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La vie n'est vraiment pas un conte de fée par David-Olivier Defarges

2 personnages : (2F) Blanche-neige. Cendrillon. Durée 7 minutes.

Mobilier et accessoires : 1 sac à main, un stylo, 2 balais, 1 table, 2 chaises.

Situation : Blanche-neige, quadra désormais célibataire, rencontre par hasard sa rivale de la même
génération, Cendrillon.

Au lever de rideau : Blanche-neige, près d'une terrasse de café, est en train de manipuler son
téléphone, l'apercevant et la reconnaissant, Cendrillon décide de l'accoster.

CENDRILLON, ironiquement. – Excusez-moi grand-mère, puis-je...

BLANCHE-NEIGE, alors qu'elle allait s’asseoir, surprise, elle relève la tête. – Pardon ?

CENDRILLON, fait mine d'être surprise. – Oh ! Blanche-Neige ! Excuse-moi ! C'est que je t'ai
prise pour la grand-mère du petit chaperon rouge !

BLANCHE-NEIGE, fait semblant de ne pas la reconnaître. – Et vous voulez un autographe, c'est


ça ? Au nom de... (elle commence à sortir un stylo de son sac)

CENDRILLON. – Mais pas du tout ! C'est moi !

BLANCHE-NEIGE. – Moi qui ?

CENDRILLON, elle commence à être un peu agacée. – Mais Cendrillon ! La...

BLANCHE-NEIGE, continue à jouer. – Sandrine Dion, connais pas ! Ah ! Si !

CENDRILLON. – Ça y est ! Tu me remets !

BLANCHE-NEIGE. – Oui, Sandrine Dion, la sœur de Céline ! Mes condoléances, j'ai appris pour
René !

CENDRILLON, commençant vraiment à s'agacer. – Non ! Cen... dri... illon !

BLANCHE-NEIGE, souriante car fière du tour joué à sa rivale. – Mais bien sûr, Cendrillon ! Où
avais-je la tête ? Avec tous tes kilos... enfin, tous tes vêtements, je veux dire... je ne te reconnaissais
pas ! Un heureux événement à venir ? Félicitations !

CENDRILLON, vexée. – Non, bien sûr, que non ! Tu peux parler ! A ce que je vois, toi aussi, tu as
pris cher, ma vieille !

BLANCHE-NEIGE. – Que veux-tu, l'arrêt de la cigarette !

CENDRILLON. – Tu n'as jamais fumé !

BLANCHE-NEIGE. – Les cigarettes en chocolat ! C'est encore pire ! Ça se pose directement sur
les hanches !
CENDRILLON. – Alors, qu'est-ce tu deviens ?

BLANCHE-NEIGE, elle s'assied. – Toujours pareil ! Chassée en permanence par les paparazzis !
Je cours de castings en interviews ! (elle montre son téléphone) Là, j'étais avec mon agent ! Une
proposition de film ! Tu sais ce que c'est... enfin non, tu ne peux pas savoir ! (elle rit ironiquement)

CENDRILLON. – Mytho ! Il y a belle lurette que tu n'as plus d'agent et que tu es au CPAS ! Tu as
même postulé à Disneyland !

BLANCHE-NEIGE, gênée. – Mais... mais pas du tout ! Et... et qui a bien pu te dire ça ?

CENDRILLON. – La fée Clochette ! (elle s'assied)

BLANCHE-NEIGE. – Grrr ! On ne l'a pas sonnée celle-là ! Quelle commère ! (baissant la tête)
Et oui, j'avais postulé ! Mais ils ont embauché une roumaine à ma place ! Vive l'Europe ! Trop
vieille pour jouer mon propre rôle qu'ils ont dit ! Tu te rends compte !

CENDRILLON. – Tu sais, je comprends que tu sois jalouse ! Ton prince charmant s'est réfugié
dans mes bras ! (triomphante) Mais je ne t'en veux pas ! J'ai l'habitude !

BLANCHE-NEIGE, elle se lève. – Jalouse, moi ? Tu rigoles ! Trop heureuse de m'être débarrassée
de ce bolos !

CENDRILLON. – Beau gosse...

BLANCHE-NEIGE. – Non, bolos ! Beau gosse, c'était au siècle dernier ! (elle se rassied)

CENDRILLON. – Euh... alors, on parle bien du même ! (elles rient toutes les deux)

BLANCHE-NEIGE. – En plus, il jouait l'argent du ménage au Casino ! Il ne gagnait jamais ce


loser !

CENDRILLON. – Tu m'étonnes ! Il n'a jamais joué au Casino. Avec l'argent, il se tapait des escort
girls ! La femme de Donald par exemple !

BLANCHE-NEIGE. – Qui ça ? Daisy ? Je n'aurais pas cru ça d'elle !

CENDRILLON. – Non, de Donald... Trump !

BLANCHE-NEIGE. – Ah ! Là, je suis vraiment sincère. (elle lui pose la main sur l'épaule) Je suis
contente que tu aies enfin trouvé chaussure à ton pied, Cendrillon !

CENDRILLON. – Euh... En fait, on n'est plus ensemble ! Il me trompait ! Le démon de midi l'a
pris !

BLANCHE-NEIGE. – Surtout que toi, tu es plutôt de minuit ! Et tu n'as pas eu trop de mal à t'en
débarrasser ?

CENDRILLON, elle se lève. – Oh ! Que si ! Mon ami le chat lui a botté le derrière ! Et toi, tu as
refait ta vie ? J'imagine que tu as de nombreux prétendants !
BLANCHE-NEIGE. – Pas vraiment, j'ai bien eu une aventure avec Peter Pan... mais on me traitait
de cougar !

CENDRILLON. – Tiens, c'est marrant. Moi, j'ai eu le capitaine qui a vécu à mon crochet ! Et
Pinocchio ? (elle se rassied)

BLANCHE-NEIGE. – Pinocchio ! Notre rupture a été radicale, il est parti en scierie ! Tu sais,
parfois, je me sens vraiment seule !

CENDRILLON. – Mais, tu as tes enfants !

BLANCHE-NEIGE. – M...ouais... Nif-Nif et Naf-Naf sont tout le temps dans le pâté ! Nouf-Nouf
était en couple avec la petite sirène mais ça a fini en eau de boudin ! Tu parles d'une vie de château !

CENDRILLON. – Oui, même pas un château en Espagne ! Pourtant avec la crise...

BLANCHE-NEIGE. – Tiens, en parlant de château, sans vouloir jouer les pénélopes, j'aurais dû
me marier avec Fillon !

CENDRILLON. – Et moi donc ! C'est un bon parti !

BLANCHE-NEIGE. – Et nous, on se retrouve à faire tapisserie ! Et le prince, que devient-il ?

CENDRILLON. – Aux dernières nouvelles, il était avec la belle au bois dormant !

BLANCHE-NEIGE. – Ça ne m'étonne pas ! Cette feignasse siliconée passe ses journées au lit !

CENDRILLON. – Comme lui ! Un beau couple de cas soc !

BLANCHE-NEIGE. – Remarque, ils ne risquent pas grand chose, elle est ménopausée !

CENDRILLON. – Tu m'étonnes, après 100 ans de sommeil ! Elle ne doit plus être de la première
fraîcheur !

BLANCHE-NEIGE. – C'est certain ! Depuis tout ce temps, elle doit sentir la naphtaline ! (elles
rient toutes les deux)

TOUTES LES DEUX, elles se lèvent et sur l'air de la chanson de Gilbert Bécaud, elles chantent.
– Elle était mon guide.. naphtaline !

CENDRILLON. – Tu sais, il a tenté sa chance avec toutes les nanas ! La femme de Shrek ! Enfin
l'ex...

BLANCHE-NEIGE. – Fiona ! Ils ne sont plus ensemble ?

CENDRILLON. – Non, elle est avec le géant vert, ils sont végans tous les deux !

BLANCHE-NEIGE. – Et s'ils se marient, le traiteur ça sera Gam vert ? (elles rient)

CENDRILLON, elle se rassied. – Le prince a même essayé avec la Schtroumpfette !


BLANCHE-NEIGE, elle se rassied. – La Schtroumpfette ? Connais pas !

CENDRILLON. – Mais si ! La Schtroumpfette c'est Mimie Mathy avec des cheveux longs et des
talons hauts !

BLANCHE-NEIGE. – Minny Mathy ? Minny, la femme de Mickey ? J'y crois pas !

CENDRILLON. – Mais non ! Enfin... peu importe ! Quelle déchéance pour le prince charmant !

BLANCHE-NEIGE. – Quand il s'est éloigné de moi, il a tué la poule aux œufs d'or ! Je ne devrais
pas te le dire mais on m'a proposé de jouer dans « L'ex belle et la bête ! » c'est un peu vexant !

CENDRILLON. – C'est sûr ! Et moi, dans un film érotique !

BLANCHE-NEIGE, curieuse. – Et tu as accepté ?

CENDRILLON. – Non, penses-tu ! Le titre c'était « 50 nuances de gras ! » Ah ! Les hommes !


Tous les mêmes !

BLANCHE-NEIGE. – Oui, à la fois lâches et égoïstes !

CENDRILLON. – Je dois te faire une confidence ! J'ai toujours été un peu jalouse de toi ! Quand
je balançais des ignominies sur toi, c'était toujours sans méchanceté !

BLANCHE-NEIGE, flattée, elle fait l'innocente. – Ah ! Bon ! Je ne pensais pas... enfin, si un


peu... (elle rit)

CENDRILLON. – J'ai toujours admiré ta classe, ta beauté, ta sensualité ! Tu es encore canon !

BLANCHE-NEIGE. – Un peu rouillée, alors ! Confidences pour confidences, tu as toujours été ma


plus grande rivale, j'enrageais rien qu'à l'évocation de ton nom ! Quand je te calomniais, c'était par
pure charité chrétienne !

CENDRILLON. – Merci. En fait, le prince charmant et les autres mecs n'ont rien compris !

BLANCHE-NEIGE. – C'est clair ! (elle se lève) Bon, ce n'est pas tout, mais ma pause est
terminée ! (elle va chercher son balai et commence à balayer la scène)
Au fait, tu ne m'as pas dit, qu'est-ce que tu fais là ?

CENDRILLON. – Devine ? (elle se lève et va chercher un balai et balaie également)


Notre vie n'est vraiment pas un conte de fée !

BLANCHE-NEIGE. – Ah ! Toi aussi ! Et dire que toutes les petites filles rêvent d'être à notre
places !

CENDRILLON. – Ouais... Tu parles d'un avenir !

TOUTES LES DEUX, tout en balayant, elles chantent. – Un jour mon prince viendra !

LE RIDEAU SE BAISSE

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