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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET UNIVERSITAIRE

« ESU »
UNIVERSITÉ SAINT AUGUSTIN DE KINSHASA
Mars 2023
FACULTÉ DE THÉOLOGIE
B.P. 2143 KINSHASA
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

ECOLOGIE ET VISION HOLISTIQUE

Par
KAMBALE NDAMUKO Gervais
L2

Travail pratique présenté dans le cadre


du cours de la théologie de la création et
eschatologie.

Prof. : Evariste KABEMBA NZENGU


1

INTRODUCTION
D’entrée de jeu, la question écologique est d’actualité en ce sens que nombreux
chercheurs y orientent leurs travaux de recherche. C’est dans cette perspective que, dans le
cadre cours de la théologie de la création et l’eschatologie, il nous été demandé de réaliser une
compréhension (synthèse) d’une des parties de l’ouvrage du Professeur Evariste KABEMBA
NZENGU intitulé Et si la terre était notre mère ? Quelle sauvegarde ! Esquisse d’une
théologie écologique1. De ma part, j’ai choisi travailler dans la partie qui traite de l’écologie
et vision holistique. Autrement dit, cette partie cherche à trouver solution au problème de la
crise écologique dans la vision holistique du réel qu’exhausse l’écologie. Dans ce chapitre,
l’auteur axe sa réflexion sur la notion d’écologie ; le prérequis à l’écologie ; le sens de la crise
écologique ; l’écologie et vision unitaire.
En effet, nous tenterons une compréhension de ce chapitre en recourent également
à certaines idées issues des autres penseurs. D’une manière particulière, nous lirons
l’encyclique « Laudato si’ (Loué sois-tu !) » du Pape François, une encyclique articulée sur la
sauvegarde de la maison commune. On peut être tenter, en lisant cette encyclique, dire que
son auteur (Pape François) était à collaboration avec le Professeur Evariste KABEMNBA
NZENGU de par les idées similaires rencontrées dans leur plume.

I. DE LA NOTION D’ECOLOGIE
Avant toute investigation au sujet de la notion d’écologie, le professeur
KABEMBA a d’abord situé le concept « écologie » dans son histoire. Selon lui, se référant à
l’ouvrage d’E. Haeckel, ce concept apparait à la fin du 19 ème siècle et le définit comme « la
somme de toutes les relations amicales ou antagonistes d’un animal ou d’une plante avec son
milieu inorganique ou organique, y compris les autres êtres vivants ». Cette définition d’E.
Haeckel est suivie d’une autre, qualifiée de classique, qui stipule que l’écologie est une
science qui étudie les relations entre les organismes et leur milieu environnemental, en
mettant l’accent sur les interactions qui existent entre ces organismes et leurs écosystèmes.
Poursuivant, il convient de retenir que ce mot écologie vient du grec oïkos qui
signifie demeure, habitat. Oïkos a donné lieu à oïkoumène, « terre habitée » ; oïkoumène
signifiant, dans l’acception technique, l’univers comme monde qui environne. Telle est la

1
E. KABEMBA NZENGU, Et si la terre était notre mère ? Quelle sauvegarde ! Esquisse
d’une théologie écologique, Kinshasa, PUCC, 2022. p. 19-51
2

conception qui va mobiliser les scientifiques du 20 ème siècle lorsqu’ils découvrent l’unité
existant entre le « milieu géophysique » et les relations interactives entre les êtres vivants.
Comme science fondamentale et appliquée, l’écologie s’inscrit dans la sauvegarde
de la biosphère, des écosystèmes et lutte contre l’exploitation de la nature. Pour ce faire, la
science écologique veille non seulement à l’équilibre, mais dénonce aussi ce qui peut briser
cet élan vital. C’est ici que se liguent écologie politique (celle soucieuse de la majoration des
bénéfices, des bienfaits aux frais des ‘coups écologiques) et écologie éthique (celle
compatissante à l’égard de la nature dont elle réclame la vénération aux fins d’une solidarité
universelle).

II. DU SENS DE LA CRISE ECOLOGIQUE

La « crise écologique » n'est pas une crise passagère, elle est une menace
récurrente, sinon irréversible. Si la menace nucléaire est une menace en accélérée en mesure
de catapulter l’humanité en une destruction éclair et irréversible, la menace écologique est une
menace au ralenti " et sans merci, capable de semer le chaos apocalyptique indırectement
mais sûrement. L'économie moderne et l’industrie ont ouvert la Boite de Pandore si bien que
la mort écologique » est déjà au rendez-vous. Sur le fond, la crise écologique est due et
provoquée par la civilisation industrielle qui a mainmise sur la matière et l’espace. Cette
civilisation ındustrielle est sous-tendue par la culture moderne, scientifique, dont le pivot est
la quantification du réel. Cette objectivation de la nature est un lourd tribut que la nature n'ait
jamais porté parce que réduite à la matière. Le saccage écologique est lié à cette réduction
matérialiste et fonctionnelle de la nature. Ainsi la réification du monde comme objet entraine
également celle de l'homme : celui-ci se prête à son corps défendant comme objet de
manıpulation, comme un fruit dont on tire la substance (rentable) et qu'on rejette après.
Cette crise écologique est liée aussi à l'exploitation sans limite des ressources
naturelles et a l’aptitude de résorption des déchets dont la nature n'est plus capable, le
productivisme, l'iniquité dans la répartition des biens, la disparité entre nations", la conception
dualiste des choses, constituent les nœuds de la problématique écologique. Et le pape François
ajoute que la crise écologique et la crise sociale ne font qu’un. C’est-dire qu’«il n’y a pas
deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe
3

crise socio- environnementale... (il faut) une approche intégrale pour combattre la pauvreté,

pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature »2 (139).
S’il faut revenir sur l’économie moderne, on se rend compte que l’homme, en
exploitant la nature sans réserve, notamment à cause de la recherche de l’intérêt égoïste, il
oublie que l’économie devrait d’abord répondre aux besoins de l’homme, mettant en pratique
les notions éthiques comprises dans sa double mission. C’est d’ailleurs ce que soutient sans
détour Peter Koslowski quand il écrit : «Agis de telle sorte que ton agir économique se
conforme à la double tâche de l’économie, consistant d’une part à procurer des biens aux
hommes d’une façon efficace et à former un secteur essentiel de la pratique humaine et
d’autre part, à favoriser la réalisation personnelle de l’homme »3.
Outre ces comportements irresponsables des actions des humains contre la nature,
il convient de dire aussi que la technique prend le monde en tenaille, dévaste la terre, réduit
l’homme à la bête de somme. Redisons-le, la production à l’heure de la technique est d’une
violence extrême : dépravation de la nature, expurgation de ses potentialités. On se réalise que
l’homme subit la technologie en ce sens qu’il est sous sa colonisation. Plus grave encore, cette
technologie, dans son processus d’uniformisation, va jusqu’à gommer toute diversité
culturelle voire ethnique. Aussi, ne l’oublions pas, quand dire et savoir se transforment en
information, l’homme est même dépouillé de ce qui lui est originaire, le langage. Le constat
actuel est que l’informatique rend artificielles les relations humaines ; de cette façon, selon la
terminologie du Pape François, cette l’informatique conduit à « une espèce de pollution
mentale ».
De ce qui précède, le premier palier de la crise écologique se révèle l’abus de la
science et de la technologie. Mais les causes profondes de la crise plongent leurs racines dans
« le cœur humain » gonflé d’orgueil de vouloir régenter le monde à sa guise, et de
subordonner « la totalité de la vie » à soi.
Ainsi, l’on peut dire que la crise écologique aujourd’hui exacerbée a des racines
enfuies dans l’état peccamineux de l’humanité. Selon une perspective théologique, le défi
écologique est moins une crise scientifique, économique, environnementale qu’une culture,
c’est-à-dire une crise de valeurs culturelles, spirituelles et morales (McCARTHY). Adolphe
Gesché, lui, lie le défi écologique à la crise de l’intelligence, de la philosophie, de la

2
Cf. Pape FRANÇOIS, Laudato si’ (loué sois-tu !) n°139, Lettre encyclique sur la
sauvegarde de la maison commune, Namur, fidélité, 2015, p.122.
3
P. KOSLOWSKI, Principes d’économie éthique, Traduit de l’allemand par ANNE SAADA,
coll. « Passages », Paris, Cerf, 1998, p. 324.
4

théologie. La contribution des Evêques de France est que la crise écologique est « une crise de
sens », c’est-à-dire une crise éthique. Ceci dit, l’homme a vocation de devenir protagoniste de
la nature afin de construire un monde « juste, équilibré, harmonieux, respectueux » et humain.
La crise écologique, environnementale, manifeste « un jugement immanent » de
Dieu exigeant repentance et renouvellement de l’homme. Le péril, la mort de notre planète est
le fruit du péché d’intelligence de l’homme : par son intelligence l’homme détruit l’humanité,
saccage le cosmos.
Selon l’analyse géniale de Jean-Paul II, plus que le péché d’intelligence, la crise
écologique plonge ses racines dans le péché d’origine, qui n’est rien de moins que le mauvais
usage de la liberté humaine. Au carrefour de l’épreuve, l’homme, au lieu de choisir le bien, la
vérité, opte pour le refus de la volonté de Dieu. En famille de Dieu au commencement,
l’homme jouissait de l’innocence originelle, de la justice originelle (justitia originalis) qu’il
perdra à cause du péché. En perdant cette amitié avec Dieu, l’homme perd la grâce
sanctifiante et les dons surnaturels, préternaturels y afférents. La perte de ces dons divins a
comme conséquences le manque de maîtrise intérieure. Ce manque de maîtrise de soi se
répercute dans le manque de maîtrise du monde. Le saccage cosmique, la dépravation des
mœurs, déprédation de l’environnement, la raison conquérante ont leur source dans la triple
concupiscence : l’hédonisme, « la convoitise des biens terrestres » (égoïsme) et l’orgueil.
Ainsi donc, l’atteinte à l’intégrité de l’existence, la crise écologique, a sa course dans la perte
de l’amitié avec Dieu et dans la triple concupiscence. Et, nous le voyons, le péché porte
atteinte à soi, aux autres et à la nature. C’est pourquoi, la vision holistique 4 du monde se
profile comme nouvelle éthique écologique pour tracer la voie de l’avenir.

III. DE L’ECOLOGIE ET VISION UNITAIRE


Nous l’avons vu, la racine principale de la crise écologique est ce péché qui se
cache dans le cœur de l’homme. Le point précédent nous a prouvé qu’il faut la conception

4
Le terme«holistique » vient du grec « holos » (tout, entier) ; il fait référence à une
compréhension de la réalité en termes d'un tout intégré dont les propriétés ne peuvent être
réduites à des unités plus petites. Cf. Auclair, R. (1987). Conjoncture actuelle et approches
intégrées. Service social, 36(2-3), 207–212. https://doi.org/10.7202/706359ar, Article consulté le 27/02/2023 à
23h20
5

religieuse du monde pour espérer avoir une solution. La deuxième solution nous l’aurons dans
ce point. Ces deux solutions constituent la voie à la sauvegarde. Nous le verrons ici à travers
les axes suivants : la sacralité holistique et l’éthique écologique, la singularité et
transcendance de l’homme, l’autochtonie ou l’attitude d’habitabilité.
Le premier axe s’articule à deux dimensions à savoir : la sacralité holistique et
bèndéiste, et l’éthique écologique et dignité humaine. De la sacralité holistique, il nous faut
entendre une attitude éthique qui consiste à réapprendre que le tout du réel est sacré. Il s’agit
d’une spiritualité de sauvegarde qui reconnaît à toute chose de la création sa valeur
intrinsèque et sa bèndéité originaire, son altérité d’appartenance exclusive comme chose
d’autrui de Dieu ; spiritualité qui donne à chaque être de la création la place qui lui revient, lui
laissant espace pour son déploiement. Loin d’être animiste, cette spiritualité, marquée par la
considération aux êtres, relève de la complexité de la vie. Cette complexité est une preuve de
la finitude de l’homme. L’homme éprouve dans sa quête une limite. Et, alors la dimension
proprement religieuse de l’écologie trouve sa place dans cette épreuve de l’expérience de la
limite. De l’éthique écologique et dignité humaine, convient-il de retenir que l’homme a une
place privilégiée parmi les créatures, parce qu’il est doté d’intelligence, de conscience, de
liberté. Par sa faculté cognitive, il peut discerner la vérité et son contraire, il est capable de
science et de culture ; capacité essentielle à l’édification d’une société où s’épanouissent des
relations humaines fraternelles. Par sa conscience, il sait discerner le bien et le mal ; par sa
liberté, il sait faire des choix. Pour tout dire, en tant qu’être spirituel doué de connaissance
intellectuelle, de liberté et de volonté, l’homme est capable de dire « oui » à Dieu ou de lui
dire « non ».
Pour faire disparaitre progressivement la crise et affûter la conscience de
responsabilité vis-vis de la terre mère, le concours des sciences, de la philosophie de la nature
et de la théologie est de haute importance.
Le deuxième axe, celui de la singularité et transcendance de l’homme, se focalise
sur l’idée que l’unité du réel et la dimension holistique de la nature qu’a toujours exaltées la
philosophie de la nature, sont redécouvertes aujourd’hui par les sciences de la nature, qui
infèrent que les conditions optimales de l’émergence de l’univers étaient une préparation de
l’avènement de l’homme. C’est à ce niveau que l’on situe le fameux principe anthropique
cosmique que prône les sciences de la nature.
Le troisième axe, quant à lui, traite de l’autochtonie, c’est-à-dire l’attitude
d’habitabilité. Cet axe insiste sur l’idée que la prégnance (force) du sens d’appartenance à
l’habitat cosmique, la conviction d’être tissé d’une même étoffe avec les autres êtres de
6

l’univers, donne une attention amoureuse envers le cosmos qui agonise sous le poids des
activités humaines déprédatrices. Cette prise de conscience du cosmos, comme habitat vital de
l’homme, est très nécessaire. Cette nécessité se laisse remarquer dans l’acception que nous
pouvons avoir de l’habitabilité comme bien-être, comme épanouissement de l’être laissant
espace à l’autre et à la nature dans la diversité, cette étant essentiellement sauvegarde de la
perpétuation de l’espèce humaine, animale et végétale.

CONCLUSION
Somme toute, la crise écologique, une question préoccupante de notre temps, est
liée aux dérives et aux actions des humains qui n’ont pas tenu compte des potentialités, des
richesses que la terre peut offrir. Cette crise est le fruit amer de la civilisation industrielle
pivotée par la science objectiviste bâtie sur une philosophie dualiste. La répartition inéquitable
des biens est un des ressorts de cette crise. L’homme capricieux de son état, demeure la
source de cette crise. Et, redisons-le, la racine principale de la crise environnementale est le
péché qui tapit dans le cœur humain. Pour le résoudre, la conception religieuse du monde et la
sacralité holistique se donnent comme des voies à la sauvegarde.
Pour une meilleure sauvegarde, la conception religieuse est nécessaire. Cette
dernière peut mobiliser l’homme à reconnaître la nature comme un don de Dieu. Pour ce faire,
la sauvegarde et la préservation constitueront un mode de vie. De la même que les
scientifiques ont reconnu le principe anthropique cosmologique, selon lequel le cosmos
attendait l’homme, de même aujourd’hui doit-on reconnaître la cosmomâtrie (c’est-à-dire le
respect que l’homme doit au cosmos en tant que mère…).
7

BIBLIOGRAPHIE
1. Auclair, R. (1987). Conjoncture actuelle et approches intégrées. Service social, 36(2-

3), 207–212. https://doi.org/10.7202/706359ar

2. FRANÇOIS, (Pape), Laudato si’ (loué sois-tu !) n°139, Lettre encyclique sur la

sauvegarde de la maison commune, Namur, fidélité, 2015.

3. KABEMBA NZENGU, E., Et si la terre était notre mère ? Quelle sauvegarde !

Esquisse d’une théologie écologique, Kinshasa, PUCC, 2022.

4. KOSLOWSKI, P., Principes d’économie éthique, Traduit de l’allemand par ANNE

SAADA, coll. « Passages », Paris, Cerf, 1998.

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION.................................................................................................................. 1
I. DE LA NOTION D’ECOLOGIE...................................................................................1
II. DU SENS DE LA CRISE ECOLOGIQUE...............................................................2
III. DE L’ECOLOGIE ET VISION UNITAIRE............................................................4
CONCLUSION....................................................................................................................... 6
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................7
TABLE DES MATIERES......................................................................................................7

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