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EPIGRAPHES
DEDICACE
IN MEMORIAM
Gustav KAGUKU,
Bernadette M’CEMWENGE,
Victorine M’LWIGULIRHA,
Médiatrice MWASHITE, et
Marie-Micheline LINDA.
AVANT-PROPOS
Alors que cette recherche laborieuse est au seuil de sa parution au monde des chercheurs tant
en philosophie de l’écologie qu’en économie politique ainsi qu’en technoscience, nous, nous ouvrons
notre cœur pour exprimer notre gratitude à toutes celles et à tous ceux, qui, de loin ou de près nous
ont permis de l’entamer et de l’achever.
De manière singulière, nous tenons à dire merci au Professeur Associé Jean MURHEGA
qui, en dépit de ses occupations pluralistes a porté son regard sur nous en acceptant la direction
de ce travail. Votre compétence, patience et rigueur nous sont indubitables et inoubliables.
A tout seigneur, tout honneur, nous disons humblement merci aux Frères qui détiennent
la charge de la direction académique de notre Scolasticat bienheureux Jean XXIII ainsi qu’au
corps professoral et ouvrier dudit scolasticat pour leur dévouement pour la formation adéquate des
futurs ministres de l’Église. Au Professeur ordinaire Edouard NAWEJ ainsi qu’au chef des
travaux Germain MUSUL, nous exprimons notre profonde reconnaissance pour leurs
compliments.
L’opportunité nous est offerte pour exprimer nos sincères gratitudes à nos formateurs, à
nos accompagnateurs dont P. ROLANDO Le petit, sx, P, Mario, sdb et Fr. Marcel TSHIKEZ,
ofm, à nos frères en formation et à nos ouvriers pour leur confiance, amour et proximité dont nous
avons été bénéficiaires. Puisse Dieu vous accorder le souhait de vos lèvres.
VI
Vous avez été pour nous une compagnie et une chance, vous avec qui nous avons partagé
les expériences académiques, chers collègues, nous disons simplement merci. A la famille Edson
Tadeu Trévizan et Neusa Baptistella Rosaly depuis Brésil, à la famille Pierre KAZUWA, à la
famille Benjamin NYEMBO et Rosie BUZILU, à la famille MIKOMBE, à maman
MUSWAMBA, à maman Béatrice MUVUBA, à maman FAIDA BASHONGA, à maman
Joséphine CIBALONZA, à la famille Dodi MASUDI, à la famille André KITENGE, à la
famille Marcel KANT, à la famille Pascal KOBA, à Mr Cédric le bibliothécaire du theologicum
Saint François de Sale, nous exprimons notre reconnaissance pour vos soutiens et compliments. A
vous cher frère-cadet Lucien BISIMWA NAKALONGE, façonné par la société xavérienne, nous
vous remercions pour votre franche collaboration académique. Que tous ceux qui sont proches par
la vie tant quotidienne, morale que spirituelle se sentent remerciés du fond de notre cœur.
Nous remercions tous les censeurs sévères de la philosophie, vrais ayatollahs de la pensée.
A tous ceux qui ont le désir ardent de poursuivre la recherche en éthique environnementale en vue
de juguler la crise écologique actuelle, nous disons avec douceur : merci et courage.
Adolphe AGANZE
1
0. INTRODUCTION GENERALE
0.2. Problématique
C’est pourquoi, il y a lieu de se demander : Quel futur pour nos enfants ? Quel
est notre avenir à nous tous ? Quel est le socle de la crise écologique selon Vittorio
Hösle ? Quelle est la panacée à offrir face à la détérioration de l’environnement ?
Pourquoi l’homme ne tient plus compte des personnes incapables de se protéger ?
Pourquoi l’Afrique dans son innocence devient la victime la plus touchée par les
dommages environnementaux ? En quoi est-ce que la crise écologique est-elle
l’affaire de la philosophie ? Dans le développement de notre cogitation, nous
tenterons de répondre à ces questions.
l’Accord de Paris dont son prédécesseur Barack Obama fut signataire. Il refusa la
participation des États-Unis d’Amérique à la COP23 tenue à Bonn en Allemagne sous
la présidence de FIJI en 2017. Des travaux portant sur la Problématique de la crise
écologique. Lecture de Philosophie de la crise écologique de Vittorio Hösle furent
élaborés par Eustache NYANDWE MUVULA à l’Université de Lubumbashi et sur
De l’écologie selon Michel SERRES par Cédric MWEPU LWAMAINZA au
Scolasticat Saint Jean XXIII de Kolwezi en 2016. Ne prétendant pas cependant être
le premier ni le dernier à faire écho de la crise écologique actuelle ; nous sommes le
premier à entreprendre un tel travail sur Hösle basé sur La problématique de la crise
écologique au sein de notre palette, le Scolasticat saint Jean XXIII de Kolwezi. Par
ce travail, nous voulons proposer une nouvelle éthique environnementale face aux
insuffisances de l’anthropocentrisme cartésien qui est accusé d’être à la base de la
dégradation de notre habitat dont il est lui-même victime.
L’ossature de notre travail sera constituée des trois chapitres garnis par une
introduction et une conclusion générales. Le premier chapitre portera sur les sources
de la crise écologique selon Vittorio Hösle où nous montrerons d’où provient la crise
4
écologique actuelle en remontant aux sources que Hösle a indiquées entre autres
l’anthropocentrisme aveugle qui conduit aux actes irréversibles de l’être humain sur
les autres êtres, le progrès technoscientifique et ainsi que le paradigme de l’économie
capitaliste. Le deuxième chapitre portera sur la problématique de la crise écologique
selon Vittorio Hösle où nous présenterons le panorama de Hösle sur la crise
écologique actuelle c’est-à-dire l’ensemble des problèmes qui sont à la base des
catastrophes écologiques. Le troisième chapitre s’articulera autour des conséquences
de la crise écologique: ici nous présenterons à la lumière de Hösle les conséquences
des catastrophes écologiques dues à l’aggravation de la crise écologique.
5
I.0. Introduction
1
V. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, éd. Payot & Rivages, Paris, 2011, p. 2.
6
Par ailleurs, Hösle voit dans la dichotomie cartésienne une source évidente de
la crise écologique actuelle. Le « cogito ergo sum » de Descartes avait poussé l’être
humain à croire être le souverain des êtres. Cette opposition avait érigé un rempart
entre res cogitans, la chose pensante et la res extensa, la chose étendue. Cette rupture
va conduire à une subjectivité. Christian Godin montre que le début de la quatrième
partie du Discours de la méthode est introduit par le fameux cogito qui est pour
Descartes comme le premier principe indubitable de la philosophie4. Cette certitude
cartésienne fait preuve de la conscience de soi car penser c’est exister comme être
pensant, ce qui définit le cogito comme à la fois prototype et l’archétype de l’idée
claire et distincte car « toutes les fois que je serai en possession d’une idée aussi
claire et distincte que le cogito, je pourrai dire que je suis en possession d’une idée
vraie »5.
2
P.F. MOREAU, Anthropocentrisme, in Grand dictionnaire de la philosophie de Michel BLAY, éd.
Larousse-CNRS, Paris, 2012, p. 40.
3
MOREAU, Anthropocentrisme, 40.
4
Cfr. C.GODIN, La philosophie pour les nuls, éd. Éditions First, Paris, 2007, p. 278.
5
DESCARTES cité par GODIN, La philosophie pour les nuls, 278.
6
Cfr. R. DESCARTES, Discours de la méthode, éd. Jean-Vrin, Paris, 1962, p. 62.
7
et la santé du corps. L’intention est certaine, mais l’action plonge les écologistes en
colère et que Hösle qualifie de révoltant du fait que jamais dans la Grèce antique, la
physis ne pourrait être sous le joug du sophos car « la physis désignait le tout de l’être
en mouvement et l’être humain était conçu comme prenant place au sein de cet
ensemble…jamais il n’aurait pu venir à l’idée des grecs de saisir l’être humain dans
un rapport d’opposition à la physis »7. Mais, nous remarquons que l’homme moderne
est aveuglé par le désir de la position privilégiée dans l’univers face à la nature et
devienne ainsi l’espèce dominante dans la plupart des écosystèmes de la planète 8.
D’où, une exploitation de la terre exigeante en vue de la satisfaction des besoins
économiques par le moyen du progrès de la technique. Pour sa part, Eustache
Nyandwe Muvula estime que la domination de l’homme sur les autres êtres est la
principale conséquence de l’anthropocentrisme qui conduit à la crise écologique car
« lorsque cette domination s’enivre dans un succès aveugle, elle peut constituer un
grand danger dans le domaine écologique »9.
7
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 69.
8
Cfr. R. BARBAULT, Écologie générale : Structure et fonctionnement de la biosphère, éd. Dunod,
Paris, 2008, p.379.
9
E. NYANDWE MUVULA, Problématique de la crise écologique. Lecture de Philosophie de la crise
écologique de Vittorio Hösle, Mémoire de licence en Philosophie à
l’Université de Lubumbashi, 2016, (inédit), p. 3.
10
FRANÇOIS, Laudato si’ sur la sauvegarde de maison commune, éd. Mediaspaul, Kinshasa, 2015,
n°115, p. 114.
8
s’élever plus haut au-delà du monde. D’où, le tremplin vers la dictature voire
l’assujettissement du reste des êtres, ce qui conduit à l’exclusion car, pour Descartes
rien n’existe en-dehors de son « Je » et s’il existe un monde, ce dernier n’est constitué
que des automates. Cette attitude cartésienne pousse Hösle à dire que « la doctrine
cartésienne de la nature est au cœur du présent ravage exercé par l’être humain sur
la nature »11 en la dépouillant de sa valeur intrinsèque et conduit aux actes occultés
à l’égard de notre Terre.
11
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 77.
12
G. DANNEELS, L’Homme et son jardin : Écologie et création, éd. Bimba Landmann, Bruxelles,
2008, p. 23.
13
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 79.
9
Hösle face aux catastrophes causées par le progrès technoscientifique note que
« la menace de notre habitat terrestre est liée à la destruction de notre habitat
intellectuel »14, car le primat de la raison dans le cogito cartésien avait asphyxié l’être
humain pour ne pas reconnaître les limites de la soumission de sa volonté sur le
monde naturel et dont le ravage est remarquable en médecine aujourd’hui. Pour sa
part, le pape François tire la sonnette d’alarme en ce qui concerne l’avortement en
ces termes : « puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non
plus avec la justification de l’avortement »15. Le développement des sciences
modernes de la nature a connu une particularité remarquable qu’est la raison
technique. Par la technique, l’homme moderne a largement modifié les autres espèces
de la planète Terre et devient ainsi le plus bel exemple d’envahisseur16. La
dégradation écologique de la planète Terre a poussé Hösle à remarquer
paradoxalement que la sagesse de l’homme ne convient pas à la crise écologique à
laquelle le XXIème siècle croupisse du fait que l’existence de l’être humain a déjà créé
la désharmonie sur la terre ainsi que l’extermination d’un plus grand nombre
d’espèces animales et végétales jusqu’à modifier l’équilibre biologique de la planète
Terre17.
14
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 30.
15
FRANÇOIS, Laudato si’, n°120, 118.
16
Cfr. DANNEELS, L’Homme et son jardin : Écologie et création, 7.
17
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 62.
18
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 62.
10
En nous épargnant d’établir une liste des sciences modernes, notre urgence est
de montrer le remède à cette croissance des sciences modernes. Celles-ci sont à
l’origine de la dégradation de notre habitat terrestre. A cette fin, une nouvelle
philosophie de l’écologie est proposée par Hösle en vue de faire face au défi qui
guette le XXIème siècle. Vue la détérioration de notre environnement, il propose
l’Idéalisme objectif car « de par sa nature réflexive, l’idéalisme objectif est la seule
philosophie capable de conceptualiser de manière cohérente les vérités du réalisme
et de l’idéalisme subjectif »19. C’est cette philosophie à venir qu’est l’idéalisme
objectif qui doit résoudre le problème de l’absolutisation de l’être humain dans
l’univers face à la nature car, bien que ce progrès des sciences attire l’attention des
hommes, il est vrai de voir que ce progrès des sciences modernes « ne cesse de
s’imposer de plus en plus à l’environnement auquel nous sommes habitués, voire de
le détruire brutalement »20, ce qui plonge l’homme dans un dégoût de vivre du fait
19
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 67.
20
HÖSLE, L’idéalisme objectif, éd. Cerf, Paris, 2001, p. 22.
11
que le monde qui résulte de cette transformation destructrice n’offre plus guère de
havre spirituel aux hommes21. Robert Barbault estime qu’ « il nous faut en ce
Troisième millénaire, une science dite participative ou science citoyenne » 22 afin de
contribuer au bien-être collectif des générations présentes et à venir.
Peu après l’apparition des sciences modernes, la technique moderne a pris aussi
son envol. Le temps moderne est marqué par une transformation de la nature. Hösle
discerne dans ce progrès technique moderne une menace de l’environnement, car son
pouvoir s’impose de plus en plus du fait que son but primordial n’est que la
transformation radicale de l’environnement. Ce qui conduit à la destruction brutale et
suscite en l’homme la haine contre tout ce qui peut être supposé comme étant à
l’origine de cette évolution, à savoir en premier lieu la raison et l’argumentation
21
Cfr. HÖSLE, L’idéalisme objectif, 22.
22
BARBAULT, Écologie générale : Structure et fonctionnement de la biosphère, 380.
12
23
HÖSLE, L’idéalisme objectif, 23.
24
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 85.
25
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 62.
13
Cette analyse sur le progrès technique moderne ne nous laisse pas indifférent
face à sa contribution à l’amélioration de la qualité de vie de l’être humain. Nous ne
pouvons ne pas reconnaître et valoriser le progrès de la technique ; mais il est
révoltant de voir que ce progrès technique a conduit l’être humain à un totalitarisme
sur la nature, à la dictature, ce qui mène la société actuelle à la dérive27 à cause de
l’exploitation massive de la terre, bref, à la source de la crise écologique actuelle étant
donné que, avec le progrès technique, les pays émergents comme la Corée du Nord
aujourd’hui accumule d’arsenaux entiers d’armes à destruction massive et parvient à
inquiéter le monde entier. Ceci implique une menace à un suicide collectif de l’espèce
humaine, d’où la transformation de la Terre en un pur objet pour une fin donnée et
lui privant de toute valeur subjective. Puisque la superstructure de la société en pleine
industrialisation trouve ses assises sur un mariage entre les sciences modernes de la
nature, le progrès technique dans son but de transformer la Terre sans tenir compte
des dommages qu’il lui inflige et le paradigme de l’économie capitaliste qui hypnotise
l’être humain face à la crise écologique actuelle. Il est impérieux de voir en quoi ce
paradigme de l’économie qui décentre la nature et hypnotise l’être humain est à
l’origine de la crise écologique dont le XXIème souffre de la dévastation.
26
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 30.
27
Cfr. BARBAULT, Écologie générale : Structure et fonctionnement de la biosphère, 379.
14
28
G. LABICA, Karl Max « Les thèses sur Feuerbach », éd. PUF, Paris, 1987, p. 23.
29
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 46.
15
l’Afrique, est aussi celui qui est le plus précocement et le plus violement touché par
les dommages environnementaux »30.
Karl Marx trouve que la valeur de la nature n’est reconnue que quand elle est
exploitée non pas de manière qualitative mais quantitative car, pour Marx affirme
Hösle : la nature non exploitée recèle une valeur nulle. Par ailleurs, la conviction
kantienne et fichtéenne estime que la nature en soi n’est pas le réceptacle d’une valeur
morale. Le manque de valeur économique en soi chez Smith, Ricardo et Marx32 de la
nature est pour Hösle l’une des causes principales de la crise écologique actuelle. Ce
fait remarquable au XIXème siècle, n’est pas loin de ce qui nous plonge dans le chaos
en ce XXIème siècle. La République Démocratique du Congo, après le conflit d’entre
1960-2017, est arrivée à conclure des contrats miniers en vue de l’émergence de son
économie mais qui affaiblira les capacités de l’État tout en alimentant les conflits
armés au lieu de contribuer à la paix et au bien-être des congolais33. En dépit de la
qualité et de la quantité de ses ressources minières, la quantité dans l’exploitation du
sol intéressera ses partenaires, qui, hypnotisés par les intérêts économiques, se
méfient des impacts de leurs gestes sur l’environnement : il suffit de parcourir
l’ensemble de ses provinces pour s’en rendre compte des dommages de la
surexploitation minière. Ce qui est révoltant est de voir que l’Uranium de
30
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 32.
31
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 48.
32
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 147.
33
Cfr. B. MUTOMBO BWANACING, Les tâches de la théologie africaine face aux défis de l’écologie,
in Rayons africains de philosophie et de théologie 3 (2011), éd.
Éditions franciscaines, Kolwezi, 2011, 93.
16
I.4. Conclusion
Au cours de ce chapitre, notre effort consistait à cerner avec lucidité les sources
de la crise écologique actuelle. Pour Hösle, l’être humain au cours de ce siècle de la
crise écologique doit passer de la domination au partenariat avec la nature pour une
préservation durable de la Terre. Il est appelé à l’usage responsable de la
technoscience en pleine mutation en vue de garantir à long terme le nouveau
paradigme de l’écologie pour les générations à venir. Ces différentes sources de la
crise écologique actuelle restent le défi à relever au cours de ce siècle.
17
II.0. Introduction
II.1.1. La problématique
34
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 25.
35
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 25.
18
Par ailleurs, le mot écologie vient du terme grec « oïkos, demeure, maison, et
logos, science, étude »38 et a été introduit par le naturaliste et biologiste allemand E.
Haeckel en 1866 pour désigner la science qui étudie les rapports ou les relations entre
les organismes et le milieu où ils vivent39. Comme l’écologie fait écho d’une
discipline scientifique, Lamotte et Sacchi montrent qu’il est important de la situer
dans les disciplines biologiques car « l’écologie est ‘‘une véritable biologie de la
nature’’, à la fois analytique et synthétique »40. De par la diversité de ses problèmes
et de ses objectifs et de par son caractère épistémologique, l’écologie adopte une série
des techniques et des méthodes d’études à d’autres domaines tels que la démographie,
l’éthologie, la météorologie, la climatologie, l’océanographie, l’hydrologie ainsi que
les sciences du sol, il ressort que l’écologie devient ainsi une science
multidisciplinaire41.
Pour Hösle, l’écologie, de par son étymologie, fait appel à une science de
l’habitat. Cet habitat n’est rien d’autre que notre Terre42, dans lequel les hommes
vivent. D’où, il remarque une indissociabilité de l’unité d’éléments naturels et
culturels. Pourtant née vers la fin du XIXème siècle environ, la question
36
EMARQUER, Crise in Grand Dictionnaire de la Philosophie de Michel Blay, p. 221-222.
37
Cfr. RUSS, Dictionnaire de Philosophie, 60.
38
RUSS, Dictionnaire de Philosophie, 81.
39
Cfr. M. LAMOTTE et C-F. SACCHI, Écologie in Encyclopaedia Universalis, Vol.5, éd.
Encyclopaedia Universalis, 1968, Paris, p. 923-933.
40
LAMOTTE et SACCHI, Écologie in Encyclopaedia Universalis, 924.
41
Cfr. LAMOTTE et SACCHI, in Encyclopaedia Universalis, 924.
42
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 30.
19
43
Cfr. G.E. BOURGOIGNIE, Les hommes de l’eau : ethno-écologie du Dahomey Lacustre, éd. Éditions
Universitaires, Paris, 1972, p. 35.
44
FRANÇOIS, Laudato Si’ : Sur la sauvegarde de la maison commune, n°23, 24.
21
et que les générations futures45 ne peuvent prétendre à aucun droit par le fait qu’elles
n’existent pas encore d’autre part.
45
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 47.
46
P. FARB, Écologie, éd. Time-Life, Paris, 1968, p.165.
47
FARB, Écologie, 165.
22
La pollution radioactive est liée aux déchets des usines nucléaires, centrales
atomiques et aux explosions atomiques. Lamotte et Sacchi affirment que les
conséquences génétiques durables causées par cette pollution radioactive est
« observable chez les plantes, animaux y compris l’homme lui-même »50. Il suffit de
voir la population ainsi que les végétations environnantes du gisement d’uranium ou
d’une centrale atomique en explosion, et surtout la tragique histoire du monde
d’Hiroshima et de Nagasaki en août 1945 ainsi que la catastrophe nucléaire de la
centrale atomique de Fukushima Daiichi en mars 2011 toujours au Japon pour se
rendre compte de la dégradation.
Cette pollution affecte généralement l’air et l’eau et parfois les sols dans les
pays les plus industrialisés ainsi que les pays où l’extraction minière reste l’activité
la plus-value. Par cette pollution, plus d’un de ceux qui pratiquent l’activité agro-
pastorale ne peut rester indifférent car son effet ravage les végétations par le
48
LAMOTTE et SACCHI, Écologie in Encyclopaedia Universalis, 933.
49
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 37.
50
LAMOTTE et SACCHI, Écologie in Encyclopaedia Universalis, 933.
23
déversement des effluents des usines qui utilisent des produits chimiques tels que la
cyanure, le plomb et le sulfate51.
Les eaux sont plus polluées par cette dernière. Le versement dans l’eau des
déchets tels que les excréments, les cadavres, etc. provoquent la contamination
chimique des eaux et par leurs intermédiaires de la mer. Ce XXIème siècle est celui
qui a connu un grand déversement des chairs humaines dans les eaux à la suite de
l’émigration, qui, par superflu dans des bateaux débouche sur la noyade dans la mer
Méditerranée de tant d’émigrants, d’une part, et d’autre part, ces chairs humaines
dégradent l’eau continentale et causent des maladies hydriques tragiques. Le
problème d’eau est une préoccupation primordiale dans les débats politiques,
religieux et philosophiques afin que le principe du pollueur-payeur52 amorcé par
Hösle soit d’application à tout celui qui dégrade l’eau.
51
Cfr. CAJJ (Centre d’Aide Juridico-Judiciaire), in Rapport complémentaire sur la pollution du site
de Moloka de mai 2017, Kolwezi, p. 13.
52
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 147.
53
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 38.
24
II.3. Conclusion
III.0. Introduction
54
Cfr. L. MUKAZ NAWEJ, Du progrès scientifique et son enjeu écologique chez Hans Jonas,
I.S.P.T.K, TFC, 2014, (inédit), p. 10.
26
Depuis le siècle de l’économie, rien n’a été fait dans le concret pour juguler la
crise écologique actuelle. Son aggravation provoque aujourd’hui des catastrophes qui
sont devenues hostiles à l’humanité entière. L’espèce humaine comprend en effet que
l’exploitation effrénée et arbitraire de la nature mènerait à son propre anéantissement
car « s’opposer à la nature, c’est alors s’exposer à la sanction des catastrophes »57.
Force est de reconnaître que nul n’est besoin de voyager jusqu’aux confins du monde
pour se rendre compte que la crise écologique y est pire. Les pays les plus polluants
reconnus comme prédateurs aujourd’hui, sont devenus les victimes des catastrophes
issues des pays les plus pauvres qui sont leurs proies. Personne n’est à l’abri des
pollutions, des changements et réchauffements climatiques, l’élévation du niveau de
la mer et des océans, de la fonte de l’Arctique des pays polaires, de la sécheresse
accrue en Afrique, en Australie, aux Philippines, au Brésil, qui, sont des répercussions
55
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 69.
56
A. TORNIELLI et G. GALEAZZI, Pape François : cette économie qui tue, traduit de l’italien par
Geneviève Lambert, éd. Bayard, Paris, 2015, p. 173.
57
DANNEELS, L’Homme et son jardin : Écologie et création, 23.
27
de l’agir de l’être humain à travers l’industrialisme58. Nous estimons que si rien n’est
mis en application concrète et responsable par ceux qui ont l’amabilité des décisions
à travers le monde mais aussi par la base, la famille, source de toute éducation à
l’amour de notre oïkos pour juguler cette aggravation de la crise écologique, il est
clair que dans les prochaines décennies, cette inimitié générale pourrait aboutir à la
disparition de l’humanité sur la planète Terre.
58
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 143.
59
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 99.
60
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 104.
61
Cfr. T. SIEGER DERR, Écologie et Libération humaine, éd. Labor et Fides, Genève, 1974, p. 115.
28
L’époque moderne fut le temps d’un tournant éthique. Nul n’est besoin de
rejeter en bloc le nouveau règne de la subjectivité pour venir à bout de la crise
écologique. Ce nouveau règne de la subjectivité est l’une des conséquences éthiques
de notre siècle car sa révolte sur la nature qui l’environne est désastreuse. Hösle
découvre qu’au fur et à mesure que la subjectivité s’accentue, sa vigueur s’accroît
dans l’opposition à la nature. Ceci nous pousse à comprendre combien l’antagonisme
théorique cartésien qui oppose la res cogitans et la res extensa, n’est rien d’autre que
l’accomplissement de ce nouveau règne de la subjectivité car, « celle-ci engendre des
êtres toujours plus complexes qui se révoltent contre leur origine »63. Il est vrai
qu’aujourd’hui, la domination mondiale de la subjectivité s’exerce au détriment de
nos origines naturelles et de nos héritiers. Mais, cette emprise du nouveau règne de
la subjectivité reste une réalité éphémère du fait que ce nouveau règne est voué à la
disparition vu que sa temporalité est axée sur un présent absolu qui nie purement et
simplement le passé et le futur64.
62
SIEGER DERR, Écologie et Libération humaine, 115.
63
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 103.
64
Cfr. HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 108.
29
Nous avons eu devant les yeux les effets dévastateurs de certaines catastrophes
naturelles récentes. Lors de l’éruption du volcan de Nyiragongo à Goma
successivement le 03 janvier 1977 et le 17 janvier 2002, provoquant la mort d’une
dizaine des milliers des personnes et des animaux rares en l’occurrence les Gorilles
de montagne du Parc national de Virunga ; les victimes du Typhon Haiyan qui a
frappé les Philippines en novembre 2013, et fait plus de 5000 victimes65. Tout ceci
nous laisse voir combien les politiques respectueuses de notre terre n’ont pas été bien
poursuivies : le capitalisme a primé sur l’art de gouverner de tant de pays
industrialisés dans le monde. Cet échec se fait sentir du fait que la déchirure et les
controverses s’observent au sein des politiques puisque les pays industrialisés voulant
accaparer les ressources naturelles surtout dans les pays pourvoyeurs de matières
premières à majorité très pauvres, engendrent l’exploitation et les fréquents conflits
entre Nations ou à l’intérieur de celles-ci. Le cas paradigmatique est surtout ce que
nous nommons ici la troisième guerre mondiale engendrée par le besoin mondial pour
le cobalt, l’eau et le gaz méthane dont notre pays renferme une réserve considérable.
65
Cfr. TORNIELLI et GALEAZZI, Pape François : cette économie qui tue, 172.
66
Néologisme du philosophe norvégien Arne Naess à l’Université d’Oslo vers 1960.
30
67
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 175.
68
HÖSLE, Philosophie de la crise écologique, 185.
31
bon vivre. Du fait que la crise écologique actuelle est liée aussi aux besoins
économiques pressants. Nous pensons qu’il est urgent de les remplacer par un
équilibre dans les peuplements bien adaptés tant les milieux qu’aux besoins des
hommes. Il nous faut un aménagement des territoires efficace.
III.5. Conclusion
Les conséquences de la crise écologique sont des réalités tangibles pour notre
siècle. Il est exact que l’homme moderne a besoin des conséquences pour accepter
l’usage incontrôlé et irréductible de son agir. Cependant, ce troisième chapitre nous
a permis d’élucider quelques conséquences indéniables aujourd’hui et proposer la
panacée en vue de juguler cette aggravation généralisée de la crise écologique
actuelle. Les régimes démocratiques des pays industrialisés doivent être réformés afin
que les émissions de CO2 ne menacent plus notre demeure. Par la morale, nous
réduirons la distance déjà identifiée entre nos gestes et leurs impacts, distance propre
au processus de subjectivisation et de rationalisation du monde. Et parce qu’elle
détient intrinsèquement une valeur que nous sommes à mesure de reconnaître, les
êtres humains ont un devoir moral envers la nature.
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CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrage de l’auteur
1. HÖSLE V., L’idéalisme objectif, Les éditions du Cerf, Paris, 2001.
2. HÖSLE V., Philosophie de la crise écologique, Payot & Rivages, Paris, 2011.
II. Autres ouvrages
3. BARBAULT R., Écologie générale : Structure et fonctionnement de la biosphère, Dunod,
Paris, 2008.
4. BOURGOIGNIE G.E., Les hommes de l’eau : ethno-écologie du Dahomey Lacustre, Éditions
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5. DANNEELS G., L’Homme et son jardin : écologie et création, Bimba Landmann, Bruxelles,
2008.
6. DECARTES R., Discours de la méthode, Jean-Vrin, Paris, 1962.
7. FARB P., Écologie, Time-Life, Montreal, 1968.
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9. GALEAZZI G. et TORNIELLI A., Pape François : cette économie qui tue, traduit de l’italien
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10. GODIN C., La philosophie pour les nuls, Éditions First, Paris, 2007.
11. SIEGER DERR, Écologie et Libération humaine, Labor et Fides, Genève, 1974.
III. Dictionnaires
12. FLOBERT P., Le Grand Gaffiot : Dictionnaire latin-français, Hachette-Livre, Paris, 2000.
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la crise écologique de Vittorio Hösle, Mémoire de licence en
Philosophie à l’Université de Lubumbashi, 2016, inédit.
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