement, comme la santé,
l’éducation, la sécurité alimentaire, l’eau, la gestion des écosystèmes,
le logement, le patrimoine culturel, la sensibilisation du public et
des mécanismes financiers et de transfert des risques novateurs, est
essentielle, notamment en ce qui concerne les gouvernements, les
foyers et les populations pauvres et vulnérables sur le plan local. »
Dans cette optique, les orientations originelles du CAH demeurent
valides :
« Fournir des informations facilement compréhensibles sur les risques
de catastrophe et des solutions de protection, en particulier aux citoy-
ens résidant dans des zones à haut risque, encourager et permettre
aux gens de prendre des mesures pour réduire les risques et renforcer
la résilience. Ces informations doivent intégrer des connaissances tra- La place San Marco inondée, Venise (Italie).
© Kate Hopkins
ditionnelles et autochtones pertinentes ainsi que le patrimoine culturel
et être personnalisées de manière à pouvoir cibler différents publics, en
tenant compte des facteurs culturels et sociaux. » des connaissances à l’ensemble des villes qui participent à la
On pourrait toutefois améliorer ces orientations et profiter de l’oc- campagne et qui disposent de sites classés au patrimoine mondial.
casion pour identifier les moyens qui permettraient de les dévelop- En outre, les orientations et les outils actuels de la campagne,
per. Il y a également de fortes possibilités pour que les pays adoptent et notamment les « Dix points essentiels » visant à rehausser
des orientations plus spécifiques touchant à la réduction des risques la résilience des villes et à améliorer le guide des maires, l’outil
de catastrophe et au patrimoine, notamment dans le cadre de l’éla- d’autoévaluation des gouvernements locaux et la fiche de calcul
boration des plans nationaux que nécessitera le projet pré-zéro. du niveau de résilience des villes pourraient mieux intégrer les
questions liées au patrimoine. Ce point est déjà prévu dans la
PM : L’UNISDR a lancé une campagne très populaire intitulée phase d’examen des outils de campagne en 2014 et en 2015.
« Pour des villes résilientes ». Le but de cette campagne, qui
a remporté un large soutien partout dans le monde, est PM : La Liste du patrimoine mondial comporte aujourd’hui
de renforcer la résilience des villes face aux catastrophes, plus de 250 villes situées dans toutes les régions du monde.
et ce grâce à la mise en œuvre de « Dix points essentiels ». Serait-il possible de promouvoir la campagne « Pour des
Comment, selon vous, pourrait-on intégrer plus efficacement villes résilientes » à l’ensemble de ces sites, en présentant le
le patrimoine culturel au sein de cette campagne ? patrimoine comme un atout majeur en termes de protection
et de résilience ? Cette approche pourrait-elle s’inscrire dans
MW : Il existe de nombreuses manières d’intégrer les questions une initiative conjointe de l’UNESCO et de l’UNISDR ?
de patrimoine dans les travaux de la campagne « Pour des villes
résilientes ». Tout d’abord, un certain nombre de villes inscrites MW : Il est tout à fait possible, en effet, de concevoir la « résilience »
au patrimoine mondial de l’UNESCO participent déjà à cette comme l’un des principaux enjeux des villes du patrimoine mondial,
campagne. La ville de Venise (Italie), par exemple, a rejoint la dans la mesure où ces villes entretiennent déjà des liens entre elles
campagne en tant que « ville modèle » pour la protection du et ont déjà identifié les catastrophes et la résilience comme des do-
patrimoine culturel et l’adaptation au changement climatique. maines d’intérêt communs. Certaines de ces villes sont plus expo-
L’économie de cette ville repose essentiellement sur le tourisme en sées aux risques que d’autres et pourront donc considérer la réduc-
raison de ses trésors culturels et historiques. Venise a mis en place tion des risques comme une priorité plus importante. Par ailleurs, le
un plan comportant des éléments de gestion structuraux et bio- développement d’une résilience globale dans l’ensemble des villes du
géomorphologiques qui s’attachent au renforcement des côtes, patrimoine mondial pourrait présenter à chacune des avantages sup-
à la reconstruction des zones humides, à la remise en état des plémentaires et ce pour un certain nombre de raisons, quel que soit
sites pollués, à la construction d’un système de barrières mobiles son profil de risque actuel, en termes notamment de changement cli-
sur la mer, à l’élévation de la chaussée, à l’entretien urbain, à matique, d’avantages qu’offre la résilience aux catastrophes du point
la surveillance des crues, à un système d’alerte rapide et à une de vue du développement, et d’amélioration de l’image de la ville.
campagne de sensibilisation du public. Venise a déjà partagé son Je serais certainement très favorable à une telle initiative.
expérience avec la ville de Byblos (Liban) et est prête à collaborer J’espère que nous aurons l’occasion d’en discuter et que nous
avec d’autres villes en matière de protection du patrimoine culturel. pourrons identifier des moyens permettant de favoriser ce type de
On pourrait donc envisager d’intensifier ce système de partage collaboration.

Patrimoine Mondial Nº74 45


Le Secteur central de la
cité impériale de
Thang Long-Hanoï
Site du patrimoine
mondial culturel

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis


2010, la cité impériale de Thang Long constitue un
précieux témoignage de l’évolution de la capitale
vietnamienne sur plus d’un millénaire.

Si les vicissitudes du temps et de l’histoire ont, hélas,


eu raison de nombreux éléments de l’ancienne cité,
il est encore possible d’imaginer avec précision toute
la majesté de cet imposant ensemble grâce à la vaste
collection d’artefacts mis au jour par les fouilles, à la taille
impressionnante de ses fondations, à la délicatesse des
motifs qui ornent ses toits et à la finesse des ustensiles en
céramique découverts à travers le site. La multitude de
motifs décoratifs et d’objets trouvés sur le site nous offre
également un aperçu exceptionnel de la dextérité et de la
créativité des anciens Vietnamiens ainsi que des diverses
influences culturelles qui se sont croisées ici durant près
de treize siècles.

Aujourd’hui, la richesse historique et culturelle de la cité


impériale attire de très nombreux visiteurs vietnamiens
et étrangers chaque année. Le site fait également l’objet
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de divers projets de conservation et d’interprétation
dans le but d’assurer la pérennité de ses caractéristiques
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exceptionnelles.
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Organisation Convention
Secteur central de la cité impériale
des Nations Unies dudepatrimoine
Thang Long-Hanoï
pour l’éducation, mondial
Inscrit sur la Liste du
la science et la culture patrimoine mondial en 2010

Thang Long - Hanoi Heritage Conservation Centre


Addresse : 12 Nguyen Tri Phuong / 9 Hoang Dieu, Ba Dinh, Hanoi - Téléphone : (84 - 4). 37345927 - Fax : (84 - 4). 37345926
Contact pour réservations : (84 - 4). 3 7345427 - Email : hoangthanhthanglong@gmail.com

www.hoangthanhthanglong.vn/
Forum Organisations consultatives

Gérer les risques de catastrophes pour le patrimoine mondial : un outil

Organisations consultatives
pour identifier, évaluer et réduire les risques pour le patrimoine
Auteurs : ICCROM, ICOMOS, UICN et Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
http://whc.unesco.org/fr/gerer-les-risques-de-catastrophes

Patrimoine mondial M a n u e l d e r é f é re n c e
érer les risques de catastrophes Le risque de catastrophe est le résultat GÉRER LES RISQUES
pour le patrimoine mondial a été d’un aléa (ou danger) et d’une vulnérabilité. DE CATASTROPHES
publié en 2010 dans le cadre de la Alors qu’un aléa désigne un phénomène
série de Manuels de référence du (séisme ou cyclone par ex.) susceptible de
patrimoine mondial. Il a pour but de causer des perturbations ou des dommages pour le patrimoine mondial
faire prendre conscience aux gestionnaires à des biens culturels, la vulnérabilité désigne
et administrateurs du patrimoine mondial la susceptibilité ou l’exposition de biens
de la réelle ampleur des risques associés culturels à un aléa. Alors qu’un aléa désigne
à des catastrophes. Plus important, ce la source externe d’une catastrophe,
manuel leur fournit une méthodologie la vulnérabilité désigne la faiblesse
solide pour identifier, évaluer puis réduire inhérente d’un bien culturel (en raison de
les risques, avec une vision de préservation sa localisation ou de ses caractéristiques
de leur patrimoine et l’assurance que cela spécifiques). Il importe de garder présent
contribue au développement durable de à l’esprit qu’un aléa, tel qu’un séisme, peut
Pour tous renseignements :
Centre du patrimoine mondial
UNESCO

leurs communautés. déclencher une catastrophe, mais n’est pas,


7, place de Fontenoy
75352 Paris 07 SP France
Tél : 33 (0)1 45 68 24 96

La Liste du patrimoine mondial n’a en soi, une catastrophe.


Fax : 33 (0)1 45 68 55 70
Courriel : wh-info@unesco.org
http://whc.unesco.org

cessé de s’enrichir. Aussi est-il devenu La gestion des risques de catastrophe


indispensable de guider les États parties (GRC) comprend trois grandes phases :
dans la mise en œuvre de la Convention.
Il existe une nécessité de mieux centrer les
activités de formation et de renforcement
des capacités sur les domaines particuliers
où les États parties et les gestionnaires des
sites du patrimoine mondial ont besoin
d’un soutien accru. L’élaboration de la
présente série de Manuels de référence sur
le patrimoine mondial répond à ce besoin.
La série est publiée conjointement par
les Organisations consultatives désignées
par la Convention du patrimoine mondial
(ICCROM, ICOMOS et UICN) et le Centre
du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui
assure les fonctions de secrétariat de la
Convention.
Par catastrophe, on entend la rupture
grave du fonctionnement d’une
communauté ou d’une société impliquant
d’importantes pertes humaines, matérielles,
économiques ou environnementales que
la communauté ou la société affectée ne
peut surmonter avec ses seules ressources
(UNISDR, 2002). Au sens du présent Manuel,
une catastrophe englobe son impact, non
seulement sur des personnes et des biens,
mais aussi sur les valeurs patrimoniales
des biens du patrimoine mondial et, le cas
échéant, ses écosystèmes. Figure 1 : Le cycle de la gestion de risque de catastrophe.

Patrimoine Mondial Nº74 47


Forum Organisations consultatives

sa portée, le public auquel il s’adresse, ainsi


que le ou les agences responsables de sa
mise en œuvre.
• Un plan repose essentiellement sur
l’identification et l’évaluation des principaux
risques de catastrophe susceptibles
d’avoir des effets nuisibles sur les valeurs
patrimoniales du bien (telles qu’elles sont
énoncées dans la déclaration de sa valeur
universelle exceptionnelle), sur des vies
humaines et sur des biens présents sur le
site.
• Il indique ensuite les outils,
techniques et stratégies de mise en œuvre
en matière de prévention et d’atténuation,
de préparation et d’intervention, de
relèvement, de maintenance et de suivi.
Ces aspects sont traités dans les chapitres
Figure 2 : Principales composantes d’un plan de gestion des risques de catastrophe. suivants du Manuel de référence.
• Un plan doit préciser les périodes
durant lesquelles sont prévus des examens
avant, pendant et après une catastrophe réexaminer le plan de gestion des risques périodiques du plan et les délais y afférents.
(voir Fig. 1). Les activités de préparation de catastrophe relatif au bien, à la lumière • Un plan sera aussi détaillé que
à entreprendre avant une catastrophe des succès et échecs constatés. En effet, possible, selon la nature du bien. Si, par
comprennent l’évaluation des risques, la une communication et un suivi réguliers exemple, plusieurs biens du patrimoine sont
prévention et les mesures d’atténuation sont des aspects essentiels à prendre en situés dans une même ville ou zone urbaine,
associées à des aléas particuliers compte tout au long d’un cycle de gestion il peut être opportun d’élaborer un plan
(maintenance et suivi, formulation et mise des risques de catastrophe. Le cycle GRC général de gestion des risques couvrant
en œuvre de politiques et programmes de est un outil efficace pour informer sur les l’ensemble des biens du patrimoine de
gestion des catastrophes). La préparation étapes essentielles de la gestion des risques cette ville. Le plan prévoira un système
à une situation d’urgence avant une de catastrophe du patrimoine culturel. Il pour l’articulation des plans relatifs à
catastrophe consiste à prendre des mesures, doit donc être disponible dans la langue chaque bien, ainsi que des activités et des
telles que prévoir une équipe d’intervention locale pratiquée sur les lieux du site et procédures communes à tous les biens,
d’urgence, un plan et des procédures affiché de façon visible dans les bureaux des notamment pour garantir la coordination
d’évacuation, des systèmes d’alerte et des responsables du site. avec des autorités extérieures, telles que
exercices et des dispositifs de stockage municipalité, sapeurs-pompiers, police et
temporaire. Plan de gestion des services de santé.
Pendant une catastrophe, dont on risques de catastrophe • Un plan GRC peut revêtir des
considère habituellement qu’elle couvre Les caractéristiques essentielles d’un plan formes diverses en fonction du public
une période de 72 heures après le GRC sont (voir Fig. 2) : visé. Ainsi, une brochure ou une affiche
début de l’incident, diverses procédures • Il est essentiel que le gestionnaire conviendra pour sensibiliser l’opinion
d’intervention d’urgence pour sauver des de site et son équipe disposent d’un plan publique, un rapport sera nécessaire pour
vies ou des éléments de patrimoine doivent contenant des orientations claires, souples un organisme public et un manuel/CD-
être établies et simulées à l’avance. Les et pratiques (et non des règles rigides). Une ROM accompagné de listes de contrôle
activités menées après une catastrophe certaine flexibilité du plan est à prévoir dès sera plus approprié pour un gestionnaire de
comportent l’évaluation des dommages, le début. site. Quel que soit son format, il doit être
le traitement des éléments du bien du • À l’instar d’un plan de gestion de correctement articulé avec le plan ou le
patrimoine qui ont été endommagés grâce site générique, un plan GRC ne doit pas système général de gestion du bien.
à différents types de mesures, par exemple consister en une simple liste de mesures • Des exemplaires du plan GRC
réparations, restauration et modernisation, à prendre. Il doit aussi contenir une relatif au bien doivent être conservés en lieu
relèvement/réhabilitation. La GRC couvre description des processus que les autorités sûr et en différents endroits, afin de pouvoir
la préparation de l’ensemble des activités responsables doivent appliquer, en fonction les retrouver facilement si nécessaire,
à mener avant, pendant et après une de la situation, pour prendre des décisions et notamment en cas de catastrophe.
catastrophe. L’expérience acquise en mettre en œuvre les mesures qui s’imposent. Il importe de bien comprendre la logique
matière d’intervention et de relèvement • Un plan doit exposer clairement qui a présidé à la définition des principales
après une catastrophe est l’occasion de ses objectifs généraux, son déroulement, composantes d’un plan GRC à partir du

48 Patrimoine Mondial Nº74


Organisations consultatives
Figure 3 : Processus d’analyse des risques.

cycle de gestion des risques de catastrophe susceptibles d’accroître la vulnérabilité du divers aspects du bien, tels que son identité
que l’on vient de décrire (Figure 1). bien. Il peut s’agir de facteurs physiques, et son utilité.
sociaux, économiques, institutionnels • Étude de la législation et de
Analyse des risques ou comportementaux. La vulnérabilité la politique en matière de patrimoine
de catastrophe physique peut être d’ordre structural ou culturel et, si nécessaire, de la gestion des
Les étapes à suivre pour analyser les matériel. Pour chaque bien, il convient catastrophes.
facteurs de risques de catastrophe sur un d’identifier les indicateurs spécifiques de • Étude des systèmes de gestion de
bien sont les suivantes (voir Fig. 3) : vulnérabilité et d’en évaluer l’évolution avec site, si nécessaire.
• Dresser la liste de tous les aléas le temps. • Estimation des ressources
naturels et anthropiques qui exposent le - une analyse de l’effet négatif humaines disponibles ou nécessaires.
bien à des risques de catastrophe. Ces aléas potentiel d’une restauration médiocre • Implication des parties prenantes
peuvent être des aléas primaires, avec des effectuée dans le passé. et participation de la communauté.
effets potentiellement catastrophiques, - une analyse des rapports de Il est important d’organiser régulièrement
tels que séismes, ou des aléas secondaires, cause à effet entre des aléas primaires des discussions avec les parties prenantes
lents et graduels, ou facteurs de risques et des facteurs de risques sous-jacents et la communauté locale afin de maintenir
sous-jacents, tels que changements de la qui augmentent la vulnérabilité du bien leur implication dans les activités de
végétation naturelle dus au relèvement de et l’exposent à un risque de catastrophe, relèvement et de réhabilitation et de
la nappe phréatique ou variations de la assortie d’une explication des relations les sensibiliser à l’intérêt de reconquérir
qualité de la nappe phréatique dues à la d’interdépendance entre eux. Des aléas les valeurs patrimoniales culturelles ou
pollution. Dans le cas de biens culturels, des (ou facteurs) secondaires cumulés peuvent naturelles du bien qui ont été perdues.
aléas secondaires peuvent être par exemple accroître la vulnérabilité d’un bien à un aléa • Éducation et sensibilisation.
la pousse de végétation sur des monuments primaire. Parallèlement, remédier à un aléa • Introduction d’un système et d’un
ou une humidité provenant du relèvement spécifique risque d’accroître la vulnérabilité processus de surveillance.
de la nappe phréatique. d’un bien à un autre aléa. Finalement, le patrimoine peut jouer un
• Identifier les processus qui, rôle plus proactif dans le relèvement et la
combinés à un aléa primaire, peuvent Les mesures après réhabilitation :
exposer le bien à un risque de catastrophe. catastrophe • En utilisant des compétences
L’identification de ces processus peut Dans le cas où il y avait une catastrophe, et et des capacités traditionnelles pour la
reposer sur : après la phase de catastrophe proprement réhabilitation après une catastrophe.
- une évaluation des performances dite, il est nécessaire de définir des mesures • En mettant en lumière le mode
des systèmes de gestion et des mesures de à long terme pour réhabiliter au plus tôt de vie, les technologies et les moyens de
préparation aux catastrophes déjà existants. le bien affecté et le protéger contre des subsistance locaux qu’il y a lieu d’intégrer
- une analyse des effets négatifs catastrophes à venir. Il est important de dans des opérations de reconstruction
potentiels résultant de configurations ou de tirer les enseignements de l’expérience après une catastrophe. Les erreurs passées
phénomènes existants de dommages et de passée et de réexaminer les systèmes de peuvent être riches d’enseignements en la
détérioration, ou d’interventions, d’activités gestion de risques existants. Plusieurs matière.
ou de projets d’aménagement du territoire aspects sont à revoir ou à introduire pour • En reconnaissant que le
irréversibles actuels susceptibles de con- garantir un relèvement efficace : patrimoine culturel et naturel est une
tribuer à accroître la vulnérabilité du bien à • Prise en compte de la réhabilitation source d’information sur l’identité qui peut
divers aléas. Divers outils d’analyse peuvent sociale et économique du bien et de son favoriser le relèvement psychologique des
être utilisés pour ce faire et la communauté milieu environnant. victimes de la catastrophe.
locale peut y être associée. • Stratégies de restauration, • En faisant appel aux capacités
- une analyse des facteurs de risques reconstruction et réhabilitation du bien à réagir des réseaux sociaux traditionnels
sous-jacents relatifs à l’environnement et après la catastrophe en articulation avec pour faciliter le relèvement.

Patrimoine Mondial Nº74 49


Forum Conventions

Sept projets dans le secteur de la créativité reçoivent un soutien financier


numérique sur la promotion de la diversité des
l’occasion de la 8 session du
e
expressions culturelles, par exemple dans la
Comité intergouvernemental de la production et la distribution de contenus créa-
Convention de 2005 sur la diversité tifs ainsi que dans l’accès à ces derniers. Enfin,
des expressions culturelles, tenue le Comité a décidé d’organiser en 2015 une
du 9 au 11 décembre 2014 au Siège session d’échanges spéciale avec des experts
de l’UNESCO à Paris, les membres du Comité internationaux, les organisations internatio-
intergouvernemental pour la protection et nales concernées et la société civile, afin de
la promotion de la diversité des expressions partager les informations et données les plus
culturelles ont décidé d’octroyer un montant récentes sur ces sujets qui se trouvent au cœur
total de 618 418 dollars américains au titre du de la Convention de 2005.
© Haags Uitburo
Fonds international pour la diversité culturelle À l’ouverture de la session, la Directrice géné-
(FIDC) aux sept projets suivants : rale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, a formé
• Aider la jeunesse africaine à exploiter le sique au Mexique, Germinalia A. C. (Mexique) le vœu que les moyens dont l’UNESCO a be-
potentiel du secteur musical, Conseil inter- • Encourager une participation active des soin lui soient donnés pour soutenir et mettre
national de la musique (Proposition conjointe groupes vulnérables dans le secteur créatif en œuvre cette importante Convention, qui
Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, République en Uruguay, Direction nationale de la culture, reconnaît la nature double et distincte (écono-
démocratique du Congo, Kenya, Malawi, Ministère de l’éducation et de la culture mique et culturelle) des biens et services cultu-
Mozambique et République-Unie de Tanzanie) (Uruguay) rels. Elle a également exprimé sa gratitude à
• Bâtir une industrie des arts du spectacle Depuis 2010, le FIDC a versé 5,3 millions de l’égard de la Suède pour sa contribution de
durable au Cambodge, Phare Ponleu Selpak dollars pour soutenir 78 projets dans 48 pays 2,5 millions de dollars américains. Ce finance-
(Cambodge) en développement couvrant un large éventail ment de l’Agence suédoise de développement
• Renforcer les capacités institutionnelles lo- d’activités, allant du développement de poli- international apportera son soutien à des acti-
cales et régionales en vue d’élaborer des poli- tiques culturelles au renforcement des capaci- vités de renforcement des capacités destinées
tiques concernant les industries culturelles en tés des entrepreneurs culturels, et à la création à faciliter des politiques fondées sur la re-
Serbie, Creative Economy Group (Serbie) de nouveaux modèles économiques pour les cherche et à aider à évaluer l’impact politique
• « Jeunesse émergente » : renforcer la co- industries culturelles. de la Convention au niveau mondial.
opération sous-régionale et promouvoir les Le Comité a également souligné l’impor- La Convention de 2005 sur la protection et
jeunes talents dans le secteur musical africain, tance de la mise en œuvre des articles 16 et la promotion de la diversité des expressions
Réseau culturel et artistique pour la formation 21 de la Convention qui concernent respec- culturelles est la plus récente convention cultu-
et la Francophonie – RECAF (Tchad) tivement le traitement préférentiel accordé relle de l’UNESCO, et celle dont le nombre de
• Élaborer une politique efficace pour la pro- aux pays en développement ainsi que la co- parties a augmenté le plus rapidement. Elle
motion des industries culturelles au Maroc, opération internationale au sein des autres célébrera son 10e anniversaire en 2015.
Association Racines (Maroc) enceintes, et a appelé les parties à augmenter Plus d’informations sur : en.unesco.org/
• Promouvoir la participation des jeunes au leurs efforts dans ces domaines. Il a égale- creativity/

L
sein des industries de l’édition et de la mu- ment discuté de l’impact des technologies du

ICORP
a vocation du Comité activités d’atténuation, de préparation, de trophes, et la diffusion de bonnes pratiques.
scientifique international réponse et de rétablissement. L’ICORP organise également de nombreux
du Conseil international Ce Comité se compose de plus de cin- colloques scientifiques en collaboration avec
des monuments et des sites quante professionnels issus de vingt-cinq divers organismes nationaux et internationaux
(ICOMOS) sur la préparation pays couvrant différentes régions, et spécia- et établissements universitaires. Le Comité
aux risques (ICORP) est d’améliorer le lisés dans divers aspects de l’atténuation des a ainsi organisé les symposiums de Kyoto
degré de préparation des institutions catastrophes, de la réponse et du rétablis- (2010), d’Helsinki (2011), d’Istanbul (2012),
et des professions patrimoniales face sement du patrimoine culturel. Les missions de Katmandou (2013) et de Porto (2014),
aux catastrophes d’origine naturelle ou d’ICORP comprennent l’élaboration de ma- ainsi que deux formations e-learning en sau-
humaine, et de favoriser une meilleure nuels, de lignes directrices et de publications, vegarde d’urgence du patrimoine destinées
intégration de la protection des structures, et la mise en place de cours de formation et aux professionnels du patrimoine syrien du-
sites ou zones du patrimoine dans la d’activités favorisant le renforcement des ca- rant le conflit en 2013, en collaboration avec
gestion des catastrophes nationales, locales pacités, la sensibilisation à la protection des l’ICCROM et la Direction générale des antiqui-
et internationales, à travers notamment des sites du patrimoine menacés par les catas- tés et des musées de Syrie.

50 Patrimoine Mondial Nº74


L
Trente-quatre nouveaux éléments du patrimoine immatériel

Conventions
a 9e session du Comité
intergouvernemental pour
la sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel s’est tenue
du 24 au 28 novembre 2014 au
Siège de l’UNESCO, Paris. Au cours de cette
session, présidée par José Manuel Rodriguez
Cuadros (Pérou), le Comité a examiné vingt-
sept rapports périodiques sur la mise en
œuvre de la Convention, ainsi que huit
rapports sur l’état actuel d’éléments inscrits
sur la Liste du patrimoine culturel immatériel
nécessitant une sauvegarde urgente.
Au cours de la session, trois éléments
furent inscrits sur la Liste de sauvegarde
urgente, trente-quatre furent ajoutés
à la Liste représentative du patrimoine
culturel immatériel de l’humanité, et un
seul élément (sauvegarde de la culture du
carillon en Belgique) fut ajouté au Registre La danse rituelle au tambour royal (Burundi).
© Jean Marie Vianney RUGERINYANGE, Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Burundi
des meilleures pratiques de sauvegarde. Les
éléments inscrits sur la Liste représentative
comprennent la Danse rituelle au tambour héritées de nos ancêtres et transmises à traditionnel. Ce patrimoine constitue
royal (Burundi), L’Askiya, l’art de la nos descendants, comme les traditions un facteur important du maintien de la
plaisanterie (Ouzbékistan), et la Tradition orales, les arts du spectacle, les pratiques diversité culturelle face à la mondialisation
de la fabrication des tapis à Tchiprovski sociales, rituels et événements festifs, les croissante et nécessite par conséquent une
(Bulgarie). connaissances et pratiques concernant la protection adaptée.
Le patrimoine culturel immatériel englobe nature et l’univers ou les connaissances Plus d’informations sur http://www.

L
les traditions ou les expressions vivantes et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat unesco.org/culture/ich

Une coopération multilatérale sur la biodiversité


a première réunion d’experts liés à la biodiversité, comme la Convention elles pour renforcer la coopération et
multipartite sur l’élaboration du patrimoine mondial. définir les prochaines étapes.
d’options pour un renforcement Après avoir examiné la situation actuelle Cette réunion faisait partie du projet
de la coopération et des syner- et étudié divers points de vue sur la permanent du PNUE qui vise à améliorer
gies dans le cadre des accords coopération entre les AEM relatifs à la l’efficacité et la coopération des conventions
environnementaux multilatéraux liés à la biodiversité, les participants conclurent relatives à la biodiversité, afin d’obtenir une
biodiversité s’est déroulée du 26 au 28 août que d’importants efforts et initiatives mise en œuvre plus cohérente, plus efficace
2014, à Interlaken (Suisse) sous les auspices avaient été déployés pour parvenir à une et plus applicable. Plusieurs ouvrages de
du Programme des Nations Unies pour l’en- meilleure harmonisation, notamment référence seront produits d’ici à 2016 sur les
vironnement (PNUE). à travers le groupe de Liaison de la divers moyens de renforcer la coopération
Cette rencontre, qui rassemblait biodiversité (BLG), le portail InforMEA, les dans la mise en œuvre des AEM, aux
des représentants des secrétariats des efforts croissants déployés pour adhérer niveaux national, régional et mondial. Une
conventions pertinentes, d’organisations au Plan stratégique pour la biodiversité série de recommandations sera également
internationales et régionales, de de 2011-2020, ainsi que plusieurs présentée à l’Assemblée des Nations Unies
gouvernements nationaux et d’experts en protocoles d’accord (PA) et programmes pour l’environnement (UNEA) en 2016.
Accords environnementaux multilatéraux de travail communs. Il reste néanmoins de Lien vers le Groupe de liaison des
(AEM), visait à identifier une série d’options nombreuses pistes à explorer pour élargir conventions relatives à la biodiversité :
permettant de renforcer la coopération et ces efforts, et les participants se sont http://www.cbd.int/blg/
les synergies entre les six principaux AEM penchés sur un certain nombre d’entre InforMEA: http://www.informea.org/

Patrimoine Mondial Nº74 51


1000 RI
MO
NIO MUN
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L

NDIAL •

Le Delta de l’Okavango est been


le millième site
WORLD H

The Okavango Delta has declared


MO

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inscrit sur laUNESCO


Liste du World
patrimoine mondial

the 1000th Heritage site Organisation


des Nations Unies
pour l’éducation,
Convention
Delta de l’Okavango
du patrimoine
Inscrit sur la Liste du
patrimoine
mondial mondial
la science et la culture en 2014

Découvrez pourquoi
Explore why at ici :
www.botswanatourism.co.bw
Nouvelles

Nouvelles
Après des années de braconnage des éléphants,
les autorités ont déclaré qu’il n’y avait pas eu de
braconnage dans le site du patrimoine mondial de
la réserve de gibier de Selous (République-Unie de
Tanzanie) dans les trois mois suivant l’inscription du
bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Voir page 59

Préservation Page 54
Sites en péril Page 57
Promotion Page 60

Fleuve Rufiji, Réserve de gibier de Selous (République-Unie de Tanzanie).

© Rob

Patrimoine Mondial Nº74 53


Nouvelles Préservation

De chasseur- de reconnaissance, de conservation et de


recherche sur ces sites.
Le Centre du
cueilleur à Cette réunion représente un progrès patrimoine
producteur important en matière de coopération du
programme HEADS avec le gouvernement mondial et les
Du 18 au 22 août 2014, la Biblioteca
local de Puebla pour renforcer la collaboration
internationale et régionale dans le cadre de
PEID à Samoa
Palafoxiana de Puebla (Mexique) a accueilli l’évaluation des méthodes qui servent à
une réunion d’experts internationaux dans définir la valeur universelle exceptionnelle,
le cadre du Programme thématique du et permettent de prendre des mesures Dans le cadre de sa contribution à la
patrimoine mondial de l’UNESCO intitulé concrètes pour assurer reconnaissance, troisième Conférence des Nations Unies sur
« Évolution de l’homme : adaptations, conservation et recherche des sites qui, dans les Petits États insulaires en développement
dispersions et développements sociaux » toutes les parties du monde, ont un rapport (PEID), tenue du 1er au 4 septembre 2014
(http://whc.unesco.org/fr/heads/). avec la transition entre l’état de chasseur- à Apia (Samoa), le Centre du patrimoine
Cet événement scientifique de cinq jours cueilleur et celui de producteur. Le degré mondial a publié un Cahier du patrimoine
axé sur la transition de chasseur-cueilleur à de représentation de ces sites sur la Liste mondial intitulé Sauvegarde des ressources
producteur rassemblait trente-neuf experts du patrimoine mondial et l’importance que précieuses par les communautés insulaires,
en paléontologie, paléogénétique, biologie, revêt la Convention du patrimoine mondial et fourni divers éléments pour préparer
géologie, archéologie et anthropologie étaient deux des points clés de cette réunion. les posters des sites PEID du patrimoine
issus de treize pays ainsi que plusieurs Les experts ont également émis plusieurs mondial servant à l’exposition de l’Année
gestionnaires de site et les représentants recommandations dans le cadre des internationale des PEID.
de douze institutions nationales et prochaines recherches qui seront menées Lors de cette Conférence, les États
internationales. dans la vallée de Tehuacán-Cuicatlán membres des Nations Unies ont officielle-
Les échanges portèrent sur les origines afin de déterminer les processus liés aux ment adopté les Modalités d’action accélé-
de l’agriculture et du stockage des aliments origines de la manipulation des aliments et rée de la part des Petits États insulaires en
et examinèrent la question de la transition de la domestication végétale et animale, et développement (le « scénario de Samoa »)
néolithique sur l’ensemble des continents. aux transformations des paysages qui ont dans lesquelles les pays reconnaissent la
Il a également été question des origines de favorisé l’intensification de la production. nécessité de soutenir et d’investir dans ces
la domestication du maïs au Mexique et en Le programme HEADS fut officiellement nations afin de leur assurer un développe-
Méso-Amérique, et de l’archéologie et de adopté par le Comité du patrimoine mondial ment durable. Dans le cadre de ce scénario,
l’anthropologie dans la vallée de Tehuacán- en 2008 en vue d’encourager l’étude des l’UNESCO s’est engagée à mettre au point
Cuicatlán. fondements du comportement humain dans le Plan d’action de l’UNESCO pour les PEID
Les experts présents soulignèrent l’im- la colonisation des continents, ainsi que les relevant de son mandat.
portance de la Convention du patrimoine différents processus culturels adaptatifs et
mondial pour assurer la conservation et la le rôle de la coopération internationale dans
protection des sites archéologiques attes- l’identification, l’étude et la préservation
tant de la transition entre la condition de des sites et des vestiges biologiques,
chasseur-cueilleur et celle de producteur, paléoanthropologiques et archéologiques
et tous les participants convinrent de la né- témoignant de l’origine de la diversité
cessité de mettre en place des mécanismes culturelle sur tous les continents.

Centre historique de Puebla (Mexique). Île de Namu’a (Samoa).


© Russ Bowling © www.whl.travel

54 Patrimoine Mondial Nº74


Un plan de

Préservation
Le scénario de Samoa stipule que les PEID divers partenaires locaux et fournisseurs
doivent reconnaître la nécessité d’investir de services. Les gestionnaires de site et les
dans l’éducation et dans la formation développement membres de la communauté locale évaluè-
pour permettre de bâtir des économies et
des sociétés résilientes. Ce scénario met pour les rent également les activités entrepreneu-
riales et commerciales actuellement mises
également l’accent sur la bonne gestion des
océans de la planète.
entrepreneurs en œuvre dans l’ensemble de la région afin
d’identifier d’autres possibilités de projets.
Le scénario de Samoa soutient par locaux Cet atelier, qui s’inscrivait dans le
ailleurs les efforts visant à promouvoir et à « Programme de mise en œuvre du
préserver la diversité culturelle et le dialogue Le premier atelier de formation Deuxième cycle de rapports périodiques
interculturel par le biais du renforcement anglophone pour l’entrepreneuriat local de la région Afrique » du Fonds africain
d’activités culturelles et d’infrastructures organisé par le Fonds africain du patrimoine du patrimoine mondial de l’UNESCO et
nationales et régionales, telles, notamment, mondial et le Centre pour le développement était financé par le Ministère norvégien des
que le réseau de sites du patrimoine du patrimoine en Afrique s’est déroulé affaires étrangères, le Fonds du patrimoine
mondial. Ce document préconise aussi le du 22 septembre au 10 octobre 2014 à mondial africain et l’UNESCO, succédait à un
développement des secteurs culturels et proximité du site de Mosi-oa-Tunya / Chutes atelier de formation de deux semaines tenu
créatifs, dont le tourisme, et des mécanismes Victoria (Zambie / Zimbabwe), un bien au Ghana et à une période de trois mois
qui permettent de préserver, promouvoir et inscrit au patrimoine mondial. de suivi et de mentorat, visant à faciliter
protéger les pratiques et les connaissances Cet atelier de trois semaines se consacrait la mise en place d’activités présentant des
traditionnelles liées au patrimoine naturel, à l’élaboration d’un plan de développement avantages pour les communautés qui vivent
culturel, matériel et immatériel. et d’un budget cohérents dans le cadre sur les sites du patrimoine mondial ou dans
Ce document, publié dans la série des d’un projet pilote d’agriculture mixte/ leur périphérie. Son objectif consistait à
Cahiers du patrimoine mondial grâce au jardinage visant à générer des avantages générer des avantages socio-économiques
généreux concours du Gouvernement économiques directs pour les communautés pour ces populations à partir des ressources
japonais, aborde les préoccupations et les qui vivent à proximité du site. Ce projet du patrimoine, afin d’améliorer leurs
défis liés au patrimoine mondial des PEID comprenait également la finalisation des moyens de subsistance tout en assurant la
pour informer et orienter les décideurs, les plans de développement mis au point durabilité des ressources patrimoniales.
professionnels et les communautés locales par les gestionnaires des sites et les L’atelier rassemblait treize gestionnaires
en vue de susciter des synergies entre représentants communautaires d’autres de site, les représentants communautaires
l’amélioration des conditions de vie et la biens du patrimoine mondial africain. de sept sites inscrits au patrimoine mondial
protection de l’environnement naturel et Les participants examinèrent tous les et d’un site relevant du patrimoine national,
celui créé par l’homme. éléments clés que doit comporter un bon et dix membres de la communauté locale.
plan de développement, menèrent des en- Tous les participants suivirent une formation
quêtes de terrain et contribuèrent à l’esti- en matière d’entrepreneuriat et d’activités
mation des coûts des travaux effectués par liées au patrimoine mondial.

Les participants à l’atelier de formation de terrain en Zambie.


© Karalyn Monteil/UNESCO

Patrimoine Mondial Nº74 55


Éditions UNESCO
Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation, 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France • www.unesco.org/publishing
la science et la culture
Courriel : publishing.promotion@unesco.org

Savoirs des femmes:


médecine traditionnelle et nature
Maurice, Réunion, Rodrigues
n La Réunion, Maurice et Rodrigues présentent des
traditions médicinales uniques. Fruits d’un processus
de créolisation dont les origines sont multiples, ces
usages sont indissociables de la nature dans laquelle
ils puisent. Ils constituent une clé privilégiée pour
comprendre des sociétés qui se situent dans une
dialectique constante entre tradition et modernité.
n Ces îles, initialement désertes, ont été peuplées
à partir de la fin du XVIIe siècle par des populations
originaires d’Europe, de Madagascar, d’Afrique,
d’Inde et de Chine, voire de Polynésie ou d’Australie.
Le dialogue entre les savoirs médicinaux propres
à chacune d’elles a permis la naissance d’un savoir
commun, transmis en grande partie par les femmes.
n Cet ouvrage met en lumière la connaissance
qu’ont ces femmes des plantes médicinales
et des gestes médicaux, notamment ceux qui
15,00 € accompagnent la naissance. Il interroge également
120 pages, broché,
illustrations en couleurs la place des savoirs médicinaux dans ces sociétés
18 x 24 cm insulaires à l’heure d’une occidentalisation croissante
2013, 978-92-3-204197-5 et de certains replis identitaires.

Diffusion La Documentation Française


29-31, quai Voltaire, 75344 Paris Cedex 07
Tél. : 01 40 15 70 00 - Fax : 01 40 15 68 00
www.ladocumentationfrancaise.fr
ou www.unesco.org/publishing (Paiement sécurisé)
WH 74
Nouvelles Sites en péril

Une protection

Sites en péril
efficace pour les
forêts humides
de Madagascar
La deuxième phase de l’Assistance
internationale de l’UNESCO pour la
conservation et la gestion des Forêts
humides de l’Atsinanana (Madagascar)
classées au patrimoine mondial a
officiellement démarré lors d’une série
d’ateliers tenus du 8 au 14 septembre
2014 dans les parcs nationaux de Marojejy
et Masoala. Spécialement conçu pour
compléter le travail réalisé par l’UNESCO
sur ce site dans le cadre du projet financé
par la Norvège, ce plan d’urgence s’attache
surtout à Marojejy et Masoala et s’efforcera
d’assurer une meilleure participation des
communautés locales. Parc national de Masoala (Madagascar).
© F. Rakotomanana
Une délégation de quinze responsables,
dont le Secrétaire général du Ministère
de l’environnement, de l’écologie et des et garantissent la survie de la biodiversité lors de la 34e session du Comité, du fait de
forêts (MEEF), s’est entretenue avec les unique de Madagascar. Depuis son déta- l’exploitation et de l’exportation continue
parties prenantes locales afin d’examiner chement des autres continents, il y a plus du bois de rose et de l’ébène. Le Comité
les problèmes liés à l’abattage illégal, et de 60 millions d’années, la vie végétale et nota également que certains pays qui
notamment du bois de rose, et de tenter animale de Madagascar a évolué en vase avaient ratifié la Convention du patrimoine
de trouver des solutions aux problèmes qui clos. Les forêts tropicales du pays figurent mondial constituaient des destinations
auront été identifiés. sur la Liste du patrimoine mondial en raison reconnues pour le commerce de ces bois.
Les Forêts humides de l’Atsinanana ren- de leur importance pour les processus éco- Les ateliers qui participèrent au lancement
ferment six parcs nationaux disséminés le logiques et biologiques, de leur biodiversité de cette deuxième phase du plan d’urgence
long de la partie orientale de l’île. Ces forêts et des espèces menacées qu’elles abritent. de l’UNESCO abordèrent diverses questions
reliques revêtent une importance capitale Le site des forêts tropicales fut inscrit sur clés, et notamment celle de la nécessité
pour le maintien des processus écologiques la Liste du patrimoine mondial en 2007, d’assurer une meilleure protection contre
qui attestent de l’histoire géologique de l’île et il fut ajouté à la Liste en péril en 2010 l’exploitation illégale des forêts et l’examen
de l’impact de ces activités sur le tourisme.
Les participants locaux se penchèrent
également sur la relation qui existe entre les
aires protégées et le patrimoine mondial,
ainsi que sur la nécessité de renforcer la
communication entre toutes les parties
concernées.
Le MEEF nota que l’État malgache avait
initié une série de mesures, avant le lance-
ment officiel du projet de l’UNESCO, pour
appréhender les personnes impliquées
dans le commerce illégal du bois de rose et
s’était formellement engagé à réagir à toute
présence d’exploitation forestière illégale. Le
ministère mit également l’accent sur le fait
que l’organisation de la stratégie gouverne-
mentale impliquait les plus hauts niveaux de
Renforcement des officiels locaux dans le contrôle environnemental. l’État dans le processus décisionnel.
© F. Rakotomanana

Patrimoine Mondial Nº74 57


Nouvelles Sites en péril

Sauvegarde
du patrimoine
culturel iraquien
Suite à la détérioration tragique de la si-
tuation humanitaire et sécuritaire en Iraq,
l’UNESCO a mis en place un Plan de ré-
ponse d’urgence (PRU) pour relever les défis
liés à la sauvegarde du patrimoine culturel
du pays. Ce plan fut établi lors d’une réu-
nion d’urgence tenue le 17 juillet 2014 au
Siège de l’UNESCO à Paris, en présence
d’experts provenant d’Iraq et de la commu- Ville archéologique de Samarra (Iraq).
© Ian Terry
nauté internationale. Cette réunion visait à
définir des mesures efficaces pour atténuer
l’impact négatif du conflit. Dans le cadre du PRU, toutes les parties sur les ruptures affectant le patrimoine
Par ailleurs, une réunion internationale concernées, et notamment les services immatériel.
organisée par les délégations françaises et de douanes et de police aux frontières, Ce plan sera mis en œuvre par le
iraquiennes de l’UNESCO s’est déroulée au Interpol, l’Organisation mondiale des Bureau de l’UNESCO pour l’Iraq en étroite
même endroit, le 29 septembre 2014, afin douanes et les maisons de vente aux collaboration avec les professionnels
d’identifier des moyens permettant de pro- enchères, seront alertées et informées de iraquiens en charge de la protection du
téger le patrimoine culturel iraquien actuel- toute présence potentielle d’un trafic illicite patrimoine culturel national, le secteur de
lement menacé. de biens culturels iraquiens, ainsi que des la culture de l’UNESCO à Paris et d’autres
Trois des quatre biens iraquiens inscrits mesures spécifiquement mises en place experts et partenaires institutionnels.
sur la Liste du patrimoine mondial – à savoir pour prévenir de tels actes. Afin de prévenir le trafic illicite des biens
les sites d’Assour (Qal’at Cherqat), de Hatra Le PRU collabore également avec les culturels, ERAP collaborera également avec
et de la Ville archéologique de Samarra – se intervenants humanitaires d’organismes les pays limitrophes de l’Iraq. À la demande
situent dans des zones de conflit particu- nationaux et internationaux ayant accès aux de la France et de l’Iraq, le Conseil exécutif
lièrement volatiles où le pillage et le trafic zones renfermant un patrimoine culturel de l’UNESCO a examiné la protection du
illicite de biens culturels présentent un pro- susceptible d’être pillé ou endommagé patrimoine iraquien lors de sa 195e session.
blème de plus en plus préoccupant. Assour afin d’obtenir une évaluation rapide et des En outre, les questions pressantes des at-
et Samarra furent placés sur la Liste du pa- rapports détaillés sur la sauvegarde de ces taques contre le patrimoine immobilier et
trimoine mondial en péril en 2003 et en sites. matériel de l’Iraq, de la persécution des di-
2007 respectivement. Ce plan d’urgence mettra également en verses minorités du pays et du trafic illicite
Dans un premier temps, le PRU s’attacha place un mécanisme de surveillance pour de biens culturels iraquiens étaient au cœur
à la sensibilisation de la communauté inter- garantir que toute information concernant d’une conférence internationale réunie au
nationale et du grand public aux effets des les menaces qui pèsent sur les sites et les Siège de l’UNESCO à Paris le 3 décembre
conflits armés sur le patrimoine culturel ira- musées du pays soit correctement commu- 2014.
quien. Bien qu’il n’existe aucune statistique niquée. Tous les inventaires existants seront Intitulée « Patrimoine et diversité
permettant de quantifier ce trafic en Iraq mis à jour et éventuellement numérisés. culturelle en péril en Iraq et en Syrie »,
avec quelque précision, on estime que beau- Par ailleurs, ce plan fournira aux insti- la conférence a permis de sensibiliser la
coup de statues, de manuscrits et d’autres tutions iraquiennes une assistance et une communauté internationale et les décideurs
objets précieux sont déjà tombés entre les formation techniques pour leur permettre à intégrer davantage la protection du
mains de marchands d’art peu scrupuleux. de faire face à la crise actuelle. Certaines patrimoine culturel et la diversité culturelle
L’interdiction du commerce des biens cultu- mesures d’urgence pourraient également dans les politiques liées à la sécurité, la
rels iraquiens a déjà été adoptée en 2003 être prises pour assurer le déplacement pro- résolution des conflits, l’aide humanitaire
grâce à la résolution 1483 du Conseil de sé- visoire de certains biens culturels, et notam- et le développement. Parmi ses résultats
curité des Nations Unies, et cette mesure est ment des manuscrits et des collections de la figure la proposition d’établir des « zones
toujours en vigueur. La Directrice générale de bibliothèque. culturelles protégées » où les parties au
l’UNESCO, Mme Irina Bokova, a par ailleurs L’évaluation des dommages dans le cadre conflit s’abstiendraient de toute opération
indiqué que « le patrimoine islamique, chré- du PRU impliquera la collecte d’informations militaire. La Grande mosquée omeyyade,
tien, kurde et juif… fait l’objet de destructions sur les dégâts, les pillages et les destructions située dans le bien du patrimoine mondial
ou d’attaques délibérées qui constituent clai- subies par le patrimoine matériel (sites, de l’ancienne ville d’Alep, a été mentionnée
rement une forme de nettoyage culturel ». monuments et bâtiments historiques), et comme une possibilité.

58 Patrimoine Mondial Nº74


Réduire la Disparition du

Sites en péril
à diverses espèces menacées à l’échelle
mondiale, dont l’emblématique ibex Walia,
pression du une chèvre de montagne qui ne se trouve braconnage
pâturage en nulle part ailleurs, ou encore le babouin
gelada et le loup éthiopien. à Selous
Éthiopie La principale menace pesant sur ce bien
résulte de l’utilisation non durable des Après de longues années d’un braconnage in-
ressources naturelles du site et de sa péri- cessant qui décimait les populations d’éléphants,
Un projet que mène actuellement le phérie. Ce problème constitue un parfait les autorités tanzaniennes ont récemment déclaré
Parc national du Simien (Éthiopie) inscrit exemple de la nécessité de concilier les que ce problème avait été enrayé dans la Réserve
au patrimoine mondial vise à examiner objectifs de conservation et de subsistance de gibier de Selous (République-Unie de Tanzanie)
la Stratégie de réduction de la pression des populations locales. Le Centre du patri- inscrit au patrimoine mondial, dans les trois mois
qu’exerce le pâturage (GPRS). moine mondial a déjà apporté son soutien ayant suivi l’inscription du bien sur la Liste en péril.
Le but de ce projet, mis en œuvre à l’Éthiopie pour ré-énoncer les limites du Lors de sa session de Doha (Qatar) tenue en
conjointement par le Centre du patrimoine parc, et ce en vue d’assurer la conservation juin 2014, le Comité du patrimoine mondial avait
mondial, l’Autorité de conservation de des habitats des principales espèces et en décidé de placer la réserve faunique sur la Liste
la faune éthiopienne et l’African Wildlife établissant des programmes de conserva- en péril en raison du braconnage généralisé dont
Foundation, avec le généreux concours tion communautaires en collaboration avec faisait l’objet certaines espèces sauvages du site,
du fonds-en-dépôt des Pays-Bas, consiste le Programme de microfinancements du dont notamment les éléphants et les rhinocéros.
à examiner la GPRS actuelle dans le cadre Fonds pour l’environnement mondial (FEM- Le Comité avait également prié la communauté
d’une consultation avec les communautés SGP) mis en œuvre par le Programme de internationale, et particulièrement les pays de
locales et d’élaborer une approche développement des Nations Unies (PNUD). transit et de destination du trafic d’ivoire, de sou-
progressive susceptible de définir et de Ce projet vise à parvenir à un consensus tenir la Tanzanie dans sa lutte contre cette activité
faire respecter les zones de pâturage. Ce avec les communautés locales touchant à criminelle.
projet vise également à la réhabilitation la meilleure façon d’aborder la question du Occupant une superficie de 50 000 km2, la
des zones dégradées ainsi qu’à la réduction surpâturage. La stratégie actuelle en matière Réserve de gibier de Selous est l’une des plus
progressive du pâturage général. de pâturage fera l’objet d’une mise à jour grandes aires protégées du continent africain.
Le Parc national du Simien fut inscrit sur la alors même que des priorités et des objectifs Ce site relativement peu affecté par l’influence
Liste du patrimoine mondial en 1978 et sur précis seront identifiés en vue d’une mise en humaine abrite l’une des plus importantes
la Liste en péril en 1996. Ce site renferme œuvre immédiate. Cette refonte de la stra- concentrations d’éléphants, de rhinocéros noirs,
un paysage spectaculaire sculpté pendant tégie du pâturage fera également place à de guépards, de girafes, d’hippopotames et de
plusieurs millions d’années par une érosion un plan d’action à court terme visant à as- crocodiles, ainsi que de nombreuses autres es-
massive qui a créé des pics acérés, des surer une réduction significative du nombre pèces. La réserve constitue par ailleurs un pré-
vallées profondes et des précipices abrupts d’animaux qui broutent dans le parc tout en cieux laboratoire pour la continuité des processus
atteignant jusqu’à 1 500 m de profondeur. garantissant aux communautés locales des écologiques et biologiques dans la mesure où elle
Le parc revêt une importance capitale pour moyens de subsistance durables. renferme une variété exceptionnelle d’habitats
la conservation de la biodiversité dans Il est prévu que ce processus initial se (forêts, prairies, forêts riveraines et marécages).
la mesure où il offre un refuge précieux déroule sur une période de dix-huit mois. Bien que le braconnage des éléphants se soit
généralisé dans les années 2000, le Ministre
des ressources naturelles et du tourisme de la
Tanzanie, Lazaro Nyalandu, affirme que la lutte
contre le braconnage a déjà commencé à porter
ses effets.
En 2013, la Tanzania Elephant Protection
Society, une ONG consacrée à la protection et à la
conservation des éléphants, déclarait qu’une tren-
taine d’éléphants étaient massacrés chaque jour
en Tanzanie, précisant qu’à ce rythme-là, toute
la population d’éléphants du pays serait extermi-
née d’ici l’année 2020. Le fléau du braconnage a
également entraîné un déclin spectaculaire des
populations d’animaux sauvages de la Réserve de
gibier de Selous, et notamment des éléphants et
des rhinocéros dont les effectifs ont chuté de près
de 90 % depuis 1982, date à laquelle la réserve
Parc national du Simien (Éthiopie). fut inscrite sur la Liste du patrimoine mondial.
© Sefan Gara

Patrimoine Mondial Nº74 59


Nouvelles Promotion

Les volontaires sure où les rizières non entretenues pendant


de longues périodes menacent la stabilité du
Renforcement de
du patrimoine système tout entier. Ils commencèrent par la collaboration
mondial à pied arracher les mauvaises herbes, les plantes
invasives, à évacuer les ordures et à débou- pour la Réserve
d’œuvre dans cher les canaux d’irrigation obstrués. Ils ni-
velèrent ensuite le terrain et reconstruisirent
de faune du Dja
les rizières en les digues.

terrasses Œuvrant en étroite collaboration avec


la population locale qui privilégie la
Inscrite en 1987 sur la Liste du patrimoine
mondial, la Réserve de faune du Dja est
construction de murs en pierre par des une vaste forêt tropicale africaine. Au
Du 7 au 18 juillet 2014, quarante méthodes traditionnelles, les volontaires cours des dernières années, ce site a connu
jeunes ont participé à un camp de jeunes renforcèrent les fondations des terrasses de nombreuses difficultés – hausse du
volontaires du patrimoine mondial (WHV) en bâtissant des murs en pierre et en terre. braconnage, impact négatif des activités
tenu dans les Rizières en terrasses des Ils profitèrent de la saison des pluies pour minières, développement forestier non
cordillères des Philippines, un site inscrit planter du riz dans la terrasse réhabilitée. maîtrisé et avancée des secteurs agro-
au patrimoine mondial. Cette activité était Parallèlement à ce travail, les volontaires industriel et hydroélectrique. Par ailleurs, sa
organisée par l’Assemblée des jeunes pour rénovèrent et repeignirent la bibliothèque situation administrative, divisée entre deux
le développement durable (YSDA) avec le d’une école locale, participèrent à des acti- régions, engendre de nombreux problèmes
soutien du Centre du patrimoine mondial. vités pédagogiques avec les écoliers et répa- d’organisation et nuit à la coordination
Les Rizières en terrasses des cordillères rèrent la signalétique du parcours écologique des différentes parties prenantes (État
des Philippines furent inscrites en 1995 du musée en plein air. Pendant leurs jours et autorités locales, secteur privé et
sur la Liste du patrimoine mondial en tant de repos, ils apprirent à mieux connaître la organisations civiles).
que « paysage culturel exceptionnel ayant culture d’Ifugao par le biais de cours de danse À la demande du Comité du patrimoine
évolué sur plus de deux millénaires », puis et de cuisine, découvrirent des rites tradition- mondial, les parties prenantes de la Réserve
placées, de 2001 à 2012, sur la Liste du nels et visitèrent des sites touristiques. de faune du Dja inscrite au patrimoine
patrimoine mondial en péril. Répondant Ces volontaires provenaient de Bulgarie, mondial se sont réunies à Yaoundé
à l’appel lancé par l’YSDA pour une plus d’Espagne, de Hongrie, de Pologne, de (Cameroun) du 24 au 25 septembre 2014,
grande participation des jeunes dans la Thaïlande et du Viet Nam, ainsi que d’autres afin d’évaluer les menaces qui pèsent
préservation culturelle, dans le cadre de la régions des Philippines. actuellement sur ce bien et discuter des
campagne du WHV pour l’année 2014, ce L’organisation de ce camp fut rendue
camp visait à aider la communauté locale possible grâce aux partenariats établis
à réhabiliter ses rizières et à favoriser les avec plusieurs acteurs locaux dont, no-
échanges culturels afin d’améliorer la tamment, le gouvernement municipal de
sensibilisation des jeunes au patrimoine Kiangan, Barangay Nagacadan, le réseau
culturel. Environnement jeunesse des Philippines et
Les volontaires travaillèrent essentielle- la Commission nationale de l’UNESCO aux
ment sur des sites abandonnés, dans la me- Philippines.

Jeunes volontaires du patrimoine mondial dans les Rizières en terrasses des cordillères des Philippines. Réserve de faune du Dja (Cameroun).
© Mario Santana © B. Diawara/UNESCO

60 Patrimoine Mondial Nº74


Le Réseau du

Promotion
mesures à prendre. Les participants sont des forces, des faiblesses, des opportunités
également convenus du cadre à établir et des menaces) touchant à la manière dont
pour renforcer la cohérence et la synergie patrimoine le tourisme durable pouvait renforcer la
de leurs actions.
Cet atelier, organisé dans le cadre du mondial des pays valeur universelle exceptionnelle d’un site et
à l’identification des points de consolidation
projet de préservation durable de la réserve,
a permis aux participants de valider deux
nordiques-baltes que doit comporter toute stratégie.
Lors de la deuxième session, les
importantes études menées à la demande se penche sur le participants examinèrent la meilleure
du Comité du patrimoine mondial : les
termes de référence d’une évaluation tourisme durable manière d’assurer la participation des
parties prenantes. Leurs discussions
environnementale et sociale stratégique portèrent également sur l’utilisation de la
des projets de développement déployés La Conférence de 2014 du Réseau du nouvelle plate-forme Web de l’UNESCO
autour de la réserve, et les méthodes patrimoine mondial des pays nordiques- intitulée « Des personnes pour protéger
opérationnelles pour la mise en œuvre d’un baltes s’est tenue du 17 au 19 septembre des lieux », sur les manuels de ressources
cadre pour les parties prenantes. 2014 à Roskilde (Danemark). Optant pour destinés aux gestionnaires de site et sur la
Le projet de préservation durable financé une approche « pratique » du tourisme manière dont le réseau pourrait continuer à
pendant cinq ans (2013-2017) par la durable, cet événement visait à encourager faciliter la collaboration des pays nordiques-
Fondation Franz Weber vise à soutenir les le développement et la mise en œuvre baltes dans le cadre du tourisme durable.
efforts du Gouvernement camerounais dans de stratégies de tourisme durable pour le La dernière séance s’est attachée à la
la préservation de la biodiversité essentielle patrimoine mondial. dimension nationale et touchait le rôle
à la valeur universelle exceptionnelle de la Le projet « Pour une région pilote et l’importance des gouvernements, des
réserve. Ses activités ont pour but de limiter nordique-balte pour le patrimoine mondial stratégies et des initiatives dans la mise en
l’impact des projets de développement. et le tourisme durable », coordonné par la œuvre du tourisme durable.
Les trente participants comprenaient des Fondation nordique du patrimoine mondial, À la fin de la Conférence, les participants
représentants des ministères en charge de a servi de point de départ à la conférence. s’engagèrent à assurer un changement
la faune et des forêts, de l’environnement, Lors des sessions plénières, les participants progressif pour que « d’ici à 2016, la
des mines et de la culture, ainsi que des et les professionnels du patrimoine mondial région nordique-balte constitue un modèle
exploitants de projets de développement, firent part de leurs expériences en matière international pour le patrimoine mondial
des gestionnaires de site et des représentants de mise en œuvre du tourisme durable. Trois et le tourisme durable ». Tous les biens de
des communautés et des autorités locales. séances de travail furent organisées pour cette région inscrits au patrimoine mondial
aider les participants à démarrer ou pour- possèdent déjà ou sont actuellement en
suivre les stratégies de tourisme durable de train d’élaborer une stratégie de tourisme
leurs biens inscrits au patrimoine mondial. durable dans le cadre de leur régime de
La première session portait sur les gestion global.
avantages des analyses SWOT (identification

Cathédrale de Roskilde (Danemark).


© PDXdj

Patrimoine Mondial Nº74 61


Nouvelles Promotion

De jeunes leaders Cet atelier pilote visait à enseigner aux


jeunes qui travaillent dans des organismes
message à communiquer à propos de son
site respectif à l’aide d’un scénario et d’un
filment les sites non gouvernementaux ou bénévoles story-board. Le lendemain, les trois groupes

du patrimoine l’utilisation d’outils de communication, dont


la vidéo, pour communiquer des messages
retournèrent sur leur site pour tourner leur
vidéo, et interviewer le personnel du site,
mondial lors touchant au patrimoine. Les participants
apprirent à élaborer des plans de
des membres de la communauté locale et
des touristes.
d’un atelier communication et des clips vidéo de qualité Le dernier module concernait le montage

de formation (scénarios, story-boards et montage),


avec un accent particulier sur les valeurs
vidéo, l’ajout de musique, de sons, de
titres et de sous-titres. Les vidéos furent
en médias/ patrimoniales des sites, et l’intégration de
ces valeurs dans le cadre de la conception
présentées le dernier jour de la formation,
durant la session de clôture et seront
communication du message et du tournage de leurs clips. offertes à la Ville de Gyeongju pour être

à Gyeongju Ce programme de formation, dirigé par


le personnel de l’UNESCO et des experts
utilisées à des fins promotionnelles.
L’atelier avait été conçu dans l’espoir de
techniques compétents en matière de déclencher un effet domino, en permettant
Du 9 au 13 octobre 2014, Gyeongju communication visuelle, permit également notamment aux participants d’enseigner
(République de Corée) a accueilli le deuxième aux participants de mieux comprendre le ou d’organiser à leur tour de prochains
atelier de formation en médias/communica- Programme d’éducation au patrimoine ateliers, et en publiant le contenu de la
tion du patrimoine mondial (Asie) intitulé mondial, les sites du patrimoine mondial, le formation sur le site Web du Centre du
ransmettre le message de la culture ». patrimoine immatériel et les autres projets patrimoine mondial pour encourager son
Cet événement destiné aux jeunes a permis menés par l’UNESCO en République de téléchargement. Il est également attendu
à quatorze participants de la région Asie et Corée. Des séances pratiques portant sur que les organisations qui envoient des
Pacifique de visiter et de filmer trois sites du la création d’un plan de communication participants à l’atelier pourront joindre des
patrimoine mondial : les Zones historiques efficace basé sur les projets des participants vidéos et des images de bonne qualité à
de Gyeongju, la Grotte de Seokguram et relatifs aux sites du patrimoine mondial leurs rapports.
temple Bulguksa et les Villages historiques furent également organisées. Enfin, les Cet atelier était organisé par le Centre
de Corée : Hahoe et Yangdong. participants bénéficièrent d’une introduction du patrimoine mondial de l’UNESCO en
Tous les participants de cet atelier, âgés aux techniques de prise de vue et apprirent collaboration avec l’organisme hôte Better
de 21 à 30 ans, étaient activement impliqués à utiliser un matériel approprié (caméras, World, en coopération avec l’Administration
dans les programmes de volontariat de trépieds et logiciel de montage vidéo). du patrimoine culturel de la Ville de
quatorze organisations pour la protection À l’issue des premières visites de sites, les Gyeongju, et avec le soutien du Ministère
du patrimoine asiatique et provenaient de participants furent répartis en trois groupes de l’éducation, de la culture et des sciences
dix pays d’Asie. (un par site), et chaque groupe dut choisir un des Pays-Bas et de Panasonic.

Participants au tournage dans les zones historiques de Gyeongju (République de Corée).


© UNESCO/G. Doubleday

62 Patrimoine Mondial Nº74


Le cas du patrimoine mondial disparu, 13e épisode

Promotion
Une série de bandes dessinées du patrimoine mondial mettant en vedette le patrimoine mondial, Rattus Holmes et Felis Watson, les fameux
détectives pour animaux de compagnie de Sherlock Holmes et du Dr Watson, sera bientôt publiée. Les fins limiers ont préservé les sites du
patrimoine mondial du diabolique Moriarty, qui prévoit de les voler pour un parc à thème interplanétaire. Ces vignettes font partie d’une
série copubliée par l’UNESCO et Edge Group (Royaume-Uni) qui présente d’autres aventures d’Holmes et Watson dans Rattus Holmes in the
Case of the Spoilsports (sur le dopage dans le sport) et Rattus Holmes and the Case of the World Water Crisis. Cette aventure sera également
disponible sur le site du Centre du patrimoine mondial http://whc.unesco.org. Pour plus d’informations sur Edge Group et son travail, écrivez
à edgesword@yahoo.com.
L’histoire se poursuit dans le prochain numéro de Patrimoine Mondial...

Patrimoine Mondial Nº74 63


Édition et multimédia

38 39
SOCIAL SECTOR

38 World Heritage
papers 39 World Heritage
papers Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture

World Her it age papers World Her it age papers


CULTURE

Human origin sites and the World Heritage Convention in Asia


Safeguarding Precious Resources for Island Communities

Égalité des genres, patrimoine et créativité


H S 3
E A DHERITAGE
WORLD
livres

Safeguarding Precious Resources


for Island Communities
Human origin sites and the
World Heritage Convention in Asia
9 789232 000392

For more information contact:


PDNA GUIDELINES VOLUME B
Secteur
de la culture
Cette publication est soutenue par Égalité des genres,
patrimoine et créativité
For more information contact:
UNESCO World Heritage Centre
UNESCO World Heritage Centre Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
7, place Fontenoy 7, place Fontenoy la science et la culture
75352 Paris 07 SP France 75352 Paris 07 SP France
Tel: 33 (0)1 45 68 18 76 Tel: 33 (0)1 45 68 24 96
Fax: 33 (0)1 45 68 55 70 Fax: 33 (0)1 45 68 55 70
E-mail: wh-info@unesc.org E-mail: wh-info@unesco.org
9 789231 000416
http://whc.unesco.org http://whc.unesco.org

Cahier du patrimoine Orientations pour Cahiers du patrimoine Le patrimoine mondial


mondial no38 l’évaluation des besoins mondial n°39 de l’UNESCO en Turquie
Sauvegarde des ressources post-catastrophe (PDNA), Les sites sur les origines Commission nationale de la

précieuses pour les Volume B – Culture humaines et la Convention du Turquie pour l’UNESCO
patrimoine mondial en Asie Rédacteurs : Dr Gaye Çulcuô ğlu, Dr
communautés insulaires Publié par l’Union européenne, la
Uniquement disponible en anglais Yonca Erkan et Dr Özlem Karakul
Uniquement disponible en anglais Facilité mondiale pour la prévention Photographies : Osman Nuri Yüce
des risques de catastrophe et le http://whc.unesco.org/en/series/39/
http://whc.unesco.org/en/series/38/ http://publishing.unesco.org
relèvement et les Nations Unies Les sites préhistoriques sont la pierre
Les Petits États insulaires en Uniquement disponible en anglais angulaire de la recherche sur les Cet ouvrage, préparé dans le cadre
développement (PEID) se composent www.recoveryplatform.org/assets/ origines de l’humanité, son évolution du 40 e anniversaire de la Convention
d’îles de la mer des Caraïbes et des projects/PDNA/PDNAVolumeB/ et son développement social, mais ils du patrimoine mondial en 2012, se
océans Atlantique, Indien et Pacifique. WB_UNDP_PDNA_Culture_FINAL.pdf sont sous-représentés sur la Liste du compose d’articles reposant sur des
Ces PEID présentent des intérêts, des patrimoine mondial de l’UNESCO. Les études de recherche originales et
préoccupations et des défis similaires, Cette publication complète le Volume A – sites préhistoriques emblématiques en d’évaluations indépendantes réalisées
comme notamment la gestion marine Guidelines of the PDNA Methodology. PDNA Afrique, en Amérique latine et en Europe par d’éminents académiciens reconnus
et côtière, l’impact du changement Guidelines Volume B – Culture (Volume sont bien connus, en revanche, ceux situés en Turquie et à l’échelle internationale.
climatique et les questions de A – Orientations de la méthodologie de la en Asie le sont beaucoup moins. Cela Cette célébration du patrimoine
développement durable. La vocation PDNA. Orientations de la PDNA Volume doit changer. D’autant plus que l’Asie antique et divers du pays est illustrée
de cette publication, réalisée grâce au B – Culture) élaboré avec la contribution détient une mine de données, y compris par de magnifiques photographies en
de l’UNESCO. Son but est de faciliter des défis surprenants aux paradigmes couleurs et comprend un CD-ROM.
généreux soutien du Gouvernement
une évaluation intégrée de l’impact des archéologiques traditionnels de
japonais, est d’informer et d’orienter les Cahier du patrimoine
catastrophes à travers toutes les dimensions l’émergence et de la dispersion de l’homme
efforts des décideurs, des professionnels
et des communautés locales pour
du secteur culturel et de définir les grandes moderne. Ce Cahier du patrimoine mondial no40
lignes d’un programme de redressement mondial aborde ces questions de manière
créer des synergies entre l’amélioration
incorporant des considérations de RRC.
Encourager la participation
directe en explorant des programmes de
des conditions de vie et la protection Cet ouvrage comprend un modèle recherche récents, des idées et des débats des communautés locales
de l’environnement naturel et de
l’environnement créé par l’être humain.
d’évaluation stratégique des besoins, à soulevant le profil de l’Asie dans les études dans la sauvegarde du
mener dans les brefs délais imposés par de l’évolution humaine, tout en abordant patrimoine mondial : une
le processus global post-catastrophe. les questions pratiques de protection
et de gestion des sites. Le résultat est méthodologie basée sur
Rapport de 2014 sur les un recueil fascinant reflétant l’approche l’expérience COMPACT
Égalité des genres, internationale et interdisciplinaire qui Jessica Brown, UICN-CMAP, Groupe
patrimoine et créativité catastrophes mondiales : inspire tous les travaux en vertu de la spécialisé dans les paysages protégés
Publié par l’UNESCO culture et risque Convention du patrimoine mondial. Terence Hay-Edie, Programme de
Disponible en anglais et français Fédération internationale des petites subventions du FEM PNUD
http://www.unesco.org/new/fr/ Sociétés de la Croix-Rouge et Le rôle des partenariats Uniquement disponible en anglais
culture/gender-and-culture/gender- du Croissant-Rouge (IFRC) public-privé et du http://whc.unesco.org/en/series/40/
equality-and-culture/the-report/ Uniquement disponible en anglais secteur tertiaire dans la
http://www.preventionweb.net/ conservation des bâtiments, Les communautés locales et les peuples
L’égalité des genres est reconnue english/email/url.php?eid=39878 autochtones constituent souvent
des sites et des villes des gardiens de sites du patrimoine
depuis longtemps comme un objectif
de développement fondamental et un L’édition 2014 du World Disasters Report historiques du patrimoine mondial particulièrement engagés. Au
s’intéresse à la culture et au risque, en Le Getty Conservation Institute cœur même de la gestion des sites du
droit de l’être humain. Au cours des Uniquement disponible en anglais
quatre dernières décennies, des progrès explorant les diverses manières dont la patrimoine mondial, ces communautés
culture influe sur la réduction des risques et http://www.getty.edu/conservation/
considérables ont été accomplis au jouent un rôle essentiel dans les efforts
publications_resources/pdf_
sur l’adaptation au changement climatique, de conservation durables qui contribuent
niveau international pour promouvoir la publications/public_private.html
et la façon dont les catastrophes et le aux moyens d’existence durables.
responsabilisation des femmes dans le
risque influencent à leur tour la culture. Cet Cette publication en ligne gratuite Au cours d’une décennie de partenariats
cadre du développement et encourager
ouvrage examine les raisons qui poussent s’adresse à tous ceux et celles qui avec le Programme de petites subventions
les hommes et les jeunes garçons à
les gens à vivre dans des lieux à risques, ainsi travaillent dans le secteur du patrimoine du Fonds pour l’environnement mondial
jouer un rôle actif dans le processus de
que la manière dont leur culture et leurs culturel. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un mis en œuvre par le PNUD, avec le soutien
transformation sociale et réduire les croyances leur permettent de vivre avec guide sur l’utilisation des partenariats de la Fondation des Nations Unies et la
différences qui existent entre les sexes ces risques. Il se penche également sur la public-privé à proprement parler, son but participation de l’UNESCO, l’initiative
en matière de droits et d’opportunités. culture organisationnelle des organismes qui consiste à favoriser la compréhension des COMPACT (gestion communautaire de la
Comme le montre clairement ce rapport, œuvrent dans le domaine de la réduction concepts sous-jacents de ces partenariats conservation des zones protégées) a produit
la culture constitue une alliée précieuse et de l’adaptation aux risques, et remet en et à présenter divers exemples où ces des histoires inspirantes, une méthodologie
pour promouvoir l’égalité des genres. Cet question la foi généralement placée dans projets ont obtenu de bons résultats en reproductible, une conservation concrète
ouvrage vise à consolider la recherche, les activités communautaires. Ce document matière de conservation du patrimoine. et des avantages avérés en termes de
les statistiques et les études de cas dans étudie aussi la culture du point de vue du Cet ouvrage constitue également une moyens de subsistance sur plusieurs sites
le domaine de la culture et de l’égalité, logement, de la reconstruction, des soins ressource utile pour faire progresser la du patrimoine mondial à travers le monde.
en se concentrant plus particulièrement de santé et des traitements médicaux, et recherche dans ce domaine et comprend Cette publication propose des solutions
sur la créativité et le patrimoine en propose quelques pistes pour permettre aux une bibliographie détaillée de textes pratiques pour la conservation et la gestion
tant que contribution aux débats organismes d’harmoniser leurs actions avec généraux sur les partenariats public-privé du patrimoine afin d’harmoniser les
internationaux de l’agenda post-2015. la façon dont les gens pensent et agissent. et sur l’environnement urbain historique. objectifs de conservation et de subsistance.

64 Patrimoine Mondial Nº74


Calendrier

4 au 6 février

Calendrier
OMT/Conférence mondiale de l’UNESCO sur le tourisme et la culture.

World Heritage papers 40 Siem Reap, Cambodge.


Informations : p.debrine@unesco.org

4 au 6 mars
Dialogue régional sur la politique de science de la durabilité en soutien au pro-
Engaging Local Communities gramme de développement post-2015.
in Stewardship of World Heritage
A methodology based
on the COMPACT experience
Kuala Lumpur, Malaisie.
Informations : elfith@ukm.my

14 au 18 mars
3e Conférence mondiale sur la réduction des risques liés aux catastrophes.
Sendai, Japon.
Pour commander : Informations : http://www.wcdrr.org/

Pour les livres et les


publications édités par
30 mars au 24 avril
d’autres éditeurs que l’UNESCO, veuillez
contacter l’éditeur Cours ICCROM : L’aide d’urgence au patrimoine culturel en temps de crise.
directement ou passer Amsterdam, Pays-Bas.
votre commande dans une librairie.
Informations : http://www.iccrom.org/first-aid-to-cultural-heritage-in-times-of-crisis/
Pour commander auprès des Éditions
UNESCO, rendez-vous sur le site
web (http://publishing.unesco.org),
15 avril au 3 juillet
ou écrivez à l’adresse suivante : Cours ICCROM : 19e cours international sur la conservation de la pierre.
Rome, Italie.
Éditions UNESCO
Informations : http://www.iccrom.org/nineteenth-international-course-on-stone-
UNESCO
7, place de Fontenoy
conservation/
75352 Paris 07 SP
France
Fax : +33 1 4568 5737 27 et 28 avril
E-mail:
Conférence des États parties à la Convention sur la protection du patrimoine
publishing.promotion@unesco.org
culturel subaquatique.
Pour obtenir des copies des Cahiers du Siège de l’UNESCO, Paris, France.
patrimoine mondial, contactez le Centre Informations : u.guerin@unesco.org
du patrimoine mondial de l’UNESCO
par e-mail (wh-info@unesco.org) ou
par courrier à l’adresse suivante : 9 au 12 juin

Centre du patrimoine mondial


5e session ordinaire de la Conférence des parties de la Convention sur la
UNESCO protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
7, place de Fontenoy Siège de l’UNESCO, Paris, France.
75352 Paris 07 SP Informations : d.cliche@unesco.org
France
http://whc.unesco.org/

28 juin au 8 juillet
39e session du Comité du patrimoine mondial.
Bonn, Allemagne.
Informations : r.veillon@unesco.org

Patrimoine Mondial Nº74 65


Certaines cultures ne sont que dans les livres…
…la nôtre, venez la découvrir
NIO MUN
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Organisation Patrimoine du
Convention
des Nations Unies patrimoine mondial

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pour l’éducation,
la science et la culture

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La revue Patrimoine Mondial est éditée conjointement par l’UNESCO et Publishing for Development et est
publiée quatre fois par an en anglais, français et espagnol. Un point sur l’actualité et des dossiers offrent aux
lecteurs une information détaillée sur la préservation des sites naturels et culturels les plus importants au
monde. La publication est conçue pour diffuser et mettre en valeur l’action et l’engagement de l’UNESCO en
faveur du patrimoine mondial, notre héritage du passé, notre responsabilité pour le présent et notre devoir
pour les générations futures.

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Patrimoine Mondial Nº74 67


Existe un lugar donde…
TE ENAMORA EL COLOR
DE NUESTROS CAMPOS DE AGAVE

Paisaje Único
EN EL MUNDO
SCENERY LIKE NO PLACE ELSE ON EARTH · UN PAYSAGE UNIQUE AU MONDE
There’s a place where you’ll fall in love with the color of our agave fields
Il existe un endroit où tu tomberas amoureux de la couleur de nos champs d´agave

En cada rincón
jaliscoesmexico.mx
JaliscoEsMexico
@JaliscoEsMexico
Prochain numéro

Prochain numéro
Rizières en terrasses des cordillères des Philippines (Philippines).
© Sean Hamlin

Dossier : Interdépendance entre culture et nature

La Convention du patrimoine mondial a ceci d’unique qu’elle vise à


protéger à la fois le patrimoine culturel et naturel de valeur universelle
exceptionnelle. Alors que certains sites sont reconnus uniquement à leurs
valeurs culturelles et d’autres pour leurs éléments naturels, il existe de
nombreux sites où les éléments culturels et naturels sont interdépendants.
Certains d’entre eux sont des paysages culturels, tels que les Rizières en
terrasses des cordillères des Philippines, où les gens et les paysages ont
évolué ensemble au fil du temps. Mais il existe d’autres liens entre la culture
et la nature, comme au Parc national Río Abiseo au Pérou, où les sites
archéologiques décrivent la société pré-inca parmi les forêts tropicales de
la cordillère des Andes. Il est maintenant de plus en plus reconnu que
les liens nature-culture sont bien plus répandus qu’on ne le pensait. Ce
numéro examinera les conclusions récentes dans le domaine, fera le point
sur les travaux en cours, et identifiera les moyens de mieux connaître et de St Kilda (Royaume-Uni).
travailler simultanément avec la nature et la culture.
© Scott Connor

Patrimoine Mondial Nº74 69


Chiapas
EST BEAUTÉ
CASCADES D'EAU BLEUE

LE VIVRE POUR Y CROIRE


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