Vous êtes sur la page 1sur 9

Vérité et mensonges :

Vérité
La vérité est très peu mentionnée,
- quand elle l’est, elle est liée au sacré et relève de l’illusion
- ou elle est présentée comme insaisissable et profondément ambivalente, protéiforme
(tout est vrai et faux à la fois. Réactivation des vertiges baroques)
- le terme est surtout utilisé dans l’expression toute faite « en vérité », utilisée de façon
banale et vide de sens et qui parodie Jean 5, 24-27.
I,1, Maffio : « par ce qu’il y a de vrai et de sacré au monde »
I,6 : Marie À propos de Lorenzo : « un saint amour de la vérité brillait sur ses lèvres et dans
ses yeux noirs. »
II,2, Lorenzo : « ce que vous dites là est parfaitement vrai et parfaitement faux, comme tout
au monde. »
IV, 4, le cardinal à la marquise : « mais, en vérité, vous prenez tout au sérieux »
V, 5, l'orfèvre au Marchand « non, en vérité, je ne vois pas ce qu'il en résulte »

Mensonges, dissimulations :
L’écolier observe les costumes pour faire croire à ses camarades qu’il a participé à la fête : «
on observe bien tous les costumes, et le soir on dit à l'atelier (…) et on ne ment pas. »
Les mensonges de Salviati : I,2, il harcèle Louise, I,5 il plaisante et diffame l’une des dames
de la scène en prétendant l’avoir vue dans son propre lit. Il prétend ensuite que Louise lui a
fait des avances. II,7, il meurt en dénonçant Pierre au duc, et prétend avoir été assassiné pour
avoir dit que Louise était amoureuse du duc.
I,6 : Marie : « il n'en est pas un parmi tous ces pères de famille chassés de leur patrie, que
mon fils n’ait trahi. »
II,2, Lorenzo : « ce que vous dites là est parfaitement vrai et parfaitement faux, comme tout
au monde. »
II, 4 : Bindo à Lorenzo : « Vous nous avez dit quelquefois que cette confiance extrême que le
duc vous témoigne n'était qu'un piège de votre part. Cela est-il vrai ou faux ? Êtes-vous des
nôtres, où n’en êtes-vous pas ? Voilà ce qu'il nous faut savoir. » Lorenzo répond plus loin :
« n'en doutez pas un seul instant ; l'amour de la patrie respire dans mes vêtements les plus
cachés. »
II, 4 : Lorenzo au duc à propos de Philippe Strozzi (mais discours à double entente, le butor
est en fait le duc lui-même !) : « si vous saviez comme cela est aisé de mentir impudemment
au nez d’un butor ! »
III,2, Philippe à propos des Pazzi : « ils invitent leurs amis à venir conspirer comme on invite
à jouer aux dés, et leurs amis, en entrant dans leur cour, glissent dans le sang de leurs grands-
pères. »

Le plus fourbe des personnages, le cardinal : rare personnage qui n’utilise pas la parole
manipulatrice de façon directe, mais tire les ficelles à distance.
II,3 : le cardinal : « oui, je suivrai tes ordres, Farnèse ! que ton commissaire apostolique
s’enferme avec sa probité dans le cercle étroit de son office, je remuerai d'une main ferme la
terre glissante sur laquelle il n’ose marcher. Tu attends cela de moi, je l'ai compris, et j'agirai
sans parler, comme tu as commandé. (…) c'est d'un autre qu'il se défiera, en m'obéissant à
son insu. Qu'il épuise sa force contre des ombres d'hommes gonflés d’une ombre de
puissance, je serai l'anneau invisible qui l’attachera, pieds et poings liés, à la chaîne de fer
dont Rome et César tiennent les deux bouts. Si mes yeux ne me trompent pas, c'est dans cette
maison qu’est le marteau donc je me servirai.» À propos de la marquise : « laisse seulement
tomber ton secret dans l'oreille du prêtre ; le courtisan pourra bien en profiter, mais, en
conscience, il n'en dira rien. »
Le cardinal à la Marquise : « un secret d'importance entre des mains expérimentées peut
devenir une source de biens abondante »
Conflit entre la marquise qui veut une stratégie à visage découvert, et les plans secrets du
cardinal
La Marquise seule à propos du Cardinal : « qu'il voulût pénétrer mon secret pour en informer
mon mari, je le conçois ; mais, si ce n'est pas là son but, que veut-il donc faire de moi ? La
maîtresse du duc ? Tout savoir, dit-il et tout diriger ! (…) il faut qu'il ait quelque sourde
pensée, plus vaste que cela et plus profonde. »
IV,4 : le cardinal à la marquise « il y a des secrets qu'une femme ne doit pas savoir, mais
qu'elle peut faire prospérer en en sachant les éléments », « je ne puis parler qu’en termes
couverts » « vous ne désespérez pas de vous laisser convaincre » « agissez d'abord je parlerai
après »
la marquise : « parlez-moi franchement », « j'aurai à lire le livre secret de vos pensées »

Les masques du theatrum mundi :


Le thème du masque ouvre et clôt la pièce qui se situe à la toute fin du carnaval.
Thème du masque, I,2, les personnages sortent du carnaval, didascalie : « plusieurs masques
sortent d’une maison illuminée » (à prendre au sens propre et figuré) et ds la scène « regarde
donc le joli masque », « vois-tu celui-là qui ôte son masque ? »
dans l'acte V pour dissimuler au peuple la mort d’Alexandre, avant la désignation d'un
nouveau duc, le cardinal prétend que le duc se repose après une mascarade, V, 1 : « Le duc a
passé la nuit à une mascarade, il repose en ce moment ! » jeu de mots à double entente sur la
mascarade et sur « repose » (le piège tendu par Lorenzo, et toute la vie politique florentine est
une mascarade).
III,3, L à Ph : « je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seul le
portaient au front » « j'entrai alors dans la vie, et je vis qu’à mon approche tout le monde en
faisait autant que moi ; tous les masques tombaient devant mon regard ; l'Humanité souleva sa
robe, et me montra, comme à un adepte digne d'elle, sa monstrueuse nudité. J'ai vu les
hommes tels qu’ils sont »
L : « j'ai été honnête. La main qui a soulevé une fois le voile de la vérité ne peut plus le laisser
retomber ; elle reste immobile jusqu'à la mort, tenant toujours ce voile terrible, et l’élevant de
plus en plus au-dessus de la tête de l'homme, jusqu'à ce que l'Ange du sommeil éternel lui
bouche les yeux »
L : « je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre, dans deux jours, les
hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté. »
V,2 : Ph à L : « tu aurais déifié les hommes, si tu ne les méprisais pas » L « je ne les méprise
point, je les connais. »
(Ces masques derrière lesquels se dissimule la débauche s’opposent aux « masques » que
portent aussi les êtres plus honnêtes pour survivre sur ce théâtre, en dissimulant à l’inverse
leur véritable nature)

Les masques des hommes purs :


III,3, Lorenzo, à Philippe : « quelle robe nouvelle va revêtir la nature, si le masque de la
colère s'est posé sur le visage auguste et paisible du vieux Philippe ? »
Philippe à L : « si la hideuse comédie que tu joues m'a trouvé impassible et fidèle spectateur,
que l'homme sorte de l'histrion ! Si tu as jamais été quelque chose honnête, soit le
aujourd'hui. » « ne m'as-tu pas parlé d'un homme qui s'appelle aussi Lorenzo, et qui se cache
derrière le Lorenzo que voilà ? » « le rôle que tu joues est un rôle de boue et de lèpre, tel que
l'enfant prodigue ne l'aurait pas joué dans un jour de démence » « es-tu dedans comme au-
dehors une vapeur infecte ? Toi qui m'as parlé d'une liqueur précieuse dont tu étais le flacon,
et cela ce que tu renfermes ? »
L : « pour plaire à mon cousin (…) pour devenir son ami, et acquérir sa confiance, il fallait
baiser sur ses lèvres épaisses tous les restes de ses orgies. J'étais pur comme un lys, et
cependant je n'ai pas reculé devant cette tâche. Ce que je suis devenu à cause de cela, n'en
parlons pas. Tu dois comprendre que j'ai souffert, il y a des blessures dont on ne lève pas
l'appareil impunément. Je suis devenu vicieux, lâche, un objet de honte et d'opprobre » « Non,
je ne rougis point ; les masques de plâtre n’ont point de rougeur au service de la honte. »
Ph : « tu as pris, dans un but sublime, une route hideuse »
L : « j'avais commencé à dire tout haut que mes 20 années de vertu était un masque
étouffant »
Ph : « tu jetteras ce déguisement hideux qui te défigure, et tu redeviendras d'un métal aussi
pur que les statues de bronze »
L : « il est trop tard, je me suis fait à mon métier. Le vice a été pour moi un vêtement,
maintenant il est collé à ma peau »
« il faut que le monde sache un peu qui je suis, et qui il est. »
IV,4, la Marquise au cardinal : « oui, je le sais. César a vendu son ombre au diable ; cette
ombre impériale se promène, affublée d’une robe rouge, sous le nom de Cibo. »
IV,5, L : « quel bourbier doit donc être l'espèce humaine, qui se rue ainsi dans les tavernes
avec des lèvres affamées de débauche, quand, moi, qui n'ait voulu prendre qu'un masque
pareil à leurs visages, et qui ai été aux mauvais lieux avec une résolution inébranlable de
rester pur sous mes vêtements souillés, je ne puis ni me retrouver moi-même ni laver mes
mains, même avec du sang ! »

Croire, « Faire croire »


I, 4 le cardinal au duc : « vous croyez à cela, monseigneur ? » Al « je voudrais bien savoir
comment je n'y croirais pas. » Cibo « hum ! C'est bien fort. » Al « c'est justement pour cela
que j'y crois. vous figurez-vous qu'un Médicis se déshonore publiquement par partie de
plaisir ? »
III,3, Ph : « je crois à tout ce que tu appelles des rêves ; je crois à la vertu, à la pudeur et à la
liberté. »
L à Ph : « tel que tu me vois, Philippe, j'ai été honnête. J'ai cru à la vertu, à la grandeur
humaine, comme un martyr croit à son Dieu.»
IV, 10, le cardinal au duc : « Me faire croire est peut-être impossible »
Le duc : « et vous aussi, brave Maurice, vous croyez aux fables ? Je vous croyais plus homme
que cela. » Sire M : « ce que je dis je puis le prouver »
V,2, Philippe à L : « je te crois, je t'embrasse, la liberté est donc sauvée ! Oui, je te crois, tu es
telle que tu me l'as dit. »

Le pouvoir du langage :

Manipulation par la parole


I, 3 : La marquise Cibo : « ceux qui mettent les mots sur leur enclume, et qui les tordent avec
un marteau et une lime, ne réfléchissent pas toujours que ces mots représentent des pensées, et
ces pensées des actions. »
I,4 : Sire Maurice à Lorenzo : « votre esprit est une épée acérée, mais flexible. C'est une arme
trop vile ; chacun fait usage des siennes. »
II,3 : la marquise au cardinal : « Une source de bien ! Des mains expérimentées ! Je reste là,
en vérité, comme une statue. Que couves-tu, prêtre, sous ces paroles ambiguës ? Il y a certains
assemblages de mots qui passent par instant sur vos lèvres, à vous autres ; on ne sait qu'en
penser. »
II,4 : Lorenzo : « Pas un mot ? pas un petit mot bien sonore ? Vous ne connaissez pas la
véritable éloquence. On tourne une grande période autour d'un beau petit mot, pas trop court
ni trop long, et rond comme une toupie. On rejette son bras gauche en arrière de manière à
faire faire à son manteau des plis pleins d'une dignité tempérée par la grâce ; on lâche sa
période qui se déroule comme une corde ronflante ; et la petite toupie s’échappe avec un
murmure délicieux. On pourrait presque la ramasser dans le creux de la main, comme les
enfants des rues.»

Le pouvoir d’un mot :


Créer de la sympathie : I,5, 2ème bourgeois : « n'est-il pas agréable de voir un grand seigneur
adresser librement la parole à ses voisins d'une manière affable ? Tout cela fait plus qu'on ne
pense. »

Susciter des émotions fortes : I,5, Le Prieur (Léon Strozzi) : « j'ai prêché quelquefois, et je n'ai
jamais tiré grande gloire du tremblement des vitres. Mais une petite larme sur la joue d'un
brave homme m'a toujours été d'un grand prix. »
II,4 : Venturi à Lorenzo : « seigneur, je pense de même et je n'ai pas un mot à ajouter. »
Lorenzo : « pas un mot ? pas un petit mot bien sonore ? Vous ne connaissez pas la véritable
éloquence. On tourne une grande période autour d'un beau petit mot, pas trop court ni trop
long, et rond comme une toupie. »
V,3, L à Ph : « toutes ces paroles me font mal »

Susciter des soulèvements : II,1 : Philippe Strozzi : « la république, il nous faut ce mot-là. Et
quand ce ne serait qu'un mot, c'est quelque chose, puisque les peuples se lèvent quand il
traverse l'air… »
III,2, Pierre à son père : « ceux qui passent les nuits sans dormir ne meurent pas silencieux. »
III,3, Philippe à L, à propos de son intervention chez les Pazzi « je leur parlerai noblement,
comme un Strozzi, comme un père, et ils m'entendront. »
L à Ph : « prends-y garde, c'est un démon plus beau que Gabriel. La liberté, la patrie, le
bonheur des hommes, tous ces mots résonnent à son approche comme les cordes d'une lyre
(…) ses paroles épurent l'air autour de ses lèvres »
III,6, la marquise au duc : « quel mot que celui-là : je peux si je veux ! (…) devant ce mot les
mains des peuples se joignent dans une prière craintive, et le pâle troupeau des hommes
retient son haleine pour écouter »

Attiser les vengeances : II,1 : Pierre Strozzi : « tu me vois hors de moi d'impatience, et tu
cherches tes mots ! Dis les choses comme elles sont, parbleu ! Un mot est un mot ! » Le
Prieur : « il a dit qu’il coucherait avec elle, voilà son mot »
II,5 Philippe Strozzi : « que de haines inextinguibles, implacables, n'ont pas commencé
autrement ! Un propos ! La fumée d'un repas jasant sur les lèvres épaisses d’un débauché !
voilà les guerres de famille, voilà comme les couteaux se tirent. On est insulté, et on tue ; on a
tué et on est tué. Bientôt les haines s’enracinent. » (…) « la vertu d’une Strozzi ne peut-elle
oublier un mot d’un Salviati ? »
III,1, Scoronconcolo à L : « n'ai-je pas entendu raisonner distinctement un petit mot bien net :
la vengeance ?»
III,3, Philippe : « j'ai parlé il n'y a pas un quart d'heure, contre les idées de révolte, et voilà le
pain qu'on me donne à manger, avec mes paroles de paix sur les lèvres ! »
Entraîner la dépravation :
IV,4 : La Marquise au cardinal « ô ciel ! J'ai entendu murmurer des mots comme cela à de
hideuses vieilles qui grelottent sur le marché neuf »
IV, sc 5, « le vice comme la robe de Déjanire s'est-il si profondément incorporé à mes fibres
que je ne puisse plus répondre de ma langue, et que l’air qui sort de mes lèvres se fasse ruffian
malgré moi ? J'allais corrompre Catherine- Je crois que je corromprais ma mère si mon
cerveau le prenait à tâche (…) Catherine n'est-elle pas vertueuse, irréprochable ? Combien
faudrait-il pourtant de paroles, pour faire de cette colombe ignorante la proie de ce gladiateur
aux poils roux ? Quand je pense que j'ai failli parler ! »

Vanité des mots :


III,6, le duc à la marquise : « des mots, des mots et rien de plus. » (voir « words words
words » Hamlet II,2) IV,9, L seul : « ah! Les mots, les mots, les éternelles paroles! (…) ô
bavardage humain! ô Grand tueur de corps morts ! Grand défenseur de portes ouvertes ! »
Vanité des études, des textes, des grands mots des intellectuels …
IV,7, Pierre à son père « inexorable faiseur de sentences ! Vous serez cause notre perte. » « il
ne sera pas dit que tout soit perdu faute d'un traducteur de latin ! »
IV, 10, le cardinal au duc : « Me faire croire est peut-être impossible »
V,5, l’orfèvre à propos de Côme : « il nous est poussé un beau dévideur de paroles », le
marchand « c'est un vacarme de paroles dans la ville, comme je n'en ai jamais entendu, même
par ouï-dire. »
V, 6, en étudiant : « puisque les grands seigneurs n'ont que des langues, ayons des bras. »

Le nom honni :
II,3 : la marquise au cardinal : « lire une lettre peut être un péché, mais non pâlir une
signature. Qu’importe le nom à la chose ? »
(Le mot et la chose : ici il s’agit du nom propre du duc, mais difficile de ne pas y voir aussi
une allusion au célèbre poème grivois du XVIIIème « le mot et la chose » de l’abbé de
Lattaignant )
III,1, L à Scoronconcolo : « (l’épée) qui le tuera n’aura ici-bas qu'un baptême ; Elle gardera
son nom. » Sc à L : « quel est le nom de l'homme ? » L : « qu’importe ? »
III,3, Philippe à L : « tu es un Médicis toi-même, mais seulement par ton nom. »

Valeurs morales :

Pureté, vertu, honnêteté


I,3 : le cardinal Cibo : « je voudrais seulement que l'honnêteté n’eût pas cette apparence. » La
marquise : « l'honnêteté n'a-t-elle point de larmes, Monsieur le cardinal ? »
I, 4, Valori : « Monseigneur, l'honnêteté ne se perd ni ne se gagne sous aucun habit, et parmi
les hommes il y a plus de bons que de méchants. »
I,5 : Salviati (avec ironie) : « ne dirait-on pas que toute la vertu de Florence s'est réfugiée chez
ces Strozzi ? »
I,6 : Catherine : « la lâcheté n'est point un crime, le courage n'est pas une vertu ; pourquoi la
faiblesse serait-elle blâmable ? »
II,1 : Philippe Strozzi « la corruption est-elle donc une loi de nature ? Ce qu'on appelle la
vertu, est-ce donc l'habit du dimanche qu'on met pour aller à la messe ? » « et nous autres
vieux rêveurs, quelle tache originelle avons-nous lavé sur la face humaine depuis quatre ou
cinq mille ans que nous unissons avec nos livres ? »
II,2 : Tebaldeo : « trouver sur les lèvres d'un honnête homme ce qu'on a soi-même dans le
cœur, c'est le plus grand des bonheurs qu'on puisse désirer. »
Ii,4 Lorenzo au duc à propos de Catherine « c’est une vertu » Le duc « allons donc est-ce qu’il
y en a pour nous autres ? »
II,5 Philippe Strozzi « la vertu d’une Strozzi ne peut-elle oublier un mot d’un Salviati ? »
« c'est un si beau spectacle qu'un sang pur montant à un front sans reproche » « on croit
Philippe Strozzi un honnête homme, parce qu'il fait le bien sens empêcher le mal ! »
(sentiment de culpabilité de Philippe, qui souffre de n'avoir pas fait assez, s'être tenu à
distance du pouvoir, de l'action politique en se consacrant aux études. Ne pas agir, ne pas faire
le mal est-il suffisant pour être moral ? suffit-il pour être vertueux de ne pas commettre le
mal ? ne pas le combattre n'est-ce pas une faute grave contre la vertu ?
Lorenzo à Pierre : « tu es beau, Pierre, tu es grand comme la vengeance. »
III,3, L à Philippe : « les joyaux les plus précieux qu'il y ait sous le soleil, les larmes d'un
homme sans peur et sans reproche ? »
Philippe à L : « Si tu as jamais été quelque chose honnête, soit le aujourd'hui. » L : « si je ne
suis pas telle que vous le désirez, que le soleil me tombe sur la tête ! » « je t'ai appelé du nom
sacré d'ami, je me suis fait sourd pour te croire, aveugle pour t'aimer » « je leur parlerai
noblement, comme un Strozzi, comme un père, et il m'entendront. »
L à Ph : « tel que tu me vois, Philippe, j'ai été honnête. J'ai cru à la vertu, à la grandeur
humaine, comme un martyr croit à son Dieu. » « ma jeunesse a été pure comme l’or »
Ph : « je crois à tout ce que tu appelles des rêves ; je croise à la vertu, à la pudeur et à la
liberté. »
L : « j'avais commencé à dire tout haut que mes 20 années de vertu était un masque
étouffant »
Ph « tu me fais horreur. Comment le cœur peut-il rester grand, avec des mains comme les
tiennes ? »
V,2, Philippe à L : « je te crois je t'embrasse, la liberté est donc sauvée ! Oui, je te crois, tu es
telle que tu me l'as dit. »
L : « songes-tu que ce meurtre, c'est tout ce qu'il me reste de ma vertu ? » « si je pouvais
revenir à la vertu, si mon apprentissage du vice pouvait s'évanouir, j'épargneraient peut-être ce
conducteur de bœufs, mais j'aime le vin le jeu et les filles, comprends-tu cela ? »
IV,5, L : « Catherine est-elle pas vertueuse, irréprochable ? » et IV,9 L : « Catherine passe
pour très vertueuse, pauvre fille ! Qu'il est sous le soleil, si elle ne l'est pas ? »
IV,6, Philippe : « ô ma Louise ! Il n'y a que Dieu qui ait su qui tu étais et moi, moi, moi ! »

Contrairement aux stratagèmes dissimulés du cardinal ou de Lorenzo, Ph Strozzi veut agir à


visage découvert, honnêtement :
III, 3, Ph : « mon intention est d'en appeler au peuple, et d'agir ouvertement » « je crois à
l'honnêteté des républicains » L à Ph « tu as les mains pures »
III,7, Ph : « ma cause est loyale, honorable et sacrée »

Dangers de l’hybris :
III,3, L à Ph : « prends-y garde, c'est un démon plus beau que Gabriel. La liberté, la patrie, le
bonheur des hommes, tous ces mots résonnent à son approche comme les cordes d'une lyre
(…) ses paroles épurent l'air autour de ses lèvres »
« les hommes ne m'avait fait ni bien ni mal, mais j'étais bon, et pour mon malheur éternel, j'ai
voulu être grand. » « l'orgueil m’y a poussé aussi » Ph : « l'orgueil de la vertu est un noble
orgueil. Pourquoi t'en défendrais-tu ? » L : « je travaillais pour l'humanité ; mais mon orgueil
rester solitaire au milieu de tous mes rêves philanthropiques »
L : « je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre, dans deux jours, les
hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté. »
III,7, Ph : « je ne suis poussé par aucun motif d'ambition, ni intérêt, ni d'orgueil »
« Dieu de justice ! Dieu de justice ! que t’ai-je fait ? »

Figures de la corruption :

Etres vils :
I,4 : Sire Maurice à Lorenzo : « votre esprit est une épée acérée, mais flexible. C'est une arme
trop vile ; chacun fait usage des siennes. »
I,6 : Catherine à propose de Lorenzo : « son cœur n'est peut-être pas celui d'un Médicis ; mais,
hélas ! C'est encore moins celui d'un honnête homme. » Marie : « la souillure de son cœur lui
est montée au visage. »
II, 4 : Bindo à Lorenzo : « cela ne m'étonnerait pas que tu devinsses plus vil qu'un chien, au
métier que tu fais ici »
III,3, L à Ph : , L à Ph : « je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres
seul le portaient au front »
Ph : « toutes les maladies se guérissent, et le vice aussi est une maladie »
L : « il est trop tard, je me suis fait à mon métier. Le vice a été pour moi un vêtement,
maintenant il est collé à ma peau »
Ph « tu me fais horreur. Comment le cœur peut-il rester grand, avec des mains comme les
tiennes ? »
L : « si je pouvais revenir à la vertu, si mon apprentissage du vice pouvait s'évanouir,
j'épargneraient peut-être ce conducteur de bœufs, mais j'aime le vin le jeu et les filles,
comprends-tu cela ? »

Débauche
I, 3 : La marquise Cibo :
« (cela vous est égal à vous) que la débauche serve d’entremetteuse à l'esclavage, et secoue
ses grelots sur les sanglots du peuple ? »

Déshonneur :
I,4, Le Duc : « vous figurez-vous qu'un Médicis se déshonore publiquement, par partie de
plaisir ? »
I,5 : l’orfèvre à propos de Salviati : « Marié comme il est à une femme déshonorée partout ! Il
voudrait qu'on dît de toutes les femmes ce qu'on dit de la sienne. »
II,1 : Philippe Strozzi « le petit Maffio banni, sa sœur corrompue, devenue une fille publique
en une nuit ! »(…) « la corruption est-elle donc une loi de nature ? Ce qu'on appelle la vertu,
est-ce donc l'habit du dimanche qu'on met pour aller à la messe ? » « et nous autres vieux
rêveurs, quelle tache originelle avons-nous lavé sur la face humaine depuis quatre ou cinq
mille ans que nous unissons avec nos livres ? »
II,3 : le cardinal (imaginant le raisonnement de la marquise) : « un si doux péché pour une si
belle cause, cela est tentant n'est-il pas vrai, Ricciarda ? (…) faire jaillir d'un rocher l'étincelle
sacrée, cela valait bien le petit sacrifice de l'honneur conjugal, et de quelques autres
bagatelles. » analogie avec la figure de Lucrèce évoquée par Lorenzo II,4 : « Elle s'est donné
le plaisir du péché et la gloire du trépas »
II,5, Pierre à son père : « depuis quand se cache-t-on pour avoir mangé son honneur ? »
III,3, Philippe : « l'honneur des Strozzi souffleté en place publique, et un tribunal répondant
des quolibets d'un rustre ! »
Ph à L : « j'ai laissé l'ombre de ta mauvaise réputation passer sur mon honneur, et mes enfants
ont douté de moi en trouvant sur ma main la trace hideuse du contact de la tienne »
III,6, la marquise au duc : « sacrifier le repos de ces jours, la Sainte chasteté de l’honneur (…)
et cela n'en vaut pas la peine! » « ô mon Laurent ! J'ai perdu le trésor de ton honneur »
Justice/Injustice :
III,3, Philippe (seul- : « où en sommes-nous donc si une vengeance aussi juste que le ciel que
voilà est clair, est punie comme un crime ? » (…) « si le Saint appareil des exécutions
judiciaires devient la cuirasse des ruffians et des ivrognes, que la hâche et le poignard, cette
arme des assassins, protègent l'homme de bien. » « la justice devenue une entremetteuse ! »
Puis à L : « je demande l'aumône à la justice des hommes ; je suis un mendiant affamé de
justice, et mon honneur est en haillons. »
L : « je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre, dans deux jours, les
hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté. »
III,7, Ph : « c'est une juste vengeance qui me pousse à la révolte »
« Dieu de justice ! Dieu de justice ! que t’ai-je fait ? »

Illusions de la transcendance ?

Mourir pour la patrie ? images de Florence :


I,6 : banni : « qu'ils crèvent tous dans leur franche crapuleuse » « florence, peste de l'Italie,
mère stérile qui n'as plus de lait pour tes enfants » « adieu, Florence la bâtarde, spectre hideux
de l'antique Florence, adieu, fange sans nom. » « malédiction sur la dernière goutte de ton
sang corrompu ! »
II,2 personnification de Florence : Lorenzo qualifie Florence de mauvais lieu, de catin, tandis
que Tebaldeo y voit sa mère. « une blessure sanglante peut engendrer la corruption dans le
corps le plus sain. Mais des gouttes précieuses du sang de ma mère sort une plante odorante
qui guérit tous les maux.»
III,6, la marquise à Al : « oui j'ai de l'ambition non pas pour moi mais toi ! Toi et ma chère
Florence !
IV,7, L : « pauvre Florence ! Pauvre Florence ! »
V,2 ; Ph à L : « il n'y a pas de haine dans ma joie - il n'y a que l'amour le plus pur, le plus
sacré pour la patrie, j'en prends Dieu à témoin. »

La religion ?
plaisir des sens pour faire croire :
II,2, Valori : quelle satisfaction pour un chrétien que ces pompes magnifiques de l'Eglise
romaine ! Quel homme pourrait y être insensible ? » (il évoque divers plaisirs des sens :
plaisir de la vue de l’odorat et de l’ouïe) « tout cela peut choquer, par son ensemble mondain,
le moindre sévère et demie du plaisir. Mais rien n'est plus beau, selon moi, qu'une religion qui
se fait aimer part de pareils moyens »
Impasse de la religion, ds le double sens de la phrase du cardinal :
IV, 10, le cardinal au duc : « Me faire croire est peut-être impossible »

L’art et les chimères


II,2 : Tebaldeo : « c'est une excuse bien pauvre d'un rêve magnifique. » Lorenzo : « vous
faites le portrait de vos rêves ? Je ferai poser pour vous quelques uns des miens. » Tebaldeo :
« réaliser des rêves, voilà la vie du peintre. » « je ne respecte point mon pinceau mais je
respecte mon art. Je ne puis faire le portrait d'une courtisane. » Lorenzo : « ton Dieu s'est bien
donné la peine de la faire ; tu peux bien te donner celle de la peindre. »
« une blessure sanglante peut engendrer la corruption dans le corps le plus sain. Mais des
gouttes précieuses du sang de ma mère sort une plante odorante qui guérit tous les maux.
L’art, cette fleur divine, a quelquefois besoin du fumier pour engraisser le sol et le féconder. »
Philosophie, idéal et chimères
II,1 : Philippe Strozzi : « que le bonheur des hommes ne soit qu'un rêve, cela est pourtant dur ;
que le mal soit irrévocable, éternel, impossible à changer…non ! Pourquoi le philosophe qui
travaille pour tous regarde-t-il autour de lui ? Voilà le tort. Le moindre insecte qui passe
devant ses yeux lui cache le soleil. »
III,3, L à Ph : « tel que tu me vois, Philippe, j'ai été honnête. J'ai cru à la vertu, à la grandeur
humaine, comme un martyr croit à son Dieu.»
« je ne méprise point les hommes ; le tort de livres des historiens et de nous les montrer
différent de ce qu'ils sont. »
Ph à L : Ph : « tu as pris, dans un but sublime, une route hideuse, et tu crois que tout
ressemble à ce que tu as vu »
L : « je me suis réveillé de mes rêves, rien de plus ; je te dis le danger d'en faire. Je connais la
vie, et c'est une vilaine cuisine »
Ph : « je crois à tout ce que tu appelles des rêves ; je crois à la vertu, à la pudeur et à la
liberté. »
L : « je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre, dans deux jours, les
hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté. »
V,2 : Ph à L : « tu aurais déifié les hommes, si tu ne les méprisais pas » L « je ne les méprise
point, je les connais. »

Vous aimerez peut-être aussi