Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Musées et environnement
museum
Museum, qui sucdde Mouseion, est pub&
A Paris par l'organisation des Nations
Unies pour l'tducation, la science et la
culture. Museum, revue trimestrielle, est la
fois un ptriodique d'information et un
instrument de recherche dans le domaine
de la mustographie. Les opinions exprimtes
'par les auteurs ne reflktent pas ntcessai-
tement celles de l'Unesco. .
ÉDITEURS
COMITÉ CONSULTATIF
Om Prakash Agrawal
Sid Ahmed Baghli
Raymonde Frin
Jan Jelinek
Michael Kustow
Grace McCann Morley
Georges Henri Rivitre
Mario Vásquez
+ directeur de l'Icom, ex oj%o
0 Unesco 1973
SHC.~Z/IV.I16/F
Presses Centrales S.A., Lausanne
I
Musée et
environnement ‘cz,
Monographies représentatives
Boris Savel’ev Le Misée des sciences de la terre de I’ Uniuersité de Moscoii 5 9
Bent Jsrgensen Le nouveazt illzisée xoologiqzie de Copenhague 6 3
Wilhelmina H. Ica1 Le Alzisée des tropiqzies, Ainsterdam 69
Thomas Dominic Nicholson L ’exposition Man in A€rica, azt Muée américain d’histoire natzwelle, New York 74
FranSois Moniot L’écon“ de Afarquè~e,Sabres, dans le cadre dct Parc naturel régional des Landes de
Gascogne 79
Ralph H. Lewis Édication e t recherche en ntatìh-e d’environnement dans de Parc national de
Yellowstone 8 5
Kjell Engström Les expositions tentporaires e t itinératites :an myen d’infool;ilantionpoidr la protection
de l’environnentent 8 9
Nils-Gustav Gejvall L a destrztction de l’emironnenient à l’époque de la préhistoire, Lertze (Grèce) 93
Bengt Hubendick Miisées d’histoire naturelle, naladies tropicales e t taxonomie 97
Grace McCann Morley Le Misée de NagarJinakonda I o I
Grete Mostny Les nzusées e t les problèmes de la vie qziotidienfze Io8
Jan Jelinek Cotzclkrìon I I 2
Documents annexes
Programme adopté par I’Icont lors de sa sixiènze Conférence générale, L a Hqe, 19 62
(extraits) I I6
Conférence des Nations Uraies szir l’enviromzement, Stockhoh z , 1972
(Kjell Engström), e t la Déclaration sztr l’environnemefjt I 17
Colloqtie N M i d e e t enuironnement >>, organisé par I’Iconz, Bordeazix, Istres,
Lozirnzarin, Paris, 2 ~ - 3o septembre 1972 (extraits) I I 9
Conventiott e t recommandation concernant la protection dzt patrimoine nzondial czijturel
e t naturel adoJtées par la Conférence générale de l’Unesco d sa dix-septième session,
paris, I 6 novembre 1972 (extrait) I 2 I
Recommandation concernant la protection, sztr le plan national, dn patrimoine cidtiirel
e t natiirel IZI
Bibliographie sélective I 2 2
2
Éditorial
Kjell Engström
L'avenir de l'homme sur la terre est devenu depuis peu un sujet fréquent de
discussion : nous envisageons sérieusement les conséquences d'une augmen-
tation explosive de la population mondiale. Plus que jamais, chaque société
exploite ses ressources naturelles afin d'élever son niveau social et culturel. Mais
cela veut dire aussi que nous diminuons les chances de satisfaire le besoin
croissant de nourriture et de matières premières. De plus en plus, la question
suivante est posée : combien de temps dureront les ressources de la planète et
comment pouvons-nous planifier notre développement de fason à éviter une
catastrophe ?
Ce n'est pas en se contentant de formuler des théories sur l'avenir que l'on
résoudra des problèmes de ce genre. Nous devons examiner notre situation
*
actuelle et son arrière-plan historique dans une perspective à laquelle nous ne
sommes peut-être pas accoutumés. La terre elle-même a quatre à cinq milliards
d'années d'existence. Des organismes vivants l'habitent depuis un peu plus
de la moitié de cette période et l'on y trouve des créatures qu'on peut qualifier
d'êtres humains depuis seulement un millième environ de la période durant
laquelle la vie a existé. On pourrait donc penser que l'homme n'est qu'au début
de son développement ; or nous discutons déjà de nos chances de survie et l'on
exprime sérieusement la crainte que nous ne soyons entraînés vers notre perte
et vers la mort de la planète.
C'est dans cette perspective que les problèmes actuels doivent être envisagés.
Nous devons tirer parti de toute notre expérience pour dresser des plans pour
l'avenir. C'est toute I'évolution de l'homme en tant qu'être biologique qu'il
faut prendre en considération et nous devons reconnaître que nous ne pouvons
nous libérer de notre héritage et de notre environnement biologiques. I1 y a
beaucoup à apprendre des succès et des échecs rencontrés précédemment par
l'homme lorsqu'il a essayé de cultiver la terre et d'améliorer la société et les
diverses formes de culture : l'étude de l'ascension et du déclin des civilisations
du passé nous permet souvent de comprendre les problèmes actuels.
Nous pouvons trouver dans les musées la base des connaissances dont nous
avons besoin : elle est constituée par les matériaux rassemblés au prix de grands
efforts par les géologues, les paléontologistes, les biologistes, les archéologues,
les spécialistes de l'histoire de l'art, les ethnologues, les historiens, les socio-
logues et beaucoup d'autres. Ces matériaux et l'information qu'ils engendrent
sont inestimables pour ceux qui cherchent un point de référence par rapport
auquel juger les effets de l'activité et de la planification humaines sur l'environ-
nement. I1 est donc naturel d'essayer de présenter dans Mzmztm les possibilités
qui s'offrent d'utiliser les musées pour examiner nos rapports avec ce qui nous
entoure et pour préparer la solution des problèmes actuels à la lumière de
l'expérience du passé.
Les musées remplissent traditionnellement une triple fonction : documen-
tation, recherche et instruction. Nous espérons que les articles qui suivent
montreront comment la communauté peut utiliser ces fonctions pour tenter de
résoudre le problème et qu'en même temps les musées s'orienteront vers
diverses formes d'activités qui contribueront à enrichir la connaissance de 1
nos rapports avec notre environnement. Nous avons toute raison de penser
que ce vaste panorama des possibilités qu'offrent les musées incitera les
f
L'humanité aujourd'hui
Harold Jefferson Coolidge
On dit souvent des écosystèmes qu'ils font tous preuve d'un équilibre dyna-
mique, c'est-à-dire que leur aspect reste pratiquement le même au cours des
années ; mais cette stabilité apparente est faite d'innombrables et d'incessants
changements internes, qui s'effectuent à un rythme très variable. Dans tout
système écologique, de nombreuses substances parcourent constamment un
cycle plus rapide que le cycle de vie des organismes individuels. L'eau, le car-
bone, l'azote, l'oxygène, le phosphore, le soufre et beaucqup d'autres composés
ou Cléments sont continuellement absorbés par le tissu vivant et libérés de
nouveau par les processus de la respiration et de la décomposition. De la matière
organique est créée sans cesse, mais son accumulation est généralement contre-
balancée par sa transformation en matière inorganique de sorte que la présence
de quantités de tourbe, de charbon ou d'humus - même considérables - est
l'exception plutôt que la règle.
Ces cycles sont un aspect seulement du dynamisme que masque I'équilibre
apparent. D'autres cycles de courte durée comportent la naissance, la croissance,
' la maturation, la reproduction et la mort d'organismes individuels, dans l'en-
discuter de la question de savoir si le feu a été utilisé de bonne heure pour attirer
les proies vers des pièges ou des marécages où elles seraient plus faciles à tuer
mais, s'il en a été ainsi, le système écologique a pu dès lors commencer à être
perturbé sur une très vaste échelle. Car le feu modifie profondément la végé-
tation, il finit par remplacer les broussailles et la forêt par des herbages et des
prairies résistant au feu (souvent d'une faible valeur nutritive et riches en
silices), ce qui à son tour modifie l'abondance de la population animale. Le feu
a peut-être joué un autre rôle dans l'évolution de l'homme: quand celui-ci
commensa à faire cuire sa nourriture, il put utiliser une gamme plus large
d'aliments dont certains devinrent ainsi plus faciles à digérer et donc meilleurs
pour l'organisme.
C'est en défrichant les forêts que l'homme a le plus marqué la planète de son
empreinte. Le feu et la hache ont été les instruments des changements opérés
par lui. I1 s'agissait de créer des pâturages pour les herbivores de taille moyenne,
qui se reproduisaient rapidement, dont l'homme fit d'abord sa proie et qu'en-
suite il domestiqua, et de dénuder le sol pour y faire de la culture. Biologique-
ment, il y a d'énormes différences entre la forêt et les herbages. Une forêt est un
des écosystèmes les plus stables. Ses arbres dominants vivent longtemps, ils
sont tout à fait capables de supporter des fluctuations temporaires du climat
pendant des années tout en conservant la faculté de se reproduire lorsque le
moment est favorable. La plupart des forêts naturelles sont peuplées de nom-
breuses espèces, de sorte qu'un facteur qui en freine ou en élimine une, pro-
voque un accroissement compensateur de l'autre. Sous les ombrages de la forêt
se trouve créé un microclimat qui, en soi, augmente la stabilité et offre une
meilleure protection aux plantes et aux animaux les plus petits qui en dépendent.
Dans les forêts, d'immenses réserves de matière organique et inorganique sont
concentrées dans la végétation permanente, c'est-à-dire dans le bois et les
feuilles, et la végétation annuelle est faible par rapport à cette réserve.
Comparons avec une prairie. Les racines y sont moins capables de protéger
le sol contre l'érosion de l'eau. Elle ne crée guère de microclimat. Elle offre
moins de possibilités d'hébergement pour d'autres organismes. La végétation
permanente est bien moins importante que la végétation annuelle, c'est-à-dire
que le cycle de la matière et des organismes vivants est beaucoup plus rapide.
Elle est plus vulnérable au feu ou à une succession d'années défavorables et elle
réagit plus rapidement aux facteurs extérieurs. En remplasant les forêts par des
pâturages, l'homme des premiers âges a mis en branle un processus, qui se
poursuit encore, et qui a pour effet d'accroître l'instabilité et la vulnérabilité
écologiques. A un stade plus avancé de son développement technologique, il a
étendu son emprise sur un autre écosystème important, les marécages, et, en
les asséchant, il a modifié le mode d'écoulement de l'eau vers les grands fleuves
et transformé d'immenses surfaces qui, en raison de leur inaccessibilité, de leur
invulnérabilité au feu et de leur résistance, avaient conservé jusqu'alors leurs
caractéristiques naturelles.
I1 est intéressant de noter que les variétés d'herbes choisies par l'homme pour
faire des pâturages - et les herbacées et autres plantes cultivées par lui - ne
sont pas nécessairement celles qui maintiennent la plus haute activité biologique
sur la terre qu'il a défrichée. Un marécage où poussent des roseaux peut fort
bien produire plus de végétation vivante par année qu'un champ de blé ou de
pommes de terre. Mais l'homme a naturellement favorisé une production qui
lui est utile à lui et au petit nombre d'herbivores qu'il a domestiqués.
I1 est remarquable que ces herbivores soient si peu nombreux. Ils sont tous
paléoarctiques, c'est-à-dire qu'ils appartiennent à des espèces originaires de la
zone tempérée ou subtropicale de l'Ancien Monde : bovins, chèvres, moutons,
porcs et chevaux. L'homme les a transportés dans d'autres régions, mais il ne
s'ensuit pas qu'ils soient les mieux aptes à procurer le plus de viande même après
l'amélioration des pâturages. Des recherches effectuées en Afrique orientale ont
donné à penser qu'une plus grande quantité de viande par hectare pouvait y
L'impact de la civilisation humaine sur les écosystèmes du globe 7
être fournie par les antilopes du pays que par le bétail importé. Cela tient à ce
que six ou sept espèces d'antilopes sont habituées à se nourrir des différentes
plantes de l'habitat naturel. Dans ces conditions, la stabilité écologique a aussi
de meilleures chances d'être maintenue dans un milieu en transformation que
lorsqu'une seule espèce importée, les bovins, se nourrit d'une gamme de plantes
plus limitée. Même dans l'Europe tempérée, lieu d'origine des bovidés, les
cerfs sauvages des collines écossaises produisent plus de protéines que les mou-
tons ou les bœufs. Des recherches récentes ont révélé que ces cerfs sauvages,
de mCme que des antilopes africaines plus grosses (notamment l'clan) ou le
bœuf musqué d'Amérique du Nord, sont faciles à domestiquer. D'autres études
sont nécessaires, mais on s'apercevra peut-être que le bétail domestique tra-
ditionnel de l'homme est bien loin de représenter une exploitation rationnelle
de toute la diversité des types d'animaux, comme on le fait pour les bovins et
les moutons depuis des siècles. On pourrait tirer des phturages sauvages
un rendement plus élevé en protéines sans compromettre la stabilité éco-
logique.
L'homme primitif, en tout cas, en défrichant les forêts, en cultivant toute une
gamme de plantes alimentaires et en favorisant les animaux de pacage, a provo-
qué des modifications de l'environnement qui ont souvent m i s en péril la
stabilité écologique. En excluant délibérément d'autres prédateurs et en laissant
augmenter le nombre des animaux de pacage bien au-delà du niveau le plus
productif et écologiquement raisonnable, l'homme a encouragé la détérioration
de l'habitat dans les terres semi-arides en particulier. E n brûlant la végétation
à plusieurs reprises pour en faciliter la repousse, il a fait appardtre des herbages
résistant au feu, d'un goût désagréable et, dans certaines régions, où l'herbe a
été broutée à l'excès, le désert a gagné du terrain. Des problèmes réels, comme
celui de l'exploitation de notre ressource la plus rare, la terre utilisable, ont ainsi
été créés inutilement. On estime qu'à l'heure actuelle, plus de la moitié des
terres cultivables dans le monde sont effectivement cultivées et notre empiète-
ment sur le reste est rapide. Souvent, les pionniers qui s'installent sur des terres
vierges sont pauvres, manquent de connaissances et d'équipement et ne savent
pas protéger les sols ou conserver des ceintures de forêts pour assurer la stabilité
de l'environnement, et ils ont tendance à répéter les erreurs de leurs ancêtres.
Cela est encore un des problèmes majeurs de l'environnement.
Le développement de l'agriculture ouvrit immédiatement de nouvelles pers-
pectives. Lorsque les hommes devinrent plus sédentaires et capables de pro-
duire de la nourriture au rythme de leur choix et en plus grande quantité
qu'avant, ils purent former des communautls. Le développement des cultures
vivrières permit en outre de retirer de la même superficie davantage de nourri-
ture par tête d'habitant, ce qui conduisit à l'adoption de régimes alimentaires
extrêmement pauvres en protéines par rapport à ceux des populations s'adon-
nant à la chasse. Les agglomérations et la technologie sont le résultat direct de
ce contrôle de la production alimentaire. Ces développements eurent des effets
sur la santé de l'homme, c'est-à-dire sur le taux de natalité et de mortalité et, par
conséquent, sur la population.
Les premières agglomérations n'ont sans doute pas été des endroits très sains.
De nouvelles maladies apparurent en raison de la promiscuité qui favorisait
la multiplication et la transmission des microbes. La contamination de l'eau et
des habitations par les matières fécales a sans aucun doute facilité le transfert
I
des micro-organismes et des parasites. En revanche, l'amélioration de la nour-
riture a augmenté les chances de survie, et celle des moyens de production a
laissé du temps pour de nouvelles activités comme la fabrication d'outils et
d'ustensiles et la construction d'habitations. I1 ne fait pas de doute que la nata-
lité l'a emporté sur la mortalité du fait de l'accroissement des populations
urbaines. Aujourd'hui, l'amélioration des méthodes d'agriculture a libéré
l'homme, dans une mesure encore jamais atteinte, de la tâche primordiale de la
production alimentaire. Au Royaume-Uni, par exemple, 3 % seulement de la
8 Martin Wyatt Holdgate
L'.me des princ+aies fonctions des fnusèes est de traiter e t de classer, gr2ce à leurs
collections e t à des docw~zentsvariés, des échantillons représentant divers environnenzents
e t événements. Cette activité ne sazvait néanmoins se limiter au simple stochge d'objets
e t defaifs: ìl f a a t azmi z m effort continu pow préserver les divers élénzents e t envi-
ronnenzents czilturels e t ?es dqendre contre ?es effets ou iny%ences nuisibles. Dans ?e
secteur de l'histoire natzo-elle, par exemple, cette règle fie vatit pas sedenient pow la
docmzentation concernant des rnìliezrx naturels quì risquent de disparaître; ?es "?es
- ce terine étant pris dans son acception la plus darge - remplissent azwi une fonction
vitale en étudìant les rapports de cause à effet de fagon à les rendre intelligibles au
pztblic, e t en agissant pour sauver de l'extinction les espèces animales e t vkétales rares.
I
NATIONAL ZOOLOGICAL PARK,
Washington, D.C. Ling Ling, l'un des
deux pandas, donnés récemment aux
Etats-Unis par la République populaire de
Chine, qui attirent les foules.
ceux des zoos plus importants et plus connus qui ont le sentiment de poursuivre
un objectif national, voire international, en élevant des animaux. De telles
institutions sont vigilantes et à l'avant-garde de la lutte contre le trafic inter-
national d'animaux rares ou menacés. Bien souvent; les zoos moins importants
se désintéressent de cette action ou bien, par pur chauvinisme et espérant en
retirer un avantage matériel, ils s'adonnent à la contrebande ou favorisent
inconsidérément de dangereuses tractations.
L'exemple des pandas est révélateur, tant du désir qu'éprouve le public
d'observer des animaux vivants que du charme et de l'attrait des animaux
vivants eux-mêmes. Le panda figure sur la liste des espèces rares et menacées.
Son habitat, peu connu et inaccessible, est situé sur les pentes montagneuses
couvertes de forêts de quatre des provinces de la République populaire de
Chine les plus proches de sa frontière occidentale. La biologie reproductive du
panda géant n'est encore guère connue. Nous savons cependant que le zoo de
Le musée et le Datrimoine naturel
2
SAN DIEGOZoo, San Diego. Cerfs de race
PPre David.
3
L'oie de Hawaï, un exemple des especes
menacées de disparition, préservées et
élevies en captivité, puis rendues à l'état
sauvage.
2
Pékin a obtenu plus d'un résultat positif dans l'élevage des pandas, mais il
reste à déterminer dans quelle mesure et de quelle fason il sera possible de
mener à bien l'élevage d'animaux captifs dans un tel environnement.
Que désire voir le public ? Au cours des mois qui se sont écoulés depuis
l'arrivée de ces pandas au Zoo national de Washington, D.C., le nombre des
visiteurs a augmenté de moitié (fig. I). Pendant cette période, le musée d'histoire
naturelle voisin du zoo, qui a fait beaucoup de publicité autour de l'exposition
dans la salle des mammifères d'un panda empaillé, a constaté que cette initiative
n'éveillait pas le moindre intérêt. Au même moment, l'installation dans ce même
édifice, d'un zoo d'insectes rassemblant des abeilles, des fourmis, des cancrelats
et d'autres insectes a attiré beaucoup plus de visiteurs. I1 semble que, pour être
intéressants, les pandas doivent être vivants ;mais pour avoir valeur éducative,
ils doivent être présentés au public dans un environnement ressemblant à leur
propre territoire et de nature à illustrer la diversité et la variété de notre planète.
Ainsi se trouve posée la question générale des fonctions qui peuvent être
confiées aux jardins zoologiques en dehors de leur rôle éducatif. En principe,
un zoo devrait pouvoir servir de réserve génétique, de centre où des animaux
en captivité de lignée rare pourraient être conservés en vue de leur élevage et
de leur éventuel retour à l'état sauvage si, à l'avenir, les conditions de vie à l'état I
sauvage pouvaient être réunies. C'est ainsi que, grâce à la prévoyance de l'un
des ducs de Bedford, nous avons préservé un troupeau de cerfs de la race Père
David. I1 existe également, en captivité, dans la Réserve Bialowieza en Pologne,
un troupeau de bisons sauvages de l'espèce européenne. Certains jardins zoolo-
giques possèdent d'autres bisons sauvages, mais la plupart d'entre eux ne sont
pas vraiment élevés en vue de la reproduction ; il existe aussi, dans certains
jardins zoologiques, d'autres cerfs Père David (fig. z), mais la plupart ne pour-
raient servir à reconstituer une nouvelle harde. Au cas où seraient à nouveau
réunies, en Chine, les conditions favorables à la .création d'une importante
réserve sur un terrain de type marécageux, semi-aride et semi-forestier dont le .
cerf Père David est originaire, un troupeau de cerfs de cette lignée pourrait, en
principe, être rendu à l'6tat sauvage. De la même fason, il serait possible, grâce
à un aménagement des parcs européens, de faire revivre les bisons à I'état semi-
naturel ou sauvage. L'oie de Hawaii (fig. j),l'oiseau national de l'île, a aujour-
d'hui, grace à l'élevage, atteint un stade de développement qui permettrait de la
relâcher dans la nature. On peut citer d'autres exemples de ce genre au sujet
du bison et du pronghorn (antilope) d'Amérique ainsi que de l'antilope et du
zèbre d'Afrique du Sud. On s'efforce également, par voie de reproduction
14 S.Dillon Ripley
Notre information sur le passé est le plus souvent exprimée par des mots et des
images qui nous parviennent par l’intermédiaire des livres, du cinéma et des
écrans de télévision. On s’attache sans cesse à mettre au point de meilleures
méthodes de classement et de présentation de ces témoignages du passé. Malgré
cela, pour de multiples raisons que nous n’avons pas à étudier ici, il reste néces-
saire de conserver et d’exposer des objets anciens réels. Ce n’est pas seulement
parce que, scientifiquement parlant, la mise en réserve entraîne nécessairement
une perte d‘information, car cette raison n’explique pas pourquoi les gens font
la queue pendant des heures pour voir le trésor de Tout Ankh Amon, ni pour-
quoi le prix d’un chef-d‘œuvre atteint aujourd’hui des millions de dollars.
Les musées ont été créés a) pour présenter des objets réels, beaux et intéres-
sants provenant du passé, b) pour renseigner le visiteur sur leur sens profond,
et c) pour protéger ces objets contre la destruction.
Si, à un moment quelconque, un musée ne présente pas ses collections de
fason à les mettre en valeur, ou ne se soucie pas de savoir ce que le public veut
voir ou connaître, il ne remplit pas son rôle, mais aucun dommage irréparable
n’en résulte. Au contraire, s’il laisse sa collection se détériorer par négligence,
le dommage sera en grande partie irréparable, et des objets uniques en leur
genre risqueront de disparaître à jamais. On est donc fondé à conclure que le
premier devoir de l’administration d‘un musée est de veiller à ce que ses col-
lections soient dûment conservées. Mais le caractère prioritaire de ce devoir
n’implique pas que l’administrateur principal doive être un expert en matière
de conservation. En fait, comme sa tâche consiste essentiellement à choisir, à
acquérir et à présenter, il vaut mieux, de fason générale, qu’il soit spécialisé
dans l’histoire de l’art, l’archéologie, les sciences, etc., suivant la nature de ses
principales collections. Ainsi, la décision capitale qui condamne un objet cultu-
rel à disparaître rapidement, ou qui lui donne une chance sCrieuse de survivre
dans un musée, appartiendra à un administrateur, qui, on peut l’espérer, sera
un homme cultivé et un homme de goût, qui ne se laissera pas trop influencer
par des modes passagères.
Le processus de choix intervient indépendamment de la volonté du technicien
de la conservation, mais il ne lui est pas pour autant étranger, car c’est à ce choix
qu’est lié l’intérêt porté par le public à la préservation des œuvres : s’il voit
tomber en poussière de magnifiques chefs-d’œuvre anciens, il s’irritera de cette
négligence. Si, au contraire, les musées se remplissent d‘une multitude d’Oeuvres
I. Les illustrations de ce texte sont de Marcus Rees-
anciennes ou modernes Sans intérêt ni Valeur, il se trouvera sûrement quelqu’un Roberts. Elles refl&tentl’impression qui lui est propre
et qui n’est g u h e flatteuse de la façon dont la jeune
pour crier au gaspillage d‘argent, et les conservateurs n’obtiendront plus les genkration voit la que j,ai essaye de deCrire.
16 Garrv Thomson
moyens matériels qui leur sont nécessaires. Les peintAres et les objets d'art
décoratif datant de deux siècles ou plus ne posent pas de problèmes, car, sous
l'effet d'un processus naturel inévitable, ils sont déjà devenus beaucoup trop
rares. Au contraire, les peintures contemporaines (parfois de dimensions exces-
sives), acquises par les musées en posent déjà un. Le choix se heurte aussi à
une deuxième difficulté qui tient aux opérations de sauvetage archéologique à
engager à temps pour récupérer des objets anciens avant qu'ils soient détruits
par les machines servant à construire des routes, ou sous l'effet d'autres change-
ments de l'environnement. Des monceaux de tessons peuvent être de précieux
témoignages historiques, mais ne se prêtent guère à l'exposition dans un musée.
Les pays économiquement pauvres qui possèdent un riche patrimoine cultu-
rel ont à résoudre un troisième problème, celui du choix du petit nombre de
monuments et de sites que leurs maigres ressources leur permettent de préserver.
Mais les techniques de conservation, qui sont l'objet de cet article, sont un
domaine trop vaste pour que nous puissions en dire davantage sur ce problème
du choix, quelles qu'en soient les conséquencespour notre travail. De même, les
mesures de protection contre le vol, bien que directement liées à la conserva-
tion, relèvent maintenant d'une autre spécialisation.
Ce n'est qu'assez récemment (depuis la deuxième guerre mondiale) qu'il s'est
peu à peu créé, en muséologie, une profession dont les membres ont pour tâche
d'empêcher, autant que possible, les collections de se détériorer. Comment
appeler les personnes qui remplissent ce rôle essentiel? On continuera sans
doute à employer le terme ambigu de (( conservateur )) 2, bien qu'il désigne tra-
ditionnellement, en Europe, les administrateurs de musées, et que, de façon
plus générale, le mot conservation )) paraisse s'appliquer aujourd'hui à la sau-
vegarde de tous les aspects de l'environnement (sauf le contenu des musées!).
I1 ne faut pas oublier que le mot (( conservateur D, et aussi les autres termes
employés pour désigner les administrateurs de musées (comme l'anglais
czmzfor), ont toujours signifié (( qui préserve )) ou (( qui protège D, à cela près
qu'on admettait autrefois que cet aspect du travail n'exigeait aucune connais-
sance, compétence, ou activité particulière. Mais les choses ont changé et la
somme des connaissances disponibles s'est accrue à tel point que la conserva-
tion, au sens originel du mot, nécessite les services d'un spécialiste, dont la
connaissance des processus de détérioration permet d'en réduire les effets au
minimum.
Mais notre propos commence à ressembler à l'un de ces récits trop bien
construits et trop simplifiés qui n'ont qu'un lointain rapport avec la réalité !
La conservation ne s'est pas développée de cette façon. Elle n'a même pas encore
atteint, à notre époque, le stade évoqué plus haut. Comme il y a toujours des
objets en mauvais état, la conservation, depuis ses débuts, a toujours consisté
essentiellement à réparer, de sorte que la plupart des conservateurs peuvent être,
à juste titre, appelés (( restaurateurs )) et se considèrent eux-mêmes essentielle-
ment comme des artisans spécialisés. Même le groupe de professionnels
suivant, dans l'ordre d'importance numérique, ne s'occupe qu'accessoirement
de prévenir la détérioration : ce sont les analystes auxiliaires des services de res-
tauration, qui associent très souvent à leurs tâches d'analyse les aspects plus
particulièrement techniques du travail de restauration.
Le développement de la profession de conservateur n'a pas échappé aux
règles que suit habituellement celui d'un nouveau service, qui commence par se
développer sans ordre, pour répondre à des besoins mal définis. On trouve dans
I'histoire des exemples de ce phénomène dans toutes les professions - méde-
cine, éducation, droit, science, etc. A un certain stade de l'évolution de ces
professions, il est devenu nécessaire de se faire une vue d'ensemble - en tout
t . Par exemple, ce mot est utilisé par les deux
cas moins (( au ras du sol )> - de chacune d'elles, d'en modifier les objectifs et
principales organisations internationales de techniciens de lui imposer une certaine forme d'organisation.
de la conservation : l'Institut international pour la
conservation des objets d'art et d'histoire (IIC), et le Bien que les professionnels soient les meilleurs juges de ce qui peut être fait,
Comité pour la conservation du Conseil international
des musées (Icom). la question de savoir ce qui doit l'être ne peut être résolue que par un dialogue
Comment organiser la préservation de notre patrimoine culturel 17
J
La conservation dépassée par la reparation.
Le contrôle de l'environnement
Cet aspect doit être examiné d'abord, bien que la restauration soit, historique-
ment, bien plus ancienne, parce que tout musée, même s'il n'envisage pas de se
doter d'un service de restauration, doit prendre très au sérieux le problème du
contrôle de son environnement interne, de fason à réduire au minimum, avec
les moyens dont il dispose, la détérioration de ses collections. Nous n'entrerons
pas dans le détail des facteurs qui interviennent, en nous bornant à noter que le
contrôle doit porter sur l'humidité relative, la lumière, les rayonnements ultra-
violets, la pollution de Yair par les gaz et les matières particulaires, et la tem-
pérature.
L'humiditC relative - c'est-à-dire l'hygrométrie - doit être maintenue à une
valeur constante (située vers le milieu de l'échelle) pour éviter, d'une part,
18 Garrv Thomson
qu'apparaissent des moisissures et, d'autre part, que la sécheresse rende les
objets d'une fragilité excessive. Idéalement, le taux d'hygrométrie doit rester
constant pour éviter tout changement dimensionnel ou déformation de maté-
riaux hydrophiles, comme le bois, les textiles et le papier. Le taux générale-
ment recommandé est de j 5 ola, mais il peut être un peu abaissé en hiver en cas
de difficulté.
Les surfaces changent de couleur lorsqu'elles sont exposées aux rayonne-
ments visibles ou ultra-violets. Certaines surfaces s'érodent. Le rayonnement
ultra-violet est particulièrement intense pendant la journée, et il faut en pro-
téger les objets au moyen de filtres spéciaux en matière plastique. L'intensité
de la lumière ne doit jamais dépasser le niveau nécessaire pour qu'on puisse bien
voir les objets. La durée d'une illumination doit être aussi réduite que possible3.
La présence de poussières en suspension dans l'air rend nécessaire le net-
toyage des objets de temps à autre, avec tous les risques que cela comporte.
L'air peut être dépoussiéré au moyen de filtres, mais il faut pour cela l'y amener
par des conduites, comme on le fait pour extraire le dioxyde de soufre, principal
polluant gazeux. I1 existe néanmoins des moyens d'empêcher les poussières et
le dioxyde de soufre de pénétrer dans les vitrines d'exposition 4.
Le chauffage local doit être évité et la température ambiante ne doit pas dépas-
ser le niveau compatible avec le confort des personnes présentes.
I1 est impossible de contrôler efficacement l'environnement sans un système
de conditionnement d'air, mais la plupart des situations vraiment dangereuses
peuvent être évitées par des méthodes moins onéreuses.
I1 y a un an ou deux, Duncan Cameron a exposé un nouveau mode d'agence-
ment des musées 5. Les conditions optimales de conservation ne sont pas réali-
sables dans les salles d'exposition qu'il faut éclairer pour mettre les œuvres en
valeur et chauffer pour le confort des visiteurs. De plus, l'accession des visiteurs
fait entrer de l'air empoussiéré, alors que la conservation exige l'absence de
toute pollution, de toute forme d'énergie (lumière ou chaleur) génératrice
éventuelle de réactions chimiques, et des conditions constantes. I1 est assez
facile de créer à peu près cette situation dans un magasin de réserve, mais
beaucoup moins de le faire dans une salle. Cameron proposait donc de cons-
truire un magasin central maintenu à assez basse température et très peu éclairé.
S'il se trouvait au centre du bâtiment, il serait moins sensible aux variations cli-
matiques et l'on pourrait plus facilement en maintenir l'hygrométrie à j j %,
même par temps très froid. Ceux qui ont pour principe que tout doit être
exposé en permanence aux yeux du public n'admettront évidemment pas ce
système, selon lequel on n'exposerait qu'un nombre limité d'objets tirés du
magasin central et changés de temps à autre. Mais ce système aurait un incon-
vénient : même du point de vue de la conservation, il obligerait à déplacer les
objets plus souvent que dans le cas d'une exposition permanente. Cela dit, n'en
déplaise aux conservateurs, il est de mode, actuellement, de renouveler de
temps en temps les œuvres exposées. Le public a le goût du changement. Le
travail de Cameron aura au moins le mérite d'attirer l'attention sur la pressante
nécessité d'améliorer les conditions de mise en réserve. I1 est d'usage, depuis
longtemps, de n'exposer que pendant de courtes périodes les objets délicats,
3 . Lighting of urt ga1Lerie.r und xzuserms, vol. III,
Londres, Engineering Society (York House, comme les aquarelles et les gravures en couleur. C'est dans des cas de ce genre,
Westminster Bridge Road, London SEI),1970. ainsi que pour la conservation des archives, qu'une amélioration des conditions
(Technical report, 14.)
Garry THOMSON, Consemation und ilrtrtsertm l&$t¡ng, d'emmagasinage aurait le plus d'utilité.
Londres, Museums Association, 87 Charlotte Street,
London \VIP zBX, 1970.(Museums Association Pour ce qui est du contrôle de l'environnement, on peut adopter un moyen
Information Sheet.) terme entre les positions extrêmes de ceux qui voudraient que les œuvres ori-
R. L. FELLER,(( Contrôle des effets d6térioiants de
la lumière sur les objets de m u s k P, Museum, ginales soient conservées dans des magasins de réserve, dans des conditions
vol. XVII, no z, 1gG4.
4.Tim PADFIELD, (( The control of relative humidity optimales, et qu'on n'expose que des copies, et de ceux qui partagent l'avis du
and air pollution in show-cases and picture frames D,
Studies in conservation, vol. II,1gG6. lord Crawford qui aurait déclaré en I y 23 (( qu'il ne croyait pas à la vertu des
5 . D. CAMERON, (( Environmental control :a produits de remplacement, et était partisan d'utiliser les bonnes choses de la
theoretical solution )), Museum ncws, mai 1968, p. 17.
6. Cité par N. S. BROMMELLE, (( The Russell and terre telles que le Tout-Puissant nous les a données, sans trop nous sacrifier
Abney Report on the Action of Light on Water
Colours )), Studies in coxsermfiox, vol. 9 , 1964,p. 140. pour la postérité D 6.
Comment organiser la préservation de notre patrimoine culturel I9
Restauration
Pour désireux qu’on soit de voir arriver cet âge d‘or de rêve où les objets
seraient si bien conservés qu’ils n’auraient pas besoin d‘être réparés, il faut bien
reconnaître que c’est de spécialistes de la restauration que les musées manquent
!e plus actuellement.
Les problèmes de formation sont beaucoup plus simples pour les professions
clairement définies et institutjonnalisées, comme celles de médecin et de juriste.
Or on a bien du mal, actuellement, à en arriver à ce stade pour la conservation
des œuvres du passé, ce qui donne toute son importance au rôle des organisa-
tions de conservateurs, parmi lesquelles l’Institut international pour la conser-
vation des objets d’art et d‘histoire (IIC),. le Conseil international des musées
(Icom) et le Centre international des études pour la conservation et la restaura-
tion des biens culturels, à Rome, sont les plus connues dans les milieux inter-
nationaux, 1’IIC s’intéressant plus directement aux normes de la profession. La
communication entre les conservateurs des différents pays s’est, en fait, déve-
loppée de telle fason qu’on se retrouve souvent dans la situation classique qui
consiste à mettre la charrue devant les bœufs. Aux réunions internationales, les
conservateurs s’obstinent à proposer des programmes de coopération nécessi-
tant, dans chaque pays, des infrastructures qui n’existent pas. Les normes de
formation sont un bon exemple de cette situation. Selon le cours habituel des
choses, une profession s’organise d‘abord dans le cadre du pays, mais seule-
ment beaucoup plus tard et de fason beaucoup plus lâche au niveau interna-
tional. Malgré le désir qu’on peut avoir de passer directement à des normes de
formation internationalement reconnues, il semble qu’on ne puisse éviter de
suivre, pour le moment, les étapes traditionnelles et que, pour commencer, les
grands pays doivent définir chacun ses normes et qualifications profession-
nelles, comme le font actuellement les États-Unis. On pourra ainsi corriger bien
des erreurs avant qu’il soit trop tard.
L’urgence des besoins en matière de restauration est en raison inverse des
moyens financiers dont on dispose. Au sommet même de l’échelle, dans les
grands musées des capitales du monde occidental, il reste encore beaucoup à
faire, mais les besoins sont encore plus grands dans les pays pauvres en res-
sources matérielles, mais riches de leur héritage culturel. Consciente de cette
situation, l’Unesco a constitué des centres régionaux de formation à Jos
(Nigéria), à Mexico, à New Delhi et à Honolulu. Ces centres dispenseront une
formation de base, mais les restaurateurs devront, pour acquérir des qualifica- 6
tions plus poussées, trouver le moyen de se faire admettre dans l’un des rares Soins de beauté.
centres europkens ou nord-américains.
La restauration est parfois affaire de mode, mais il y a de bonnes et de mau-
vaises fasons d‘opérer. On continuera longtemps à discuter du point de savoir
si des manques importants ou d’étendue réduite doivent ou non être reconsti-
tués de fason à rester indécelables. Ces questions peuvent avoir une certaine
importance quand il s’agit de chefs-d’œuvre, mais la situation est bien plus
grave quand l’œuvre originale est altérée dans sa nature par une opération de
restauration. Par exemple, repeindre entièrement un arrière-plan de fason à
isoler le sujet d‘une partie d‘un grand tableau est peut-être une faute de goùt,
mais cette faute n’est pas, en principe, irréparable. En revanche, une tentative
de consolidation d‘une sculpture par imprégnation, même si le travail est en
apparence indécelable, risque d’avoir de graves conséquences si elle entraîne,
plusieurs années plus tard, un effritement de la pierre.
I1 faut utiliser, dans la restauration, des méthodes qui donnent des résultats
vraiment durables, mais il doit toujours rester possible d‘enlever les matériaux
utilisés. La consolidation par des techniques irréversibles d’objets archéolo-
giques de peu de valeur qui, sans cela, se dégraderaient irrémédiablement,
n’infirme en rien ce principe général. Au pire, la restauration n’est rien de plus
20 Garry Thomson
7
Opération de sauvetage archéologique.
Analyse
I1 n'est pas sans intérêt, sur le plan de l'histoire, d'examiner pourquoi les musées
ont commencé à s'assurer les services d'hommes de science. Dans certaines
opérations de restauration, telles que l'élimination de la corrosion sur les
métaux, une connaissance de la chimie était indispensable. I1 a fallu aussi adap-
ter les nouveaux matériaux et les nouvelles techniques, comme les résines
synthétiques et les rayons X, de fason à en tirer parti en muséologie. Les
hommes de science recourentà l'analyse dans tous leurs travaux. Nos conceptions
Comment organiser la préservation de notre Datrimoine culturel 21
8
Faire k h e c au temps.
22 Garry Thomson
Recherche
Les hommes de science sont des tard-venus dans les musées, et ils y sont placés
sous l’autorité de non-scientifiques. Ces deux faits ne sont pas sans consé-
quence. Tout d‘abord, la rentabilité de l’emploi d‘un personnel scientifique est
périodiquement remise en question ; ensuite, ceux qui dirigent ce personnel
connaissent mal la nature des services qu’il peut rendre et commettent presque
inévitablement l’erreur soit de l’orienter vers des tâches inappropriées, soit de
lui laisser trop d‘autonomie. De leur côté, les scientifiques ont le sentiment
qu’ils doivent perpétuellement justifier leur présence en produisant des torrents
de données analytiques, en faisant la chasse aux faux ou en s’occupant avant
tout de problèmes à court terme du même genre. I1 va de soi que la quête
de résultats immédiats pour se mettre en valeur ou pour conserver la sécurité
de son emploi est courante dans tous les milieux. Mais ce dont la muséologie
a le plus besoin, c’est d‘hommes qui sachent élaborer des plans à long terme et
jeter des semences dont leurs successeurs seront heureux de recueillir les fruits.
I1 faudra attendre une génération pour qu’apparaissent véritablement aussi
bien l’effet du lent processus de détérioration des objets originaux de musée que
le résultat de certains traitements appliqués pour les conserver. Cela dit, la
Comment organiser la préservation de notre patrimoine culturel 23
restauration est souvent une nécessité urgente et il n'est pas possible dans
certains cas, de remettre l'opération à cinq ans - ni, à plus forte raison, à un
quart de siècle plus tard. Bien des conservateurs déploient des trésors d'énergie
et d'habileté pour s'attaquer à de tels problèmes. Mais est-on assuré que la
génération qui leur succédera trouvera dans leurs dossiers les renseignements
dont elle aura besoin ?
Prenons un exemple d'actualité : la dégradation des sculptures exposées en
plein air à la pollution atmosphérique a suscité de nombreuses rivalités entre
partisans de tel ou tel traitement de la pierre. On injecte actuellement les mix-
tures les plus étranges dans des ouvrages de pierre de grande valeur ; une ou
deux se révéleront peut-être un élixir de longue vie. Les autres risquent de
causer des dommages insoupçonnés au départ. On ne peut qu'espérer que les
conservateurs de demain pourront mettre la main sur des données les infor-
mant de l'état de la pierre au moment de l'application du traitement, de la
composition des substances de consolidation, de la manière dont elles ont été
appliquées et des facteurs externes auxquels la pierre a été soumise depuis son
traitement.
Un autre exemple, celui des couleurs des peintures et de la manière dont elles
IO
D'abord nous crkons, puis nous dktruisons.
s'altèrent, montre de fason encore plus évidente combien des dossiers auraient
pu nous &re utiles aujourd'hui si l'on avait pensé à les constituer il y a plusieurs
décennies.
La difficulté vient de ce que les résultats ne s'obtiennent que lentement. La
formation d'un scientifique tend à le pénétrer de l'idée que, lorsqu'il ne com-
prend pas un phénomène, il doit en établir un modèle dans un laboratoire et
l'expérimenter.
I1 serait vain de nier que les expériences en laboratoire ont compté pour beau-
coup dans les progrès de la science et continueront à remplir un rôle capital
dans la science de la conservation. Toutefois, comme les réactions en labora-
toire interviennent infiniment plus vite que le changement opéré au cours des
siècles, on devra, dans l'étude des détériorations, s'attacher tout particulière-
ment à observer et à mesurer minutieusement les phénomènes réels, soit en
analysant des échantillons anciens, soit en observant et en consignant les chan-
gements survenus sur place.
Les méthodes d'analyse ne manquent pas, mais, pour consigner les change-
ments subis par des objets réels, qu'il s'agisse de monuments, de tableaux ou
d'artefacts de métal, il est indispensable, pour chaque catégorie considérée, de
passer successivement par les sept stades suivants :
I. Identifier les facteurs qui se modifient.
2 . Choisir des paramètres permettant de mesurer l'ampleur et la cadence des
modifications. Par exemple, si le facteur qui change est la couleur, on peut
choisir, comme ensemble de paramètres, les facteurs de réflexion pour un
certain nombre de longueurs d'ondes.
3. Construire un appareil permettant de mesurer ces paramètres avec le plus
haut degré possible d'exactitude et d'une manière normalisée.
24 Garry Thomson
Trois problèmes demeurent : les moyens d'analyse, la recherche sur les phé-
nomènes de détérioration et la protection des biens en temps de guerre. Sur
ce dernier point, pourtant d'une importance qui défie l'imagination, je me bor-
nerai à souhaiter le succès au conservateur qui serait assez courageux pour se
lancer à l'assaut des redoutables bastions politiques de notre époque.
I1 y aura toujours un rapport étroit entre l'analyse et l'étude des phénomènes
de détérioration, de sorte que tout organisme qui se consacrera à l'une sera
nécessairement utile à l'autre. En fait, tout service central d'analyse devrait
comporter une section d'étude des phénomènes de détérioration.
Le secteur où des progrès sont le plus nécessaires est celui de l'étude des
phénomènes de détérioration. I1 faudrait jeter, dès maintenant, des bases
solides pour l'acquisition future des connaissances' qui permettront de préser-
ver le mieux notre patrimoine culturel.
(Par ordre chronologique inversé dans chaque section. Aucun ouvrage antérieur à
1960.)
O U V R A G E S E T B R O C H U R E S S U R LA C L I M A T O L O G I E DES MUSÉES
Lightirrg of art galleries and ~msez". Londres, Illuminating Engineering Society (York
House, Westminster Bridge Road, London SEI), I 970. (Technical report, 14.)
THOMSON, Garry. Cotiservation and nmseum l&htifg.Londres, Museums Association
(87 Charlotte Street, London WIP zBX), 1970. (Museums Association Information
Sheet.)
19 67 London Cotlference on Mmetm Climatolog, Revised ed. IIC, 1968.
Controrol of the nztlsem environment :A basic szmzntay. IIC, 1967.
1
FELLER,Robert L. Contrôle des effets détériorants de la lumière sur les objets de
I musée, Mziseum, vol. XVII, no 2, 1964 (ensemble du numéro).
C/imatolog and conservatioii in musewis. Rome, Rome Centre ( 2 5 6 via Cavour, Rome),
I 960. (Works and publications, III.) Reproduit également dans Mtlsetlm, vol. XIII,
no 4, 1960.
A R T I C L E S SUR L A C O N S E R V A T I O N ET L'ÉCLAIRAGE DANS LES hlUSÉES
ICOM, GROUPE DE TRAVAIL FRANÇAIS. La lumière et la protection des objets et spé-
cimens exposés dans les musées et galeries d'art, Lzm, vol. 63, 1971, p. 235.
THOMSON, Garry. Annual exposure to light within museums, Colisemtation, vol. I 2,
1967, p. 26.
BEEK,R. C. A. van, et HEERTJES, P. M.Fading by light of organic dyes on textiles
and other materials, Consenlation, vol. I I , 1966, p. 123.
PADFIELD, Tim et LANDI,Sheila. The light-fastness of the natural dyes, Conservation,
vol. I I , 1966, p. 181.
HARRIS, J. B. Lighting problems in museums and art galleries, Electrical review,
vol. IO, 1964, p. 175.
HARRIS, J. B. Museum lighting, partie 2 , Museum Jozmal, vol. 61, no 4, 1962, p. zj9.
BROMMELLE, N. S. Museum lighting, parties I, 3 et 4, MzisezmsJozirnal, vol. 61, no 3,
1961, p. 169 ; vol. 62, no I, 1962, p. 337; et vol. 62, no 3, 1962, p. 168.
WOLTERS, C., et IGJEHN,H. Behaviour of painted wood panels under strong illumina-
tion, Comervation, vol. 7, 1962, p. I.
THOMSON, Garry. A new look at colour rendering, level of illumination, and protec-
tion from ultraviolet radiation in museum lighting, Conservation,vol. 6, 1961, p. 49.
A R T I C L E S SUR LA C L I M A T I S A T I O N E T LA P O L L U T I O N D E L'AIR
DANS LES MUSÉES
BOEKWLIT, W. O., et Vos, B. M.Measuring method for determining moisture con-
tent and moisture distribution in monuments, Consewatioti,vol. 15, 1970, p. 81.
TOISHI,M., et I ~ N J O T., Simple method of measuring the alkalinity of air in new
concrete buildings, Conservation, vol. 13, 1968, p. 213.
BROMMELLE, N. S. Éclairage, climatisation, présentation, mise en réserves, manuten-
tion et emballage. L a préservation des biens rtdtwels. Paris, Unesco, I 969. (Musées et
monuments, XI.)
PADFIELD, Tim. Control of relative humidity and air pollution in show-cases and
picture frames, Conseruatioon, vol. I I , 1966, p. 181.
THohfsoN, Garry. f i r pollution ; a review for conservation chemists, C'oriserunfion,
Vol. IO, 1965, p. 147.
26
L a plan@catiotz da .futzir prészqpose zíiz acqzh d'exphrience dci passé. A cet égard,
l'optìque ri long terme propre a m mztsées pezt jòurnir aztx spécialistes de la plani-
jîcation sociale les if$ormatìons nécessaires sur les effets posit@ e t n&at$s du dévelop-
pement actuel e t lezir offrir m e doczii~zetztatione t m e anabse cotastantes toitchant l'évo-
lidtion de la strz/ctt/re sociale. Le recows siyndtané aztx exposìtions e t azitres nioyens
d'i?$orinatiova dont disposent les iinwées perit permettre au pzìblic de mieux comprendre
lesproblèmes sociaux e t peztt par conséquent améliorer lespossibilités de solzttionsposìtives.
II
II
La peinture, en tant qu’interprète de l’environnement. MUSÉE DES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES,
Paris. Des artisans affiliés à une organisation
Les peititwes des petits maîtres, trop soimnt encore, sont écartées de la polìtìqite dite du Tour de France conduisent en
cérémonie un de leurs camarades, à son
d’acquisitìotz, o u relégikes dam les réserves du ?nusée d’art. Ressortissant à des wusées départ pour une nouvelle &tapedu Tour.
d’as&es dìsciplines, dam la ” r e , surtout, OB elles traduìsent des emiromzeinents L’un d‘eux et le compagnon partant
boivent ensemble, selon le rituel
cotztei?zporains, elles peu~ent,jouerufz rôle notg moins important. compagnonnique. On voit pleurer la petite
amie du compagnon partant. Monuments,
scènes du port et bateaux sont figurés
avec précision. Tout un environnement
humain disparu, traduit par un artiste
populaire. Daté 18.26, signé Leclair.
I2
MUSBEDU VIN DE BOURGOGNE, Beaune.
Jusque vers la fin du X I X ~sikcle, dans le
vignoble de Beaune, en Bourgogne, la
vigne était liée à des supports verticaux, les
échalas. Au début de la mauvaise saison,
le vigneron arrachait ces supports et les
disposait en tas, comme on le voit sur cette
peinture, témoin d‘un environnement de
nature humanisée, disparue depuis près
d’un siècle. Datée 1883, signée
Félix Naigeon.
I2
28 Rôle du musée d'art et du musée de science humaines et sociales
le vit, agit sur lui et le pense. Cela sous leurs formes respectives de musées
(( couverts )) et de parcs historiques 4.
Musée d‘art
L’environnement, on l’a déjà marqué, est sujet à programme pour le musée
d’art. I1 peut s’ouvrir à l‘architecture et à l’urbanisme, arts de l’espace ; il peut
rejoindre le musée d‘histoire et le musée de sciences dans leur œuvre d‘initiation
IO. Charles op. rit., p. 163.
PARKHUSY, à l’environnement 10.
Rôle du musée d'art et du musée de science humaines et sociales 31
13
MuzEuhf W BISKUPINIE, Biskupin.
Palissade, rempart et portail reconstruits
de la premiire cité ( 5 50-400 avant notre
ère).
14
MUZEUM W BISKUPINIE, Biskupin. Rue
et maison reconstituées de la première cité.
IJ
MUZEUM W BISKUPINIE, Biskupin. Musée
du site : intérieur reconstitué d'une maison
de la premikre cité.
16
MUZEUM W BISKUPINIE, Biskupin. Musée
du site : présentation d'objets de fouille et
de documents.
17
KONINKLIJK INSTITUUT VOOR DE TROPEN,
Amsterdam. Gamelang javanais, dont une
animatrice démontre le fonctionnement
devant un public d’enfants.
IR
KONINKLIJK INSTITUUTVOOR DE TROPEN,
Amsterdam. Public d’enfants invités à la
pratique du gamelang par une animatrice
du musee.
19
Expression de l’environnement social, à l’aide d’un modèle MUSEUM OF NATURAL HISTORY, New York.
Modèle sociologique tridimensionnel
tridimensionnel. concernant l’organisation sociale en
Afrique, présenté B l’entrée de la galerie
Les musées d ’ethnologie e t de sciences natttrelles présentent L’envirotmnietzt social, Mata ita Africa. Des tiges et des signes
Le plus sonvent, à l’aide de photographies associées 2 des objets, ou de dioramas. de couleurs et de formes diverses montrent
comment s’articulent les uns aux autres,
Il reste très exceptio”? qdih le fassetzt à l’aide de modèles sociologiques théoriquement, dans telle ou telle nation
trìdi~?ze?zsìor¿~gels. africaine, les systtmes de la tribu, du clan,
du lignage, du sous-lignage et de la famille,
selon les sexes et les individus morts ou
vivants.
Rôle du musée d'art et du musée de science humaines et sociales 3J
20
Culture cévenole en terrasse : un aspect
de l’environnement naturel humanisé, en
régression, dans les .Cévennes .
traditionnelles. Des échantillons réels en
seront observés, au cours d’excursions
écologiques organisées à travers les
Cévennes et le causse, à l’intention des
jeunes du pays et des touristes. Un
échantillon réel en est visible d’une terrasse
du musbe. Un autre en sera présenté
en maquette, au Musée cévenol, dans une
des salles traitant du Parc national.
2r
MUSÉE CÉVENOL, Le Vigan. L’un des
corps de bâtiment du musée. Au premier
plan, pont du X I I ~siècle, qu’on aperçoit
aussi d‘une terrasse du musée.
22
Ferme cévenole abandonnée, restaurte
btnévolement par l’association des
Compagnons du cap, selon des techniques
et des matériaux traditionnels conformes
aux recommandations du Parc national.
Elle sert dtsormais de refuge aux
randonneurs. Une vue en sera projetée au
Musée cévenol, dans une des salles
consacrées au parc. Le musée, en effet, aux 20
cótés du Parc national, entend encourager
la maintenance ou la restauration attentive
de constructions rurales condamnées par la Le Musée cévenol : présentation d’un environnement naturel et
révolution industrielle, et qu’un tourisme humain en cours de changement rapide, dans un musée
culturel bien orienté peut convertir en
abris de randonneurs, foyers culturels ou pluridisciplinaire de taille modeste, porte du Parc national des
résidences secondaires. C’evennes.
Créé en 19 63 par la petite ville diL Vigas (Gard, France), le Mzisée révetzol a p o w
cadre ime ancienne jlatzire de soie de la j n d ~XVIIP
i siècle,jointe 2 un ancien
monastère de bétzédictìns. Il réalìse progessìvement son programme d’écologìe des
Cévennes. Il le fait d@is 1970a m l’aide dzi Parc national.
21 22
i
Rôle du musée d'art et du musée de science humaines et sociales 37
___
23
MUSPECÉVENOL, Le Vigan. (( Dtfense
contre les loups D, (( Le cochon )) : deux
thèmes de la salle d'ethnographie.
24
M L I S ~CÉVENOL,
E Le Vigan. Cocons de
ver à soie, sur des branches de bruyère :
éléments du thème (( Sericulture )), dans la
salle d'ethnographie.
21
M U S É E C ~ V E N O L ,Le Vigan. Foyer d'une
salle commune, dans une maison rurale.
CCvennes, d&butdu X X sikcle ~ : diorama.
26
MUSÉE cÉvENoL, Le Vigan. Métier à bas
de soie : dément du thkme (( Industrie de la
soie )), dans la salle d'ethnographie. Cet
appareil est témoin d'une industrie
régionale florissante depuis le X I X ~sikcle.
27
MUSSECPvENoL', Le Vigan. Haches
néolithiques découvertes dans le causse de
Blandas : éléments de la salle d'histoire.
28
MUSSECÉVENOL, Le Vigan. Entrte de la
salle dédiée à André Chanson, &crivain
contemporain originaire des Cévennes.
26
38 Georges Henri Rivière
Musée d'ethnologie
L'ethnologie est la science des groupes humains, considérés dans leurs parti-
cularités 17.
Un nombre élevé de musées sont concernés par cette discipline, à travers le
monde. Les premiers échantillons en sont apparus durant le dernier tiers du
X I X ~siècle, selon les trois modèles qui les caractérisent le plus souvent : musée
d'ethnologie générale, musée d'ethnologie régionale, musée de plein air.
Beaucoup de problèmes que soulèvent les musées de cette discipline ont leur
écho dans les musées d'histoire. Je n'y reviendrai pas, sinon pour souligner
quelques rôles d'intérêt majeur, propres à ces musées : a ) enseigner la compré-
hension mutuelle des cultures et des peuples, dans leurs convergences et leurs
particularités (fig. 17, 18) ; lutter contre les préjugés raciaux ; b) exprimer la
culture sous ses aspects variés, qu'ils soient techniques, économiques, sociaux
ou esthétiques, matériels ou immatériels, dans leur environnement humain et
17. A. LEROI-GOURHAN, (( L'expérience
ethnologique D, Ethnologic géiiérale, Encyclopédie de la naturel, dans leur univers vécu, agi, ou pensé l8 ; c) illustrer le patrimoine
Plbiade, 1968, p. 1816-1818. Voir aussi G. H. RIVIBRE,
Sf'minaire nwséologique national, Alger, f;;wier 19 69, culturel des populations vivantes, en tant que rampe de lancement du dévelop-
p:45-53, Paris, Icom, 1969 (multigraphik). pement ; d9 aider les populations des pays ayant accédé récemment à l'indé-
18. A. LEROI-GOURHAN, op. cit., p. 1817.
19. Le h h 6 e de Niamey est l'un des exemples les pendance, pour la prise de conscience de leur identité nationale lB.
plus retentissants parmi les musées ethnologiques de
plein air, pour l'expression de l'environnement humain
(Mfmmi,vol. XXIV, n o 4). On trouve dans le present
numéro la relation d'une expérience exceptionnelle, Musée de sciences sociales
consistant en la structurisation majeure d'une galerie
d'ethnologie, autour d'un principe icologique (voir
l'article sur la nouvelle exposition hfan it1 Africa, La sociologie a pour rôle (( de préétablir des cadres qui permettent de rendre
p. 124.126). L'environnement est evoqui: dans le
Musée rCnové d'ethnologie genérale, récemment clairs les traits par lesquels tel groupe particulier s'insère dans un modèle
inauguré 1 Berlin-Ouest. social 2o )).Face à une définition aussi large, les musées de sciences sociales font
20. LEROI-GOURHAN, op. cif., p. 1818.
Z.I. Peu de musées de sciences sociales, seulement, figure d'oiseaux rares dans le répertoire international des musées 21. I1 est ten-
sont signalés dans la documentation du Centre
Unesco-Icom. tant d'en rechercher les raisons.
Rôle du musée d’art et du musée de science humaines et sociales 39
Musées de voisinage
Mzisezuti a rendu compte de cette nouvelle forme de musée, déjà passée du stade
de l’expérience à celui du plein succès. L’Anacostia Neighborhood Museum en
est un échantillon remarquable, fondé à ‘riashington avec l’aide de la Smith-
sonian Institution”, au service d’une communauté du ghetto noir de
Washington.
Ce musée de voisinage n’est pas un musée dans le sens traditionnel du mot.
A la suite de l’acquisition d‘une division mobile et grâce aux moyens supplé-
mentaires permettant d‘y loger à la fois un centre d’artisanat et un centre de
recherche ainsi qu’une bibliothèque, il est N devenu à la fois un musée, un
centre multi-media, un moyen de formation aux arts appliqués, un lieu de
22. Le Musee des arts et traditions populaires (Paris)
rencontre pour groupes communautaires et un centre culturel artistique 27 D.361
annonce une exposition temporaire sur la famille.
On danse, on chante, on travaille, on discute de questions sociales, on étudie
et On crée la culture afro-américaine, on met la main la pâte muséographique,
:::
tridimensionnel figurant en tetede l’exposition A h
in ,-lfiicu, à I’American Museum of Natural History
dans ce vivant musée de voisins : un musée multidisciplinaire d‘écologie de New York.
25. Zorn B. MARTIN, (( Urban ecology and the
urbaine, ceuvre d‘une communauté pauvre, à citer en exemple a de puissants inner city hiuseum )>,~ ~ I J p Nand I R c12gi,.onnlEtl,,
~ ~ op. cit.,
musées. p. 16s-171.Le Musée d’rlnacostia a fait l’objet d‘une
communication auprès de 1’Icom en 1971,présenté
avec un film, par son directeur John Kinard.
26. [...I (( is not a museum in the tradition sense of
Du musée ethnologique de plein air à l’écomusée the nord. Following the acquisition of a mobile
division and the additional facilities to house both an
arts and crafts centre and a research centre and library
L’écomusée: un nom nouveau; une notion qu’on ne saurait dire nouvelle, et dont [...I became at OnCe a museum. a multi-media centre,
a skills training facility, a meeting place for
il existe Sà et 18le germe, voire bien plus que le germe, dans l’univers des musées. community groups, and a cultural arts centre. ))
Le musée de plein air en est l’ancêtre le plus évident : une collection d‘élé- , S ; a ~ ~ ~ ~ ~ ~
ments d’architecture traditionnelle, rurale principalement ; transférés dans un organisée à la denlande de la commission des jeunes
du musee, This t h i q called juxx, l’autre circulante,
parc avec leurs équipements domestiques, agricoles, artisanaux, etc., ou garnis réalis& pa des enfants, des adolescents et des adultes
de la communauté, The raaf: mam’ imikd uflictio?i.
d‘équipements équivalents ; dotés, le cas écliéant, d’un minimum d’environne- J~~~~.~,,,,~, XXIV, no I, 1972.
40 Georges Henri Rivière
CONSTANTINE
Bou Salda
Biskra
I a Ghardaia
I
vers le début dii XXe siècle. Il y a ve“, il sly est converti à l’ìdam. Ily a son
tombe ai^,face an désert. Ua mwée devait être consacré ri ce peìtztre, dam cette oasis.
On envisage ri présent que ce tmisée prenne la forme d’zdn écofnnsée de conception
n@rienne aittozir du programne mìvant :
I . D a m ztn bâtiment à constritirt?à cette j r z , d ‘ililspirationa&ko-saharìenne :
présetztation cotljoitzte, en ordre chronnlogiqiie, de la ivie e t de l’cetcv+e artìstique
e t littéraire d’€%enae Dinet (jig. 3 o).
2. Dam le t?zênte bâtinient :présetztation de l’histoire natiwelle e t himaine de
Bou-Saâda, des t e m p gé0logiques à la prospectizit?,en trois périodes sttccessives :
aziant, pendant, e t depth le tenqs d’€?tienne Dinet (jg. 3 I, 3 2).
3. Azi voisinage de cet éd$ce, aim coqfïvzs de l’oasis e t did désert :maìntenance de Ia
maison, ditjardin e l de la tombe d’Étienne Dinet ;aniémgenzent d’arèties taìllées
dans le roc, lieu dc rencontres e t de présentations, destiné à da poptilation de
Bozi--Sazda e t à ses hòtes (jg. 29, 33-41).
4. A travers l’oasìs e t son enviroaneinent :réseau de chetnìm desservant des
monzinzents, des qtsartiers, des paysages natimls e t humains rtprésentatifs.
Tom les myens seront recherchés, en général, pour que la popidation de Bots-Saiìda
se sente concernée par l’éconizisée :la présentation dzi patrimoine e t dzi développement
29
Situation de Bou-Saáda, Algkrie. local :lr participation de lajeunesse à la mnaiatemznre d’échantíllons d’architectttpe
30 traditiontzelle ;la proniotion d’me architectidre rioitvelle inspirée de la tradition
Femme de Bou-Saâda. Peinture signte
Etienne Dinet. régionale ;zin tourisme czdtiirel de palité, projtable à Bozdadda.
Rôle du musée d'art et du musée de science humaines et sociales 41
32
31 34
Bou-Saàda, l'oasis, en bordure de l'oued. Pistolet ayant appartenu à Abdel-Kader
Des falaises se profilent à l'horizon. (1808-1883), haute figure de la rksistance
32 algérienne, qui vécut un certain temps à
Rose des sables : cristallisation de gypse Bou-Saâda.
qui se rencontre, notamment, dans le
désert environnant, Bou-Saâda.
31
Maison et tombeau d'Étienne Dinet, aux
confins de l'oasis et du désert, Bou-Saâda.
34
42 Georges Henri Rivière
Rôle du musée d'art et du musée de sciences humaines et sociales 43
.? 8
Groupe scolaire en cours de rialisation,
Bou-Salida.
47
Façade de la mosquée d'El Harmel, début
du X X siècle,
~ Bou-Salida.
\
40
La tombe d'Étienne Dinet, Bou-Saâda.
41
Portail de la mosquée d'El Harmel,
Bou-Salida.
44 Georges Henri Rivière
42
PALAIS DE LA DÉCOUVERTE, Paris. Une
partie de la salle d'énergie nucléaire est
réservée aux problèmes relatifs aux effets
nocifs des rayonnements sur l'organisme et
aux méthodes de protection.
43
PALAIS DE LA DÉCOUVERTE, Paris. L’intCrét
port6 par deux jeunes élèves sur l’un des
problèmes exposés dans le cadre de
l‘exposition L’eair e t la vie, prtsentée en
1971,suffirait à montrer - s’il en était
besoin - l’importance de la mission
éducative des musées.
DIf
48 Jean Rose et Charles Penel
le feu. La destruction des forêts fut le début de son action sur l’érosion du sol
et la pollution de l’air. Les forêts brûlées furent remplacées par des herbages
qui eurent pour conséquence une augmentation du nombre des herbivores. La
transformation des herbages en terres cultivées et la réalisation de barrages
d‘irrigation permirent la production de récoltes qui, stockées en quantités
suffisantes, furent des réserves de vivres pour toute l’année. C’est ainsi que des
populations se fixèrent dans les vallées fertiles ; mais ces concentrations de
population eurent comme conséquences l’éclosion d’épidémies ; la fumée des
foyers pollua l’atmosphère, l’érosion du sol des pacages pollua les nappes d’eau.
Plus tard, à la destruction de plus en plus importante des forêts, à la diminu-
tion de la fertilité des terres s’ajouta la destruction de vastes espaces au bénéfice
d’extractions minières : charbon, gaz naturel, pétrole, uranium. Mais ces
extractions ont pris de telles proportions que 1,011 estime l’épuisement de ces
ressources à un délai de quelques générations. C’est ainsi que les importants
gisements d’uranium récemment découverts dans le massif du Hoggar ne
seront probablement exploités que dans une décennie, période considérée
comme le début de la pénurie en uranium. De plus, ce n’est pas l’uranium qui
permettra une prolongation notable de ce délai puisque, d’une part, le rende-
44
PALAIS DE L A D~COUVERTE, Paris. Vue
d‘une exposition réalisée par le Palais de la
Découverte, sur la lutte contre la pollution
atmosphérique (1964).
- - . - .
ment de son utilisation est très faible et que, d’autre part, il constitue une source
de contamination radiochimique et thermique (fig. 42) telle que des sociétés de
défense de la nature ont pu retarder la construction de nombreuses centrales ;
aux États-Unis, par exemple, sur dix centrales nucléaires prévues pour être
mises en fonctionnement l’année dernière, deux seulement y sont parvenues.
Si d’autres sources d’énergie non polluantes n’étaient pas trouvées en rempla-
cement, il faudrait donc, dans ces conditions, s’attendre à une stabilisation de la
consommation d’énergie électrique, ce qui constituerait évidemment un
obstacle à la marche du progrès. Mais la radio-activité n’est pas la seule source
de pollution ; la pollution chimique n’a cessé de croître à mesure que la civili-
sation progressait. Déjà à l’époque romaine, on a montré que l’utilisation du
plomb pour confectionner des conduites d’eau, fabriquer des peintures, garnir
des récipients était une source d’intoxications. La pollution de l’eau a commencé
à prendre de grandes proportions au début de ce siècle avec le développement
de l’industrie chimique, non seulement au niveau de l’usine, mais également
à celui du public qui dispose, par exemple, de quantités de détergents de plus
en plus grandes ; la consommation industrielle et privée ne faisant que croître,
Rôle du musée de science et de technique industrielle 49
il faudra bien, tót ou tard, prendre des mesures pour conserver et protéger l'eau.
Ajoutons à ce développement industriel, l'utilisation toujours de plus en
plus grande du pétrole comme source d'énergie, et nous avons là les principales
sources de pollution de l'air que nous respirons ; l'air de nos villes contient
non seulement de plus en plus de gaz et de vapeurs toxiques tels que l'oxyde
de carbone, l'anhydride sulfureux, provenant des moteurs à combustion, des
chaudières, des réactions industrielles, mais aussi une foule de particules solides
telles que la suie, l'amiante provenant des garnitures de freins... Tous ces
déchets, nuisibles à la santé de l'homme, sont aussi capables d'attaquer la pierre
et le métal des constructions. Les monuments historiques subissent ainsi de
graves dommages qui rendent de plus en plus difficile la conservation de notre
patrimoine culturel. Parallèlement, l'atmosphère s'appauvrit en oxygène car la
quantité produite par photosynthèse ne compense plus la consommation : des
produits tels que le DDT, les herbicides si largement utilisés pour tuer les
plantes sont des vecteurs capables de bloquer le cycle de l'oxygène (fig. 44).
De plus, la pollution de l'air ne se limite pas à la dilution de substances toxiques,
le bruit constitue également un facteur important de perturbations qui peuvent
considérablement altérer la santé de l'homme.
Tous ces problèmes ne font que s'aggraver au fur et à mesure de l'accrois-
sement de la population du globe ; or, grâce aux progrès de la médecine, cet
accroissement atteint actuellement une accélération telle qu'il est impossible
que notre planète puisse le supporter au-delà d'un délai de quelques dizaines
d'années.
II n'est pas dans notre intention de relever tous les sujets qui ont été traités
par les musées de science sur ces problèmes de l'environnement ; nous nous
contenterons d'illustrer quelques-uns d'entre eux, notamment ceux qui ont
fait l'objet d'une partie de l'activité du Palais de la Découverte.
Rappelons d'abord les buts des musées et les moyens qu'ils mettent en œuvre.
Les musées de sciences doivent de plus en plus devenir les (( antennes j) de la
recherche scientifique ;ils constituent de véritables services de (( relations exté-
rieures j) d'une grande efficacité. Ils peuvent en effet préparer le public aux opé-
rations (( porte out-erte j) en jouant le róle du troisième homme )) ; ils sont
non seulement des centres d'information actifs ouverts en permanence mais
aussi des centres éducatifs.
Le Palais de la Découverte a été l'un des premiers établissements culturels
créés dans cette optique. Chaque jour, de jeunes universitaires présentent aux
visiteurs une centaine d'expériences scientifiques avec le souci de la plus grande
rigueur et en s'effoqant de donner toutes les explications voulues en termes
'
clairs et précis pour être compris de tous les auditeurs quel que soit le niveau
de culture de ceux-ci. Des expositions sur les thèmes choisis comportent non
seulement des tableaux, des textes illustrés de schémas et de photographies, des
maquettes, des pièces de collection mais aussi des expériences scientifiques
commentées régulièrement auxquelles, dans toute la mesure du possible, le
visiteur peut participer. A cette occasion, une documentation est sélectionnée,
des brochures rédigées par des spécialistes sont publiées, des films sont présen-
tés, des conférences-débats sont organisees pour différents publics, non seule-
ment au siège de l'établissement mais aussi dans les établissements scolaires et
les centres éducatifs. Toute cette animation est ouverte au plus large public au
sein duquel les élèves des établissements d'enseignement, les membres d'asso-
ciations éducatives bknéficient de visites en groupe spécialement organisées.
Dans toute la mesure du possible, ces expositions sont prévues pour être iti-
nérantes afin de donner le masimum de rentabilité aux efforts investis. La
mission d'information de telles operations est complétée par une mission édu-
cative surtout auprès des jeunes à qui on propose un programme d'occupation
de leurs loisirs comportant des travaux de laboratoire, des excursions scienti-
fiques d'observation de la nature, de récolte d'échantillons analysés et collec-
tionnés, des réunions-débats ; la curiosité d'esprit ainsi éveillée est stimulée
jo Jean Rose et Charles Penel
II par des prix récompensant les contributions les plus originales sous forme de
PALAISDE LA DÉCOUVERTE, Paris. Des
expériences sciemihques présentées devant travaux personnels ou de groupe. Les exemples qui suivent constituent des
le public et le plus souvent possible avec applications récentes de ces concepts.
sa participation retiennent l'attention du
visiteur, éveillent la curiosité et donnent Du I > février au 31 août 1971, une exposition intitulée L'eatt e t la vie a été
aux exposés une valeur éducative réalisée avec la participation de nombreux organismes publics et industriels.
incomparable. Cette photographie
représente une vue du banc expérimental Cette exposition comportait plusieurs parties qui traitaient : de l'importance
de l'exposition Bels, décÈbels e t phones, de la nature et des propriétés de l'eau des points de vue physique, chimique,
réalisée par le Palais de la Découverte et le
Národni Technické Museum de Prague. biologique ; du cycle de l'eau ; des ressources et des besoins ; des méthodes
On aperçoit le tableau de perception des d'extraction ; de la pollution des eaux superficielles et souterraines et des eaux
sons par l'homme en fonction de In
fréquence et de l'intensité (1971). marines ; de la lutte contre la pollution ; du traitement et de l'épuration des
eaux usées. Elle a donné lieu à la publication d'une brochure constituant une
mise au point de l'état actuel des problèmes concernant l'eau et dans laquelle
on trouve un chapitre sur l'information et la documentation, la propagande
faite en faveur de la protection des eaux, l'éducation du public et surtout des
jeunes et une importante bibliographie (périodiques spécialisés, ouvrages de
base, films, centres de documentation). Des conférences avaient été pronon-
cées sur : Une politique de la protection des milieux naturels, La pollution des
rivières, La mer et l'homme, L'eau, milieu biologique ... De nombreux films
avaient été projetés ; des exposés illustrés d'expériences avaient été faits dans
des centres professionnels ou d'animation culturelle.
Une autre exposition intitulée Bels, décibels e t phones (fig. 4 j ) , exemple de
coopération internationale puisqu'elle a été réalisée en collaboration avec le
Národni Technické Muzeum de Prague, a été présentée au Palais de la Décou-
verte du 3 0 août 1971 au 3 janvier 1972, et en France dans plusieurs maisons de
la culture. En 1973, elle circulera en Tchécoslovaquie et dans plusieurs autres
pays. Comme on le rappelle dans le livret publié à cette occasion, le thème de
cette exposition sur l'onde sonore est une introduction à une étude plus géné-
I
rale qui intéresse chacun de nous au premier chef car il s'agit d'une part
importante de la construction, de la modification et de l'évolution de notre
cadre de vie. L'air est un milieu conducteur des sons et des bruits ; c'est lui qui
permet l'audition des œuvres musicales les plus remarquables ; c'est lui aussi
qui transmet les bruits de plus en plus divers, de plus en plus violents produits
par notre civilisation technique en pleine expansion. La pollution de l'air ne se
Rôle du musée de science et de technique industrielle II
46
PALAIS DE LA DÉCOZIVERTE, Paris. Une
vue de l’exposition L’honzme e t l’inmtc,
présentée du l e r mars au 17 septembre
1972.Le public observe un klevage de
piérides du chou, au cours d‘un exposé sur
les principes de la lutte biologique.
5.2 lean Rose et Charles Pene1
qui a su, dès le IVe Plan, mettre en place et animer une <( action concertée )) sur
les problèmes de la lutte biologique.
En octobre prochain sera présentée une autre exposition consacrée à la pro-
tection de l'environnement. Cette exposition qui traite des formes principales
de la pollution au Canada et des actions entreprises par les pouvoirs publics
a été consue par les services du Ministère canadien des affaires extérieures à
l'occasion de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, à Stock-
holm. Elle met tout particulièrement en lumière l'importance d'une collabora-
tion internationale pour que soit sauvegardé le patrimoine humain commun et
conservés intacts les biens culturels et naturels qui constituent pour notre civi-
lisation une richesse inestimable.
47 Et pour illustrer l'importance des clubs scientifiques, notons enfin que chaque
PALAIS
DE LA Paris. Un
DÉCOUVERTE,
jeune garçon, lauréat du Prix scientifique année sont présentées au Palais de la Découverte plusieurs études réalisées par
Philips pour les jeunes, décerné par le des jeunes et récompensées par des prix provenant d'une dotation de la Com-
Palais de la Découverte, est félicité par le
professeur Pierre Auger et le professeur pagnie Philips ; cette année trois d'entre elles, particulièrement remarquées,
Louis Leprince-Ringuet. En 1972, trois avaient pour thème une étude écologique (fig. 47).
contributions portaient sur des pzobltmes
de l'environnement. Ainsi, en remplissant activement la mission qui leur a été confiée, les musées
de sciences exactes et naturelles peuvent jouer un grand rôle dans la gamme des
actions qui doivent être entreprises pour sauvegarder notre environnement. I1
est à souhaiter que les pouvoirs publics puissent les aider à remplir cette mission
car, en même temps, leur tâche n'en sera que plus aisée, non seulement pour
faire voter les textes législatifs qui s'imposent mais aussi et surtout pour les
faire appliquer et respecter. Le rôle de la culture dans la société moderne et la
nécessité d'en étendre l'accès au plus grand nombre a été maintes fois souligné.
Encore faut-il, comme l'a rappelé récemment Augustin Girard1, que cette
politique culturelle devienne enfin réellement opérationnelle.
Bibliographie
h.i O N O G R A P H I E S
ARTICLES DE P É R I O D I Q U E S
CATALOGUES
I. Augustin GIRARD, Di'celoppemeiit czi/ture/: PARIS.PALAISDE LA DÉCOUVERTE. L'eaJL e t la vie, exposition présentée au Palais de la
expi&izceJ et pu/¿fiqlleJ, Paris, Unesco, 1972.
2. Dialogue (Washington), vol. 2, no 2, 1971. p. 3-58,
Découverte du 16 février au z j juillet 1971. Paris, Sté Prodec, 1971. 136 p., fig.,
photogr. photogr., bibliogr.
Rôle du musée de science et de technique industrielle 13
AIE G. Johnels
15
10
Aigrette
49
Teneur en mercure des plumes d'aigrette
et de grèbe, du dtbut du X I X ~ siècle à nos
jours. Données portant sur des périodes
de vingt-cinq ans. Le poisson constitue
yg % de la nourriture de l'aigrette, et
l'alimentation du grèbe huppé comprend
au moins 75 yo d'organismes aquatiques ;
n = nombre de spbcimens étudiés. O -
66
exemple), on a constaté, chez certaines espèces qui tirent de l'eau leur nourri-
ture, comme l'aigrette et le grèbe à grande crête, que la teneur en mercure avait
progressivement augmenté depuis le début du siècle, l'évolution suivant en
Suède celle du développement industriel du pays. Le mercure a de nombreux
emplois dans l'industrie et l'on a constaté, à l'expérience, que c'était l'eau qui
était le plus contaminée par les effluents industriels (rejetés directement dans
l'atmosphère ou dans les eaux résiduaires). Le problème des effets du mercure
sur l'environnement n'est donc pas simplement conditionné par la présence
de ce produit dans les désinfectants employés en agriculture, mais aussi par les
incidences beaucoup plus complexes du développement industriel.
Le mercure, comme plusieurs autres substances (l'arsenic, le plomb, les
autres métaux lourds) qui doivent être évoquées dans le débat sur la sauve-
garde de la nature, est une substance très répandue qui, si l'on pousse assez loin
l'analyse, peut être décelée presque partout. On en constate la présence dans
l'atmosphère par diffusion naturelle, après une éruption volcanique, par
exemple. C'est pourquoi lorsqu'on étudie dans quelle mesure le problème géné-
ral du mercure est lié à l'activité de l'homme, il faut avoir une idée de la pro-
portion normale de ce produit dans l'environnement naturel. Pour la déter-
miner, et, par-là, calculer la part imputable à l'homme, les spécimens des
musées ont eu leur utilité, comme on l'a montré plus haut. Cela dit, il faut inter-
préter avec la plus grande prudence les résultats relevés en pareil cas, de faGon
à éliminer toute possibilité de contamination ultérieure des spécimens. L'in-
dustrie a évidemment beaucoup contribué à la pollution de l'environnement
par le mercure depuis le début du siècle.
De nombreuses espèces d'oiseaux - comme l'aigrette et d'autres oiseaux
aquatiques - émigrent sur de longues distances au printemps et à l'automne.
Ces migrations les font passer, au cours de leur vie, par des milieux naturels
souvent très différents. Leur plumage s'use peu à peu et doit être remplacé.
Les oiseaux de proie doivent pouvoir voler continuellement afin de trouver
leur nourriture : les plumes dont ils se servent pour voler disparaissent successi-
vement au long de leur vie, certaines sont formées dans la région où l'oiseau
fait son nid, tandis que d'autres se développent ailleurs. Si l'on étudie de près
le processus de remplacement des plumes, leur analyse chimique éclairera le
problème du mercure dans diverses parties du monde, la teneur des plumes en
mercure étant liée à celle du sang à l'époque de leur poussée. I1 faut aussi con-
naître exactement le trajet normalement suivi par les oiseaux dans leurs migra-
tions, information que l'on obtient essentiellement par le baguage, souvent
Rôle du musée d'histbire naturelle
~
57
opéré pour le compte di? musées. Le Musée suédois d'histoire naturelle a pré-
cisément fait une étude s$éciale de la mue chez I'aigrette pour étudier ces possi-
bilités (Edelstam, 1969). Si l'on compare la teneur en mercure des tiges de
plumes chez un jeune oiseau pris au nid à ce qu'elle est dans celles d'un oiseau
âgé, dont certaines plumes ont été remplacées lors d'une visite à ses quartiers
d'hiver en Afrique, on obtient le rapport entre l'exposition au mercure en
Suède et l'exposition là où l'oiseau prend ses quartiers d'hiver (fig. 10).
Lorsque Jensen démontra que certaines des pointes qui apparaissent dahs les
chromatogrammes servant au calcul de la teneur en DDT étaient en réalité
imputables au PCB, il utilisa des spécimens de musée pour prouver que ces
%
pointes existaient dans les matériaux biologiques avant que le DDT ait été
emplo~récomme insecticide (Jensen, 1972) ; elles ne pouvaient donc résulter
de produits de décomposition du DDT, comme on l'avait cru jusqu'alors.
En 1967, Ratcliffe montra que, pendant les dernières années quarante, les
coquilles d'oeufs des oiseaux de proie d'Angleterre avaient été moins épaisses
que pendant les décennies précédentes. Ce phénomène est apparu au cours de
la période pendant laquelle les pesticides chlorés sont devenus d'usage courant
dans le pays, et peut résulter d'un effet sur le système hormonal qui régularise
Régime
i
Uppland
10
O5
- RBgime no
5s Alf. G. Johnels
Références
BORG,IC. ; WANNTORP, H. ; ERNE,I<. ; HANKO,E. 1969. AlkyZ-mercury pois0iriiz.g itr
terrestrial Swedish wiZdlge.
EDELSTAM, c. I 969. Ruggologi euer Fåglarnas fjäderbyte. Forsknzkg OCA Framsteg,
no 3, 1969.
JENSEN,S. 1972. How PCB was discovered. Ambio, vol. I, no 4. (Voir aussi ATeiv
Scietztist, no 3 2 , 1966.)
JOHNELS, A. G. ; OLSSON, M. ; WESTERMARK, T. 1968. Esox lucius and some other
organisms as indicators of mercury contamination in Swedish lakes and rivers.
B d . Off. ì B t . Epizoot., 69.
JOHNELS, A. G. ;WESTERMARK, T. 1969. Mercury contamination of the environment
in Sweden. Dans : M. W. MILLERet G. G. BERG(ed.). Chemicalfallatit. Carrrefrt
rexearch on pers~xte~~t pesticides. Springfield, Ill., Thomas.
RATCLIFFE, D. A. 1967. Decrease in eggshell weight in certain birds of prey. Natm,
no 215.
R~HLING, a. ; TYLER, G. 1968. An ecological approach to the lead problem. Bot.
Notiser, n o 121.
59
Selon diverses modalités, de nombreztx mm!es fond des recherches stir Zes problèmes de
l'environnement ON encoztrageat 2 'itfornm'ion s w ce stljet par des expositionsper/lzanentes
oz! temporaires. A ce propos, notts nzofztronspar des exeiqdes cornmefzt des /muées de
diuers opes se ser-lwt, dans différentes r&ions dza monde, des mcyens dont ils disposent
p o w diffser des informatiom szir lt.s pestions essentìeles à la con.réhensiotz des
problèmes de I'environlaement ON pow orìetiter lettrs recherches vers des obiectqs direc-
tement liés aux rapports entre I 'honime e t sot) environnement.
13
h1UZEJ ZEhfLEVEDENIJA b~OSKOVSItOG0
GOSUDARSTVENNOGO UNIVERSITETA,
Moskva. Public devant les vitrines
consacrtes aux recherches dans l'Arctique.
J'f
MUZEJZEMLEVEDENIJA h I O S K O V S K O G 0
GOSUDARSTVENNOGO UNIVERSITETA,
hloskva. Partie de l'exposition consacrke
à l'écorce terrestre et à l'espace proche de
la terre.
JI, r6
hIU2EJ ZEhfLEVEDENIJA bIOSKOVSKOG0
GOSUDARSTVENNOGO UNIVERSITETA,
Moskva. Exposition sur la vie aux temps
prthistoriques.
62 Boris Savel'ev
de Copenhague
Bent Jmgensen
Pendant les douze mois qui ont suivi son inauguration le z novembre 1970~le
nouveau Musée zoologique de Copenhague (fig. j 8 , j 9 ) a resu 460 o00 visiteurs
- presque autant qu'en avait accueilli en dix ans le vieux musée, qui avait
fermé ses portes en 1967.
Pour une ville d'un million d'habitants, ce chiffre est impressionnant. I1
montre que la direction du musée était fondée à penser que, comme les autres
moyens d'information de masse - la ttlévision, la radio, les livres, les jour-
naux, etc. - un musée n'attire les foules que si son message est exprimé d'une
fason que l'homme de la rue puisse comprendre. Quand le musée est un musée
de la nature, il doit absolument être en mesure de communiquer les connais-
sances dont dépend, entre autres choses, notre aptitude à conserver à l'environ- 18
UNIVERSITETETS ZOOLOGISK MUSEUM,
nement la qualité voulue. Une initiation élémentaire de la population aux lois IGabenhavn. Le musée dispose, aux deux
de la biologie et aux relations naturelles peut être le point de départ d'une derniers & t a pde cet immeuble situt dans
le parc de YUniversitC, d'une surface de
volonté politique de traiter ce qui subsiste de notre environnement comme j 590 metres carrts pouvant servir à des
l'exigent les principes de l'écologie. expositions (1970).
Pour créer cet état d'esprit, le Musée zoologique de Copenhague a presque
entièrement renoncé aux méthodes d'exposition en usage, traditionnellement,
dans les musées européens d'histoire naturelle et en particulier dans le vieux
Musée de Copenhague. Lorsque ce dernier ouvrit ses portes le z novembre I 870
-exactement un siècle avant l'inauguration du nouveau -il avait essentielle-
ment pour objet de présenter des animaux. Entre I 870 et 1970, notre connais-
sance de la vie animale a progressé à tel point que nous avons dtsormais beau-
coup à offrir dans des domaines où les zoologistes du X I X ~siècle arrivaient les
mains à peu près vides.
Le musée ne recourt à la présentation systématique traditionnelle de la . / . - . . . '
faune - qui groupe les mammifères, puis les oiseaux, les poissons, etc., en des J9
UNIVERSITETETS ZOOLOGISK MUSEUM,
points différents - que dans ce que nous appelons les collections systématiques Ibbenhavn. Cette salle, d'une surface de
33 j metres carrés, devait abriter l'exposition
d'étude. Ces collections offrent un apersu tridimensionnel clair et complet du permanente du musée sur L a f)ie amkale
monde animal du Danemark, dont n'importe qui -une personne, par exemple, dans les océam (1969).
qui a vu un oiseau inconnu ou trouvé un coquillage curieux lors d'une prome-
nade du dimanche - peut faire son profit. Des étudiants en zoologie qui
peuvent répondre aux questions, identifier les animaux et, d'une manière géné-
rale, aider les visiteurs, sont attachés à ces collections, qui sont un centre d'acti-
vités très utiles, où même les enfants sont accueillis à bras ouverts. Les objets
exposés peuvent être copiés, dessinés ou peints (fig. do), des livres et des pério-
diques sur les animaux et la nature sont aussi à la disposition des visiteurs. Ces
collections d'étude offrent aussi un cadre où l'on peut organiser, pour les
enfants, des jeux passionnants de détection et de découverte.
Quiconque veut être sûr de voir tel ou tel animal de la faune danoise doit
visiter les collections d'étude, car les autres expositions permanentes du musée
ont essentiellement pour thème central des animaux destinés à illustrer certains
phénomènes biologiques.
Lorsque le musée fut ouvert, en novembre I 970, on n'avait encore organisé
que le premier groupe d'expositions permanentes. Jusqu'ici, toutes ces expo-
sitions ont eu pour thème la faune du Danemark. Dans celle qui est appelée
Le m o i d e atimal du Datienzark, le visiteur se promène dans des paysages danois
ou parmi des reproductions de biotopes mettant en scène la faune des bois, des
64 Bent Jorgensen
60
UNIVERSITETETS ZOOLOGISK MUSEUM,
Kobenhavn. Dans les collections d'étude
du musée ouvertes au public, un
département spécial prête aux jeunes des
livres, des revues et des modbles à
dessiner, grandeur nature.
landes, de la côte, de la mer, des lacs et des cours d'eau, des prés, des champs
et des villes. Pour que le visiteur sache exactement où il se trouve, chaque
paysage est présenté dans un diorama qui cherche à en dégager l'atmosphère.
La section consacrée à la faune forestière danoise présente le diorama d'un
61, 63
ZOOLOGISK
UNIVERSITETETS MUSEUM, bois de hêtres en juin ; on garde aux feuilles leur couleur verte et leur fraîcheur
& b x h a v n . Ce diorama ouvert prksente et des rayons de soleil persant le feuillage des arbres font sur le sol des effets
une image stylisée de la vie animale dans
les divers biotopes d'eau douce (1970). d'ombre et de lumière. Une technique tout à fait nouvelle de construction de
Le nouveau Musée zoologique de Copenhague 65
6.2
UNI'ITERSITETETS ZOOLOGISK MUSEUM,
ICmbenhavn. Diorama représentant un
bois de hêtres au Danemark, en juin ; on a
utilisé une technique nouvelle de
construction de plans à l'aide d'Cléments
photographiks éclairts du fond (1970).
6,
UNIVERSITETETS ZOOLOGISK MUSEUM,
K~benhavn.La vitrine consacrée aux
(( Ennemis de la souris )) montre comment
on peut expliquer les lois biologiques en
quelques mots à l'aide d'objets d'exposition
instructifs.
66
UNIVERSITBTETS ZOOLOGISK MUSEUM,
Ihbenhavn. Le panneau sur (( La faune
souterraine )) illustre - entre autres sujets
- la biologie de la taupe. En touchant une
taupe empaillée, le visiteur peut constater
par lui-même comme sa peau est lisse et
commmt
. .-
elle lui permet de se déplacer
aussi facilement en avant qu'en arrilrc
dans ses galeries souterraines.
Le nouveau Musée zoologique de Copenhague 67
67
UNIVERSITETETS ZOOLOGISK hfUSEUhf,
ICobenhavn. L’exposition temporaire,
en datage, (I 97 I 172) présentait les
Aiai??~asr.~
espkces en voie de disparition au Danemark
- illustration de la destruction progressive
de la nature (1971).
présente des araignées et leurs méthodes de chasse ;il apersoit ensuite plusieurs
petits oiseaux insectivores et, enfin, un épervier au nid. Chaque élément du
diorama est évocateur en lui-même, mais la succession des diverses parties
révèle le mécanisme de la chaîne alimentaire, où l'oiseau de proie vit de petits
oiseaux, qui vivent d'insectes divers et d'araignées, qui vivent eux-mêmes
d'insectes plus petits. Vient ensuite un autre stand, où la signification biolo-
gique de cette chaîne alimentaire est expliquée à l'aide de signaux lumineux
(fig. 64); il illustre l'incidence de l'emploi des insecticides sur le taux de nata-
lité chez les oiseaux de proie, bien que ces prédateurs ne se nourrissent pas
d'insectes.
La visite de l'exposition Le inonde animd dzi Danemark donne un aperrp de
l'ensemble de cette faune, des protozoaires aux cervidés, apprend beaucoup sur
la relation des animaux entre eux et avec leur habitat, et aide à comprendre à
quel point une intervention profonde de l'homme - en bien ou en mal -
a affecté le milieu de vie naturel du Danemark.
* Deux expositions permanentes en préparation - D 'un pôle Li l'autre et Les
océam - conduiront les visiteurs à travers le monde, pour leur montrer
comment les animaux s'adaptent aux conditions de vie très diverses des pro-
fondeurs de l'océan et des différentes zones climatiques. En outre, une grande
exposition permanente mettra en lumière le thème essentiel sous-jacent à toutes :
la place de l'homme dans la nature et ses devoirs envers elle.
Une partie du musée est réservée à ce qui constitue une présentation suivie,
par l'image et par l'objet, de questions d'intérêt biologique (fig. 6,r, 66). En
1971172, on a organisé une exposition temporaire sur la faune en voie de dis-
parition au Danemark, évocatrice de la destruction de la vie dans le milieu
naturel (fig. 67, 68). En 1972173, une autre exposition aura pour thème la
. menace qui plane sur la vie animale dans le monde. A la différence des présenta-
tions permanentes, ces expositions spéciales, qui changent fréquemment,
apportent toujours du nouveau, qui élargit les connaissances des visiteurs régu-
liers du muste sur le milieu naturel où nous vivons et dont nous sommes tri-
butaires.
[Traduii dtt danois]
Le Musée des tropiques, Amsterdam
Wilhelmina H. Ka1
Bien qu’il doive être considéré comme un musée d’ethnologie, le Musée des
tropiques occupe dans cette catégorie une place particulière. Comme le Musée
d‘outre-mer de Brême, par exemple, ce fut à l’origine un musée des colonies
ayant pour but général de rassembler et de diffuser des connaissances concer-
nant les territoires (néerlandais) d‘outre-mer, et pour but particulier d‘agir en
faveur des intérêts commerciaux, agricoles, industriels et autres découlant des
possessions coloniales, aussi bien pour la métropole que pour les colonies.
Le Musée des tropiques, alors nilusée des colonies, fut fondé à Haarlem en
1864. En 1910, il fut transféré à Amsterdam. Quarante ans plus tard, en 1950,
en raison de la modification des rapports entre les Pays-Bas et ses ex-colonies,
ses objectifs furent modifiés et étendus aux régions tropicales et subtropicales
en général.
Dès sa fondation, le Musée des tropiques a donc toujours été un musée qui
s’efforce de rassembler des informations actuelles et de donner une image plus
ou moins complète des sociétés non occidentales, en prêtant avant tout une
attention particulière au processus d’acculturation.
II veut présenter une image globale de la vie quotidienne de l’homme dans
le monde tropical et subtropical qui évolue si rapidement ; il veut donner une
image des problèmes devant lesquels cet homme se voit placé dans sa lutte
pour une existence meilleure et de l’aide que l’occident lui apporte dans ce
domaine, ou qu’il peut et doit lui apporter.
Dans les expositions comme dans les activités annexes telles que les confé-
rences, la projection de films, les visites guidées, les discussions, les programmes
pour enfants, c’est l’homme qui constitue le centre d‘intérêt.
69
TROPENMUSEUM, Amsterdam. Exposition
temporaire, 1966 : Le riz, fouci potidiett.
La culture du riz en terrain sec dans la
forêt vierge est reprtsentée au moyen de
découpages d’agrandissements
photographiques d’arbres entre lesquels
on a dispos6 de vrais plants de riz et
d‘autres plantes tropicales.
70 Wilhelmina H.Ka1
\
71 73 /Y
Quelles sont les possibilités dont l'homme dispose dans sa situation spéci- 73
TRoPENhfusEu?d, Amsterdam. Exposition
fique, comment répond-il au défi du milieu physique, culturel et social qui temporaire, 1971 : Les Samos, IIN peuple
l'entoure ? Cette idée directrice, projetée autant que possible sur l'arrière-plan de la sauane en uoie de déveZoppement. Le
forgeron au travail.
du passé, dans l'actualité et orientée vers l'avenir, forme la base des expositions 74
plus ou moins permanentes aussi bien que des expositions temporaires. TROPENWUSEUM, Amsterdam. Exposition
temporaire, 1971 : Les Samos, gin peiqle
Mais les sociétés deviennent de plus en plus complexes et les liens d'inter- de La sakrane en mie I développement.
dépendance à l'intérieur de ce monde ne cessent de se renforcer. Cela pose des Présentées cóte à cóte, la façon
traditionnelle de coudre les vétements
problèmes croissants à une institution comme le Musée des tropiques, qui veut (découpage photographique) et la manière
toujours montrer l'actualité. En effet, des sujets tels que l'urbanisation, l'indus- dont, de plus en plus, les Samos vont
coudre : A la machine. A l'arrikre-plan sont
trialisation, l'emploi, pour n'en mentionner que quelques-uns qui sont caracté- projetées des diapositives qui donnent une
ristiques de beaucoup de sociétés actuelles des régions tropicales et subtropi- image gtnérale du village et des habitants.
7)'
cales, se prêtent à peine à une présentation niuséographique, c'est-à-dire sous TROPENMLJSEUn;I, Amsterdam. Exposition
la forme d'expositions ayant pour base des objets authentiques. Les photo- temporaire, 1968 : L'Inde d'atdjozird'bzLi.
La production d'objets en papier mâché
graphies, les films, les bandes sonores prendront une importance croissante, est représentée par les différents stades de
bien qu'ils doivent rester des moyens auxiliaires permettant une représentation fabrication et d'ornementation d'une petite
boîte en papier mâché et par la présentation
aussi diverse, aussi précise et aussi objective que possible. des matériaux nécessaires.
Les expositions temporaires organisées dans le hall central (800 mètres) sont
72 Wilhelmina H. Ka1
77 78
On peut se demander s’il n’est pas préférable de filmer un tel sujet. Cela
paraît effectivement possible. Toutefois, l’exposition est irremplasable en ce
sens qu’elle permet au visiteur de se familiariser individuellement et à son ,
propre rythme, par exemple avec les problèmes qui se posent aux Samos, mais
aussi avec leur ingéniosité, qui s’exprime notamment dans leur artisanat, avec
leur religion, leur musique, leur danse. De tels aspects, qui forment un tout
fonctionnel, se prètent particulièrement à une exposition. Dans une exposition,
le visiteur peut se placer dans la situation montrée, s’identifier aux personnages,
alors que dans un film il reste toujours une distance entre le spectateur et les
personnages qu’il voit sur l’écran.
Un film ou une série de diapositives permet de donner un aperp. Dans une
exposition où il ne s’agit pas en premier lieu de montrer de beaux objets mais
de présenter un problème, comme chez les Samos celui des possibilités et des
difficultés du développement de l’agriculture dans la savane, une vue d‘ensemble
succincte est indispensable, surtout dans le cas d‘une exposition importante.
C‘est ce qui ressort également d‘une enquête menée en 1971/72 au Musée
des tropiques. Cette enquête visait à déterminer, d‘abord, dans quelle mesure
les informations que le musée diffuse par les expositions et les moyens audio-
visuels atteignent le visiteur et, ensuite, dans quelle mesure ces informations
exercent une influence favorable sur l’idée que le visiteur se fait des hommes
des régions tropicales et subtropicales, et par conséquent du problème du
développement.
>‘
!
i
\
,Le Musée des tropiques, Amsterdam 73
,
76
TRoPm”bEukr, Amsterdam. Exposition
temporaire, 1968 : L ‘hide d’aijhrd’hi.
Autant que possible les objets sont montrés
tels qu’ils sont utilisks. Un métier à tisser
est exposé dans cette petite maison.
77
TROPENMUSEUM, Amsterdam. Exposition
temporaire, I 968 : L’ltide d’azQor4rd ’hui.
Le forgeron ambulant au travail. Tous les
objets exposés sont authentiques, ce que le
visiteur peut vtrifier lui-m2me sur des
agrandissements photographiques.
7J
TRoPEmwsEuh5, Amsterdam. Exposition
temporaire, 1968 : L’Inde d’azjoirrd’biii. Les
diffkrences dans le vitement en Inde sont
prCsenttes au moyen de mannequins-
silhouettes dont certains sont placGs sur
une plate-forme qui tourne lentement. Des
photos montrent différentes formes de
moyens de transport et de construction.
En appuyant SUT le bouton dispos6 sur la
boite visible à l‘avant-plan, le visiteur peut
entendre la musique du charmeur de
79 serpent.
L‘enquête a été faite, entre autres, à l’exposition consacrée aux Samos. Un 79
TROPENMUSEUM, Amsterdam. Exposition
premier groupe a été interrogé avant la visite, un deuxième groupe après la temporaire, 1968 : L’Inde d’atjowd’hiri. La
visite et un troisième groupe après que le parcours de la visite eut été modifié vie villageoise en Inde est montrée au
moyen de dtcoupages d’agrandissements
de manière à présenter d‘abord sur l’écran multiple (sept écransr le montage de photographiques, de quelques
diapositives résumant ce que l’exposition se proposait de montrer. De plus, le reproductions de maisons et de certains
éléments authentiques : ici le puits.
texte écrit avait été remplacé dans ce cas par un texte parlé. I1 est intéressant de
constater que c’est de ce dernier montage que presque tous les visiteurs ont tiré
le plus d‘informations au sujet de cette exposition.
La relation entre l’homme et son milieu, aussi bien physique que culturel et
social, a souvent une grande influence sur son mode de vie. Cela est valable
notamment dans les pays tropicaux et subtropicaux dont le Musée des tropiques
s’occupe en premier lieu.
Je suis persuadée que les musées ont un rôle à jouer pour faire connaître les
problèmes qui découlent de ces relations, mais ils doivent le faire de la manière
qui leur est propre, c’est-à-dire par la présentation d’objets authentiques,
étayée et renforcée au moyen de photographies, de films, de textes explicatifs, etc.
I Cela impose des restrictions aux musées, mais dans ces limites leur façon de
présenter les choses est unique en son genre. En dehors de cela, ils devront lais-
ser la communication avec le grand public aux moyens tels que la tklévision,
la radio, la presse. Ce qui ne veut pas dire que les musées ne peuvent pas col-
laborer étroitement avec ces organes d’information, voire posséder leur propre
studio de télévision ou publier un bulletin.
L’important est que les éléments spécifiques et particuliers d’une exposition
de musée ne cèdent pas le pas aux.écrans de télévision, aux journaux lumineux,
aux projections de films et de diapositives sur écrans multiples. [ Traditit da néerlandais]
74
L'exposition Man in A f y i c d ,
au Musée américain d'histoire
Thomas Dominic Nicholson naturelle, New York
81
THEAhrBRICAN 1hfUSEUhr O F NATURAL
HISTORY, New York. L'homme en Afriqzie.
Vue prise pendant l'amknagement du hall,
depuis la galerie du haut, en direction de
l'entrée sud. L'étendue de la surface des
toits aide à masquer la galerie d'en bas et
leur forme contribue à créer la couleur
locale. On voit au premier plan la hutte A,
qui contient le diorama de la savane, et au
deuxième plan la hutte B, où se trouve le
diorama de la foret équatoriale. A droite,
la hutte C renferme des vitrines montrant
les symboles du pouvoir et de l'autoritt:
dans les structures sociales depuis la famille
jusqu'au royaume, tandis que dans la
petite hutte D, à gauche, sont présentés des
objets qui illustrent l'importance du
monde des esprits. La case ronde située
tout au fond est la hutte E, qui contient le
diorama du désert, face à l'entrée sud ;
derrière le diorama se trouvent des vitrines
de grandes dimensions consacrées aux
costumes et à la danse.
83
THEAMERICAN MUSEUM OF NATURAL
HISTORY, New York. L'bomize en Afviqtfe.
(( Nomades du désert )), diorama de la
hutte E, section désert, grandeur nature.
La scene se passe au Maroc dans le
Saghru, au sud de l'Atlas, peu avant
l'aube en été. Souvent montagneux et
rocailleux plutôt que sablonneux, ce désert
peut paraitre sterile ; pourtant il nourrit
des moutons ou des chkvres, et l'on peut y
faire un peu de culture pres des oasis
auxquelles la fonte des neiges de la
montagne apporte de l'eau au printemps et
en éte. Les nomades berberes reprtsentés
ici ne restent que quelques jours au mSme
endroit, le temps d'en exploiter les
ressources ; quand les pâturages sont
tpuisés, ils sont obligts d'aller ailleurs. La
lutte pour la vie dans le désert amkne
chaque groupe à s'efforcer de dtfendre son
(( territoire )), ce qui entraîne des frictions
constantes et des risques de conflits. La vie
des nomades est fondte sur la famille,
mais les Berbkres se groupent souvent
sous la protection d'un chef, dont la
forteresse (ksar) leur sert de refuge en cas
de danger.
L'exposition Mata it2 Africa, au Musée américain d'histoire naturelle, New York 77
84
THEAXERICAN MUSEUM OF NATURAL
HISTORY, New York. L 'hoim/e em Afriqm.
(( Cultivateurs de la savane D, diorama de la
86
THE~ A I E R I C A NhlUSECW OF NATURAL
HISTORY, New York. L'homme et2 ktfiiqne.
Objets illustrant le rblc de l'esclavage et du
servage dans la vie traditionnelle africaine.
A gauche : poteau de case en bois sculpt6
(Mum) représentant un captif enchaini,
symbole de l'intégration des prisonniers
de guerre et des criminels à une nouvelle
famille, et plus tard du róle jout par la
traite des esclaves dans les petits royaumes.
Au centre : le Coran (Haoussa), symbole
de l'islam apporté aux peuples africains
par les Arabes en m&metemps que
l'esclavage. En haut à droite : coiffure en
bois sculpté (Ibo), montrant un captif
enchaîné par un Europten. En bas à
droite : bijoux en bronze (Yorouba) qui
ornaient les chevilles, les bras et le COLI
des serfs et des esclaves pour montrer la
richesse et la génerosité de leurs maîtres.
86
78 Thomas D. Nicholson
87 88
Historique du projet
L'idée d'un musée de plein air landais, si elle est neuve dans sa conception
actuelle, n'est pas absolument récente puisqu'un projet avait connu un début
de réalisation à Hossegor durant les années quarante à quarante-cinq. Elle fut
reprise en 1962 à Labouheyre sur la route nationale IO, principal axe routier
traversant le massif forestier landais, mais n'aboutit pas.
En 1968 enfin, le lancement d'un parc naturel régional asé sur la vallée de la
Leyre, au cœur de la Grande Lande, fournit l'occasion de repenser ce vieux
projet. L'élaboration du programme scientifique, technique et administratif est
alors demandée au Musée d'Aquitaine installé à Bordeaux, dont la vocation
régionale a été affirmée en 1962. Cette étude permet d'esquisser une première
typologie des bâtiments et de désigner plusieurs d'entre eux particulièrement
représentatifs et remarquables ; conclut à la nécessité d'implanter le musée sur
un airial, au cœur de la forêt et de la lande ; propose enfin un site toui à fait
caractéristique et bien conservé à Marquète, sur la commune de Sabres.
Base du programme
La région landaise a paru à double titre justifier la création d'un musée de plein
air. Elle se signale en effet par un type d'habitat original, dont l'airial est
l'expression la plus visible, et par une architecture, peut-être plus qu'ailleurs,
adaptée au milieu naturel.
L'aire de diEusion de cet habitat est le triangle compris entre l'embouchure
de la Gironde, celle de l'Adour et les confins agenais. L'airial désigne dans cette
région la vaste pelouse, en général non close, parsemée de chênes, au sein de
laquelle sont disséminées en ordre lâche une ou plusieurs maisons avec leurs
nombreuses dépendances. Cet ensemble constitue un environnement cohérent
et parfaitement démonstratif. Au sein de la lande, et aujourd'hui du N pignada D,
l'airial est un îlot privilégié où l'on s'efforqait jusqu'à une date récente de tout
produire pour la consommation courante.
L'architecture y est remarquable, tant par le plan er l'orientation des
80 FranGois Moniot
bâtiments que par les matériaux et la facture. Deux grands types de maions,
avec plusieurs variantes, coexistent.
Le premier, de plan approximativement carré dans la Grande Lande, comporte
un toit à trois eaux et une fasade sur pignon ouvrant à l’est généralement par un
auvent (fig. 89, 90). Le plan au sol est le plus souvent symétrique de part et
d’autre de deux pièces à feu. On peut y lire, comme en projection, la structure
socio-économique du pays, et y voir l’expression architecturale d‘une société
archaïque de type patriarcal d‘agriculteurs-pasteurs.
Le second présente une faGade sous mur goutterot et un plan rectangulaire
sous un toit à quatre pentes dont l’une descend en appentis à l’arrière (fig. 91).
Dans la quasi-totalité des cas, le bâtiment présente sa faGade principale au
levant et l’arrière aux vents dominants et aux pluies d’ouest. La technique de
construction accorde une place privilégiée à la charpente dont le réseau serré
s’étend du sol au faîte (fig. 92). Le remplissage est fait dans la plupart des cas
en torchis, parfois d’un empilage de fragments de tuileaux et briquettes de
remploi (fig. 94). Les bâtiments d’exploitation sont nombreux, allant du
très petit édifice (fig. 93, y), tel le poulailler perché, à des constructions plus
importantes, comme les parcs à faible pente couverts en tuiles-canal (fig. 9 8 ) ou
les bordes à toit aigu en chaume (fig. 96).
89 90
Conception générale
Dans un tel contexte, il a paru très vite essentiel de sauvegarder non seulement
des exemples des principaux types de bâtiments, mais également le site dans
lequel ils s’inscrivent : le choix de l’airial de Marquèze y incitait pleinement.
Sur ces bases a été précisée la conception d’un (( musée de l’espace D mon-
trant à un moment de l’histoire (la fin du siècle dernier approximativement) les
89 exploitations correspondant à sept maisons avec leurs dépendances et leurs
ECOMUSÉEDE MARQUÈZE,
Sabres. Maison
à trois eaux, en colombage et torchis, à terroirs, soit trente-sept Cdifices au total si l’on inclut les petits éléments. Les
pignon-façade avec auvent central, dite
agro-pastorale, datée I 824, en place sur exemples retenus, pour réduire au maximum l’artifice inhérent à tout transfert,
l’airial, restaurke en 1968-1970. proviennent uniquement de la Grande Lande et de ses marges, c’est-à-dire de la
%O
ECOMUSÉEDE MARQUÈZE, Sabres. Maison partie centrale des Landes où se trouve Sabres. A une collection de maisons, on
à trois eaux, à pignon-façade avec auvent a préféré la constitution d‘ensembles organiques reproduisant d‘anciennes
central, dite agro-pastorale, datke I 772,
provenant de Sabres - Le Mineur, ~
exploitations dont le cadastre de 1836 et les archives permettent d‘avoir une
transférée à Marquèze en 1970171. Etat à idée. D’oh le nom d‘écomusée, attaché à l’ensemble du Musée de Marquèze.
l’achat, en 1968, inoccupée depuis quinze
ans. Maisons et bâtiments d’exploitation recevront dès que possible l’équipement
Écomusée de Marcluèze. Sabres
domestique, artisanal et agricole sans lesquels ils perdraient une grande partie
de leur signification.
Cependant, les bâtiments ne constituent qu'un élément du musée de l'espace :
ils sont considérés comme des outils de l'exploitation du sol. Aussi les différents
paysages qui les entouraient, notamment les cultures, seront Cgalement pré-
sentés. I1 est prévu aussi, bien que cela pose des problèmes aigus, d'entretenir
une partie du cheptel indispensable au fonctionnement d'une exploitation
moyenne. Ce faisant on ne prétendra pas maintenir réellement en fonction de 9.2
production des exploitations archaïques, mais présenter quelques aspects essen- ECOMUSÉEDE MARQUÈZE, Sabres. Maison
i trois eaux, à pignon-façade avec auvent
tiels d'un type d'économie rurale afin d'en analyser le fonctionnement. Le central, datGe 1772,provenant de Sabres -
propos du musée de l'espace est la mise en évidence dans une perspective éco- Le Mineur. Travaux de remontage de la
charpente à Marquhe. Cliché pris depuis
logique de la transformation du milieu par l'homme et des échanges entre l'ani- une p i k e latérale vers l'auvent.
mal, le végétal et le minéral. Un programme aussi vaste ne peut être mis en 9.3
ECOMUSÉE
DE MARQUÈZE, Sabres. Four à
œuvre, on l'aura compris, que par une équipe pluridisciplinaire. pain, à proximitt de la maison datte 1824.
Le musée de l'espace n'illustrera qu'une période limitée et relativement En place sur l'airial, restaur6 en 1969/70.
récente de l'histoire : celle qui précède l'avènement de la société industrielle ;il gttail du matériau de remploi servant,
suppose donc à ses côtés pour être bien compris l'existence d'un musée du avec le torchis, au remplissage des pans
de mur : fragments de tuiles, briques et
temps n. Celui-ci sera implanté à une certaine distance de l'airial, à proximité carreaux. Ousse-Suzan, Cazade.
71
Maison i quatre eaux, avec façade sous mur
goutterot, dite agro-sylvicole, situte i
Sabres - Le Mineur. Cet exemplaire,
représentatif du deuxikme grand type de
maison landaise, sera transftrt bient6t sur
l'airial de blarquèze, à l'emplacement
d'une maison disparue.
93 94
82 Fransois Moniot
9/
Four à pain : détail de la voù.te intérieure
en brique pleine. Saint-lkger -d e-Balson.
bourg (Gironde).
En 1872, un petit groupe de citoyens éclairés persuada au Congrès des États- Ralph H. Lewis
Unis d’ériger en parc national une région sauvage de la (( frontière )> d’une
superficie d‘environ 7 800 kilomètres carrés. Ils avaient v u de leurs yeux les
merveilles naturelles de la région de Yellowstone, et avaient acquis la conviction
que ni eux-mêmes, ni personne d’autre n’avaient le droit d’exploiter cette
région à des fins de profit personnel. La loi portant création du Parc national
de Yellowstone stipulait que cette zone devait être préservée dans son état
naturel (( dans l’intérêt du peuple
- - américain et pour qu’il - -puisse en jouir B. Sa
promulgation a constitué un précédent, des centaines de pays s’en sont inspirés
pour créer des parcs dans les cent années qui ont suivi. Un siècle d‘expérience
au Parc de Yellowstone a permis de faire l’essai de bien des politiques et de
bien des techniques de protection et d‘utilisation des parcs. Yellowstone est un
musée dans la mesure où il permet de préserver, d’étudier et de présenter au
public une collection d’objets naturels et d’intérêt historique. Les controverses
passionnées qu’a suscitées, entre les spécialistes des musées, le débat entre l’inté-
rêt public et l’intérêt des objets paraissent ici hors de propos. I1 est en effet
manifeste depuis longtemps que, si le Parc n’était pas préservé avec soin, les
visiteurs ne pourraient pas vraiment en jouir, auquel cas il perdrait sa raison
d’Ctre. I1 faut donc répondre à la fois aux besoins du public et aux impératifs de
la conservation des objets. Bien gérer un parc, c’est essentiellement maintenir -
ce qui est délicat - un équilibre dynamique entre ces deux types d‘exigences
en évolution constante.
La présentation du Parc de Yellowstone fait intervenir une action éducative
que les responsables du Parc appellent (( interprétation D. Le public ne se con-
tente pas d‘assister au jaillissement des geysers ou de voir des animaux à l’état
sauvage. I1 veut des explications, il cherche à comprendre. C‘est pourquoi
l’interprétation a été, depuis I 920, l’un des principaux soucis de l’administration
du Parc de Yellowstone. La méthode la plus simple a consisté, et consiste
encore, à organiser la communication directe entre le visiteur et un membre
informé du personnel du Parc. Trois naturalistes travaillent à plein temps à 99
instruire et à diriger un groupe de cinquante à soixante (( interprètes n qui tra-
vaillent l’été dans le Parc, mais dont beaucoup enseignent les sciences pendant
~public à comprendre~le mécanisme du ~
l’année scolaire. Ils répondent à d’innombrables questions, font des exposés ~~f~~~~~ ~ ~ ~
aux sites principaux du Parc, organisent des promenades et des veillées autour Norris, que les visiteurs peuvent regarder
de feux de camp. Grâce à eux, des milliers de visiteurs peuvent chaque année de la du Ou de plus près*
approfondir leur connaissance des merveilles qu’ils voient et se faire au moins
une idée des relations complexes qui s’établissent autour d‘eux entre les phé-
nomènes de la géologie et les phénomènes de la vie, où intervient l’action sou-
vent destructrice de l’homme.
Les naturalistes chargés de faire mieux comprendre Yellowstone ne tardèrent
pas à s’apercevoir qu’il leur fallait pour cela des moyens complémentaires. Ils
mirent en place des musées, des panneaux d’exposition et des panneaux expli-
catifs au bord des chemins, firent imprimer des publications et recoururent à
différents moyens auditifs et audio-visuels à mesure qu’ils pouvaient en dis-
poser. En 1935’ le Parc contenait une série de cinq musées : l’un était consacré
à l’ensemble du Parc ; les autres étaient situés aux principaux points d’intérêt
pour les visiteurs - dans le bassin du Norris Geyser (fig. 99,I O O O ) , à Madison
Junction, où les explorateurs, réunis autour de feux de camp, avaient coutume
de dresser des plans pour faire de ’I’ellowstone un parc national ;près du geyser
86 Ralph Lewis
roo a
IO0
NORRISMUSEUM, Yellowstone National
Park. a) Salle d'exposition sur la géologie
du bassin du geyser, telle qu'elle Ctait
aménagée en 1931; O) La mème salle, telle
qu'elle a étt. aménagée en 1971.Les
panneaux, plus grands et moins détaillés,
ont plus d'utilité lorsqu'il y a affluence.
IOI
Panneau explicatif installb. au bord du
chemin, prks de YObsidian Cliff,
Yellowstone National Park. En 1930, ce
panneau répondait bien aux besoins des
visiteurs. La circulation automobile et les
habitudes du public lui ont bté de son
inté&.
rnn h
ronnement naturel de l'homme. Ils sont habitués à voyager vite et sont prati- I02
CANYON VISITORCENTER,Yellowstone
quement rivés à leur automobile. C'est pour répondre aux besoins de cette National Park. a) E n partant de ce centre,
nouvelle génération de touristes que les responsables du Parc de Yellowstone ont les visiteurs peuvent suivre en voiture une
route B sens unique, faire une excursion
revu certains des moyens d'information offerts et en ont élaboré de nouveaux. en autocar, ou faire une promenade B pied
Ils ont tout d'abord pris des mesures énergiques pour atténuer les effets d'un kilomètre et demi pour admirer le
splendide panorama offert par les chutes
nuisibles de l'envahissement du Parc par les foules de fason que les touristes et le canyon. 6) L'exposition installee en
sentent encore l'impact de la nature sauvage. Les bâtiments construits au bord 1978 dans le Musée du Canyon donne aux
visiteurs une interpretation de ce .qu'ils
du Yellowstone Canyon ont été démolis et remplacés par d'autres, qui ne sont voient le long de la Yellowstone River.
pas visibles dans les panoramas (fig. 102 a, 6). Près de I'extrtmité occidentale du L'approche est à la fois concrete et
didactique.
lac de Yellowstone, Grant Village a pris la place de constructions qui en dépa-
raient la rive. Dans ce village, un musée nouveau incite certains visiteurs à
s'aventurer dans les vastes zones du Parc dépourvues de routes, et donne
à beaucoup d'autres une idée de ce que peut être la nature sauvage. A
Norris, la route en bordure du bassin où jaillit le geyser passe maintenant
assez loin derrière le musée. Les visiteurs peuvent quitter leur voiture et tra-
verser le musée (où sont de nouvelles salles d'exposition) avant d'atteindre les
sources thermales (fig. r o o 6). A la hauteur du geyser Old Faithful, spectacle
le plus populaire du parc, la route a été déviée. De nombreux bâtiments, et
notamment l'ancien musée, qui déparaient le paysage, ont été démolis (fig. 103).
Les panneaux d'exposition, moins nombreux et refaits de manière à ne donner
que les informations les plus pertinentes, sont érigés en plein air. Un nouveau
centre de tourisme, caché parmi les arbres, comporte un service où le touriste
peut obtenir des renseignements utiles, et possède trois cabines identiques
d'information audio-visuelle, dans chacune desquelles est projeté, à des heures
différentes, un court métrage explicatif sur les geysers.
On a aussi installé de nombreuses plaques d'un graphisme discret donnant
aux visiteurs, dans les sites non gardés, des renseignements dont ils ont besoin
(fig. 1-04). Ces plaques ont remplacé les panneaux explicatifs placés le long des
chemins et ont un rôle plus large. Les visiteurs qui s'approchent de certains
sites particulièrement intéressants peuvent aussi bCnéficier d'informations et de
conseils qu'ils entendent sur les postes de radio de leur voiture.
Une bonne interprétation des phénomènes suppose qu'on les ait bien Ctudiés.
I1 a fallu d'abord déterminer ce que le Parc contenait. On a rassemblé des spéci-
mens de plantes, d'animaux, de roches et de minéraux aux fins d'identification
et de référence. Les naturalistes ont participé activement à cette tâche avant que
le service des visiteurs finisse par occuper tout leur temps. Les collections
d'étude qui figurent dans le Musée central du Parc sont, en grande partie, le
88 Ralph Lewis
104
103 fruit de leurs efforts. Des spécialistes, invités, ont beaucoup contribué aux
Old Faithful Geyser, Yellowstone National
Park. Avant les rtcents aménagements, le travaux de collecte et d’identification de spécimens. I1 était stipulé, dans le
public ne pouvait pas vraiment jouir du ’ permis qu’ils recevaient, que les spécimens devaient être remis à des musées
spectacle qui s’offrait à ses yeux en raison
de la multitude de véhicules et du nombre publics. Depuis les années trente, la recherche a surtout porté, dans le Parc,
de bâtiments se trouvant à proximité sur les interrelations et les processus naturels. C’est aussi de ces études qu’on
immédiate du geyser.
104 a tiré l’essentiel du contenu des panneaux explicatifs et des publications ou
Interpretive marker, Yellowstone National causeries destinées au public.
Park. Ces plaques non protégées, disposées
partout dans le parc, sont en fonte Un programme intensif de recherche écologique est indispensable à la pré-
d’aluminium revktue d’un panneau dense servation de Yellowstone. Quatre biologistes travaillent actuellement à plein
de fibres dures, décoré B l’écran de soie ;
une peinture-Cmail du type utilisé pour les temps à l’étude des problèmes de gestion des ressources végétales et animales
véhicules automobiles en assure la (bison, grizzli, wapiti). D’autres services officiels collaborent à des programmes
durabilité. Ces panneaux donnent, sous
une présentation attrayante, des conseils concrets du même genre. Par exemple, le Bureau of Sport Fisheries and Wildlife
qui permettent aux visiteurs de s’orienter étudie de fason suivie les lacs et les cours d’eau du Parc. L’administration de
eux-mêmes.
Yellowstone encourage aussi les hommes de science à faire des recherches per-
sonnelles sur les problèmes d‘environnement particuliers au Parc.
Les recherches ont également un autre intérêt, car la préservation, dans une
I
assez large mesure, de l’état naturel où se trouvait initialement le Parc, per-
mettra peut-être d’en tirer des connaissances qu’il n’est plus possible d‘obtenir
ailleurs. En 1971,des hommes de science envoyés par vingt-huit collèges et
universités ainsi que par cinq organismes du gouvernement fédéral y sont venus
[Traduit de l’aitzgais] pour tenter de faire des découvertes de ce genre.
Les expositions temporaires et itinérantes :
un moyen d’information
pour la protection de l’environnement
1Cjel.l Engström
I
90 Kjell EngstrÖm
exposé. Les visiteurs pouvaient voir dans les vitrines des oiseaux appartenant à
des espèces menacées d'extinction, des faisans saisis par les convulsions typiques
de l'empoisonnement au mercure, ou les pesticides les plus courants (fig. I O J ) .
IOI
NATURHISTORISKA RIKSMUSEET, Le musée a dû, évidemment, tenir l'exposition à jour pour suivre les progrès
Stockholm. L'exposition intitulée rapides de la recherche. I1 a fallu constamment remplacer les informations péri-
Sommes-nom eti train d 'empoisotitzer la nature 2
(Orebro, septembre 1966) montrait mées par de nouvelles informations portant par exemple sur les mesures
notamment certains des oiseaux de proie récentes d'interdiction de certains pesticides, sur les lacs dont les poissons
qui sont menacés d'extinction du fait de la
présence de poisons dans leur avaient été déclarés impropres à la consommation ou sur les résultats des
environnement.
106
NATLJRHISTORISKA RIKSMUSEET,
Stockholm. Exposition Sziruie, 1970. La
pollution et l'empoisonnement de la mer
Baltique étaient ainsi illustrés sous le titre
(( La p&chedans la Baltique D. Des
panneaux en matitre plastique transparente
portant les noms des poisons qu'on trouve
maintenant dans la mer apparaissent et
disparaissent sur un arritre-plan montrant
un paysage c6tier idyllique. Lorsqu'il retire
ses lignes, le visiteur risque de prendre
non pas du poisson, mais une carcasse
d'automobile, des dttritus provenant de
bateaux, des munitions immergées, des
oiseaux empoisonnés par le pktrole, etc.
A gauche, pendu au mur, un cygne mort
sous l'effet du pétrole. Sur le mur oppose
figurent des cartes d'intensitk de la
pollution dans la mer Baltique et des
textes expliquant les dangers qui menacent
les poissons.
I
Les expositions temporaires et itinérantes : information pour la protection de-l'environnement
recherches relatives aux effets des substances toxiques et à leur apparition dans
la nature. Le fait que le musée soit à la fois un organisme de recherche et un
organisme éducatif a été utile. Les résultats obtenus par la division de la
recherche où une équipe spéciale s'occupait de ces problèmes, ont été immkdia-
tement incorporés au contenu de l'exposition, souvent même avant d'être
publiés.
Toutefois, il ne sufisait pas de préparer et d'organiser une exposition, encore
fallait-il s'en servir pour toucher le grand public. Naturellement, le premier
groupe visé a été celui des élèves des écoles. Les enfants ont participé à des
travaux dirigés qui leur ont permis de comprendre l'essentiel de l'exposition ;
des films ou des diapositives ont été mis à la disposition des enseignants. Afin
de compléter l'esposition, une brochure de 16 pages a été imprimée. Ce n'était
pas un catalogue mais un a p e r p des éléments les plus importants de manière
à être utile même aux personnes qui n'ont pas v u l'exposition.
D'autre part, pour atteindre le grand public, le musée s'est efforcé d'agir
auprès des secteurs directement concernés. Quand l'exposition se trouvait dans
une zone agricole, on a organisé des discussions gknérales sur l'utilisation des
persticides dans l'agriculture. Sur le littoral, là o ù il était interdit de vendre du
poisson pêché dans les eaux côtières par suite de sa forte teneur en mercure, les
pêcheurs ont eu l'occasion de s'entretenir de la question avec des représentants
de l'industrie, des centres de recherche et de l'administration. Ailleurs, on a
organisé des visites d'études, des cours, des excursions, des collectes d'échan-
tillons, etc. Dans plusieurs cas, l'exposition a été complétée par des éléments
relatifs aux problèmes locaux. Par conséquent, l'exposition servait de base de
discussion tout en jouant un rôle de catalyseur pour la réalisation d'activités
liées aux problèmes particuliers de la région ; elle avait ainsi de plus grandes
chances de toucher directement le public.
L'action que nous avons menée a l'occasion de cette exposition nous a
convaincus que ce genre de manifestation est un bon moyen de donner des
informations sur la protection de l'environnement et, depuis, nous nous
sommes d maintes reprises engagés dans la même voie. En 1970,le Conseil de
l'Europe a célébré l'Année européenne de la conservation de la nature. Entre
autres manifestations, des expositions ont été organisées à ce titre en Suède ;
nos efforts ont porté à la fois sur la préparation d'une exposition itinérante -
conjointement avec l'Office national des expositions et l'Of3ice central des anti-
quités - et sur l'organisation, dans notre propre musée, de l'exposition &mie.
Cette dernière avait pour but de replacer l'humanité dans sa perspective tem-
porelle et de montrer comment l'homme, en transformant son environnement,
a exterminé un grand nombre d'animaux et a fini par se mettre lui-même en
danger (fig. 106).II s'agissait aussi d'esquisser des solutions possibles. Pour la
mise au point de cette section, nous avons consulté le Musée des techniques, qui
organisait parallèlement une exposition sur les moyens actuels et futurs de com-
battre les effets nocifs du progrès technique. Cette annke-là, les établissements
scoIaires ont accordé beaucoup d'attention aux problèmes de l'environnement
et, pour compléter leur enseignement, ils ont largement utilisé les possibilités
offertes par cette exposition et par celle qui parcourait encore le pays, sous le
titre Somnmemou en train. d 'emnpoìsomer la t-lattlre 2
Le débat sur la protection de I'environnement n'a rien perdu de son actualité
et la grande Conférence des Nations Unies sur ce sujet a retenu particulièrement
l'attention. Nous avons essayé de soutenir l'intérêt éveillé dans le grand public
en organisant diverses expositions. Celle qui a été présentée dans notre musée
sous le titre Vivre avec la ?iaf.ure a constitué aussi la contribution de la Suède
à l'exposition mondiale de la chasse organisée à Budapest en 1971.Cette expo-
sition, pour laquelle différents services et organisations s'intéressant à la pro-
tection de la nature, à la chasse, à la pèche, à la sylviculture, etc., avaient conju-
gué leurs efforts, donnait des exemples de dégâts causés à l'environnement
(fig. 1 0 7 )tout
~ en indiquant comment il est possible d'exploiter les ressources
97- Kjell Engstr6m
IO?
Contribution suédoise intitulke Vivre avec
la nafim, à l'Exposition mondiale de la
chasse qui s'est tenue à Budapest en 1971,
actuellement en tournée à travers la Suède.
Le présent stand expose les résultats des
recherches faites par le Musée suédois
d'histoire naturelle sur l'accumulation de
poisons dans la chaîne alimentaire, i partir
de l'environnement. On reconnaìtra en bas,
à droite, un diagramme dû à A. G. Johnels
(@. fig. 48, p. 5 5 du présent volume).
En bas, à gauche, dans la boîte en verre,
présentation d'un faisan figé dans l'attitude .
convulsive typique de l'empoisonnement
par le mercure.
La destruction de l’environnement
à l’époque de la préhistoire, Lerne (Grèce)
Nils-Gustav Gejvall
k.
a
O
: e
ö6
3
I 3000 ans
:IV. J.-C.
II
Postpluvial z
II+III Humide 3000 .
III
III+IV
-------- L ,?.+OO.
IV 2000.
IV+V Postpluvial 3
V SCC,chaud
IrOO.
VI .
VII+V+
-----_____
1'ostplurinl-c 850
1100
Commc 500.
VIII+ + actuellcmcnt av. J.-C.
B C
Echelle: A, B, C = 1/2,5
A
D,E= 112
O,I à I 5 habitants par kilomètre carré. A cela peuvent s'ajouter les importantes
données paléobotaniques et paléoclimatologiques qu'on peut tirer du tableau I.
Ce tableau ordonne les espèces d'oiseaux identifiées à Lerne à la fois dans le
sens vertical, en plasant en haut les découvertes les plus anciennes, et dans le
sens horizontal, en commensant par les oiseaux aquatiques et les échassiers
avec, ensuite, l'autour et le faucon pèlerin, puis la perdrix bartadelle et les
spécimens de volailles domestiques les plus anciens qu'on ait découverts en
Europe (à Lerne V) ; viennent ensuite les grands gallinacés, devenus rares, et
la grande outarde, le pigeon, le grand-duc, le corbeau et la corneille. A partir
de la perdrix bartadelle, ces espèces peuvent être considérées comme caracté-
ristiques d'un biotope plus sec que les espèces antérieures. Le paléoclimatolo-
giste Butzer a calculé, en 1 9 ~ 7 qu'un
, climat plus sec et plus chaud avait régné
dans toute cette région à partir de 2400 ap. J.-C. environ (postpluvial 3). Il
ressort du tableau que c'est précisément vers cette époque qu'il s'est produit un
changement dans l'avifaune, c'est-à-dire l'apparition d'espèces adaptées à un
biotope plus sec. Si nous ajoutons à cela le déboisement dont témoignent les
restes de bois carbonisé découverts aux divers niveaux, le nanisme progressif
des bovins et des porcins domestiqués, et l'accroissement du nombre des mou-
tons et des chèvres - avec la surcharge des pâturages qui en est résulté - on
garde l'impression générale que le biotope s'est considérablement dégradé
localement, tandis que s'abaissait le niveau de la nappe phréatique et que l'envi-
ronnement génétique interne se détériorait au même degré. De toutes les espèces
domestiques, ce sont les moutons et surtout les chèvres qui se sont le mieux
comportés, grâce à leur capacité d'adaptation.
L'aperp que nous avons donné est peut-être un peu trop schématique et
insuGsamment nuancé, mais il offre un exemple, parmi beaucoup d'autres qu'on
pourrait citer dans diverses parties du monde, de civilisations qui sont nées,
ont fleuri et ont disparu aux époques préhistoriques et dans lesquelles l'homme
a été, comme il l'est si souvent, un agent de destruction de l'environnement.
Bibliographie
ANGEL, J. L. 1971. Lema, dpreclassicalsife ilr the Argolìd. Vol. II : Thepeople. Princeton
(New Jersey), The American School of Classical Studies at Athens.
BERRY,R. J. 1969. Domestication and exploitation of animals. Dans : Peter J. UCKO
et G. W. DIMBLEBY (ed.). The doniesticatioir aiid exploitation of platits and u~ìma1.r.
Londres, Gerald Duckworth 81 Co., 3 Henrietta Street, London, W.C.2.
BUTZER,I<. W. I 9 57, Late glacial and postglacial climatic variation in the Near East.
Erdkmde (Bonn), vol. XI, no I.
CASKEY, J. L. 1955. Excavations at Lerna, 1954. Hesperia, vol. XXIV, no I.
-. 1916. Excavations at Lerna, 1955. Ibid., vol. XXV, no 2.
-. 1957. Excavations at Lerna, 1956. Ibid., vol. XXVI, no 2 .
-. 1958. Excavations at Lerna, 1957. Ibid.,vol. XXVII, no 2 .
-. 19j9. Activities at Lerna, 1918-1959. Ibid.,vol. XXVIII, no 3.
-. 1960. The early Helladic period in the Argolid. Ibid.,vol. XXIX, n o 3.
GEJVALL, N.G. 1969. Lema, apreclassicalsite ria the Argolid. Vol. I : Thefazmz. Prince-
ton (New Jersey), The American School of Classical Studies at Athens.
-. 1970. Förhistorisk mi#b$örstöring. Forskning och Framsteg, no 5 .
Hopf, M. 1962. Nutzpflanzen vom Lernäischen Golf. Jahrb. Ram. Ger. Zentr. Mus.
97
Il était une fois un jeune zoologue qui préparait sa thèse de doctorat. C'était
un travail fastidieux et une nuit, alors qu'il veillait fort tard, il éprouva le besoin
de se détendre. Comme il était dans un musée, il fit un tour dans la pièce où l'on
conservait les spécimens d'invertébrés et inspecta divers objets qui s'y trou-
vaient. Il remarqua un pot contenant des tubes en verre qui renfermaient un
type de mollusque gastéropode pulmoné dont l'anatomie, il le savait, &ait
inconnue. Cela éveilla soudain sa curiosité scientifique et il voulut savoir com-
ment ces mollusques étaient constitués. Pour meubler ses loisirs, il entreprit dès
lors d'étudier leur anatomie. II obtint quelques résultats imprévus et intéres-
sants, mais bientôt, il dut consacrer de nouveau toute son attention à sa thèse.
Après qu'il eut passé son doctorat, il trouva un emploi au département des
invertébrés du grand musée national d'histoire naturelle de son pays. C'était
exactement ce qu'il avait toujours souhaité. I1 partagea son temps à égalité
entre ses fonctions de conservateur et ses travaux de recherche. I1 obtint la
possibilité de poursuivre son étude des escargots pulmonés, pouvant utiliser
les collections du musée et empruntant du matériel supplémentairs à plusieurs
musées étrangers. En peu de temps, il rédigea un article assez substantiel sur la
question. L'article fut publié et il en obtint un certain nombre d'exemplaires
qu'il envoya à des spécialistes.
Bientôt d'autres spécialistes lui écrivirent en lui demandant son texte. Cette
fois, cependant, il ne s'agissait pas d'experts en escargots, mais de spécialistes
d'une maladie tropicale appelke bilharziose ou schistosomiase. C'est alors que
notre jeune zoologue se rendit compte que les escargots qu'il avait étudiés pos-
sédaient le pouvoir funeste de transmettre ce fléau (fig. 109). 109
Notre homme poursuivit son étude des gastéropodes d'eau douce, de leur Illustration du cycle biologique de
Schisfosoma, le ver qui provoque la
anatomie, de leur taxonomie, de leurs variétés, de leur distribution et de leur bilharziose. Des ceufs de Schisfosoma
écologie. I1 travaillait sur des spécimens conservés dans le musée et, dans une quittent leur hôte humain dans les fkces (I)
ou l'urine. Si les œufs sont déposés ou
certaine mesure, sur des animaux vivants, pendant l'été. I1 acquit ainsi progres- entrainés dans l'eau douce (2) ils éclosent,
donnant naissance à une minuscule larve
ciliée qui nage librement, le miracidium (3).
Pour survivre, cette larve doit pénétrer
dans les heures qui suivent à l'intérieur de
certains types d'escargots. Dans
l'escargot (& un cycle de reproduction
végétative aboutit à des centaines de
larves à queue fourchue appelées
cercaires ( 5 ) . Ces cercaires montent à la
- 5"
tel que les spécimens d’un type donné. I1 peut aussi avoir constamment besoin
de grandes séries de matériel soigneusement conservé qui reflète de faS.on
appréciable certaines formes de diversité : stades de développement, de dimor-
phisme sexuel, polymorphisme, autres variations à l’intérieur des populations
ou variations géographiques. Or ce type de matériel ne se trouve pratiquement
que dans les musées (fig. 113). Par conséquent, pour mener à bien sa tâche, le
spécialiste de la taxonomie est largement tributaire des musées. De même, les
collections de ce genre conservées dans les musées sont un instrument indis-
pensable pour assurer le service taxonomique nécessaire.
Le matériel dépouillé par le spécialiste doit être conservé comme matériel
documentaire. I1 doit rester disponible pour de nouvelles vérifications et rééva-
luations. I1 se peut que de nouvelles découvertes ou des travaux de recherche
taxonomique aboutissent à des conclusions différentes de celles que l’on avait
tirées du matériel ancien. Par suite des changements qui interviennent dans la
nature, qu’ils soient spontanés ou provoqués par l’homme, les comparaisons
entre collections provenant de diverses époques peuvent se révéler indispen-
sables. I1 importe donc au plus haut point que le musée dispose d’un espace
suffisant pour accumuler du matériel documentaire.
Aujourd’hui, l’homme connaît les parasites du paludisme, qu’il s’agisse des
sporozoaires microscopiques dans les cellules sanguines ou des moustiques qui
les transmettent. Cette connaissance taxonomique fut l’une des conditions
II2
préalables qui rendit possible la défense contre les parasites. De même, pour
Une partie de la collection de gastéropodes protéger l’homme dans ses activités, il est nécessaire d’acquérir une connais-
conservés dans l’alcool au Musée sance taxonomique des autres protozoaires, douves, ténias et ascarides qui sont
d‘histoire naturelle de Göteborg. Ces
collections de musée proviennent des des parasites de l’homme et des animaux domestiques ou qui endommagent
activités sur le terrain et sont conservées en les denrées alimentaires, ainsi que des mouches, poux, puces, punaises et tiques
vue de travaux de recherche ultérieurs.
Ainsi, l’activité sur le terrain et la recherche qui provoquent des dégâts de toutes sortes, comme de bien d‘autres organismes
dans les musées sont l’une et l’autre vivants. L‘homme doit assurer sa protection en coopérant avec la nature, et
indispensables pour mieux connaìtre et
comprendre notre environnement. non en la combattant : c’est là un autre point important, mais qui dépasse le
cadre de notre histoire.
De nos jours, le service taxonomique qui est assuré principalement dans les
musées d‘histoire naturelle a élargi son champ d’application en perfectionnant
ses méthodes et ses techniques. Le service taxonomique revêt une importance
croissante par exemple pour divers types d‘enquêtes sur la faune. Celles-ci, à
leur tour, sont de plus en plus utiles pour enregistrer les modifications que
l’activité humaine imprime à la nature, directement ou indirectement. L’impor-
tance de cet aspect est illustré d’autre part dans le présent numéro. Les tech-
niques taxonomiques appliquées aujourd’hui couvrent un large éventail depuis
les méthodes morphologiques et morphométriques jusqu’aux techniques histo-
logiques et sérologiques hautement spécialisées. Dans certains musées, tels que
le British Museum (histoire naturelle) à Londres et le Musée de zoologie d‘Am
Arbor (Michigan), des sections spéciales ont été créées pour un service taxo-
nomique fondé partiellement ou intégralement sur les méthodes histologiques
et/ou biochimiques.
Pour en revenir à la bilharziose, on a découvert que les schistosomes, de
même que les escargots qui leur servent de vecteur, se répartissent d‘une
manière très complexe entre différentes races et souches ayant chacune un com-
portement distinct. La susceptibilité et la résistance varient de l’une à I7autre,
ces caractéristiques pouvant être déterminées par un seul gène ou tout au plus
quelques-uns. C’est dire que la taxonomie doit pouvoir établir des distinctions
tout à fait mineures entre des formes très voisines, ce qui ne rend pas la tâche
plus aisée. Quoi qu’il en soit, notre jeune zoologue qui, d’ailleurs, n’est plus
très jeune, s’est orienté dans une tout autre voie puisqu’il est aujourd’hui un admi-
nistrateur ayant connu le sort de tant d’autres hommes de science. I1 est chargé
de l’administration d’un musée d‘histoire naturelle, mais participe aussi d’une
manière très active aux expositions, ce qui est en quelque sorte une tâche d’&du-
cation : il était donc tout naturel qu’on lui demandât de rédiger le présent article.
IO1
-
auxquels il est associé ; bref, il n'a plus seulement pour but de conserver, mais
aussi d'interpréter.
Aucune autre région du monde n'a une histoire aussi longue que celle de
l'Asie où se sont succédé bien des civilisations, chacune laissant derrière elle
une quantité de vestiges de monuments, accompagnés des objets qu'on y
trouve habituellement. I1 existe déjà dans plusieurs pays d'Asie bon nombre
d'excellents exemples de musées de site qui non seulement remplissent bien
leur fonction de sauvegarde, mais fournissent aussi une N interprétation D de
haute qualité.
Mais c'est assurément à Nagarjunakonda, en Inde, que se trouve le musée
de site le plus remarquable, qui n'a peut-être son pareil nulle part ailleurs :
on a réussi à y conserver de précieux témoignages du passé qui risquaient fort
de disparaître complètement et l'on a transporté et reconstitué à proximité les
monuments qui s'élevaient sur le site originel. On trouve exposés dans ce musée
les objets découverts au cours des travaux de déblaiement et de fouille systé-
matique et, avec ses neuf monuments reconstruits sur une colline proche, deve-
nue une île, il vise non seulement à protéger et à présenter avec goût le matériel
recueilli, mais aussi à l'expliquer.
Nagarjunakonda est située dans la vallée de la rivière Krishna ;les monuments
et vestiges archéologiques qui y subsistent proviennent d'un haut lieu du
bouddhisme en plein essor dans la seconde moitié du I I I ~siècle après Jésus-
Christ. Des trésors artistiques uniques au monde ont été sauvés de la destruc-
tion que risquait d'entraíner la modernisation de la région. Pour assurer l'irri-
gation et le développement hydro-électrique, la construction d'un grand barrage
sur la rivière avait été entreprise juste au-dessous du site. Le fond de la vallée
où se dressait ce grand centre bouddhique, capitale de la dynastie Ikshvaku
encore florissante au moyen âge, allait être complètement submergé, ce qui eût l
entraîné une perte considérable pour l'art et pour l'histoire. I1 fallait donc,
I
avant la mise en eau du réservoir, non seulement sauver les objets d'art mais
aussi recueillir autant de renseignements que possible sur les monuments dont
ils provenaient, leur architecture, les inscriptions qu'ils portaient, etc. Le Service
d'inspection archéologique de l'Inde, qui entreprit en 1 9 ~ la 4 réalisation de ce
programme de sauvetage, décida de déblayer et de fouiller systématiquementles
lieux pour récupérer tout ce qu'on y trouverait. Les édifices de la période boud-
dhique étaient pour la plupart construits en brique et ornés de pierres sculptées.
Beaucoup de vestiges architecturaux avaient conservé leur forme originelle
dont on pouvait déduire l'usage auquel les édi-fices étaient destinés. Cela permit
aussi de se faire une idée du plan de ce centre religieux et de la capitale voisine.
Des quantités de pierres de revêtement et de frises de stoupas, finement sculp-
tées, des représentations du bouddha provenant de mausolées étaient dispersées
sur le sol, les marches en pierre de lune et les balustrades sculptées des perrons
du monastère étant restées en place. Une fois terminés les travaux de déblaie-
ment et de fouille, il fallut photographier les lieux, faire des dessins cotés des
vestiges architecturaux et établir le relevé de l'emplacement des monuments
avant de les transporter et de les reconstruire au-dessus de la ligne de montée
des eaux
Nagarjunakonda (la colline de Nagarjuna ; konda signifie colline en télegou,
la langue locale) est située à environ 170 kilomètres par la route de Hyderabad,
dans l'Andhra Pradesh, au sud de l'Inde. Elle emprunte son nom au philosophe
bouddhiste Nagarjuna, qui aurait vécu au I I ~siècle après Jésus-Christ, mais
dont l'association avec ces lieux est purement légendaire. Elle se nommait à
l'origine Vijayapuri et devint, pendant le deuxième quart du I I I ~siècle, la capi-
tale de la dynastie Ikshvaku, conquérants et successeurs des Satavahanas qui
avaient régné sur la région et bien au-delà, pendant plusieurs siècles. Ce sont les
Satavahanas qui firent ériger le grand stoupa d'Amaravati et l'ornèrent de
magnifiques pierres sculptées, de l'an I Z J à l'an 240 aprts Jésus-Christ. Ce
stoupa est situé à 176 kilomètres de Nagarjunakonda, un peu en aval sur la
Le Musée de Nagarjunakonda 103
114
NAGARJUNAKONDA MUSEUM,
Nagarjunakonda. Plaque de revctement
d'un tambour de stoupa, où sont
représentés les Cléments de la décoration
du stoupa dont provient la plaque. Le
sculpteur a représenté en haut de la plaque
le stoupa avec un tambour vertical contre
lequel est placée aux quatre points
cardinaux une plate-forme ayaka surmontée
des cinq piliers caracttristiques des stoupas
de la région. Sur le tambour s'élève le
dóme du stoupa, revêtu d'autres plaques
de pierre sculptte. La paroi en pente qui
surmonte ces plaques et les diverses frises
de pierre sont ornées de guirlandes,
festons, mtdaillons, etc., en stuc. Tout en
haut se trouve le harmika, sorte de
plate-forme couronnée par une
représentation stylisée de parasol, qui
servait parfois de reliquaire. Les
personnages volants qui remplissent les
écoinçons sont des adorateurs apportant
des offrandes. Au bas de la plaque est
représentée la balustrade délimitant le
déambulatoire, qu'on suivait pour faire le
tour du stoupa dans le sens des aiguilles
d'une montre. La balustrade est percée
d'une porte encadrée des dieux assis.
A l'extérieur de la balustrade se dressaient
parfois des piliers surmontés d'un
emblème bouddhique comme celui qu'on
voit ici. La statue du bouddha assis paraît
etre simplement un motif décoratif. Les
objets exposés au musée sont des parties
de ces divers éltments en pierre sculptée
du stoupa, des fragments architecturaux de
portes de monastkres, quelques statues et
des inscriptions.
édifia un petit musée sur une colline de faible altitude dominant la vallée pour Nagarjunakonda, Madras Presidency )), lzIemoires of
the ,4rrhaeological Siirisey of Ilidia (Calcutta), no j4, 1938.
p abriter les nombreuses pierres sculptées qu'on avait découvertes. I1 restait 4. T. N. R,4hfACHANDRAN, (( Nagarjunakonda,
1938 n, Alenloires of the .4rchaeolg~icaical Sriruey of Itzdiu
encore beaucoup à faire pour découvrir d'autres vestiges bouddhiques, des (Calcutta), 1956.
I04 Grace McCann Morley
k '1'
II rb
III
Nagarjunakonda. Monuments reconstruits
sur l'île. u) Vestiges de l'abside d'un
temple et statue du bouddha. b) Le
Mahachaitaya (grand stoupa). Le plus
ancien des monuments avec plate-forme
ayaka et fragments de colonnes, mais ne
portant pas de sculptures. Ce stoupa de
27,5 mètres de diamètre a ttt: construit en
une vingtaine d'années sous le patronage de
Chamtasri, sœur bouddhiste du roi
vichnouiste Chantamula. c) Enceinte
entourant un stoupa.
IIJC
paléolithique fabriqués il p a presque deux cent mille ans, des lieux de peuple-
ment et de sépulture néolithique, des ustensiles en poterie grise, de nombreux
récipients à bec datant de 3 o00 ans avant Jésus-Christ, jusqu’à des sépultures
mégalithiques avec leurs poteries noir et rouge et leurs objets de fer, et même
des bijoux d’or datant de la deuxième moitié du Ier millénaire avant Jésus-
Christ. Ce furent toutefois le vaste site bouddhiste et les ruines d’Ilrshvaku, la
capitale, fondée dans le deuxième quart du I I I ~siècle, qui retinrent surtout
l’attention. On fut renseigné sur cette cité par les ruines de la citadelle, par des
bassins amquels on accédait par des gradins, des puits, des citernes, un sys-
teme d’égouts, le plan de la ville avec ses maisons en moellons cimentés avec
de la boue. L’atelier d’un orfèvre et d‘autres artisans, quelques temples hindous
apparemment dépourvus de sculptures. Mais c’est sur le site bouddhiste que
l’on découvrit les vestiges les plus importants. Certains stoupas, comme le
grand stoupa d’Amaravati, étaient ornés de plaques de pierre richement sculp-
tées, dont la forme et la dimension variaient selon leur emplacement sur le
monument. L‘usage auquel servaient les stoupas est révélé par leur représen-
tation sur de nombreuses plaques de pierre entourant leur tambour. Cependant,
tous les stoupas n’étaient pas ainsi ornés. Le plus ancien, appelé le Mahachaitya,
dans lequel on a trouvé une relique, ne portait pas de sculptures. A part cela,
il était construit sur le méme plan que celui d’Amaravati et de nombreux stou-
pas de l’Inde méridionale qui existent encore : ils ont tous la m&meplate-forme
saillante aux quatre points cardinaux, surmontée de cinq piliers.
Contrairement à celui $Amaravati, les stoupas de Nagarjunakonda ne
semblent pas avoir eu de balustrades de pierre sculptée, bien que sur leurs
plaques de revêtement, comme sur celles d’Amaravati, figurent des balustrades
qu’on pensait peut-être ajouter plus tard (fig. 114). A d‘autres égards, ce type
de plaques de revêtement et maints autres fragments architecturaux ressemblent
beaucoup, par le sujet représenté et par le décor, à ceux d‘Amaravati, dont ils
semblent prolonger l‘art sculptural dans sa dernière période.
Le fond de la vallée, les collines et les hautes rives surplombant le lit de la
rivikre, qui avaient été creusés profondément au cours des millénaires et allaient
étre submergés une fois le barrage terminé, furent explorés minutieusement.
La tâche la plus difficile consista à démonter les monuments, à les transporter
pierre par pierre dans des lieux sûrs où l’eau ne les atteindrait pas, et à les
reconstituer ensuite. Certains monuments intéressants, mais moins étroitement
associés aux principaux stoupas et vestiges de monastères, furent installés sur
les collines de la rive est du réservoir. Neuf des plus typiques et des plus impor-
tants, en tant que témoignages de la vie et de l’art bouddhiques, furent trans-
plantés (fig. I I J a, b, c) sur une colline isolée dominant le fond de la vallée et
qui, après la construction du barrage et la mise en eau du réservoir, devint une
116
II6
NAGARJUNAKONDA MUSEUM,
Nagarjunakonda. Vue d’ensemble du
nouveau bjtiment inauguré en 1966 au
sommet de la colline. Du fait de la
formation du Nagarjuna Sagar (Sagar =
mer ou grande nappe d’eau), à la suite de
la construction d‘un barrage sur la rivikre
de Krishna, la colline est devenue une íle.
L’aspect du musée rappelle les formes
architecturales des palais et des portes
monumcntales de ville de l’tpoque, telles
qu’on les voit sur les sculptures de
Nagarjunakonda.
I 06 Grace McCann Morley
-___
'17
NAGARJUNAKONDA MUSEUM,
Nagarjunakonda. Hall d'entrée.
a) Vue d'ensemble. Les murs des salles
sont peints en rose pâle, sur lequel se
détache la teinte verdâtre des sculptures en
calcaire. Les pikdestaux et les socles des
vitrines sont en teck poli brun foncé,
matériau utilisé dans les musées indiens
à cause de sa solidité et de sa résistance aux
attaques des insectes. Au milieu, sur un
piédestal rond et bas, un bouddha debout
et une dalle du type pierre de lune qui
fermait le seuil d'un temple. Le long des
murs, de chaque côté, des fragments de
frises. Au fond à gauche, vitrines d'objets
préhistoriques. 6) Coin gauche au fond :
vitrines où sont riunis des outils en pierre
datant de diverses époques prkhistoriques,
avec des notices indiquant leur emploi.
rr8
NAGAR JUNAKONDA MUSEUM,
Nagarjunakonda. Galerie principale : du
fond de la travée centrale, on aperçoit à
l'extrémité opposée le bouddha du hall
d'entrée auquel cette galerie est
perpendiculaire. Fragments de statues
représentant sans doute le bouddha.
Au deuxième plan, sur un piédestal, un
parasol qui abritait à l'origine un bouddha.
Des vitrines contenant des pikces plus
petites sont placées autour des piliers ou
entre eux.
119
NAGARJUNAICONDA MUSEUM,
Nagarjunakonda. Galerie de l'est, travée
latérale : grande jarre en terre cuite sur
piédestal ; contre le mur, tambour de
stoupa et plaques de revstement de dôme.
Le Musée de Nagarjunalsonda 107
île (fig. 119). Là aussi, on construisit un grand musée qui a été inauguré en
1966 (fig. 116). Son aménagement intérieur dans lequel la teinte verdâtre des
grandes plaques de pierre sculptées se détache sur un fond rose pâle offre un
remarquable exemple de technique muséologique moderne, tant du point de
vue esthétique que du point de vue didactique (fig. 117-119). L'île tout entière
est ainsi devenue musée de plein air où sont présentés des monuments typiques,
bien sélectionnés, portant des étiquettes explicatives très détaillées. AU centre
s'élève le grand musée, qui abrite les plaques sculptées des stoupas et plusieurs
centaines d'autres pièces, depuis des objets de l'ère préhistorique jusqu'à des
images sculptées hindoues et djaïnes de la période médiévale.
Le musée a été c o n p pour servir d'introduction aux monuments et il est
pourvu d'inscriptions, de graphiques, de diagrammes, de photos, de dessins,
et même d'assemblages de fragments disposés de fason à bien montrer la place
qu'ils occupaient à l'origine sur les monuments. Une petite salle du musée
contient une maquette à l'échelle de six mètres de long (I centimètre = 960
mètres) représentant la vallée et ses environs et indiquant l'emplacement topogra-
phique de quelque cent vingt sites m i s au jour. Autour de cette grande maquette
gravitent cinquante petites maquettes des -principaux monuments 5 (fig. 12 I ) .
I20
NAGARJUNAKONDA MUSEUM,
Nagarjunakonda. Maquette des
monuments situés près du musée.
Le musée en action ))
<(
y la BatstUa de fa €on&
Dans cette perspective, le Musée national d'histoire naturelle de Santiago
t (Chili) a organisé un stage d'initiation à la science destiné aux adultes. Ce stage AUSPIC1AN
a rassemblé, après leur journée de travail, une dizaine de personnes, pour la
plupart ouvriers et ménagères. Quatre thèmes avaient été retenus : d'abord,
I donner un aperçu général du musée, de ses salles d'exposition, ateliers et labo-
III
ratoires afin de montrer que le musée est un service de la communauté auquel &fUSEO L HISTORIA
N A C I O N A DE NATUnAL,
on peut recourir lorsqu'on le désire, ce qui permettait de répondre à la ques- Santiago (Chile). Affiche annonpnt le
premier cours d'étC pour travailleurs sur
tion inévitable: que fait toute la journée le personnel d'un musée? Sous le les ressources naturelles renouvelables et la
L
titre (( Un monde dans une goutte d'eau)), le deuxième thème consistait à faire lutte pour l'édification du Chili.
observer au microscope une goutte d'eau du robinet et une autre provenant
d'un petit bassin situé en face du musée. C'était la première fois que les parti-
cipants se servaient d'un microscope. Cette expérience nouvelle se doublait,
pour eux, d'une autre découverte : la goutte d'eau apparemment transparente
du bassin était pleine d'organismes vivants dont ils n'avaient jamais soupsonnk
l'existence. Spontanément, ils décidèrent de faire désormais bouillir toute eau
qui ne proviendrait pas du robinet, parce qu'ils avaient compris pourquoi les
médecins et les responsables de la santé publique insistaient tant sur ce point.
Cette simple expérience avait permis de leur communiquer la (( technique de
l'eau bouillie n et de la leur faire adopter. Le troisième thème portait sur les I. Cette necessitt a ,ongucment discutee au couIs
champignons ; 1; encore, grande fut la surprise des stagiaires en constatant, de la table ronde dc I'Unesco sur l'adaptation des
mnstes au monde contsmporain (Santiago, Chili,
au microscope, que la levure d'usage domestique n'est qu'un champignon. De mai 197+).
IIO Grete Motsny
même, ce qu’ils considéraient comme une petite tache grise inoffensive dans le
pain se trouvait être un champignon, la moisissure, dangereux pour la santé.
La transformation de l’image d’objets et de substances de leur vie quotidienne
éveilla leur intérêt et leur curiosité et ils voulurent savoir ce qu’il en était du
sucre, de cheveux, de produits détersifs, qu’ils apportèrent pour les regarder
et les admirer à travers l’objectif magique. Ils arrivèrent ainsi à la dernière séance
avec un esprit ouvert, et pénétrés de l’idée que la science avait aussi un message
pour des gens sans grande instruction comme e u ; car on ne leur avait pas
demandé s’ils savaient lire et écrire avant de les placer devant le microscope.
La nécessité de protéger les ressources naturelles renouvelables et la pollution
atmosphérique, dont ils avaient déjà entendu parler, formaient le thème de cette
dernière séance. Ces gens modestes auxquels s’adressait ce stage très simple
ont non seulement manifesté leur satisfaction, mais ils ont demandé à être
convoqués pour le prochain.
Une expérjence analogue a été faite à l’occasion du cours d’été pour travail-
leurs que le musée a organisé en collaboration avec l’Université technique de
l’État (fig. 121). Pendant ce cours, qui portait sur les ressources naturelles, les
122
MUSEO DE HISTORIA
NACIONAL NATURAL,
Santiago (Chile). a) Une petite exposition
réalisée avec des moyens trts simples par
le groupe de professeurs-guides du Musée
national d‘histoire naturelle à l’occasion de
la IIIe Conférence des Nations Unies sur le
commerce et le dCveloppement (CNUCED)
a attiré un nombreux public ;
en outre, une brochure fournissait aux
visiteurs des renseignements de base sur la
IIIe CNUCED. b) L’un des montages de
matériel graphique consacrés à la
IIIe CNUCED. Les illustrations avaient
été découpées dans d’anciens numéros de
périodiques et les légendes étaient écrites à
la main. c) Carte du monde montrant la
situation géographique des pays
participants ; on peut y voir le drapeau de
chacun d‘eux et des données de base le
concernant.
I22b I22 G
Les musées et les problèmes de la vie quotidienne III
participants ont visité divers lieux afin qu’ils puissent constater personnelle- 123
M U S E O N.4CIONAL DE HISTORIA
NATURAL,
ment les atteintes portées à la nature par l‘intervention inconsidérée de I’homme. Santiago (Chile). Vitrine contenant des
Une autre initiative du musée s’est déroulée à la campagne, non loin de la outils préhistoriques de pierre ; à côté de
chaque pike, on a reprksenté par un dessin
capitale. Il s’agissait - à la demande de paysans - de leur indiquer les noms l’outil moderne correspondant, ce qui
des éléments composant la flore et la faune qui les entouraient ;à cette occasion établit un lien entre la vie prkhistorique
et la vie quotidienne d’aujourd‘hui.
furent aussi élaborées des règles simples sur des questions présentant pour eux 124
un intérêt pratique. HISTORIA
hILlSE0 N . ~ C I O N A LDE NATURAL,
Santiago (Chile). hlallettes scientifiques
I1 y a quelques mois, au moment où devait se réunir à Santiago la IIIe Confé- consacrées à divers sujets. Elles contiennent
rence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la du matériel didactique confectionné par
des muséologues formés au Centre national
population tout entière, mise au courant par les moyens d‘information du grand de muséologie pour etre preté aux écoles et
public, s’est intéressée à cet événement; pour répondre à de nombreuses coIlèges.
demandes et interrogations, le Service éducatif du musée organisa une petite
exposition dont le but était de préciser la signification du sigIe CNUCED, où
avaient eu lieu les deux précédentes réunions, quels en étaient les objectifs, ce
que représentait le tiers monde, etc. (fig. 122 a , b, c) ; outre cette illustration
sous forme graphique du thème de l’exposition, une brochure contenant les
principales informations sur la question fut remise aux visiteurs. Enfants et
adultes se pressaient devant les vitrines et la mappemonde et le musée tout
entier résonnait des conversations animées de petits groupes qui discutaient -
en experts - de la IIIe Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement.
Ces quelques exemples montrent comment un musée, quel qu’il soit, peut
s’intégrer à la vie de la communauté, non seulement dans des circonstances
particulières, mais à propos des problèmes de la vie quotidienne qui, en fin
de compte, sont ceux qui préoccupent le plus la population (fig. 123, 124) ;
comment un musée peut donner à son public, surtout aux couches de la popu-
lation les moins favorisées, l’impression réconfortante qu’elles participent elles
aussi au développement culturel, scientifique et technique de la société, en
éveillant leur intérêt et leur curiosité, en leur transmettant des connaissances et,
grâce à ces connaissances, une plus grande assurance et l’optimisme indispen-
sable pour mener une vie active et satisfaisante. Le musée peut donner à la
population l’espoir d‘accéder elle aussi, dans l’avenir, aux avantages de la
technologie dont jouissent les pays développés et les couches favorisées des
pays en voie de développement. C‘est ainsi que se constitue la base humaine
dont dépend l’adaptation des techniques nouvelles.
Et c’est ainsi également que le musée peut se rendre indispensable, susciter
des inquiétudes légitimes par le biais de l’interprétation de l’environnement
naturel et culturel, se présenter au public comme une institution au sein de
laquelle celui-ci sait qu’il trouvera l’appui dont il a besoin et un accueil véri-
tablement amical.
[Tradziit de I’espapol]
* II2
Conclusion
Jan Jelinek Une vue rétrospective de l’évolution des musées montre que ceux-ci n’utilisent
pleinement toutes leurs possibilités d’action que lorsqu’ils participent réelle-
ment aux grands problèmes actuels de la vie de la société. On trouve de mul-
tiples exemples de ce fait : à la suite de la diffusion de l’instruction dans la
population tout entière, fruit de la Révolution fransaise, les musées se sont
développés comme centres du renouveau national, institutions d‘éducation,
lieux de création et de culture pour la jeunesse, centres de documentation, etc.
Les musées sont des institutions au service de la société et ce n’est qu’ainsi qu’ils
peuvent continuer d‘exister et d’agir.
L’un des problèmes contemporains les plus importants et qui, faute d‘une
action urgente, pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour l’huma-
nité tout entière est celui de l’écologie, ou plus généralement des relations
entre des diverses communautés, ainsi qu’à l’intérieur de chacune d‘entre elles.
Je veux dire par là qu’il ne s’agit pas seulement des relations entre communau-
tés biologiques mais aussi de celles qui s’établissent à l’intérieur de la société
humaine, en fonction de I’évolution de la culture et de la civilisation. Dans ses
rapports avec le milieu naturel qui l’entoure, l’homme a adopté, tout au long
de son évolution, ún comportement d‘ccexploiteur~ à courte vue, dont
témoignent son attitude hostile, anthropocentrique, et son incompréhension
de sa dépendance à l’égard de l’équilibre naturel régnant dans son milieu. Alors
mème qu’il continue à dépendre pour une part, biologiquement et culturelle-
ment, du milieu naturel, il s’ingénie à créer lui-mème, artificiellement, un milieu
culturel dont il dépend également, biologiquement et culturellement.
Le problème est donc devenu plus vaste et plus complexe, dans la mesure
où le milieu de vie se compose aujourd’hui tout à la fois du milieu naturel et
du milieu culturel, avec les multiples conséquences qui en découlent. L’expres-
sion (c écologie humaine N parfois employée n’est certainement pas la plus
adéquate, car elle conduit à faire des activités humaines des phénomènes physio-
logiques, alors qu’elles ne sont évidemment pas un simple reflet des processus
biologiques. Elles sont aussi et pour une large part le résultat de l’évolution
culturelle et technologique de l’homme : en tant que telles, l’homme peut s’en
rendre maître et les réglementer, à la condition qu’il comprenne leur nature
et leurs causes. Une approche exclusivement << physiologique )> du problème
pourrait facilement conduire à l’idée erronée que l’homme est placé en présence
de forces qu’il est incapable d’orienter et de maîtriser, à la merci desquelles il
est donc fatalement livré et qui pourraient éventuellement mettre un terme
catastrophique à son existence. Certes ce risque existe, mais il n’est pas inéluc-
table. L’immense faculté d’adaptation de l’homme, qui assure la continuité de
son évolution, ne s’applique évidemment pas uniquement à son milieu naturel
régional, mais aussi à celui qu’il a créé lui-même. S’il en était autrement,
l’homme n’aurait pu atteindre son stade actuel d’évolution, il n’aurait pu passer
de son état premier d‘Homo erectmy qui découvrait les avantages du feu, la
possibilité de s’abriter et la protection du groupe, à la société actuelle avec
tous ses problèmes. C‘est seulement dans le cas où l’homme ne pourrait s’adap-
ter aux effets divers de sa propre activité -c’est-à-dire à son milieu culturel qui
joue également un rôle biologique dans son évolution actuelle - qu’il se
trouverait dans la situation du brontosaure, incapable de s’adapter biologique-
ment au changement de son milieu naturel. Mais nous n’en sommes pas encore
là. Le fait même de discerner cette situation et d’en prendre conscience nous
permet d’adopter des mesures correctives.
Conclusion 113
Appréciation de la situation
L'homme a détérioré et continue de détériorer son milieu naturel: il empoi-
sonne l'atmosphère par des gaz, des fumées, des goudrons, voire par des radia-
tions ;il ébranle son propre système nerveux par des bruits artificiels ; il pollue
et empoisonne les eaux, potables ou utilitaires, et les rivières qu'il transforme
en égouts. On a maintes fois décrit les conséquences de la pollution des lacs et
des océans. I1 ne s'agit pas seulement des conséquences économiques directes,
qui sont considérables, mais aussi des effets sur le psychisme et le système
nerveux. La pollution de l'atmosphère, des eaux et des mers peut être maltrisée
par diverses mesures techniques, par une réglementation de la production, par
la législation et aussi, bien entendu, par l'éducation. Sans un effort d'éducation,
aucune des mesures prises n'aurait de sens.
L'exploitation inconsidérée des sources de matières premières non renou-
velables peut elle aussi être endiguée par une réglementation : il faut avant tout
instaurer une économie rationnelle et freiner la course au profit ;il faut enrayer ,
Les conséquences
Toute activité humaine irréfléchie a des conséquences multiples et diverses.
Ce qui nous préoccupe ici, ce sont les atteintes à la santé des hommes, atteintes
qui pourraient entraîner une liquidation définitive de la race humaine. I1 faudrait
énumérer ici toute la gamme de ces atteintes, depuis les troubles causés aux
individus, qui sont souvent d'origine professionnelle, jusqu'à l'empoisonne-
ment massif par les déchets industriels ou les retombées atomiques, en passant
par la consommation croissante de médicaments. De plus, le viol des lois de la
nature, la mauvaise organisation de la grande production industrielle comme
de toutes nos activités affament ou appauvrissent des individus, des groupes,
des populations entières. Dès lors, des questions se posent. Quel est le prix
de la pollution, de la destruction du milieu naturel et du milieu de vie, d'une
production irréfléchie et inconsidérée, de la guerre, mode de destruction le
plus important et le plus radical du milieu de vie?
Le seul moyen efficace de lutte est l'éducation qui fait prendre aux hommes
conscience de ces problèmes et leur apprend à assumer leurs responsabilités,
qui permet la constitution d'une opinion publique, instrument le plus puissant
et base la plus sûre d'un redressement de la situation.
1I 4 Conclusion
Moyens qui s'offrent aux musées, devant l'expansion rapide de plus exactement ceux d'entre eux qui, associés à des musées, par-
la civilisation industrielle, d'aider à préserver l'héritage naturel tagent des préoccupations, des habitudes de travail, ont en
et culturel de l'humanité : commun la charge de conserver des biens, d'éduquer et d'orien-
On assiste de notre temps à l'expansion sans cesse accélérée du ter un public. L'Icom a en outre vocation de favoriser entre
machinisme. I1 n'est pas question, certes, d'en nier les bienfaits. pays à des stades de développement divers, à l'aide du puissant
Mais ses progrès, d'autre part, mettent en péril un irremplaçable levier qu'est le musée, des échanges d'intérêt mutuel.
patrimoine de nature et de culture, nécessaire à l'kquilibre et au Les occasions doivent donc être saisies de convier de tels
bonheur de l'homme. experts à confronter leurs expériences et leurs aspirations, àaider
La mise en valeur des terrains en friche, l'application d'engins à la recherche des solutions à proposer aux pouvoirs publics,
mécaniques à l'exploitation des richesses du sol, à la peche, à la solutions auxquelles ils habitueront l'opinion de leurs pays
chasse, à l'agriculture, à l'élevage, à la circulation, l'ouverture respectifs. Ils pourront ensuite contribuer à leur application
de routes et de canaux, l'aménagement du lit des fleuves, la cons- dans un esprit de coopération, après avoir pu en proclamer,
truction de grands ouvrages et d'usines, l'extension des villes unanimes, la ntcessité du haut de la tribune de l'Icom.
bouleversent les équilibres naturels, polluent les airs et les eaux, 1.6 Un colloque sera organisé à ce sujet par l'Icom, auquel seront
réduisent le précieux empire de la nature sauvage et en dimi- conviés des experts des musées venus de divers pays, représen-
nuent les chances d'étude. tatifs des principales disciplines intéressées : experts auxquels
Les mêmes causes entraînent la destruction des gisements seront invités à se joindre des représentants d'autres organisa-
archéologiques - avant que des fouilles stratigraphiques aient tions internationales et, bien entendu, de l'Unesco et de son
permis d'en réaliser l'étude et d'en recueillir les témoins - la Comité des monuments ainsi que du Centre de Rome et de la
destruction ou la mutilation d'édifices ruraux ou urbains, de vil- Campagne pour la sauvegarde des monuments de Nubie.
lages ou de quartiers de ville, la destruction ou le déracinement 1.7 Vu la complexité des préparatifs à prévoir, le colloque se dérou-
d'innombrables éléments mobiliers, témoins des techniques et lera en 1965, le lieu en serait déterminé, au plus tard, lors de la
des arts antérieurs à l'ère industrielle. Des cultures disparaissent session de juillet 1963 du Comité exécutif de 1'Icom. Un crédit
avec l'éclatement des systèmes économíques et sociaux qui de base d'un montant de 3 o00 dollars sera inscrità cet effet dans
étaient la condition de leur existence. Il arrive même que le budget de 1365.Des ressources supplémentairessont escomp-
périssent des groupes humains, victimes d'une aveugle et trop tées du pays hóte et aussi d'organisations nationales dont on
soudaine acculturation. Que de pertes pour les sciences sait déjà qu'elles ont un préjugé favorable à l'égard du projet.
humaines telles que l'histoire de l'art, l'histoire, l'archéologie, Ainsi, somme toute, l'objectif est-il à la fois modeste et ambi-
l'ethnologie! Que de frustrations, que de malheurs pour tieux : convier à une rtflexion commune quelques hommes qua-
l'homme! lifiés et de bonne volontk pour déclencher, on l'espère, l'Unesco
La nécessité apparaît de plus en plus d'une politique de contrôle aidant, de plus puissantes actions. Procédure qu'encouragent de
et de protection concernant ces domaines. Dans cette (( part du précédentes et heureuses expériences.
feu)) qu'il faut se résigner à prévoir, comment imposer, à
l'avance et à temps, l'étude et les sauvetages indispensables ?
Oh et comment dresser l'infranchissable barrière, protectrice
des réserves sacrées ?
Pour atteindre de tels buts, une coopération s'impose, sous
l'égide des pouvoirs publics ; une compréhension doit être
recherchée entre représentants des diverses disciplines scienti-
fiques intéressées, et les équipes d'agronomes, d'ingénieurs,
d'urbanistes, d'architectes, de juristes, etc., que groupent les
services publics ou compagnies industrielles responsables de la
conception et de la mise en œuvre des programmes économiques
et techniques. I1 faut aussi saisir l'opinion. Or l'Icom - qu'on
n'oublie pas d'ailleurs la brillante participation des musées
scientifiques et techniques à son développement - rassemble
des experts qualifiés de la plupart de ces disciplines. I1 rassemble
La grande Conférence des Nations Unies sur l'environnement s'est prendre position dans les rapports nationaux qu'ils ont présent& à la
tenue à Stockholm du 5 au 16 juin 1972.Outre les 114 délégations conférence. La très large publicité qui a entouré les travaux a évidem-
gouvernementales participantes, 300 représentants d'organisations ment contribué à attirer l'attention du grand public sur ces problkmes,
non gouvernementales et plus de I loo représentants de la presse, tandis que le vif intérst manifest6 par les moyens de communication
de la radio et de la télévision ont suivi les travaux de la conférence. de masse, l'homme de la rue, les diverses organisations, etc., contri-
La préparation a dure deux ans, pendant lesquels les gouvernements buait nécessairement à persuader les délégués et les responsables que
participants ont établi des rapports sur les problèmes et les activités la prise en charge des problèmes de l'environnement à l'échelon inter-
liés à l'environnement dans leurs pays respectifs et une commission national était considérée comme un événement majeur par l'ensemble
préparatoire, dont les membres venaient de 27 pays différents, a ras- de la société.
semblé les rapports et les comptes rendus d'expériences avec l'aide Les (( confkrences parallbles )) organisées à Stockholm pendant la
de spécialistes de la protection de la nature appartenant à différentes meme période ont eu des effets analogues. La plus importante était
parties du monde. De ce travail préparatoire sont issues plus de peut-être le Forum sur l'environnement, où ont eu lieu des discus-
I 00 propositions de recommandations, réparties en six grands sions animées, portant principalement sur les problèmes des pays en
domaines : I. Aménagement et gestion des établissements humains ; voie de développement, la population mondiale et la protection de la
2. Gestion des ressources naturelles du point de vue de l'environne- faune et de la flore. Des débats, des projections de films et des confé-
ment ;3. Détermination des polluants d'importance internationale et rences ont également été organisés sur ces sujets dans le cadre du
lutte contre ces polluants ; 4.Aspects éducatifs, sociaux et culturels Forum populaire, patronné par diverses associations politiques et
de l'environnement et problème de l'information ; 5 . Dkveloppement groupes de protection de la nature.
et environnement ; 6. Conséquences internationales et institution- I1 n'est évidemment pas facile de dire à l'avance quels seront exac-
nelles des mesures proposkes. Les recommandations adressées aux tement les effets de la conférence. I1 faut remarquer qu'elle n'a pas
Nations Unies, aux gouvernements et à d'autres organismes ont été seulement abouti à des résolutions et à des recommandations sur la
élaborées dans trois commissions séparées avant d'être discutées et politique à suivre en matière d'environnement, mais qu'elle a pro-
adoptées en séance plénibre. Pendant toute la conférence, on a tra- posé de créer, dans le cadre des Nations Unies, une organisation
vaillé aussi àla rédaction définitive de la Déclaration sur l'environne- permanente - un conseil d'administration des programmes relatifs
ment, qui a été examinée le dernier jour en séance plénibre et qui est à l'environnement - et donné des indications sur la façon dont le
reproduite ci-aprks. travail de ce nouvel organisme pourrait être coordonné avec les
On a beaucoup discuté sur la valeur de cette conférence et des autres activités des Nations Unies.
opinions très divergentes ont été exprimées. Les partisans les plus Cependant, les résultats réels de tous ces efforts dépendront de la
ardents et les plus radicaux de la protection de la nature ont trouvk volonté de chaque gouvernement d'agir dans le sens indiqué par la
les recommandations et les résolutions beaucoup trop vagues et pas conférence. Les particuliers, les organisations et les établissements
assez contraignantes. Ils ont aussi fait remarquer que bien des peuvent jouer un rôle important à cet égard. En empèchant la dis-
problèmes brûlants n'avaient mSme pas été effleurés. On ne pouvait cussion de retomber et en faisant un travail d'information et d'édu-
cependant pas attendre de cette conférence, la premiere du genre, cation à l'égard des problbmes de l'environnement, ils contribueront
qu'elle apportit des solutions aux problkmes extrèmement nombreux à accroître la pression de l'opinion publique sur les hommes poli-
et complexes que soulève actuellement l'environnement. Le simple tiques et à favoriser ainsi l'adoption de mesures de protection de la
fait qu'elle ait pu avoir lieu constituait un premier résultat positif, car nature plus efficaces et mieux coordonnées.
cela a obligé tous les gouvernements participants à faire l'inventaire
des problkmes que pose, dans leur pays, la protection de la nature et à KJELLENGSTRÖM
vés du nécessaire en ce qui concerne l'alimentation, le vktement, le 3 . La capacité du globe de produire des ressources renouvelables
logement, l'éducation, la santé et l'hygiène. En conséquence, les essentielles doit être préservée et, partout où cela est possible, rétablie
pays en voie de développement doivent orienter leurs efforts vers le ou améliorée.
développement, en tenant compte de leurs priorités et de la nécessité 4. L'homme a une responsabilité particulière dans la sauvegarde
de préserver et d'améliorer l'environnement. Dans les pays industria- et la sage gestion du patrimoine constitué par la flore et la faune
lisés, les problèmes de l'environnement sont généralement liés à sauvages et leur habitat, qui sont aujourd'hui gravement menacés
l'industrialisation et au développement des techniques. Dans le par un concours de facteurs défavorables. La conservation de la
même but, les pays industrialisés doivent s'efforcer de réduire l'éart nature, et notamment de la flore et de la faune sauvages, doit donc
entre eux et les pays en voie de développement. tenir une place importante dans la planification pour le développe-
5 . L'augmentation naturelle de la population pose sans cesse de ment économique.
nouveaux problèmes pour la préservation de l'environnement et il 5 . Les ressources non renouvelables du globe doivent être exploi-
faudrait adopter, selon que de besoin, des politiques et des mesures tées de telle façon qu'elles ne risquent pas de s'épuiser et que les avan-
appropriées pour régler ces problèmes. Les hommes sont ce qu'il y a tages retirés de leur utilisation soient partagés par toute l'humanité.
de plus précieux au monde. C'est le peuple qui anime le progrks 6. Les rejets de matières toxiques ou d'autres matières et les déga-
social et crée la richesse de la société, qui développe la science et la gements de chaleur en des quantités ou sous des concentrations telles
technique et, par son dur travail, transforme sans cesse l'environne- que l'environnement ne puisse plus en neutraliser les effets doivent
ment. Avec le progrès social et l'évolution de la production, de la être interrompus de façon à éviter que les écosystèmes ne subissent
science et de la technique, l'aptitude de l'homme à améliorer son des dommages graves ou irréversibles. La lutte légitime des peuples
environnement se renforce chaque jour. de tous les pays contre la pollution doit être encouragée.
6. Nous sommes à un moment de l'histoire où nous devons orien- 7. Les Rtats devront prendre toutes les mesures possibles pour
ter nos actions dans le monde entier en songeant davantage à leurs empècher la pollution des mers par des substances qui risquent de
répercussions sur l'environnement. Nous pouvons, par ignorance ou mettre en danger la santé de l'homme, de nuire aux ressources bio-
par négligence, causer des dommages considCrables et irréversibles à logiques et à la vie des organismesmarins, de porter atteinte aux agré-
l'environnement terrestre dont dépendent notre vie et notre bien- ments naturels ou de nuire A d'autres utilisations légitimes de la mer.
ètre. En revanche, en approfondissant nos connaissances et en agis- 8. Le développement économique et social est indispensable si l'on
sant plus sagement, nous pouvons assurer, à nous-mêmes et à notre veut assurer un environnement propice àl'existence et au travail de
postérité, des conditions de vie meilleures dans un environnement l'homme et créer sur la terre des conditions nécessaires à l'améliota-
mieux adapté aux besoins et aux aspirations de l'humanité. I1 existe tion de la qualité de la vie.
de larges perspectives pour l'amélioration de la qualité de l'environ- 9. Les déficiences de l'environnement imputables à des conditions
nement et la création d'une vie heureuse. I1 faut de l'enthousiasme, de sous-développement et à des catastrophes naturelles posent des
mais aussi du sang-froid ; des efforts intenses, mais aussi une action problèmes graves, et le meilleur moyen d'y remédier est d'accélérer
ordonnée. Pour jouir librement des bienfaits de la nature, l'homme le développement par le transfert d'une aide financière et technique
doit tirer parti de ses connaissances en vue de créer, en coopération substantielle pour compléter l'effort national des pays en voie de
avec elle, un environnement meilleur. Défendre et améliorer l'envi- développement et l'assistance fournie en tant que de besoin.
ronnement pour les générations présentes et à venir est devenu pour IO. Pour les pays en voie de développement, la stabilité des prix
l'humanité un objectif primordial, une tâche dont il faudra coordon- et une rémunération adéquate pour les produits de base et les matières
ner et harmoniser la réalisation avec celle des objectifs fondamentaux premières sont essentielles pour la gestion de l'environnement, les
déjà fixés de paix et de développement économique et social dans le facteurs économiques devant être retenus au même titre que les pro-
monde entier. cessus écologiques.
7. Pour que ce but puisse être atteint, il faudra que tous, citoyens et I I. Les politiques nationales d'environnement devraient renforcer
collectivités, entreprises et institutions, à quelque niveau que ce soit, le potentiel de progrks actuel et futur des pays en voie de développe-
assument leurs responsabilités et se partagent équitablement les ment, et non l'affaiblir ou faire obstacle à l'instauration de meilleures
tâches. Les hommes de toutes conditions et les organisations les plus conditions de vie pour tous. Les fitats et les organisations interna-
diverses peuvent, par les valeurs qu'ils admettent et par l'ensemble tionales devraient prendre les mesures voulues pour s'entendre sur
de leurs actes, déterminer l'environnement de demain. Les autorités les moyens de parer aux conséquences économiques que peut avoir,
locales et les gouvernements auront la responsabilité principale des au niveau national et international, l'application de mesures de pro-
politiques et de l'action à mener en matière d'environnement dans les tection de l'environnement.
limites de leur juridiction. Une coopération internationale n'est pas 12. Il faudrait dégager des ressources pour préserver et améliorer
moins nécessaire pour réunir les ressources nécessaires afin d'aider l'environnement, compte tenu de la situation et des besoins parti-
les pays en voie de développement à s'acquitter de leurs responsabi- culiers des pays en voie de développement et des dépenses que peut
lités dans ce domaine. Un nombre toujours plus élevé de problèmes entrainer l'intégration de mesures de préservation de l'environne-
d'environnement, de portée régionale ou mondiale ou touchant au ment dans la planification de leur développement, et aussi de la néces-
domaine international commun, exigeront une coopération étendue sité de mettre à leur disposition à cette fin, sur leur demande, une
entre les pays et une action de la part des organisations internatio- assistance internationale supplémentaire, aussi bien technique que
nales dans l'intérèt de tous. La Conférence demande aux gouverne- financière.
ments et aux peuples d'unir leurs efforts pour préserver et améliorer I 3. Afin de rationaliser la gestion des ressources et ainsi d'améiio-
l'environnement, dans l'intérêt des peuples et des générations futures. rer l'environnement, les &ats devraient adopter une conception inté-
grée et coordonnée de leur planification du développement, de façon
que leur développement soit compatible avec la nécessité de protéger
et d'améliorer l'environnement dans l'intérêt de leur population.
PRINCIPES
14.Une planification rationnelle est un instrument essentiel si l'on
Exprime la conviction commune que : veut concilier les impératifs du développement et la nécessité de
prkserver et d'améliorer l'environnement.
I. L'homme a un droit fondamental à la liberté, à l'égalité et à des I 5 . En planifiant les établissements humains et l'urbanisation, il
conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qua- faut veiller à éviter les atteintes à l'environnement et à obtenir le
lité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-Stre. I1 a le devoir maximum d'avantages sociaux, économiques et écologiques pour
solennel de protéger et d'améliorer l'environnement pour les généra- tous. A cet égard, les projets conçus pour maintenir la domination
tions présentes et futures. A cet égard, les politiques qui encouragent du colonialisme et du racisme doivent être abandonnés.
ou qui perpétuent l'apartheid, la ségrégation raciale, la discrimina- 16.Dans les régions où le taux d'accroissement de la population
tion, les formes, coloniales et autres, d'oppression et de domination ou sa concentration excessive sont de nature à exercer une influence
étrangères, sont condamnées et doivent être éliminées. défavorable sur l'environnement ou le développement, et dans celles
2. Les ressources naturelles du globe,.y compris l'air, l'eau, la où la faible densité de population risque d'empêcher toute améliora-
terre, la flore et la faune, et particulièrement les échantillons repré- tion de l'environnement et de faire obstacle au développement, il
sentatifs des écosysttmes naturels, doivent être préservés dans l'in- faudrait mettre en œuvre des politiques démographiques qui res-
térêt des générations présentes et à venir par une planification ou une pectent les droits fondamentaux de l'homme et qui soient jugées
gestion attentive selon que de besoin. adéquates par les gouvernements intéressés.
Documents annexes 119
17. I1 convient que des institutions nationales appropriées soient de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de dommage
chargées de planifier, de gérer ou de rtglementer l'utilisation des à l'environnement dans d'autres Etats ou dans des régions ne rele-
ressources de l'environnement dont disposent les Etats, en vue vant d'aucune juridiction nationale.
d'améliorer la qualité de l'en~ironnement. 22. Les &ats doivent coopérer pour développer encore le droit
18. I1 convient de recourir à la science et à la technique, dans le international en ce qui concerne la responsabilité et l'indemnisation
cadre de leur contribution au développement économique et social, des victimes de la pollution et d'autres dommages écologiqyes que
pour déceler, éviter ou limiter les dangers qui menacent l'environ- les activités menées dans les limites de la juridiction de ces Etats ou
nemem et résoudre les problèmes qu'il pose, et d'une manière géné- sous leur contrôle causent à des régions situtes au-delà des limites de
rale pour le bien de l'humanité. leur juridiction.
19. I1 est essentiel de dispenser un enseignement sur les questions 23. Sans préjudice des critères qui pourront itre retenus par la
d'environnement aux jeunes gtnérations aussi bien qu'aux adultes, en communauté internationale, ni des normes qui devront etre définies
tenant dfiment compte des moins favorisés, afin de développer les à l'échelon national, il faudra dans tous les cas tenir compte des
bases nécessaires pour éclairer l'opinion publique et donner aux échelles de valeurs prévalant dans chaque pays et de l'applicabilité
individus, aux entreprises et aux collectivités le sens de leurs respon- de normes qui sont valables pour les pays les plus avancés mais qui
sabilités en ce qui concerne la protection et l'amelioration de l'envi- peuvent ne pas &re adaptées aux pays en voie de développement, et
ronnement dans toute sa dimension humaine. I1 est essentiel aussi $tre pour ces pays d'un coht social injustifié.
que les moyens d'information de masse évitent de contribuer à la 24. Les questions internationales se rapportant à la protection et à
dkgradation de l'environnement et, au contraire, diffusent des infor- l'amélioration de l'environnement devraient être abordées dans un
mations de caractère éducatif sur la ntcessité de protéger et d'amélio- esprit de coopération par tous les pays, grands ou petits, sur un pied
rer l'environnement afin de permettre à l'homme de se développer d'égalite. Une coopération par voie d'accords multilatéraux ou bila-
à tous égards. téraux ou par d'autres moyens appropriés est indispensable pour limi-
20. On devra encourager dans tous les pays, notamment dans les ter efficacement, prtvenir, rCduire et eliminer les atteintes à l'environ-
pays en voie de développement, la recherche scientifique et les acti- nement résultant d'activités exercées dans tous les domaines, et ce
vités de mise au point technique, dans le contexte des probltmes dans Ie respect de la souveraineté et des intérêts de tous les Etats.
d'environnement, nationaux et multinationaux. A cet égard, on 2 y . Les Etats doivent veiller à ce que les organisations internatio-
devra encourager et faciliter la libre circulation des informations les nales jouent un rôle coordonrd, efficace et dynamique dans la préser-
plus récentes et le transfert des données d'expérience, en vue d'aider vation et l'amélioration de l'environnement.
d la solution des problèmes d'environnement ; on devra mettre les 26. I1 faut épargner à l'homme et à son environnement les effets
techniques intéressant l'environnement à la disposition des pays en des armes nucléaires et de tous autres moyens de destruction massive.
voie de développement, à des conditions qui en encouragent une Les Etats doivent s'efforcer, au sein des organes internationaux
large diffusion sans constituer pour eux une charge économique. appropriés, d'arriver, dans les meilleurs délais, à un accord sur Yéli-
21. Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes mination et la destruction complète de telles armes.
du droit international, les Gtats ont le droit souverain d'exploiter
leurs propres ressources selon leur politique d'environnement et ils 2r e séame plénisre
ont le devoir de faire en sorte que les activités exercees dans les limites 16jihi 1972
organisé par l'Icom, Bordeaux, Istres, Lourmarin, Paris, 2j-30 septembre 1972
LES F O N C T I O N S D U M U S B E
Extraits des conclusions
L a recherche et la docitmetitation
LA P L A C E D U h f U S É E
9. La recherche sur l'environnement ne peut se contenter d'une
5 . Le muste est l'un des instruments dont se dotent les sociétés simple collaborationentre science?de la nature et sciences de l'homme
humaines pour étudier les problèmes du monde moderne, leur cher- (celles-ci incluant Ia sociologie et I'économie). I1 devrait y avoir inté-
cher des solutions et communiquer au public les éléments ainsi ras- gration des objectifs, des programmes et des méthodes.
semblés. Parmi ces problèmes, l'altération accélérée de l'environne- IO. L'importance de la typologieltaxonomie doit Stre soulignée et
ment est l'un des plus graves : le musée doit donc lui consacrer ses renforcée ; cette importance, loin de diminuer avec le temps, ne fait
\ efforts. qu'augmenter au fur e t à mesure que de nouvelles méthodes d'étude
\ 6. Le musée est une institution au service de la communauté ; il de l'environnement apparaissent. Cependant l'acquisition de spéci-
\ peut prendre des formes diverses, musée construit traditionnel ou mens, d'origine naturelle ou culturelle, ne prend tout son sens que si
I
musée en plein air, comprenant la grande majorité des institutions elle s'accompagne du rassemblement de toute l'information corres-
existantes, ou encore musée éclaté, musée de quartier, ces deux types pondante sur I'écologie et la fonction de chaque spécimen.
d'institutions recherchant en priorité une symbiose totale avec la I I. Il a été constaté que la recherche ne suit pas toujours d'assez
communauté desservie. L'emplacement du musée dans sa commu- près les conséquences du développement économique et des trans-
nauté et ses relations avec celle-ci sont en tout état de cause d'une formations culturelles ou sociales. Elle est aussi trop souvent sans
importance primordiale pour l'efficacitk du rôle joué par ce musée lien avec les problèmes les plus urgents, donc incapable de contri-
au service de cette communauté. buer à la solution de ceux-ci. I1 semble de la plus haute importance
7. Le contenu d'un musée n'affecte en rien la vocation de celui-ci que certains ensembles de phénomènes (retombées de la croissance,
en matière d'environnement. Ce qui préctde et ce qui suit s'applique urbanisation, modification des relations sociales, exploitation des
7 tgalement, mtfafismidatidis, aux musées d'art, d'histoire, de sciences ressources naturelles particulièrement celles du tiers monde, etc.)
naturelles et exactes, et de technologie, aux musées spécialisés ou fassent l'objet d'études systématiques, de manière aussi opération-
multidisciplinaires, aux musées de site ou aux parcs zoologiques, nelle que possible.
jardins botaniques, etc.
L a pédagogie et Z'actìon Pdrrcatkw
I, Rapjorf j%al et co~zc/i~sions,Collaqfie (( hh't ef eizr~ironfieuieizt)), Irom, octobre 1972
(7z/ENV. 17). Ces conclusions constituent un texte de hase pour les futures 12. I1 est urgent et essentiel que l'éducation, et notamment celle que
discussions des membres de !'Icom à ce sujet. le musée peut dispenser avec l'aide de son propre langage, s'applique
I20 Documents annexes
à faire comprendre les problèmes de l’environnement, tant rural 22. Les considerations qui précèdent s’appliquent plus particulière-
qu’urbain, sous leurs aspects à long comme à court terme, à l’en- ment aux musées de tous programmes, situés dans des environne-
semble de la population, jeune et adulte, dont l’aliénation vis-à-vis ments ruraux ou urbains, dont les programmes ne coïncident pas
de l’espace où elle est amenée à vivre normalement ne fait que croître. avec ces environnements. Elles s’appliquent également, en leur qua-
13. Le but d‘une telle éducation est, non pas de faire accepter des lité de principes généraux, aux nouveaux types de musées dont il
conclusions ou des doctrines préfabriquées, mais de fournir à chaque sera question plus loin.
individu et à chaque groupe le maximum d’déments d’information,
obtenus scientifiquementet tenant compte des facteurs sociaux, éco-
nomiques et politiques. Cette information, aussi liée que possible aux L’ÉC0hfUSk.E
faits réels, doit permettre au public de dégager, en toute indépendance
d‘esprit, à la fois une problématique et des solutions motivées. Pour uti m u é e spéc@qtie de I ’environnenient
14.C’est pourquoi il est souhaitable que le musée et ses respon-
sables disposent de l’autonomie nécessaire pour être en mesure 23. A tout musée ayant son siège dans un environnement rural ou
d’assurer au mieux ce rôle d’éducation et d‘information du public. urbain et dont le programme coïncide avec cet environnement, il est
I j. D’une manière générale, il convient d‘éviter la présentation par demandé, selon les possibilités de l‘institution :
le musée de thèmes et de problèmes répondant au seul choix subjectif u) De réaliser ou d’aider une étude intensive de cet environnement,
du muséologue et qui seraient sans rapport avec les préoccupations de caractère interdisciplinaire, sous ses aspects de patrimoine et de
et les besoins réels du public. Dans la constitution, au jour le jour, de développement culturels et naturels, mettant l‘accent sur les trans-
la documentation, comme dans les programmes d’activités, il est formations des systkmes de relations qui constituent l’environ-
important de suivre de près l’activité immédiate et d‘y réagir sans nement ;
retard. Les solutions musCographiques les moins coûteuses doivent 6 ) De réaliser ou d‘aider à rkaliser des fonds de documents concer-
être recherchées, de manière à limiter la dépendance des moyens nant cet environnement, revétant les diverses formes décrites plus
financiers. haut, créés par le musée ou empruntés à d’autres sources utiles,
16. La pédagogie du musée doit évoluer parallèlement à la péda- mais accessibles à tous ;
gogie scolaire, qu’il s’agisse de la structure de l’institution, de ses c) D’entreprendre, ou d‘aider à entreprendre, une politique d‘acqui-
activités, ou de la formation de son personnel éducatif spécialisé (ce sitions de séries typologiques et d‘ensembles écologiques d‘objets
dernier étant en tout état de cause absolument nécessaire). De même et de spécimens, représentatifs de cet environnement ;
que l’école (( sans murs )) connaît actuellement une vogue grandis- d) De communiauer au Dublic les biens culturels et naturels ainsi
sante, de m&mele musée ne devrait pas être considéré comme un rassemblés : directement, sous la forme de prksentations perma-
bhtiment, mais comme un ensemble d’activités de nature éducative, nentes, temporaires et circulantes, et de (( kits D, complétés le cas
reposant sur les autres fonctions habituelles de l’établissement. échéant de moyens audio-visuels, de manikre à évoquer cet envi-
17. Parmi les formules nouvelles, il convient de noter (et de pro- ronnement dans le temps et dans l’espace et à susciter la participa-
mouvoir en les perfectionnant) les itinéraires ruraux, urbains ou tion active des destinataires de ces manifestations ;indirectement,
mixtes d’initiation et d’observation, reliés à un musée qui en assure sous la forme de textes écrits et verbaux, d‘émissions radiodiffu-
le commentaire didactique initial, ainsi que les centres d‘accueil ou les sées et télévisées et d’autres mass media ;
musées de sites archéologiques et historiques, liés à un ensemble plus D’encourager la population de cet environnement à réagir à
vaste d‘environnement protégé. toutes ces entreprises du musée, et à concourir à l’élaboration
18. I1 faut répéter que l’action éducative du musée en matitre Dermanente de cet environnement :
d‘environnement ne peut s’envisager qu’en étroite coordination et f) De mener ces diverses actions, avec toute l’ampleur désirable :
coopération avec les autres institutions, spécialisées ou non, comme dans les murs du musée, auprès de son public ; hors des murs du
avec les moyens modernes de communication. musée, par des contacts avec les hommes vivant dans cet envi-
19.Le personnel spécialisé, chargé de l’animation et de l’éducation, ronnement.
devrait, dans toute la mesure du possible, soit être issu de la commu- 24. Ainsi conçue, organisée, éclatée, une nouvelle forme de musée
nauté culturelle qu’il doit servir, soit au moins agir en étroite sym- serait créée, spécifiquement et pleinement écologique, propre à rece-
biose avec cette communauté. voir le nom d‘écomusée.
20. Bien qu’une priorité doive être donnée aux problèmes immé- 21. L’écomusée deviendrait le lieu où se rencontrent ceux qui
diats de l’environnement local, tout cloisonnement serait dangereux agissent sur l’environnement, ceux qui le subissent et ceux qui y
et les échanges d’expériences doivent être encouragés avec des sec- réfléchissent.
teurs géographiques et culturels différents. C‘est ainsi que le musée 26. En raison de la complexité des problkmes que ces muskes sont
devrait placer son action éducative à des niveaux successifs, local, appelés à traiter, du caractère multidisciplinaire de leurs activités, de
national, régional, international, permettant des comparaisons et des l’absence de formation spkcifique existante, les responsables des éco-
perspectives fructueuses. musées devront etre choisis, en règle générale, pour leur engagement
21. Un rôle particulier doit être attribué au musée d‘art contem- personnel dans la cause de l’environnement et pour leur compréhen-
porain. L’artiste, en effet, peut rendre compte, par sa recherche sion des problèmes de la communication, plus que pour leurs quali-
visuelle, d’un environnement qu’il perçoit selon son imagination, sa fications de spécialistes de telle ou telle discipline. La nature même
sensibilité propres. Le musée, dépositaire et instrument de communi- de leurs tâches et de leurs responsabilitésleur imposera d’ailleurs un
cation de ces témoignages, encourage la créativité et contribue à travail d’équipe.
ouvrir l’esprit du public sur des critères, souvent nouveaux pour lui,
d’appréciation de l’environnement.
I21
VI. P R O G R Ahlhi E S 6D U C A T I F S
Article 27 Article 28
I. Les États parties à la présente Convention s’efforcent par tous les Les États parties à la présente Convention qui reçoivent une assis-
moyens appropriés, notamment par des programmes d’éducation et tance internationale en application de la Convention prennent les
d’information, de renforcer le respect et l’attachement de leurs mesures nécessaires pour faire connaître l’importance des biens qui
peuples au patrimoine culturel et naturel défini aux articles I et 2 ont fait l’objet de cette assistance et le rôle que cette dernitre a joué.
de la Convention.
2 . Ils s’engagent à informer largement le public des menaces qui
pèsent sur ce patrimoine et des activités entreprises en application
de la présente Convention.
VI. ACTION É D U C A T I V E ET C U L T U R E L L E
60. Des cours réguliers, des conférences, des stages d’études, etc., 63. Toute intervention en faveur des biens du patrimoine culturel
sur l’histoire de l’art, l’architecture, l’environnement et l’urbanisme et naturel devrait tenir compte de cette valeur culturelle et éducative
devraient Ctre donnés par les universités, les établissements d’ensei- qui résulte de leur qualit6 de témoins d’un environnement, d’une
gnement à tous les niveaux et ceux qui se consacrent à l’éducation architecture et d’un urbanisme à la mesure et à l’échelle humaine.
permanente. 64. Des organisations bénévoles devraient ètre crétes afin d’eiicou-
61. Une action éducative devrait Ctre entreprise par les États rager les autorités nationales et locales àuser pleinement de leurs pou-
membres en vue d‘éveiller l’esprit de la population et de développer voirs en matière de protection, à les soutenir et éventuellementà leur
leur respect à l’égard du patrimoine culturel et naturel. Un effort procurer des fonds. Ces organismes devraient entretenir des rapports
continu devrait être poursuivi pour informer le public sur les réalités avec les sociétés historiques locales, les sociétés d’embellissement, les
de la protection du patrimoine culturel ou naturel et pour lui incul- comités d’initiative, les organismes s’occupant du tourisme, etc. ;
quer l’appréciation et le respect des valeurs qu’il comporte. A cet elles pourraient également organiser pour leurs membres des visites
effet, il faudrait faire appel, selon les besoins, à tous les moyens d’in- et des promenades commentées dans des biens culturels et naturels.
formation. 65. Des centres d’initiative, des musées et des expositions pour-
6 2 . Tout en prenant en considtration la grande valeur économique raient être organisés, pour expliquer les travaux entrepris sur les
et sociale du patrimoine culturel et naturel, des mesures devraient biens culturels et naturels réanimés.
être prises pour promouvoir et renforcer la haute valeur culturelle et
éducative de ce patrimoine qui constitue la motivation fondamen-
tale de sa protection, de sa conservation et de sa mise en valeur.
I22
Bibliographie sélective I
A . ÉCOLOGIE, ENVIRONNEMENT, MUSÉE FLAHIVE,Mary. Island idyll. A learning experience : ecology on the
coast of Maine. The explorer (Cleveland), vol. 13, no I, Spring 1971,
Bon nombre d'otivrages et d'articles sont cités dans cette liste sélective, concer- p. 11-14, ill. (A summer program of the Cleveland Museum of
nant le mirfée, dans ses rapports avec l'écologie e t l 'environnemmt. Telle qti 'elle Natural History to give young people a new kind of ecological
se présetzte, cette liste rie pent manquer de comporter de sérielises lacmes, qtre experience.)
nom serions hairem de combler avec l'aide de nos lecteiirs. GROBMAN, Arnold B. Museums and the biosphere. Aí'usermz neivs
(Washington), vol. 48, n o 8, April 1970, p. 24-29, ill.
AMERICAN ASSOCIATION OF MUSEUMS, WASHINGTON. Ntisetims and the HALPRIN,Lawrence. Creative processes in the human environment.
envirotznzent :a handbook of education [by]the Environnzental Cornmittee, Mweiinz news (Washington), vol. 51, no 2, Oct. 1972, p. 25-27, ill.
ed. Ruth Norton Oliver. Washington, D.C., the Association, 1971. HELLSPONG, Mats ; L~FGREN, Omar. Fyra gânger miljö. Svemka
xv + 261 p., ill. nz14seer (Luleå), no I, 1970, p. 3-14, ill. (A propos de quatre expo-
BASEL.KUNSTHALLE. D a s offene flflseimz - die Stadt. Basel, Kunst- sitions consacrées à l'environnement, organisées par les musées de
halle, 1972. 95 p., ill., plans. Stockholm.)
BRAIN,C. K. Museums and our deteriorating environment. S A M A B HUBENDICK, B. Museums and environment. Dans : ICOM, The mziseiinz
(Cape Town), vol. 9, no I I , June 1970, p. 36g-376. (Presidential in the service of mati :today and tomorrow. The misetmz's edzlcational and
address to the South African Museums Association, Bloemfontein,
April 1970.)
...
cultural role Papers from the 9th General Coigerence of I C O M [ Le
musée at4 service des homines, aiijoiird'hzli e t demain. L e ròle édzrcafìf e t
BRAUNS, Adolf. Soll an einem Naturkunde-Museum aktive wissen- cnlttrrel dzi î " e ... Acfes de la 9 c Conférence générale de PIcom, Paris,
schaftliche Forschung betrieben und dargestellt werden ? Be- Grenoble, aodt-sept. 1971. Paris, Icom, 1972, p. 39-48, ill.
handelt an dem Bespiel der Bodenbiologie. Afzisezi~~zskz~nde (Ber- KINARD,John. The Smithsonian's Anacostia neighborhood mu-
lin), vol. 39, n o I, 1970, p. 6-14. seum. Curator (New York), vol. I I , no 3 , 1968, p. 190-205, ill.
Cotzservatiotz e t envirotznement. Numéro spkcial d'Agressologie (Paris), KLAUSEWITZ, W. Aus dem Natur-Museum Senckenberg. rbItisezims-
vol. 12,n o A, 1971. 64 p. (Journées d'études de l'Association gkné- kiinde (Berlin), vol. 40,n o I , 1971, p. 39-41, ill.
rale des conservateurs des collections publiques de France, Paris, LEmEux, Louis. Purposes and objectives of museums or the museum
nov. 1970.) preserved ? The miiseologist (Rochester), no I 19, June 1971, p. 14-
The I 969 Countryside Centres Conference. LVIimwns Journal (Lon- 18. (Paper given at the 24th Annual Northeast Museum Con-
don), vol. 70, n o I, June 1970, p. 17-18. (Report compiled by ference, Ottawa, Sept. 1970.)
Geoffrey Stansfield, Conference Director.) LEVY,Gerald I. Teaching ecology in an urban environment. S E M C
DAYTON. DAYTON MUSEUM OF NATURAL HISTORY. Do-it-yozrrself erivi- notes (Fayetteville), no 12, 1971, p. 15-17.
ronmetffalhandbook. Dayton, the Museum, 1971. 57 p. (A manual MADIGAN,Richard A. MUSE: The new museum in Brooklyn's
that teaches a personal commitment to better environmental inner city where ((please touch )) is the motto. The nzirseobogisf
living.) (Rochester), no 107, June 1968, p. 15-17.
EBLEN, William R. TETE = total education h i the total etwironnzenf. MAYER,Albert. Museum response to the urban situation. The
Yonkers, The Hudson River Museum, 1971. 28 p., ill. ?nriseologist (Rochester), no 110, March 1969, p. 3-10. (Address at
EDWARDS, R. Y. The plan to appreciate Canada / Une façon d'appré- the Northeast Museum Conference, Roberson Center, Bingham-
cier le Canada. C h f A I A A 4 C gaxette (Ottawa), vol. 4, no 415, ton, New York, Oct. IO, 1968.)
Aug.-Nov. 1970, p. 3-10, ill. (Through wildlife interpretation Miisetitns and their responsibilì9 for environmental conservation. Articles by
centres / Grâce aux centres d'interprétation de la nature.) Ashley Barker, Donovan Purcell, A. M. Cubbon, Frank Atkinson,
ELLIS, Richard. Life in the Hudson. Filming the Hudson for a G. Stanstield, The Miiseunzs Jotrrnal (London), vol. 72, no 3, Dec.
museum exhibit. The hftueologist (Rochester), no 109, Dec. 1968, 1972, p. 93-100, bibliogr. (Annual Conference of the Museums
p. 4-8. Association, Norwich, 1972,Session 2.)
A mtiseiun for the people :A report of the proceedings at the Seminar
I. Cette bibliographie a eté établie par le Centre de documentation muséographique
Unesco-lcom, en collaboration avec Georges Henri Rivière et Kiel1 Engström,
on Neighborhood htuseums, held November 20, 21, and 22, 1969,
décembre 1972. at MUSE, the Bedford Lincoln Neighborhood Museum in Brook-
lyn, New York, edited by Emily Denis Harvey and Bernard Fried- B. ÉCOLOGIE - ENVIRONNEMENT
berg. New York, N.Y., Arno Press, 1971. xvi + 86 p., ill.
Qirelqim orierages e t périodìqries d'importance par fìcdìère sont cités dans
Afziseiuns :their nez' artdience. A report to the Department of Housing
and Urban Development by a Special Committee of the American cette liste sélective, nécessairenzent arbitraire, concernant l'écologie e t I'envi-
Association of Museums. Washington, D.C., American Associa- ronnemtit. L a conservation pent en ê*re i d l e , porir c e m de nos lecfeirrs qiiì
tion of Museums, 1972. iv + 112 p., ill.
désìrent s'initier à ces disciplines, e t en siiivre la développements.
The natnral history nznseirnz and the sociee$. Symposium held at the
Swedish Museum of Natural History, Stockholm, October 1969. Ozturages
Oslo, Universitetsforlaget, 1972.
Nederlandse Museumvereniging, De. Verslag van de 5 8ste algemene BEYMAN, Daniel. In partnershz) Zaiìfh tiatitre ;Unesco and fhe envìronnzend.
ledenvergadering gewijd aan (( Musea in milieu )) in het zoölogisch Paris, Unesco, 1972. 115 p.
Museum, te Amsterdam op vrijdag 26 november 1971. Niem~sbirlle- CALDWELL, Lynton Keith. Environment :a chalZenge for modern socieby.
tin uan de K N O B (Den Haag), no I, janv. 1972, p. 3-6. Garden City, N.Y., Natural History Press for the American Mu-
OLIVER,James A. Museum education and human ecology. Nusewn 'seum of Natural History, 1970. 292 p., bibliogr.
nczvs (Washington), vol. 48, no 9, mai 1970, p. 28-30, ill. COMMONER, Barry. The closing circle :nafwe, mata and technology. New
PARR,Albert Eide. Civilization and environment. A program for York, N.Y., Knopf, 1971. 326 p. (Published in London and Paris
museums. C M A bnlletin (Ottawa), vol. 14, no 4, Autumn 1963, in 1972.)
6 p. (Talk given at CMA Annual Meeting, Victoria, May 2 2 , EHRLICH,Paul R. ; EHRLICH, Anne A. Popzrlafioon, resozirces, etailiron-
1963.) ment; issues in bnizafi ecology. San Francisco, Calif., W. H.Freeman,
-. Museums in megalopolis / Les musées dans la mégapole. 1970. 3 8 3 p., ill.
C N A AMCgaTette (Ottawa), vol. 4, no 415,Aug.-Nov. 1970, DUVIGNEAUD, P. L'écologie, science moderne de synfbè.re. Bruxelles,
p. 19-25. Ministère de l'éducation nationale et de la culture. 130 p.
PENOT,J. Les musées d'histoire naturelle et la protection de la nature. GEORGE,Pierre. L'environnement. Paris, Presses universitaires de
Bulletin de liaison des "rd'histoire nafitrefle(Paris), n o 4, oct. I 970, France, 1971. 127 p. (Que sais-je?, no 1450.)
p. 2-5. KORhlONDY, Edward J. Concepts of ecolog. Englewood Cliffs, N. J.,
PRATT, George. The consequences of activism. 12llrsetrm news Prentice-Hall, '$9. x + 209 p., ill.
(Washington), vol. 49, no I, Sept. 1970. p. 26-29, ill. (Environ- ODUM, Eugene P. F ~ i d a m n f a lof
s ecology, 3rd ed. New York, Saunders,
mental outdoor education at the Staten Island Museum, New 1971.
York.) UNESCO.Utilisation e t conserc~ationde l'a bìospb&-e. Actes de la Confirence
REIS,Joseph J. Man, nature and museums. Afnserrm neius (Washing- i ~tergouttertieme~itale
i d'experts siir les bases scientìjqiiaes de I'rrtilisation
ton), vol. 50, n o 8, April 1972, p. 25-27. rationnelle e t de la conserelation des ressowces de la biosphère, Paris,
RIVIBRE,Georges Henri. Le musée de plein air des Landes de Gas- 4-13 septeïnbrg 1368. Paris, Unesco, 1970. 305 p. (Recherches sur
cogne. Expérience française d'un musée de l'environnement. les ressources naturelles, IO.)
E#hnologiefratqaise (Paris), no I , 1971, p. 87-9>, ill. WARD,Barbara ;DUBOS, René. Only one earth. The care and maitifenance
ROBBINS, Michael. An exhibit asks the question of the century. ...
of a small planet An unofficial report commissioned by the
Afi4serim n e w (Washington), vol. 48, no I, Sept. 1969, p. 10-13, ill. Secretary-General of the United Nations Conference on the Human
(((Can man survive ? )), New York, N.Y., American Museum of Environment, prepared with the assistance of a I 5 2-member Com-
Natural History.) mittee of corresponding consultants in 5 8 countries. New York,
ROBBINS, Michael W. The Neighborhood and the museum. Cnrafor N.Y., Norton, 1972. xxv + 225 p.
(New York), vol. 14, no I, 1971, p. 63-68.
SCHÄFER,Wilhelm. Brevier über die Umwelt. Natnr irnd &fziser~,w Périodiqzies
(Frankfurt am Main), vol. 101, no 3, mars 1971, p. 97-103, ill.
-. Ökologie als senckenbergisches Forschungsgebiet. Natiir irnd Ambio. Stockholm (Suède).
&fziseritn (Frankfurt am Main), vol. 101, no I, janv. 1971, p. 12-37. Ecologisf. Richmond, Surrey (Royaume-Uni).
STEINWACHS, Barbara. The Urbanarium : A museum responds. The Environnzent. Sr. Louis, Missouri (fitats-Unis d'Am6rique).
mriseologist (Rochester), no 121, Dec. 1971, p. 5-9. Environinental quarterly. New York @tats-Unis d'Amérique).
WELLS,Malcolm B. Eschatology, the last word in exhibit themes. IUCN bulletin. Morges (Suisse).
z34asewn neius (Washington), vol. 49, no 5 , Jan. 1971, p. 9-1 I, ill. ATat~treitz fociis. Council of Europe, Strasbourg (France).
Les airtetirs
Harold Jefferson COOLIDGE. Né à Boston Kjell ENGSTR~M. Né en 1929. Études de de 1937 et de 1938, membre de l'équipe de
en 1904 ; B.Sc., Harvard, 1927 ; Université, zoologie, de botanique et de géographie à l'université de Cincinnati qui a fait des
de Cambridge, 1927-1928 ; D.Sc., l'Université de Stockholm, docteur ès fouilles i Troie et, pendant l'hiver,
Université George Washington, I 9 3 9 ; sciences et professeur en 1963. Secrétaire de conservateur de dermoplastique au Musée
Université nationale de Séoul, 1965. la Société suédoise pour la protection de d'histoire naturelle de Stockholm. De 1939
Zoologie comparée, Harvard, 1929-1946. la nature et rédacteur en chef de sa revue à 1945, sert dans les forces armées et les
Directeur du Pacific Science Board, (SvensÆa Natitrs~ydd~öret?it?geti),
I 95 3-19> 7. services civils ; délégué de la Croix-Rouge
National Academy of Science-NRC, 1946. Enseigne la zoologie à l'Université de internationale en Grtce en 1944. Reprend
Collaborateur de l'United States National Stockholm depuis 1955 : chargé de cours des études d'ostéologie après la deuxième
Park Service depuis 1948. Secrétaire de de 1959 à 1964, professeur adjoint (docent) guerre mondiale. Conservateur du
1' American Commission of International en 1964 et 1965. Directeur du Département Département d'ostéologie du Musée
Wild Life Protection depuis 1930 et public du Musée suédois d'histoire d'histoire et d'antiquités de Stockholm de
président de cet organisme depuis I 95 I. naturelle [Naturhistoriska Riksmuseet] 1945 à 1963. DiplGme de cand. mag. en
Conservateur du Musée Bernice P. Bishop depuis 1965. A publié des ouvrages 1947. Ph.D., 1960. Créateur du Laboratoire
depuis 1953. Président de l'Union 1
scientifiques et de vulgarisation en matière de datation au C - I ~ Stockholm,
> 1953.
internationale pour la conservation de la d'ornithologie, d'écologie, de conservation Depuis 1957, chef du Laboratoire de
nature et de ses ressources depuis 1966. de la nature et d'histologie. recherches ostéologiques de l'université de
Président de l'International Commission for Stockholm. Ph.D., 1960, Mémoire intitulé
National Parks, 1958-1963 ; secrétaire <(Westerhus, mediaeval population and
gCnCral du Xe Congrès scientifique du Nils-Gustav GEJVALL. Né en 1911 à church in the light of skeletal remains )) et
Pacifique, Honolulu, 1961. Auteur de Påryd, district de Kalmar (Suide). Études monographie sur le même sujet, Stockholm,
publications scientifiques sur les primates, de zoologie, de botanique, etc. BSc. de 1960. Chargt: de recherches d'archto-
la conservation internationale, etc. l'Université de Lund, 1936. Pendant l'été ostéologie à l'université de Stockholm de
1963 à 1969. Depuis 1969, professeur naturelle [Naturliistoriska Rilismuseet]. créée et élabore un plan d'enquetes
associé à l'Université de Stockholm ; Depuis 1965, directeur de recherches au systtmatiques pour l'Aquitaine. Participe
I I 5 communications scientifiques ou musée. Travaux antérieurs portant sur en 1964 comme stagiaire à la Recherche
articles de vulgarisation. l'anatomie comparée, l'histologie et sur la coopérative sur programme (RCP) Aubrac,
systématique et l'écologie des poissons. En organisée par le CNRS. A partir de 1968,
Martin Wyatt HOLDGATE. Né en 1931. 1950, mission en Gambie (Afrique se consacre au programme général du
Queen's College, Cambridge, B.A. occidentale). Depuis le milieu des années Musée des Landes et en suit la rtalisation
Cantab., 1952 ; M.A., 1956 ; Ph.D., 1955 ; soixante, divers travaux ayant des aspects au titre de conseiller scientifique et
F. Inst. Biol. 1967. Responsable kcologiques sur la présence de certaines technique. Entreprend une thèse de
scientifique de la Gough Island Scientific substances toxiques dans la nature. 3e cycle sur (( L'habitat et l'architecture
Survey (1955-1956). Chargé de cours en landaise traditionnelle dans la Grande lande
zoologie, Université de Manchester Bent JORGENSEN. Né en 1933 et les pays limitrophes D.
(1956-1957) ; chargé de cours en zoologie, Bornholm, île danoise de la mer Baltique.
Durham Colleges (1957-1960) ; chef de A étudié la zoologie à l'Université de Grace MCCANNMORLEY. Née en 1900 à
l'expédition de la Royal Society au Chili Copenhague, dont il est sorti en 1964 San Francisco (Calif.). Docteur ès lettres,
méridional (I 95 8-1 95 9) ; sous-directeur de titulaire d'un diplôme cand. mag., avec Paris, 1926. LI. D. honoris causa, Mills
la recherche au Scott Polar Research spécialisation dans la psychologie animale. College, 1937, D. F. A., L. H. D. Chef de
Institute, Cambridge (1960-1963) ; A été nommé la meme année chef de la la Division des musées à l'Unesco, 1947-
biologiste principal de la British Antarctic Section des expositions au Musée 1949. Directeur du San Francisco iliuseum
Survey (1963-1966). Secrétaire, Working zoologique de Copenhague et a organisé, of Arts;1935-1956. Expert du
Group on Biology, Scientific Committee on depuis lors, les programmes de nouvelles gouvernement pour l'application du Leader
Antarctic Research, de 1964 à 1968. expositions. A écrit des articles sur des Programme du Département d'Etat
Président de la British Schools Exploring questions scientifiques dans de nombreux concernant l'Orient et l'Afrique centrale,
Society depuis 1967. Directeur adjoint quotidiens scandinaves, ainsi que plusieurs le Pakistan, le Cambodge, l'Australie et la
(pour la recherche) de la Nature ouvrages de vulgarisation sur la géologie. Nouvelle-Zélande (décembre 1955 - mars
Conservancy depuis 1966. Publications : Est rédacteur en chef de l'hebdomadaire 1956). Déltgut des Etats-Unis à la
Moz4~fainsin the sea, The sfory of the Goigh Xaftirens verdeti et dirige également une IIIe Biennale, São Paulo (Brésil), 1955.
Island Expeditiotz (195 8) ; (Co-dir.) émission populaire sur la nature, diffusée Directeur adjoint du Guggenheim
Atararctic biolo,g (I 964) ; (dir.) Atitarctic toutes les semaines par la radio danoise. Museum, New York, 1956-1960. Directeur
ecology (1969) ; nombreux articles dans des Secrétaire de la Commission nationale du National Museum, New Delhi, 1960-
revues consacrées à la biologie et ouvrages danoise pour l'Icom, de 1966 à 1972. 1966. Actuellement directeur de l'Agence
sur l'Antarctique. En 1971, a été élu prhsident du Icom pour le Sud-Est asiatique. Ouvrages
IIe Comité international de l'Icom et conférences sur l'art contemporain et sur
(Comité des mustes d'histoire naturelle). les civilisations de l'Amérique latine.
Bengt HUBENDICK. Né en 1916 ; Ph.D. à
Uppsala en 1946, travaux de recherche et
de conservation au Musée national : Wilhelmina H. KAL.Études Grete MOSTNY. Études à l'Université de
d'histoire naturelle de Stockholm, d'anthropologie culturelle à l'université Vienne (Autriche) et à l'université de
1947-1958. Directeur du Musée d'histoire libre d'Amsterdam. Termine ses études en Bruxelles (Belgique) où elle a obtenu le
naturelle de Göteborg (Suède) depuis 1959. 1967 alors qu'elle était déjà attachée depuis grade de docteur en philologie et histoire
Travaux de recherche sur la bilharziose trois ans au Muske des tropiques, à orientales. Nommée en 1939 chef du
et de lutte contre cette maladie, en partie Amsterdam, dont elle est devenue depuis Service d'anthropologie du Musée national
pour l'OMS, aux Philippines, au Venezuela, conservatrice. Par l'intermédiaire de d'histoire naturelle de Santiago (Chili),
à Porto Rico, en Gambie, en Sierra Leone l'Association des musées des Pays-Bas, est dirige ce service depuis 1964. Fondatrice
et au Brésil. A publié plus d'une centaine invitée à travailler pendant six mois au et directrice du Centre national de
de mémoires scientifiques, la plupart sur les musée Carnegie, à Pittsburgh, où elle muséologie (1968). Professeur
mollusques ;plus d'un millier d'articles étudie le développement des techniques de d'anthropologie culturelle et de préhistoire
dans des journaux et revues ; et présentation et du travail éducatif dans les du Chili à l'Université du Chili. Secrétaire
cinq ouvrages sur la vulgarisation, les pro- musées américains. A l'occasion de cette du Comité international pour la formation
blèmes de l'environnement, les voyages, etc. étude, visite le musée d'anthropologie de de personnel (muséologie, 1968) et membre .
jlT
Mexico. Chargée de la région indonésienne du Conseil exécutif de l'Icom (1971).
et de l'organisation d'expositions au MusGe Auteur de nombreux travaux sur la I
Jan JELINEK. Ph.D. anthropologue. des tropiques. préhistoire du Chili.
Créateur de l'Institut Anthropos
(département du iMusée morave de Brno, Ralph H. LEWIS.B.A., M. A. (biologie)
Tchécoslovaquie) et de son exposition sur Thomas Dominic NICHOLSON. B.A.,
Université de Rochester. A étudié les St. John's University, 1950 ; R.T.S.,
l'origine et l'évolution de l'homme. méthodes muséologiques en qualité
Directeur du Musée morave de Brno Fordham University, 1953 ; Ph.D., 1962.
d'étudiant puis en qualité de boursier de la Officier de pont sur les lignes
(depuis 1958). Chef du Département de Fondation Rockefeller, Musée des sciences
muséologie de l'Université de Brno, fondé Moore-McCormack (1941-1946) ; chargé
de Buffalo. Entré en 1935 au National Park de cours en sciences navales et assistant du
en 1962. Fondateur, en 1962, et rédacteur Service, dans le département chargé des
en chef de la revue internationale directeur du département, United States
mushes, y est resté jusqu'à sa retraite, en Merchant Marine Academy (1946-195 3) ;
A ~ t h o p o s .Auteur de nombreuses 1971. Sous-directeur du département des
publications traitant d'anthropologie. conférencier, American-Museum Hayden
musées, de 1947 à 1953 ; directeur de ce Planetarium, New York (1952-1953) ;
Président du Comité international de département (1954-1964) ; directeur du
l'Icom pour les musées régionaux et, astronome associé (1953-1957) ; astronome
Département des activités muséologiques, depuis 1917, président depuis 1964 ;
depuis le début de 1964, également de 196j à 1971 ; collaborateur pour les
président du Conseil exécutif de l'Icom. chargé de cours en astronomie, United
activités muséologiques depuis 1971. States Military Academy, Yale, N.Y.U. ;
S'intéresse particulièrement aux musées de opérations de géodésie dans l'Arctique en
Alf G. JOHNELS. Ne en 1916. Docteur en site et à la conservation des collections. 195 6, dans la calotte glaciaire du Groenland
zoologie de l'Université de Stockholm en en 1958. Directeur de l'dmerican Museum
1948 ; maître de conférences la m&me François MONIOT. Licencié ès lettres à of National History. Membre de l'AAAS,
année. A exercé ces fonctions à l'université l'Université de Bordeaux. Entre en 1962 au de la Royal Astronomical Society, de
jusqu'en 1958, année oh il a été nommé Musée d'Aquitaine comme chargé de la l'American Astronomical Association.
professeur titulaire de zoologie des section d'histoire contemporaine et Auteur (avec J. M. Chamberlian) de
vertébrés au Musée national d'histoire d'ethnographie régionale nouvellement Plaaets, stars a d space, I 9 5 7 ; Adventure
I
i with stars, 1958 ;auteur de nombreux national des art5 et traditions populaires, qu'a l'étranger. Depuis onze ans, directeur
i Paris, dont il a constitué les collections du plus grand musée d'histoire naturelle
'' articles. Rédacteur en chef d'Astronomj
highlights. Collaborateur 2i Natural history. et la documentation, avec l'aide d'une de l'URSS.
vaillante tquipe, et pour lequel il a préparé
! le programme de l'édifice qui l'abrite Garry THOMSON. NC en 1925. M.A.
Charles PENEL.Diplôme d'ingénieur de
Plhole supérieure du laboratoire (ESL). actuellement au bois de Boulogne. Conseiller scientifique auprts des Trustees
Ingénieur des installations scientifiques et De 1947 A 1965, directeur du Conseil et directeur du Département scientifique,
, 'techniques au palais de la Découverte, international des musées (Icom) dont il est National Gallery de Londres, depuis 1960.
Paris. Chef d'expériences ; chef du Service depuis le conseiller permanent. Depuis 1970, B.A. (First Class Honours) avec option
, études et rtalisations ; sous-directeur du chargé de cours de muséologie générale en sciences, Cambridge, 195 I. Directeur
contemporaine auprts des universités de la série (( Technical Publication )) de
! palais de la Découverte. Secrétaire général Paris-I et Paris-IV. Auteur de nombreux l'Institut international pour la conservation.
1 de l'Association des écrivains scientifiques
de France. écrits qui restent la base de Chimiste chargé de recherche à la
l'enseignement de cette discipline nouvelle. National Gallery, 195 5-1960. Rédacteur
en chef de Studies in conservatiott, périodique
Sydney Dillon RIPLEY.Ne à New York en
de I'IIC, 1959-1967. Consultant auprts de
1913 ; B.A., Yale, 1936 ; M.A., 1961 ; Jean ROSE.Docteur t s sciences, Université l'Unesco pour les problèmes de
Ph.D., Harvard, 1943 ;D.H. L. Mailboro de Paris. Maître de conférences à la Faculté conservation dans plusieurs pays.
College, 1965 ;'D.Sc., George Washington des sciences de Paris, directeu de Rapporteur sur les problèmes d'éclairage au
University, 1966, Catholic University, 1968, recherche au Centre national de la recherche Comité de l'lcom pour la conservation.
U.D., Dickinson College, 1963, Hofstra scientifique (CNRS). Directeur général des Principal sujet ,d'intérêt : effets de
University, 1968. Membre du personnel laboratoires du CNRS à Bellevue. Directeur l'environnement sur la détérioration des
de 1'Academy of Natural Science, du palais de la Découverte, Paris. peintures et autres objets d'art anciens.
Philadelphie (I 93 6-1 939). Assistant Vice-président de l'Association française
bknévole à l'American Museum of Natural de cristallographie. Président de la Société
History, New York (1939-1940). Maître Photographiex
française de minéralogie et cristallographie.
assistant, Harvard (1941-1942). Membre du conseil d'administration du I, 3, National Zoological Park,
Conservateur adjoint de la Smithsonian Deutsches Museum. Auteur de livres et Washington, D.C. ; 2, 4, San Diego Zoo,
Institution, Washington, en 1942 ; publications scientifiques portant sur San Diego (Ron Garrison) ; J-zo, M$rcus
secrétaire de cet organisme depuis 1964. l'optique des rayons X, la détermination Rees-Roberts, L o n d o r wM e s arts
Chargé de cours, conservateur adjoint, des structures cristallines, la réalisation et traditions populaires, Paris ; 12, Georges
Yale (1946-1952) ;professeur adjoint, d'appareils de radiocristallographie. Stevignon, Beaune ; 13-16, J. Bimiewski,
1949-1955 ; conservateur depuis 1952 ; Warszawa ; 17, 18, Kon. Instituut vor de
professeur associé de zoologie, 195 5-1961 ; Tropen, Amsterdam ; 19, American
professeur de biologie depuis 1961. Boris SAVEL'EV. Né en 1912, à Moscou. Museum of Natural History, New York ;
Directeur du Peabody Museum of Natural fitudes à l'Université de Moscou jusqu'en 20-28, Musée cévenol, Le Vigan;
History, 1959-1964. Directeur de I y 3 5 . Docteur ès géologie et minéralogie, 30, Musées nationaux, Paris ; 32, Unesco ;
TAmerican Security and Trust Company ; 1951. Depuis 1952, professeur de physique, 31,jj-41, J.-D. Lajoux, Paris ; 42-47, Palais
président du Conseil international pour la chimie et mécaniques des roches dures Sijanovskij,
de la Découverte, Paris; J I - J ~ , ~ .
préservation des oiseaux. Auteur des gelées (cours créé par lui-même) à la APN 1972 ; ~ 8 - 6 8 , Universitetets
ouvrages suivants : Trail of the money Faculté de géologie, et depuis 1954 à la Zoologisk Museum, Kabenhavn ;
paddling of ducks, 1957 ; (en coll. avec Faculté de géographie de l'université de 69-79, Tropenmuseum, Amsterdam ;
L. Schribner) OrnithologicaZ hooks in Yale Moscou. Chef d'expéditions importantes et 80-88, American Museum of Natural
Library ; Syn0psi.r of fbe birds in India and in complexes. A fait des recherches dans History, New York ; 89-98, Musée
Pakistan, 1961 ; Lane and wildlge of Tropical sept lieux d'hivernage en Arctique, d'Aquitaine, Bordeaux ; 99-zo4, National
Asia, 1964 ; (en coll. avec Salem Ali) notamment à la station en dérive Park Service (fitats-Unis d'Amérique) ;
A handbook of birds of India and Pakistan, (( Pôle nord-4 )), et dirigé Péquipe de ZOJ, Ake Ahlstrand, Orebro ; zo6, 107,
1968 ; The sacredgrove, 1969. glaciologues de la quatrième expédition Naturhistoriska Riksmuseet, Stockholm ;
antarctique compréhensive. E n r g 9,~ a rio, Bengt Hubendick, Göteborg ;
Georges Henri RIVIBRE.Né en 1897. dirigt l'expédition intercontinentale sur le zzz, Naturhistoriska Museet, Göteborg ;
A dirigé, aux côtés du professeur Rivet, circuit Mimy-Komsomolskaia-Vostok- ZI~-ZZJ, Archaeological Survey of India,
l'installation au palais de Chaillot, Paris, pôle Sud réalisée d'après le programme Government of India ;116-120, Department
du Musée de l'homme, dont il a été qu'il avait élaboré. Auteur de 84 ouvrages of Archaeology, Government of India ;
le sous-directeur de 1928 à 1937. Nommé scientifiques dont 3 grandes monographies 121-z.q~ Museo nacional de historia
ensuite conservateur en chef du Musée et 2 livres connus aussi bien en URSS natural, Santiago (Chili).
Avis au lecferrr l'université Loránd Eötvös, Budapest, où Alaoui du Bardo, à Tunis, il y a réalisé de .
elle obtint son diplôme en 1969. Travaille très importantes transformations. Grâce à la
Ake SETTERWALL, ex-directeur des Kungliga au Musée ethnographique de Budapest en nouvelle technique qu'il avait mise au
Husgeradskammaren,nous demande de faire qualité de muséologue au Département des point pour la manipulation des mosaïques
remarquer que, contrairement à ce qui a été musées ethnographiques en plein air, oti antiques, il a réussi à mener à bien la
imprimé à la fin du texte, ce n'est pas lui elle s'occupe des questions de la culture dépose et la pose du fameux baptisttre dit
l'auteur de l'article intitulé ((Les salles du populaire, de la maison et de l'habitat. de Kélibia, joyau de ce musée. Aprts un
Trésor, Palais Royal, Stockholm )) mais Thèse de doctorat : (( Culture de la maison séjour à Versailles, dans les cadres de la
M. Sven Ivar LIND,architecte du Palais. )) et de l'habitat dans la région d'urség B. Direction générale de l'architecture, il a été
Publications : L a maison et I'habifat des serfs détaché au Niger en juin 1958.
Les notes suivantes auraient dû paraître dans dans le village Sxalafö en drség (1969) ;
Museum, vol. XXIV, no 4 : Problèmes de la culfure bourgeoise-paysonne de
l'habitat dans iln village d'drség (1970). Jean-Yves VEILLARD. Né en 1939 à
Alfred0 BARRERA. Directeur du Musée Rennes. fitudes supérieures d'histoire et de
d'histoire naturelle, México, D.F. Pablo TOUCET. A conçu et réalisé le géographie (licence, DES, CAPES).
Musée de Niamey dont il est conservateur. Conservateur du Musée de Bretagne, ii
Friderika BIR& Née en 1943 à Budapest. Avant son arrivée au Niger, chargé des Rennes, depuis 1967. Thèse d'8tat en cours
&des aux facultés d'ethnologie et de fouilles punico-romaines d'Utique sur (( L'urbanisme, les architectes et
langue et littérature hongroises ii (Tunisie). Affecté plus tard au Musée l'architecture ii Rennes au SIX^ siècle )).