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DRE-GRAND LOMÉ COMPOSITION REGIONALE ANNÉE SCOLAIRE

DU PREMIER SEMESTRE 2023-2024


IESG-AGOENYIVE / GOLFE EPREUVE DE PHILOSOPHIE DUREE 4 / Coef : 2
CLASSE DE TERMINALE CD

Le candidat traitera l’un des trois sujets au choix


SUJET 1 : La destruction de l’environnement constitue-t-elle une menace pour l’homme ?
SUJET 2 : L’initiative philosophique est-elle indétachable des préoccupations pratiques ?
SUJET 3 : Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée
« L’invention de l’art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette
communication, que d’une faculté propre à l’homme qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si
ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d’autres à la même fin […].
Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que suffisante, et jamais aucun d’eux n’en
a fait cet usage. Voilà, ce me semble, une différence bien caractéristique. Ceux d’entre eux qui travaillent et
vivent en commun, les castors, les fourmis, les abeilles ont quelque langue naturelle pour s’entre
communiquer, je n’en fais aucun doute […]. Les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne sont
pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant, ils les ont tous et partout la même, ils n’en
changent point et ne font pas le moindre progrès.
La langue de convention n’appartient qu’aux hommes. Voilà pourquoi l’homme fait des progrès, soit en bien,
soit en mal, et pourquoi les animaux n’en font pas ».

Jean-Jacques Rousseau
Sujet 1 : La destruction de l’environnement constitue-t-elle une menace pour l’homme ?
I- COMPREHENSION
1. Explication des concepts
- La destruction : La détérioration ; la dégradation ; la surexploitation ; la ruine.
- L’environnement : La nature ; le cadre existentiel ; l’ensemble de tout ce qui nous entoure ; l’écosystème.
- Constitue-t-elle : Représente-t-elle ; est-elle ; entraine-t-elle.
- Une menace : Un danger ; un risque.
- L’homme : Être doué de conscience et de raison.
2. Reformulation
- La surexploitation du cadre existentiel met-elle en danger la vie de l’homme ?
-La destruction de la nature doit-elle inquiéter l’homme ?
3. Problème
- Impacts de la destruction de l’environnement sur l’homme.
- Rapports entre l’homme à son environnement.
4. Problématique
- OG : Habituellement, on croit que l’homme a naturellement le droit d’exploiter l’environnement pour
satisfaire ses besoins vitaux. Son exploitation ne présenterait donc aucun risque pour la nature et pour
l’homme.
- Constat : Or, après recul, force est de réaliser que plus l’homme exploite la nature, plus sa propre vie se
dégrade sur le plan physique et moral.
- Question : Dans ces conditions, on peut se demander : La destruction de l’environnement constitue-t-elle
une menace pour l’homme ?

II. CORPS DU DEVOIR


A. L’homme exploite la nature pour la satisfaction de ses besoins basiques : pas de danger a priori.
- Il semble que l’homme ne peut se nourrir, se loger, se vêtir… sans détruire l’environnement. Même dans la
Bible, il est dit que Dieu aurait accordé à l’homme un privilège qui lui donne droit de dominer la nature, les
autres créatures sans inquiétude. Dans Genèse 1 :26, la Bible déclare : « Faisons l’homme à notre image (…)
et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail sur toute la terre. ».

-L’avènement de la science et de la technique (qui constituent des moyens par excellence de domination de
l’environnement) doit faire réjouir l’humanité. Pour R. Descartes, par exemple, la science et de la technique
permettent d’augmenter la puissance de l’homme sur la nature en vue de réaliser, de garantir son bonheur ou
son bien-être. Dans le Discours de la méthode, il écrit que les connaissances touchant la nature ont fait de
l’homme « maitre et possesseur de la nature ».

Transition : De ce qui précède, il va sans dire que la transformation de la nature permet de dompter cette
dernière et de la rendre habitable. Cependant, ne peut-on pas établir que l’homme, en s’arrogeant le droit de
surexploiter l’environnement met en danger sa propre vie et celle des générations futures ?

B. La surexploitation de l’environnement constitue un danger réel pour l’humanité


- Avec le développement scientifique et technique, on assiste à la dégradation de l’écosystème : L’épuisement
des ressources naturelles ; la disparition de beaucoup d’espèces animales et végétales ; les diverses pollutions
; la destruction de la couche d’ozone ; les dérèglements climatiques etc. Louis de Broglie dit pour cette raison
que : « Toute augmentation de notre pouvoir d’agir entraine nécessairement un accroissement de notre pouvoir
de nuire ».

- Les hommes violent ainsi les lois de la nature mettant en péril la vie des êtres sur toute la planète terre. J.
Hamburger écrit : Le genre humain risque de « mourir pour avoir violé les lois naturelles ». L’exploitation à
outrance de la nature nuit alors à l’homme. Elle crée un déséquilibre et même une rupture entre l’homme et
l’écosystème qui sont sensés vivre en interdépendance. E. Berl constate avec effroi que : « L’espèce humaine
est dans de mauvais draps à l’heure de la civilisation technicienne ».

Transition : A partir des considérations précédentes, il ne fait plus de doute que l’exploitation de la nature
s’est inversée en menace. Si tel est le cas, l’homme n’a-t-il pas l’obligation de s’imposer un changement
d’attitude à l’égard de son environnement ?

C. Nécessité d’une éthique environnementale


- Il est du devoir de l’homme de protéger plutôt son environnement. Il doit rechercher un développement
humain durable en utilisant de manière responsable et sage les ressources de la nature. Nous devons, en tant
qu’êtres doués de raison, prendre conscience des risques de nos actions sur notre écosystème. Jean Rostand
écrit : « Respectons cette petite boule qui nous supporte, locataire consciencieux, ne dégradons pas les lieux
où nous respirons ». Hans Jonas, dans la même perspective, affirme : « Agis toujours de telle sorte que les
effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre. »

- Certains auteurs trouvent même que, dans le but de protéger notre environnement, il urge d’attribuer des
droits à la nature. C’est l’exemple de la Déclaration Universelle des Droits de l’Animal (DUDA) proclamés à
Paris depuis octobre 1978. Michel Serres écrit dans Le contrat naturel : « Autant la nature doit à l’homme,
autant celui-ci doit à celle-là, devenue sujet de droit ».

III. CONCLUSION
En dernière analyse, retenons que c’est la satisfaction des besoins qui pousse l’homme à exploiter son cadre
existentiel. Mais vu les dangers liés à l’exploitation démesurée de la nature, l’homme doit nécessairement et
urgemment mettre l’accent sur des valeurs et principes éthiques devant lui servir de boussole dans ses rapports
avec son environnement. Il doit œuvrer pour la protection de l’écosystème.
Sujet 2 : L’initiative philosophique est-elle indétachable des préoccupations pratiques ?
I- COMPREHENSION DU SUJET
1- Explication des concepts
- L’initiative philosophique : L’entreprise philosophique, l’action philosophique, la préoccupation
philosophique.
- Indétachable : Qui ne peut être détaché, inséparable…
- Préoccupation pratiques : Problèmes réels, situations concrètes…
2- Reformulation
L’entreprise philosophique est-elle inséparable des problèmes quotidiens ?
3- Problème
Rôle de la philosophie dans la cité
4- Problématique
OG : Habituellement, la philosophie se détache des problèmes concrets des hommes.
Constat : Or, à l’analyse, la philosophie prend en charge les problèmes de la société et donne des approches
de solution aux difficultés qui minent les hommes.
Question : La philosophie est-elle inséparable des problèmes concrets des hommes ?

II- CORPS DU DEVOIR


A- Philosophie comme pure spéculation, un domaine déconnecté de la réalité sociale
- Le philosophe est un homme qui se désintéresse des affaires publiques. Dans le Gorgias de Platon, Calliclès
considère le philosophe comme un « un rêveur, c’est quelqu’un qui n’a pas les pieds sur terre ».
- Le désir de connaissance qui habite le philosophe le conduit à se détourner de la vie. Thalès à force de
s’occuper de l’étude des astres tomba dans un puits. L’exemple de Diogène le cynique exprime bien cet aspect
de la philosophie. Lui qui se promenait en plein jour avec une lampe allumée et qui dormait dans un tonneau.
- Les présocratiques s’occupaient de la nature. Ils se préoccupaient de l’élément premier de toute chose au
détriment des problèmes concrets de la société. Selon Platon, étant donné que le monde sensible est celui des
apparences, des mensonges, le philosophe est obligé d’aller découvrir des vérités dans le monde des Idées.
- La philosophie est le domaine des discussions interminables sans réponses. Elle ne donne pas des solutions
mais soulève plutôt des questions : Charles Péguy dit justement qu’« une grande philosophie n’est pas celle
qui installe une vérité définitive. C’est celle qui introduit une inquiétude ».
Transition : La philosophie est considérée alors comme une pure spéculation. Mais la philosophie qui veut
l’émancipation des peuples et le progrès de l’humanité est engagée pour déterminer des approches de solution
de divers problèmes de l’humanité.
B- La philosophie comme discipline indétachable des préoccupations pratiques
- La philosophie est fille de son temps et ne peut pas se détacher des problèmes socio-politiques de son temps.
C’était le souhait de Platon suite à la mort injuste de son maître Socrate. Il affirme : « Il faut que les philosophes
deviennent rois et que les rois deviennent philosophes ». Le philosophe, une fois qu’il acquiert la connaissance
dans le monde des Idées, revient dans le monde sensible pour délivrer ceux qui sont enchaînés dans les liens.
- Les régimes arbitraires et absolus ont toujours été attaqués pour accéder à l’ordre social actuel : l’Etat de
droit, la démocratie, les libertés et les droits. Karl Marx étant sensible aux conditions misérables des
prolétaires, a opté pour la lutte des classes. L’initiative philosophique est totalement liée aux problèmes
concrets de la société. Le philosophe Ebénézer Njoh-Mouelle fait de la philosophie une praxis : Le philosophe
doit être un éveilleur de conscience. C’est à lui d’apporter le renouveau au sein de la société : « C’est en effet
le rôle de la philosophie et des philosophes de veiller pour révéler aux autres le sens du présent et la direction
de l’avenir ».
- Le monde dominé par la science a besoin de la philosophie à cause de ses dérives. Rabelais écrit à ce propos :
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
- La philosophie nous permet de développer l’esprit critique, de bien juger, de distinguer le vrai du faux. Pour
Descartes « C’est proprement avoir les yeux fermés sans jamais tâcher de les ouvrir que de vivre sans
philosopher ». La philosophie nous délivre des préjugés, de l’obscurantisme, des croyances et des
connaissances absolues. C’est pourquoi Bertrand Russel écrit : « Celui qui n’a aucune teinture de philosophie,
traverse l’existence, prisonnier des préjugés dérivés du sens commun ».
CONCLUSION
Eu égard à tout ce qui précède, la philosophie relevant de l’abstraction semble ne pas prendre en compte les
préoccupations concrètes des hommes. Mais il faut retenir que l’aspect théorique et critique de la philosophie
est un moyen pour accéder à des connaissances idoines permettant une meilleure résolution des problèmes
concrets des hommes. La philosophie prend alors en compte les problèmes quotidiens des hommes. Elle est
une discipline qui œuvre pour l’émancipation et le progrès humain durable de l’humanité.

Sujet 3 : COMMENTAIRE DE TEXTE PHILOSOPHIQUE


I. INTRODUCTION
1. Présentation du texte
- Auteur : Jean-Jacques ROUSSEAU
- Ouvrage : -
2. Thème : Spécificité du langage humain
Différence entre le langage humain et la communication animale.
3. Question implicite
- En quoi le langage est-il une spécificité humaine ?
Quelle différence y a-t-il entre le langage humain et la communication animale ?
4. Thèse de l’auteur : La perfectibilité du langage humain relève du fait que l’homme seul dispose d’une
langue de convention. Les animaux n’en disposent pas. Ils ont un moyen de communication inné, instinctif,
qui n’autorise pas le progrès. Ainsi pour Rousseau, le langage est spécifiquement humain.

II. CORPS DU DEVOIR


1- Etude ordonnée
1er mouvement :
« L’invention de l’art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette
communication, que d’une faculté propre à l’homme qui lui fait employer ses organes à cet usage, et qui, si
ceux-là lui manquaient, lui en ferait employer d’autres à la même fin […].

La communication des idées propre à l’homme ne dépend pas des organes mais de la langue de convention. L’homme est le seul
animal qui a su inventer la langue comme moyen de communication. La parole, qui est spécifique à l’homme est l’usage particulier
que l’homme fait de la langue. Même si l’homme manquait de la parole, de la voix, il utiliserait d’autres moyens pour communiquer
ses idées.
2e mouvement :
« Les animaux ont pour cette communication une organisation plus que suffisante, et jamais aucun d’eux n’en
a fait cet usage. Voilà, ce me semble, une différence bien caractéristique. Ceux d’entre eux qui travaillent et
vivent en commun, les castors, les fourmis, les abeilles ont quelque langue naturelle pour s’entre
communiquer, je n’en fais aucun doute […]. Les unes et les autres de ces langues sont naturelles, elles ne sont
pas acquises ; les animaux qui les parlent les ont en naissant, ils les ont tous et partout la même, ils n’en
changent point et ne font pas le moindre progrès. »

Il y a une différence entre le langage animal et le langage humain. Le langage animal est inné, instinctif et figé. Il est inscrit dans
les réflexes de l’animal. A l’opposé des animaux, qui sont incapables d’exprimer une situation nouvelle pour laquelle la nature ne
les a pas préparés, le langage conventionnel s’enrichit de nouveaux signes. Il permet d’innover et favorise l’expression des choses
inédites.

3e mouvement : « La langue de convention…n’en font pas ».


La langue de convention n’appartient qu’aux hommes. Voilà pourquoi l’homme fait des progrès, soit en bien,
soit en mal, et pourquoi les animaux n’en font pas ».
L’homme seul dispose de langage conventionnel. Il est le seul être qui a acquis son langage par apprentissage. C’est pour cette raison
qu’il fait des progrès dans tous les domaines et que les animaux n’en font point.

2. Intérêt philosophique
 Mérites de l’auteur
J-J. Rousseau, à travers ce texte, a le mérite d’avoir remis en cause la thèse selon laquelle les bêtes parlent
ainsi que nous. Pour lui, le langage est une propriété spécifiquement humaine. L’homme étant un être culturel,
un être qui a acquis son langage par apprentissage, ce dernier lui confère la capacité de créer, d’innover et de
progresser.
Adjuvants :
Aristote : « Seul parmi les animaux, l’homme possède le langage ».
R. Descartes : les animaux sont dénués de pensée, c’est pourquoi ils ne parlent pas : « Les animaux ne parlent
pas parce qu’ils ne pensent pas ».
Claude Lévi-Strauss : Le langage fait partie intégrante de la culture : « Le langage m’apparaît comme le fait
culturel par excellence ».
Max Müller : « Le langage est le Rubicon qu’aucun animal ne franchira jamais ».
III. CONCLUSION
Le langage est un moyen par lequel l’homme et les animaux satisfont leur désir de communication. Cependant
la langue de convention que possède l’être humain distingue l’homme de l’animal et porte l’homme à
progresser et à transcender les animaux.

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