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Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation, 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France • www.unesco.org/publishing
la science et la culture
Courriel : publishing.promotion@unesco.org
Patrimoine mondial :
Bénéfices au-delà des frontières
n Publié à l’occasion du 40e anniversaire
Éditions
Organisation
des Nations Unies
UNESCO
de la Convention du patrimoine mondial,
pour l’éducation,
éditorial
i les catastrophes dues aux inondations, tempêtes tropicales, raz de marée,
tremblements de terre et autres risques naturels ou causés par l’être humain ne
constituent pas des faits exceptionnels en soi, force est toutefois de constater que leur
nombre et leur impact ont récemment augmenté à travers le monde, menaçant désormais
davantage de personnes et de biens. Les inondations et les tempêtes, en particulier,
semblent s’intensifier sous l’action du réchauffement climatique. Malheureusement, cette
inquiétante tendance concerne également les sites du patrimoine mondial, comme on a pu
le voir au cours des dernières années.
Face à cette menace grandissante, la communauté du patrimoine mondial a lancé une
initiative mondiale visant à anticiper ces événements à travers des mesures préventives, et
à intervenir rapidement en cas de situation d’urgence. Une série de politiques, d’outils et
Couverture : Bouddha couché dans la
d’activités de renforcement des capacités, a été développée à la lumière de la stratégie de
Ville historique d’Ayutthaya, Thaïlande, réduction des risques sur les biens du patrimoine mondial adoptée en 2007 par le Comité
lors des inondations en 2011.
du patrimoine mondial. Son but consiste à soutenir les efforts déployés par les États parties
à la Convention du patrimoine mondial pour protéger leur patrimoine des risques de
catastrophe, et à exploiter le potentiel souvent négligé du patrimoine en tant que source de
résilience pour les communautés concernées.
À travers quelques exemples particulièrement saisissants, ce numéro de Patrimoine
Mondial nous montre comment il est possible de réduire les risques pour le patrimoine,
et comment ce dernier peut jouer un rôle clé pour rebâtir la cohésion sociale et restaurer
la confiance des communautés frappées par une catastrophe, en créant des possibilités
d’emploi et de développement économique à long terme. Les contributions de Yasmeen
Lari sur le Pakistan et de Zhou Jian sur la Chine sont particulièrement pertinentes à cet
égard. Rohit Jigyasu dresse, quant à lui, un bilan très utile des risques de catastrophe
actuels, tandis que Margareta Wahlström examine lors de son entretien les corrélations qui
existent entre les catastrophes et la culture. Enfin, l’article de Colleen Crawford Cousins,
Andrew Zaloumis et Bronwyn James sur le Parc de la zone humide d’iSimangaliso inscrit au
patrimoine mondial en Afrique du Sud souligne pourquoi il est si important d’investir dans
la résilience sociale et environnementale, en négociant avec toutes les parties prenantes et
en restaurant les habitats dégradés, afin de renforcer les capacités des communautés et des
sites pour faire face aux dangers soudains et aux pressions liées au changement climatique.
Ce numéro couvre également les efforts actuellement déployés pour intégrer la question
du patrimoine dans les politiques post-2015 (Cadre d’action de Hyogo 2) qui seront adoptées
en mars 2015 à Sendai (Japon) lors de la 3e Conférence mondiale sur la réduction des risques
de catastrophe.
Kishore Rao
Directeur du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
S o mmaire
Magazine trimestriel publié en français, anglais
et espagnol conjointement par l’Organisation des
Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO), Paris, France, et par Publishing
for Development Ltd., Londres, Royaume-Uni.
Directeur éditorial
Kishore Rao
Directeur du Centre du patrimoine
mondial de l’UNESCO
Éditeur
Publishing for Development
Dossier
Chef de rédaction
Vesna Vujicic-Lugassy
Rédacteurs
Encourager la résilience 8
Helen Aprile, Gina Doubleday, Michael Gibson
9
(français), Luisa Futoransky (espagnol) l’impact sur leur valeur et sur la vie et les biens des
communautés concernées peut être dévastateur.
Conseil éditorial
ICCROM : Joseph King, ICOMOS: Regina Durighello,
UICN : Tim Badman, UNESCO World Heritage Reconstruction du quartier historique
Centre: Nada Al Hassan, Feng Jing, Edmond de Xijie à Dujiangyan, province du Sichuan,
Moukala, Mauro Rosi, Mechtild Rössler, suite à une catastrophe 16
Petya Totcharova,Isabelle Anatole Gabriel Le projet de reconstruction visait à répondre
Vinson, UNESCO Publishing : Ian Denison
aux objectifs de conservation du patrimoine, de
Assistante de rédaction reconstruction post-catastrophe et d’équité sociale
Barbara Blanchard à travers une vaste participation communautaire et
Publicité
Fernando Ortiz, Fadela Seddini, Peter Warren 19 la collaboration des organismes gouvernementaux
pertinents, d’entreprises publiques, des habitants
et des universités.
Couverture
Photo : Atsushi Hariu Développer la résilience dans le Parc
Design : Recto Verso
de la zone humide d’iSimangaliso 22
Rédaction iSimangaliso a développé la résilience écologique
Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO et sociale ainsi que la maîtrise des risques sur le
7, place de Fontenoy, 75007 Paris site. Le parc met en œuvre une stratégie globale
Tél. (33.1) 45 68 16 60 – Fax. (33.1) 45 68 55 70
25
E-mail : g.doubleday@unesco.org qui permet d’atténuer les facteurs de stress
INTERNET : http://whc.unesco.org sociaux et écologiques liés aux changements
environnementaux prévisibles.
Publicité, production
Publishing for Development
5 St. John’s Lane - Londres EC1V 4PY - RU Initiative post-catastrophe au Pakistan 28
Tél : +44 2032 866610 - Fax :+44 2075 262173 Les programmes de développement post-
E-mail : info@pfdmedia.com catastrophe mis en place par la Fondation
Abonnements du patrimoine du Pakistan sont conçus pour
Jean De Lannoy, DL Services sprl encourager le développement des compétences
Avenue du Roi 202 - B 1190 Bruxelles - Belgique traditionnelles et créatives, notamment chez les
34
Tél : +32 2 538 43 08 - Fax :+32 2 538 0841 femmes issues des secteurs marginalisés de la
E-mail : subscriptions@dl-servi.com
société.
Les idées et opinions exprimées dans les articles sont celles des auteurs et
ne reflètent pas nécessairement les vues de l’UNESCO. Les appellations
employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant à
leurs frontières ou limites.
Publié par Publishing for Development Ltd., Londres, Royaume-Uni.
ISSN : 1020-4520. © UNESCO – Publishing for Development Ltd. (2014)
PATRIMOINE MONDIAL Nº74
Focus 38
Forum 43 40
Entretien 44
Margareta Wahlström, Représentante spéciale du Secrétariat général des
Nations Unies pour la prévention des catastrophes et Responsable du Bureau
des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR).
Organisations consultatives 47
Gérer les risques de catastrophes pour le patrimoine mondial : un outil pour
identifier, évaluer et réduire les risques pour le patrimoine.
45 52
Conventions 50
Sept projets dans le secteur de la créativité reçoivent un soutien financier ;
ICORP ; Trente-quatre nouveaux éléments du patrimoine immatériel ; Une
coopération multilatérale sur la biodiversité.
Nouvelles 53
Préservation 54-55
55 57
De chasseur-cueilleur à producteur ; Le Centre du patrimoine mondial et les
PEID à Samoa ; Un plan de développement pour les entrepreneurs locaux.
Promotion 60-63
Les volontaires du patrimoine mondial à pied d’œuvre dans les rizières en
terrasses ; Renforcement de la collaboration pour la Réserve de faune du
Dja ; Le Réseau du patrimoine mondial des pays nordiques-baltes se penche
sur le tourisme durable ; De jeunes leaders filment les sites du patrimoine
mondial lors d’un atelier de formation en médias/communication à
Gyeongju ; Le cas du patrimoine disparu, 13e épisode.
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Organisation Convention
des Nations Unies du patrimoine
pour l’éducation, mondial
Éditions UNESCO la science et la culture
Dossier Réduire les risques de catastrophe du patrimoine mondial
Encourager la
résilience
Pour réduire les risques
de catastrophe du
patrimoine mondial
Rohit Jigyasu
Titulaire de la Chaire UNESCO, Centre de recherches pour l’atténuation
des catastrophes sur le patrimoine culturel urbain, Université de
Ritsumeikan, Kyoto, JAPON
Président, ICORP (Comité scientifique international de l’ICOMOS pour
l’anticipation des risques et mesures d’urgence)
Président, ICOMOS - Inde
La Vieille ville de Hoi An (Viet Nam) est menacée par les inondations annuelles.
© Anh Dinh
u cours de ces dernières glaciers provoquée par la hausse des tem- forte activité sismique, on constate que
années, les catastrophes pératures pourrait entraîner le débordement beaucoup de ces sites présentent un risque
naturelles et les des lacs glaciaires et l’inondation des villes et particulièrement élevé en raison de la
catastrophes causées par des villages situés en aval. proximité des lignes de faille.
l’être humain ont entraîné Dans certaines régions, l’augmentation Il importe également de noter que ces
d’énormes pertes sur les sites du patrimoine de la fréquence de fortes précipitations catastrophes menacent non seulement les
mondial. Les exemples les plus notables provoquera des inondations et des caractéristiques physiques des valeurs patri-
comprennent le site de Bam et son paysage glissements de terrain, qui pourraient moniales, mais aussi la viabilité des usages
culturel (République islamique d’Iran) susciter d’importantes pertes tant humaines traditionnels et des systèmes de gestion qui
dévasté en 2003 par un violent tremblement que matérielles. Le changement climatique ont justifié l’inscription de nombreux sites sur
de terre, les Vieille ville et Nouvelle ville pourrait également intensifier le nombre et la la Liste du patrimoine mondial. Le risque hu-
d’Édimbourg (Royaume-Uni) gravement violence des cyclones (typhons et ouragans). main, en termes de visiteurs, de personnel et
endommagées par un incendie en 2002 Tous ces dangers ont également un des communautés locales implantées sur ces
et les Bouddhas de Bamiyan (Afghanistan) impact déplorable sur le patrimoine culturel, sites et sur leur périphérie, doit également
en 2001, détruits par des actes de être pris en compte, tout comme le
vandalisme commis dans le cadre doivent les précieuses collections de
des conflits armés. Le 31 juillet 2003, documents et de données conser-
la foudre a déclenché cinq départs vées sur place. Enfin, toute évaluation
d’incendies au sein du parc national des risques doit aussi tenir compte de
de Kootenay, un bien qui fait partie l’impact des catastrophes sur le déve-
des Parcs des montagnes Rocheuses loppement économique et social des
canadiennes inscrits au patrimoine populations concernées, notamment
mondial. Le feu s’est propagé de en termes d’emplois et de revenus
manière imprévue à travers le site et découlant de ressources patrimo-
a ravagé un total de 17 000 ha. Plus niales, et sur l’identité, la cohésion
récemment, les fortes inondations sociale et la capacité à accéder à cer-
qui ont touché la Thaïlande en 2011 tains usages culturels et à les honorer.
ont entraîné des pertes considérables L’urbanisation compte parmi les
sur le site du patrimoine mondial La vieille ville de Lijiang (Chine) et sa région sont soumises à des principaux facteurs qui augmentent
d’Ayutthaya tandis que les troubles tremblements de terre. La ville en a souffert à plusieurs reprises. la vulnérabilité et les risques des po-
© F.Starr
civils et le terrorisme qui frappent le pulations, des biens, de l’économie
Mali et la République arabe syrienne et du patrimoine. On constate en
ont causé d’immenses dégâts au patrimoine comme l’ont démontré les feux de forêt effet aujourd’hui une rapide expansion du
culturel de ces deux pays, à tel point d’Europe de l’Est qui ont menacé le Site tissu urbain à travers le monde. En 2007, le
d’ailleurs que les six biens syriens inscrits au archéologique d’Olympie (Grèce) en 2008. nombre de personnes vivant en ville égalait
patrimoine mondial figurent désormais sur la Les crues subites provoquées en 2013 par le nombre en milieu rural, et depuis cette
Liste du patrimoine mondial en péril. des précipitations sans précédent dans date celui-là ne cesse d’augmenter. On es-
Aujourd’hui, le changement climatique l’État indien d’Uttarakhand ont détruit time qu’entre 2007 et 2025, 1,29 milliard de
amplifie encore les catastrophes et leurs ef- de nombreuses structures du patrimoine, personnes quitteront la campagne pour aller
fets dévastateurs. De 1988 à 2007, 76 % de tandis que les tempêtes qui ont frappé s’installer en ville et que quarante-huit villes
toutes les catastrophes recensées étaient en l’Europe occidentale en 2010 ont inondé de présentent déjà une densité démographique
effet d’ordre hydrologique, météorologique nombreux centres-ville historiques. Les villes supérieure à 15 000 habitants par km2.
ou climatologique. Celles-ci représentaient du patrimoine mondial situées le long des Suite à cette urbanisation galopante, de
45 % des décès et 79 % des pertes éco- côtes et des rivières feront face désormais à nombreux biens du patrimoine mondial se
nomiques dus aux catastrophes naturelles. des risques accrus d’inondation (voir la carte trouvent désormais englobés dans des zones
La probabilité d’une amplification des phé- de la Banque mondiale p. 8)1. urbaines densément peuplées marquées
nomènes météorologiques extrêmes nous Par ailleurs, beaucoup de phénomènes par d’énormes concentrations de personnes
donne à penser que le nombre et l’ampleur liés au changement climatique, dont la et une accessibilité réduite, deux facteurs
des catastrophes liées au climat seront éga- hausse des températures, les variations de qui ne font qu’augmenter leur vulnérabilité
lement beaucoup plus importants désor- température extrêmes et l’humidité relative, aux catastrophes. Le cas des sites du patri-
mais. Une sécheresse extrême, par exemple, aggravent bien souvent des facteurs de moine mondial situés à Kyoto (Japon) et à
pourrait se traduire par une augmentation risque sous-jacents, augmentant ainsi la Katmandou (Népal) illustrent fort bien ce
des feux de forêt, tandis que l’élévation du vulnérabilité des biens du patrimoine et la point.
niveau de la mer, associée aux tempêtes cô- probabilité de catastrophes. Ces processus de transformation aug-
tières, augmentera l’impact des raz de marée Si l’on compare la carte des biens du mentent également la vulnérabilité des
et des inondations fluviales. Et la fonte des patrimoine mondial à celle des zones à peuplements historiques situés au sein de
En 2003 la foudre a provoqué le départ de cinq feux dans le parc national Kootenay qui ont dégénéré en
l’un des plus grands feux de forêt dans les Rocheuses canadiennes (Canada).
© Adam Kahtava
L’Ancienne ville d’Alep (République arabe syrienne) est l’un des six sites du patrimoine mondial syriens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
© Silvan Rehfeld
Risque d’inondation dans les villes du patrimoine mondial. Risque de glissements de terrain dans les villes du patrimoine mondial.
© World Bank © World Bank
mesure les risques pertinents avaient été des Nations Unies pour la réduction des notamment en termes de réponse et de
identifiés et pris en compte. risques de catastrophe (ONU-SIPC). redressement suite à une catastrophe. On
Malgré la vulnérabilité grandissante du En 2007, une stratégie de réduction des sait aussi que la culture au sens large, et le
patrimoine culturel face aux dangers, les risques pour les biens du patrimoine mondial patrimoine en particulier, jouent tous deux
risques de catastrophe ne sont pas un do- a notamment été présentée et approuvée un rôle important dans le redressement et
maine prioritaire dans la gestion des biens par le Comité du patrimoine mondial lors la réhabilitation durables des communautés
du patrimoine mondial. Seuls six biens sur de sa 31e session. Cette stratégie identifie à la suite d’une catastrophe.
les soixante étudiés semblent se conformer, cinq objectifs et actions connexes axés sur Tirant son inspiration de ces exemples
du moins par écrit, à la demande du Comité cinq priorités d’action identifiées dans le le manuel de référence du patrimoine
du patrimoine mondial qui stipule que « des cadre d’action de Hyogo 2005-2015, qui mondial intitulé Gérer les risques de catas-
éléments de gestion des risques » doivent constitue la principale politique de l’ONU trophes pour le patrimoine mondial, publié
être intégrés à leurs systèmes de gestion. en termes de réduction des risques. conjointement par l’UNESCO, l’ICCROM,
Bien que les données sur lesquelles l’ICOMOS et l’UICN en 2010, consti-
reposent ces études soient incom- tue une réalisation historique 4. Pour
plètes et leurs conclusions prélimi- la première fois, les gestionnaires de
naires, cette analyse montre néan- site disposent de conseils pratiques
moins que l’on constate un écart pour élaborer des plans de gestion
sensible entre l’étendue réelle des des risques en cas de catastrophe, et
risques pesant sur certains biens du ce dans le cadre d’un système global
patrimoine mondial et le degré de de gestion de site.
conscience qu’en ont des autorités Une autre initiative importante
compétentes. L’absence de stratégies pour la résilience et le patrimoine fut
et de plans de gestion des risques lancée par le Comité international
de catastrophe sur de nombreux de l’ICOMOS pour l’anticipation
biens du patrimoine mondial qui sont des risques (ICOMOS-ICORP) et
pourtant exposés à des risques mul- fut élaborée en collaboration avec
tiples suggère qu’il est urgent d’en- l’UNESCO, l’ICCROM et l’UNISDR
treprendre des évaluations sur le ter- Un projet visant à élaborer un plan d’atténuation des durant la Plateforme mondiale sur
rain et, le cas échéant, d’élaborer les risques d’inondation de la Ville historique d’Ayutthaya (Thaïlande) la réduction des risques, tenue en
stratégies d’atténuation appropriées. a été lancé en 2013. mai 2013 à Genève. Une publication
© UNESCO
Face à la vulnérabilité croissante du spéciale renfermant diverses études
patrimoine culturel et en vue de l’ab- de cas soulignant le rôle qu’est
sence quasi totale de plans de réduction 1. Le renforcement du soutien pour les susceptible de jouer le patrimoine culturel
des risques en cas de catastrophe, et du initiatives mondiales, nationales et locales dans le renforcement de la résilience des
faible niveau de sensibilisation aussi bien pertinentes visant à réduire les risques communautés face aux catastrophes fut
des parties prenantes que de l’opinion pu- qui menacent les biens du patrimoine également présentée à cette occasion5.
blique et compte tenu, enfin, du manque mondial. En matière de renforcement des capacités,
de ressources nécessaires pour renforcer les 2. L’utilisation des connaissances, de une initiative novatrice a été mise en route
capacités, il paraît indispensable de prendre l’innovation et de l’éducation pour par la Chaire de l’UNESCO établie au sein
des mesures concrètes visant à faire pro- établir une culture de prévention des du Centre de recherches pour l’atténuation
gresser la question du patrimoine dans le catastrophes sur l’ensemble des biens du des catastrophes sur le patrimoine
programme de la réduction des risques et patrimoine mondial. culturel urbain, Université de Ritsumeikan
à sensibiliser surtout les professionnels et 3. L’identification, l’accès et la surveillance (Kyoto, Japon), en collaboration avec
les gestionnaires de patrimoine. Dans cette des risques de catastrophe sur l’ensemble l’ICCROM, l’ICOMOS-ICORP et le Centre
optique, il serait utile de s’appuyer sur les des biens du patrimoine mondial. du patrimoine mondial. La Chaire organise
préoccupations et réalisations passées. 4. La réduction des facteurs de risque depuis 2006 un programme de formation
sous-jacents sur l’ensemble des biens du international en matière de gestion des
Initiatives mondiales patrimoine mondial. risques qui menacent le patrimoine culturel.
Afin de relever ces défis à l’échelle mon- 5. Le renforcement de la préparation aux Ce programme s’adresse à différents
diale, plusieurs initiatives ont récemment catastrophes sur l’ensemble des biens du groupes et notamment à des institutions
été lancées par diverses organisations inter- patrimoine mondial de manière à fournir gouvernementales, des ministères, des
nationales telles que l’UNESCO, le Centre une réponse efficace à tous les niveaux. universités, des ONG et des conseillers privés
international d’études pour la conserva- On dispose aujourd’hui de nombreux en patrimoine culturel, ainsi que d’autres
tion et la restauration des biens culturels exemples indiquant que le patrimoine secteurs concernés par la gestion des
(ICCROM), le Conseil international des mo- culturel peut assurément contribuer à dé- catastrophes. L’expérience acquise au cours
numents et des sites (ICOMOS) et le Bureau velopper la résistance des communautés, de ce programme a récemment abouti à la
publication d’un guide de formation visant Thang Long à Hanoï (Viet Nam) et la Ville en 1949. L’Inde a récemment organisé son
à aider les organismes qui souhaitent mettre historique d’Ayutthaya (Thaïlande), ont premier exercice de simulation sur le site
en place des programmes de formation également élaboré des plans de gestion des d’observation astronomique Jantar Mantar
similaires de par le monde6. L’UNESCO et risques en cas de catastrophe et procèdent de Jaipur, inscrit au patrimoine mondial.
l’ICCROM, agissant en collaboration avec actuellement à leur mise en œuvre. L’expérience nous a aussi appris que
divers organismes, ont mené plusieurs Un autre aspect clé concerne la destruction du patrimoine culturel est
autres activités de renforcement des l’organisation de simulations ou d’exercices souvent due aux actions mal avisées des
capacités dans ce domaine aux niveaux d’intervention d’urgence pour veiller à ce organismes de secours d’urgence nationaux
international, national et régional. Ces que le personnel des sites et des organismes et internationaux qui ne disposent d’aucune
dernières comprennent des programmes d’intervention extérieurs soient en mesure méthodologie appropriée qui leur permette
de formation en Italie, Albanie, Roumanie, de tester et d’améliorer régulièrement leurs d’évaluer les dégâts en tenant compte tout
Mexique, Inde, Indonésie, Viet Nam, procédures opérationnelles. Le Japon a pris à la fois de la sécurité et des valeurs du
Myanmar et Égypte ainsi qu’un programme l’initiative dans ce domaine, en organisant patrimoine. Bien souvent, on évalue l’état
prévu en Bulgarie à la fin 2014. Plusieurs une Journée nationale de réduction des de bâtiments historiques et traditionnels,
sites du patrimoine mondial, comme catastrophes tous les 26 janvier, une construits de manière artisanale, en leur
l’Ensemble de monuments de Hué, la date choisie en souvenir de l’incendie qui appliquant des normes conçues pour des
Vieille ville de Hoi An, la Cité impériale de détruisit le temple historique de Horyu-ji bâtiments modernes. Au final, beaucoup
Notes
1
Bigio, A.G., Ochoa, M.C., Amirtahmasebi, R., McWilliams, K. 2011. “Climate-resilient, Climate-friendly World Heritage Cities’”, Banque mondiale,
rapport présenté lors du 11e Congrès de l’Organisation des villes du patrimoine mondial, Portugal, 22-25 novembre 2011.
2
UNESCO (2006). « Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, Comité du patrimoine mondial : Stratégie de
réduction des risques de catastrophe sur les sites du patrimoine mondial » adoptée par l’Assemblée générale lors de sa 30 e session tenue à Vilnius en
Lituanie. WHC-06/30.COM/7.2, p.1
3
http://www.worldriskreport.com/Bericht.435.0.html?&L=3
4
http://whc.unesco.org/uploads/activities/documents/activity-630-1.pdf
5
http://icorp.icomos.org/index.php/news/44-new-icorp-publication-heritage-and-resilience
6
Jigyasu, R., et Arora V. 2013. Disaster Risk Management of Cultural Heritage in Urban Areas: A Training Guide, Centre de recherches pour l’atténuation
des catastrophes sur le patrimoine culturel urbain, Université de Ritsumeikan, Kyoto.
7
http://www.recoveryplatform.org/pdna/
8
Mercer, J., Kelman, I., Alfthan, B., et Kurvits, T. 2012. “Ecosystem-Based Adaptation to Climate Change in Caribbean Small Island Developing
States: Integrating Local and External Knowledge”, extrait de Sustainability, vol. 4, n° 8, pp. 1908-1932. Disponible sur http://www.mdpi.com/2071-
1050/4/8/1908/pdf
La KAZA ATFC est une initiative de conservation et de développement lancée par les gouvernements d’Angola, du
Botswana, de Namibie, de Zambie et du Zimbabwe, approuvée par la communauté de développement d’Afrique australe et
financée par les pays partenaires de KAZA, en partenariat avec la banque allemande de développement, für Wiederaufbau
(KfW). L’ATFC fut créée en 2003 suite à la décision des ministres du Tourisme de ces cinq pays d’établir une zone protégée
dans l’Okavango et les bassins du Zambèze supérieur, afin d’assurer la conservation des ressources naturelles et
d’encourager le développement du tourisme à travers leurs frontières. L’objectif de l’ATFC était d’ouvrir les barrières créées
par l’homme pour faciliter le mouvement naturel de la faune et de la flore dans des zones de dispersion de nature sauvage.
L’ATFC fut ratifiée en 2011 par un traité signé par les chefs
d’État de ces cinq pays.
zones de conservation. La zone se situe dans les bassins organismes tels que l’African Wildlife Foundation, Deutsche
fluviaux d’un réseau de fleuves emblématiques comme Investitions- Und Entwicklungsgesellschaft mbh, le ministère
l’Okavango, le Chobe et le Zambèze et abrite une flore et une des Affaires étrangères des Pays-Bas, FUTOURIS, la
faune très diversifiées ainsi que les dernières populations Fondation des parcs de la paix, WWF, la Banque mondiale et
contiguës d’éléphants africains, estimées à 250 000, et près la Wildlife Conservation Society dans le cadre de plusieurs
d’un quart de la population de lycaons du continent africain. projets de développement se déroulant dans la KAZA. Ces
La KAZA ATFC fut créée en raison de son importance partenaires ont offert un soutien financier et technique à
stratégique sur le plan socio-économique, environnemental l’élaboration et à l’établissement de l’ATFC. L’appui continu
et touristique. L’ATFC présente en effet de nombreuses de ces partenaires et collaborateurs contribuera fortement
opportunités de conservation et économiques susceptibles à la réalisation de la vision de cette noble initiative de
de contribuer au développement socio-économique des conservation et profitera au monde entier.
communautés qui vivent au sein de son territoire et dans
sa périphérie. Les pays partenaires reconnaissent que les CONTACT :
Kavango Zambezi Transfrontier Conservation Areas-Secretariat :
habitants de l’ATFC constituent des intervenants majeurs et P. O. Box 821,
des acteurs clés dans l’atteinte des objectifs de l’ATFC. Le Kasane, Botswana
Tel : +267 625 1269. Fax : + 267 625 1400. Email : info@kazatfca.org.bw
développement rural durable et l’amélioration des moyens
www.kavangozambezi.org
de subsistances grâce aux avantages que procurent les
ressources naturelles et les ressources culturelles sont l’un
des objectifs de cette initiative.
En raison de sa vaste taille, la réussite de l’ATFC en
termes de conservation exige la collaboration de nombreux
intervenants partageant la même vision que les pays
partenaires de KAZA. Au fil des ans, KAZA ATFC a, par
mis en œuvre par
conséquent, formé des alliances et œuvré avec des
Dossier Quartier historique de Xijie à Dujiangyan
Reconstruction
suite à une
catastrophe
Quartier historique
de Xijie à Dujiangyan,
province du Sichuan
Zhou Jian
Professeur à l’université de Tongji, Shanghai (Chine)
Secrétaire général, Institut de formation et de recherche sur le
patrimoine mondial pour la région Asie-Pacifique (WHITRAP)
Le site Mont Qingcheng et système d’irrigation de Dujiangyan (Chine) a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 2000.
© Our Place – The World Heritage Collection
Participation communautaire
et partenariats
Le projet de reconstruction, lancé en 2009
et terminé en 2013, visait à répondre aux
objectifs de conservation du patrimoine, de
reconstruction post-catastrophe et d’équité
sociale à travers une vaste participation
communautaire et la collaboration des or- Photo 1 : Étendue géographique du quartier historique de Xijie.
© Zhou Jian
ganismes gouvernementaux pertinents,
d’entreprises publiques, des habitants et des
universités. Les agences gouvernementales Les urbanistes et les responsables gouvernementaux
devaient à la fois fournir des subventions et s’entretinrent également avec les résidents, qui
des fonds pour la reconstruction, et orga- participèrent à leur tour à l’élaboration du plan de
niser des activités pertinentes pour encou- reconstruction et à l’évaluation du patrimoine local.
rager la participation communautaire. Elles
engagèrent à cette fin des urbanistes et des
architectes qualifiés pour élaborer des sché-
mas urbanistiques en concertation avec les et le tissu physique de leurs quartiers. Les essentiellement fondée sur le fait que les
habitants et assurèrent l’approvisionnement propriétaires des maisons eurent ainsi la nouveaux logements offraient trois à six fois
adéquat des infrastructures publiques et des possibilité d’exercer leurs droits et de pro- plus d’espace.
installations environnementales. Les habi- téger leurs intérêts. Ce processus favorisa Les foyers qui choisirent de rester à Xijie dans
tants participèrent à la reconstruction de par ailleurs la reconnaissance de la valeur leurs demeures originelles eurent la possibilité
leurs propres logements, et notamment à la patrimoniale de chaque bien, et garantit la d’accepter ou de refuser les subventions
conception des plans. Ils eurent également conservation de l’échelle et du tracé originel gouvernementales à condition de s’engager
la possibilité de choisir leurs entreprises de des rues, et de leur tissu traditionnel (avec à réparer leurs biens conformément aux
construction et de surveiller le bon déroule- l’ajout d’un espace public), afin de préser- exigences de conservation proposées. Ceux
ment des travaux. Les universités fournirent ver les caractéristiques historiques et diver- qui signèrent cet accord formèrent un comité
l’expertise nécessaire pour soutenir la plani- sifiées du quartier de Xijie (photos 3 et 4). de propriétaires afin de défendre leurs intérêts
fication et la conception des logements, et Non seulement le projet de reconstruction dans le cadre des négociations menées
des experts universitaires se chargèrent de la permit-il aux résidents de participer et de avec les organismes gouvernementaux, les
consultation publique, des conseils d’ordre déterminer le mode de reconstruction de urbanistes, les architectes et les constructeurs.
politique et de la défense communautaire. leurs maisons, mais il leur donna également Durant ce processus, les propriétaires eurent
Les urbanistes et les responsables gou- le choix d’échanger gratuitement leurs l’obligation de construire ou de moderniser
vernementaux s’entretinrent également anciens logements contre de nouvelles leur cuisine et leurs installations sanitaires afin
avec les résidents, qui participèrent à leur résidences construites par le gouvernement, d’améliorer leurs conditions de vie. Une fois le
tour à l’élaboration du plan de reconstruc- ou de rester et réparer leurs anciennes projet de reconstruction terminé, les prix de
tion et à l’évaluation du patrimoine local. demeures en bénéficiant d’une subvention vente et de location des demeures du quartier
Les résidents jouèrent un rôle clé dans le fixe du gouvernement. Ce sont 89 foyers historique de Xijie augmentèrent de 4 à 5
processus décisionnel et donnèrent leur sur 391 qui décidèrent de quitter leurs fois. Cette hausse permit aux propriétaires
avis sur la conservation des bâtiments histo- anciens logements pour aller s’installer de bénéficier d’avantages financiers à long
riques, la hauteur et la forme des logements dans ces nouvelles résidences, une décision terme (photo 5).
Dossier
Le projet de reconstruction du quartier historique de Xijie comprenait des travaux de reconstruction sur une superficie de 20 384 m2
et représentait un investissement de 45 639 000 dollars américains. 75 % de ce montant provenait d’un fonds de reconstruction du
gouvernement central alors que 18 % fut pris en charge par les propriétaires et le reste fut financé par le gouvernement municipal local.
Partenariats et responsabilités
Partenaires principaux Responsabilités principales
Résidents communautaires (Association Concertation dans le cadre du plan de conservation et de la politique de reconstruction,
des propriétaires de Xijie) validation des plans conceptuels individuels et choix des sociétés de construction
Gouvernement municipal de Financement de la reconstruction des logements et organisation des
Dujiangyan (gouvernement local) activités communautaires, élaboration des politiques destinées à la
reconstruction post-catastrophe et à la conservation du patrimoine
Université de Tongji & TJUPDI Conseils techniques en matière de planification et de conception des logements, organisation de la
concertation publique et de la sensibilisation des communautés à la question de la reconstruction
Chengtou Co. Ltd (société publique) Mise à disposition de logements publics pour les résidents devant être relogés,
construction d’installations publiques et environnementales
Xingyan Co. Ltd (société publique) Conservation, reconstruction et gestion opérationnelle des logements publics
Mosquée Restauration du lieu de culte, réhabilitation et gestion opérationnelle d’autres sites religieux
Développer la
résilience
Dans le Parc de la zone
humide d’iSimangaliso
Colleen Crawford Cousins
Consultante indépendante
Andrew Zaloumis
Directeur général, Parc de la zone humide d’iSimangaliso
Bronwyn James
Responsable principale, Parc de la zone humide d’iSimangaliso
Le Parc de la zone humide d’iSimangaliso est le premier site d’Afrique du Sud à avoir été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en décembre 1999.
© Our Place – The World Heritage Collection
n 1999, la richesse biologique d’iSimangaliso signalait que l’intégrité du des communautés locales sont assurément
et la beauté du Parc de la zone site présentait des risques importants. De complexes, mais un dialogue et une concer-
humide d’iSimangaliso béné- ce fait la réhabilitation, la restauration et tation sont néanmoins entretenus.
ficièrent d’une reconnaissance la restitution ont été parmi les principaux Une autre préoccupation, tout aussi grave
mondiale grâce à l’inscription soucis des gestionnaires dès le départ. en 1999, était celle que représentait la né-
du site sur la Liste du patrimoine mondial. Le cessité de restaurer les habitats dégradés
nouveau statut de ce bien qui compte parmi La restitution et la du site, comportant notamment la suppres-
les tout premiers sites d’Afrique du Sud fut protection des terres sion des plantations de bois exotiques et la
promulgué en novembre 2000 en vertu de la Plusieurs revendications territoriales non restauration du système estuarien du lac
législation sud-africaine, grâce à la création résolues présentaient un risque important Sainte-Lucie. Il était également impératif de
d’une zone protégée baptisée le « Grand pour le parc. En 2000, quatorze revendica- protéger les bassins-versants du lac afin de
parc de la zone humide de Sainte-Lucie » tions territoriales (dont treize non résolues) préserver la santé et renforcer la résilience
qui regroupait seize zones protégées, planta- concernaient l’ensemble du parc. Dès 2014, de Sainte-Lucie.
tions commerciales et anciens sites militaires. neuf de ces quatorze revendications avaient Les autres motifs d’inquiétude touchaient
Le parc s’étend depuis la baie de Kosi, dans été réglées par le processus de restitution à la gestion de la récolte des ressources
le Nord, et suit la frontière du Mozambique des terres d’Afrique du Sud. Celui-ci im- durables par les nombreux habitants
pour atteindre Maphelane, au sud de Sainte- plique le transfert du titre au requérant tout dépendant directement d’iSimangaliso pour
Lucie. Ce parc de 358 534 ha est le troisième en maintenant le statut de zone protégée du leur survie, la mise au point de sa structure
d’Afrique du Sud par la grandeur (après site et sa gestion par l’État. Ce système per- de gestion, la modification des limites du
Kruger et Kgalagadi). En novembre 2007, le met aux administrateurs des communautés parc et la mise en place et le renforcement
site fut rebaptisé « Parc de la zone humide qui revendiquent des terres de conclure un des liens dans le contexte du développement
d’iSimangaliso ». En 2000, l’autorité d’iSiman- accord de cogestion avec l’autorité d’iSiman- régional. iSimangaliso se situe dans le
galiso fut mise en place en tant qu’organisme galiso, qui définit les avantages découlant Kwazulu-Natal. Cette région constitue l’une
parapublic et chargée d’assurer sa gestion. des requérants territoriaux et définit égale- des provinces les plus pauvres d’Afrique du
Son fonctionnement est assuré par un direc- ment le cadre régissant les relations entre les Sud. Selon le dernier recensement, près de
teur général et une petite équipe agissant requérants et l’autorité d’iSimangaliso. Les 566 800 personnes vivent actuellement
sous la direction d’un comité consultatif. relations avec la communauté sont assurées dans la zone municipale qui entoure le parc.
Au moment de son inscription en vertu par un personnel qualifié en matière de mé- Plus de 80 % de ces foyers vivent sous le
de trois des dix critères d’inscription du diation et de facilitation du développement. seuil de pauvreté et gagnent moins de
patrimoine mondial, le comité d’évaluation Les relations entre le parc et les membres 5 000 rands par an (environ 360 euros). La
Le parc de la baie de False est situé le long de la rive ouest de la baie de False qui fait partie du Parc de la zone humide d’iSimangaliso.
© iSimangaliso Wetland Park Authority
qui souhaitent proposer diverses activités Le programme de produits artisanaux aide Dans le cadre de la restauration
touristiques – promenades en bateau, safaris, vingt-cinq groupes d’artisans, composés es- écologique et du développement du
randonnées à cheval ou excursions pour ob- sentiellement de femmes, à concevoir, pro- tourisme, l’autorité a réintroduit de
server les tortues et les oiseaux sauvages. Les duire et commercialiser leurs produits dans nombreuses espèces animales endémiques
nouveaux projets touristiques du site visent les marchés urbains où leur valeur est plus dans le parc. Entre 2001 et 2014, un total de
à créer des emplois, stimuler la croissance élevée. vingt espèces de mammifères endémiques
économique et générer des revenus, afin de L’autorité organise par ailleurs un pro- disparues fut réintroduit, dont l’éléphant, la
réduire la dépendance des efforts de conser- gramme artistique qui a déjà formé un girafe, le lion, le buffle, le rhinocéros blanc
vation à l’égard des fonds gouvernementaux, groupe de sculpteurs désormais prospères, et le rhinocéros noir, le lycaon et le guépard.
tout en respectant les directives environne- et œuvre avec de nombreuses écoles dans L’éland sera également réintroduit en 2015.
mentales strictes grâce à un plan de gestion le cadre de programmes annuels d’éduca- Des progrès ont aussi été réalisés dans
intégrée qui empêche la surexploitation de la tion environnementale et des trophées pour la restauration du système estuarien du
région et contribue au renforcement des va- les écoles, en offrant aux écoliers un accès lac Sainte-Lucie, qui représente l’un des
leurs universelles d’iSimangaliso. gratuit au parc. Pour faire en sorte que les plus importants estuaires d’Afrique du
futurs gestionnaires d’iSimangaliso provien- Sud et le plus grand des trois systèmes
Responsabilisation et nent des communautés qui revendiquent estuariens côtiers du pays, avec une surface
transformation par ailleurs des terres et qui vivent sur les d’eau de 300 km² et un littoral de plus de
La stratégie de conservation de l’auto- pourtours du parc, le programme d’accès à 400 km. Couvrant plus de 80 % de la zone
rité d’iSimangaliso repose sur des objectifs l’enseignement supérieur d’iSimangaliso a estuarienne d’Afrique australe subtropicale
d’autonomisation et de transformation très aidé soixante-sept jeunes à poursuivre des et 60 %de la zone estuarienne du pays, ce
précis. Les communautés, et notamment les études supérieures dans des universités et système constitue un important vivier pour
groupes de requérants territoriaux qui rési- des établissements d’enseignement tech- les jeunes poissons de mer et les crevettes
dent dans la périphérie d’iSimangaliso, sont nique. Ce programme fut récompensé en de la côte est. Si les modifications des
les premiers bénéficiaires de la création de 2014 par le Greening the Future Award du bassins-versants de ces rivières ont affecté la
partenariats équitables, d’emplois, sources Mail & Guardian’s. quantité et la qualité de l’eau qui parvient au
de revenus, des programmes de formation, iSimangaliso offre également aux lac Sainte-Lucie, l’impact le plus important
de renforcement des capacités et de mento- communautés l’accès à un éventail de est dû à l’intervention humaine dans le plus
rat liés à l’entretien des terres et de dévelop- ressources naturelles grâce à un programme grand bassin hydrographique de la région :
pement touristique. Plusieurs programmes communautaire de gestion des ressources le bassin-versant d’uMfolozi. Les effets de
de développement des compétences, spé- naturelles. L’incema annuel (un nom zoulou la canalisation de la rivière uMfolozi et de
cialisés dans le tourisme, l’hôtellerie et les qui désigne un tapis artisanal tressé très la séparation de la rivière du lac Sainte-
visites guidées, ont créé des emplois pour populaire) permet d’organiser des récoltes Lucie sont aussi considérables. En 1952, la
les populations locales. L’autorité propose dans les sites d’iSimangaliso cogérés par rivière fut volontairement séparée de Sainte-
également des formations en matière de l’autorité d’iSimangaliso pour permettre Lucie, réduisant pendant plus de soixante
santé et de sécurité, et en développement aux populations locales de bénéficier ans l’arrivée d’eau douce dans le système
d’entreprise pour les entrepreneurs locaux. directement des efforts de conservation. lacustre. Suite à la sécheresse qui débuta en
2002, le lac Sainte-Lucie fut séparé de la mer subvention importante pour identifier menaces déjà identifiés au moment de
pendant une bonne partie de la dernière et financer une solution à long terme l’inscription du site, et ce en harmonisant
décennie, un phénomène qui l’a empêché à ces problèmes hydrologiques, et, en les enjeux du site avec la politique
de fonctionner comme un estuaire. s’appuyant sur les travaux scientifiques les macroéconomique et avec les priorités du
Au cours des cinquante dernières années, plus récents, la rivière uMfolozi se trouve Gouvernement sud-africain. Dans le cadre
de nombreux projets ont été mis en œuvre de nouveau reliée au système de Sainte- de la volonté de l’État de créer des emplois
pour tenter de résoudre les problèmes Lucie. Un programme de surveillance a et de lutter contre la pauvreté, iSimangaliso
provoqués par ces changements, au moyen également été mis en place. Des scénarios a bénéficié d’un soutien politique fort
notamment d’une vaste opération de dragage de changement climatique potentiel ont pour conserver sa valeur universelle
et d’une déviation des eaux de la rivière également été étudiés, notamment du point exceptionnelle, renforcer la résilience
uMfolozi au moyen d’un canal de jonction. de vue de l’impact qui pourrait résulter de écologique et sociale et gérer les risques
Malheureusement, aucun n’est parvenu à l’intensification des sécheresses et des du site. iSimangaliso poursuit actuellement
rétablir le fonctionnement hydrologique et inondations sur l’hydrologie du système. une stratégie globale visant à atténuer
écologique du lac Sainte-Lucie. Le statut de « patrimoine mondial » les facteurs de stress social et écologique
L’autorité a demandé au Fonds pour d’iSimangaliso a favorisé la tâche de liés aux changements environnementaux
l’environnement mondial (GEF) une l’autorité pour répondre aux risques et aux prévisibles.
Initiative
post-catastrophe
au Pakistan
Yasmeen Lari
Directrice
Fondation du patrimoine du Pakistan
L’écovillage Moak Sharif, Tando Allahyar: premier écovillage du Pakistan. C’est un village de démonstration où les communautés se rassemblent
pour des formations et des démonstrations sur le modèle holistique pour les stratégies de préparation aux catastrophes.
L
Vue sur les monuments historiques à Makli, Thatta.
© Heritage Foundation Archives
e patrimoine matériel et im- le dessus sur les méthodes et la sagesse inondation sont, certes, très préoccupants,
matériel du Pakistan présente collective qui avaient pourtant fait leurs c’est surtout le processus de reconstruc-
une immense richesse. Ses preuves au fil des siècles. tion qui pose aujourd’hui le principal pro-
origines remontent à l’âge du blème dans la mesure où durant les phases
bronze, comme l’atteste le site Les catastrophes d’urgence et de rénovation, l’utilisation de
de Mohenjo Daro, et ses racines culturelles naturelles et les sites du techniques de construction inappropriées
sont ancrées dans les traditions, le folk- patrimoine mondial et non durables finit de détruire ce qui a
lore et la sagesse populaire des soufis. Les La perte de notre patrimoine survécu à la catastrophe.
Monuments historiques à Makli, Thatta, vernaculaire est directement attribuable Si la perte du patrimoine vernaculaire due
et les Ruines archéologiques de Mohenjo aux catastrophes naturelles qui s’abattent à la gravité de la catastrophe est à déplorer,
Daro du Sind font partie des six sites pa- régulièrement sur le pays depuis le il est affligeant de constater que l’on
kistanais inscrits au patrimoine mondial de tremblement de terre de 2005. Ce séisme reconstruit en privilégiant des techniques
l’UNESCO. Ces biens se caractérisent par d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de étrangères et des produits industrialisés,
leurs structures et leurs vestiges exception- Richter fit 80 000 victimes et détruisit aux méthodes traditionnelles. Sous
nels, ornés d’anciennes arabesques. Depuis 400 000 foyers. Depuis, le Pakistan a l’influence de travailleurs humanitaires
de nombreuses générations, les femmes de connu une série d’inondations annuelles, bien intentionnés mais ignorants des riches
la région perpétuent de mère en fille les tra- en 2010, en 2011, en 2012, en 2013 et traditions du pays, on bâtit des centaines
ditions de leurs aïeux. en 2014, qui ont créé des centaines de de milliers de logements non durables,
Au Pakistan, les traditions vernaculaires milliers de sans-abri. En 2013, le pays a sans tenir compte des dommages causés
sont tout aussi importantes que les vestiges également été frappé par une énorme à l’environnement ou à la culture des
classiques et antiques. Or, malgré leur valeur, secousse tellurique de 7,7. communautés concernées. En travaillant
les mœurs ethniques qui ont inspiré les mo- Les conditions météorologiques de plus ainsi dans l’urgence ou dans le cadre de
dèles d’architecture et de créativité du pays en plus dévastatrices dues au changement stratégies de développement, les agences
sont aujourd’hui directement menacées. Non climatique accélèrent la détérioration de de l’ONU, les OING et les ONG réduisent
seulement ces anciennes traditions sont clai- nos précieux sites du patrimoine mondial, à néant la possibilité de perpétuer les
rement ignorées, mais on les qualifie désor- et, désormais, les catastrophes naturelles traditions qui permettaient de soutenir
mais d’« arriérées » et d’« inappropriées ». sévissent à grande échelle. Mais si les dé- différents groupes de villages, de
La soif de modernité et l’engouement gâts causés au patrimoine et à ses tradi- respecter l’environnement et de prévenir
pour les solutions industrialisées ont pris tions par un tremblement de terre ou une l’épuisement de nos ressources naturelles.
Construire de manière plus sûre à l’aide de méthodes vernaculaires de la Fondation du patrimoine : le toit de Safe Karavan peut supporter le poids de 12 personnes.
© Heritage Foundation Archives
Une reconstruction l’autonomie et le développement personnel. Ces structures, qui s’inspirent de formes
vernaculaire améliorée Au cours des dernières années, la Fondation architecturales vernaculaires et utilisent
La récurrence des catastrophes qui du patrimoine du Pakistan a clairement des matériaux durables abondamment
frappent actuellement le Pakistan nous démontré la valeur des techniques fondées disponibles, résistent aux inondations et
oblige à repenser et à réécrire nos stratégies sur les traditions du point de vue du aux secousses telluriques. Les foyers, et
officielles en matière de développement développement de la confiance en soi et notamment les femmes, ont développé
et d’opération d’urgence suite à une de la fierté qui découle de la continuité des une affinité envers ces matériaux et
catastrophe. Des techniques vernaculaires expressions traditionnelles. ces caractéristiques architecturales
améliorées, en phase avec le mode de Dans cette optique, j’ai élaboré un ensemble reconnaissables et les embellissent avec
vie, les traditions et les techniques des d’approches peu coûteuses, compatibles des créations artistiques afin d’exprimer
populations locales doivent être privilégiées avec la réduction des risques de catastrophe, leur sentiment d’identité, de fierté et
aux solutions urbanisées et industrialisées. intitulé Construire de manière plus sûre d’appartenance.
Face à l’ampleur inédite des catastrophes et à l’aide de méthodes vernaculaires. Ces Les principes directeurs Lari, énoncés
à la lassitude des donateurs, le gouvernement approches, adoptées par les communautés ci-dessous, sont la pierre angulaire du
et les agences d’aide n’ont plus les moyens de à grande échelle, garantissent une empreinte travail de la Fondation du patrimoine du
porter secours au nombre croissant de per- carbone nulle ou minime, en utilisant de Pakistan depuis le tremblement de terre de
sonnes déplacées et de sans-abri. La solution l’argile non cuite, disponible en abondance 2005, notamment dans les zones du Sind
que je préconise vigoureusement consiste dans la région, que l’on stabilise avec de la dévastées par les inondations depuis 2011 :
par conséquent à tirer les enseignements de chaux à faible consommation énergétique • Utiliser le patrimoine et les traditions
notre patrimoine culturel afin de développer pour ériger les fondations et les murs ainsi que pour encourager la participation des
notre résilience communautaire. Cette straté- du bambou pour les toits et les charpentes, communautés et favoriser la fierté et le
gie implique une reconstruction vernaculaire suite à une catastrophe. Les programmes de respect de soi.
améliorée, à l’aide de matériaux locaux du- formation destinés aux ONG et aux OING, • Utiliser des matériaux durables pour pré-
rables, comme la chaux qui a fait ses preuves comme l’Organisation internationale pour venir la dégradation de l’environnement.
dans la majorité des sites du patrimoine mon- les migrations, ont permis de former les • Utiliser des techniques et des compétences
dial, ainsi que la formation écologique et l’au- communautés à l’utilisation de techniques locales pour accélérer la livraison des
tonomisation économique des populations, vernaculaires améliorées pour construire plus projets.
et plus particulièrement des femmes. de 40 000 abris, dont un grand nombre a • Incorporer des techniques visant à la
Une approche axée sur le patrimoine survécu à l’assaut des inondations de 2011, réduction des risques de catastrophe (RRC)
présente également l’avantage d’être moins 2012 et 2013. Durant ce processus de pour résister aux prochaines catastrophes.
onéreuse en termes de mise en œuvre. réhabilitation, aucun arbre n’a été abattu et • Profiter de la provision d’abris pour
En outre, ce type d’approche constitue les émissions de carbone ont été réduites au prendre contact avec les communautés,
un stratagème participatif qui encourage minimum. offrir des avantages plus séduisants et
encourager des stratégies visant à rendre développer leurs forces et leur résilience. Sind ont déjà permis de sauver un grand
les femmes plus autonomes. En l’absence d’une bonne gouvernance, nombre de vies et de biens.
• Mettre au point des modèles holistiques des dispositifs participatifs doivent être Pour résister aux inondations, des
permettant d’atteindre les OMD en matière mis en place de toute urgence pour lutter dispositifs spéciaux doivent être mis en place
d’hygiène, de sécurité alimentaire, de efficacement contre la pauvreté primaire à titre préventif : abris sécurisés dotés de
nutrition, d’alphabétisation, et ce dans le dominante, et ce en fournissant aux com- toits en bambou résistant, plates-formes de
cadre du programme WASH. munautés, et notamment aux femmes, des taille variable, en terre stabilisée à la chaux
• Élaborer des modules de formation pour outils, des connaissances, un savoir-faire et pour protéger les céréales alimentaires, des
les partenaires, les bénévoles, les artisans et des compétences appropriés, et en mettant récipients pour conserver l’eau potable,
les communautés. en valeur leurs propres traditions. des plates-formes destinées au fourrage du
La stratégie intégrée que je promeus bétail mais servant aussi de liens culturels,
La résilience communautaire implique le développement de la résilience et de grandes plates-formes pour assurer
Mes années d’expérience dans le do- communautaire en plusieurs étapes la sécurité des animaux d’élevage mais qui
maine de l’humanitaire m’ont enseigné que selon des modèles tirés des traditions peuvent également faire office de terrains
la préparation aux catastrophes constitue et du patrimoine. Dans le cadre de de football.
l’un des aspects les plus importants de toute cette stratégie, les plates-formes en Par ailleurs, les niveaux de résilience Lari
stratégie de RRC. En effet, seul un modèle terre stabilisée recommandées par les (L-LoR) stipulent que chaque communauté
holistique tenant compte des vulnérabilités conventions adoptées à Mohenjo Daro doit anticiper les dangers prévisibles. Cette
permet aux communautés marginalisées de et inspirées des stupas bouddhistes du stratégie comprend notamment la mise en
Favoriser la fierté et le sentiment d’appartenance – chaque unité est décorée par son propriétaire.
© Heritage Foundation Archives
place de méthodes de subsistance alterna- par l’Organisation internationale du formations en compétences écologiques et
tives. En cas de perte des récoltes agricoles, travail fut dispensée. Baptisé Karavan la création des BVE permettent également
la fabrication d’objets artisanaux offre, par Pakoswiss Chulah, il s’agit d’un réchaud de générer des revenus au sein même des
exemple, un filet de sécurité essentiel, surtout double en terre avec cheminée, que l’on communautés marginalisées. Les moyens
pour les femmes, en procurant une source de peut construire soi-même sans frais. Ces de subsistance jusqu’alors inexplorés et
revenu supplémentaire ou alternative. dispositifs à faible consommation, et enseignés aux foyers des communautés
De plus, l’enseignement de techniques conformes à la RRC, comportent une plate- les plus démunies par la Fondation du
écologiques, dans le cadre, par exemple, forme en terre surélevée qui fournit à la fois patrimoine, notamment par le biais des
du programme des Barefoot Village un environnement de cuisson hygiénique et entreprises vertes attachées aux traditions
Entrepreneurs (BVE), permet aux foyers un coin-cuisine propre pour toute la famille. vernaculaires, ont également permis de
d’utiliser leur ingéniosité pour générer des Habituellement construit par la mère de régénérer l’économie locale, suscitant ainsi
revenus et monter des entreprises. Les pro- famille dans la mesure où c’est elle qui une situation gagnant-gagnant.
duits mis au point par la Fondation du patri- s’occupe de la cuisine, ce réchaud est une Par ailleurs, les traditions et les racines
moine pour la préparation aux catastrophes source de grande fierté que les femmes se culturelles deviennent d’autant plus
sont principalement fabriqués en argile non plaisent à décorer de motifs traditionnels précieuses dès lors que les populations
cuite. Ils comprennent des abris en terre et d’images créatives inspirées par leur possèdent des compétences techniques et
et en bambou, des toilettes écologiques enfance, motifs que l’on retrouve dans leurs peuvent fabriquer et s’appuyer sur leurs
avec toitures agricoles, ainsi que les plates- tissus brodés, tissés ou imprimés à la main. propres ressources pour créer des produits
formes en terre surélevées citées plus haut. L’utilisation de matériaux locaux durables culturels leur permettant d’assurer la
Les structures en terre sont des produits et de techniques familières intégrant des sécurité de leurs familles.
culturels particulièrement intéressants interventions techniques permet ainsi à Les programmes de développement post-
dans la mesure où elles permettent aux ces foyers de perpétuer de nombreuses catastrophe mis en place par la Fondation
communautés d’exprimer leurs traditions activités d’inspiration traditionnelle. On du patrimoine du Pakistan sont conçus
artistiques sur leurs parois. Le résultat constate aussi que le très faible coût de pour encourager le développement des
obtenu témoigne de la fierté et du sentiment production des méthodes participatives compétences traditionnelles et créatives,
d’appartenance des communautés, même les encourage à investir dans leurs propres notamment chez les femmes issues des
dépossédées et défavorisées. produits conformes à la RRC. secteurs marginalisés de la société. Les
Grâce à la formation et aux conseils produits culturels que constituent la plate-
Les réchauds à construire des Barefoot Village Entrepreneurs et au forme avec réchaud et l’abri en terre
Ce produit, mis au point par la Fondation mécanisme participatif, les foyers des prouvent qu’associées à des interventions
du patrimoine, a suscité un grand intérêt villages de la Fondation du patrimoine techniques, les méthodes traditionnelles
auprès des femmes d’un grand nombre bâtissent divers produits à base d’argile favorisent l’autonomie, la force et la
de villages où une formation parrainée grâce à leurs seules ressources. Les résilience de milliers de foyers.
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La 3 Conférence e
mondiale sur
la réduction
des risques de
catastrophe
Giovanni Boccardi
Chef de l’Unité de la préparation et des réponses
aux situations d’urgence, secteur de la Culture
UNESCO
La Zone archéologique de Chan Chan (Perou) est menacée par les orages d’El Niño qui causent de fortes pluies et des innondations sur la côte péruvienne.
© RS
Catastrophes et culture
Au cours des dernières années, l’UNESCO a œuvré pour
promouvoir l’intégration de la culture et du patrimoine au sein
des politiques et des programmes internationaux de RRC. Lors de
la 2e Conférence mondiale sur les risques de catastrophe tenue en
2005 à Kobe (Japon), le Centre du patrimoine mondial, agissant
en coopération avec l’Agence japonaise des affaires culturelles,
l’Université Ritsumeikan de Kyoto, l’ICCROM et l’ICOMOS, avait
déjà organisé un atelier technique ainsi qu’une session thématique
sur le thème de la gestion des risques du patrimoine culturel. Cette
initiative conduisit à l’ajout d’une référence au patrimoine dans le
Cadre d’action de Hyogo de 2005. Depuis lors, l’on constate des
progrès considérables dans la promotion de la RRC dans le secteur
de la culture – des progrès qui encouragent la sensibilisation à la
culture et au patrimoine au sein du secteur de la RRC, notamment
grâce à la session sur « Le patrimoine et la résilience » tenue lors de
la Plateforme mondiale de 2013 sur la RRC (Genève, 2013) qui a été
suivie d’une publication1.
Mais, malgré ces avancées, les politiques et les plans de RRC
actuels ne tiennent généralement pas suffisamment compte de
l’importance d’une approche culturellement sensible, ni du rôle
positif que joue la culture dans la résilience, sous ses formes
multiples, et notamment au moyen du patrimoine culturel et
naturel. C’est pourquoi l’UNESCO et ses partenaires japonais et
internationaux tiendront en mars 2015 une session de travail sur
le thème du « Patrimoine résilient » à l’occasion de la Conférence
de Sendai. Parallèlement à cet événement, l’UNESCO préconise Dessin réalisé par un enfant de primaire à Sri Lanka après le tsunami de 2004.
vivement une intégration appropriée de la culture et du patrimoine
au sein du CAH2 qui est actuellement en cours de négociation
(septembre 2014) et qui sera probablement adoptée avant la Le programme de la RRC
réunion de Sendai. L’on constate désormais, en matière des enjeux qui détermineront
L’objectif principal de cette session sera de sensibiliser les le programme de la RRC, une reconnaissance croissante du fait que
participants à l’importance que revêt le patrimoine au regard de la réduction des risques de catastrophe n’est qu’une facette d’une
la résilience, dans le cadre notamment de la RRC. Il présente en problématique beaucoup plus vaste qui touche au changement
effet un choix de pratiques exemplaires. Il se propose donc d’obtenir climatique et au développement durable. Aujourd’hui, en effet, il
des engagements spécifiques de la part des gouvernements, des paraît impossible d’assurer un développement durable sans mettre
organisations internationales et du secteur privé. en place une gestion des risques, et on sait aussi que les stratégies
À cette fin, il conviendra de souligner tout à la fois l’importance d’adaptation au changement climatique contribuent à réduire les
intrinsèque que revêtent le patrimoine et la nécessité de protéger risques de catastrophe. La nouvelle stratégie qui orientera la RRC
ce dernier des risques de catastrophe. Il faudra également définir la des dix prochaines années visera donc à intégrer ces trois questions.
relation qui existe entre le patrimoine et les risques de catastrophe En outre, l’examen continu du CAH 2005 nous indique combien
sur la base du cadre conceptuel et des priorités du secteur de la il reste encore à accomplir, notamment en ce qui concerne la
RRC, en établissant des liens clairs avec les visées et les indicateurs réduction des facteurs de risque sous-jacents et des causes de
appropriés, et ce en vue de parvenir à une solution pertinente. création de risque. Dans la mesure où l’exposition au risque se
développe plus rapidement que la réduction de la vulnérabilité,
(Malaisie) présente
Selon le récent inventaire de la George Town de Mariamman Sri Maha, et se poursuit le DES CÉLÉBRATIONS PERMANENTES
World Heritage Incorporated (GTWHI), la ville long de la «rue de l’harmonie» (Jalan Masjid Le thème de l’année 2015, promue par la
historique de George Town organise plus de 500 Kapitan Keling). Plusieurs dévots, au corps Malaisie comme «l’année malaisienne des
festivals annuels, comme notamment Hari Raya transpercé de pointes métalliques, suivent le Festivals», porte le nom de «Des célébrations
Aidilfitri, le Nouvel An chinois, Deepavali et Noël. char argenté du seigneur Murugan à travers la à l’infini». Penang organisera également une
Les festivals et les croyances populaires font ville, paralysant temporairement la circulation. célébration des festivals au niveau étatique,
partie intrinsèque du quotidien des habitants L’anniversaire du Prophète Mohammed est sur le thème «Là où les festivités n’ont pas de
de la capitale de Penang. Chaque jour, de une date importante du calendrier islamique fin». Réputés pour leur esprit d’inclusion et
nombreux rituels et festivités sont célébrés à appelée «Maulidur Rasul» que l’on célèbre leur multiculturalisme, les festivals de George
grande et modeste échelle dans les rues de la à George Town par des prières spécifiques Town feront le bonheur d’une nouvelle
ville et le long de ses anciens passages couverts. dans les mosquées. Un défilé est également génération de visiteurs et de résidents,
Ces célébrations permettent de perpétuer organisé à travers les rues historiques de la tout en perpétuant les anciennes coutumes
les légendes, symbolismes et philosophies ville au son de chants et louanges religieux. vivantes de la ville.
d’anciennes civilisations asiatiques issues de
l’archipel malais, du sous-continent indien LES FESTIVALS CULTURELS
et de la Chine, et de transmettre ce précieux George Town possède un certain nombre
patrimoine aux générations futures. de festivals culturels plus récents comme
LES FESTIVALS : UN ÉLÉMENT CLÉ DE LA
le George Town Festival du GTWHI. Cette VALEUR UNIVERSELLE EXCEPTIONNELLE
LES FESTIVALS TRADITIONNELS fête d’un mois consacrée aux arts et au DE GEORGE TOWN
La Fête des fantômes est un festival d’un mois patrimoine commémore l’inscription de la Les villes historiques de Melaka et George
célébré par la communauté taoïste chinoise de ville au Patrimoine mondial de l’UNESCO en Town du détroit de Malacca furent inscrites
George Town. Cet événement marque l’ouverture proposant des performances de très grande sur la Liste du Patrimoine mondial en 2008
car elles constituent des «témoignages
de la porte des enfers et le retour sur terre des qualité. La Fête du patrimoine, tenue quant vivants du patrimoine et des traditions
esprits errants. Afin d’apaiser ces derniers, les à elle tous les 7 juillet, date d’inscription du multiculturelles d’Asie, auxquels s’ajoutent
résidents organisent de somptueuses offrandes, site, présente un vaste éventail de patrimoine les infl uences coloniales européennes. Ce
des spectacles d’opéra chinois (très appréciés matériel et immatériel. Parmi les autres patrimoine matériel et immatériel s’exprime
en particulier dans un grand nombre
par les vivants) et l’incinération d’effigies. festivals culturels les plus notables, on citera
de bâtiments religieux de différentes
L’anniversaire de la divinité hindoue, le seigneur le Festival littéraire de George Town, le confessions, les quartiers ethniques, les
Murugan, est célébré par la procession de Festival de Jazz de l’île de Penang, le World nombreuses langues, les fêtes religieuses, les
Thaipusam. Cet immense défilé part du plus Music Festival et le Festival du court métrage danses, les coutumes, l’art et la musique, la
ancien temple hindou de la ville, le Temple de Tropfest. cuisine et la vie quotidienne.»
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Organisation Convention
Melaka et George Town, villes historiques du
des Nations Unies du patrimoine
détroit de Malacca
pour l’éducation, mondial
Inscrit sur la Liste du patrimoine mondial
la science et la culture en 2008
Forum
Forum
La 9e session du Comité intergouvernemental pour
la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
s’est tenue du 24 au 28 novembre 2014 au siège de
l’UNESCO, Paris. La fête de la Vierge de la Candelaria
de Puno (Pérou) est l’un des trente-quatre éléments
ajoutés à la Liste représentative du patrimoine culturel
immatériel de l’humanité.
Voir page 51
Entretien Page 44
Organisations consultatives Page 47
Conventions Page 50
Margareta Wahlström
Représentante spéciale du Secrétariat général des Nations Unies pour la prévention des
catastrophes et Responsable du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de
catastrophe (UNISDR), chargée de favoriser la mise en œuvre mondiale du Cadre d’action
de Hyogo pour 2005-2015 : « Pour des nations et des communautés résilientes face aux
catastrophes ».
Margareta Wahlström
© UNISDR
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exceptionnelles.
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Organisation Convention
Secteur central de la cité impériale
des Nations Unies dudepatrimoine
Thang Long-Hanoï
pour l’éducation, mondial
Inscrit sur la Liste du
la science et la culture patrimoine mondial en 2010
www.hoangthanhthanglong.vn/
Forum Organisations consultatives
Organisations consultatives
pour identifier, évaluer et réduire les risques pour le patrimoine
Auteurs : ICCROM, ICOMOS, UICN et Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
http://whc.unesco.org/fr/gerer-les-risques-de-catastrophes
Patrimoine mondial M a n u e l d e r é f é re n c e
érer les risques de catastrophes Le risque de catastrophe est le résultat GÉRER LES RISQUES
pour le patrimoine mondial a été d’un aléa (ou danger) et d’une vulnérabilité. DE CATASTROPHES
publié en 2010 dans le cadre de la Alors qu’un aléa désigne un phénomène
série de Manuels de référence du (séisme ou cyclone par ex.) susceptible de
patrimoine mondial. Il a pour but de causer des perturbations ou des dommages pour le patrimoine mondial
faire prendre conscience aux gestionnaires à des biens culturels, la vulnérabilité désigne
et administrateurs du patrimoine mondial la susceptibilité ou l’exposition de biens
de la réelle ampleur des risques associés culturels à un aléa. Alors qu’un aléa désigne
à des catastrophes. Plus important, ce la source externe d’une catastrophe,
manuel leur fournit une méthodologie la vulnérabilité désigne la faiblesse
solide pour identifier, évaluer puis réduire inhérente d’un bien culturel (en raison de
les risques, avec une vision de préservation sa localisation ou de ses caractéristiques
de leur patrimoine et l’assurance que cela spécifiques). Il importe de garder présent
contribue au développement durable de à l’esprit qu’un aléa, tel qu’un séisme, peut
Pour tous renseignements :
Centre du patrimoine mondial
UNESCO
cycle de gestion des risques de catastrophe susceptibles d’accroître la vulnérabilité du divers aspects du bien, tels que son identité
que l’on vient de décrire (Figure 1). bien. Il peut s’agir de facteurs physiques, et son utilité.
sociaux, économiques, institutionnels • Étude de la législation et de
Analyse des risques ou comportementaux. La vulnérabilité la politique en matière de patrimoine
de catastrophe physique peut être d’ordre structural ou culturel et, si nécessaire, de la gestion des
Les étapes à suivre pour analyser les matériel. Pour chaque bien, il convient catastrophes.
facteurs de risques de catastrophe sur un d’identifier les indicateurs spécifiques de • Étude des systèmes de gestion de
bien sont les suivantes (voir Fig. 3) : vulnérabilité et d’en évaluer l’évolution avec site, si nécessaire.
• Dresser la liste de tous les aléas le temps. • Estimation des ressources
naturels et anthropiques qui exposent le - une analyse de l’effet négatif humaines disponibles ou nécessaires.
bien à des risques de catastrophe. Ces aléas potentiel d’une restauration médiocre • Implication des parties prenantes
peuvent être des aléas primaires, avec des effectuée dans le passé. et participation de la communauté.
effets potentiellement catastrophiques, - une analyse des rapports de Il est important d’organiser régulièrement
tels que séismes, ou des aléas secondaires, cause à effet entre des aléas primaires des discussions avec les parties prenantes
lents et graduels, ou facteurs de risques et des facteurs de risques sous-jacents et la communauté locale afin de maintenir
sous-jacents, tels que changements de la qui augmentent la vulnérabilité du bien leur implication dans les activités de
végétation naturelle dus au relèvement de et l’exposent à un risque de catastrophe, relèvement et de réhabilitation et de
la nappe phréatique ou variations de la assortie d’une explication des relations les sensibiliser à l’intérêt de reconquérir
qualité de la nappe phréatique dues à la d’interdépendance entre eux. Des aléas les valeurs patrimoniales culturelles ou
pollution. Dans le cas de biens culturels, des (ou facteurs) secondaires cumulés peuvent naturelles du bien qui ont été perdues.
aléas secondaires peuvent être par exemple accroître la vulnérabilité d’un bien à un aléa • Éducation et sensibilisation.
la pousse de végétation sur des monuments primaire. Parallèlement, remédier à un aléa • Introduction d’un système et d’un
ou une humidité provenant du relèvement spécifique risque d’accroître la vulnérabilité processus de surveillance.
de la nappe phréatique. d’un bien à un autre aléa. Finalement, le patrimoine peut jouer un
• Identifier les processus qui, rôle plus proactif dans le relèvement et la
combinés à un aléa primaire, peuvent Les mesures après réhabilitation :
exposer le bien à un risque de catastrophe. catastrophe • En utilisant des compétences
L’identification de ces processus peut Dans le cas où il y avait une catastrophe, et et des capacités traditionnelles pour la
reposer sur : après la phase de catastrophe proprement réhabilitation après une catastrophe.
- une évaluation des performances dite, il est nécessaire de définir des mesures • En mettant en lumière le mode
des systèmes de gestion et des mesures de à long terme pour réhabiliter au plus tôt de vie, les technologies et les moyens de
préparation aux catastrophes déjà existants. le bien affecté et le protéger contre des subsistance locaux qu’il y a lieu d’intégrer
- une analyse des effets négatifs catastrophes à venir. Il est important de dans des opérations de reconstruction
potentiels résultant de configurations ou de tirer les enseignements de l’expérience après une catastrophe. Les erreurs passées
phénomènes existants de dommages et de passée et de réexaminer les systèmes de peuvent être riches d’enseignements en la
détérioration, ou d’interventions, d’activités gestion de risques existants. Plusieurs matière.
ou de projets d’aménagement du territoire aspects sont à revoir ou à introduire pour • En reconnaissant que le
irréversibles actuels susceptibles de con- garantir un relèvement efficace : patrimoine culturel et naturel est une
tribuer à accroître la vulnérabilité du bien à • Prise en compte de la réhabilitation source d’information sur l’identité qui peut
divers aléas. Divers outils d’analyse peuvent sociale et économique du bien et de son favoriser le relèvement psychologique des
être utilisés pour ce faire et la communauté milieu environnant. victimes de la catastrophe.
locale peut y être associée. • Stratégies de restauration, • En faisant appel aux capacités
- une analyse des facteurs de risques reconstruction et réhabilitation du bien à réagir des réseaux sociaux traditionnels
sous-jacents relatifs à l’environnement et après la catastrophe en articulation avec pour faciliter le relèvement.
L
sein des industries de l’édition et de la mu- ment discuté de l’impact des technologies du
ICORP
a vocation du Comité activités d’atténuation, de préparation, de trophes, et la diffusion de bonnes pratiques.
scientifique international réponse et de rétablissement. L’ICORP organise également de nombreux
du Conseil international Ce Comité se compose de plus de cin- colloques scientifiques en collaboration avec
des monuments et des sites quante professionnels issus de vingt-cinq divers organismes nationaux et internationaux
(ICOMOS) sur la préparation pays couvrant différentes régions, et spécia- et établissements universitaires. Le Comité
aux risques (ICORP) est d’améliorer le lisés dans divers aspects de l’atténuation des a ainsi organisé les symposiums de Kyoto
degré de préparation des institutions catastrophes, de la réponse et du rétablis- (2010), d’Helsinki (2011), d’Istanbul (2012),
et des professions patrimoniales face sement du patrimoine culturel. Les missions de Katmandou (2013) et de Porto (2014),
aux catastrophes d’origine naturelle ou d’ICORP comprennent l’élaboration de ma- ainsi que deux formations e-learning en sau-
humaine, et de favoriser une meilleure nuels, de lignes directrices et de publications, vegarde d’urgence du patrimoine destinées
intégration de la protection des structures, et la mise en place de cours de formation et aux professionnels du patrimoine syrien du-
sites ou zones du patrimoine dans la d’activités favorisant le renforcement des ca- rant le conflit en 2013, en collaboration avec
gestion des catastrophes nationales, locales pacités, la sensibilisation à la protection des l’ICCROM et la Direction générale des antiqui-
et internationales, à travers notamment des sites du patrimoine menacés par les catas- tés et des musées de Syrie.
Conventions
a 9e session du Comité
intergouvernemental pour
la sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel s’est tenue
du 24 au 28 novembre 2014 au
Siège de l’UNESCO, Paris. Au cours de cette
session, présidée par José Manuel Rodriguez
Cuadros (Pérou), le Comité a examiné vingt-
sept rapports périodiques sur la mise en
œuvre de la Convention, ainsi que huit
rapports sur l’état actuel d’éléments inscrits
sur la Liste du patrimoine culturel immatériel
nécessitant une sauvegarde urgente.
Au cours de la session, trois éléments
furent inscrits sur la Liste de sauvegarde
urgente, trente-quatre furent ajoutés
à la Liste représentative du patrimoine
culturel immatériel de l’humanité, et un
seul élément (sauvegarde de la culture du
carillon en Belgique) fut ajouté au Registre La danse rituelle au tambour royal (Burundi).
© Jean Marie Vianney RUGERINYANGE, Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Burundi
des meilleures pratiques de sauvegarde. Les
éléments inscrits sur la Liste représentative
comprennent la Danse rituelle au tambour héritées de nos ancêtres et transmises à traditionnel. Ce patrimoine constitue
royal (Burundi), L’Askiya, l’art de la nos descendants, comme les traditions un facteur important du maintien de la
plaisanterie (Ouzbékistan), et la Tradition orales, les arts du spectacle, les pratiques diversité culturelle face à la mondialisation
de la fabrication des tapis à Tchiprovski sociales, rituels et événements festifs, les croissante et nécessite par conséquent une
(Bulgarie). connaissances et pratiques concernant la protection adaptée.
Le patrimoine culturel immatériel englobe nature et l’univers ou les connaissances Plus d’informations sur http://www.
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les traditions ou les expressions vivantes et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat unesco.org/culture/ich
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Découvrez pourquoi
Explore why at ici :
www.botswanatourism.co.bw
Nouvelles
Nouvelles
Après des années de braconnage des éléphants,
les autorités ont déclaré qu’il n’y avait pas eu de
braconnage dans le site du patrimoine mondial de
la réserve de gibier de Selous (République-Unie de
Tanzanie) dans les trois mois suivant l’inscription du
bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Voir page 59
Préservation Page 54
Sites en péril Page 57
Promotion Page 60
© Rob
Préservation
Le scénario de Samoa stipule que les PEID divers partenaires locaux et fournisseurs
doivent reconnaître la nécessité d’investir de services. Les gestionnaires de site et les
dans l’éducation et dans la formation développement membres de la communauté locale évaluè-
pour permettre de bâtir des économies et
des sociétés résilientes. Ce scénario met pour les rent également les activités entrepreneu-
riales et commerciales actuellement mises
également l’accent sur la bonne gestion des
océans de la planète.
entrepreneurs en œuvre dans l’ensemble de la région afin
d’identifier d’autres possibilités de projets.
Le scénario de Samoa soutient par locaux Cet atelier, qui s’inscrivait dans le
ailleurs les efforts visant à promouvoir et à « Programme de mise en œuvre du
préserver la diversité culturelle et le dialogue Le premier atelier de formation Deuxième cycle de rapports périodiques
interculturel par le biais du renforcement anglophone pour l’entrepreneuriat local de la région Afrique » du Fonds africain
d’activités culturelles et d’infrastructures organisé par le Fonds africain du patrimoine du patrimoine mondial de l’UNESCO et
nationales et régionales, telles, notamment, mondial et le Centre pour le développement était financé par le Ministère norvégien des
que le réseau de sites du patrimoine du patrimoine en Afrique s’est déroulé affaires étrangères, le Fonds du patrimoine
mondial. Ce document préconise aussi le du 22 septembre au 10 octobre 2014 à mondial africain et l’UNESCO, succédait à un
développement des secteurs culturels et proximité du site de Mosi-oa-Tunya / Chutes atelier de formation de deux semaines tenu
créatifs, dont le tourisme, et des mécanismes Victoria (Zambie / Zimbabwe), un bien au Ghana et à une période de trois mois
qui permettent de préserver, promouvoir et inscrit au patrimoine mondial. de suivi et de mentorat, visant à faciliter
protéger les pratiques et les connaissances Cet atelier de trois semaines se consacrait la mise en place d’activités présentant des
traditionnelles liées au patrimoine naturel, à l’élaboration d’un plan de développement avantages pour les communautés qui vivent
culturel, matériel et immatériel. et d’un budget cohérents dans le cadre sur les sites du patrimoine mondial ou dans
Ce document, publié dans la série des d’un projet pilote d’agriculture mixte/ leur périphérie. Son objectif consistait à
Cahiers du patrimoine mondial grâce au jardinage visant à générer des avantages générer des avantages socio-économiques
généreux concours du Gouvernement économiques directs pour les communautés pour ces populations à partir des ressources
japonais, aborde les préoccupations et les qui vivent à proximité du site. Ce projet du patrimoine, afin d’améliorer leurs
défis liés au patrimoine mondial des PEID comprenait également la finalisation des moyens de subsistance tout en assurant la
pour informer et orienter les décideurs, les plans de développement mis au point durabilité des ressources patrimoniales.
professionnels et les communautés locales par les gestionnaires des sites et les L’atelier rassemblait treize gestionnaires
en vue de susciter des synergies entre représentants communautaires d’autres de site, les représentants communautaires
l’amélioration des conditions de vie et la biens du patrimoine mondial africain. de sept sites inscrits au patrimoine mondial
protection de l’environnement naturel et Les participants examinèrent tous les et d’un site relevant du patrimoine national,
celui créé par l’homme. éléments clés que doit comporter un bon et dix membres de la communauté locale.
plan de développement, menèrent des en- Tous les participants suivirent une formation
quêtes de terrain et contribuèrent à l’esti- en matière d’entrepreneuriat et d’activités
mation des coûts des travaux effectués par liées au patrimoine mondial.
Une protection
Sites en péril
efficace pour les
forêts humides
de Madagascar
La deuxième phase de l’Assistance
internationale de l’UNESCO pour la
conservation et la gestion des Forêts
humides de l’Atsinanana (Madagascar)
classées au patrimoine mondial a
officiellement démarré lors d’une série
d’ateliers tenus du 8 au 14 septembre
2014 dans les parcs nationaux de Marojejy
et Masoala. Spécialement conçu pour
compléter le travail réalisé par l’UNESCO
sur ce site dans le cadre du projet financé
par la Norvège, ce plan d’urgence s’attache
surtout à Marojejy et Masoala et s’efforcera
d’assurer une meilleure participation des
communautés locales. Parc national de Masoala (Madagascar).
© F. Rakotomanana
Une délégation de quinze responsables,
dont le Secrétaire général du Ministère
de l’environnement, de l’écologie et des et garantissent la survie de la biodiversité lors de la 34e session du Comité, du fait de
forêts (MEEF), s’est entretenue avec les unique de Madagascar. Depuis son déta- l’exploitation et de l’exportation continue
parties prenantes locales afin d’examiner chement des autres continents, il y a plus du bois de rose et de l’ébène. Le Comité
les problèmes liés à l’abattage illégal, et de 60 millions d’années, la vie végétale et nota également que certains pays qui
notamment du bois de rose, et de tenter animale de Madagascar a évolué en vase avaient ratifié la Convention du patrimoine
de trouver des solutions aux problèmes qui clos. Les forêts tropicales du pays figurent mondial constituaient des destinations
auront été identifiés. sur la Liste du patrimoine mondial en raison reconnues pour le commerce de ces bois.
Les Forêts humides de l’Atsinanana ren- de leur importance pour les processus éco- Les ateliers qui participèrent au lancement
ferment six parcs nationaux disséminés le logiques et biologiques, de leur biodiversité de cette deuxième phase du plan d’urgence
long de la partie orientale de l’île. Ces forêts et des espèces menacées qu’elles abritent. de l’UNESCO abordèrent diverses questions
reliques revêtent une importance capitale Le site des forêts tropicales fut inscrit sur clés, et notamment celle de la nécessité
pour le maintien des processus écologiques la Liste du patrimoine mondial en 2007, d’assurer une meilleure protection contre
qui attestent de l’histoire géologique de l’île et il fut ajouté à la Liste en péril en 2010 l’exploitation illégale des forêts et l’examen
de l’impact de ces activités sur le tourisme.
Les participants locaux se penchèrent
également sur la relation qui existe entre les
aires protégées et le patrimoine mondial,
ainsi que sur la nécessité de renforcer la
communication entre toutes les parties
concernées.
Le MEEF nota que l’État malgache avait
initié une série de mesures, avant le lance-
ment officiel du projet de l’UNESCO, pour
appréhender les personnes impliquées
dans le commerce illégal du bois de rose et
s’était formellement engagé à réagir à toute
présence d’exploitation forestière illégale. Le
ministère mit également l’accent sur le fait
que l’organisation de la stratégie gouverne-
mentale impliquait les plus hauts niveaux de
Renforcement des officiels locaux dans le contrôle environnemental. l’État dans le processus décisionnel.
© F. Rakotomanana
Sauvegarde
du patrimoine
culturel iraquien
Suite à la détérioration tragique de la si-
tuation humanitaire et sécuritaire en Iraq,
l’UNESCO a mis en place un Plan de ré-
ponse d’urgence (PRU) pour relever les défis
liés à la sauvegarde du patrimoine culturel
du pays. Ce plan fut établi lors d’une réu-
nion d’urgence tenue le 17 juillet 2014 au
Siège de l’UNESCO à Paris, en présence
d’experts provenant d’Iraq et de la commu- Ville archéologique de Samarra (Iraq).
© Ian Terry
nauté internationale. Cette réunion visait à
définir des mesures efficaces pour atténuer
l’impact négatif du conflit. Dans le cadre du PRU, toutes les parties sur les ruptures affectant le patrimoine
Par ailleurs, une réunion internationale concernées, et notamment les services immatériel.
organisée par les délégations françaises et de douanes et de police aux frontières, Ce plan sera mis en œuvre par le
iraquiennes de l’UNESCO s’est déroulée au Interpol, l’Organisation mondiale des Bureau de l’UNESCO pour l’Iraq en étroite
même endroit, le 29 septembre 2014, afin douanes et les maisons de vente aux collaboration avec les professionnels
d’identifier des moyens permettant de pro- enchères, seront alertées et informées de iraquiens en charge de la protection du
téger le patrimoine culturel iraquien actuel- toute présence potentielle d’un trafic illicite patrimoine culturel national, le secteur de
lement menacé. de biens culturels iraquiens, ainsi que des la culture de l’UNESCO à Paris et d’autres
Trois des quatre biens iraquiens inscrits mesures spécifiquement mises en place experts et partenaires institutionnels.
sur la Liste du patrimoine mondial – à savoir pour prévenir de tels actes. Afin de prévenir le trafic illicite des biens
les sites d’Assour (Qal’at Cherqat), de Hatra Le PRU collabore également avec les culturels, ERAP collaborera également avec
et de la Ville archéologique de Samarra – se intervenants humanitaires d’organismes les pays limitrophes de l’Iraq. À la demande
situent dans des zones de conflit particu- nationaux et internationaux ayant accès aux de la France et de l’Iraq, le Conseil exécutif
lièrement volatiles où le pillage et le trafic zones renfermant un patrimoine culturel de l’UNESCO a examiné la protection du
illicite de biens culturels présentent un pro- susceptible d’être pillé ou endommagé patrimoine iraquien lors de sa 195e session.
blème de plus en plus préoccupant. Assour afin d’obtenir une évaluation rapide et des En outre, les questions pressantes des at-
et Samarra furent placés sur la Liste du pa- rapports détaillés sur la sauvegarde de ces taques contre le patrimoine immobilier et
trimoine mondial en péril en 2003 et en sites. matériel de l’Iraq, de la persécution des di-
2007 respectivement. Ce plan d’urgence mettra également en verses minorités du pays et du trafic illicite
Dans un premier temps, le PRU s’attacha place un mécanisme de surveillance pour de biens culturels iraquiens étaient au cœur
à la sensibilisation de la communauté inter- garantir que toute information concernant d’une conférence internationale réunie au
nationale et du grand public aux effets des les menaces qui pèsent sur les sites et les Siège de l’UNESCO à Paris le 3 décembre
conflits armés sur le patrimoine culturel ira- musées du pays soit correctement commu- 2014.
quien. Bien qu’il n’existe aucune statistique niquée. Tous les inventaires existants seront Intitulée « Patrimoine et diversité
permettant de quantifier ce trafic en Iraq mis à jour et éventuellement numérisés. culturelle en péril en Iraq et en Syrie »,
avec quelque précision, on estime que beau- Par ailleurs, ce plan fournira aux insti- la conférence a permis de sensibiliser la
coup de statues, de manuscrits et d’autres tutions iraquiennes une assistance et une communauté internationale et les décideurs
objets précieux sont déjà tombés entre les formation techniques pour leur permettre à intégrer davantage la protection du
mains de marchands d’art peu scrupuleux. de faire face à la crise actuelle. Certaines patrimoine culturel et la diversité culturelle
L’interdiction du commerce des biens cultu- mesures d’urgence pourraient également dans les politiques liées à la sécurité, la
rels iraquiens a déjà été adoptée en 2003 être prises pour assurer le déplacement pro- résolution des conflits, l’aide humanitaire
grâce à la résolution 1483 du Conseil de sé- visoire de certains biens culturels, et notam- et le développement. Parmi ses résultats
curité des Nations Unies, et cette mesure est ment des manuscrits et des collections de la figure la proposition d’établir des « zones
toujours en vigueur. La Directrice générale de bibliothèque. culturelles protégées » où les parties au
l’UNESCO, Mme Irina Bokova, a par ailleurs L’évaluation des dommages dans le cadre conflit s’abstiendraient de toute opération
indiqué que « le patrimoine islamique, chré- du PRU impliquera la collecte d’informations militaire. La Grande mosquée omeyyade,
tien, kurde et juif… fait l’objet de destructions sur les dégâts, les pillages et les destructions située dans le bien du patrimoine mondial
ou d’attaques délibérées qui constituent clai- subies par le patrimoine matériel (sites, de l’ancienne ville d’Alep, a été mentionnée
rement une forme de nettoyage culturel ». monuments et bâtiments historiques), et comme une possibilité.
Sites en péril
à diverses espèces menacées à l’échelle
mondiale, dont l’emblématique ibex Walia,
pression du une chèvre de montagne qui ne se trouve braconnage
pâturage en nulle part ailleurs, ou encore le babouin
gelada et le loup éthiopien. à Selous
Éthiopie La principale menace pesant sur ce bien
résulte de l’utilisation non durable des Après de longues années d’un braconnage in-
ressources naturelles du site et de sa péri- cessant qui décimait les populations d’éléphants,
Un projet que mène actuellement le phérie. Ce problème constitue un parfait les autorités tanzaniennes ont récemment déclaré
Parc national du Simien (Éthiopie) inscrit exemple de la nécessité de concilier les que ce problème avait été enrayé dans la Réserve
au patrimoine mondial vise à examiner objectifs de conservation et de subsistance de gibier de Selous (République-Unie de Tanzanie)
la Stratégie de réduction de la pression des populations locales. Le Centre du patri- inscrit au patrimoine mondial, dans les trois mois
qu’exerce le pâturage (GPRS). moine mondial a déjà apporté son soutien ayant suivi l’inscription du bien sur la Liste en péril.
Le but de ce projet, mis en œuvre à l’Éthiopie pour ré-énoncer les limites du Lors de sa session de Doha (Qatar) tenue en
conjointement par le Centre du patrimoine parc, et ce en vue d’assurer la conservation juin 2014, le Comité du patrimoine mondial avait
mondial, l’Autorité de conservation de des habitats des principales espèces et en décidé de placer la réserve faunique sur la Liste
la faune éthiopienne et l’African Wildlife établissant des programmes de conserva- en péril en raison du braconnage généralisé dont
Foundation, avec le généreux concours tion communautaires en collaboration avec faisait l’objet certaines espèces sauvages du site,
du fonds-en-dépôt des Pays-Bas, consiste le Programme de microfinancements du dont notamment les éléphants et les rhinocéros.
à examiner la GPRS actuelle dans le cadre Fonds pour l’environnement mondial (FEM- Le Comité avait également prié la communauté
d’une consultation avec les communautés SGP) mis en œuvre par le Programme de internationale, et particulièrement les pays de
locales et d’élaborer une approche développement des Nations Unies (PNUD). transit et de destination du trafic d’ivoire, de sou-
progressive susceptible de définir et de Ce projet vise à parvenir à un consensus tenir la Tanzanie dans sa lutte contre cette activité
faire respecter les zones de pâturage. Ce avec les communautés locales touchant à criminelle.
projet vise également à la réhabilitation la meilleure façon d’aborder la question du Occupant une superficie de 50 000 km2, la
des zones dégradées ainsi qu’à la réduction surpâturage. La stratégie actuelle en matière Réserve de gibier de Selous est l’une des plus
progressive du pâturage général. de pâturage fera l’objet d’une mise à jour grandes aires protégées du continent africain.
Le Parc national du Simien fut inscrit sur la alors même que des priorités et des objectifs Ce site relativement peu affecté par l’influence
Liste du patrimoine mondial en 1978 et sur précis seront identifiés en vue d’une mise en humaine abrite l’une des plus importantes
la Liste en péril en 1996. Ce site renferme œuvre immédiate. Cette refonte de la stra- concentrations d’éléphants, de rhinocéros noirs,
un paysage spectaculaire sculpté pendant tégie du pâturage fera également place à de guépards, de girafes, d’hippopotames et de
plusieurs millions d’années par une érosion un plan d’action à court terme visant à as- crocodiles, ainsi que de nombreuses autres es-
massive qui a créé des pics acérés, des surer une réduction significative du nombre pèces. La réserve constitue par ailleurs un pré-
vallées profondes et des précipices abrupts d’animaux qui broutent dans le parc tout en cieux laboratoire pour la continuité des processus
atteignant jusqu’à 1 500 m de profondeur. garantissant aux communautés locales des écologiques et biologiques dans la mesure où elle
Le parc revêt une importance capitale pour moyens de subsistance durables. renferme une variété exceptionnelle d’habitats
la conservation de la biodiversité dans Il est prévu que ce processus initial se (forêts, prairies, forêts riveraines et marécages).
la mesure où il offre un refuge précieux déroule sur une période de dix-huit mois. Bien que le braconnage des éléphants se soit
généralisé dans les années 2000, le Ministre
des ressources naturelles et du tourisme de la
Tanzanie, Lazaro Nyalandu, affirme que la lutte
contre le braconnage a déjà commencé à porter
ses effets.
En 2013, la Tanzania Elephant Protection
Society, une ONG consacrée à la protection et à la
conservation des éléphants, déclarait qu’une tren-
taine d’éléphants étaient massacrés chaque jour
en Tanzanie, précisant qu’à ce rythme-là, toute
la population d’éléphants du pays serait extermi-
née d’ici l’année 2020. Le fléau du braconnage a
également entraîné un déclin spectaculaire des
populations d’animaux sauvages de la Réserve de
gibier de Selous, et notamment des éléphants et
des rhinocéros dont les effectifs ont chuté de près
de 90 % depuis 1982, date à laquelle la réserve
Parc national du Simien (Éthiopie). fut inscrite sur la Liste du patrimoine mondial.
© Sefan Gara
Jeunes volontaires du patrimoine mondial dans les Rizières en terrasses des cordillères des Philippines. Réserve de faune du Dja (Cameroun).
© Mario Santana © B. Diawara/UNESCO
Promotion
mesures à prendre. Les participants sont des forces, des faiblesses, des opportunités
également convenus du cadre à établir et des menaces) touchant à la manière dont
pour renforcer la cohérence et la synergie patrimoine le tourisme durable pouvait renforcer la
de leurs actions.
Cet atelier, organisé dans le cadre du mondial des pays valeur universelle exceptionnelle d’un site et
à l’identification des points de consolidation
projet de préservation durable de la réserve,
a permis aux participants de valider deux
nordiques-baltes que doit comporter toute stratégie.
Lors de la deuxième session, les
importantes études menées à la demande se penche sur le participants examinèrent la meilleure
du Comité du patrimoine mondial : les
termes de référence d’une évaluation tourisme durable manière d’assurer la participation des
parties prenantes. Leurs discussions
environnementale et sociale stratégique portèrent également sur l’utilisation de la
des projets de développement déployés La Conférence de 2014 du Réseau du nouvelle plate-forme Web de l’UNESCO
autour de la réserve, et les méthodes patrimoine mondial des pays nordiques- intitulée « Des personnes pour protéger
opérationnelles pour la mise en œuvre d’un baltes s’est tenue du 17 au 19 septembre des lieux », sur les manuels de ressources
cadre pour les parties prenantes. 2014 à Roskilde (Danemark). Optant pour destinés aux gestionnaires de site et sur la
Le projet de préservation durable financé une approche « pratique » du tourisme manière dont le réseau pourrait continuer à
pendant cinq ans (2013-2017) par la durable, cet événement visait à encourager faciliter la collaboration des pays nordiques-
Fondation Franz Weber vise à soutenir les le développement et la mise en œuvre baltes dans le cadre du tourisme durable.
efforts du Gouvernement camerounais dans de stratégies de tourisme durable pour le La dernière séance s’est attachée à la
la préservation de la biodiversité essentielle patrimoine mondial. dimension nationale et touchait le rôle
à la valeur universelle exceptionnelle de la Le projet « Pour une région pilote et l’importance des gouvernements, des
réserve. Ses activités ont pour but de limiter nordique-balte pour le patrimoine mondial stratégies et des initiatives dans la mise en
l’impact des projets de développement. et le tourisme durable », coordonné par la œuvre du tourisme durable.
Les trente participants comprenaient des Fondation nordique du patrimoine mondial, À la fin de la Conférence, les participants
représentants des ministères en charge de a servi de point de départ à la conférence. s’engagèrent à assurer un changement
la faune et des forêts, de l’environnement, Lors des sessions plénières, les participants progressif pour que « d’ici à 2016, la
des mines et de la culture, ainsi que des et les professionnels du patrimoine mondial région nordique-balte constitue un modèle
exploitants de projets de développement, firent part de leurs expériences en matière international pour le patrimoine mondial
des gestionnaires de site et des représentants de mise en œuvre du tourisme durable. Trois et le tourisme durable ». Tous les biens de
des communautés et des autorités locales. séances de travail furent organisées pour cette région inscrits au patrimoine mondial
aider les participants à démarrer ou pour- possèdent déjà ou sont actuellement en
suivre les stratégies de tourisme durable de train d’élaborer une stratégie de tourisme
leurs biens inscrits au patrimoine mondial. durable dans le cadre de leur régime de
La première session portait sur les gestion global.
avantages des analyses SWOT (identification
Promotion
Une série de bandes dessinées du patrimoine mondial mettant en vedette le patrimoine mondial, Rattus Holmes et Felis Watson, les fameux
détectives pour animaux de compagnie de Sherlock Holmes et du Dr Watson, sera bientôt publiée. Les fins limiers ont préservé les sites du
patrimoine mondial du diabolique Moriarty, qui prévoit de les voler pour un parc à thème interplanétaire. Ces vignettes font partie d’une
série copubliée par l’UNESCO et Edge Group (Royaume-Uni) qui présente d’autres aventures d’Holmes et Watson dans Rattus Holmes in the
Case of the Spoilsports (sur le dopage dans le sport) et Rattus Holmes and the Case of the World Water Crisis. Cette aventure sera également
disponible sur le site du Centre du patrimoine mondial http://whc.unesco.org. Pour plus d’informations sur Edge Group et son travail, écrivez
à edgesword@yahoo.com.
L’histoire se poursuit dans le prochain numéro de Patrimoine Mondial...
38 39
SOCIAL SECTOR
38 World Heritage
papers 39 World Heritage
papers Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture
précieuses pour les Volume B – Culture humaines et la Convention du Turquie pour l’UNESCO
patrimoine mondial en Asie Rédacteurs : Dr Gaye Çulcuô ğlu, Dr
communautés insulaires Publié par l’Union européenne, la
Uniquement disponible en anglais Yonca Erkan et Dr Özlem Karakul
Uniquement disponible en anglais Facilité mondiale pour la prévention Photographies : Osman Nuri Yüce
des risques de catastrophe et le http://whc.unesco.org/en/series/39/
http://whc.unesco.org/en/series/38/ http://publishing.unesco.org
relèvement et les Nations Unies Les sites préhistoriques sont la pierre
Les Petits États insulaires en Uniquement disponible en anglais angulaire de la recherche sur les Cet ouvrage, préparé dans le cadre
développement (PEID) se composent www.recoveryplatform.org/assets/ origines de l’humanité, son évolution du 40 e anniversaire de la Convention
d’îles de la mer des Caraïbes et des projects/PDNA/PDNAVolumeB/ et son développement social, mais ils du patrimoine mondial en 2012, se
océans Atlantique, Indien et Pacifique. WB_UNDP_PDNA_Culture_FINAL.pdf sont sous-représentés sur la Liste du compose d’articles reposant sur des
Ces PEID présentent des intérêts, des patrimoine mondial de l’UNESCO. Les études de recherche originales et
préoccupations et des défis similaires, Cette publication complète le Volume A – sites préhistoriques emblématiques en d’évaluations indépendantes réalisées
comme notamment la gestion marine Guidelines of the PDNA Methodology. PDNA Afrique, en Amérique latine et en Europe par d’éminents académiciens reconnus
et côtière, l’impact du changement Guidelines Volume B – Culture (Volume sont bien connus, en revanche, ceux situés en Turquie et à l’échelle internationale.
climatique et les questions de A – Orientations de la méthodologie de la en Asie le sont beaucoup moins. Cela Cette célébration du patrimoine
développement durable. La vocation PDNA. Orientations de la PDNA Volume doit changer. D’autant plus que l’Asie antique et divers du pays est illustrée
de cette publication, réalisée grâce au B – Culture) élaboré avec la contribution détient une mine de données, y compris par de magnifiques photographies en
de l’UNESCO. Son but est de faciliter des défis surprenants aux paradigmes couleurs et comprend un CD-ROM.
généreux soutien du Gouvernement
une évaluation intégrée de l’impact des archéologiques traditionnels de
japonais, est d’informer et d’orienter les Cahier du patrimoine
catastrophes à travers toutes les dimensions l’émergence et de la dispersion de l’homme
efforts des décideurs, des professionnels
et des communautés locales pour
du secteur culturel et de définir les grandes moderne. Ce Cahier du patrimoine mondial no40
lignes d’un programme de redressement mondial aborde ces questions de manière
créer des synergies entre l’amélioration
incorporant des considérations de RRC.
Encourager la participation
directe en explorant des programmes de
des conditions de vie et la protection Cet ouvrage comprend un modèle recherche récents, des idées et des débats des communautés locales
de l’environnement naturel et de
l’environnement créé par l’être humain.
d’évaluation stratégique des besoins, à soulevant le profil de l’Asie dans les études dans la sauvegarde du
mener dans les brefs délais imposés par de l’évolution humaine, tout en abordant patrimoine mondial : une
le processus global post-catastrophe. les questions pratiques de protection
et de gestion des sites. Le résultat est méthodologie basée sur
Rapport de 2014 sur les un recueil fascinant reflétant l’approche l’expérience COMPACT
Égalité des genres, internationale et interdisciplinaire qui Jessica Brown, UICN-CMAP, Groupe
patrimoine et créativité catastrophes mondiales : inspire tous les travaux en vertu de la spécialisé dans les paysages protégés
Publié par l’UNESCO culture et risque Convention du patrimoine mondial. Terence Hay-Edie, Programme de
Disponible en anglais et français Fédération internationale des petites subventions du FEM PNUD
http://www.unesco.org/new/fr/ Sociétés de la Croix-Rouge et Le rôle des partenariats Uniquement disponible en anglais
culture/gender-and-culture/gender- du Croissant-Rouge (IFRC) public-privé et du http://whc.unesco.org/en/series/40/
equality-and-culture/the-report/ Uniquement disponible en anglais secteur tertiaire dans la
http://www.preventionweb.net/ conservation des bâtiments, Les communautés locales et les peuples
L’égalité des genres est reconnue english/email/url.php?eid=39878 autochtones constituent souvent
des sites et des villes des gardiens de sites du patrimoine
depuis longtemps comme un objectif
de développement fondamental et un L’édition 2014 du World Disasters Report historiques du patrimoine mondial particulièrement engagés. Au
s’intéresse à la culture et au risque, en Le Getty Conservation Institute cœur même de la gestion des sites du
droit de l’être humain. Au cours des Uniquement disponible en anglais
quatre dernières décennies, des progrès explorant les diverses manières dont la patrimoine mondial, ces communautés
culture influe sur la réduction des risques et http://www.getty.edu/conservation/
considérables ont été accomplis au jouent un rôle essentiel dans les efforts
publications_resources/pdf_
sur l’adaptation au changement climatique, de conservation durables qui contribuent
niveau international pour promouvoir la publications/public_private.html
et la façon dont les catastrophes et le aux moyens d’existence durables.
responsabilisation des femmes dans le
risque influencent à leur tour la culture. Cet Cette publication en ligne gratuite Au cours d’une décennie de partenariats
cadre du développement et encourager
ouvrage examine les raisons qui poussent s’adresse à tous ceux et celles qui avec le Programme de petites subventions
les hommes et les jeunes garçons à
les gens à vivre dans des lieux à risques, ainsi travaillent dans le secteur du patrimoine du Fonds pour l’environnement mondial
jouer un rôle actif dans le processus de
que la manière dont leur culture et leurs culturel. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un mis en œuvre par le PNUD, avec le soutien
transformation sociale et réduire les croyances leur permettent de vivre avec guide sur l’utilisation des partenariats de la Fondation des Nations Unies et la
différences qui existent entre les sexes ces risques. Il se penche également sur la public-privé à proprement parler, son but participation de l’UNESCO, l’initiative
en matière de droits et d’opportunités. culture organisationnelle des organismes qui consiste à favoriser la compréhension des COMPACT (gestion communautaire de la
Comme le montre clairement ce rapport, œuvrent dans le domaine de la réduction concepts sous-jacents de ces partenariats conservation des zones protégées) a produit
la culture constitue une alliée précieuse et de l’adaptation aux risques, et remet en et à présenter divers exemples où ces des histoires inspirantes, une méthodologie
pour promouvoir l’égalité des genres. Cet question la foi généralement placée dans projets ont obtenu de bons résultats en reproductible, une conservation concrète
ouvrage vise à consolider la recherche, les activités communautaires. Ce document matière de conservation du patrimoine. et des avantages avérés en termes de
les statistiques et les études de cas dans étudie aussi la culture du point de vue du Cet ouvrage constitue également une moyens de subsistance sur plusieurs sites
le domaine de la culture et de l’égalité, logement, de la reconstruction, des soins ressource utile pour faire progresser la du patrimoine mondial à travers le monde.
en se concentrant plus particulièrement de santé et des traitements médicaux, et recherche dans ce domaine et comprend Cette publication propose des solutions
sur la créativité et le patrimoine en propose quelques pistes pour permettre aux une bibliographie détaillée de textes pratiques pour la conservation et la gestion
tant que contribution aux débats organismes d’harmoniser leurs actions avec généraux sur les partenariats public-privé du patrimoine afin d’harmoniser les
internationaux de l’agenda post-2015. la façon dont les gens pensent et agissent. et sur l’environnement urbain historique. objectifs de conservation et de subsistance.
4 au 6 février
Calendrier
OMT/Conférence mondiale de l’UNESCO sur le tourisme et la culture.
4 au 6 mars
Dialogue régional sur la politique de science de la durabilité en soutien au pro-
Engaging Local Communities gramme de développement post-2015.
in Stewardship of World Heritage
A methodology based
on the COMPACT experience
Kuala Lumpur, Malaisie.
Informations : elfith@ukm.my
14 au 18 mars
3e Conférence mondiale sur la réduction des risques liés aux catastrophes.
Sendai, Japon.
Pour commander : Informations : http://www.wcdrr.org/
28 juin au 8 juillet
39e session du Comité du patrimoine mondial.
Bonn, Allemagne.
Informations : r.veillon@unesco.org
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Organisation Patrimoine du
Convention
des Nations Unies patrimoine mondial
Bulletin d’abonnement
pour l’éducation,
la science et la culture
La revue Patrimoine Mondial est éditée conjointement par l’UNESCO et Publishing for Development et est
publiée quatre fois par an en anglais, français et espagnol. Un point sur l’actualité et des dossiers offrent aux
lecteurs une information détaillée sur la préservation des sites naturels et culturels les plus importants au
monde. La publication est conçue pour diffuser et mettre en valeur l’action et l’engagement de l’UNESCO en
faveur du patrimoine mondial, notre héritage du passé, notre responsabilité pour le présent et notre devoir
pour les générations futures.
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There’s a place where you’ll fall in love with the color of our agave fields
Il existe un endroit où tu tomberas amoureux de la couleur de nos champs d´agave
En cada rincón
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Prochain numéro
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Rizières en terrasses des cordillères des Philippines (Philippines).
© Sean Hamlin