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Marceline Desbordes Valmores
(1786-1859)
Les auteures
Poétesse de l'école lyonnaise (1524-1566) formée autour de Maurice Marceline Desbordes Valmore est une grande poétesse du 19e
Scève, qui fut l'une des plus grandes femmes de lettres du XVIe siècle siècle, précurseur du romantisme.
Son père, Pierre Charly, était un cordelier de la ville. Elle tirera son Tour à tour, actrice (elle a joué dans le Barbier de Séville), auteur
surnom, la belle cordelière, de son père aussi bien que de son futur époux, de théâtre et poétesse, elle a enchanté le 19e siècle et de nombreux
Il fit donner à sa fille la meilleure éducation possible : espagnol et italien, grands artistes lui rendent hommage. Balzac, Verlaine,
l'équitation et les exercices militaires. Elle pratiquait également la Baudelaire et bien d’autres ne tarissent pas déloge à son sujet.
musique, l'escrime et la chasse. Issue d’une famille ruinée par la révolution, Marceline est
Vivant à Lyon, elle reçoit chez elle une société distinguée et lettrée, emmenée dès 1802 à la Guadeloupe par sa mère, ou celle-ci meurt
composée d'artistes, d'avocats et de riches propriétaires. Elle appartient quelques mois plus tard. De retour à Paris, elle est engagée dans
alors à ce qu'on appelle l'école lyonnaise, aux côtés d'autres poètes comme une troupe de théâtre et se fait ainsi connaître. Marceline aura 4
Maurice Scève et Pernette du Guillet. Un privilège royal lui permet en enfants (le premier d’une liaison avec un acteur, les trois autres
1555 de publier ses écrits, un recueil de textes en prose intitulé 'Le Débat issus de son mariage avec un acteur, Prosper Lanchantin, dit
de folie et d'amour', trois élégies et 24 sonnets. Valmore). Malheureusement un seul de ses enfants, Hypolyte, issu
de son mariage avec Valmore, lui survivra. Sa fille, Ondine, fut
Le livre rencontre un grand succès et est même réédité à trois reprises au elle aussi une poétesse et écrivit de nombreux poèmes, jusqu’à sa
cours de l'année 1556. Louise Labé disparaît en 1566 en laissant une mort, à 31 ans.
oeuvre plutôt mince mais qui est l'une des premières à aborder aussi
directement la passion féminine. Très aimée de son vivant, publiant irrégulièrement, Marceline
reçoit une pension royale de la part de Louis-Philippe et de
On prête à la jeune femme de nombreuses outrances amoureuses qui n'ont nombreuses distinctions.
fait qu'accroître le mythe autour de cette femme dont on sait finalement
peu de choses. Louise Labé est considérée comme une des premières Tour à tour, actrice (elle a joué dans le Barbier de Séville), auteur
féministes en France. de théâtre et poétesse, elle a enchanté le 19e siècle et de nombreux
grands artistes lui rendent hommage. Balzac, Verlaine,
Baudelaire et bien d’autres ne tarissent pas déloge à son sujet.
Le dernier Rendez-vous
Mon seul amour ! embrasse-moi.
• Champ lexical de la mort: Si la mort me veut avant toi,
Je bénis Dieu ; tu m’as aimée
Sonnet 13 l’auteure pourrais mourir Ce doux hymen eut peu d’instants :
par amour Tu vois ; les fleurs n’ont qu’un printemps,
Et la rose meurt embaumée.
Oh, si j'étais en ce beau sein ravie • Les poèmes parlent d’un Mais quand, sous tes pieds renfermée,
De celui-là pour lequel vais mourant :
amour profond réciproque Tu viendras me parler tout bas,
Si avec lui vivre le demeurant Crains-tu que je n’entende pas ?
De mes courts jours ne m'empêchait envie : et du désir d’être avec leur Je t’entendrai, mon seul amour !
bien-aimé, malgré la mort Triste dans mon dernier séjour,
Si m'accolant me disait : chère Amie, Si le courage t’abandonne ;
Contentons-nous l'un l'autre ! s'assurant qui les attends. Et la nuit, sans te commander,
Que jà tempête, Euripe, ni Courant • Elles voudraient rester dans J’irai doucement te gronder,
Ne nous pourra disjoindre en notre vie : Puis te dire : « Dieu nous pardonne ! »
leurs bras Et, d’une voix que le ciel donne,
Si de mes bras le tenant accolé, • Même la mort ne pourra Je te peindrai les cieux tout bas :
Crains-tu de ne m’entendre pas ?
Comme du lierre est l'arbre encercelé, rien y changer: elles sont
La mort venait, de mon aise envieuse, J’irai seule, en quittant tes yeux,
heureuses. T’attendre à la porte des Cieux,
Lors que, souef, plus il me baiserait, Et prier pour ta délivrance.
Oh ! dussé-je y rester longtemps,
Et mon esprit sur ses lèvres fuirait,
Je veux y couler mes instants
Bien je mourrais, plus que vivante, heureuse. A t’adoucir quelque souffrance ;
Puis un jour, avec l’Espérance,
Je viendrai délier tes pas :
Crains-tu que je ne vienne pas ?
Je viendrai, car tu dois mourir,
Sans être las de me chérir :
Et comme deux ramiers fidèles,
Séparés-par de sombres jours,
Pour monter où l’on vit toujours,
Nous entrelacerons nos ailes !
Là, nos heures sont éternelles :
Quand Dieu nous l’a promis tout bas,
• Le champ lexical de L’amour
l’amour et de la souffrance Vous demandez si l'amour rend heureuse ;
Sonnet 24 est utilisé: l’amour est Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
destructeur Ah ! pour un jour d'existence amoureuse,
• Les deux auteures Qui ne mourrait ? la vie est dans l'amour.
Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé,
Si j'ai senti mille torches ardentes, expliquent leur ressentis Quand je vivais tendre et craintive amante,
Mille travaux, mille douleurs mordantes. sur l’amour et qu’il ne faut Avec ses feux je peignais ses douleurs :
pas le sous-estimer. Sur son portrait j'ai versé tant de pleurs,
Si, en pleurant, j'ai mon temps consumé,
• L’utilisation de l’imparfait Que cette image en paraît moins charmante.
Sonnet 17 tristesse Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
• Les deux poèmes parlent J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Je fuis la ville, et temples, et tous lieux des bien-aimés des auteures Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
Esquels, prenant plaisir à t'ouïr plaindre, qui sont loin de leurs N’écris pas !
Que si je veux de toi être délivre, N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire :
Il me convient hors de moi-même vivre; Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;
Julien Clerc – 2002 –
Ou fais encor que loin sois en séjour. Les Séparés/N’écris pas! Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.
N’écris pas !
Regarde-le
• Champ lexical de la vue et Regarde-le, mais pas longtemps :
Sonnet 11 de la douleur dès le début Un regard suffira, sois sûre,
des poèmes. Pour lui pardonner la blessure
Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté • Les auteures parlent de la Qui fit languir mes doux printemps.
Regarde-le, mais pas longtemps !
Petits jardins pleins de fleurs amoureuses beauté de leurs bien-aimés
Où sont d'Amour les flèches dangereuses, mais ce regard qui leurs S'il parle, écoute un peu sa voix :
Tant à vous voir mon œil s'est arrêté ! donne tant de plaisir les fait Je ne veux pas trop t'y contraindre ;
Je sais combien elle est à craindre,
tant souffrir. Ne l'entendît-on qu'une fois :
Ô cœur félon1, ô rude cruauté, • Utilisation de phrases S'il parle, écoute un peu sa voix !
Tant tu me tiens de façons rigoureuses, exclamatives pour appuyer
Tant j'ai coulé de larmes langoureuses2, cette souffrance. Tais-toi, s'il demande à me voir.
J'ai pu fuir sa volage ivresse ;
Sentant l'ardeur3 de mon cœur tourmenté ! Mais me cacher à sa tendresse,
Dieu n'en donne pas le pouvoir :
Donques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tais-toi, s'il demande à me voir !
Tant de bons tours par ces yeux recevez ; Si je l'accusais devant toi,
Mais toi, mon cœur, plus les vois s'y complaire, Appelle un moment son image ;
Avec le feu de son langage,
Défends-le par pitié pour moi,
Plus tu languis, plus en as de souci. Si je l'accusais devant toi !
Or devinez si je suis aise aussi,
réalité de leur vie trop dure Qu'il entende compter ses richesses cachées ;
Lors m'est avis que dedans mon sein tendre Que la lampe expirante y jette sa lueur ;
sans leur bien-aimés. Paralyse ses mains sur lui-même attachées,
Je tiens le bien où j'ai tant aspiré, Et qu'il tremble, inondé d'une froide sueur !
Et pour lequel j'ai si haut soupiré Va tromper des tyrans les pâles sentinelles,
Fais circuler la crainte autour de leurs rideaux ;
Que de sanglots ai souvent cuidé fendre. Dissipe les grandeurs qu'ils croyaient éternelles,
Et de pavots sanglants épaissis leurs bandeaux !
Continuez toutes les nuits mon songe ; Montre-lui la vengeance implacable, dans l'ombre,
Sous les traits d'un esclave armé de tous ses fers ;
Montre-lui le poignard au feu mourant et sombre
Des yeux qu'il fit pleurer : c'est le feu des enfers.
ET si jamais ma pauvre âme amoureuse
Que le beffroi s'ébranle, et tinte à son oreille
Ne doit avoir de bien en vérité, La fureur populaire et son nom abhorré ;
Que sa porte d'airain en tombant le réveille
Faites au moins qu'elle en ait en mensonge. Et qu'il ne puisse fuir par la peur égaré !