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préface

Dans cette anthologie illustrée de poèmes lyriques sur le thème de la peur, vous retrouverez terreur de Guy de Maupassant, Bouche de
Reine Louise de Vilmorin, A poor young shepherd de Paul Verlaine, J’ai Presque peur, en vérité de Paul Verlaine et Gare ! de Victor
Hugo. Ces poèmes ont été choisis par mes soins car ils causent tous un effet de peur chez le lecteur, notamment Terreur qui est en effet
très réaliste. Ces poèmes sont tous illustrés par des peintures, Vampire et le Cri de Edward Munch, Le désespéré et fou de peur de
Gustave Courbet ainsi que Vieil Homme Triste de Van Gogh qui illustrent parfaitement les poèmes en raison de l’effet d’inquiétude et de
terreur des personnages sur ces tableaux.
Noémie.
Terreur, Guy de Maupassant, 1876
Ce soir-là j’avais lu fort longtemps quelque auteur.
Il était bien minuit, et tout à coup j’eus peur.
Peur de quoi ? je ne sais, mais une peur horrible.
Je compris, haletant et frissonnant d’effroi,
Qu’il allait se passer une chose terrible…
Alors il me sembla sentir derrière moi
Quelqu’un qui se tenait debout, dont la figure
Riait d’un rire atroce, immobile et nerveux :
Et je n’entendais rien, cependant. O torture !
Sentir qu’il se baissait à toucher mes cheveux,
Et qu’il allait poser sa main sur mon épaule,
Et que j’allais mourir au bruit de sa parole !…
Il se penchait toujours vers moi, toujours plus près ;
Et moi, pour mon salut éternel, je n’aurais
Ni fait un mouvement ni détourné la tête…
Ainsi que des oiseaux battus par la tempête,
Mes pensers tournoyaient comme affolés d’horreur.
Une sueur de mort me glaçait chaque membre,
Et je n’entendais pas d’autre bruit dans ma chambre
Que celui de mes dents qui claquaient de terreur.
Un craquement se fit soudain ; fou d’épouvante,
Ayant poussé le plus terrible hurlement
Qui soit jamais sorti de poitrine vivante,
Je tombai sur le dos, roide et sans mouvement. Le Cri de Edward Munch, 1883
Bouche de Reine, L.Vilmorin, 1939
La Reine en moi bercée
Me donne sa grandeur
Je suis la tour hantée
Dont les hommes ont peur.
Bouche de Reine
Sans un baiser,
Tour sur la plaine
Sans escalier.
Mes yeux sont les fenêtres
Où brillent ses beaux yeux,
La Reine va paraître
Chassant les amoureux.
Nul ne me dit :
« Viens ma maîtresse
Il est minuit
Dénoue tes tresses. »
Une Reine est en moi
Qui défie l’aventure, Vampire de Edward Munch,
Sa main est en mes doigts
Mon corps est son armure. 1895
Et nul ne veut
De ma personne
Car je suis deux
Quand je me donne.
A poor young shepherd, Victor Hugo, 1874
J'ai peur d'un baiser
Comme d'une abeille.
Je souffre et je veille
Sans me reposer :
J'ai peur d'un baiser !

Pourtant j'aime Kate


Et ses yeux jolis.
Elle est délicate,
Aux longs traits pâlis.
Oh ! que j'aime Kate !

C'est Saint-Valentin !
Je dois et je n'ose
Lui dire au matin...
La terrible chose
Que Saint-Valentin !

Elle m'est promise,


Fort heureusement !
Mais quelle entreprise
Que d'être un amant
Près d'une promise !

J'ai peur d'un baiser


Comme d'une abeille.
Je souffre et je veille
Le Viel Homme Triste de Van
Sans me reposer :
J'ai peur d'un baiser! Gogh, 1890
J’ai presque peur, en vérité, P.Verlaine,
1872
J'ai presque peur, en vérité,
Tant je sens ma vie enlacée
À la radieuse pensée
Qui m'a pris l'âme l'autre été,

Tant votre image, à jamais chère,


Habite en ce coeur tout à vous,
Mon cœur uniquement jaloux
De vous aimer et de vous plaire ;

Et je tremble, pardonnez-moi
D'aussi franchement vous le dire,
À penser qu'un mot, un sourire
De vous est désormais ma loi,

Et qu'il vous suffirait d'un geste.


D'une parole ou d'un clin d'oeil,
Pour mettre tout mon être en deuil
De son illusion céleste.

Mais plutôt je ne veux vous voir,


L'avenir dût-il m'être sombre
Et fécond en peines sans nombre,
Qu'à travers un immense espoir,

Plongé dans ce bonheur suprême


De me dire encore et toujours,
En dépit des mornes retours,
Que je vous aime, que je t'aime !

Le Fou de Peur, Gustave


Courbet, 1844
Gare !, Victor Hugo, 1865
On a peur, tant elle est belle !
Fût-on don Juan ou Caton.
On la redoute rebelle ;
Tendre, que deviendrait-on ?

Elle est joyeuse et céleste !


Elle vient de ce Brésil
Si doré qu'il fait du reste
De l'univers un exil.

À quatorze ans épousée,


Et veuve au bout de dix mois.
Elle a toute la rosée
De l'aurore au fond des bois.
( ceci n’est qu’un extrait de ce poème, si
vous voulez le lire en entier, cliquez sur
ce lien : Le Désespéré de Gustave
https://www.poesie-francaise.fr/victor-
hugo/poeme-gare.php Courbet, 1845
)
Biographie de quelques auteurs
Maupassant est né en 1850 à Tourville-sur-Arques et est mort en 1893 à Paris. Il est auteur de roman, poète, journaliste et littéraire.
Victor Hugo est né en 1802 à Besançon et est mort en 1885 à Paris. Il est poète, dramaturge, romancier écrivain et littéraire.
Paul Verlaine est né en 1844 à Metz et est mort en 1896 à Paris. Il est poète et a eu des relations amoureuses avec Rimbaud.
Louise Vilmorin est née en 1902 à Verrières-le-Buisson et est morte en 1969 au même endroit. Elle est une grande femme de lettres.

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