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Israéliens et Palestiniens dans le piège sanglant créé par l'impérialisme


Le gouvernement israélien a finalement accepté une trêve en milieu de semaine, le temps de procéder à un échange entre des
otages et des prisonniers palestiniens. Mais la guerre reprendra-t-elle dans quelques jours ? Le Premier ministre israélien,
Benjamin Netanyahou, a déclaré que la guerre était suspendue, et que les opérations militaires devaient reprendre après la
libération des otages.

Pendant plus d’un mois et demi, les Palestiniens de Gaza ont subi tous les jours des bombardements israéliens quasi permanents
qui ont pris pour cibles des habitations, des équipements, des hôpitaux… Les opérations terrestres ont encore aggravé les
conséquences de la guerre pour la population civile.

Il est impossible de dire combien de victimes cette guerre a fait à ce jour : plus de 14 000 morts, d’après le ministère palestinien de
la Santé, et en tout cas des dizaines de milliers de blessés, qui n’ont nul endroit où se faire soigner. Les deux millions d’habitants
de Gaza ont été soumis à un siège complet, les privant d’eau, de nourriture, de médicaments et du carburant qui permet
d’alimenter les générateurs électriques. Et faute d’électricité, plus rien ne peut plus fonctionner dans les hôpitaux, les
communications téléphoniques et par internet sont interrompues. Gaza s’est retrouvé coupé du monde, menacé par la famine.
C’est seulement la crainte d’épidémies qui a amené le gouvernement israélien à accepter que des camions de carburant puissent
y entrer au compte-goutte.

Depuis 75 ans, les gouvernements israéliens mènent la même politique de terreur qui accompagne la spoliation des Palestiniens
et la négation de leurs droits. Les scènes de guerre et d’exode de milliers de Palestiniens fuyant les bombes que l’on peut voir
actuellement à Gaza en rappellent d’autres, qui se sont répétées à plusieurs reprises. C’est sur cette politique qu’a été fondé l’État
d’Israël. Et face à la révolte des Palestiniens qu’il ne parvient pas à briser, son armée doit se livrer régulièrement à des opérations
militaires et à des bains de sang.

À cette terreur d’État, le Hamas a opposé une politique qui relève de la même logique que celle des dirigeants israéliens, avec
seulement moins de moyens. Le 7 octobre, en tuant aveuglément des hommes, des femmes et des enfants, les commandos du
Hamas se sont attaqués à une population en la considérant collectivement responsable des décisions de son gouvernement. Les
dirigeants du Hamas ne témoignent pas seulement d’un mépris pour la vie des civils israéliens, mais aussi pour la vie de leur
propre peuple, car ils savaient parfaitement qu’ils l’exposaient aux représailles de l’armée israélienne.

L’État israélien peut se livrer à un massacre de masse à Gaza car il bénéficie de la complicité des dirigeants des grandes
puissances occidentales, à commencer par celle des Etats-Unis. Ni Biden, ni Macron ne parlent de barbarie ou de terrorisme. Ces
termes-là sont réservés au Hamas. Pour donner l’image de dirigeants cherchant à apaiser le conflit, ils se contentent d’appeler
Israël à faire preuve de plus de modération, mais ils ne font rien pour l’y contraindre.

Si les dirigeants des États-Unis n’ont jamais vraiment agi pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, c’est qu’en réalité ils ont

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intérêt à sa permanence. La situation de tension fait d’Israël leur fidèle vassal, le gendarme dont ils ont besoin dans cette partie du
monde pour y défendre leurs intérêts, tant elle les intéresse pour sa richesse en pétrole et sa position stratégique.

Ces guerres à répétition qui ensanglantent la région ne sont pas le résultat de haines ancestrales, ni d’un conflit religieux entre
Juifs et Arabes. Ce sont les puissances impérialistes qui ont délibérément dressé ces deux peuples les uns contre les autres et ont
créé les conditions d’une guerre permanente pour assurer leur domination au Moyen-Orient. Cela a commencé au début du
20ème siècle, au moment de la Première Guerre mondiale, et cela se poursuit actuellement.

Les puissances impérialistes se partagent le Moyen-Orient

Avant 1914, la Palestine et Israël faisaient partie de l’Empire ottoman, un très vaste ensemble qui, au sommet de sa puissance,
s’étendait de la péninsule arabique aux Balkans et englobait l’essentiel du Moyen-Orient. L’absence de frontières internes avait
favorisé un important brassage de populations. Pendant des siècles, des Juifs, des Arabes, en majorité musulmans, une
importante minorité chrétienne, des Druzes et encore bien d’autres confessions se sont côtoyés dans une paix relative.

Au début du 20ème siècle, l’Empire ottoman, entré dans une phase de déclin tant sur le plan économique que politique, était
devenu « l’homme malade de l’Europe ». Quand, en 1914, éclata la Première Guerre mondiale, il se retrouva dans le camp de
l’Allemagne. Les dirigeants anglais et français y virent l’occasion de démanteler ce vieil empire et de se partager ses dépouilles.
En mars 1916, ils signèrent les accords Sykes-Picot, du nom des négociateurs anglais et français. Ces textes prévoyaient que la
zone constituée par le Liban et la Syrie actuels reviendrait à la France, tandis que les Britanniques se verraient attribuer le contrôle
de ce qui est aujourd’hui l’Irak et la Jordanie. Pour ce qui est de la Palestine, faute de pouvoir trancher, ils avaient décidé qu’elle
serait placée sous contrôle international.

Ces accords devaient rester secrets mais, ayant été signés à Moscou, sous le patronage du Tsar, qui espérait bien de son côté
obtenir quelques miettes, les diplomates russes en avaient conservé un exemplaire que les bolcheviks rendirent public après leur
arrivée au pouvoir en octobre 1917. En publiant ces traités, ils agirent en révolutionnaires. En rompant avec les méthodes de la
diplomatie secrète, ils dévoilaient les véritables buts de guerre des puissances impérialistes et leurs manœuvres pour tromper les
travailleurs et les peuples.

Et les manœuvres furent nombreuses dans cette période, et dans cette région du monde. En même temps qu’ils s’entendaient
avec les diplomates français pour dépecer l’Empire ottoman, les dirigeants britanniques promirent cette région au chérif de la
Mecque, Hussein, un représentant de la puissante famille arabe des Hachémites. Prétendant vouloir œuvrer à la « libération des
Arabes du joug des Turcs », ils s’engagèrent à créer un grand royaume devant regrouper la plus grande partie des provinces
arabes de l’Empire ottoman. Ils l’aidèrent à constituer une armée, fournirent des armes et l’un de leurs émissaires, connu sous le

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nom de Lawrence d’Arabie, n’hésita pas à payer de sa personne en participant aux combats à dos de chameaux.

Mais, dans le même temps, ils promirent la Palestine une deuxième fois, et cette fois-ci au mouvement sioniste, qui ne représentait
pourtant pas grand-chose dans cette région. Mais les diplomates britanniques savaient exactement ce qu’ils faisaient.

Le mouvement sioniste

Le fondateur du sionisme, le journaliste viennois Théodore Herzl, était d’origine juive, mais, très intégré dans la société
autrichienne de son époque, il ne s’en revendiquait pas spécialement, jusqu’à ce qu’il eût à couvrir l’affaire Dreyfus en 1896. Les
importantes manifestations antisémites auxquelles il assista alors et le fait que cela puisse survenir en France, dans l’un des pays
les plus avancés, les plus éclairés d’Europe, l’amenèrent à formuler l’idée que la seule façon pour les Juifs d’échapper à
l’antisémitisme était d’avoir leur propre État, un État juif. C’était le titre de l’ouvrage politique qu’il écrivit alors et qui devint le
programme de l’Organisation sioniste mondiale, créée en 1897.

Ce mouvement nationaliste devait résoudre un problème qui tenait à la situation particulière des Juifs, dispersés dans le monde :
sur quel territoire construire un État juif ? La Palestine, cette terre qui, d’après la Bible, avait été promise par Dieu au peuple juif, fut
évoquée dès la naissance du mouvement. Mais la majorité des sionistes n’étant pas particulièrement religieux, à l’image de Herzl
lui-même, d’autres régions du monde, comme l’Argentine et l’Ouganda, furent envisagées. Un congrès trancha définitivement la
question en 1903 en choisissant la Palestine. Les sionistes pouvaient au moins ainsi se réclamer de la tradition biblique.

Dans une période où le monde était partagé entre quelques grandes puissances coloniales, Herzl chercha à obtenir le soutien de
l’une d’entre elles. Il passa la fin de sa vie à rencontrer des ministres et des chefs d’État en leur vantant la façon dont le
mouvement sioniste pourrait servir leurs intérêts. Le futur État juif en Palestine pourrait être, écrivait-il, « une partie du rempart de
l’Europe contre l’Asie, un poste avancé de la civilisation s’opposant à la barbarie ».

Dès ses origines, le sionisme se présentait donc comme un projet colonial. D’autant que la Palestine n’était pas « une terre sans
peuple pour un peuple sans terre », comme le proclamaient les sionistes. Elle était habitée de longue date par des populations
arabes. Pour résoudre ce problème, Herzl, avec le point de vue colonialiste qui le caractérisait, envisageait la possibilité d’un
« transfert » de populations, c’est-à-dire d’un nettoyage ethnique, pour employer le vocabulaire d’aujourd’hui. En tout cas,
l’organisation sioniste se donna rapidement les moyens de commencer à mettre en œuvre un transfert des terres. Elle créa un
Fonds national juif afin de rassembler les dons permettant d’acheter des terres en Palestine pour que des Juifs puissent s’y
installer. Ces parcelles étaient achetées à des grands propriétaires absentéistes, résidant dans des villes loin de ces campagnes
déshéritées, et les paysans arabes se retrouvaient évincés sans avoir leur mot à dire. Une telle entreprise de colonisation ne
pouvait que susciter l’hostilité des populations locales et, très tôt, elles comprirent que le mouvement sioniste constituait une

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menace.

En 1914, la communauté juive ne représentait qu’une très faible minorité, avec 80 000 Juifs présents en Palestine sur une
population totale de 750 000 personnes. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les dirigeants britanniques n’avaient pas témoigné
de sympathie particulière à l’égard du sionisme, et ils n’avaient rien fait pour l’encourager. Leur attitude changea quand, au cours
du conflit, ils comprirent qu’ils pourraient utiliser ce mouvement. Le 2 novembre 1917, le secrétaire au Foreign Office, l’équivalent
du ministre des Affaires étrangères, Lord Balfour, adressa une lettre à un représentant du mouvement sioniste, Lord Rothschild,
dans laquelle il lui faisait part d’une « déclaration de sympathie envers les aspirations juives sionistes » et il précisait : « Le
gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Par
cette « déclaration Balfour », comme on l’a appelée, les dirigeants britanniques promettaient une deuxième fois la Palestine,
sachant parfaitement qu’ils faisaient naître un conflit entre Juifs et Arabes. Mais ils comptaient bien utiliser ces oppositions, qu’ils
contribuaient eux-mêmes à créer, pour pouvoir mieux imposer leur contrôle sur la région. C’est une méthode qu’ils avaient déjà
utilisée de nombreuses fois dans leurs colonies, et ils avaient acquis un savoir-faire à toute épreuve.

Au lendemain de la guerre, le partage du Moyen-Orient

A la fin de la guerre, alors que le démantèlement de l’Empire ottoman vaincu était à l’ordre du jour, les dirigeants arabes espéraient
bien que les promesses qui leur avaient été faites soient tenues. Les Alliés en décidèrent autrement. Au lendemain d’une guerre
au cours de laquelle il avait été question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, on ne pouvait plus utiliser un vocabulaire
trop colonial. La Société des nations, ancêtre de l’ONU, créée après la Première Guerre mondiale, décida donc que la France et le
Royaume-Uni se verraient accorder des mandats sur la région, formule hypocrite destinée à présenter l’établissement d’un régime
de protectorat comme une aide bienveillante. Il fut décidé que la Syrie serait séparée du Liban, et que les deux seraient placés
sous tutelle française. L’Irak et la Palestine passaient sous mandat anglais, et une clause prévoyait l’application de la déclaration
Balfour.

Restait à l’imposer aux dirigeants arabes qui se sentirent floués. En juillet 1920, les troupes françaises occupèrent Damas après
l’avoir bombardé. Des émeutes éclatèrent en Palestine et en Irak. En guise de consolation, et pour calmer un peu la situation, les
dirigeants britanniques installèrent Fayçal, un des fils d’Hussein, le chérif de La Mecque, sur le trône d’un royaume irakien, et ils
placèrent son frère Abdallah à la tête de ce qui allait devenir le royaume de Transjordanie (ce qui correspond aujourd’hui à la
Jordanie).

Refusant la création d’un grand royaume arabe qu’ils auraient eu plus de mal à contrôler, les puissances impérialistes ont imposé
un découpage du Moyen-Orient, traçant des frontières, qui sont encore celles des États actuels, en fonction de leurs calculs
diplomatiques et militaires, en méprisant totalement les aspirations des peuples.

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La Palestine sous mandat britannique

La Palestine se retrouvait donc sous mandat britannique. Une administration fut mise en place, composée très majoritairement de
Britanniques, avec à sa tête un gouverneur général. Les autorités mandataires acceptèrent que les Juifs de Palestine se dotent de
leurs propres institutions, avec un conseil exécutif désigné par une assemblée, elle-même élue par tous ceux qui s’étaient fait
enregistrer comme Juifs. En 1929, une Agence juive, mise en place par l’Organisation sioniste mondiale, joua de fait le rôle de
gouvernement de la population juive palestinienne. Jamais les populations arabes n’obtinrent la création d’institutions
équivalentes. L’administration britannique aiguisait ainsi volontairement les oppositions entre Juifs et Arabes, de façon à pouvoir se
poser en arbitre indispensable.

C’est dans ces conditions qu’une société juive complètement coupée de la société arabe commença à s’édifier. Ceux qui en furent
les artisans étaient issus majoritairement d’Europe de l’Est, surtout de l’Empire russe, où existait un important mouvement ouvrier
dont ils avaient subi l’influence. De ce fait, beaucoup se réclamaient du socialisme. Mais leur socialisme était limité aux Juifs et
excluait totalement les populations arabes. La façon dont ont été développés les kibboutz, cette forme collective d’exploitation
agricole, en est l’illustration. Au sein des kibboutz devait régner un esprit égalitaire qui était censé incarner un idéal socialiste. Il n’y
avait pas de salaires, on partageait tout. Mais le véritable objectif était la conquête du pays. Les kibboutz s’installaient sur les
terres achetées à des grands propriétaires absentéistes et en chassaient les paysans arabes qui y vivaient.

En 1920, ces organisations « sionistes socialistes » créèrent un syndicat, la Histadrout (Confédération générale des travailleurs
juifs d’Eretz Israël). Celui-ci se développa très rapidement : dès 1923, il organisait près de la moitié de la population salariée juive
de Palestine et jusqu’à 70 % en 1927. Mais la Histadrout n’était pas qu’un syndicat. Elle avait en fait pour véritable objectif
d’organiser une économie exclusivement juive, capable de se passer des populations arabes, voire de les évincer. La Histadrout
organisa une caisse d’assurance-maladie, des cantines, des bureaux de placement, une coopérative d’achat et de vente, une
entreprise de construction et même une banque. Mais toutes ces organisations étaient exclusivement réservées aux Juifs. Il fallait
apprendre l’hébreu, cette langue de la Bible qui était tombée en désuétude et que les sionistes voulaient imposer comme la langue
de la nouvelle nation juive.

La Histadrout organisait des piquets pour s’opposer à l’emploi de travailleurs arabes dans des entreprises dirigées par des Juifs
qui n’auraient pas compris d’eux-mêmes la nécessité de développer le « travail juif », principal mot d’ordre du mouvement. Au-delà
de ces piquets, la Histadrout organisa aussi une milice, la Haganah (« la défense », en hébreu). Plus qu’un syndicat, la Histadrout
constitua en fait l’embryon d’un appareil d’État. Au sein de la société que ces prétendus socialistes voulaient créer, les Arabes
n’avaient pas leur place.

La grande majorité des mouvements sionistes se réclamant du socialisme s’unifièrent pour constituer, en 1930, le Parti travailliste,

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le Mapaï, avec à sa tête David Ben Gourion, qui était aussi le dirigeant de la Histadrout depuis sa fondation. Rapidement, le Mapaï
parvint à prendre le contrôle des institutions juives de Palestine, et en 1935, Ben Gourion devint président de l’Agence juive.

Parmi les courants issus du mouvement socialiste, la seule organisation qui rompit avec le sionisme et tenta de s’adresser aux
masses arabes fut le Parti communiste palestinien. Fondé en 1920, il fut le premier parti communiste à se créer au Moyen-Orient.
Il resta faible et ne dépassa jamais le millier d’adhérents. Ses membres devaient militer dans un contexte difficile, alors qu’un fossé
de haine commençait à se creuser entre Juifs et Arabes. Majoritairement juifs, ses militants étaient en butte, dans leur milieu
d’origine, à l’hostilité des sionistes. Ils devaient en plus subir une répression particulièrement dure de la part des autorités
britanniques, ils étaient souvent arrêtés et parfois arbitrairement expulsés de Palestine.

Une politique cherchant à unir les travailleurs juifs et arabes dans une même organisation et dans une lutte commune, à la fois
contre le colonialisme britannique et contre les classes féodales arabes, une telle politique était-elle possible ? Ce qu’on peut dire,
c’est que ce n’est pas le courage qui a manqué à ces militants qui tentèrent de la mettre en œuvre. Mais la politique que leur fit
mener l’Internationale communiste stalinisée à partir de la fin des années 1920 était aux antipodes de l’internationalisme qui aurait
été nécessaire pour surmonter les obstacles auxquels ils avaient à faire face. Le Parti communiste fut en effet contraint d’adopter
un cours opportuniste d’abord à l’égard du nationalisme arabe, puis à l’égard du sionisme à partir du moment où l’URSS rechercha
l’alliance de la Grande-Bretagne. Ces politiques, variant en fonction des intérêts diplomatiques des dirigeants de la bureaucratie
stalinienne, entrainèrent le départ de nombreux militants et conduisirent à plusieurs reprises à des scissions entre les secteurs
arabes et juifs du parti.

La Grande révolte arabe de 1936

La montée des tensions déboucha, à partir de 1936, sur de véritables soulèvements populaires des masses arabes. Cette Grande
révolte arabe, comme on l’a appelée, commença en avril 1936 par des affrontements entre Juifs et Arabes. Un mouvement de
grève des travailleurs arabes commença à se répandre, impulsé par des comités locaux. Ceux qui les animaient revendiquaient la
fin de l’immigration juive, mais aussi l’élection d’une assemblée représentative. Contestant l’occupation britannique, le mouvement
avait un caractère anticolonial, mais il exprimait aussi la révolte sociale des classes populaires arabes contre la misère, contre des
conditions de vie qui s’étaient aggravées avec la crise économique depuis le début des années 1930. Dans les campagnes, des
paysans s’armaient et constituaient des milices qui s’en prenaient à des colonies juives, mais aussi aux grands propriétaires
terriens arabes. Ceux-ci les pressuraient et accaparaient une grande partie des récoltes par le biais des loyers qu’ils faisaient
payer à leurs métayers ou par le biais des dettes que les paysans avaient contractées et qu’ils ne parvenaient pas à rembourser.

Les classes privilégiées avaient beaucoup de raisons de se sentir elles-mêmes menacées par cette révolte populaire explosive. Un
Haut comité arabe se constitua dès le début du mouvement pour tenter d’en prendre la tête. Il regroupait l’ensemble des partis

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nationalistes palestiniens qui étaient chacun liés à une famille différente de notables. A sa tête se trouvait le Grand mufti de
Jérusalem, un titre qui en faisait la plus haute autorité religieuse. Il était lui-même issu d’une des familles de notables les plus
puissantes, les Husseini. En appelant au boycott des commerces tenus par des Juifs, ce Haut comité voulait limiter la mobilisation
au terrain de la lutte contre la présence juive, moins menaçant socialement pour les classes privilégiées arabes. Il joua aussi un
rôle modérateur en appelant, en octobre, à la fin de la grève générale. Mais la mobilisation se poursuivit, prenant des formes
insurrectionnelles.

Pour venir à bout de la révolte arabe, les autorités mandataires durent déployer un contingent de 30 000 soldats en Palestine. Ils
se livrèrent à une véritable guerre, faisant régner la terreur. Plus de 20 000 maisons abritant les familles des insurgés furent
dynamitées. Une partie de la vieille ville arabe de Jaffa fut ainsi détruite, et des villages furent, eux, totalement rasés. Des avions
furent utilisés pour bombarder les zones tenues par les insurgés. Près de 50 000 Palestiniens furent arrêtés et rassemblés dans
quatorze camps de détention, et beaucoup, dont les membres du Haut comité arabe, pourtant bien modérés, furent déportés dans
les possessions coloniales britanniques, en particulier aux îles Seychelles. Le nombre de Palestiniens tués, blessés ou exilés
représenta au total 10 % de la population arabe.

Si les dirigeants palestiniens tenaient à présenter la révolte arabe comme une lutte contre les Juifs, de leur côté, les organisations
sionistes adoptèrent la même logique nationaliste et aidèrent les Britanniques à réprimer les populations arabes. La Haganah reçut
des armes pour cela. Des miliciens juifs furent formés aux techniques de combat par l’armée britannique, et même intégrés dans
des unités spécialement constituées pour réaliser des opérations de commando. Cette collaboration dura au point qu’en 1939, la
police mandataire comptait près de 21 000 Juifs, soit 5 % de la population juive de Palestine.

Cette période de soulèvement aurait-elle pu voir converger une lutte commune des Juifs et des Arabes contre la présence
coloniale britannique ? En tout cas, les politiques que menèrent les organisations sionistes et ceux qui se retrouvèrent à la tête de
la révolte arabe ne le permirent pas. Cette période marqua au contraire une étape importante dans l’évolution qui conduisit les
deux peuples à s’affronter l’un contre l’autre, un piège dont ils ne devaient plus sortir.

La Seconde Guerre mondiale et ses conséquences

Les dirigeants britanniques ne firent preuve d’aucune gratitude à l’égard des sionistes pour leur aide contre le soulèvement arabe.
Alors qu’on s’acheminait vers la Deuxième Guerre mondiale, ils cherchèrent à donner des gages aux nationalistes arabes pour
tenter d’éviter que ceux-ci apportent leur soutien à l’Allemagne.

En 1939, les autorités britanniques publièrent un Livre blanc dans lequel, pour la première fois, ils déclarèrent vouloir « créer les
conditions qui permettront à l’État indépendant de Palestine de s’établir au cours d’une période de dix années ». Ils y affirmaient

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aussi leur volonté de limiter fortement l’immigration juive et les achats de terres par les sionistes. Avec le déclenchement de la
guerre, loin d’être allégées, les mesures limitant l’immigration furent encore durcies. Les autorités mandataires décidèrent, en
septembre 1939, d’interdire l’entrée en Palestine aux réfugiés venant de « pays ennemis » ou de « pays occupés par l’ennemi ».
Cela visait donc les Juifs allemands et polonais, ceux qui avaient précisément le plus besoin de trouver un refuge !

C’était particulièrement cynique, mais ils n’étaient pas les seuls à avoir cette attitude. Au même moment, tous les pays
occidentaux, y compris les Etats-Unis, adoptèrent des mesures de restriction de l’immigration, concernant aussi bien les Juifs que
tous les opposants au nazisme désespérément en quête d’un asile.

Quand on évoque les responsabilités du capitalisme dans les drames d’aujourd’hui, il faut rappeler que c’est la crise de ce
système qui a plongé l’humanité dans l’horreur de la Seconde Guerre mondiale et a conduit à la barbarie des camps
d’extermination où six millions de Juifs trouvèrent la mort.

Et il faut rappeler l’attitude des Alliés au lendemain de la guerre. Les rescapés des camps d’extermination, qui refusaient de
retourner dans les pays où ils vivaient avant la guerre parce que l’antisémitisme y avait été particulièrement virulent, se
retrouvèrent parqués dans d’autres camps dans l’attente qu’un pays veuille bien les accepter. Mais obtenir un visa d’entrée n’était
pas beaucoup plus facile qu’avant la guerre. Ces « personnes déplacées », comme les appelaient les Alliés, étaient plus de
100 000. Et, entre 1945 et 1948, les Etats-Unis n’autorisèrent que 25 000 Juifs d’Europe à entrer sur leur territoire.

Alors on peut comprendre que, dans ce contexte et après avoir survécu aux camps d’extermination, ces dizaines de milliers de
Juifs aient espéré trouver en Palestine un endroit où refaire leur vie.

Le sionisme était resté un mouvement ultraminoritaire parmi les Juifs d’Europe qui n’avaient aucune intention d’aller s’installer
dans cette région pauvre où ils n’étaient pas les bienvenus. Il fallut la barbarie des persécutions nazies et des camps
d’extermination, et l’indifférence témoignée par les États occidentaux se prétendant démocratiques, pour que des dizaines de
milliers de Juifs se tournent, en désespoir de cause, vers les organisations sionistes. Celles-ci leur promettaient que la seule façon
de ne plus revivre de telles horreurs consistait à créer un État juif, qui les protégerait.

Cette aspiration était légitime. Mais elle n’impliquait pas forcément qu’elle se réalise contre les populations arabes, en les spoliant
de leurs terres et de leur droit à vivre en Palestine, qui était encore plus légitime du fait de l’ancienneté de leur présence. En fait, il
y avait la place, sur ces territoires palestiniens, pour que les deux peuples puissent vivre en bonne entente, à la condition que cela
se fasse dans le respect des droits de chacun. Cela aurait pu être l’occasion d’un combat mené en commun contre le colonialisme
britannique qui venait de montrer à quel point il méprisait autant le sort des Juifs que celui des Arabes. Mais la politique des
organisations sionistes fut dans la continuité de celle qu’elles avaient mené durant la période mandataire et au moment de la
révolte arabe des années 1930. Grâce aux immigrants qui arrivaient par milliers d’Europe, les mouvements sionistes trouvèrent
des troupes pour imposer la création d’un État juif contre l’impérialisme britannique, mais aussi contre les populations arabes.

Les dirigeants britanniques avaient bien l’intention de rester en Palestine au lendemain de la guerre. Ils augmentèrent leur
présence militaire qui fut portée à 100 000 soldats et ils tentèrent de s’opposer à l’arrivée des Juifs d’Europe. Les sionistes y

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répondirent en mettant sur pied des réseaux clandestins d’acheminement des Juifs vers la Palestine. Ceux qui étaient arrêtés
furent parqués dans des camps sur l’île de Chypre avant d’être renvoyés en Europe.

Les organisations sionistes engagèrent des actions militaires contre l’armée britannique, ce qu’on appellerait aujourd’hui des
actions terroristes, sans lesquelles l’État d’Israël n’aurait pas été créé. La Haganah constituait une véritable armée que les
Britanniques avaient contribué à former militairement. Une organisation d’extrême droite, l’Irgoun, enlevait des soldats
britanniques, les tuait et piégeait leurs cadavres avec des d’explosifs, de façon à faire encore plus de victimes. Elle alla jusqu’à
faire sauter entièrement l’hôtel du Roi-David à Jérusalem, où se trouvait le QG des forces britanniques. Celui qui dirigeait sa
branche militaire s’appelait Menahem Begin, et il allait devenir plus tard Premier ministre d’Israël.

Les dirigeants des organisations sionistes comptaient aussi sur leur action diplomatique, recherchant en particulier l’appui des
Etats-Unis. Face à ces pressions, et alors qu’il était incapable de mettre fin aux troubles en Palestine, le gouvernement britannique
se résigna à retirer ses troupes, confiant à l’ONU le soin de décider du sort de la région.

Naissance d’Israël et expulsion des Palestiniens

Le 29 novembre 1947, l’ONU vota un plan de partage de la Palestine, prévoyant la création d’un État juif et d’un État arabe,
première esquisse d’une solution à deux États. Les Juifs, qui ne représentaient qu’un tiers de la population et occupaient à peine
plus de 10 % du territoire palestinien, se voyaient accorder le contrôle de 55 % de la Palestine. Ce plan fut voté par les Etats-Unis,
mais aussi par l’Union soviétique, les deux superpuissances partageant alors la même volonté de réduire l’influence britannique au
Moyen-Orient.

Les États arabes s’opposèrent à toute idée de partage et rejetèrent ce plan qui, en plus, avantageait fortement les populations
juives. Les dirigeants de l’Agence juive, eux, déclarèrent qu’ils acceptaient le plan de l’ONU. Mais, en réalité, ils n’entendaient pas
se contenter des frontières proposées et se fixèrent l’objectif d’occuper le plus de territoire possible. Ils se fixèrent aussi l’objectif
de chasser le maximum d’Arabes afin que les Juifs soient majoritaires dans le futur État juif. Pour procéder à ce nettoyage
ethnique, un plan fut soigneusement élaboré, le plan Daleth, dont la mise en œuvre commença à partir de décembre 1947, avant
même le départ des Britanniques. En avril 1948, les milices sionistes commencèrent à mener de véritables campagnes militaires,
dynamitant systématiquement des villages situés sur certains axes, comme entre Tel Aviv et Jérusalem. Deux cents villages
arabes furent ainsi vidés de leur population. Les miliciens de l’Irgoun se livrèrent au massacre de 254 habitants du village de Deir
Yasin, tuant hommes, femmes et enfants. Leur objectif était de terroriser les Arabes de Palestine afin de les amener à fuir à
l’annonce de l’arrivée des miliciens de la Haganah. Des villes comme Haïfa, Tibériade, Jaffa et Acre perdirent alors plus de 90 %
de leurs habitants arabes.

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Le 14 mai 1948, quelques heures avant le départ des troupes britanniques, sans attendre la période de transition prévue par le
plan de l’ONU, Ben Gourion proclama la naissance de l’État d’Israël. Dès le lendemain, les armées de plusieurs États arabes
entraient en Palestine. La première guerre israélo-arabe commençait. Les armées arabes furent vaincues partout. Elles n’avaient
ni l’expérience, ni le moral et la détermination des troupes mobilisées par l’État d’Israël naissant. Elles étaient même moins
nombreuses, rassemblant au maximum 25 000 soldats, face à une armée israélienne qui, fin mai 1948, en alignait 35 000, puis
jusqu’à 100 000 fin décembre 1948. Enfin, l’armée israélienne bénéficia de la livraison d’armes et d’équipements modernes en
provenance de Tchécoslovaquie, traduction concrète du soutien soviétique, ce qui compta beaucoup face aux armées arabes
sous-équipées.

La guerre prit fin en juillet 1949, après la signature d’une série d’armistices, mais aucun accord de paix ne fut signé par la suite.
Les chefs d’États arabes, vis-à-vis de leurs opinions publiques, ne tenaient pas à reconnaître officiellement l’existence d’Israël. Ils
continuèrent de se déclarer en faveur d’une Palestine arabe indépendante, mais, en réalité, ils s’accommodèrent de la nouvelle
situation. Ils se partagèrent des territoires qui, selon le plan de l’ONU, devaient constituer l’État palestinien. Le roi Abdallah de
Transjordanie annexa la Cisjordanie. L’Égypte, de son côté, prit le contrôle de la bande de Gaza, y établissant une administration
sans toutefois officiellement l’intégrer à ses frontières. Ainsi il ne restait rien de l’État arabe dont l’ONU avait voté la création.

À l’issue de la guerre, l’État d’Israël contrôlait 78 % du territoire de l’ancienne Palestine et la partie ouest de Jérusalem. Plus de
700 000 Palestiniens avaient été expulsés de leurs terres, ce que les Palestiniens appellent la Nakba (la Catastrophe). Quelque
370 villages palestiniens reçurent des noms israéliens pour effacer complètement la trace des précédents occupants.

Les Palestiniens chassés trouvèrent refuge dans les pays voisins. En 1950, la Jordanie, le Liban et la Syrie accueillaient près de
300 000 personnes dans 35 camps. Ces camps se présentaient au début comme une succession interminable de grandes tentes.
Quand la perspective d’un retour s’éloigna, des constructions en dur remplacèrent progressivement les toiles. Ces camps existent
toujours aujourd’hui, constituant de véritables petites villes avec des milliers, parfois des dizaines de milliers d’habitants.

Dans celui de Jénine, en Cisjordanie, vivent plus de 15 000 personnes. Le plus grand serait celui d’Aïn el-Héloué, au Liban, qui
abrite plus de 54 000 réfugiés enregistrés, mais certainement plus de 100 000 en réalité.

Israël : religion, ségrégation, racisme…

Le nouvel État israélien accueillit, entre 1948 et 1951, plus de 550 000 immigrants. Les premiers vinrent d’Europe – on les appelait
les Juifs ashkénazes. Ils furent suivis par des Juifs provenant du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, les Séfarades (aujourd’hui, on
utilise plutôt le terme de mizrahim). Mais les Juifs qui venaient ainsi des pays arabes n’allaient pas être beaucoup mieux
considérés que les Arabes d’Israël. Ils étaient Juifs, et cela fait une différence par rapport aux arabes palestiniens, on en reparlera,

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mais ils allaient constituer les couches les plus pauvres de la société israélienne, occupant les emplois d’ouvriers, les moins
qualifiés et les moins bien payés.

Les travaillistes qui se retrouvaient à la tête d’Israël avaient en effet créé un État comme les autres, avec ses classes sociales,
fondé comme les autres sur l’exploitation. Ces militants qui se réclamaient du socialisme n’ont pas bâti une société socialiste, mais
ils n’ont même pas été capables de fonder ne serait-ce qu’une république laïque, ressemblant à celles qui existaient dans les pays
les plus développés. Les travaillistes au pouvoir ont créé en effet un État donnant une place centrale à la religion.

Cherchant à obtenir le soutien des rabbins et des religieux, le Premier ministre travailliste Ben Gourion renonça à doter Israël
d’une constitution car pour les religieux juifs, le seul texte de référence ne peut être que la Bible ! Ben Gourion ne se contenta pas
de cette décision symbolique. Il accorda aux religieux des pouvoirs considérables, en laissant aux tribunaux rabbiniques la gestion
de l’état civil, des mariages, des divorces et de toutes les affaires familiales. C’est ainsi qu’encore aujourd’hui les mariages de
couples mixtes, entre juifs et non-juifs, ne sont pas possibles en Israël. Le seul recours est de se marier à l’étranger mais, avec
comme conséquence, que les enfants sont considérés comme « illégitimes ». Le divorce n’est pas non plus reconnu, et seul un
mari a le droit de rompre le mariage en répudiant sa femme. Aujourd’hui encore, des couples qui n’adhèrent pas du tout à ces
pratiques d’un autre temps sont obligés d’y avoir recours pour se séparer ; mais pour cela aussi, il faut passer devant des rabbins
pour se justifier…

Depuis 1948, les rabbins organisent toute la vie sociale. Le jour de repos hebdomadaire est le samedi, car c’est le jour du shabbat,
où, d’après les prescriptions religieuses, aucune activité n’est possible. Et jusqu’à aujourd’hui les plus religieux continuent de
batailler pour que toute la vie s’arrête ce jour-là en Israël, transports, cinéma... Le système éducatif comprend un réseau d’écoles
laïques, mais aussi un autre qui regroupe les écoles religieuses, et encore un autre qui regroupe les écoles ultra-orthodoxes.
Toutes ces écoles bénéficient du financement de l’État, et de toute façon, même dans les écoles laïques, les cours de religion ont
été rendus obligatoires.

Aucun Juif ne peut éviter d’avoir affaire aux institutions religieuses, mais reste à résoudre l’épineux problème de déterminer qui est
Juif… C’est d’autant plus important que, selon la loi du retour votée en 1950, tout Juif, né à Paris, à New York ou ailleurs, désirant
vivre en Israël – faire son alya, pour reprendre le terme utilisé par les sionistes et qui provient du vocabulaire religieux - peut
acquérir la citoyenneté israélienne et obtenir ainsi plus de droits que des Palestiniens dont la famille y vit depuis plusieurs
générations… Qui peut donc déterminer qui est Juif, sinon les rabbins ! Et comme il y a beaucoup de rabbins, qu’il y a un grand
rabbin pour les Ashkénazes, et un autre pour les Sépharades, les débats peuvent durer longtemps... C’est ainsi que les Juifs
éthiopiens durent attendre 1975 pour que leur « judéité » soit reconnue officiellement ! Ce qui n’empêche pas qu’aujourd’hui, en
tant que Noirs, ils sont en butte au racisme et sont victimes des mêmes discriminations que les Arabes et les autres immigrés
d’Afrique. Un pays qui s’attache à distinguer les Juifs et les autres, qui plus est dans une situation de guerre, est inévitablement
gangréné par le racisme.

Les Arabes qui n’avaient pas fui au moment de la création d’Israël restèrent sous un statut militaire jusqu’en 1966. Ce statut les
faisait dépendre d’un gouverneur militaire, auquel ils devaient demander un laissez-passer pour leurs déplacements, et qui pouvait
aussi confisquer leurs biens et leurs terres. Après qu’il eut été mis fin à ce régime spécial, les Arabes palestiniens ne purent pas

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pour autant bénéficier des mêmes droits que les Juifs. En effet, la loi distingue parmi les citoyens israéliens des nationalités
différentes (Juifs, Druzes, Circassiens, Chrétiens, Arabes…) auxquelles sont reconnus différents droits, seuls les Juifs étant, de ce
point de vue, des citoyens à part entière. Considérés comme de potentiels ennemis de l’intérieur, les Arabes israéliens ne peuvent
pas non plus faire leur service militaire, ce qui les prive de l’accès à certains avantages.

Oui, Israël est bien un État juif au sens théocratique du terme, où la religion tient une place aussi importante qu’en Arabie saoudite,
avec tout le système de ségrégation qui en découle. Mais si le régime saoudien a été créé par des chefs de familles bédouines qui
s’étaient toujours réclamés de l’islam, l’État israélien, lui, a été créé par des militants qui se réclamaient du socialisme, et dont
beaucoup étaient athées. Mais les dirigeants travaillistes étaient d’abord et avant tout des nationalistes ayant fait le choix de s’allier
aux forces les plus réactionnaires au nom de l’union nationale. Ils ont ainsi renforcé des courants religieux de droite et d’extrême
droite qui, par la suite, allaient être capables de les évincer du pouvoir et de jouer un rôle de plus en plus important.

Israël devient le gendarme de l’impérialisme au Moyen-Orient

Les dirigeants travaillistes firent aussi très consciemment le choix de devenir les gendarmes de l’impérialisme dans la région pour
en obtenir l’appui face aux États arabes.

Après la Deuxième Guerre mondiale, dans tout le Moyen-Orient, le mécontentement populaire s’exprimait alors contre
l’impérialisme et les régimes qui lui étaient liés. En 1951, le roi Abdallah de Transjordanie, dénoncé pour avoir annexé la
Cisjordanie, était assassiné par un Palestinien. En Égypte, en 1952, la monarchie pro-anglaise était renversée par un groupe
d’officiers nationalistes. Parmi eux, celui qui finit par s’imposer à la tête du nouveau régime, Gamal Abdel Nasser, nationalisa, en
juillet 1956, le canal de Suez, contrôlé jusque-là par la France et le Royaume-Uni. Cette annonce fut accueillie avec enthousiasme
par la population égyptienne.

Les dirigeants britannique et français, le conservateur Antony Eden et le socialiste Guy Mollet, décidèrent d’organiser une
intervention militaire afin de reprendre le contrôle du canal, voire de renverser Nasser. Ils reçurent pour cela les offres de service
du Premier ministre israélien Ben Gourion.

Le 29 octobre 1956, déclarant craindre pour sa sécurité, Israël lançait une offensive contre l’Égypte. Ses troupes traversèrent le
désert du Sinaï et foncèrent vers le canal. Sous prétexte de s’interposer, un corps expéditionnaire franco-britannique était
parachuté, le 5 novembre, dans la zone du canal. Tout semblait devoir bien se dérouler, l’opération Mousquetaires, comme elle
s’appelait, se présentait comme un succès… et pourtant, dès le lendemain, il était clair que les trois mousquetaires étaient tombés
sur un os et qu’ils avaient perdu la partie ! En effet, la réaction des deux superpuissances américaine et soviétique fut immédiate :
l’une après l’autre, elles exigèrent la fin de l’intervention militaire. Les gouvernements français et britanniques durent se plier à

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leurs injonctions et rembarquer leurs soldats.

L’impérialisme américain voulait démontrer à ses alliés, mais néanmoins rivaux, que dorénavant, c’était lui, et lui seul, qui décidait
des destinées de la région et de celles des gouvernements en place.

Ben Gourion, paraît-il, avait espéré pouvoir conserver les territoires conquis. Cela ne fut pas possible cette fois-ci. L’armée
israélienne les évacua et l’Égypte reprit possession du désert du Sinaï. Défait militairement, Nasser sortit pourtant renforcé
politiquement de cette épreuve de force. Elle fit de lui, aux yeux des masses arabes, le champion de la lutte contre la domination
impérialiste et sa popularité fut énorme dans les années qui suivirent. Nasser était un dirigeant nationaliste qui cherchait à
desserrer l’étreinte de l’impérialisme dans le seul but de servir les intérêts des classes dirigeantes égyptiennes. D’autres régimes
dans le monde arabe, notamment en Syrie et en Irak, tentèrent de suivre la même voie. Face à eux, les dirigeants de Washington
purent se convaincre, après l’aventure de Suez, qu’ils pourraient utiliser Israël pour défendre leurs intérêts contre les États arabes.
Le gouvernement israélien avait démontré qu’il y était prêt, et qu’il était capable de mobiliser sa population dans une guerre contre
un État arabe en la présentant comme nécessaire à la survie d’Israël. Il fallut encore quelques années aux dirigeants américains
pour se décider à lui apporter un soutien inconditionnel.

Le tournant décisif et définitif, jusqu’à aujourd’hui en tout cas, eut lieu en juin 1967. Prenant prétexte de l’un des épisodes de
tension qui survenaient régulièrement avec la Syrie et l’Égypte, l’armée israélienne déclencha une offensive éclair et remporta une
victoire écrasante en moins d’une semaine, d’où le nom qui lui est restée de guerre des Six-jours. Fort du soutien américain, l’État
israélien put adopter alors une attitude intransigeante vis-à-vis des États arabes, décidant de conserver le contrôle des territoire
conquis.

La partie orientale de Jérusalem fut annexée, et la ville réunifiée devint la capitale d’Israël. Le Golan, ce plateau en hauteur, situé à
la frontière de la Syrie, fut occupé avant d’être annexé quelques années plus tard, en 1981. Les autres territoires occupés, la
Cisjordanie et Gaza, ne furent pas annexés. Officiellement, les dirigeants israéliens affirmaient vouloir en faire une monnaie
d’échange pour de futures négociations de paix. Mais ce n’était pas la seule raison. Après la guerre des Six-jours, plus de 300 000
Palestiniens de Cisjordanie s’enfuirent vers la Jordanie, notamment ceux dont les villages ou les camps de réfugiés furent détruits.
Mais, à la différence de ce qui s’était passé en 1948, la majorité des habitants des territoires conquis en 1967 restèrent, soit plus
d’un million de personnes. Annexer ces territoires aurait donc augmenté fortement la proportion de citoyens non-juifs en Israël, ce
que le gouvernement israélien ne pouvait absolument pas envisager.

Une administration des Territoires occupés fut donc mise en place sous la direction de l’armée. Très rapidement, les
gouvernements travaillistes de l’époque commencèrent à encourager la création de colonies juives pour renforcer et pérenniser
leur présence. Ce mouvement de colonisation allait jouer dans les années à venir un rôle considérable dans l’évolution de plus en
plus à droite de l’ensemble de la société israélienne.

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Face au discrédit des États arabes, la révolte des Palestiniens

La guerre des Six-jours eut aussi beaucoup de conséquences politiques pour les Palestiniens. Elle avait entraîné un important
discrédit de Nasser et de tous les chefs d’États arabes parmi les masses populaires du Moyen-Orient. C’était particulièrement vrai
pour la jeune génération palestinienne qui avait grandi dans les camps après 1948.

Comme toute leur famille, ces jeunes avaient connu des conditions de vie très difficiles, mais ils avaient pu bénéficier d’une
éducation, d’une formation scolaire. En effet, l’ONU avait créé une agence pour s’occuper spécialement des réfugiés palestiniens,
l’UNRWA, et celle-ci avait ouvert des écoles dans tous les camps. De ce fait, le taux de scolarisation des Palestiniens était le plus
élevé de tout le Moyen-Orient, alors qu’ils étaient traités comme des parias dans les pays où ils vivaient. Ces écoles n’étaient pas
religieuses et, en plus, elles étaient mixtes, ce qui était exceptionnel pour l’époque.

Ainsi, ces femmes et ces hommes se retrouvaient privés de toute perspective, prisonniers de camp de réfugiés, mais ils avaient
reçu l’éducation pour en avoir une conscience aiguë et comprendre ce qui en était la cause.

Toutes les conditions étaient réunies pour forger une génération de révoltés, voire de révolutionnaires. Des dizaines de milliers de
jeunes Palestiniens s’engagèrent dans la lutte, déterminés à combattre et à risquer leur vie. Ils voulaient lutter pour leurs droits en
tant que Palestiniens, mais beaucoup aussi se réclamaient d’une révolution qui aurait englobé tout le monde arabe. Devenant des
fédayins comme on les appelait (« des combattants prêts au sacrifice »), ils rejoignirent les organisations palestiniennes et les
milices armées qu’elles avaient constituées.

Tous les mouvements palestiniens étaient regroupés au sein de l’Organisation de libération de la Palestine, l’OLP, constituée en
1964. Au départ, l’OLP était une émanation des États arabes, et en particulier de l’Égypte. Après la défaite de 1967 qui avait
montré la faillite militaire de ces États, certains groupes palestiniens décidèrent de mener eux-mêmes la lutte armée, avec leurs
propres moyens. Ils constituèrent des commandos qui pénétraient en Israël pour y commettre des attentats. En mars 1968, des
fédayins du Fatah, le mouvement créé par Yasser Arafat, furent capables de mettre en échec des forces israéliennes supérieures
en nombre qui avaient lancé une attaque sur le village jordanien de Karameh. Cette bataille des Karameh donna une aura
particulière au Fatah, lui permettant de renforcer son influence au sein de l’OLP, au point qu’Arafat parvint à en prendre la tête en
1969.

Les masses arabes regardaient alors du côté des Palestiniens et admiraient le courage et la combativité de ces fédayins, qui
constituaient un exemple. Dans cette période d’ébullition et de montée des contestations, les Palestiniens constituaient un ferment
révolutionnaire et, même sans que leur direction le cherche spécialement, ils éveillaient les espoirs des exploités du monde arabe
qui se reconnaissaient dans leur lutte. Dans les années 1970, les Palestiniens étaient dans une situation qui aurait pu en faire
l’avant-garde d’une révolution dont l’objectif aurait pu être de mettre fin à la mainmise de l’impérialisme sur la région et qui, en
s’étendant au Moyen-Orient, aurait pu balayer les classes dominantes arabes et leurs régimes dictatoriaux et corrompus. La

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dispersion des Palestiniens dans de nombreux pays leur donnait la possibilité d’impulser ce combat. Il aurait fallu pour cela qu’une
organisation ait la volonté de prendre la tête du combat des masses arabes avec un tel programme. Mais la politique de l’OLP ne
consistait pas du tout à tenter d’exploiter ces possibilités révolutionnaires, bien au contraire.

Arafat était un combattant, qui avait dirigé les opérations militaires à Karameh. Mais c’était un petit-bourgeois nationaliste et la lutte
armée qu’il prônait ne visait pas du tout à renverser l’impérialisme, ni même à bouleverser l’ordre social et politique du Moyen-
Orient. Il limitait son objectif à la création d’un État pouvant représenter la bourgeoisie palestinienne aux côtés des autres
bourgeoisies arabes, avec son drapeau et son appareil administratif et militaire, qui aurait existé dans le cadre de l’ordre
impérialiste et de ses frontières étatiques.

L’OLP revendiquait la création de cet État sur l’ensemble du territoire occupé par Israël. Mais que devenaient les Juifs israéliens
dans un tel État ? D’après la charte du mouvement, les seuls qui y auraient trouvé une place étaient les juifs « qui vivaient
normalement en Palestine avant l’invasion sioniste ». A quand fallait-il remonter ? Et que devenaient les autres ? Dans leur logique
nationaliste, les dirigeants palestiniens refusaient de reconnaître le droit des Juifs vivant désormais en Palestine à disposer eux-
aussi d’une existence nationale. Ils contribuaient ainsi à renforcer les gouvernements israéliens qui, prétendant que les
Palestiniens voulaient « rejeter les Juifs à la mer », présentaient leur politique guerrière comme la seule réponse possible face à
une telle menace.

En outre, la lutte armée prônée par Arafat consistait à organiser des attaques de soldats israéliens, mais aussi des attentats, des
mitraillages de bus et des prises d’otages, parfois dans des écoles. Ces actions ne pouvaient que renforcer encore le réflexe
d’union nationale de la population israélienne derrière son gouvernement. Mais ce n’était pas la préoccupation d’Arafat qui était
conscient de tout cela, et aussi du fait que des commandos palestiniens ne pourraient pas suffire à vaincre l’armée israélienne. En
organisant des actions armées, il cherchait à obtenir une reconnaissance des États arabes et leur appui diplomatique sur la scène
internationale. Au-delà, son objectif était d’être reconnu par les grandes puissances qu’il voulait amener à accepter la création d’un
État palestinien.

Les actions menées par des commandos présentait aussi un autre intérêt politique. Les conditions de clandestinité du fait de la
répression israélienne permettaient de justifier la mise sur pied d’un appareil militaire loin du contrôle des masses palestiniennes
elles-mêmes. Et ce n’était pas l’aspect le moins important aux yeux d’Arafat qui posait ainsi les bases d’un futur appareil d’État qui
aurait été capable de régner sur sa propre population, et éventuellement de la réprimer.

Au sein de l’OLP, certaines organisations se réclamaient du marxisme, comme le Front de libération de la Palestine (FPLP) de
Georges Habache, et le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) de Nayef Hawatmeh, qui était une scission du
FPLP. Mais tout en se prétendant marxistes, ces groupes ne considéraient pas du tout que, les travailleurs avaient un rôle à jouer
en tant que classe dans leur combat, et surtout pas un rôle dirigeant. Ils restaient sur le terrain exclusif de la lutte contre Israël en
se livrant à une surenchère dans l’organisation d’attentats ou de prises d’otages très médiatiques. Ainsi, le FPLP créa une unité
spécialisée dans le détournement d’avions. Il semblait plus radical mais il ne proposait pas une politique réellement différente de
celle du Fatah d’Arafat, et tout comme lui, son objectif était de tenter de s’imposer dans le jeu diplomatique, en recherchant le
soutien des États arabes.

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Le massacre de Septembre noir

Mais ces États arabes se révélèrent être des ennemis capables de faire preuve de la même férocité contre les Palestiniens que
l’État israélien. Ils se méfiaient en effet de ces fédayins appartenant à des organisations et des milices qui rejetaient le contrôle des
autorités locales et n’hésitaient pas à les défier. Indépendamment de la politique des dirigeants de l’OLP, et même malgré leur
politique consistant à rechercher l’alliance des États arabes, ces fédayins palestiniens représentaient une menace que ces chefs
d’États arabes cherchèrent à réduire, par tous les moyens.

C’est en Jordanie que cela se produisit pour la première fois. Dans ce pays, les Palestiniens représentaient la moitié de la
population. Certains avaient même fini par occuper des responsabilités au sein de l’appareil d’État. Les milices palestiniennes
comptaient 40 000 fédayins et elles n’hésitaient pas à défier ouvertement les autorités jordaniennes, face auxquelles elles se
comportaient de plus en plus comme un pouvoir indépendant voire concurrent. Les militants palestiniens n’avaient en effet aucune
raison de respecter le roi de Jordanie, Hussein, héritier de la famille des Hachémites qui tenait son pouvoir des Britanniques, et
dont le régime s’appuyait sur des structures féodales.

Décidé à démanteler les organisations de fédayins, Hussein lança son armée contre les camps palestiniens, le 12 septembre
1970, utilisant des blindés et l’aviation. Malgré sa supériorité militaire, elle mit plusieurs jours pour venir à bout de la résistance des
fédayins. Mais ceux-ci étaient laissés livrés à eux-mêmes par la direction de l’OLP qui cherchait à temporiser. L’armée jordanienne
désarma les combattants palestiniens et se livra à des massacres pour en inciter le maximum à fuir vers un autre pays. Il y eut au
total plus de 5 000 victimes.

Ces massacres de « Septembre noir », comme on les a appelés, n’empêchèrent pas Arafat de participer, le 27 septembre, à une
réunion de « réconciliation » organisée par Nasser la veille de sa mort. Alors que des combats étaient encore en cours, Arafat
serra spectaculairement la main de Hussein, comme si tout cela n’avait été en quelque sorte qu’un simple malentendu, payé tout
de même par des milliers de morts du côté des Palestiniens. Par ce geste et par toute l’attitude qu’il avait eue durant ces
évènements, Arafat voulait démontrer à tous les chefs d’États arabes qu’il était un dirigeant fiable, responsable et qu’il n’entendait
pas mettre en danger leur pouvoir, quel que soit le prix à payer pour son mouvement.

La majorité des combattants palestiniens de Jordanie se réfugièrent au Liban, et l’OLP installa son quartier général dans la
capitale, à Beyrouth. C’est dans ce pays que se joua un nouvel acte décisif du mouvement des fédayins.

Les Palestiniens au cœur de la guerre civile libanaise

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Le Liban était surnommé la « Suisse du Moyen-Orient » car une bourgeoisie, essentiellement constituée de Chrétiens maronites,
affichait une prospérité insolente. Mais des milliers de femmes et d’hommes vivaient dans des bidonvilles, dans les faubourgs de
Beyrouth dans des conditions qui n’avaient rien à envier à celles des camps palestiniens. De ce fait, pour la majorité de sa
population, la situation politique et sociale du Liban n’était en rien comparable à celle de la paisible Suisse.

Les Palestiniens se retrouvèrent au cœur de la guerre civile qui éclata en 1975. Dans ses débuts, elle opposa la fraction la plus
réactionnaire des couches privilégiées chrétiennes, les phalangistes des milices d’extrême droite, aux masses les plus pauvres,
parmi lesquelles se trouvaient les Palestiniens. Mais Arafat refusa d’assumer politiquement ce combat. En juin 1975, il déclara que
le « véritable champ de bataille » se trouvait en Palestine et que ce qui se passait au Liban était « une bataille marginale qui
détournerait [la révolution palestinienne] de son véritable chemin ».

Malgré tous les efforts d’Arafat, le Liban devint un champ de bataille pour l’OLP, car elle ne pouvait pas se tenir à l’écart, un champ
de bataille où elle se retrouva associée à une coalition dite des forces « palestino-progressistes », et un champ de bataille où elle
eut à affronter un État arabe, la Syrie, qui apparaissait pourtant jusque-là comme l’un des plus engagés en faveur de la cause
palestinienne. Quand, en juin 1976, l’armée syrienne entra au Liban, elle apporta son soutien aux milices chrétiennes d’extrême
droite à un moment où celles-ci semblaient en mauvaise passe et elle empêcha les Palestiniens et leurs alliés de l’emporter. Les
dirigeants syriens cherchaient ainsi à faire prévaloir leurs propres intérêts au Liban. Mais en jouant le rôle de gendarme garant de
la stabilité régionale, capable de mettre au pas les Palestiniens, la Syrie faisait aussi un geste en direction des puissances
impérialistes, se posant en interlocuteur responsable et incontournable.

Après la Syrie, ce fut Israël qui acheva de détruire les forces de l’OLP au Liban. A partir de 1978, l’armée israélienne commença à
mener des incursions au Liban et occupa le sud du pays. En juin 1982, plus de 100 000 soldats israéliens lancèrent une offensive
de grande ampleur qui les conduisit jusqu’à Beyrouth. L’objectif proclamé était de détruire complétement les capacités militaires de
l’OLP. La capitale libanaise fut assiégée et bombardée jour et nuit. Il y eut près de 30 000 victimes. A la suite d’un accord conclu
sous le patronage d’un émissaire américain, Arafat parvint à quitter Beyrouth et trouva refuge à Tunis. Mais il ne restait plus rien
au Liban de la force militaire de l’OLP : 15 000 fédayins furent évacués, mais ils avaient dû accepter d’être désarmés, avant d’être
dispersés dans tout le Moyen-Orient.

Après le départ des combattants, alors que les Palestiniens n’étaient plus en mesure de se défendre, des milices chrétiennes
d’extrême droite entrèrent dans les camps de Sabra et Chatila, situés dans la banlieue de Beyrouth, et elles s’y livrèrent à des
massacres pendant deux jours, du 16 au 18 septembre 1982. Cela se déroula avec la complicité des militaires israéliens qui
laissèrent les miliciens chrétiens franchir leurs lignes et qui allèrent jusqu’à éclairer les camps la nuit pour que les massacres
puissent continuer. Les Palestiniens recensèrent plus de 3 000 victimes, en majorité des femmes et des enfants.

Le gouvernement israélien était alors dirigé par Begin, l’ancien terroriste de l’Irgoun, et il avait pour ministre de la Défense, l’ancien

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général Ariel Sharon, qui fut alors surnommé « le boucher de Beyrouth ». Ils étaient parvenus à expulser les combattants de l’OLP
du Liban. Mais ils avaient ainsi ouvert la voie au mouvement islamiste intégriste du Hezbollah (le parti de Dieu). Créé en 1982, au
moment de l’invasion israélienne, ce parti intégriste, archi réactionnaire, anticommuniste, qui assassinait les militants s’opposant à
lui, parvint à acquérir une popularité croissante en menant une guérilla contre la présence des soldats israéliens au Sud-Liban.
L’armée israélienne a finalement été contrainte d’évacuer le sud-Liban en mai 2000, après 22 ans d’occupation. Depuis, le
Hezbollah est durablement installé à la frontière israélienne et est devenu l’un des principaux partis au Liban.

Cette série de défaites et de massacres avaient considérablement affaibli l’OLP. Mais les dirigeants des grandes puissances ne
souhaitaient pas sa disparition. En 1974, Arafat avait même obtenu un siège d’observateur à l’ONU et il avait pu faire un discours
devant son assemblée générale. Pour les chefs d’États occidentaux, Arafat était un interlocuteur responsable qu’il fallait garder en
réserve, au cas où il y aurait besoin de lui pour jouer le rôle de pompier face à un mouvement de révolte des Palestiniens. Et c’est
ce qui se produisit à la fin des années 1980, avec l’éclatement de l’intifada dans les territoires occupés par Israël.

L’intifada de 1987 et ses conséquences

Pendant les vingt premières années de l’occupation israélienne, la Cisjordanie et Gaza ne connurent pas de mouvements de
révolte importants. Si ces territoires ne furent pas annexés, ils furent intégrés à l’économie israélienne. Les Palestiniens obtenaient
facilement des permis de travail qui leur permettaient de se rendre en Israël et d’occuper les emplois les plus mal payés dans le
bâtiment, la restauration, dans les usines, dans les exploitations agricoles.

Mais pour obtenir un permis de travail, il fallait en passer par l’administration militaire. Et il en était ainsi pour toute démarche.
L’armée israélienne se targuait de pratiquer une occupation humaine, mais une occupation humaine et respectueuse des
populations, ça n’existe pas ! Les Palestiniens devaient subir l’arbitraire et les humiliations permanentes. Ceux qui étaient
soupçonnés de sympathie pour l’OLP étaient persécutés, ainsi que leur famille. L’armée israélienne usait du chantage pour
contraindre certains à collaborer et à dénoncer d’autres Palestiniens, parfois au sein même de leur famille. Des milliers de
Palestiniens furent arrêtés, détenus arbitrairement, battus et torturés. Reprenant une pratique des forces d’occupation britanniques
du temps de la période mandataire, l’armée israélienne dynamitait sysstématiquement la maison des militants de l’OLP, privant
toute leur famille de logement.

Cette situation d’oppression finit par provoquer une explosion de colère dans tous les Territoires occupés, en particulier dans la
jeunesse. La première Intifada (soulèvement en arabe), comme on a appelé cette révolte, a commencé en décembre 1987.
Pendant plusieurs années, des jeunes Palestiniens, souvent de moins de 15 ans, affrontèrent l’armée israélienne avec des frondes
comme seules armes. On a parlé de la « guerre des pierres ». Mais du côté israélien, les soldats répliquaient en tirant à balles
réelles. Le ministre de la Défense israélien, le travailliste Itzhak Rabin, donna pour consigne à ses troupes de « briser les os » des

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lanceurs de pierres.

Mais cette répression, qui fit des milliers de morts, alimentait davantage encore la colère et la haine des Palestiniens. Ce fut
l’armée israélienne qui s’usa et se démoralisa. En son sein, les jeunes soldats qui accomplissaient leur service militaire,
comprenaient de moins pourquoi on les transformait ainsi en tortionnaires. Une minorité refusait même de servir dans les
Territoires occupés. Ces "refuzniks", comme on les appelait, furent souvent condamnés à de la prison.

Cette évolution amena les dirigeants israéliens à changer d’attitude vis-à-vis des organisations palestiniennes. Ils entamèrent des
négociations, ce qu’ils se refusaient totalement à faire jusque-là. Le 13 septembre 1993, sous les auspices du président américain
Clinton, Arafat et le travailliste Rabin, devenu Premier ministre après avoir remporté les élections un an auparavant, signèrent le
premier accord d’Oslo, du nom de la capitale norvégienne où avait eu lieu l’essentiel des négociations.

Les accords d’Oslo et la mise en place de l’Autorité palestinienne

Ce texte prévoyait la mise en place d’une Autorité palestinienne sur des zones autonomes, et un calendrier de négociations qui
devait aboutir à la création d’un État palestinien dans les frontières de la Cisjordanie et Gaza, ressuscitant l’État arabe mort-né de
1947. En septembre 1995, un deuxième accord fut signé, l’accord d’Oslo II, qui définit le statut de la Cisjordanie, en la découpant
en trois zones. Seules les zones A et B étaient gérées par l’Autorité palestinienne, la troisième zone, représentant plus de 60 %
des territoires cisjordaniens, dont la totalité des colonies, restait sous le contrôle de l’armée israélienne.

Après des années d’occupation et d’humiliation, les attentes des Palestiniens étaient fortes et ils avaient le sentiment d’avoir
remporté une victoire. Mais c’est certainement de ce sentiment que les dirigeants israéliens se méfiaient. Ils entendaient bien
conserver la maitrise de la situation et continuer de montrer que le rapport de force était toujours en leur faveur. A peine les
accords avec l’OLP avaient-ils été signés que Rabin organisa les premiers bouclages des Territoires occupés, coupant la
Cisjordanie et Gaza du reste du monde, interdisant l’entrée des Palestiniens en Israël.

Cette attitude de fermeté vis-à-vis des Palestiniens visait aussi à donner des gages à la droite et à l’extrême droite israélienne.
Celle-ci se livrait à des campagnes haineuses contre Rabin, appelant à l’assassiner. L’un d’entre eux finit par y parvenir en
novembre 1995, après la signature du deuxième accord d’Oslo. Rabin n’avait pourtant jamais été une « colombe », comme on
appelait les plus modérés des dirigeants israéliens. Il avait toujours été un « faucon », c’est-à-dire un partisan de la méthode dure,
de l’intransigeance vis-à-vis des Palestiniens. Mais le simple fait d’avoir reconnu l’OLP comme un interlocuteur en avait fait un
homme à abattre, au sens propre, aux yeux de l’extrême droite nationaliste.

Les dirigeants israéliens envisagèrent-ils réellement d’aller jusqu’à reconnaître un véritable État palestinien ? On peut en douter au
vu de leur attitude durant la période qui s’étala sur sept années, entre 1993 et 2000. On a parlé d’un prétendu « processus de

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paix » parce que, à la différence de la période précédente, des émissaires israéliens acceptaient de rencontrer des représentants
de l’OLP lors de sommets qui se succédaient sans qu’il n’en sorte rien.

En réalité, du fait de l’intifada qui les avait mis en difficulté, les dirigeants israéliens avaient été contraints de concéder un embryon
d’État aux Palestiniens. L’Autorité palestinienne avait son siège à Ramallah, en Cisjordanie, elle était dotée d’une administration, et
surtout d’une police : sur les 135 000 fonctionnaires que finit par compter l’Autorité palestinienne, la moitié travaillaient dans les
différents services de sécurité. Cette police a acquis rapidement la réputation d’être pire que l’armée israélienne, avec laquelle elle
collaborait pour réprimer les militants trop remuants. De ce point du vue, l’objectif des dirigeants israéliens a été atteints. Et aucun
des successeurs de Rabin, après 1995, ne voulut aller plus loin que cette autonomie très limitée, qui transformait une partie des
Palestiniens en gardiens de l’ordre et en supplétifs de l’armée israélienne.

Durant la période du prétendu processus de paix, les conditions de vie de la majorité de la population dans les Territoires occupés
ne firent qu’empirer, la répression s’est aggravée et la colonisation ne s’est jamais arrêtée à un seul moment. On parlait, à propos,
de la Cisjordanie, d’un territoire « peau de léopard », du fait du morcellement entrainé par la présence des colonies juives, dont il
était exclu qu’elles puissent être sous contrôle palestinien.

Mais, même fantomatique et sans être reconnue officiellement comme un État à part entière, l’Autorité palestinienne a servi, dans
la mesure de ses faibles moyens, les intérêts d’une couche de privilégiés. Il y avait tous ceux qui pouvaient profiter du clientélisme,
les fonctionnaires en situation d’obtenir des pots-de-vin. Il y avait même de vrais bourgeois, descendants des vieilles familles de
notables palestiniens, qui, vivant dans les pays du Golfe, ont mis la main sur les sociétés d’import-export qui se sont créés après
1995. L’Autorité palestinienne a eu ses « nouveaux riches », ses « nouveaux nababs », comme on les a appelés, alors que la
majorité de la population palestinienne connaissait le chômage et des conditions de vie de plus en plus difficiles.

Parmi les Palestiniens, la déception fut aussi forte que les attentes avaient été nombreuses, et elle entraîna le discrédit du Fatah.
L’organisation islamiste du Hamas vit alors son audience augmenter, bénéficiant du fait qu’elle n’avait jamais accepté de
reconnaître les accords d’Oslo.

Des Frères musulmans à la naissance du Hamas

Les membres fondateurs du Hamas étaient issus de la confrérie religieuse des Frères musulmans, apparue en Égypte avant la
Deuxième Guerre mondiale. Quand ils créèrent une association islamiste à Gaza en 1970, les autorités d’occupation israélienne
les laissèrent développer leurs activités pour diminuer l’influence de l’OLP. Ils purent ouvrir des lieux de prière, qui étaient aussi de
véritables centres sociaux, avec des dispensaires, des salles de sport et des distributions de repas dont pouvaient bénéficier les
habitants des camps de réfugiés. L’administration israélienne autorisa la création, en 1978, d’une université islamique à Gaza qui,

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au fil des années, put former des milliers de militants islamistes. Dans les années 1980, pour assoir leur contrôle sur la population,
les Frères musulmans se livrèrent à des campagnes d’intimidation contre les « mécréants », ceux qui boivent de l’alcool ou
affichent leur athéisme. L’administration israélienne fermait les yeux car elle se réjouissait de voir des militants de l’OLP attaqués
par les islamistes qui ne se livraient à aucune action contre l’occupation israélienne.

Mais avec l’éclatement de la première intifada, les Frères musulmans comprirent que, s’ils voulaient conserver une influence, ils ne
pouvaient plus se cantonner à la propagande religieuse, quitte à perdre la relative immunité dont ils bénéficiaient jusque-là. En
décembre 1987, ils créèrent le Hamas (acronyme de Mouvement de la résistance islamique). Ils transformaient ainsi leur
association en un parti s’engageant clairement dans une lutte contre l’occupation israélienne et revendiquant ouvertement la
création d’un État Palestinien, fondé sur la loi islamique.

En 1993, le Hamas se démarqua de l’OLP en manifestant son opposition aux accords d’Oslo. Mais son influence resta limitée
durant la période où la majorité des Palestiniens se réjouissait de la création de l’Autorité palestinienne. Cela changea avec
l’éclatement de la deuxième intifada, en septembre 2000.

La deuxième intifada

La deuxième intifada n’eut pas le caractère d’explosion de colère incontrôlée qu’avait pu avoir celle de la fin des années 1980.
Parmi les jeunes les plus révoltés, beaucoup rejoignirent le Hamas et d’autres organisations islamistes qui s’étaient opposées aux
accords d’Oslo, comme le Djihad islamique, issu lui-aussi du courant des Frères musulmans. Les actions qui leur étaient
proposées consistaient à mener des attentats suicides avec l’objectif de faire le plus de victimes possibles, en se faisant exploser
dans des lieux publics, des autobus. Cette forme désespérée de lutte était particulièrement stérile. Mais les organisations
islamistes ne cherchaient qu’à se donner une image de combattants pour accroître ainsi leur influence parmi les Palestiniens.

La multiplication des attentats suicides créait un sentiment de terreur parmi les Israéliens et alimentait la haine à l’égard des
Palestiniens. Le dirigeant de droite Ariel Sharon devint Premier ministre en février 2001, en s’appuyant sur ces sentiments et en se
présentant comme celui, qui allait ramener la sécurité en intensifiant la répression contre les Palestiniens.

Revenant à ce qu’avait été la politique des gouvernements israéliens avant la signature des accords d’Oslo, il refusa tout contact
avec l’OLP et lança une répression féroce. L’armée israélienne déploya des chars en Cisjordanie, bombarda des villes
palestiniennes, allant jusqu’à raser des quartiers entiers avec des bulldozers. Le siège de l’Autorité palestinienne à Ramallah, où
se trouvait Arafat, fut assiégé pendant deux ans, le privant à certains moments d’eau et d’électricité.

Sharon n’avait pas l’intention d’annexer l’ensemble de la Cisjordanie. Il entreprit la construction d’un mur, appelé « barrière de
séparation » par les autorités israéliennes, présenté comme devant mettre fin aux attentats terroristes en séparant définitivement

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Israéliens et Palestiniens. Son tracé permettait d’intégrer 65 colonies du côté israélien, mais aussi 11 000 Palestiniens et la grande
majorité des 250 000 Palestiniens de Jérusalem-Est.

Poursuivre l’occupation de Gaza devenait trop difficile et coûteuse. Sharon annonça un plan de désengagement unilatéral de
Gaza, sans discuter de son application avec l’Autorité palestinienne.

L’armée israélienne quitta Gaza et les colonies juives furent démantelées. Sharon n’hésita pas à envoyer l’armée déloger les
colons qui refusaient de partir. En août 2005, pour justifier sa décision, il déclara à la télévision israélienne : « Nous ne pouvons
pas garder Gaza pour toujours. Plus d’un million de Palestiniens y vivent dans des camps de réfugiés surpeuplés, dans la
pauvreté, sans espoir ». Très conscient de la situation des habitants de Gaza, Sharon savait parfaitement qu’il prenait le risque
d’ouvrir le chemin du pouvoir aux islamistes du Hamas. Cela faisait même probablement partie de son calcul, car c’était une façon
d’affaiblir l’OLP. De toute façon, l’État israélien gardait le contrôle des points de passage, de l’espace aérien et maritime de Gaza,
transformant ce territoire d’un peu plus de 12 km de large sur 42 km de long en une vaste prison dont il gardait les clefs.

Gaza : la population soumise au blocus israélien et la dictature du Hamas

A l’issue de cette période de la deuxième intifada, une lutte violente pour le pouvoir, s’accompagnant d’affrontements armés, a
opposé le Fatah, complètement discrédité, au Hamas. En s’appuyant sur sa police et avec le soutien d’Israël, le Fatah est parvenu
à se maintenir au pouvoir en Cisjordanie. Son dirigeant, Mahmoud Abbas, a succédé à Arafat, mort en 2004, comme président de
l’Autorité palestinienne. Mais c’est un président qui ne contrôle en réalité pas grand-chose en-dehors de Ramallah, sa « capitale ».

A Gaza, en 2007, disposant de forces supérieures, le Hamas est parvenu à prendre le pouvoir et à éliminer complètement le
Fatah. Il contrôle un petit appareil d’État, avec 40 000 fonctionnaires officiellement enregistrés. Une partie importante, comme en
Cisjordanie, appartiennent aux milices armées qui imposent leur dictature aux Gazaouis et tentent de faire régner l’ordre moral des
islamistes.

Le renforcement des organisations islamistes et de leurs idées réactionnaires dans la population palestinienne constitue un recul
considérable sur tous les plans. L’OLP regroupait des organisations laïques, voire socialisantes comme on l’a vu, et en leur sein,
on ne faisait pas de distinctions religieuses entre les militants, alors que les chrétiens représentent 15 % de la population
palestinienne vivant en Israël. Le poids acquis par l’islamisme constitue un recul pour les femmes dont beaucoup avaient acquis,
grâce à leur éducation et à leur participation au combat politique, une place à l’égal des hommes au sein des organisations
palestiniennes.

Mais les Gazaouis ont surtout dû subir la politique terroriste des dirigeants israéliens. A partir de 2007, ceux-ci ont soumis la bande
de Gaza à un blocus quasi-total à certains moments. Par manque de carburant pour alimenter les générateurs, les coupures

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d’électricité étaient régulières, ce qui privait aussi les habitants d’eau potable, car les installations de dessalement de l’eau ne
pouvaient alors plus fonctionner. Depuis plus de dix ans, la majorité des habitants de Gaza survivaient exclusivement grâce à
l’aide alimentaire distribuée par les organisations humanitaires.

Les Gazaouis ont subi aussi les opérations militaires et les bombardements qui se sont succédé depuis 15 ans. A chaque fois, les
dirigeants israéliens ont prétendu répondre ainsi aux roquettes tirées depuis Gaza et vouloir affaiblir le Hamas. Mais, grâce à cet
état de guerre permanent, ils lui ont au contraire permis d’asseoir son pouvoir et de faire taire toute contestation. C’est avec leur
accord que le Qatar et l’Iran ont pu faire parvenir des fonds au Hamas pour qu’il puisse payer ses fonctionnaires.

Permettre ainsi au Hamas de se maintenir au pouvoir à Gaza, c’était une façon d’affaiblir l’Autorité palestinienne. De la part des
dirigeants israéliens, ce n’était que la continuation de la politique qui les avait amenés à encourager le développement des
courants islamistes pour contrer l’OLP dans les années 1970.

C’est un calcul cynique que la population palestinienne a payé chèrement. Mais la population juive israélienne l’a payé aussi, car le
renforcement du Hamas et des courants islamistes a alimenté la même évolution politique en Israël, avec l’accroissement de
l’influence de l’extrême droite nationaliste et religieuse.

Netanyahou de plus en plus otage de l’extrême droite

L’actuel dirigeant du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahou, est parvenu, avec quelques intermèdes, à se maintenir au
poste de Premier ministre depuis 2009, battant ainsi le record de longévité détenu jusque-là par Ben Gourion. Mais, pour cela, il lui
a fallu trouver des soutiens à l’extrême droite, qu’il a ainsi contribué à renforcer et dont il est devenu de plus en plus dépendant.

A l’issue des élections de novembre 2022, pour obtenir une majorité à la Knesset, le Parlement israélien, Netanyahou a dû
constituer une coalition gouvernementale avec des partis ultranationalistes et religieux d’extrême droite, qu’en Israël même
beaucoup désignent comme la version juive du Hamas.

Le principal d’entre eux, le parti Sionisme religieux, passé de 4 à 10 % des voix aux élections législatives, est devenu la troisième
force politique. Son dirigeant, Bezalel Smotrich, partisan du développement de la colonisation juive en Cisjordanie, et vivant lui-
même dans une colonie, est devenu ministre des Finances. En plus, un ministère a été créé spécialement pour lui, au sein de celui
de la Défense, afin de lui permettre d’appuyer la création de colonies juives en Cisjordanie.

Il se dit partisan de l’annexion de la Judée et de la Samarie, reprenant les noms bibliques de la Cisjordanie, dans un Grand Israël.

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Il ne cache pas son racisme, déclarant ne pas accepter que sa femme accouche à côté d’une femme arabe. Enfin, pour compléter
le portrait du personnage, il se qualifie lui-même de « fasciste homophobe ».

Le dirigeant du parti d’extrême droite Pouvoir juif, Itamar Ben Gvir, a pris la tête d’un superministère de la Sécurité nationale. Dans
le passé, ce militant de la colonisation juive, qui habite lui aussi dans une colonie de Cisjordanie, a été condamné pour incitation
au racisme, soutien à des organisations terroristes juives, et se dit partisan du transfert d’une partie de la population arabe d’Israël
vers les pays voisins.

Dans l’accord de coalition conclu avec ces partis, Netanyahou s’est engagé explicitement à promouvoir une « politique par laquelle
la souveraineté sera appliquée à la Judée et à la Samarie ». Ainsi, sans utiliser le terme, le gouvernement de Netanyahou entend
mettre en œuvre une politique d’annexion.

Il y a aujourd’hui 151 colonies en Cisjordanie dans lesquelles résident 475 000 Israéliens. Smotrich a annoncé, en mai dernier, son
intention de doubler leur nombre, pour atteindre un million de colons. Il faut ajouter les 230 000 habitants des colonies construites
autour de Jérusalem-Est. Sur les 7 millions de Juifs israéliens, les colons en représentent donc aujourd’hui autour de 10 %, un
poids numérique considérable qui leur permet de peser fortement dans la vie politique.

Presque toujours installées sur des collines, de façon à dominer les zones environnantes où vivent les Palestiniens, ces colonies
ont fini par devenir de véritables villes, avec des dizaines de milliers d’habitants, pour certaines d’entre elles. Pour se faire
entendre, elles se sont regroupées et ont constitué des structures administratives qui ont fini par bénéficier d’une reconnaissance
officielle pour formuler leurs demandes auprès des pouvoirs publics, organiser la réalisation des projets et gérer les budgets qui
leur sont alloués.

Depuis des dizaines d’années, les colons créent de nouvelles implantations sans attendre l’autorisation officielle du gouvernement,
en chassant les Palestiniens de leurs terres, en se livrant à des agressions répétées et à de véritables pogroms pour les terroriser.
Ils imposent ensuite que ces implantations soient raccordées au réseau électrique et autoroutier. Tous les gouvernements
israéliens, quelle que soit leur couleur politique, ont presque toujours reculé face aux pressions des colons.

Face à cette politique, la situation est devenue explosive en Cisjordanie où les manifestations de colère des Palestiniens se sont
multipliées durant l’année 2022. Les autorités israéliennes ont répondu par une répression de plus en plus violente.

Il faut aussi ajouter les arrestations particulièrement nombreuses. D’après les services pénitentiaires israéliens, il y avait au 1er
novembre près de 7 000 Palestiniens en détention, et plus de 10 000 selon des organisations palestiniennes. Plus de 2 000 d’entre
eux le sont au titre de la détention administrative, qui peut être arbitrairement prolongée sans aucune limite.

En Israël même, la situation est devenue de plus en plus explosive. Pendant longtemps, Israël s’est enorgueilli d’avoir accordé des
droits politiques et des possibilités de promotion sociale aux près de 2 millions d’Arabes israéliens, qui représentent 20 % de sa
population. Dans les établissements de santé, ils représentent près de la moitié du personnel, médecin, infirmier et employés.
Mais, en réalité, ils sont restés des citoyens de seconde zone au sein d’un État qui le leur a fait de plus en plus sentir ces dernières

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années.

Dans les villes qui sont restées mixtes, comme on dit, où vivent des Juifs et des Arabes, les autorités ont fait venir des colons de
Cisjordanie, leur accordant des logements et des subventions pour maintenir une majorité juive parmi les habitants. La colère s’est
accumulée parmi les Palestiniens, au sein même des villes israéliennes. A l’occasion d’une nouvelle campagne de bombardement
de Gaza, de violentes émeutes y ont éclaté en mai 2021 pour la première fois depuis la création d’Israël. Elles ont été suivies par
des lynchages de Palestiniens et des destructions de magasins et de lieux de culte organisés par des groupes d’extrême droite,
appuyés parfois par la police.

L’état de guerre permanente et ses conséquences

La politique de Netanyahou vis-à-vis des Palestiniens s’inscrit dans le fond dans la continuité de celle de ses prédécesseurs
depuis 75 ans. Cela se résume à faire croire à leur population qu’il suffira d’être capable de parler le langage de la force, d’avoir
l’armée la plus moderne, la plus forte, pour garantir la sécurité d’Israël.

L’État d’Israël a été capable de développer l’armée la plus puissante du Moyen-Orient qui s’appuie sur sa capacité à mobiliser sa
population. On a pu voir comment, après le 7 octobre, l’État a été capable de mobiliser en un temps record plus de 350 000
soldats. Mais cela implique que les Israéliens doivent vivre l’arme au pied, toujours prêts à partir se battre. L’armée, considérée
comme « l’armée du peuple », occupe une place centrale dans la vie des Israéliens. Les appelés sont astreints à un service
militaire d’une durée de 24 mois pour les femmes et de 32 mois pour les hommes, et beaucoup effectuent des périodes de réserve
un mois par an. C’est toute une partie de la société qui se retrouve ainsi imprégnée des valeurs de l’armée. Le poids acquis par
l’extrême droite est aussi une conséquence de cet enrégimentement des individus.

Entretenir un tel appareil militaire a un coût auquel Israël ne pourrait pas faire face sans l’aide américaine, qui se monte à 4
milliards de dollars par an, le montant le plus élevé accordé à un allié des Etats-Unis.

Mais, malgré le montant de cette aide, l’État israélien est obligé d’y consacrer une partie importante de son budget, pour acheter
des missiles, des munitions, sans oublier les trois sous-marins commandés l’an dernier à l’Allemagne. Face à de telles dépenses,
l’État israélien doit faire des économies, sans diminuer le financement de la colonisation de la Cisjordanie. Cela l’a amené à
réduire fortement le système de protection sociale ces dernières années, avec pour conséquence de faire d’Israël l’un des pays
développés où le taux de pauvreté est le plus élevé. D’après un rapport officiel, 20 % de la population israélienne vivrait en-
dessous du seuil de pauvreté. La population israélienne paye chèrement le prix de la politique coloniale et militariste de ses
gouvernements. Et une partie d’entre elle en a conscience.

Pendant les 9 premiers mois de cette année, des manifestations ont eu lieu tous les samedis dans les principales villes d’Israël.

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Elles ont montré qu’une partie importante de la population ne se reconnaissait plus dans la politique de son gouvernement. Les
manifestants s’opposaient à un projet de réforme du système judiciaire élaboré par Netanyahou afin de tenir les promesses faites
à ses alliés d’extrême droite, et probablement aussi pour lui éviter de passer en jugement pour des affaires de corruption. Ce texte
prévoyait en effet de diminuer les pouvoirs de la Cour suprême. Or cette institution est souvent apparue comme un relatif contre-
pouvoir, notamment pour s’être parfois opposée à la création de certaines colonies ou à certains mouvements religieux.

Une partie de la population s’est inquiétée de la volonté du gouvernement d’accroître son pouvoir au travers de cette réforme,
d’autant plus qu’avec le poids acquis en son sein par l’extrême droite, il y avait toutes les raisons de s’attendre à des attaques
contre les droits des femmes, des homosexuels, et d’une façon générale contre les libertés publiques.

Parmi les initiateurs des manifestations, on trouvait de nombreuses personnalités de premier plan, anciens ministres, ex-dirigeants
des services de sécurité, généraux à la retraite… Cela explique les limites politiques que les organisateurs de cette mobilisation ne
voulaient pas dépasser. Pour eux, la mobilisation devait se limiter à mettre en avant le mot d’ordre de « défense de la
démocratie ». Certains n’y voyaient qu’une occasion d’affaiblir Netanyahou dans l’espoir de pouvoir ainsi accéder au pouvoir. Il
n’était nullement question d’aller plus loin, et en particulier de remettre en cause la politique menée à l’égard des Palestiniens.
Mais, au travers de ces manifestations, une partie de la population exprimait tout de même son hostilité aux colons, à leurs
organisations et à l’évolution qu’ils imposaient à la société israélienne.

Après les attaques lancées par le Hamas le 7 octobre, la situation a complètement changé. A la volonté de contester le
gouvernement a succédé le sentiment qu’il fallait serrer les rangs derrière lui. Un cabinet d’union nationale a été formé, intégrant
Benny Ganz, ancien chef d’État-major et l’une des principales figures de l’opposition à Netanyahou. Le gouvernement reste en
place mais, tant que dureront les opérations militaires, c’est ce cabinet de guerre qui dirigera le pays. Netanyahou peut faire la
guerre aux Palestiniens en bénéficiant, grâce au Hamas et à ses attaques, d’un soutien populaire qu’il avait perdu.

Les populations palestiniennes et juives vont payer chèrement, pour de longues années, les conséquences de ce nouveau bain de
sang.

Pour une lutte de tous les travailleurs et exploités du Moyen-Orient !

Sortir de cet enchaînement sans fin de guerres nécessitera de rompre avec les politiques qui ont conduit les deux peuples dans
une impasse.

Une partie de la population israélienne a exprimé, à plusieurs reprises ces dernières années, son inquiétude, sa volonté de sortir

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de ce cycle infernal de guerres, et elle a su le faire contre son gouvernement, lors de la guerre du Liban au début des années
1980, après les massacres de Sabra et Chatila, plus récemment contre Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite.
Actuellement, malgré l’état de guerre, Netanyahou ne bénéficie pas d’un soutien unanime.

Il y a de la place dans cette région pour que les deux peuples vivent et coexistent en paix, car c’est certainement la volonté de la
majorité d’entre eux. Mais cela ne pourra se faire qu’à la condition de reconnaître à chacun des peuples le droit à son existence
nationale, à commencer par celle des Palestiniens qui depuis 75 ans sont opprimés. Le programme sioniste consistant à vouloir
imposer un État juif aux populations arabes a conduit à une terrible impasse. Cet État, censé être, d’après les sionistes, le seul
moyen d’offrir une protection aux Juifs contre les persécutions, a conduit à bâtir, en Israël et Palestine, un système d’oppression et
d’apartheid qui ne garantit aux Juifs aucune sécurité, et dans lequel eux-mêmes se retrouvent à craindre pour leurs libertés.

Quant aux Juifs du reste du monde, ils n’ont pas été davantage protégés de l’antisémitisme depuis la création d’Israël. On voit
actuellement comment ils peuvent se retrouver abusivement tenus responsables de la politique du gouvernement israélien que
beaucoup sont loin d’approuver.

Il faut le réaffirmer, aucune paix et aucune sécurité ne sera assurée aux Juifs d’Israël et du monde tant que les Palestiniens seront
opprimés et tant que la politique de colonisation se poursuivra ! Un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être un peuple
libre !

Du côté des Palestiniens, le combat se limitant à revendiquer la création d’un État palestinien a conduit lui aussi à une impasse.
Dans le cadre du système impérialiste, il ne pourra que ressembler à ce qu’est aujourd’hui l’Autorité palestinienne. On a vu
comment il pourrait permettre à une minorité de bourgeois de s’enrichir, mais, par contre, il ne pourrait pas répondre aux besoins
et aux intérêts des masses palestiniennes les plus pauvres, celles qui vivent dans des camps de réfugiés dans des villages de
Cisjordanie et de Gaza. Et que dire de ceux qui vivent dans les camps du Liban et de Jordanie qui revendiquent légitimement un
droit au retour, et en tout cas le droit de pouvoir vivre ailleurs que dans des camps de réfugiés. A tous ceux-là, un État palestinien
réduit aux limites de la Cisjordanie et de Gaza n’aurait rien à offrir ! Même pas la fin de l’oppression nationale car la création d’un
tel État ne mettrait pas fin à la politique de domination et d’agression militaire des gouvernements israéliens.

En tant que communistes révolutionnaires, nous reconnaissons le droit à chaque peuple, les Palestiniens comme les Juifs
israéliens, d’avoir sa propre existence nationale, sous la forme qu’il aura choisi. Mais dans le cadre de l’impérialisme, du
découpage et des frontières qu’il a imposé aux peuples de la région, et de l’oppression dans lesquels il les maintient tous, la
réalisation d’une telle perspective est impossible.

Pour que cela devienne possible, il faudra que les travailleurs prennent la tête de la lutte des peuples du Moyen-Orient avec
l’objectif de renverser les classes dirigeantes de la région, celle d’Israël mais aussi celles des États arabes.

Parce que la classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire à notre époque, la seule classe qui n’a rien gagner au maintien de
ce système fondé sur l’exploitation, de ce sytème qui ne cesse de produire et d’entretenir les inégalités et de multiples formes
d’oppression. Et parce que c’est une classe internationale, elle est la seule qui n’a rien à gagner au maintien des États nationaux

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Israéliens et Palestiniens dans le piège sanglant créé par l'impérialisme https://www.lutte-ouvriere.org/print/727826

qui servent à défendre les intérêts des possédants.

Une telle révolution devra s’intégrer au combat de tous les travailleurs du monde pour renverser l’impérialisme. Il deviendra alors
possible de bâtir une organisation politique et sociale répondant aux intérêts des travailleurs et des exploités, dans laquelle la
production de richesses sera déterminée par les besoins du plus grand nombre. Et cela ne pourra se faire qu’en créant une
véritable fédération socialiste des peuples du Moyen-Orient et du monde.

Cette classe ouvrière, capable de mener un tel combat, elle existe au Moyen-Orient ! Ce sont les travailleurs palestiniens, ceux qui
se font exploiter par des patrons palestiniens en Cisjordanie, les 150 000 Palestiniens qui, avant la guerre actuelle, allaient
quotidiennement en Israël travailler sur les chantiers et dans les restaurants. Ce sont les travailleurs israéliens, dont une partie ont
fait grève il y a quelques mois contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement de Netanyahou, et qui, comme tous les
travailleurs du monde, doivent faire face à l’exploitation, et notamment, actuellement, à la hausse des prix. Ils ne sont pas
seulement juifs car il y aujourd’hui plus de 200 000 travailleurs immigrés en Israël, venus de Roumanie, de Thaïlande, des
Philippines, d’Érythrée et du Soudan. La classe ouvrière, en Israël comme partout ailleurs dans le monde, elle est internationale !

Cette classe ouvrière est divisée, tous ne connaissent pas les mêmes conditions de vie. Elle est aussi divisée par le régime
d’apartheid de fait que l’État israélien a instauré. Mais, partout et à toutes les époques, il a toujours fallu que des militants se
battent avec l’objectif d’unir les travailleurs, dans une même lutte et dans les mêmes organisations. Cela a été le premier combat
des militants du mouvement ouvrier naissant, et cela a été le combat du mouvement communiste fondé par Marx. En 1848, dans
le Manifeste du Parti communiste, définissant ce qui distinguait les communistes de tous les autres partis ouvriers, Marx et Engels
écrivaient : « Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils [les communistes] mettent en avant et font valoir les intérêts
indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. »

Alors, en tant que communistes révolutionnaires, nous avons à affirmer aujourd’hui que, de Tel Aviv à Ramallah, de Beyrouth au
Caire, tous les travailleurs ont les mêmes intérêts et doivent s’unir dans une lutte commune contre Netanyahou et contre le
Hamas, pour renverser l’impérialisme et tous leurs exploiteurs. Et que cette lutte est celle des travailleurs du monde entier.

Pour que les travailleurs puissent mener ce combat révolutionnaire jusqu’au bout, jusqu’à la prise du pouvoir, ils auront besoin d’un
parti se fixant consciemment cet objectif, dont le programme soit celui du communisme révolutionnaire. Et s’il y a quelque chose
que démontrent les évènements au Moyen-Orient, c’est que les travailleurs ont besoin d’un parti mondial de la révolution.

Nous sommes convaincus que ces idées finiront par donner naissance à de tels partis parce qu’elles représentent l’avenir et le
seul espoir, pour les peuples du Moyen-Orient comme pour toute l’humanité.

Notre responsabilité, à nous, ici, qui ne pouvons pas influer sur les évènements du Moyen-Orient, c’est au moins de mettre en
avant cette perspective et de contribuer, ici, à notre échelle, en y mettant toute notre révolte et toute notre énergie militante, à
construire le parti révolutionnaire qui manque à la classe ouvrière.

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