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GE00201V – TD – Jean-Baptiste Dürrenmatt

SÉANCE 4 : LES CONFLITS ISRAÉLO-ARABES 1967-1973

Consignes :

1. Expliquez l’origine, le déroulement et les conséquences de la guerre des Six Jours à l’aide des
documents 1 à 8. Vous veillerez à mettre en exergue les emboîtements d’échelle
2. En vous appuyant sur les documents 9 à 14, montrez le déroulement de la guerre du Kippour
puis expliquez les conséquences de cette dernière guerre israélo-arabe. Organisez votre réponse
par échelle.

Références :

La troisième guerre israélo-arabe : la guerre des Six jours (1967)


• Document 1 : Une guerre non souhaitée…
• Document 2 : Tableau présentant les pertes comparées des belligérants
• Document 3 : Photographie de soldats israéliens devant le Mur des Lamentations
• Document 4 : Carte des opérations militaires de la guerre des Six jours
• Document 5 : Carte du vieux Jérusalem
• Document 6 : La guerre des Six jours, point de basculement idéologique
• Document 7 : La fermeture du canal de Suez
• Document 8 : Carte des ressources en eau d’Israël

La quatrième guerre israélo-arabe : la guerre du Kippour (1973)


• Document 9 : Faire la guerre pour négocier la paix
• Document 10 : Le premier choc pétrolier
• Document 11 : La question de la restitution des territoires
• Document 12 : carte des opérations militaires de la guerre du Kippour
• Document 13 : Extrait du discours d’Anouar el-Sadate devant la Knesset à Jérusalem le 20 novembre
1977
• Document 14 : Le front du refus ; le front de la fermeté ; le front du silence et le front de la capitulation

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La troisième guerre israélo-arabe : la guerre des Six jours (1967)

Document 1 : Une guerre non souhaitée…

La génération palestinienne montante des camps de réfugiés a de plus en plus tendance à refuser les
solutions institutionnelles et à vouloir reprendre la lutte contre Israël. […] Le développement de la guérilla
palestinienne est surtout le fruit de mouvements révolutionnaires. […] Certains Palestiniens du mouvement
entament déjà des opérations militaires contre Israël. […] La radicalisation d’une partie de la population
palestinienne contraint les Arabes à durcir leur position dans la question israélo-arabe. […]
Pour la Syrie, le combat contre Israël est associé à celui contre l’impérialisme occidental et contre les
régimes arabes conservateurs. […] Dans la mesure où la guerre menée par les régimes en place a échoué face à
Israël, il faut désormais confier au peuple la responsabilité des actions militaires. Il s’agit, par ce biais, de faire
l’unité de la nation arabe. La Syrie propose une rupture de trêve sur toutes les lignes d’armistice. […]
La radicalisation des positions syriennes inquiète Israël [qui] multiplie les opérations de représailles en
réponse aux actions des commandos palestiniens, derrière lesquelles Israël voit la main de la Syrie. Cette
dernière réplique en bombardant les implantations israéliennes près de la frontière. Le 7 avril 1967, Israël lance
un raid aérien dans la région du lac de Tibériade, détruisant une partie de l’aviation syrienne. Les responsables
israéliens brandissent la menace d’une attaque sur Damas et concentrent à partir de mai des forces à la frontière
syrienne. Nasser se sent obligé de porter secours à la Syrie. Le 15 mai, il ordonne à l’armée égyptienne de
prendre position dans le Sinaï.
Le 16 mai 1967, l’Égypte demande le retrait des forces onusiennes de Gaza et de la région du golfe
d’Akaba, effectif le lendemain. Le 18 mai, Israël mobilise et entend prendre une décision militaire rapide. Le 22
mai, Nasser ferme le détroit de Tiran à la navigation israélienne. Malgré la montée de l’épreuve de force,
l’Égypte ne recherche pas un conflit militaire, sachant que son armée est affaiblie par l’engagement au Yémen.
Elle opte davantage pour une politique de pression afin d’amener Israël à la table des négociations. […] Mais
pour Israël, la fermeture du détroit de Tiran constitue un casus belli.
Le 1er juin, la Jordanie accepte de signer un pacte de défense commune avec l’Égypte. Cette dernière
parvient ainsi à disloquer l’alliance des régimes conservateurs autour de l’Arabie saoudite. La Jordanie entre
dans cette alliance sous la pression populaire des Palestiniens du royaume qui n’accepteront pas une abstention
jordanienne en cas de conflit avec Israël. Le 4 juin, l’Irak se joint au pacte de Défense.
Devant ces alliances militaires, l’inquiétude d’Israël grandit. Le chef de gouvernement, Eshkol, espère
régler la tension par voie diplomatique mais les militaires (Allon, Rabin) poussent à une solution belliqueuse.
Ces derniers sont sont soutenus par Ben Gourion, Shimon Pérès et Moshe Dayan. Le 1 er juin, un gouvernement
d’union nationale est formé. Dayan prend le portefeuille de la Défense et la droite fait son entrée au
gouvernement. La solution militaire est adoptée, avec le soutien américain. Le 5 juin 1967, la guerre des Six
jours commence.
Cloarec, V. Laurens, H. (2007). Le Moyen-Orient au XXe siècle. Paris : Armand Colin.

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Document 2 : Pertes comparées des belligérants

Pertes Israël Pays arabes


Hommes 700 25 000
Avions 40 550
Blindés 130 1100

Document 3 : Soldats israéliens devant le Mur des Lamentations

Photographie de David Rubinger prise le 7 juin 1967. Celui-ci a échangé le négatif de cette photographie à l’armée contre un accès au
front. L’armée a par la suite donné cette photographie au service de presse du gouvernement.

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Document 4 : Carte des opérations militaires de la guerre des Six jours

Christian Grataloup, Atlas historique mondial, Paris : Les Arènes, 2019

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Document 5 : Carte du vieux Jérusalem

Alain Dieckhoff, "Quelles frontières pour l’État d’Israël ?", CERISCOPE Frontières, 2011

Document 6 : La guerre des Six jours, basculement idéologique.

« En 1948, j’avais huit ans environ, nous avons fui à pied la guerre, nous avions surtout peur d’être
massacrés comme les Palestiniens de Deir Yassin. Nous avons beaucoup marché. Le peuple palestinien n’avait
pratiquement pas d’armes pour lutter. Les pays arabes n’étaient d’aucune aide réelle ; nous espérions retourner
rapidement chez nous une fois la guerre terminée. Le chemin de l’exode nous a mené à Saïda au Sud-Liban. De
là, on nous a transféré par train et dans des wagons à bestiaux en Syrie, plus précisément dans la ville de Homs.
Quelques années plus tard j’ai épousé mon cousin et nous avons gagné le camp de Mieh Mieh au Sud-Liban. »
Dans les deux décennies qui suivent la guerre de 1948, ce qui frappe l’observateur est l’absence quasi-
totale de référentiel religieux comme de rhétorique religieuse.
Tout fut modifié après la guerre des Six Jours. La victoire israélienne de juin 1967 fut perçue par la jeune
génération des sionistes religieux, comme un événement miraculeux par lequel la présence divine s’était
manifestée de façon éclatante. Comment en effet interpréter autrement le triomphe militaire d’Israël qui lui
avait permis de reprendre pied dans ces hauts lieux de la mémoire juive que sont la vieille ville de Jérusalem et
Hébron ? La prise de possession de l’intégralité de la terre d’Israël (de la Méditerranée au Jourdain) marquait à
leurs yeux un progrès qualitatif dans la voie du messianisme : désormais, le peuple juif était censé se trouver au
milieu du processus rédempteur. Cette perception idéo-théologique, popularisée par le fils du Rav Kook, Zvi
Yehouda Kook (1891-1982) fut portée, à partir du milieu des années 1970 par le Gouch Emounim (Bloc de la
foi), l’aile activiste du sionisme religieux. Ce mouvement s’est rendu célèbre par l’élan qu’il a donné à la
colonisation de la Cisjordanie et de Gaza, le développement de la présence juive étant vu comme un véritable
impératif religieux susceptible de hâter la fin des temps. Cette conviction a fait basculer la majorité du sionisme
religieux vers un fondamentalisme messianique lourd de dangers. Si en effet, la possession de l’intégralité
d’Eretz Israël marque une avancée dans le processus messianique, toute rétrocession territoriale (dans le cadre
d’accords avec les Palestiniens) ne peut que constituer une régression insupportable, et par conséquent, elle doit
être dénoncée, voire combattue par la force.

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Le mouvement de politisation de la religion auquel on assiste en Israël a son pendant du côté palestinien : à
la fin des années 1970, la dimension musulmane de l’identité palestinienne qui avait été largement ignorée par
le « nationalisme de libération » de l’OLP refait surface. Ce renouveau se traduit, comme ailleurs dans l’Orient
arabe, par un renforcement des pratiques religieuses mais aussi par une progressive mobilisation politique de
l’islam. Cette dernière s’opère en Palestine, au cours des années 1980, dans la mouvance des Frères
musulmans : jusqu’alors, ils prônaient uniquement l’islamisation de la société par un patient travail de terrain ;
désormais, ils l’accompagnent d’une islamisation politique de la cause palestinienne.
Ce faisant, ils retournent aux sources de la pensée « frériste ». Hasan al-Banna a en effet toujours considéré
que la Palestine étant une partie intégrante du dar al-Islam (Maison de l’Islam), il était obligatoire de mener le
djihad pour la délivrer du sionisme et de l’impérialisme. Précisons que si ce djihad, « effort sur le chemin de
Dieu », peut prendre diverses formes (propagande, apostolat, etc.), il comporte aussi une dimension de lutte
armée, d’autant plus légitime lorsqu’il s’agit de « protéger la Oumma »

Dieckhoff, A. (2015). « La mobilisation du religieux dans le conflit israélo-arabe ». Les Champs de Mars. Vol. 26 (1), 59-67.

Document 7 : La fermeture du canal de Suez

À partir de la réouverture de 1957, l'Égypte géra seule le canal, à la satisfaction de tous les usagers,
exception faite d'Israël, dont les navires et les marchandises continuèrent à être privés du bénéfice de cette voie
d'eau.
Au mois de juin 1967 éclata une nouvelle guerre égypto-israélienne. Les Israéliens, après deux journées de
combats, occupèrent la rive orientale du canal qui fut alors fermé. Entre juin 1967 et novembre 1973, les deux
rives du canal ont été fortifiées par l'Égypte et par Israël. La réouverture du canal est intervenue le 5 juin 1975.
Cette fermeture a entraîné pour l'Égypte une perte de devises considérable, puisque les droits de passages
atteignaient, en 1966, 95 millions de livres égyptiennes. L'Égypte n'a d'ailleurs pas été seule atteinte ; Harold
Wilson déclarait, en octobre 1967, que cette fermeture, avec toutes ses conséquences, coûtait au Royaume-Uni
20 millions de livres par mois.
Par contre, le transport du pétrole n'a pas été profondément perturbé, comme on aurait pu le craindre, et son
coût n'a pas été sensiblement augmenté. Le pétrole est de plus en plus transporté par de grands tankers, de 200
000 tonnes et plus, qui de toute façon, n'auraient pas eu accès au canal. Dès 1966, on estimait que les coûts de
transport par Suez et par Le Cap étaient équivalents (39 cents par baril). Enfin, une nouvelle voie s'est ouverte
au pétrole, celle des oléoducs mer Rouge-mer Méditerranée. L'oléoduc israélien Eilat-Haïfa a été doublé et
utilisé dès 1967 pour le transport du pétrole non arabe.

Callot, J-P. « Canal de Suez ». Encyclopédie Universalis.

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Document 8 : Le contrôle de l’eau

Source inconnue.

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La quatrième guerre israélo-arabe : la guerre du Kippour (1973)

Document 9 : Faire la guerre pour négocier la paix

En avril 1973, Sadate et Assad se rencontrent pour préparer un plan de reprise des combats contre Israël.
Les responsables militaires s’accordent sur le début de l’automne [1973]. Faysal d’Arabie Saoudite, consulté
par Sadate, promet une utilisation de l’arme pétrolière. Les buts de la guerre divergent en revanche entre Damas
et le Caire. L’objectif de la Syrie est de reconquérir le plus de terres perdues afin de forcer Israël à se retirer de
tous les territoires occupés de 1967. L’Égypte s’est en revanche fixé comme objectif la récupération du seul
Sinaï.
La date retenue pour l’offensive arabe est finalement celle du 6 octobre 1973, fête de la victoire du
prophète Mahomet sur les Mecquois. C’est également le jour de la fête juive du Yom Kippour.

Cloarec, V. Laurens, H. (2007). Le Moyen-Orient au XXe siècle. Paris : Armand Colin.

Document 10 : Le premier choc pétrolier

Le 17 octobre 1973, les représentants des pays arabes pétroliers, réunis à Koweït, décident une réduction
mensuelle de 5 % de la production pétrolière jusqu’à évacuation des territoires occupés et reconnaissance dees
drotis des Palestiniens. Le 20 octobre, Faysal décident un embargo total sur les livraisons destinées aux Etats-
Unis, puis aux Pays-Bas. L’embargo est symbolique, dans la mesure où les pays frappés peuvent se ravitailler
ailleurs. En revanche, le prix du baril sur le marché libre connaît une forte hausse, passant de 3 $ le baril à 18$
en quelques semaines. Fin décembre, les pays de l’OPEP réunifient le prix du baril à 11,65 $. C’est donc en
définitive un quadruplement de prix qui est opéré.
Les revenus des pays arabes pétroliers connaissent alors une hausse spectaculaire. Ceux de l’Arabie
saoudite passent de 2 milliards de $ en 1970 à 43 milliards en 1977.

Cloarec, V. Laurens, H. (2007). Le Moyen-Orient au XXe siècle. Paris : Armand Colin.

Document 11 : La restitution des territoires

Les deux autres territoires conquis en 1967 connurent un destin contraire, et il n’est pas anodin que le
même homme, le Premier ministre Menahem Begin (1977-1983), l’ait déterminé. Du Sinaï, Israël se
désengagea, par étapes, complètement, en revenant sur la frontière internationale en 1982 (à l’exception d’un
petit km2 autour de Taba, évacué en 1989). À l’inverse, le Golan syrien fut annexé en décembre 1981. Pourquoi
cette différence ? Les deux territoires recelaient des atouts stratégiques, mais Begin était prêt à renoncer à ceux
du Sinaï pour une paix définitive avec l’Égypte assortie de solides garanties américaines. Cette renonciation
était d’autant plus acceptable pour un homme comme lui, très imprégné de la territorialité biblique, que le Sinaï

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se trouvait hors d’Eretz Israël au contraire du Golan (et surtout de la Cisjordanie). De surcroît, comme le Golan
était réclamé par une Syrie peu ouverte au compromis, il n’y avait, de son point de vue, aucune raison de se
priver des avantages stratégiques de cette forteresse naturelle.
Si l’après-1967 voit Israël redéfinir unilatéralement ses frontières, de jure et de facto, il voit aussi l'ONU
poser le cadre de la légalité internationale à travers la résolution 242 du Conseil de sécurité (22 novembre 1967)
qui demande « le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés », tout en affirmant le droit de
chaque État « à vivre à l’intérieur de frontières sûres et reconnues ». Ce principe demeure la pierre de touche
d’un règlement global du conflit. Sa mise en œuvre avec les États de la région ne souffre pas de difficulté
théorique : elle implique tout simplement le retour d’Israël sur les frontières internationalement reconnues. De
la même façon qu’Israël a restitué le Sinaï à l’Égypte en 1982, elle doit faire de même avec le Golan.

Alain Dieckhoff, "Quelles frontières pour l’État d’Israël ?", CERISCOPE Frontières, 2011, [en ligne], consulté le 07/02/2019, URL :
http://ceriscope.sciences-po.fr/content/part3/quelles-frontieres-pour-letat-disrael

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Document 12 : Carte de la guerre du Kippour

Rekacewicz, P. (1998). Le monde diplomatique.

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Document 13 : Discours du président Anouar el-Sadate devant la Knesset

« Personne n'imaginait que le chef d’État du plus grand pays arabe, sur les épaules de qui reposent la plus
grande partie du fardeau et la responsabilité principale dans le problème de la guerre et de la paix au Proche-
Orient, pourrait se déclarer disposé à aller sur la terre de l'adversaire alors que nous étions encore dans un état
de guerre et que nous souffrons toujours des effets de quatre guerres en trente ans. [...]
Après y avoir mûrement réfléchi, je suis arrivé à la conviction que ma responsabilité devant Dieu et devant le
peuple exigeait que j'aille jusqu'au bout de la Terre, que j'aille même à Jérusalem pour m'adresser aux membres
de la Knesset, représentants du peuple israélien, afin de leur exposer tous les faits qui me sont présents à
l'esprit. Je vous laisserai décider par vous-mêmes, et que la volonté de Dieu soit faite. [...]
Sur la base de ces faits, j'ai aussi l'honneur d'adresser en toute franchise une mise en garde contre certaines
idées qui pourraient vous venir à l'esprit.
Premièrement : je ne suis pas venu chez vous pour conclure un accord séparé entre l’Égypte et Israël. Le
problème n'est pas entre l’Égypte et Israël, et une paix séparée entre l’Égypte et Israël, ou entre un quelconque
des États de la confrontation et Israël, n'apporterait pas une paix juste à la région tout entière. De plus, si la paix
était établie entre tous les États de la confrontation et Israël, sans qu'intervienne une juste solution du problème
palestinien, cela ne conduirait jamais à la paix permanente et juste sur laquelle le monde entier insiste
aujourd'hui. Deuxièmement : je ne suis pas venu chez vous pour rechercher une paix partielle qui consisterait à
mettre fin à l'état de belligérance à cette étape et repousser à une étape ultérieure le règlement de l'ensemble du
problème. Cela n'est pas la solution de fond qui conduirait à une paix permanente.
En conséquence, je ne suis pas venu chez vous pour conclure un troisième accord de dégagement dans le Sinaï,
ou dans le Sinaï et les hauteurs du Golan et sur la rive occidentale du Jourdain. Cela signifierait que nous
reporterions la mise à feu de la fusée à une date ultérieure. Cela signifierait que nous n'aurions pas le courage de
faire face à la paix, que nous serions trop faibles pour porter le poids et la responsabilité d'une paix permanente
et juste. »

Extrait du discours d’Anouar el-Sadate devant la Knesset (parlement isarélien) à Jérusalem le 20 novembre 1977

Document 14 : L’Égypte perd son statut de leader du monde arabe

Le voyage du président Sadate à Jérusalem, le 19 novembre 1977, et la signature des accords de Camp
David en septembre 1978 ne pouvaient qu’affecter un peu plus l’Algérie, qui avait fondé de grands espoirs sur
la « guerre du pétrole » et la victoire politique de la guerre d’octobre. « Il y a, nous disait Boumediène, trois
solutions possibles. La solution arabe : elle suppose que les pays arabes soient en position de force et donc
qu’ils continuent à combattre. La solution des Super-Grands : elle servira au premier chef les intérêts de ceux-ci
au détriment des autres. Enfin, la solution américaine, au profit exclusif de Washington, qui passe, elle, par la
récupération de l’Égypte dans l’orbite des États-Unis. L’opération de séduction entreprise par le secrétaire
d’État américain en direction du Caire et de diverses capitales arabes et musulmanes — Rabat, Tunis, Amman,
Ryad, Téhéran, Islamabad — vise à bloquer l’élan unitaire qui s’était manifesté du Golfe à l’Atlantique et à
diviser le monde arabe. » Rétrospectivement, on ne peut qu’être frappé par la qualité de cette analyse
prémonitoire.
« Les Américains, nous disait-il encore, ont très bien assimilé notre slogan « l’unité du Golfe à l’Atlantique
». Eux aussi veulent la réaliser mais avec un ensemble de régimes arabes modérés, ce qui suppose qu’ils

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déstabilisent, d’une façon ou d’une autre, les régimes progressistes. » C’est la raison pour laquelle l’Algérie
favorisera la constitution du « front du refus » ou « front de la fermeté » (Algérie, Libye, Syrie, Yémen du Sud
et O.L.P.) au sommet qui se tint à Tripoli du 1er au 5 décembre 1977, pour empêcher le « front du silence »,
formé principalement par les États du Golfe, d’apporter sa caution au « front de la capitulation » constitué par
l’Égypte soutenue par le Soudan et discrètement approuvée, alors, par le Maroc.

Balta, P. (1982). « Les aléas des relations avec le monde arabe ». Le Monde diplomatique

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